❝ LE SOLEIL DE GATTACA. ❞
Longue observation dans le miroir. Il retire le bonnet. Le remet. Le retire. Le remet. Il hésite Jyreese, il hésite grandement, parce que ce bonne, il s'est planqué dessous depuis qu'il a quitté le Lady Grace. Il n'a pas su s'en défaire, n'a dans le fond pas voulu. Peut-être parce que malgré l'horreur vécue là-bas, il avait besoin de ce bonnet pour lui rappeler qu'il n'était plus le même qu'avant son séjour sur le Lady Grace. Alors non, il n'a pas quitté ce bonnet. Jamais en public en tout cas. Et aujourd'hui n'a pas dérogé à la règle. Pourtant, il a souffert de la chaleur, de la gravité. Il a transpiré plus que de raison à s'obstiner de cette façon à garder ce bonnet sur sa tête. Et il a de nombreuses fois usé de son inhalateur, remerciant intérieurement Charlie d'avoir été à ce point-là prudent concernant le nombre de doses emmenées avec lui sur Byblos. La journée a été éprouvante. Intéressante. Enrichissante par ce qu'elle apporte comme différence à son existence mais éprouvante. Il ne croit pas avoir jamais autant travaillé sur le Columbiad et pourtant, il n'a jamais manqué de travail. Il y a cependant à tant à faire ici et s'il n'a pas l'intelligence de certains ni leurs capacités, ses mains sont assez capables et il a ainsi rendu service à pas mal de personnes aujourd'hui, d'abord en travaillant sur une grosse installation puis directement auprès de ceux qui avaient besoin d'aide. Et cela en faisant face aux nausées et à cette satanée chaleur à laquelle il n'est pas habitué. A laquelle il n'a jamais été habitué en réalité. C'est qu'il est né et a grandi dans ce qui restait de l'Alaska pour ensuite se retrouver sur la Flotte et passer les deux dernières années de sa vie sur un vaisseau de glace.
Alors non, la chaleur, pas l'habitude.
Et pourtant, il va bien falloir s'habituer. Il veut s'y habituer parce qu'il veut que ce séjour se passe bien et il veut réitérer l'expérience. S'installer définitivement ici ? Et pourquoi pas si sa santé le lui permet et qu'on lui donne l'autorisation. L'idée est déjà implantée dans son cerveau. Pas de décision prise mais une idée oui. Une énième hésitation et il enfile le bonnet : impossible. Juste impossible de faire sans. Il termine par également sa bonne vieille veste ce qui, pour le coup, lui donne un look assez décalé : il est rare de croiser habillé de cette façon en présence de telles températures. C'est pourtant ainsi vêtu qu'il rejoint les autres. Wilhem ? Il ne s'en approche pas, ne lui jette même pas un regard. Il a tout simplement décidé de faire comme s'il n'était pas là. Il n'a qu'à peine répondu à sa petite réflexion lancée un peu plus tôt. Non, Jyreese n'est pas heureux de voir son frère ici et la dispute n'a en rien aidé à ce ressentiment. Ils n'ont jamais été si éloignés car même quand Jyreese était enfermé sur Lady Grace, ce lien n'était pas abîmé. Aujourd'hui il l'est. Réparable ? Seul l'avenir le leur dira. Mais pour le moment, Jyreese ne veut pas y penser.Si être sur Byblos lui permet de ne presque pas penser à cette dose d'Astre qu'il a emmenée avec lui par simple précaution, il peut également ne pas penser à cette dispute avec son jumeau. Il ne veut penser qu'à cette expédition, à rien d'autre. Lorsqu'il arrive, légèrement en retard, il jette un coup d'oeil à la table et il choisit bien sûr de ne pas s'asseoir près de Wilhem, il opte à la place pour le siège se trouvant juste à côté de Rhil, lui-même assis à côté d'Elara, en bout de table. Jyreese s'installe donc, adresse un sourire à Rhil ainsi qu'à Elara avec lesquel il a pu renouer un peu avant le départ (il avait été en silence radio pour lui aussi pendant plusieurs semaines après les élections). Si regards envers son accoutrement il y a, il les ignore. Il sait faire ça. Il a appris à la dure. Après qu'Elara ait servi Nova, Jyreese récupère l'eau et se sert non sans manquer d'offrir un sourire à Nova juste avant, ayant plus que jamais besoin de s'hydrater. Son inhalateur soigneusement caché dans la poche de son pantalon lui permet d'être serein quant à une éventuelle crise. Puis un regard vers Rhil après qu'il se soit servi de quelques victuailles. Très peu. Son appétit est encore limité (et on remercie le sevrage un peu trop brutal pour ça).
«
Comment tu te sens, ça va ? » qu'il demande à son ami.
Pas de la curiosité mal placée pour savoir si c'est aussi dur pour lui que ça ne l'est pour Rhil. Une sincère inquiétude plutôt sur son état de santé et son habilité à s'habituer à ces changements brutaux.