Des visiteurs sur Byblos on n'en voyait pas souvent.

Afin d'éviter d'être trouvés par le Triumvirat, ses habitants s'étaient isolés du reste de l'univers, devenant lentement un mythe pour ceux qui n'y vivaient pas. Les quelques aventureux sur leurs terres n'étaient pas allés bien loin. La plupart restait parmi eux, séduits par les belles paroles de leur leader. Mais aujourd'hui les conditions météorologiques désastreuses les forcaient à revoir leur position. Les infrastructures devenues désuètes au fil du temps ne suffisaient plus à assurer leur protection. Face à la situation, les Bybliens avaient décidé d'une entorse à leurs règles. Envoyant un appel à l'aide ils avaient espéré recevoir une réponse et que celle-ci ne soit pas du Triumvirat.

Fort heureusement pour eux, c'était la Fédération qui accourait vers eux. Shevchenko s'était entretenu avec leur leader, la toute récente amirale Mugheri, et ils avaient accordé un échange, qui semblait des plus prometteurs. Contre leur technologie et leur aide, les Bybliens accordaient à la Flotte de la main d'oeuvre et les connaissances pour la colonisation de ce qui semblait devenir leur futur domicile : Qiang.

Une équipe de spécialistes, accompagnés par d'autres venus simplement en support, avaient finalement rejoint la planète, entre deux vagues d'éruptions solaires de Gattaca leur soleil écarlate. Mieux valait éviter les réveils intempestifs de l'astre.

Les stellariens arrivés furent accueillis en grande pompe par le leader lui-même, flanqué de ses plus proches conseillers et de sa famille. Leur fille Talia était évidemment parmi eux, et ce fut avec amabilité qu'elle serra la main de chaque personne. Ambassadrice nouvelle de Byblos, elle n'avait pas les qualités de son frère pour taper la discute, mais elle se montra malgré tout sous son meilleur jour. Plus sérieuse que réellement hautaine, elle en intimida plus d'un. Malgré tout la curiosité qu'elle éprouvait à l'égard de ces étrangers, en plus de son rôle, la mena durant la journée, à aller de poste en poste pour s'assurer que tout se passait au mieux. Trop de monde et pas assez de temps avec chacun, elle ne put que le retrouver tous le soir pour le diner. Les tables étaient déjà dressées, couvertes pour la plupart de légumes, alimentation normale pour un peuple essentiellement végétarien. Au milieu trônaient toutefois quelques spécialités pour les plus curieux.

Ce fut elle qui entama la discussion.

- Soyez de nouveau les bienvenus, cette fois-ci pour un repas amplement mérité. La journée a été difficile pour tout le monde. On m'a rapporté quelques difficultés d'adaptation. Quelques malaises. Ne vous en faites pas, c'est parfaitement normal quand on n'est pas habitués à de telles chaleurs. Votre corps va s'y faire lentement. En attendant il vaut mieux rester au frais et manger pour récupérer des forces. Servez-vous sans crainte. Nos spécialités vous seront sans doute nouvelles mais nous espérons qu'elles vous siéent. Bon appétit !

Galina n'avait pas fermé l'oeil de la nuit avant le grand départ de la délégation pour Byblos ; l'adrénaline très probablement, libérée à la fois par la peur de remettre enfin un pied sur une planète et l'excitation de la découverte. Tous avaient reçu des messages concernant les conditions météorologiques et de gravité, elle pensait être prête, mais le vivre en vrai une fois qu'ils furent arrivés lui prouva très rapidement le contraire. Les directives étaient claires : à peine arrivée, la délégation devait immédiatement se mettre au travail sans perdre de temps. Ce fut donc compliqué, très compliqué, et pas seulement pour elle. La chaleur était simplement écrasante. La gravité étant quelque peu différente de celle sur la flotte ou de sa planète natale, elle en ressentit le poids sur son corps, la fatigant bien plus rapidement qu'à l'accoutumée. L'oxygène non filtré, moins pur, lui irrita également les poumons, et ses yeux lui piquaient et se mettaient occasionnellement à pleurer face à un soleil qui, pour la première fois depuis longtemps, ne se trouvait pas derrière une vitre ultra-blindée de vaisseau.

Elle s'était tout de même vite attelée à la tâche comme aide médicale. Avant son départ, elle avait mis au point une nano-pilule contenant une grande quantité de molécules d'H2O, qui permettrait ainsi de contrer une partie des effets de la sécheresse sur le corps des bybliens fragilisés. Galina passa ainsi la journée à accompagner une équipe médicale qui s’évertua à utiliser ces nano-pilules sur les plus vieux et les jeunes enfants en priorité, via des piqûres indolores. Si elle n'avait pas eu le temps encore de se pencher sur la flore et la faune locale qu'elle comptait étudier dans le cadre de ses recherches sur Hélios, son regard s'était tout de même souvent attardé sur les plantes qui bordaient l'oasis.

