Une dizaine d'anecdotes sont demandées. Pas la peine de faire un pavé pour chacune, mais pensez à détailler un peu l'histoire de votre personnages, des moments marquants, des habitudes, ses envies, ses passions, etc.

NAISSANCE, ENFANCE, ADOLESCENCECoralee est née entre deux stations spatiales, sans jamais véritablement connaître de planète, ou de domicile fixe. Trimbalée d'un complexe à un autre à travers toute la ceinture de Saturne, Lee embrasse aveuglément le mode de vie de ses parents, sans se demander si d'autres choses existent, ou sont possibles. C'est ainsi qu'elle commence à travailler dès l'âge de dix ans : en parallèle d'une éducation très sommaire, on l'envoie dans des conduits trop étroits pour accueillir des adultes, ou on la réquisitionne pour des travaux de minutie qui requièrent des petites mains. D'assignation en assignation, d'astreinte en astreinte, elle devient mécanicienne de l'extrême, et touche à une multitude de domaines qui lui permettent de penser en dehors des sentiers battus. Si ses manières sont brutes et qu'elle manque des rudiments qu'apporte une éducation conventionnelle (quand elle rejoint le Tiantang, elle sait à peine lire et écrire), force est de constater que ses chemins de traverse et ses méthodes peu orthodoxes lui permettent toujours de trouver une solution au problème.

L'ABORDAGE DU TIANTANG Quand le Triumvirat s'empare de la Terre en destituant la Fédération, que l'ordre de retour est émis, Coralee, inconsciente des enjeux et de la véritable ampleur du conflit, suit le reste des ouvriers, et notamment son père, alors contre-maître sur leur station d'assignation. Tout du long, de leur voyage jusqu'à Chronia jusqu'au moment d'aborder le Tiantang, Lee reste en retrait, très en-deça de la détermination et de la véhémence qui habitent ses compagnons. Elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas ce qui les anime, et ce qui a changé. Parce qu'elle n'a jamais connu que cette vie en stations, et qu'on n'a pas pris le temps de lui enseigner correctement les choses comme la politique ou la société. C'est un outil, une poupée qui ne se rend compte de sa condition que quand elle finit par rencontrer ses créateurs sur le Tiantang. Alors elle comprend. Ou en atteste-t-elle. Les inégalités, l'opulence, les privilèges. Plutôt que de planifier une vengeance à leur encontre, elle se surprend à vouloir les remplacer. Une fascination brûlante et morbide pour le beau et le faste lui consume la moindre parcelle de son corps et de son esprit.

LA FENÊTRE SUR L'AMBITION Son père étant l'un des meneurs de la révolte, Lee assiste aux débâcles des premières loges. Elle se délecte du chaos environnant, l'absorbe comme une éponge pour s'en nourrir, elle et ses brouillons d'aspirations. A présent elle les voit, elle les observe, ces riches touristes. Comment se comportent-ils, comment fonctionnent-ils. Pourquoi voudraient-ils retourner sur terre, et pourquoi, à contrario, ne le voudrait-elle pas ? Ne le veut-elle vraiment pas ? Durant les nombreux mois de conflits, de purge, de dissensions qui sévissent sur le Tiantang, Coralee apprend le monde, tente d'apprécier au mieux toutes les nuances qu'on avait négligé de lui enseigner. Sans guide et sans lignes à suivre, ses ambitions grouillent dans la lie de son âme mais ne prennent aucune forme.

FIORA Oh, Fiora. Céleste, terrible, sagace Fiora. Un sourire, une caresse, et la Kincaid obéit. Elle en est consciente. De la manipulation, de la séduction. De l'amour. Elle serait même capable de dire stop à n'importe quel moment. Or l'envie ne lui vient pas. Depuis ce jour où elles se sont rencontrées sur le Tiantang, l'envie ne lui est jamais venue. Car Fiora essaye de la comprendre là où personne ne s'est donné la peine d'essayer ; car encore mieux, Fiora réussit, lui susurre que tout est possible. Car Fiora s'est faite marionnette, outil. Celui-la même qui a façonné l'amas gluant de perspectives et d'orgueil qui sommeillait en Coralee. Coralee qui n'a jamais demandé que ça : qu'on la comprenne. Coralee qui a été outil, elle aussi, et qui l'est encore volontiers. Seulement pour elle, seulement pour Fiora. Elle le lui doit bien. Elle lui doit tout. De sa carrière à son amour égoïste. Elle s'aiment, aiment davantage leurs ambitions partagées, et pour rien au monde, rien, Lee ne renoncerait à Fiora et à leur mariage. Parmi toutes ses réussites, c'en est la plus grande.

LA FLOTTE Objectivement, rejoindre la Flotte est une des meilleures choses qui lui soit arrivée. On lui donne l'opportunité de s'éduquer, de faire ses preuves et de s'affirmer en tant que personne. Si elle emprunte volontiers des raccourcis et qu'elle frôle certaines limites, on connaît Coralee travailleuse et acharnée. Ça en devient quasi-obsessif. Le travail. Pallier à ses faiblesses. S'intégrer. Rayonner. Régner. Elle ne pense plus qu'à ça. Régner. Les premières années sur la Flotte sont difficiles, et font office de rappel douloureux : elle n'est rien. A peu près pire, elle se sent en décalage sur tous les plans, plutôt en retard qu'en avance. A plusieurs occasions, elle manque de s'envoyer pourrir dans les tréfonds du Colossus : on y a toujours besoin d'un bon mécanicien, et au moins, cachée là-bas, personne n'aura à contempler l'ampleur de sa misérable vie. Contre toute attente, une force invisible la retient de se laisser engloutir par la fange, et elle finit par s'acclimater correctement, jusqu'à n'avoir même plus conscience de faire des choses qu'elle ne faisait pas hier. La consécration vient quand la hiérarchie remarque enfin qu'elle existe. Élement prometteur. Sa carrière connaît un pic, et la voila qui navigue de mieux en mieux parmi les socialites, largement aidée par la flambante réputation de sa compagne.

