Fin novembre 2227 | Ithan & Rhil

Lorsqu’il avait emménagé avec Ithan, Rhil s’était noté la liste interminable des raisons pour lesquelles sa cabine de l’Hélios lui manquerait. Les contre excédaient largement le pour : il avait toujours pensé qu’il quitterait l’Hélios que pour retourner sur le Columbiad. L’Hélios était calme, verdoyant. L’Hélios était peuplé de scientifiques à déranger au milieu de la nuit et qui partageaient le même esprit, les mêmes priorités et intérêts que lui. L’Hélios abritait le mystère du Qham. La cabine de Ithan était à peine plus grande que la sienne, et ils seraient deux. Il n’aurait plus de paix, de temps à lui, il sentirait le regard de Ithan sur ses omoplates, jugement silencieux quand il l’abandonnerait pour travailler. Il ne pourrait plus s’isoler entre ses murs à rêver d’un espace infini. Ithan découvrirait qui était réellement l’homme dont il se pensait amoureux. Il n’aimait pas le Regina Mercy qui sentait la maladie et la mort, qu’il avait maculé de son sang un peu trop souvent pour être confortable avec ses coursives. La moitié de ses voisins avaient vu ses os pointer à l’air libre – c’était peut-être sa faute, mais cela ne lui donnait pas envie de s’installer là pour autant. Sur l’Hélios il mettait moins de 10 minutes pour aller au travail et il pouvait y aller en pyjama à condition qu’il porte sa blouse blanche une fois la porte du dôme refermé derrière lui.

Le Regina Mercy…. Il y avait Ithan (ce qui pouvait facilement devenir un contre, vous reporter ci-dessus). Mais il y avait bien un contre auquel il n’avait pas pensé : les malades. Hélios lui manquait parce qu’il n’y avait pas partout des gens malades qui engorgeaient les coursives pour se plaindre et gémis, alors qu’on leur avait bien dit que cela passerait en une semaine et que ça ne serait à rien de faire chier les médecins (sur l’Hélios, ils vivaient clairement entre des espaces stériles) (et les scientifiques n’étaient pas connus pour sociables. Rhil était sans doute le plus sociable, extraverti et tactile).

Si Rhil aimait avoir mal, être malade était une autre paire de manche. Cela empêchait de réfléchir. Il était descendu d’une navette pleine de gens qui toussaient discrètement, son masque cachant ses traits, et ses cheveux, trop triturés dans la journée pour tenir encore en arrière, cachaient ses yeux tandis qu’il restait concentré sur son terminal. Il évite soigneusement de rentrer dans quiconque jusqu’à ce que Charlie lui ouvre la porte de la cabine de Ithan. Ithan n’était pas un médecin comme beaucoup d’autres doc, mais il était quand même d’astreinte ces derniers temps et c’était encore inédit que Rhil rentre en premier du boulot… Il va pour se laver soigneusement les mains dans leur minuscule salle de bain et tire son masque dans son cou, expirant lentement. L’air aseptisé touche enfin son visage.

Fin novembre 2227 | Ithan & Rhil

Il s’essuie les mains quand il entend la voix de Ithan retentir derrière lui. Rhil jette un petit coup d’œil en arrière avant de ressortir de la pièce exigüe, nonchalant. Il était épuisé. Ils étaient épuisés – la préparation de Qiang saturait les nerfs de l’astronome depuis quelques semaines, grignotant sa santé mentale et physique, mangeant son temps et son appétit. Il ne pouvait pas se permettre de perdre une minute, tout devait être prêt, tout devait être correct. Ithan n’avait jamais compté ses heures, mais la dernière semaine avait été… compliquée. L’atmosphère au RM était si fébrile que tout le vaisseau semblait pris de fièvre. Ils méritaient une heure de repos avant de s’endormir, une heure à retrouver le plaisir des mots savourés entre leurs baisers, leurs échanges. « - Je pensais… » qu’on pourrait essayer de méditer, mais Rhil s’interrompt, les lèvres sèches, et penche la tête sur le côté. « - Ithan ? »
Il vient le soutenir machinalement, glissant ses bras autour de sa taille. « - Charlie, lumière. » La luminosité de la cabine augmente progressivement, éclairant les ombres sur le visage du médecin, pâle. Est-ce que Rhil ressemblait vraiment à cela quand il travaillait trop ? « - Tu sais que tu ne peux pas bosser si tu es mort, hm ? » Il pose doucement son front contre sa tempe, leurs masques s’accrochant dans leurs coups, tandis que l’astronome guide son amant fatigué, vers le lit si étroit qu’ils partagent comme deux adolescents faufilés dans la cabine parentale.