La fin de journée arriva enfin, laissant place à des températures plus acceptables. Galina se dirigea d'un pas assez lent – elle avait marché toute la journée, ses jambes si peu habituées à cette gravité non artificielle en souffraient grandement – vers le lieu de rendez-vous pour un dîner avec la fille du dictateur : Talia Shevchenko. Elle était la troisième à arriver. Elle tapota amicalement l'épaule d'un Rhil lessivé, salua d'un mot Elara Hartmann, la contremaître, et s'assit à la droite de cette dernière qui lui servit un verre d'eau après le discours de leur hôte.

« Bon appétit à vous aussi, madame Shevchenko. Et merci pour votre hospitalité, le repas a l'air vraiment délicieux, j'ai hâte de goûter à vos spécialités. Surtout après une première journée aussi rude ! »

D'un geste mal assuré, elle attrapa le plat de porridge (enfin, ça y ressemblait tout du moins) reposé sur la table par Rhil. Elle en proposa à sa voisine de table avant de se servir.

« Vous n'avez pas l'air de vous sentir bien, contremaître Hartmann », chuchota-t-elle pour éviter d'éveiller toute inquiétude autour d'eux, dans le cas où on n'aurait pas encore remarqué le visage livide et pâle de la jeune femme. « Il existe sûrement des soins bybliens pour vous soulager, on pourrait demander si vous le souhaitez. »

Spoiler:

Nombreux ont été les avertissements, concernant les difficultés que toute la délégation pourrait ressentir en arrivant sur Byblos, mais comme à son habitude, Wilhem a écarté les prérogatives, du revers de la main, estimant que ce ne sont que des avertissements inutiles. Pourtant, à sa sortie du vaisseau, premier pied posé sur le sol Byblien, impossible d’ignorer le brusque changement de climat, de lumière, d’environnement. Le choc est immense, pour celui qui plisse les yeux en observant autour de lui. La chaleur assaille tous les arrivant et Wilhem ne fait pas exception à la règle des mal être, malgré sa robuste constitution. La sueur perle à son front et rapidement, son t-shirt kaki affiche les traces laissées par la température, pourtant, l’homme se sent profondément heureux d’avoir fait ce choix. Malgré la dispute avec son frère, malgré le silence de mort régnant entre eux, eux, jumeaux si fusionnels depuis toujours. @Jyreese Ordo s’est installé plus loin, dans le vaisseau. Aucun mot échangé, l’homme n’a fait que répondre à une petite réflexion de Wilhem, lâché avec un sourire dans une tentative de détendre l’atmosphère. Pourtant, forcé de constater que renouer le contact avec son jumeau ne sera pas une chose aisée.

Alors, la mission prend le pas sur le reste. Les yeux de l’ingénieur découvrent avec délice les paysages désertiques, dans des teintes ocres et dorés. Il renoue avec cette véritable nature, loin des atmosphères recréées de l’Helios ou de la flotte. Malgré toute sa nonchalance durant les années, il est forcé de constater que oui, fouler une terre ferme lui a manqué. Sentir l’air, même chaud et lourd, lui a manqué. Il a pourtant grandi dans un climat plutôt froid, plutôt tempéré, en Alaska, loin de ce type de paysage, mais aujourd’hui, l’envie d’élargir ses horizons le prend violemment aux tripes.
L’oasis est un régal et le nouveau paysage pour la prochaine quinzaine de jours, un vrai bonheur. Pourtant, Wilhem s’essuie régulièrement le front, encaisse difficilement une chaleur violente et trop élevé. Son corps s’étant depuis bien longtemps, habitué au confort de la flotte. Son teint, presque blafard à côté des locaux, jure dans le paysage. Quelques plaisanteries lâchées au hasard du trajet et plus largement de sa première mission, pour détendre l’atmosphère et être fidèle à lui même, ne pas montrer la faiblesse de son corps, lui qui est venu ici pour transmettre son savoir et fait fît d’autorité en matière d’ingénierie. Comme un besoin de garder la face.

