Elara & Rhil & Maggie | Explosion

On est au milieu de la nuit, et Rhil attends, assis par terre, à l’entrée d’une des passerelles qui mènent au RM, côté Columbiad. Il ne doit pas encombrer l’accès menant au Regina, et la distance lui semble s’étendre sur des années lumières lorsqu’il jette un coup d’œil par-là, et il en jette trois par minutes. Il reste sage pourtant, assis sur un banc un peu plus loin, sa tablette sur ses genoux, dont il fait défiler informations, dessins et modèles astronomiques sans rien regarder, le regard vague. Il n’a même pas vu Ithan, et s’abstient d’autre chose qu’un message via terminal, pour lui souhaiter bon courage, l’assurer de son soutien. Parce qu’il est inutile, hein ? L’astronome a appris l’explosion qu’à la fin de la journée, des heures après l’évènement, parce qu’il était en train de bosser au moment-là. Son boulot lui avait déjà coûté des amours, des amitiés, mais il pensait pas que ne pas aider Elara à déménager quelques cartons de sa cabine lui causerait d’avoir la nausée, l’estomac en vrai, les larmes au bord des yeux. La seule chose qui « embêtait » Rhil dans ce déménagement… et dans cette promotion à vrai dire, était tout à fait égoïste, mais hey, on ne se refait pas ; sur l’Argus, et surtout, dans les quartiers d’une conseillère il passerait moins inaperçu, serait moins le bienvenu alors qu’il avait pris l’habitude de surgir dans les quartiers d’Elara à toute heure. Vivre sur l’Argus ferait du bien à Elara, il le pensait sincèrement.
Pourquoi n’avait-elle pas déménagé quelques heures avant ? Elara et Maggie font partie des blessés, évidemment, et si Rhil croyait en autre chose qu’à la science, il lancerait des malédictions. A la place, il passe doucement son pouce contre les doigts d’Elara, posant son front contre le dos de sa main, embrassant sa joue à son chevet dès qu’on lui laisse le droit de la visiter.

Et maintenant, il l’aide à se lever, et les deux seules raisons pour lesquelles il ne roule pas des yeux à cette idée beaucoup trop têtue et précoce c’est que 1) il n’est pas un modèle, et n’a pas envie qu’Elara le lui rappelle 2) lui aussi veut voir Maggie.  « - Doucement. » chuchote-t-il en la soutenant comme si c’était une petite chose fragile qui venait de manquer de se faire explosée en même temps que la moitié d’u vaisseau spatial. Il acquiesce, le visage soucieux et Elara ouvre la porte et Rhil se tend malgré lui.  « - Merde, Maggie. souffle Rhil en secouant la tête, même si c’est dans le top des choses à ne pas dire à quelqu’un sur le RM, mais pour que Rhil en vienne à être vulgaire, il doit vraiment être à côté de ses pompes. «  Je pensais que tu ne te battais plus. » C’est maladroit, et son sourire est de traviole, mais il fait ce qu’il peut, il a envie de rire tellement il est soulagé de les voir en petits morceaux, surtout Maggie, mais au moins elles sont là et c’est mieux que certaines victimes. Il conduit d’autorité Elara à une chaise près de la brune, avant de s’appuyer conte le dossier de sa chaise. Lui debout le seul valide, et il se mordille l’ongle, son regard passant de l’une à l’autre. « - Bordel, les filles… Comment vous vous sentez ? » Tu parles d'une question à la con.

Elara & Rhil & Maggie | Explosion

Le choc met un moment à s’installer sur le visage de Rhil. A se glisser entre ses os, dans son sang, à révéler toute son or. Il met du temps à montrer son vrai visage tout d’abord. Parce que d’abord, il faut dire les mots qu’il ne faut pas, maladroit, sans comprendre. Parce que d’abord, il faut poser Elara avec douceur, et utiliser ses jambes d’un pas automatique, la fixer d’un œil qui ne comprend pas. Parce que Maggie ne peut pas aller mal. Maggie c’est la boule d’énergie, la gamine qu’il a suivi dans les dédales du Columbiad et qui lui met des raclées à la salle. Si son esprit a trouvé un écho dans celui d’Elara, Maggie c’est l’énergie, c’est le corps en mouvement, c’est la force. La penser brisée n’a aucun sens. La voir sur le point de craquer non plus. Puis, il a la voix coupée dans sa gorgée et ne peut que la fixer hagard. Il secoue la tête, niant l’évidence, niant l’état de son bras. Niant surtout la conséquence pour la vie de la jeune femme, parce que des coups il sait qu’on se relève au bout du compte – quand on est scientifique.
Ses yeux se mouillent de larmes contenues, brillants à leur tour. « - Merde, merde, merde, Mag’… » Le blonde secoue la tête désolé, la réalité lui tombant dessus comme une chape de plomb et il porte une main, tremblante sans qu’il ne se rende compte, à sa bouche. Il ne détourne les yeux de la brune que lorsqu’un sanglot d’Elara lui fait jeter un coup d’œil sur l’autre blessée. Elara sanglote près d’eux, recroquevillée sur son siège et la main de Rhil se glisse sur son épaule, glisse le long de son bras, une caresse du bout du doigt, tandis qu’il se déplace pour s’accroupir entre le lit et le fauteuil. Son regard embué passe de l’une à l’autre un instant avant de se fixer sur Maggie. « - On va nulle part. » Lui en tous cas, lui à l’instant. Il n’a pas besoin de se reposer, et Elara a besoin de pleurer tout son soûl, Maggie n’a pas à être seule.
Ce n’est pas à lui de lui rappeler que ce n’est pas sa faute, de dissiper sa culpabilité. De la rassurer. De lui rappeler qu’il serait en train de l’enterrer sans l’intervention de son amie d’enfance. Et oui, à l’instant peut-être que Maggie a l’impression d’être morte, mais égoïstement lui, il préfère les savoir en vie, apte à respirer et à respirer trop fort pour contrôler leurs sanglots, même en morceaux, parce qu’elles sont en vie et qu’il tient à elles. C’était un peu sa faute. Il prend la main d’Elara et remonte les yeux vers Maggie, sans oser la toucher, elle qui est immobilisee, en morceau. « - Je suis désolé. » et il murmure doucement, se remettant lentement, le front plissé. « - Je suis juste fou de joie que vous soyez en vie, toutes les deux. » C'est pas grand chose, mais ça le ferait bien pleuré de joie, plus tard, quand éclater en sanglot n'ajouterait pas déjà à un torrent.