LE COÛT DE LA GLOIRE Ses ambitions s'alignent mal à celles qu'avait son père pour elle. Si il la soutient auprès des corps professionnels (dont il est resté proche), il dédaigne tout ce qu'elle devient, et lui rappelle sans cesse qu'elle n'est pas eux, et qu'elle ne le sera jamais, combien même présente-t-elle mieux, et parle-t-elle mieux encore. Les invectives de son géniteur finissent par l'user, à tel point qu'elle ne vient le voir plus qu'une fois l'an, et que petit-fils et grand-père sont tous juste deux illustres inconnus qui se connaissent un nom quasi-similaire. Ça lui serait égal si son frère, son adoré, ne s'était pas, à son tour, mis à l'ignorer. Elle le vit comme une trahison et, encore aujourd'hui, garde une rancœur mitigée vis-à-vis de sa famille. Pourquoi ne pourrait-elle pas être autre chose ? Quelqu'un de mieux, de plus grand, de plus éminent. Quelqu'un qui compte.

LA CAPITAINERIE On ne la destinait pas à devenir capitaine. On ne la destinait même pas à devenir seconde. Coralee, alors représentante déléguée, se voit offrir la place vacante après qu'un heureux concours de circonstances ait forcé le second en place à se retirer (une histoire d'Astre, disait-on à l'époque). Plébiscitée à la fois par les populations ouvrières et par quelques grands noms, elle est en partie choisie par pression populaire, grâce à son passif sur le Tiantang doublé à son impressionnante ascension sociale. En privé, durant leurs premières semaines de collaboration, le capitaine confessera qu'il lui aurait préféré Emilia Addarius. Qu'importe, puisqu'aujourd'hui, c'est bien elle, Coralee Kincaid, qui siège à la capitainerie du Tiantang.

CAMILLE La question d'une descendance ne s'était jamais posée. Pas pour l'égoïste, la carriériste Coralee. Elle ne prend l'éventualité en compte que parce que l'idée lui est soufflée par sa compagne. L'adoption non plus, n'est pas une option, quand on lui évoque le sujet pour la première fois. Il devra être biologique, ou il ne sera pas, avait-elle renâclé. Si on lui aura fait mentir, elle avait au moins raison sur un point : il aurait mieux valu qu'elles aient recours à la fécondation in-vitro. Car Lee aime mal, et ne le démontre pas mieux. C'aurait été une piètre mère pour ses propres enfants, alors pour ceux de quelqu'un d'autre ? C'est Camille, quatre ans, qu'on les fait rencontrer et accueillir, au bout de trois ans de démarches administratives (les orphelins ne pullulent pas, sur l'espace confiné de la Flotte). Maltraitances. Au début, Coralee déploie des efforts admirables pour mériter le titre de mère (d'autant plus compliqué à gagner d'un enfant abusé), mais l'exercice l'éreinte, et elle se donne de moins en moins la peine au fil des années. Ils entretiennent ainsi des rapports conflictuels, quoique cordiaux. Lisses. Pesants. Elle croyait que l'entrée de Camille à l'Académie serait une bénédiction : faux. Depuis le début de l'année, elle a déjà reçu trois rapports d'incidents... Et il lui sera bientôt impossible de continuer de les ignorer.

LES DESSOUS DE TABLE Coralee a plus ou moins toujours frayé avec le marché noir. Non qu'elle en ait besoin ou qu'elle en fasse régulièrement usage, mais elle est d'avis qu'il est plus facile de coexister avec lui que de le traquer. Il est comme une hydre : coupez une tête et deux repoussent. Inutile donc d'y concentrer trop d'efforts : ils seront vains. C'est ainsi que depuis qu'elle occupe le poste de capitaine (depuis même qu'elle occupe le poste de seconde), il règne entre elle et les trafiquants une sorte de règle tacite qui dit que tant qu'ils ne font pas de vagues sur son vaisseau, elle fermera les yeux sur leurs activités. Ça s'appelle entretenir des relations de bon voisinage.

INFORMATIONS BONUS Elle a une image propre, quoique glaciale au sein de la Flotte. Elle a totalement sa place sur le Tiantang, le connaît par cœur lui et ses enjeux, oui, mais sa splendide personnalité est loin de faire l'unanimité. Et si on ne peut décemment pas lui retirer son mérite et sa hargne, on lui reproche par contre d'avoir oublié d'où elle venait. + En privé, elle fume beaucoup, boit beaucoup aussi. Ce sont des vices qu'on ne lui connaît pas publiquement, puisqu'elle n'y touche pas en dehors de sa cabine. + Que la flotte réussisse à coloniser une nouvelle planète ou non lui importe peu. Elle ne restera sans doute pas sur place, si d'aventure elle était encore là pour connaître ce jour. + Elle n'apprécie pas davantage la Fédération que le Triumvirat. Tous ont leur torts, et chaque humain, individuellement, devrait être libre de choisir son sort. + Lee est étrangement sédentaire, pour une ceinturienne. Elle ne voyage sur d'autres vaisseaux de la Flotte que par obligation professionnelle, et la visite de colonies telles que Byblos ou Keller ne l'intéresse qu'à titre informatif.