Le repas arrive comme une délivrance. Après s’être lavé et changé, voulant afficher un peu de fraîcheur, loin de la faiblesse qui, plusieurs fois, lui a fait ressentir le besoin de s’asseoir et de faire une pause, Wilhem rejoint la tablée. Prenant place aux côtés de @Talia Shevchenko, hôte de marque du moment, l’ingénieur observe un moment ses compagnons de mission et d’infortune physique, il semblerait. Rhil a l’air particulièrement pâle, tandis qu’Elara affiche une mine un peu nauséeuse et Galina un air fatigué. Tous n’ont pas fier allure et, pour sur, les Bybliens ont dû le remarquer, mais qu’importe. Wilhem compte bien marquer des points et se faire accepter en s’asseyant à côté de Talia. La politique ne l’a jamais trop intéressé, mais qu’il ait parfaitement conscience de ce qui se trame à Byblos, mais pour lui, il n’a pas son mot à dire sur la gouvernance d’une planète dont il n’est ni natif, ni membre à part entière. C’est donc simplement dans un sourire en coin qu’il acquiesce aux paroles de la fille du dirigeant des lieux, en levant un verre rempli d’eau, pour porter un toast. Après une grande gorgée qui lui fait le plus grand bien, l’homme se penche vers sa voisine de table. « C’est une bien belle table que vous avez là, que me conseillez vous de gouter ? J’avoue être très curieux concernant Byblos… Et tout ce qui s’y rapporte » Glisse t-il dans un clin d’œil. Un peu de flirt ? Certainement, Wilhem est un habitué de la chose, bien qu’ici, la chaleur le pousse certainement à se désinhiber trop vite.

Résumé:

Résumé:

❝ LE SOLEIL DE GATTACA. ❞

Longue observation dans le miroir. Il retire le bonnet. Le remet. Le retire. Le remet. Il hésite Jyreese, il hésite grandement, parce que ce bonne, il s'est planqué dessous depuis qu'il a quitté le Lady Grace. Il n'a pas su s'en défaire, n'a dans le fond pas voulu. Peut-être parce que malgré l'horreur vécue là-bas, il avait besoin de ce bonnet pour lui rappeler qu'il n'était plus le même qu'avant son séjour sur le Lady Grace. Alors non, il n'a pas quitté ce bonnet. Jamais en public en tout cas. Et aujourd'hui n'a pas dérogé à la règle. Pourtant, il a souffert de la chaleur, de la gravité. Il a transpiré plus que de raison à s'obstiner de cette façon à garder ce bonnet sur sa tête. Et il a de nombreuses fois usé de son inhalateur, remerciant intérieurement Charlie d'avoir été à ce point-là prudent concernant le nombre de doses emmenées avec lui sur Byblos. La journée a été éprouvante. Intéressante. Enrichissante par ce qu'elle apporte comme différence à son existence mais éprouvante. Il ne croit pas avoir jamais autant travaillé sur le Columbiad et pourtant, il n'a jamais manqué de travail. Il y a cependant à tant à faire ici et s'il n'a pas l'intelligence de certains ni leurs capacités, ses mains sont assez capables et il a ainsi rendu service à pas mal de personnes aujourd'hui, d'abord en travaillant sur une grosse installation puis directement auprès de ceux qui avaient besoin d'aide. Et cela en faisant face aux nausées et à cette satanée chaleur à laquelle il n'est pas habitué. A laquelle il n'a jamais été habitué en réalité. C'est qu'il est né et a grandi dans ce qui restait de l'Alaska pour ensuite se retrouver sur la Flotte et passer les deux dernières années de sa vie sur un vaisseau de glace.

Alors non, la chaleur, pas l'habitude.

Et pourtant, il va bien falloir s'habituer. Il veut s'y habituer parce qu'il veut que ce séjour se passe bien et il veut réitérer l'expérience. S'installer définitivement ici ? Et pourquoi pas si sa santé le lui permet et qu'on lui donne l'autorisation. L'idée est déjà implantée dans son cerveau. Pas de décision prise mais une idée oui. Une énième hésitation et il enfile le bonnet : impossible. Juste impossible de faire sans. Il termine par également sa bonne vieille veste ce qui, pour le coup, lui donne un look assez décalé : il est rare de croiser habillé de cette façon en présence de telles températures. C'est pourtant ainsi vêtu qu'il rejoint les autres. Wilhem ? Il ne s'en approche pas, ne lui jette même pas un regard. Il a tout simplement décidé de faire comme s'il n'était pas là. Il n'a qu'à peine répondu à sa petite réflexion lancée un peu plus tôt. Non, Jyreese n'est pas heureux de voir son frère ici et la dispute n'a en rien aidé à ce ressentiment. Ils n'ont jamais été si éloignés car même quand Jyreese était enfermé sur Lady Grace, ce lien n'était pas abîmé. Aujourd'hui il l'est. Réparable ? Seul l'avenir le leur dira. Mais pour le moment, Jyreese ne veut pas y penser.Si être sur Byblos lui permet de ne presque pas penser à cette dose d'Astre qu'il a emmenée avec lui par simple précaution, il peut également ne pas penser à cette dispute avec son jumeau. Il ne veut penser qu'à cette expédition, à rien d'autre. Lorsqu'il arrive, légèrement en retard, il jette un coup d'oeil à la table et il choisit bien sûr de ne pas s'asseoir près de Wilhem, il opte à la place pour le siège se trouvant juste à côté de Rhil, lui-même assis à côté d'Elara, en bout de table. Jyreese s'installe donc, adresse un sourire à Rhil ainsi qu'à Elara avec lesquel il a pu renouer un peu avant le départ (il avait été en silence radio pour lui aussi pendant plusieurs semaines après les élections). Si regards envers son accoutrement il y a, il les ignore. Il sait faire ça. Il a appris à la dure. Après qu'Elara ait servi Nova, Jyreese récupère l'eau et se sert non sans manquer d'offrir un sourire à Nova juste avant, ayant plus que jamais besoin de s'hydrater. Son inhalateur soigneusement caché dans la poche de son pantalon lui permet d'être serein quant à une éventuelle crise. Puis un regard vers Rhil après qu'il se soit servi de quelques victuailles. Très peu. Son appétit est encore limité (et on remercie le sevrage un peu trop brutal pour ça).