Fin novembre 2227 | Ithan & Rhil

C’est un témoignage des sentiments de Rhil qu’il ravale son côté d’emmerdeur stellaire, et son esprit de contradiction. Le petit con en lui se brûle la langue et les ailes à l’envie de demander à Charlie de rallumer la lumière. Il doit se mordre la langue, juste par esprit de contradiction. L’homme qu’il est, se contente de rouler des yeux quand il s’assoit à côté de Ithan. Intérieurement, il a un sursaut de mauvais augure. Il ne compte pas l’enterrer, et soudain la cabine se rétrécit autour d’eux, dans la pénombre artificielle, seulement éclairée des lumières de Charlie et de l’hologramme de baie vitrée qui singe l’immensité du cosmos. Jyreese a failli mourir sur le lit de Rhil. C’était une idée très réelle pour lui maintenant, et un instant, Rhil a envie de demander à Ithan de se déplacer. La sensation de déjà vu le submerge.

« - Yeah, je vais bien, on n’a pas encore pris du retard sur le programme, ce qui est déjà le minimum, mais on ne peut pas tout prévoir… » Les mots s’enchaînent comme des perles lors d’une Australe, faciles, distraits. Il sourit malgré lui, l'habitude, la joie, prend le dessus. Il pourrait parler de ça durant des heures, occuper la maladie d'Ithan et la chasser avec des mots et des fossettes. Il parle de ce qu’il fait, plutôt de ce qu’il est. Ces deux dernières semaines, son état physique, émotionnel et mental est strictement correspondant avec l’état des préparatifs pour Qiang. Et il ne sait toujours pas s’il pourra y aller. Rhil relève lentement la tête, et croise brièvement le regard de Ithan. La lumière s’est attardée dans la cabine juste assez longtemps pour qu’il ait le temps de voir le teint pâle de Ithan, et le contact de son front contre le sien ne fait que le confirmer, mais il incline la tête, pas encore inquiet, pas vraiment, juste un peu au coin des yeux qui se plissent en pattes d'oie. « - Le front chaud, c’est une bonne nouvelle, ou une mauvaise nouvelle ? Je ne sais jamais. » Il demande doucement, inquiet de la réponse. Il dépose un baiser sur son front avant de soulever ses fesses du canapé – le médecin a prescrit de l’eau, et Rhil va remplir un de leur rare verre au robinet.

Fin novembre 2227 | Ithan & Rhil

Rhil était meilleur pour la compassion que pour la sympathie, et les expression de Ithan se lisent sur son visage comme un miroir. La fatigue et l’inquiétude, la souffrance partagée, quand, inconsciemment, le scientifique avance son buste, tout son corps vers son compagnon. Souffrir avec : d’habitude, c’est dans le sang se mélange dans les plaies et les babines. Là c’est dans la douceur lasse de son regard.Rhil s’est accroupi devant lui sans y penser, et c’est toujours le même réflexe pour qui le conduit à accompagner le geste de Ithan, à ne pas tout à fait lâcher le gobelet. Donner l’inhalateur à Jyreese, donner de l’eau à Ithan. S’il se concentrait sur le geste simple, il n’était pas abasourdi par la tâche monumentale qu’était faire quelque chose de bien, sauver une vie, soigner quelqu’un. Il ne se laissait pas abattre par la responsabilité.

