When I was a boy Lupine restera sans doute à tout jamais l'image de l'innocence et de la prospérité pour Emmerich. Son enfance, il l'a passée à parcourir les installations urbaines de la colonie, s'émerveillant de la beauté des installations, mais aussi de l'ingéniosité de leur fonctionnement. Ses parents abattaient des sommes de travail immenses, son père se glorifiant de sa capacité à faire avancer la science de la terraformation, sa mère lui enseignant la beauté de la vie et le fragile équilibre entre un organisme vivant et son environnement direct. S'ils étaient donc souvent pris par leurs travaux, ils ne manquaient pas d'attentions pour lui, ravis de constater que leur fils s'intéressait à leur profession, lui présentant le fruit de leurs labeurs dès que l'occasion se présentait. Curieux de nature, il s'intéressait à tout, accompagnant Lanzo et Ann lors de leurs congrès sur Terre ou dans les autres colonies spatiales, se découvrant rapidement une passion pour les différentes installations qu'il pouvait rencontrer dans l'espace à leurs côtés.

la flotte C'est l'année de ses 19 ans que la famille Krüger rejoignit la flotte, non pas par choix, mais parce qu'il était impensable pour un homme tel que Lanzo de tirer un trait sur toutes ses années de travail intense à cause d'un régime extrémiste au pouvoir. Cependant, l'importance et le pouvoir des forces militaires, ainsi que l'austérité que proposait la flotte ne convainquit aucun des Krüger quant à sa nécessité. L'implication d'Emmrich et ses parents dans la révolte des scientifiques n'étonna donc personne et si leurs revendications ne furent globalement pas entendues, au moins réussirent-ils à garantir un peu plus de pouvoir aux civils, devenant par ce biais un nom connu par une bonne partie de la flotte.

oh my love On ne rencontre le grand amour qu'une seule fois dans sa vie, Emmerich en était persuadé à l'époque, tout comme il était persuadé que Evelyn Olsen l'était pour lui quand ils se sont rencontrés. Leur relation fut comme un météore passant dans le ciel, brillante et enflammée, mais ayant pour destin de se consumer entièrement dans son inexorable chute. Qu'ils furent trop intenses ou pas assez impliqués, le résultat en fut le même : de brasier ils se changèrent en braises et dans un effort désespéré pour faire repartir le feu de leur amour, ils prirent la pire décision possible et conçurent un enfant en pensant que celui-ci les rapprocherait. C'est ainsi qu'Emmerich su qu'il avait raison : dans la vie, on ne rencontre qu'une seule fois son grand amour, mais il ne s'agissait tout simplement pas d'Evelyn.

Nothing's gonna hurt you baby David. Il aurait été compliqué de comprendre à quel point à peine né, cet enfant avait pris une place incroyable dans le cœur d'Emmerich. Il n'y eut cependant aucun doute pour le jeune père qu'il était alors : son véritable grand amour, celui qu'il chérirait tout au long de sa vie et bien après, il était là, minuscule pour le moment, encore si fragile, mais promis à une vie heureuse, il en était sûr et le cas échéant, il sera là, lui son père, pour que les choses lui sourient. Il se tint à cette parole qu'il se fit. Du moins, il fit de son mieux, couvrant son fils d'attention, essayant de le rendre fier, maladroitement, alors qu'il travaillait plus dur que jamais pour être à la hauteur des attentes qu'il imaginait que David avait de lui. Son fils s'en trouva malheureusement délaissé plus qu'à son tour, confié plus qu'il ne le devrait à ses grands-parents lorsqu'Emmerich ne pouvait pas être présent pour lui. Il se rattrapait alors en largesses, penaud, mais présent et toujours ravi de pouvoir passer du temps avec son fils tandis que la mère de celui-ci s'éloignait de plus en plus, jusqu'à quasiment disparaître de la vie de l'enfant.

Pride and prejudice Emmerich est un homme fier, il l'a toujours été. Influence familiale ou conviction personnelle ? Sans doute un savant mélange des deux, toujours est-il qu'Emmerich est au fait de sa valeur et s'il joue généralement les modestes, on ne pourra manquer cette lueur de contentement dans son regard, cette posture oscillant entre confiance et retenue, signes que malgré les apparences, il ne fait aucun doute que l'estime de cet homme est assez haute envers lui-même. Cependant, il a la finesse suffisante pour ne pas chercher à en faire étalage dans l'exercice de ses fonctions, préférant la sobre efficacité à la clinquante médiocrité, comme il le répétait à David lorsqu'il était question de travail.

L'optimisation n'est pas un crime Il y avait une beauté efficace dans l'architecture qui avait toujours plu au jeune Emmerich. Comme une force pleine de grâce, un besoin d'équilibre parfait, de minutie indispensable, d'une marge d'erreur si fine que la moindre imprécision conduisait au désastre et qui ne manquait pas de fasciner le jeune homme qu'il était avant d'arriver sur la flotte. Il su rapidement que c'était ce qu'il comptait faire de sa vie et s'il commença ses études sur Lupine, il les poursuivit en se peaufinant sur la flotte, où il ne tarda pas à gagner en renommée grâce à la qualité de son travil. Cependant, c'est véritablement à cause du joug de cette dictature militaire qu'Emmerich se mit en tête de faire de l’aménagement des vaisseaux l’œuvre de toute une vie, utilisant tout son talent, toute sa science pour transformer le nœud en souricière, pour que la liberté puisse trouver un moyen de lutter contre la grave austérité des uniformes oppressant des militaires.

La loi et l'ordre Malheureusement, ce qui devait arriver arriva. En 2221, il fit l'écart de trop et l'équilibre fragile qui maintenait son véritable travail et ses optimisations illégales fut rompu. Démasqué, il ne fallu pas longtemps à la flotte pour décider à le faire passer en jugement, le plongeant dans un désespoir qui dépassait de loin l'idée de finir ses jours en prison. Il ne se passa pas un jour, pas une heure, pas une minute dans son procès sans qu'il ne pense à son fils, déjà abandonné par sa mère, bientôt privé de son père, alors que le sien appuyait, forçait sur cette occasion pour transformer le procès en mouvement politique contre le gouvernement. Emmerich, se sachant condamné, appuya son père, plus humblement, plus discrètement, comme s'il se raccrochait encore au maigre espoir de ne pas être emprisonné pendant trop longtemps. L'inévitable sentence finit pourtant par tomber, l'envoyant purger sa peine sur le Lady Grace pour une durée indéterminée.

Le LadyLe temps passait différemment sur le Lady Grace. Il ne lui fallu pas plus de quelques mois pour perdre le compte des jours, des mois, pour oublier depuis combien de temps il était ici, pour se contenter d'essayer de ne pas devenir fou à force de se faire scier le crâne par le bruit omniprésent des machines, pour ne pas se faire briser par la monotonie abrutissante du travail sur le Lady, invoquant chaque jour un peu plus fort l'image de son fils pour ne pas sombrer dans la démence, s'accrochant à l'idée qu'un jour il sortirait, il le retrouverait et pourrait oublier jusqu'à l'existence de ce maudit vaisseau en l'écouter lui raconter tout ce qu'il avait manqué pendant son absence.

La sortie Il ne pensait plus qu'il aurait la chance d'entendre un jour ces mots, après tant d'années passées sur le terrible vaisseau-pénitencier de la flotte. La nouvelle amirale graciait certaines personnes de leurs peines. Des gens utiles. Des gens indispensables. Et il se trouvait qu'Emmerich possédait des compétences que peu maîtrisaient aussi bien que lui, des compétences qui pourraient servir la flotte dans l'idée que s'en faisait Mugheri, qui que ça puisse bien être. Son travail passé sur le Tiantang et le Columbiad avait visiblement convaincu même ses délateurs. Cependant, il n'y avait aucune amertume dans ses pensées lorsque vint le moment pour lui de monter dans la navette qui le ramènerait sur la flotte. Il n'y avait que l'impatience, l'espoir, l'envie de goûter le silence, de retrouver la liberté et plus que tout : l'envie et la crainte. L'envie de revoir son fils qui n'avait jamais quitté ses pensées en six ans d'incarcération. La crainte d'avoir trop changé, qu'il ait trop changé, que les années et les épreuves les ai séparé trop durement et que David ne puisse lui pardonner d'avoir si longtemps manqué à ses devoirs de père envers lui.

en vrac Emmerich accuse un retard de 6 ans sur la politique de la flotte. Son passage sur le Lady Grace l'a rendu à moitié sourd, mais les médecins ont pu lui arranger ça. Ce qu'ils n'ont pas pu arranger en revanche, c'est son agacement désormais constant pour chaque bruit superflu et en particulier les bruits de mastication la bouche ouverte. Il a voulu reprendre le travail aussitôt libéré, après avoir retrouvé sa famille. Une remise à niveau lui a été imposée, mais les bons réflexes du métier lui revinrent facilement. Il n'aime pas le travail à moitié fait. Il éprouve facilement du respect pour les personnes dévouées à un objectif honorable. Il ne conçoit aucune forme d'affection envers le corps militaire de la flotte. Il s'est senti terriblement affecté par les pertes qu'avaient subi ses compatriotes quelques mois avant sa libération. Il porte des lunettes de vue pour travailler. Il a le sommeil léger. Il a des tendances nostalgiques, mais aime avancer. Il essaye de rattraper le retard qu'il peut avoir sur la vie de manière générale et a été surpris de voir que le nombre d'habitants de la flotte avait autant augmenté.