« Comment tu te sens, ça va ? » qu'il demande à son ami.

Pas de la curiosité mal placée pour savoir si c'est aussi dur pour lui que ça ne l'est pour Rhil. Une sincère inquiétude plutôt sur son état de santé et son habilité à s'habituer à ces changements brutaux.

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Résumé:

Elle salua en retour les gens et prit place à l'une des tables, se retrouvant en face de la tirée à quatre épingles contremaitre Hartmann et de celui qu'elle reconnut comme étant l'astronome Trasam que la chaleur avait enfin fait taire. Le gars affublé d'un bonnet malgré l'écrasante fournaise était Ordo. La demoiselle qui s'enfuit dans un coin Aldren. Et celui qui semblait avoir le courage de s'assoir près d'elle était un autre Ordo, dont elle ignorait le lien fraternel avec celui d'avant. Celui qui l'avait collée toute la journée c'était Woniaki ou quelque chose qui s'en rapprochait, et celle qui était encore plus tatouée qu'elle Lehmann. Celle qui brossait la contremaitre dans le sens du poil c'était Galero. Elle avait mis un point d'honneur à se rappeler de tous les noms. Ses pensées étaient un peu rudes, mais Talia avait été élevée dans un monde qui manquait de délicatesse en plus d'être considérée au dessus des autres. Et malgré tout elle était curieuse de les connaitre. Ils avaient tous l'air pâlot, aussi ne s'étonna-t-elle pas de ne voir personne se jeter sur la nourriture. Les carafes d'eau en revanche furent rapidement distribuées. Certains attrapaient le porridge et Ordo lui demanda de le conseiller, et son attitude arracha un large sourire à la leader, dont le sourire pincé devint soudain plus chaleureux.

- Je vous recommande particulièrement les lasagnes aux neridlas, une espèce d'asperge locale. Mais vous ne serez pas un vrai Byblien si vous ne buvez notre alcool favori.

Elle laissa échapper un rire.

- Je vous pardonne pour ce soir, mais demain j'espère que vous nous ferez l'honneur de ne pas le délaisser.

Elle n'était pas vraiment offensée et ce fut sur cette note assez moqueuse mais aussi défiante, qu'elle se tourna vers Elara.

- Une ryele et ca se mange simplement comme ca.

Et pour montrer l'exemple, elle s'en saisit et le porta à sa bouche. Elle y mordit à pleine dents, montrant qu'on ne faisait pas de manières par ici.

- Et pour les plus gourmands, vous pouvez les mélanger au plat que tient Ren !

Aussi intriguée qu'ils l'étaient, elle voulait en savoir tout autant sur eux.

- Racontez-moi, que mangez-vous dans l'espace ?

Loin d’elle l’idée d’être impolie en dédaignant la nourriture qu’on avait placé sur leur table mais elle ne se voyait vraiment pas avaler quoi que ce soit d’autre que de l’eau. Quand on lui passa enfin la carafe, Nova se servit un verre et manqua de le faire déborder. Elle jeta discrètement un regard à ses voisins directs pour s’assurer que personne n’avait remarqué la catastrophe évitée puis passa à son tour le broc à Jyreese qui s’était installé en face d’elle. Elle répondit timidement au sourire qu’il lui lança puis retourna son attention sur son verre et sa réconfortante stabilité. De l’eau, oui, c’était tout ce dont elle avait besoin, cela lui suffirait largement pour la soirée. Elle allait se faire petite et s’esquiverait pour essayer d’aller trouver le sommeil dès qu’il se serait écoulé suffisamment de temps pour qu’elle puisse prendre la tangente sans paraître impolie envers leur hôtesse.

