Syjad & Ithan

Il n’y avait aucune raison que cela se passe mal aujourd’hui. D’après ce qu’il avait pu observer, Orson avait à peu près suivi ses directives et il avait réellement arrêté de bosser peu de temps avant d’être convoqué pour la date de l’opération. La préparation s’était plutôt bien passée. Et il n’était pas particulièrement angoissé ou anxieux à voir les minutes passées devant lui. Ce qui était le plus oppressant pour lui, c’était plutôt avoir les pirates des Wūtuōbāng Bastards dans les pattes et particulièrement le capitaine qui était plus qu’angoissé à l’approche de la date fixée. Ce qu’il pouvait comprendre, ce n’était pas facile à gérer émotionnellement et heureusement les médecins apprenaient à gérer les familles en plus des patients. Vraiment, qui vous dit que le boulot de médecin est aussi facile qu’on le dit ? Pourtant, alors qu’il se préparait à rentrer dans le bloc, laissant la décontamination finale vérifier qu’il n’avait plus aucune bactérie sur lui, son esprit se perdait dans la multitude de connaissances qu’il avait. Il avait déjà fait ce genre d’opérations et des biens plus difficiles. Mais celle-ci se révélait particulièrement délicate, étant donné la nature de l’os qu’il allait devoir traiter. Un os charnier, qui faisait fonctionner une jambe tout entière.

Même si Ithan était toujours époustouflé parce qu'étaient capables de créer les ingénieurs en cybernétiques, la précision de leurs machines, il ne pouvait s’empêcher d’avoir une admiration sans bornes pour le corps humain. Des milliers de connexions, de nerfs, de tendons, de chairs, un système sanguin… Tout était parfait. Alors même si parfois, il y avait des défaillances de naissance ou sur le long terme, il n’empêchait en rien que cela restait un système qui accueillait la vie en elle de manière tout à fait exceptionnelle. Alors que le temps de décontamination se terminait enfin, Ithan rouvrait les yeux dans la salle qui s’ouvrait devant lui, alors que l'on venait placer des gants sains sur ses mains alors qu’il s’approchait de son patient sur la table d’opération, déjà endormie par les soins de l’anesthésie. Il saluait les quelques collègues qui allaient l’assister pour cette intervention.  Il s’approchait pour observer le visage endormi de l’homme. Il semblait être dans un monde plus agréable. Ithan souriait derrière son masque avant de se placer au niveau de la jambe, ses mains commençant leur art alors que son regard imaginait tout ce qu’il allait faire par avance. « Nous pouvons commencer. ».

[Fin de la journée]
Voici plus d'une heure qu’il était sorti de l’opération et c’était avec le sourire qu’il était sorti du bloc. C’était un franc succès, même si le boulot n’avait pas été des plus simples. Et pour l’instant le corps d'Orson ne semblait pas rejeter la prothèse qui faisait maintenant partie intégrante de son corps. Après s’être lavé pour être à nouveau présentable, Ithan s’était dépêché d’aller à la chambre attribuée au patient pour les jours à venir, certainement encore dans les vapes à cause de l’anesthésie. Au pied du lit, il sortait sa tablette pour y suivre l’évolution de l’état du docker dans le calme, avant de passer la tablette au-dessus de son genou pour prendre un scan rapide de celle-ci. Laissant l’hologramme se former sous ses yeux, mais qui malheureusement fut interrompu quand il se fit attraper plutôt violemment pour pivoter sur lui-même et rencontrer le visage… Du capitaine Syjad. Voilà la famille, et il était étonné de ne pas voir toute l’équipe derrière lui. Peut-être qu’un membre ça passait, mais toute une tribu dans le dos, la sécurité ne serait pas vraiment d’accord pour envahir une seule chambre.

