ONE Bébé éprouvette, Ren est né dans les confins d’un laboratoire comme il y en avait tant sur Shangzhen, créé à partir des gènes de deux hommes qui avaient pour seule envie d’élargir leur famille et d’un don anonyme. Ça ne l’empêche pas d’être parfaitement humain. D’aucuns s’imaginent rapidement qu’il est du genre génétiquement modifié pour être plus rapide, plus fort, plus intelligent que l’être humain moyen en raison de cette petite particularité. Il n’y a rien de plus faux. Ces technologies sont interdites, de toute manière, et pour de bonnes raisons.

TWO Débordant d’énergie, gamin, il ne s’est jamais réellement intéressé aux technologies avant d’y être obligé, une fois entré à l’école. Sans faire d’effort pour se tenir au parfum des avancées dans le domaine, il a parfois certaines lacunes à naviguer dans l’univers exclusivement numérique de la flotte – un illétrisme technologique qui lui cause parfois des ennuis, mais auquel il tente de pallier autant que possible.

THREE Il n’est jamais allé plus loin que l’éducation obligatoire dispensée par les autorités de Shangzhen, considérant le coup d’État qui a eu lieu, laissant la colonie dans un état instable. Ses mères décident de demeurer sur la planète pour continuer leur travail, veillant ainsi à ce que le Triumvirat ne mette pas la main dessus; Ren, quant à lui, n’a aucune éducation formelle. Il se lance corps et âme dans la pratique de la boxe, encouragé par sa famille et peu intéressé par ce que lui propose l’armée.

FOUR Il a 23 ans, en 2209, lorsque ses pères perdent la vie dans un déplorable accident de laboratoire. Des semblables, il y en avait une poignée par année – inévitable lorsqu’on travaillait dans l’armement et les nouvelles technologies instables. Il n’avait jamais été autant dévasté. Dérobé de toute raison de demeurer sur Shangzhen, il empoche l’héritage laissé par ses pères et décolle, direction Keller, avec pour seule compagnie un ami, Owen, rencontré sur le ring qui l’abandonne presque aussitôt arrivé pour tenter sa chance comme pirate. Ren, lui, se bâtit une carrière de boxeur.

FIVE Il n’avait jamais réalisé l’ampleur de la flotte avant d’avoir la chance de croiser une délégation de douaniers et de légionnaires de passage sur Keller. Fasciné par l’ingéniosité dont ils font preuve, par leur ambition et par leur vision, il ose demander s’il y a une place pour lui parmi les exilés de la Terre. Lorsqu’il rejoint finalement la flotte, en 2213, il est toutefois plus que dépassé. Il a peu d’éducation formelle, rien sur quoi rebondir, pas d’historique d’emploi. On pourrait le reléguer à la supervision de la salle de sport, suggère-t-on d’abord, mais il a une belle gueule et la canal de nouvelles officiel de la Fédération avait besoin d’un présentateur. On lui taille quelques vestons, le cale sur une chaise, lui fait défiler un texte devant les yeux. Trois, deux, un, on tourne.

SIX L’emploi est, pour ainsi dire, dénué de défi ou d’intérêt pour lui, et il se rabat sur les combats illégaux pour un peu d’adrénaline (et arrondir ses fins de mois). L’aspect statique – être constamment assis, ne faire rien d’autre que restituer ce que d’autres ont déjà rédigé, déjà analysé, le démotive. Alors il s’implique, se fait des amis parmi les journalistes, développe son propre créneau, puis, lorsqu’il est sermonné pour être arrivé au travail avec un œil au beurre noir, il fait le saut au Stellarian Tribune grâce à ses contacts. À titre d’ancien sportif, on lui demande souvent de participer lorsqu’il s’agit des sports, des compétitions de la flotte. Puis on le laisse faire ce qu’il veut, et il se fourre le nez là où ça lui plaît, selon son humeur. L’un de ses premiers reportages d’envergure le force toutefois à collaborer avec les enquêteurs de la flotte dans une sordide histoire d’Astre.

SEVEN Depuis, il est comme un poisson dans l’eau. Certes, ça ne lui rapporte pas vraiment le salaire d’un employé qualifié, mais il profite d’une certaine liberté que les fédérés n’ont pas. Dans ses temps libres – quand il veut, essentiellement – il continue de s’entraîner à la boxe, de faire du sport, de s’instruire. Ce qu’il n’a pas appris à l’école, il s’est fait un devoir de l’apprendre par lui-même en dévorant des ouvrages rédigés par les Stellariens et en parcourant les bases de données intégrées à Charlie – dont l’omniprésence le rend encore mal à l’aise, même 14 ans après son arrivée.

EIGHT S’il évite la confrontation dans sa vie personnelle (on peut toutefois lui reprocher de ne pas avoir la langue dans sa poche), il la recherche activement dans le cadre de son travail, camouflant son insistance et son indiscrétion par un certain charisme qui a toujours fait en sorte que les gens lui ont fait confiance, naturellement. Pour lui, un journaliste potable rebondit sur les questions même les plus embarrassantes, pousse jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’issue pour son interlocuteur. Pour ces raisons, il a bonne réputation auprès du lectorat du Tribune pour ses reportages. Certaines des personnalités interviewées, toutefois, ont regretté de s’être autant dévoilées après coup.

NINE Sur Keller, il s’éprend une marchande de pièces détachées peu scrupuleuse, mais qui a le mérite de le faire rire – et de le soutenir presque inconditionnellement. Presque. Malgré leur mariage (si une telle chose existe sur Keller), elle refuse de l’accompagner sur la flotte immédiatement, préférant remettre en ordre ses affaires, écouler ses stocks, absorber la nouvelle. Alors il part et prévoit une vie à deux sur la flotte, mais Laura ne vient jamais. Il ne regrette pas d’avoir attendu; ne regrette pas non plus d’avoir relégué son alliance au fond d’un tiroir le jour où il a proposé un rencard à Magdalena, en 2200. Il n’y a plus pensé depuis.

TEN Son examen physique annuel est toujours impeccable. Il se tient en forme, mentalement et physiquement, ne touche pas spécialement à l’alcool – réservé pour des occasions spéciales – et prend soin de sa santé. Toutefois, un coup puissant reçu en plein œil gauche lors d’un match de boxe en 2212 décolle sa rétine et déchire son iris, l’empêchant de bien voir, ce qui lui coûte plusieurs victoires. Une fois sur la flotte, on l’opère – apparemment, ce n’était rien de bien grave, mais il s’était passé près de deux ans depuis la blessure et les dommages sont irréversibles. Sa vue continue ainsi de se dégrader, bien plus lentement toutefois. En regardant bien, on voit une fine cicatrice, causée par le laser, et des points de suture sur son iris, vestige de l’opération des chirurgiens de la flotte.

EXTRA Il a tout de suite eu l’appel du taik, et s’il a longtemps joué dans une ligue, il a préféré se reconvertir en entraîneur (et arbitre, à l’occasion) après quelques années. Désormais, il est coach d’une équipe prometteuse qu’il considère presque comme sa propre famille – facile lorsque sa compagne en fait partie.