La brune sursauta légèrement en voyant une main passer devant elle. Elle releva la tête pour voir le visage bienveillant du journaliste qui accompagnait la mission mordre dans une sorte de brochette. Pendant la journée, elle l’avait observée du coin de l’œil prendre des photos des membres du corps diplomatique, espérant ne pas se retrouver dans le champ de son appareil. Vu l’état dans lequel elle était, Nova n’oserait pas même parier sur elle-même lors d’un concours de beauté et elle préférait éviter qu’on la fasse passer à la postérité avec cette tête. Elle tourna la tête vers le plat que Ren lui conseillait avant de relever de grands yeux vers lui, un peu surprise qu’il s’adresse à elle. Faisait-elle si peur à voir ?

— Oh… euh… merci. Je vais rester à l’eau pour le moment, mais après… peut-être.

Elle esquissa un petit signe de main pour accompagner sa réponse. Un petit sourire forcé fit son apparition sur ses lèvres. Elle tourna la tête un instant pour regarder Talia faire une démonstration, un peu curieuse de voir comment manger un des fruits de Byblos pour regarda Ren de nouveau et sa brochette recommandée par la Byblienne.

— Vous ne vous asseyez pas pour manger ?

Lui demanda t-elle, gardant un vouvoiement par habitude, ne sachant pas très bien si elle devait passer au « tu » ou garder le « vous ». Elle esquissa un vague mouvement pour se décaler, prête à avancer un peu vers Talia pour lui céder sa place s’il voulait s’assoir. On ne va pas se mentir, la politesse jouait énormément et elle espérait ne pas trop avoir à se décaler s’il acceptait sa proposition, de peur de se retrouver trop près de la dignitaire de Byblos. Elle était déjà incapable de trouver le courage de parler à quelqu’un à peine plus important qu’elle alors l’héritière d’une planète ! Nova se retrouverait sans doute plantée comme une carotte dans son bac d’alimentation, incapable de bouger ou de parler. Déjà qu’elle ne se sentait pas bien avec toute cette chaleur et la migraine qui la travaillait, elle ne voulait pas se rajouter des épreuves en plus…

La contremaître lui donna une réponse banale, quelque peu distante. Galina ne s'en offusqua pas, mais ne put que constater que cette froideur dissimulée était de plus en plus importante au fil du temps. Leur relation avait été pourtant plutôt cordiale auparavant, tout en restant dans les limites du professionnel évidemment, mais elles se dégradaient depuis quelques temps – bien qu'il n'y ait déjà pas grand-chose à dégrader dans leur relation. La scientifique avait bien du mal à comprendre le pourquoi du comment puisqu'elle n'avait pas l'impression d'avoir commis d'écart vis-à-vis d'Elara. Étant une personne à l'esprit plutôt léger et n'aimant pas vraiment s'encombrer de conflits lorsqu'elle les estime futiles, ses pensées changèrent rapidement de cap quand elle se servit du porridge étrange et que des questions furent posées à leur hôte sur les spécialités culinaires locales.

On leurs conseilla les lasagnes à base d'un aliment appelé « neridlas », décrit comme une sorte d'asperge. À vrai dire, tous les plats présents sur la table semblaient succulents. Si son estomac n'avait pas été aussi noué par la chaleur et la dure journée de labeur, Galina aurait goûté à tout à coeur joie. À ce moment, elle eut une petite pensée pour son ami Leandro qui n'avait pas pu venir du fait de sa nouvelle position au sein d'Hélios. Elle savait qu'il aurait aimé découvrir toutes ces nouvelles choses, et sa présence à ses côté l'aurait également rassurée.

Talia leur montra ensuite comment déguster un de leurs aliments. Il s'agissait d'une sorte de fruit qui ne ressemblait à aucun qu'elle ait pu voir jusqu'à aujourd'hui. Elle fut amusée de voir qu'à Byblos, les manières à table étaient loin d'être une règle d'or. Apparemment, on pouvait le manger avec la brochette étrange que tenait l'inconnu qui avait posé ses affaires à côté d'elle. Elle testerait probablement le combo à un autre repas, quand elle se sentira plus affamée. Pour ce soir, le fruit seul ferait l'affaire. Le séjour ne faisait que commencer, elle avait encore le temps de goûter à tout.