Il ouvre le terminal de Ithan d’un mouvement du pouce. ”- Charlie, prise de température, s’il te plaît.” L’astronome est accroupi, oscillant sur le bout de ses pieds qui lui sert d’ancrage au sol, nerveux. Il laisse le scanner du terminal examiner Ithan et la voix synthétique établit le diagnostic : ”- Température du sujet : 37,9°C. Fièvre modérée qui ne nécessite pas le recours au Regina Mercy. Repos re…” Charlie monologue quand Rhil repousse le terminal dans l’épaisseur de la couette. L’appareil y disparaît, loin de la vue, loin du coeur. A la place, Rhil vient encadrer de ses bras les cuisses de Ithan, se penchant vers lui. ”- On doit t’emmener au…” Il a un rire étranglé, et ses yeux scintillent un instant. Juste un instant, puis son rire se transforme en grimace. Révélation cynique. “- On est déjà au RM.” Là où va quand on est malade, pas où l'on tombe malade. Au moins cela va leur épargner la navette bondée. Il ne s’y fera pas. Ce n’est pas son monde - et il a le réflexe pur du stellarien, de courir au RM en cas de bobos, tandis qu’il remonte le masque blanc sur son visage, posant un genou au sol.

Fin novembre 2227 | Ithan & Rhil

Le baiser froissé du masque sur sa peau ne transmet pas la chaleur du souffle de Ithan (ses miasmes) ni la fièvre de sa bouche, le contact de ses lèvres. Le baiser déposé sur son front a un goût de papier mâché, mais le geste est là, et Rhil reste assis contre le lit, les jambes étendues sur le sol délicatement chauffé de la cabine. D’un bras, il reste appuyé sur le lit brouillon, tandis qu’il ramène une de ses jambes contre sa poitrine, l’entourant de son bras libre. Il proteste tandis que Ithan se glisse à la salle de bain, haussant la voix juste assez pour se faire entendre par-delà le brouahah de l’eau chaude et des conduits. «  -Comment peux-tu avoir un coup de froid quand la température est constante ? » La maigre défense de Ithan irrite le profond sens de la logique de Rhil. Elle caresse aussi, un peu, à rebrousse-poil de son inquiétude maladroite. Rhil se frotte la joue de son pouce, sa bague miroitant sa lumière, petite étoile dans l’obscurité de la pièce. « - C’est le virus ! » Sa voix résonne contre les murs. Il déteste se sentir jeune et idiot, il déteste être impuissant. Il se laisse retomber contre les flancs du lit, et cogne doucement son crâne contre le bord du lit. Il était un homme adulte, et pourtant, il avait les traits tirés sous son masque, les sourcils presque joints de soucis sur son front.

C’était la première fois qu’il s’inquiétait ainsi pour un amant. Lorsque Elara avait été à l’hôpital, ce n’était pas la même chose. Il n’avait aucun souvenir d’un petit ami ou d’une petite amie malade. Rhil appuie ses coudes sur le lit derrière lui, et tire un peu sur son masque comme pour inspirer une bouffée d’air, ou soulager l’irritation de sa peau, de sa barbe qui frotte continuellement contre le masque. « - Est-ce que c’est même une bonne idée que je reste avec toi ? » Il interroge à voix haute, troublé, les lèvres un peu sèche, sa voix un peu rugueuse, voileuse. Un pincement le saisit à la poitrine, douloureux, un frisson électrique qui saisit toute sa poitrine. Ithan était malade et était certainement la personne la mieux placé pour s’occuper de lui-même, il était médecin, pas un docteur d’étoiles. Rhil se redresse dans un soupire, s’appuyant sur le lit – la porte s’ouvre et se referme sur le calme surréel des coursives de l’infirmerie stellaire.  