« Tout va bien monsieur Zolkaï. Monsieur Miller est encore endormi par l’anesthésie, il devrait se réveiller d’ici une bonne heure environ. » Calmement, il répondait doucement aux questions, sans gestes brusques pour tendre un peu plus le compagnon. « L’opération s’est bien passée, il n’y a eu aucun problème sûr tout le long de celle-ci. De plus, il semblerait que son corps ne rejette pas la prothèse, ce qui est bon signe. » Tout allait bien. Il laissait un temps à l’homme pour encaisser la nouvelle, le laissant reprendre son souffle et calmer ses nerfs avant de se défaire doucement de son emprise. Malgré tout, Ithan n’avait jamais aimé les contacts physiques, mais il fallait parfois faire des consensus quand on était médecin, même si cela empiétait sur son propre bien-être. Un sourire rassurant s’inscrivait sur ses lèvres, avant de se pousser légèrement s’il voulait rejoindre la chaise installée tout près du lit pour quiconque voudrait s’asseoir là. « J’allais vérifier justement, vous pouvez rester si vous voulez. » Il l’invitait à s’asseoir d’un geste de la main, alors qu’il recommençait l’opération du scan avec la tablette, laissant l’hologramme se former devant leurs yeux.

Syjad & Ithan

Bien que ses yeux regardent l’hologramme apparaître petit à petit devant lui, son attention était portée tout particulièrement sur l’ami d’Orson. Il ne faisait guère attention aux gestes d’affections que pouvait témoigner cet homme envers celui qui était encore dans les bras de Morphée, cela ne le regardait nullement. Ithan trouvait même la scène touchante à bien des égards et un petit rire s’échappait de ses lèvres en entendant Syjad grommeler qu’il n’y comprenait rien à son charabia de médecin. Les docteurs avaient parfois tendance à faire ça, partir dans de grands discours que quelques initiés et collègues pouvaient saisir, ce n’était nullement pour rabaisser le brun qu’il avait parlé ainsi. C’était simplement un réflexe, une habitude comme une autre. Et puis doucement, il traduisait des termes trop techniques pour les gens qui n’y connaissaient rien. L’hologramme enfin fini, il commençait à prendre quelques notes sur son écran, sans que son oreille ne quitte les mots de l’autre, visiblement satisfait de ce qu’il y voyait pour l’instant. « Pour résumé mes paroles, tout va bien. Et son corps semble déjà se remettre de l’opération. » Il ne doutait pas que. Orson soit un homme solide, mais une opération n’était jamais anodine, quelle que soit sa nature et sa gravité.

l enregistrait les données dans sa tablette pour l’envoyer en rapport avant de détourner les yeux vers l’homme à présent assis à côté de lui, un sourire tendre passant sur son visage. « J’espère ne pas avoir à proférer de telles menaces très honnêtement. » Bien que dans le cas du docker bourru, il semble que ce soit le seul moyen de lui faire entendre raison. Il reniflait doucement, se frottant un peu la barbe, pensivement. « Avec une bonne rééducation et du repos, d’ici deux ou trois semaines, je pourrai l’autoriser à sortir, avec des heures de travail plus réduites. Et puis, si je vois que sur les deux semaines qui suivent, tout semble fonctionner normalement, il pourra reprendre le boulot à plein régime. Mais je compte sur lui et sur vous pour qu’il se repose quand vous voyez qu’il force trop. » Il le regardait avec sérieux. Jugeant l’homme un instant. « Je me permets de vous dire cela parce que vous tenez à lui. Mais depuis des années, pour compenser son mal de jambe, il s’appuyait sur l’autre. Un check-up sera organisé au moins tous les ans pour voir comment ça évolue et espérer que son autre jambe ne lui fasse pas le même coup. »

Il serrait doucement sa tablette contre sa poitrine en s’appuyant très légèrement contre le lit pour faire un peu plus face à Syjad. Avant de lever doucement la main, comme pour lui signaler de ne pas continuer dans les excuses. « Ne vous en faites pas. Je comprends totalement. » Il jetait un œil à Orson, comme pour voir un fantôme du passé, une scène familière. À l’époque, c’était lui dans ce lit à dormir en sentant la chaleur de la main de sa mère essayer de le ramener parmi eux. « Il le sent. Je vous l’assure. » Il lui offrait un sourire tendre, empreint d’une certaine mélancolie. Il se passait un instant sa langue sur ses lèvres, avant de rire doucement. « Concernant les menaces, j’espère lui avoir fait peur lors de notre première rencontre. J’espère qu’il n’aura pas oublié d’ici là. » Il lui lançait un regard entendu, il y avait quand même des choses que les médecins pouvaient utiliser pour terrifier leurs patients. Mais après tout, c’était le jeu. Et aussi son devoir de le prévenir des risques qu’il prenait s’il ne prenait pas en compte l’avis médical.
« J’espère sincèrement que l’opération va soulager sa douleur. » C’était tout ce qu’il souhaitait à ses patients, une nouvelle hygiène de vie plus saine pour eux. Même si pendant la rééducation, ça n'allait pas être la joie tous les jours.