« Oh, à partir de quoi est fait votre alcool local ? Je mettrai un point d'honneur à y goûter dés que je me sentirai plus en forme en tous cas, c'est certain. »

Elle commença enfin à toucher à son porridge qu'elle avait quelque peu délaissé pendant les quelques premières paroles échangées. Surprise, le plat était excellent, quoiqu'un peu amer peut-être et très consistant. Pour faire passer ça, elle prit une grande gorgée d'eau et laissa quelqu'un d'autre répondre à la question posée par la fille Shevchenko.

RÉSUMÉ:

Rhil avale lentement le porridge tandis que l’on commence à manger et à se servir autour de lui, pour une fois réduit au silence. Son regard s’éclaire un instant et un sourire lui revient jusqu’au coin des lèvres lorsqu’il sent les lèvres de la blonde sur sa tempe. Comme si ça apaisait un peu son mal de crâne qui avait décidé de lui prendre la tête jusqu’à ce que mort s’en suive. Il rougit d’autant plus quand elle pointe sa peau écrevisse, pour répliquer du tac au tac, dans un murmure à peine plus haut que celui de la jeune femme, malgré la malice qui perce dans sa voix. « - Tu en as perdu. Mais oui, cela faisait longtemps que j’avais pas subi les UV. » admet-il. Il sentait la chaleur d’une étoile ur sa peau. C’était assez pour lui faire retrouver sa bonne humeur et il presse le poignet d’Elara avec douceur, rassurant, motivé. Il remercie pour l’eau qu’il porte par politesse à ses lèvres – l’astronome est stupéfait de se découvrir assoiffé, et engloutit son verre avec soulagement tandis que les conversations se développent autour de lui. Lorsque le stellarien repose son verre, il jette un coup d’œil du côté d’Elara, qui murmure avec Galina – s’il n’entend pas la question de la seconde, le mensonge de son amie, il n’a presque pas besoin de l’entendre. Rhil sourit calmement à Galina, lui adressant un signe de tête – il aimait bien la jeune femme, sa collègue et possiblement un jour sa sauveuse. Hey – sans les recherches de Galina, il ne pourrait peut être pas se permettre un tel voyage. Penser à prendre ses médocs habituels avant de se coucher tiens.
Rhil secoue la tête, et glisse un bras par-dessus le dossier d’Elara, pour lui murmurer. « - Tu n’as vraiment pas l’air bien. » Il n’en a strictement rien à foutre que cela fasse de mauvais ton pour un membre du conseil de vomir dès le premier jour de la délégation, ou d’être excusée en avance du repas. Sa meilleure amie a l’air mal, et ça lui fait oublier les propres tiraillements de sa peau. Il avait remarqué qu’elle n’était pas tout à fait dans son assiette et la liste des raisons plausibles étaient longues comme le bras ( indice : son nouveau job. Indice : son ancien mari ). Il ignorait ce qui la troublait, mais venir sur Byblos et son propos babil scientifique avaient eu le mérite de lui changer les idées. Ils avaient des choses à faire, et il n’y avait rien de mieux ( aux yeux de Rhil en tous cas ) pour sécher les larmes et les maux de l’âme. Il savait qu’Elara était douée pour ça. Qu’elle viendrait vers lui. Son teint blafard et sa posture tendue étaient plus inquiétantes.
Rhil se détourne d’Elara après un dernier regard inquiet pour observer Jyreese s’asseoir près de lui, l’accueillant à son tour d’un sourire chaleureux, bien qu’il reste appuyé sur le dossier d’Elara, son haut du corps est nonchalamment tourné vers l’homme au bonnet. « - Tu tiens le coup avec ça ? » remarque-t-il, les yeux légèrement écarquillés. Il s’apprête à lui répondre, mais s’interrompt pour grimacer à la proposition d’alcool de la part de leur hôte. Il sentait une soudaine nausée rien qu’à l’idée d’avoir la tête qui tourne. Rhil inspire lentement et semble se tâter sur la réponse à offrir à Jyreese, les traits visiblement tirés. « - Fatigué. » Il fait la moue, joue avec son couvert un instant, les épaules tendues. Il ne s’était pas senti aussi au bout du rouleau et avec un poids mort sur le dos depuis la dernière fois qu’il avait fait une rechute d’énergie après une montée d’énergie due à l’astre. Mais s’il était encore drogué, il n’aurait pas pu être là, et c’était une raison suffisante pour se tenir à carreau.  
Il est plus intéressé par le .. ryeler ? Que propose la jeune femme. Se concentrer est toujours compliqué pour lui, encore plus avec la chaleur qui transforme son esprit en porridge, justement. Un bon stellarien ne dit jamais non à un fruit gratuit. Rhil croque prudemment dedans avant de s’essuyer bouche et barbe d’un revers de mains et avouer à Jyreese. « - Je suis crevé, et j’ai pas l’habitude du soleil. » Il lui lance un regard un peu malicieux, malgré son regard qui s'attache, presque inquiet, presque tendre, sur l'éternel "uniforme" de l'ancien du Lady. Le voir différemment lui ferait bizarre - mais il n'a pas non plus de le récupérer s'il s'évanouit. Il n'a que deux bras et Jyreese n'est pas une petite carrure. « - Mais y a pas de quoi se plaindre non ? Ca va aller ? »