Fin novembre 2227 | Ithan & Rhil

Il ne sait pas où il va. Littéralement et mentalement - il est sorti sans raison précise, animé du besoin pur de bouger, de se déplacer. De fuir. Combien de fois est-ce qu’il allait, avant, aux salles de sport au beau milieu de la nuit ou à des heures impossibles pour faire taire son esprit sous l’effort, fuir en inculquant le mouvement à son corps tout en restant statique. Il avait besoin d’air et d’horizon. L’Hélios lui manquait: là-bas, à gauche on laissait son esprit être manipulé par les dômes, croire qu’on se trouvait sur une terre sans limite, dotée d’un ciel et d’un soleil autour duquel graviter, à droite, des baies vitrées ouvertes sur le cosmos, capables d’annihiler toute angoisse. RM était différent. Le vaisseau était étouffant. Il ne sait pas où il va, mais il ne va pas bien loin -  il s’oriente encore mal dans les coursives de la Reine, et Rhil fait rapidement demi-tour. Réduit à faire les cent pas dans la section où vit Ithan - où ils vivent, pardon, l’astronome fait justement les cent pas. Ses jambes travaillent pour lui laissant son cerveau s’emballer : qu’est-ce qu’il était censé faire ? Ithan était malade, et Rhil tient à lui, il s’inquiète. Il aimerait effacer cette langueur et cette fatigue présente dans les membres, et surtout l’esprit de son ami et amant. Mais ce n’est pas une science qu’il maîtrise, qu’il comprend et même si Rhil oublie toujours la notion de temps lorsqu’il doit patienter sur ses propres os, cela n’empêche pas que le temps est nécessaire à la guérison. Et Rhil n’est pas patient. Il s’en veut d’abandonner Ithan. Ithan réussit à lui faire croire que passer du temps avec lui n’est pas une perte de temps, et il a le besoin viscéral de savoir si le martien va bien. De le voir.

Rhil passe sa main dans ses cheveux, les repoussant en arrière, les doigts entrelacés sur son crâne. Expirer et souffler dans son masque comme il le fait crée une buée dense sur ses lunettes - aussi dense et floue que son esprit, tendu comme un câble d’astronome des anciens âges. Il n’a même pas eu le temps de les ôter après le boulot. ”- Par les astres…. You got this. Can’t be harder than Jy.” Son système immunitaire est fonctionnel. Il mourrait de tomber malade. Pas maintenant. S’il pensait que les étoiles l’écoutaient et pouvaient faire quelque chose, il prierait pour ne pas tomber malade maintenant, pas à quoi ? Deux mois, trois mois du départ ? Il restait tellement de choses à faire.

Lorsqu’il pousse la porte de la cabine, l’éclairage reste crépusculaire et il referme lentement derrière lui, empêchant les néons violents des coursives de percer leur nid. Ithan est retourné sur le lit, et Rhil voit à peine sa poitrine se soulever, juste le serpent lové sur ses cuisses, éclairé par un rayon lumière qui étincelle sur ses écailles claires. Le mouvement du serpent aussi pâle que l’homme pour lequel Rhil essaye de partager sa vie et son temps est presque lascif, lent quand il remonte sa tête pour observer l’intrus. Ils s’ignorent en général, les deux amours d’Ithan. Rhil grimace et s’approche du lit, prudemment, les doigts brûlés par le petit gobelet recyclable et fumant qu’il tient entre ses doigts. Le masque cache un peu sa gêne au moins. “- Ithan ?”

Fin novembre 2227 | Ithan & Rhil

« - Chocolate is sweet. » Corrige l’astronome, un sourcil arqué. Il reste près de lui, et a distance en même temps, inspirant et expirant l’air filtré de son masque avec une sorte de tension qui électrise sa poitrine. Comme si Ithan allait s’évaporer sous ses yeux, tomber raide mort, ou que ses lèvres qui ressortaient sanguines dans sa pâleur deviennent soudain bleues, exsangues. Le baiser d’Ithan laisse une marque brune sur son masque, mais Rhil passe sa langue sur ses lèvres par réflexe. « - Seulement en astronomie et cosmographie. » C’était un mécanisme de défense, pour gérer son stress que de s’accrocher, avec une évidence et un calme profonds, aux corrections qu’il peut faire et à la logique des choses. Il n’était le meilleur que dans ses domaines, bien qu’il soit très bon dans d’autres. En petit-ami, il pêchait sévèrement.

