boys don't cry “quel charmant petit garçon — quoi qu’un peu turbulent!” la fillette de six ans fait une petite moue en entendant ça. un prénom mixte, souvent masculin, associé à son comportement agité et ses cheveux courts, les adultes font vite la confusion. à force de crapahuter avec ses amis plutôt de se contenter de jouer sagement (au grand désespoir de ses parents) rowan se fracture l’épaule. “rien de très grave” disent les médecins; elle est encore jeune, en pleine croissance, pas de soucis à avoir. enfin, en théorie; la fracture ne se ressoude pas forcément bien, mais ça n’a jamais empêché rowan d’escalader un peu partout. un peu garçon manqué dans son enfance, elle l’est toujours un peu à l’âge adulte, bien qu’on la confonde rarement avec un garçon à présent.

what the water gave me — maman; son modèle, son idéal. une femme intelligente au caractère presque aussi marqué que le sien. il n’est pas rare que le ton monte entre elle et sa mère; souvent en désaccord, pour des riens le plus souvent. si elles ont du mal à avoir une conversation sans que cela dérape, elle ne l’aime pas moins. rowan sait que derrière son côté un peu autoritaire, sa mère veut juste le meilleur pour elle et elle lui en est reconnaissante.  — papa; discret, formidable conteur, rowan a toujours trouvé du réconfort chez son père. il semblait toujours savoir quoi dire, ou quand se taire et l’écouter. son père, elle a toujours pu lui parler, tout lui dire; et maintenant, c’est lui qu’elle a le plus déçu. la colère de sa mère était déjà dure à supporter, mais c’est tout simplement le silence pesant de son père qui lui a fait vraiment prendre conscience qu’elle avait perdu beaucoup plus qu’une année.

where the lines overlapelle ne se sent pas plus shangzhienne que stellarienne — ou pas plus chinoise qu’américaine. rowan n’est pas particulièrement marquée par ses racines; elle ne cherche pas à se rapprocher d’une culture plutôt qu’une autre. bien sûr, elle embrasse ce qu’elle a emporté de shangzhen, ce que ses parents ont rapporté de la terre, mais elle se refuse simplement à choisir une culture, une origine qui serait vraiment “la sienne”, à laquelle elle s’identifierait pleinement, qui prendrait le dessus sur une autre. finalement, ne pas choisir est aussi un choix; un mélange sans que l’un ne prenne sur l’autre, piquant à droite à gauche les choses qui lui correspondent vraiment.  

one night only elle est jolie, elle sourit et rit aux blagues de rowan; ses yeux pétillent un peu, naturellement ou à cause des quelques verres qu’elles ont déjà bu, rowan n’est plus très sûre, en y repensant. cela fait un moment que rowan l’a remarqué — sans jamais avoir osé lui parler avant ce soir, poussée par ses amis quelques tables plus loin. une chose est sûre, le courant passe bien entre elles, et la soirée se termine dans la cabine de l’autre jeune fille.  
le lendemain quand elle ouvre les yeux, rowan n’est déjà plus là, laissant juste quelques cheveux sur l’oreiller et une place encore chaude dans le lit. c’est peut-être mieux ainsi; quelques jours plus tard, elle est condamnée; évitant au passage une conversation un peu gênante.

who tells your story si elle n’était pas ingénieure, rowan aurait voulu être scénariste pour un de ces feuilletons radios. bercée depuis son jeune âge par des histoires déjà existantes ou créées de toutes de toutes pièces, elle a toujours aimé écouter des histoires mais aussi se les imaginer. en attendant d’un jour sauter le pas et passer de l’autre côté de la production, les épopées racontées par quelques acteurs l’accompagnent souvent lorsqu’elle tente de s’endormir ou lorsqu’elle travaille.

four walls “cap?” le mot est lancé, un défi — c’est suffisant pour mettre une idée dans la tête de rowan. une idée stupide, d’accord, mais une idée quand même. cap de détourner un des robots du vaisseau ? bien évidemment. la brillante rowan en est capable, et elle compte bien le prouver.
évidemment c’était stupide, et c’était encore plus stupide de se faire prendre sur les faits: tentative de sabotage lui annoncent-ils, quasiment imperturbables. difficile de faire autre chose que plaider coupable quand les preuves sont évidentes.
un an — c’est le temps qu’elle restera sur le lady grace. trois cent soixante jours sur le vaisseau.

ain’t no rest for the wicked ce qui la marque d’abord à son retour, c’est les regards; de ses parents dans un premier temps, qui ne comprennent toujours pas, même un an après, comment leur petite fille a pu faire une chose pareille. puis de ses amis, ses collègues, leurs murmures quand elle passe. si bien que la rowan autrefois plutôt extravertie prend des allures de petite souris, longeant un peu les murs et évite d’attirer un peu trop l’attention sur elle; en vient à éviter les conversations même. puis, il y a ce bruit, toujours coincé dans son cerveau, qui devient presque assourdissant quand elle ferme les yeux — celui des machines du lady grace, qui lui filent encore des migraines quand bien-même elle n’y est plus.

anyways here’s wonderwall l’alto — après avoir tenter d’apprendre à jouer de la guitare, du piano et même du violon, c’est sur l’alto que rowan s’est finalement porté. au début pas très motivée voire carrément réticente à l’idée, la brune a quand bien même décidé de mettre un peu du sien et d’écouter ses parents. force de persévérance, elle ne se débrouille pas trop mal; elle a rarement l’occasion d’en jouer à présent, mais tente de continuer à pratiquer lorsqu’elle en a l’opportunité.

i’m in the middle of some calibrations quand elle travaille, le moins qu’on puisse dire c’est que la brune est concentrée. elle déteste particulièrement être dérangée ou interrompue dans sa réflexion ou dans ce qu’elle est en train de faire, perdant le fils de ses pensées. d’ailleurs, ce n’est pas difficile de remarquer lorsqu’elle est plongée dans ses pensées et occupée: elle a ses petites tics et manies qui l’aident à faire abstraction du reste mais qui peuvent parfois être agaçant pour les gens autour. rowan peut rarement s’empêcher de faire claquer sa langue contre son palais, jouer avec une mèche de cheveux ou encore se mordre la lèvre.

bad habit jusqu’à ce qu’on la force réellement à parler anglais à l’école c’était le front du refus; en mandarin, sinon rien. la petite refusait tout simplement de s’exprimer dans une autre langue, malgré les efforts de sa mère pour lui parler uniquement en anglais. si elle était plutôt bonne à l’école, rowan avait tendance à choisir les matières qui l'intéressaient réellement et à délaisser les autres, comme l’anglais par exemple. il a fallu un moment avant qu’elle ne se décide à faire un effort. elle est à présent bilingue même si le mandarin reste la langue dans laquelle elle pense et s’exprime le plus naturellement. en revanche, l’anglais est sa langue préférée pour lâcher des jurons.