Spoiler:

❝ LE SOLEIL DE GATTACA. ❞

Un petit haussement d'épaules de la part de Jyreese quand Rhil lui demande, avant même de répondre à la question posée, s'il tient le coup avec « ça ». Le bonnet. C'est difficile. Bien sûr qu'il a chaud, bien sûr qu'il serait plus à l'aise s'il retirait mais ce serait juste physiquement. Psychologiquement, il n'est absolument pas prêt à franchir ce cap et c'est pour cette raison qu'il est prêt à supporter davantage de châleur. Alors il hausse les épaules oui parce que porter ce bonnet n'est en pas une partie de plaisir mais ça lui est essentiel. La proposition d'alcool le fait presque autant grimacer que Rhil. S'il n'a rien contre un verre, plusieurs raisons le poussent à refuser : déjà parce qu'il ne supporte pas très bien l'alcool, ensuite parce qu'il est encore dans une phase de sevrage d'Astre et qu'il doute sincèrement que boire le moindre alcool soit une bonne idée pour l'aider à tenir, et enfin parce qu'il a déjà trop chaud pour rajouter la moindre chaleur à son corps. Et de toutes les façons, même si ces trois raisons n'étaient pas réunies et ne faisaient pas bloc, il ne prendrait pas le risque de goûter de l'alcool inconnu alors qu'il a déjà du mal à toucher à la nourriture. Peut-être d'ici quelques jours quand son état physique sera plus correct. Un bref silence ensuite avant que Rhil ne finisse par répondre qu'il est fatigué, ce à quoi Jyreese hoche la tête pour aller dans son sens. Lui aussi est épuisé. Il espère bien dormir cette nuit. Mieux que la nuit précédente. Mieux que toutes les nuits précédentes depuis un long moment déjà. Le deuxième jumeau Ordo jette un coup d'oeil à son assiette alors que Rhil croque avec prudence dans le fruit qui lui est offert. Il décide finalement de se servir également et de prendre un fruit lui aussi, persuadé que cela passera bien mieux que le reste. Et il a raison. Le goût est un peu particulier mais ça passe bien mieux et il parvient à l'apprécier, ce qui n'est franchement pas une mince affaire dans son cas, puisque la nourriture est devenue problématique déjà sur la Flotte depuis son sevrage. Il lui faudra encore quelques temps pour que son système interne ne soit totalement remis. Il le sait.

« Moi non plus. » qu'il dit en faisant écho au quelques mots prononcés par Rhil. Lui non plus n'a pas l'habitude du soleil non. Il n'a jamais eu l'habitude. Il est né dans une région froide, a ensuite grandi dans l'espace et a passé plusieurs années sur le Lady Grace donc pour le soleil on repassera.

Il perçoit le regard un peu malicieux de Rhil et esquisse un petit sourire avant de croquer une seconde fois dans son fruit. Puis vient la question : est-ce que ça va aller ? Quelques secondes de réflexion.

« Je crois oui. Il va bien falloir. » Un bref silence, il est hésitant Jyreese. Est-ce qu'il le dit ? Il peut bien le lui dire à Rhil. Il est son ami. Alors il se penche juste un peu vers lui pour être certain que personne d'autre ne pourra l'entendre. « Je suis pas prêt à m'en séparer. Je n'y arrive pas. » qu'il confie avant de se reculer et reprendre « sa » place avec un nouveau petit haussement d'épaules. « Mais tu as raison, y'a pas de quoi se plaindre. C'est vraiment une chance de pouvoir être ici. »

Et il est sincère. Malgré la difficulté à s'habituer aux conditions de cette planète, il estime avoir beaucoup de chance de pouvoir faire partie de cette première expédition parce que justement, c'est la première.

« D'autres viendront après nous mais ce ne sera pas pareil. On est les premiers. Je suis peut-être con mais je suis fier d'être là. »

Autre vérité.

« Qu'est-ce que ça a donné aujourd'hui ? Tu as pu avancer comme tu voulais ? »

C'est comme... Être dans une autre vie.
Et ça lui fait du bien à Jyreese.
Beaucoup de bien.

