Tu l’entends presque sous ton poing. Tu le ressens tout du moins. Ce craquement distinctif des os qui s’entrechoquent. Il y a du sang sur tes doigts. Le sien, le tien ? Quelle importance. Tes yeux noirs transpercent le corps s’écrasant contre le sol. Tes muscles se bandent et tu gueules soudain. Hurles. C’est animal, purement instinctif. Primal. C’est ce que tu es en ces moments, où tu laisses toute la violence de ton être s’évacuer furieusement contre un pauvre hère. Pauvre hère ? Oh, non, non pas vraiment. Ce type l’a cherché, c’est lui qui est venu jusqu’ici. C’est lui qui est venu, de plein gré se faire démonter la face. Parce que tu as acquis ta petite réputation ici. On ne t’appelle plus Mad Dog parce que les arrachages de trachée sont pas trop appréciées dans le coin – même les combats illégaux ont leur limite et tu ne voudrais pas obtenir un rancard avec Lady Grace – mais tu n’en restes pas moins un animal sauvage sur le pied de guerre. Tu restes un instant immobile, seule ta cage thoracique se soulève et s’abaisse à un rythme effréné. Il y a cette tension particulière qui émane de la scène, celle du suspens de savoir si le combat s’arrête ici ou non. « Lève-toi putain ! DEBOUT PUTAIN ! » La patience ? Tu ne la connais que trop peu. Il se défendait bien pourtant, non ? Est-ce que tu serais… déçu ? Les seuls qui te font réellement mordre la poussière sont ceux qui s’abaissent à la lâcheté. Les coups à répétition dans ton genou fichu, une fois qu’ils ont compris que ça te fait bien morfler. Ceux qui repère les autres faiblesses de ton corps usé. Ceux qui sont bien plus jeunes et rapides que ton être aussi. Ils n’en auraient pas mené large face à cette version jeune et meurtrière de ton être qu’ils font bien de ne pas connaître. Tu te fais vieux, Orson. Et on ne peut pas vraiment dire que tu as ménagé ton pauvre corps. Il va finir par tomber en miettes. Mais ce n’est pas réellement ton soucis premier à l’instant. Tu t’apprêtes à relever toi-même le bougre encore sonné mais on te déclare soudain vainqueur. L’arbitre qui a bien flairé l’animal que tu es – il a pris l’habitude, c’est un vieux de la vielle, on ne l’a lui fait pas à celui-là –, agrippes ton bras en coupant soudain ton élan et braillant que tu es le gagnant du combat. Tu te retournes vers lui, un peu outré, les yeux ronds comme des billes. Comment peut-il se permettre d’interrompre ton combat ? Tu t’en avais pas fini avec celui-là. Tu jettes un œil à la foule, tes narines se dilatent un peu plus sous le coup de l’énervement. Un, deux, trois. Tu comptes doucement dans le fond de ton crâne, t’as appris à faire ça au fil du temps, pour te calmer. Retour à la réalité. Tu n’es pas en danger ici. Juste en train de combattre en toute illégalité. Il y a eu des paris sur toi et tu vas ramener un peu d’argent pour les adversaires que tu as étalé ce soir. