LA VIE DANS DES TUBES. Orion n’a jamais connu la Terre, ni la Lune, ni Mars, ni aucune planète d’ailleurs, qu’elle soit bleue, rouge ou jaune à pois verts. Il a toujours vécu dans un vaisseau, et il s’est plutôt bien acclimaté à de telles conditions. Certes, son teint pâle, laiteux - pour ne pas dire blafard - trahit l’absence de lumière naturelle de la Flotte, malgré la présence de lampes à UV, et ses yeux sont souvent rouges, un peu injectés de sang - à force de fixer des lumières bleues et des écrans, ce sont des choses qui arrivent - mais il n’en fait pas grand cas; après tout, il est militaire, pas gigolo (il les laisse à Rian), il s’en fout un peu d’avoir une belle gueule !

LE RETOUR À LA TERRE. Il est curieux de savoir à quoi peut bien ressembler la planète de ses parents. Il ne rêve pas (encore) de rouler dans les prairies verdoyantes en regardant béatement les nuages, un épi de blé coincé entre les dents, mais il n’est pas réfractaire à l’idée d'un jour poser les pieds sur l’orange bleue qui a inspiré tant de poètes. Il estime cependant que la force est le meilleur - et surtout le seul - moyen d'y parvenir. Pas la diplomatie.

LE VILAIN PETIT CANARD. Orion n’a pas hérité de l’esprit scientifique des Hartmann. Ne se passionnant absolument pas pour les manuels de physique, de chimie, de mathématiques et d’autres machins bourrés de formules incompréhensibles et d’une logique qui lui échappe (dans quel monde on multiplie un chiffre par L’INFINI ? C’est quoi, ce pftrlsvp d’infini ???), il s’est en revanche démarqué, lors de ses études, pour ses capacités sportives. Il aime se dépenser, transpirer, repousser ses limites, se laisser envahir par les endorphines après une dure session d’entraînement, se sentir utile autrement qu’en élaborant des théories abstraites et incompréhensibles en reboutonnant une blouse blanche de scientifique.

C’est donc tout naturellement qu’il n’a pas suivi le chemin emprunté par le reste de sa famille et qu’il a embrassé une carrière militaire, devenant légionnaire. Là, il s’est spécialisé pour les combats, désireux de développer ses capacités physiques pour (casser des gueules) faire régner l’ordre. Les entraînements musclés l’aident à calmer son impulsivité, mais celle-ci semble s’être décuplée, ces derniers temps… principalement à cause de Thomas.

THOMAS. C’était son meilleur ami. Ils ont fait leur apprentissage militaire ensemble, grandes gueules qui ne perdaient jamais une occasion de se faire remarquer. C'est avec Thomas qu'il a vécu ses premières missions. Ses premières beuveries pour couronner leurs réussites. Ses premières cigarettes achetées au marché noir, allumées en appuyant le bout incandescent de l'une contre celle que l'autre tenait entre ses dents, les visages séparés par seulement quelques phalanges invisibles. Les combats clandestins où l'un pariait sur l'autre. Les soirées passée à refaire le monde en partageant une bouteille d’alcool local, dans la cabine de l’un ou de l’autre, les pieds posés sur le lit et les mains derrière la tête.

Ce fut son premier deuil. Une mission sur Keller qui a mal tourné, et bam, la vie les a séparés. Il ne reste presque rien de Thomas, hormis une petite plaque à son nom qu’Orion garde dans sa poche, et qu’il contemple parfois, lorsqu’il a trop bu. Les petites lettres se troublent, dansent devant ses yeux écarquillés, et il doit secouer la tête pour que les larmes - de douleur, mais surtout de rage - ne s’accrochent pas à ses cils.

LE DEUIL. Il y a eu la phase de choc. Celle où ses sens étaient anesthésiés, et où il ne décrochait plus un mot, à personne, pas même à sa soeur. Il y a eu la période de déni, tout aussi trouble, tout aussi cotonneuse. Son coeur battait dans le vide, ses gestes étaient mécaniques.

Et il y a la phase de rage, de refus, de « pourquoi ? pourquoi c’est à NOUS que c’est arrivés ? Pourquoi c’est MON meilleur ami qu’on m’a arraché ? » qui tournent inlassablement dans sa tête, assombrissant son regard lorsqu'il le pose sur deux amis qui s'administrent des bourrades affectueuses, empoisonné par la jalousie.

Il est toujours dans cette phase. Il est plus nerveux qu’auparavant, il dort moins, fume un peu trop, l’odeur de tabac imprégnant ses vêtements. Il s’énerve plus facilement, devient évasif lorsqu’on lui demande à quoi il pense, se laisse charmer par les discours les plus âpres et extrémistes des Stellariens…

Il est perdu, en somme.

INSTANT FASHION. Lorsqu’il s’habille en civil, il porte souvent des tenues discrètes, noires ou grises, sans trop de fantaisie ; chemises, quelques gilets, t-shirt sombres… Ce n’est pas un fashionista et les tenues bariolées que portent les adeptes des clubs aux néons tapageurs ne l’attirent pas plus qu’un steak de criquets passés à la moulinette. Les couleurs sombres ne mettent pas son teint en valeur, mais who cares ? (C’ÉTAIT L’ANECDOTE REINES DU SHOPPING.)

BASTON ! Orion participe régulièrement aux combats illégaux. Il frappe sans retenue ni tendresse, ravi ne pas avoir de supérieur aux yeux scrutateurs pour lui intimer de se maîtriser ou lui faire des reproches sur son style de combat qui manque de stratégie et de finesse. Il n’en fait jamais état à son entourage, et seuls ceux qui participent eux-mêmes à ce genre de « divertissement » le savent ; pourtant, les combats illégaux occupent une partie importante de son temps libre. Lorsque les hématomes que lui ont infligé ses adversaires sont trop visibles, il prétend avoir reçu entraînement un peu trop musclé et élude la question d’un haussement d’épaules.

D’AMOUR ET D’EAU FRAÎCHE. Jusque là, Orion a toujours placé l’amitié au-dessus de l’amour. Son amitié pour Thomas, qui se limite désormais à des monologues intérieurs, tachés de regrets et de souvenirs poisseux, qui lui tordent le coeur et les entrailles. Son amitié pour Rian, première fille qu’il a embrassée, alors qu’ils n’étaient que deux jeunes pousses aux yeux brillants et aux âmes pleines de rêves, et pour laquelle son affection n’a jamais faibli, même après la fin de leur amourette. Son amitié pour tant d'autres encore.

Il ne cherche pas la femme idéale, le grand amour qui emportera son coeur dans les étoiles. Il aime ses amis, ceux qui sont là et sont qui ont disparus, et ne se pose pas plus de questions que cela.

Il lui arrive bien d’avoir quelques aventures, mais il considère ses conquêtes comme ses amies. Pas comme des petites amies, des copines, des fiancées à présenter à ses parents. Ce sont des amies et son comportement avec elles n’est pas si différent de celui qu’il avait naguère avec Thomas - les baisers et échanges de fluides en plus - ou que celui qu’il a encore aujourd’hui avec Rian, complice et protecteur, toujours prêt à la porter sur son dos et à la serrer dans ses bras.

OUPS. Orion n'est pas spécialement doué avec la technologie. Il a beau avoir grandi entouré de machines, bercé par la douce (aha) voix de Charlie, il pourrait casser un terminal en posant l'index dessus. Les réparateurs et autres mécanos sont ainsi devenus ses meilleurs alliés ! Il faut dire qu'il s'impatiente rapidement et croit encore qu'en frappant du plat de la main l'écran qui refuse de lui obéir, celui-ci obtempérera. Neuf fois sur dix, ça échoue.

ELARA. Elara est sa grande soeur, bien qu’elle atteigne à peine son épaule (mais ce qui est petit est mignon, c’est connu). Ils sont diamétralement opposés ; elle est le calme, il est la tempête ; elle a l’esprit scientifique, il se plaît à jouer les militaires. Enfants, leurs caractères respectifs entraient en conflit et faisaient des étincelles. Adultes, ils ont appris à s’apprivoiser, à se comprendre, à s’aimer. Orion ferait tout pour sa soeur…

Pourtant, il a failli à la mission qu’il s’était donnée de la protéger. Son ancien compagnon a levé la main sur elle, et il n’était pas là pour l’en empêcher. Il n'a pas réussi à la tirer des griffes de ce monstre. Il en a voulu à la flotte entière, aveuglé par la rage, prêt à abattre les poings sur cet homme, encore et encore, jusqu’à ce voir ses dents éclater et son visage se transformer en bouillie rosâtre, mais il n’a pas pu, et il en garde une sourde rancoeur dont il ne sait que faire, comme s'il avait une bombe à retardement en permanence dans sa poche.

Il essaie donc de se rattraper, de protéger Ela, de veiller sur elle, pétri de colère et de culpabilité. Quitte à être trop insistant. Et à laisser la bombe exploser.