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Résumé:

Ses oreilles sifflèrent. Est-ce qu’on parlait d’elle ou est-ce que le soleil de Byblos lui avait trop tapé sur la tête ? En plus de subir la nausée et la migraine, la jeune femme était-elle aussi condamnée à avoir des hallucinations auditives ? Nova tourna la tête – trop vite, sa migraine se rappela soudain à elle et lui tira une grimace – pour dévisager la contremaître Hartmann. Bon, bonne nouvelle : la brune n’était pas sujette à des hallucinations auditives – c’était déjà ça – mais, de l’autre côté, on parlait bel et bien d’elle.

Entendons-nous bien : Nova adorait qu’on parle d’elle. Rien ne la faisait plus frémir qu’entendre quelqu’un raconter une anecdote dont elle était l’héroïne. Ça lui faisait comme des frissons dans les épaules. Même ce si l’histoire en question était le récit de la fois où elle s’était retourné la tête à la xingji tant et si bien qu’elle avait fini par chanter comme une casserole et lancer un concours de danse. Réflexion faite, elle aimait particulièrement ces histoires-là.

Si elle n’avait pas été autant en proie à la fatigue, la chaleur, la gravité, l’horizon, les émotions, la vie, la planète, l’univers et les quatre galaxies… et bien peut-être qu’à ce moment-là, Nova aurait pu être ravie d’être au centre de l’attention. Sauf qu’en l'occurrence, elle était en proie à toutes ces choses-là, et l’idée de devenir d’office un livret d’explications en matière d’alimentation et de cultures spatiales était loin de bénéficier du charme d’un chant de sirène. Sans compter que si elle aimait bien être mise à son avantage autour de personnes du même grade qu’elle, rien ne l’embarrassait plus que de ressortir près de personnes aussi importantes. On parlait quand même d’une ambassadrice, une conseillère de l’amirale Mugheri et de tout plein de gens qui suintaient l’intelligence. Certes elle n’était pas la seule à dénoter dans cette assemblée, mais cela ne l’empêchait pas de redouter l’idée que la fille Shevchenko lui pose des questions. Elle redressa la tête et la regarda avec de grands yeux avant de les baisser sur ses mains qui tenaient son verre d’eau.

— Euh… on fait pousser des carottes, des pommes de terre et toutes sortes de légumes importés de Terre à l'origine…

Réussit-elle à bredouiller vaillamment avant de se laisser disparaitre quand la conseillère continua sur sa lancée, bien contente de ne pas avoir à rentrer dans les détails.

Les discussions autour de la table se dirigeait maintenant vers la nourriture et les gens semblaient s'intéresser surtout à l'alcool. Cela fit sourire Talia. La nourriture était un moyen de briser la glace. La scientifique assise sur sa gauche en face d'elle lui offre un joli sourire qu'elle rend en retour.

- Notre alcool est fait à base de fruits locaux, à la manière de la forte eau de vie terrienne.

Le remontant après une journée difficile sous le soleil, qu'apparemment aucun des invités ne dégusterait ce soir. La contremaitre lui expliquait déjà le fonctionnement des cultures sur la Flotte. De quoi intriguer Talia. La machinerie agricole ne lui était pas totalement inconnue. En effet eux-mêmes en utilisaient. Néanmoins l'idée de concentrer suffisamment de terrains agricoles sur un vaisseau était épatante. Cela demandait un système d'organisation extraordinaire et cela ne le rendait que plus intéressant. Elle se tourna ensuite vers Nova, la curiosité aux lèvres. Mille questions lui venaient mais Nova visiblement un peu trop timide, lui servit une réponse bien trop vague. Elara enchaina sur un autre sujet. Leur apport en viande venait d'insectes, une nourriture qu'elle ne goûtait pas depuis longtemps et qui ne lui manquait pas tant que cela. Talia voulait en savoir plus et ce fut pour cela qu'elle se tourna vers Nova, avec la ferme intention de ne pas laisser la jeune femme s'échapper.

- C'est fort intéressant ma foi cette histoire.

Elle jette un coup d'oeil à Nora et la lorgne tel un crocodile le ferait.

- Nous allons en discuter après le repas !

Elle ne laissait pas trop d'occasions à la demoiselle de s'échapper.

- Quoi qu'il en soit, c'est vraiment une chance pour nous de vous avoir ici. J'espère sincèrement que notre échange va apporter à chacun de nous ce dont nous avons besoin ! J'espère aussi que vous êtes bien logés. N'hésitez pas à demander ce qu'il vous manque.

Ils se feraient un plaisir de les aider.