Syjad & Ithan

Des calmants hein ? Tu ne voulais pas utiliser des narcotiques pour calmer un patient. Parfois, tu n'avais pas le choix, mais tu répugnais à utiliser ce genre de méthode si la raison pouvait l'emporter. Mais parfois, il y avait des cas extrêmes, alors les infirmières et autres personnelles médicales s'en chargeait pour toi quand tu n'étais pas disponible. Chacun son métier. Pourtant, lorsque l'autre affiche une inquiétude pour son autre genou, tu ne peux t'empêcher de sourire face à cette douce inquiétude qui n'est que véritable pour deux êtres s'aimant profondément. Cela te touche étrangement, alors tu reprends tranquillement le fil de tes pensées pour lui répondre le plus clairement que tu le puisses à cet instant. « Cela fait un moment qu'il se trimballe cette blessure. » Tu poses ton instant un regard sur Syjad, avant de t'arrêter de l'autre côté du lit pour lui faire face, tenant ta tablette contre ta poitrine. « J'ai dû lui demander, comme c'était arrivé. » Nouvelle pause, mais tu reprends, sans autre commentaire sur le passé de ton patient. « Je ne pense pas qu'il va lâcher. C'est un homme costaud, je pense que parfois ça va un peu le lancer. Cela ne sera pas comme l'autre genou, bien heureusement d'ailleurs sinon mon diagnostique aurait été de changer les deux rotules. »
Tu secouais un peu la tête dans un soupire, ton regard se perdant sur l'homme endormi entre vous deux. « Comme je viens de dire, un maximum de repos ne peut lui être que bénéfique. Pour éviter que son autre jambe ne devienne de nouveau porteuse de son corps. Ça ne sera jamais aussi grave que ce qu'il avait, mais ça aurait pu finir par l'handicaper sur le long terme. » Tu étais persuadé que cela finirait par le faire un jour un peu souffrir, mais rien de comparer à ce qu'il devait subir au quotidien avec le dessus de son genou foutu. « Donc, pour conclure, je dirais qu'il a peu de chance de revenir sur une table d'opération. » Peu de chance ne voulait pas dire aucune chance. Un médecin ne devait jamais faire de promesse en l'air. Toujours être nuancé et dans la demi-mesure, car c'était un reproche qui pourrait lui être fait si un jour, il devait s'occuper d'un patient, venant à mourir sur la table, son bloc opératoire. Mais cela restait tout de même rare dans sa branche.

Un rire passait tes lèvres quand il te demande ce que tu as bien pu dire pour effrayer Orson pour qu'il se tienne tranquille. Un reniflement, tu te remémores la scène datant d'il y a à peine une grosse semaine pour ouvrir la bouche. « Et bien... Disons que je lui ai fait part de détails peu ragoûtant qui pourrait se passer s'il ne se faisait pas opérer. En général, ça convainc les gens de se faire opérer. Je ne peux pas le forcer, mais je me dois lui expliquer en détails ce qu'il aurait pu lui en coûter. » Ce n'était pas déontologiquement incorrect de faire ça, c'était même recommandé. Il ne fallait pas s'acharner.  Tu remontais ton regard sur le capitaine de cette fameuse troupe de pirates dont ils faisaient partie, amusés. « Et si j'ai bien compris, il est bien trop attaché à vous pour se permettre le luxe de rester trop longtemps ici. Je vous serai reconnaissant de me donner un petit coup de pouce pour le convaincre d'être sage pour que je puisse signer sa feuille de sortie sans trop m'inquiéter pour lui. »