Il reste pourtant près de Ithan, levant la main pour effleurer sa joue en douceur. Le médecin le subjuguait toujours autant. L’intensité augmentait parfois au milieu de la nuit lorsque Rhil ne trouvait pas le sommeil et s’efforçait de trouver un objet où fixer son attention, son esprit qui hurlait d’ennui, et il avait envie de s’enfuir de ses bras, cela le démangeait et en même temps il restait aimanté contre la poitrine qui se soulevait par un miracle de la science. A écouter le cœur de Ithan du bout des doigts comme si ça suffirait à le faire se rendormir ( non ). Il attend le temps qu’il juge minimum, que les yeux d’Ithan se referment, révélant ses cernes et plis aux coins des yeux, caressant sa nuque comme il jouerait avec ses bagues si son attention n’était pas concentré sur Ithan. Il baisse la voix pour demander avec une certaine gravité. « - Cela te dérange si je travaille cette nuit ? » Il allait devoir dormir avec son masque, et ne pas garder son corps entremêlé aux membres d’Ithan, qui l’ancrait dans le sommeil. Il préférait garder ses distances, s’occuper l’esprit, faire ce qu’il pouvait, plutôt qu’être démuni. Il fronce les sourcils, baissant la main pour la poser sur celle de Ithan, sur sa cuisse. « - Je te rejoindrais après. » Pieux mensonge, de son pouce qui caresse le dos de sa main.

Fin novembre 2227 | Ithan & Rhil

On ne pouvait pas le blâmer d’être rationnel, n’est-ce pas ? Il pensait à son job, à tout ce qu’il avait à faire, aux courses des étoiles, à Qiang qui se profilerait un jour à l’horizon. Se blottir au creux des bras de Ithan ne valait pas les heures de fièvre et de nez bouché à venir. Il devait s’accrocher, se tenir, toutes griffes dehors, à ses priorités. Il sent bien la tristesse qui s’accroche à sa cuisse sous la caresse des doigts de Ithan, comme une langueur qui contamine son corps et l’enchaîne au lit. Rhil pourtant se relève déposant le gobelet à la petite poubelle qu’ils recycleront ensuite. Nonchalant, mais le visage voilé des mèches qui lui tombent devant les yeux, symptôme des minutes passées à se torturer les méninges. S’il n’était pas aussi vain il les aurait coupés depuis longtemps, à force de se les arracher sur ses étoiles, équations et relations sentimentales vouées à l’échec. « - Quel horrible petit-ami serais-je si je ne te donnais même pas un baiser de bonne nuit. » Il se moque, la voix un peu enrouée, pince-sans-rire sous son masque. De peur d’être un peu trop près de la réalité, et pourtant le cœur débordant pour le médecin qui sommeille déjà presque, les astres cachés derrière ses paupières et ses cernes. Rhil se penche sur lui pour déposer un baiser de derrière son masque sur sa bouche : baiser de stellarien, baiser d’épidémie. Ses doigts s’attardent sur son épaule, redessinent le creux de sa clavicule sous le tissu. Quel intérêt à Ithan endormi ? Pourquoi s’attarde-t-il autant à le regarder, avec sa tête qui dodeline, sa joue proche à toucher sa main. Après une hésitation, palpable, Rhil tire sur son masque pour l’embrasser sur la joue, griffant ses lèvres de sa barbe. Il attarder son souffle un instant contre sa peau, son front contre le sien, son cœur blottit contre lui avant de se redresser.

Il dépose son terminal sur son bureau, actionnant d’un geste de main les petites diodes qui en éclairaient le dessus, et le rétro-éclairage de l’appareil, restant dans son cocon de lumière et de science. Tournant le dos à Ithan. Il travaille un instant, remettant son esprit dans ce qu’il avait à peine quitter quelques heures plus tôt, et son geste s’interrompt. Rhil se retourne à demi, comme s’il se sentait observé. Ithan dort à poings fermés pourtant, la respiration lourde et profonde sous les draps, son cœur contrôlé par des mécanismes qui ne connaissent pas encore la fatigue et le surmenage.
La nuit rose est tombée depuis des heures quand Rhil relève ses fesses de la chaise où il a travaillé plusieurs heures durant, le corps tordu sur sa chaise, les pieds sur le bureau, ou ramené contre son torse, les jambes en travers du dossier et le cul sur le bureau. Il abandonne. Crampes des membres et ankylose des membres. Il vient se blottir contre les coussins, attirant Ithan contre lui, contre ses genoux, tandis que sur sa cuisse, il pose le terminal reconverti en tablette de lecture, réfléchissant jusqu’au sommeil, les doigts enfouis dans la masse de cheveux de son amant.