Une dizaine d'anecdotes sont demandées. Pas la peine de faire un pavé pour chacune, mais pensez à détailler un peu l'histoire de votre personnages, des moments marquants, des habitudes, ses envies, ses passions, etc.

1 | Le ciel était bleu, la neige blanche, tout autour d'elle. Le vent l'enveloppait comme d'un manteau. Les parties exposées de son corps frappées par sa fraîcheur perdaient toute sensations alors qu'elle même se perdait dans la contemplation des grands espaces devant-elle. C'est magnifique, pensait-elle ; mais elle n'en dit rien. Cynog le lui reprocherait. Un mot de trop trahirait ce doux moment au milieu de nulle part. Elle ne fit que regarder son compagnon de voyage, le plus proche qu'elle avait d'un père. Un ami, un mentor. Et elle sourit, confiante. Il lui sourit en retour. Ils avaient trouvé un endroit magnifique, éloignée des lumières et, ce soir, la petite Helion verrait les étoiles dans leur plus immense clarté.

2 | La clarté de la nuit, elle l'entr'apercevait entre les hauts toits de la ville. De la buée s'échappait de ses lèvres à chacune des inspirations qu'elle prenait. L'air, glacial, s'infiltrait par ses narines jusque dans sa trachée pour rejoindre ses poumons. Elle le sentait, comme un liquide. Chaque souffle, chaque battement de son cœur. Elle les ressentait sans y penser. Elle flanquait un officier, qui lui, était entouré d'elle et d'un autre coéquipier assurant la sécurité dans les rues de la ville de sa plus récente affectation. Travailler pour les forces de l'ordre, c'était souvent patrouiller jusqu'à l'aube et ceci lui convenait parfaitement. Le Triumvirat la payait chaque mois pour un métier qu'elle aimait.

L'officier, elle le regardait, et ce ne fut pas du froid mais une intense sensation de chaleur qui naquit depuis l'arrière de son cou et se répandit sur ses joues, englobant ensuite ses oreilles, son visage. Son ventre. Son corps tout entier.

3 | Son corps bougeait sans vraiment suivre un rythme décent. Sa voix était rauque, grave et particulièrement dégueulasse après ses deux cocktails et le premier shot d'un liquide bleu qui l'avait poussée à entonner une des nombreuses chansons qui passaient à la radio. Fin de service. Grosse journée. Et elle en redemandait. Tout pour son regard, ses yeux verts. Son ébriété l'empêchait d'avoir honte, et ce soir, elle voulait l'époustoufler par sa voix, par de longues notes langoureuses. Plus tard, il lui dirait que cette nuit là, quelqu'un avait tenté d'égorger un canard. Elle ne comprit pas immédiatement, mais le ridicule la rattrapa en vidéo et en moqueries pendant les trois mois qui suivirent.

4 | « Trois mois ? » lui avait-il demandé.
« Trois mois, à peu près. » avait répondu Helion en haussant les épaules.

Et elle le garderait.

5 | La nuit, elle l'aimait plus que le jour. Bien qu'elle aimât ce dernier. Le millier d'étoiles dans le ciel était passionnant, et elle le recherchait comme un homme perdu dans le désert cherchait un point d'eau. Sa vie, elle l'aimait. Mais elle rêvait aux grands espaces. Aux journées de marche avec son père. Peut-être un jour prendrait-elle des vacances pour le revoir ? Elle le devait. Son temps, elle le partageait entre travail et allers-retours, entre sa fille, le père de sa fille, aussi. Et elle n'était pas vraiment douée à ce petit jeu là.

6 | Elle était douée,e n revanche, pour attraper un voleur dans une rue. Pour interroger un suspect. Pour patrouiller pendant six heures d'affilées quand, un beau matin, un collègue ne venait pas. Helion, c'était aussi un pilier de bar et une fumeuse qui avait un don pour les ronds de fumée et les jeux de mots sans sens. Elle était douée au bras de fer – la meilleure. Élue dans trois bars – différents, les bars ! Un truc qu'elle aimait plus que la bière, c'était sa petite fille.

7 | Elle grandissait comme à vue d’œil. Et ça terrifiait Helion, autant que ça l'émerveillait. La petite, elle avait les yeux de son père. Mais elle avait ses cheveux noirs à elle. Mais putain, en tellement plus beau. Et elle souriait, elle riait. C'était celle qui l'avait comme fait renaître, fait aimer le soleil une fois de plus. Elle vivait un peu avec son père, un peu avec sa mère. Eux, n'avaient jamais vécu ensemble. La nuit, elle l'avait comme oubliée.

8 | Cette dernière, qui revint alors qu'un coup de téléphone lui annonçait la mort de Cynog. Comme l'éclatement d'un pilier dans son cœur, qui faisait s'effondrer son enfance. Le temps d'un retour, d'une cérémonie, elle redécouvrit les terres et les paysages de son enfance à jamais lointaine. Elle perdit pied. A son retour, elle était une étrangère dans sa propre maison. Inconnue à ses connaissances. La nuit, elle lui revint comme une proche amie qui ne la laisserait jamais tomber, avec son lot d'étoiles et de rêves. Là, elle se sentait comme une appartenance. Dans ces lieux où elle n'était pas une étrangère.

9 | Étrangère. C'était ce qu'elle avait toujours plus ou moins été, sans vraiment chercher à savoir pourquoi. Elle, que son père avait amenée du bout du monde, y était retournée en quête de racines. Racines qu'elle ne trouva pas. Rumeurs d'une famille, et d'un monde lui étant étrangers. De noms, de fausses pistes et de vieilles lettres et vidéos. C'était une chose de plus qu'on arrachait à elle avant même qu'elle n'eut pensé à en profiter. Avant-même qu'elle eut essayé-

10 | Essai, essai. Ce serait son premier, et bien le seul qu'elle aurait. Il y avait une lampe et un couteau à sa ceinture, quelques vêtements dans son sac. Aucun carnet, aucune photo. Son uniforme sur le dos, ses années de service derrière elle. Jusqu'où irait sa crédibilité ? Jusqu'où pourrait-elle pousser l'aventure, sans craquer, sans s'en retourner d'où elle venait ? Mais il n'y avait plus rien qui l'attendait.  Et c'était ainsi, avec l'esprit vide, qu'elle s'élançait.

Vide, comme sa vie, comme son âme, comme tout ce qui appartenait au passé. Il ne reviendrait pas. La petite ? Elle était avec lui. Elle n'avait rien vu venir, quand elle regardait de là où elle était. En toute logique, cela faisait sens. Ils n'étaient pas ensemble, ne l'avaient jamais vraiment été. Lui, s'était trouvé quelqu'un, et la petite lui en avait dépeint un portrait radieux.

Elle était rassurée. Car désormais, elle pouvait partir, et laisser cette petite à ses parents. Utiliser un simple badge pour passer outre la barrière, patrouiller le long d'un chemin de ronde et se glisser dans une navette. Puis s'envoler. La suite, ce fut comme à l'instinct. Son départ.