Tu lui offrais un sourire, presque pour lui demander son aide et sa complicité dans cette petite entreprise. Tu posais ta main sur ton menton, te grattant légèrement ta barbe alors que tu reliais tes pensées une à une. « La rééducation ne devrait pas prendre plus de deux semaines s'il coopère. Je viendrai lui faire un check-up moi-même, si vous m'autorisez à venir sur votre vaisseau. Puis il n'aura plus qu'à venir me voir seulement tous les trois ou quatre ans. » Tu lui offrais un sourire qui se voulait rassurant. « Il va s'en sortir. Comme vous l'avez dit, c'est une force de l'espace votre ami. »

Syjad & Ithan

« Bien sûr, nous avons de quoi atténuer la douleur. Mais il devra y faire face après l’opération, la douleur fait partie du traitement les premiers temps. » La relation que semblait entretenir le capitaine et ton patient était d’une douceur et d’une profondeur que tu osais à peine imaginer. Tu te disais même, que tu étais un peu jaloux de ce genre de lien avec quelqu’un. Pourtant, le tien se dessiner depuis plusieurs années, avec une lenteur propre à ta relation avec un certain astronome aux yeux trop rieurs. Aux pommettes trop relevées. Tu rêvais de pouvoir un jour, ne parler qu’à demi-mot avec Rhil et qu’il te comprenne sans avoir rien à ajouter. Être simplement là quand tu avais besoin de lui, et lui de toi. Pourtant, un sourire passait sur tes lèvres quand tu revenais à la situation présente et non pas à ta relation fantasmée qui devenait de plus en plus réelle. Tu hochais simplement la tête à sa ‘promesse’ de venir te chercher pour de l’aide si jamais Orson venait à souffrir à nouveau à cause de ses genoux. Ou pour n’importe quoi d'autres après tout. Il était médecin, même s’il était un spécialiste en chirurgie cybernétique.

Pourtant, tu remarques bel et bien les rougeurs qui viennent parsemer les joues du capitaine du Wūtuōbāng. Eh bien, quoi ? Si jouer sur la corde sensible pouvait l’aider à garder son patient sous contrôle et un peu plus docile pour qu’il soit sage pendant la rééducation… Pourquoi pas ? On pouvait dire de toi que tu étais un manipulateur, que tu savais tirer quelques ficelles en tout cas pour savoir toucher tes patients ou leurs proches. Etait-ce vraiment mal ? Tu ne le pensais pas, c’était pour le bien des patients. Tous les médecins faisaient cela pour l’intérêt des patients. Dans ton cas, tu ne mentais jamais. Tu ne voulais pas mentir à ces gens dont tu te sentais si proche. « J’ai appris à faire au mieux pour mes patients, tout ce que je veux, c’est leur sécurité et qu’ils retrouvent la santé après tout. » Tu préférais voir tes patients hors du Regina, ça voulait dire qu’ils allaient bien après tout. Alors que tu rangeais ta tablette, dans ta poche, tu relevais le regard vers Syjad, intrigué par son invitation. Avant de laisser un petit rire parcouraient tes lèvres, venant te frotter son menton de ton pouce.

« Parfait, je n’hésiterai pas à passer dans ce cas. Vous n’avez pas besoin de me donner quoi que ce soit, voir mon patient en forme est une récompense bien plus grande encore. » Tu n’étais pas fan d’alcool de toute manière. En réalité, tu n’en buvais que dans de rares occasions. Comme quand tu accompagnais ta mère à des vernissages, mais tu trempais juste les lèvres. Pas plus d’un verre. Juste pour profité du goût et être dans l’ambiance. Mais jamais plus. Tu secouais la tête, avant de lui tendre la main, venant serrer la sienne. « Je repasserai plus tard, je vous laisse en tête-à-tête. L’anesthésie devrait bientôt cesser d’agir. » Donc Orson devrait bientôt revenir à lui. Et tu n’avais aucune envie d’être l’intrus dans leurs retrouvailles. On t’appellerait lorsque qu’un.e infimier.e serait appelé en premier qui te signalerait son réveil. « A plus tard, Monsieur Zolkaï. » Tu relâchais tranquillement sa main, avant de prendre la porte de sortie. Une fois celle-ci refermée automatique derrière toi, tu te faisais interpeller par une aide-soignante, Nora Drake avec qui tu travaillais très souvent. Tu te penchais sur sa demande, passant à un autre cas, une autre vie à aider.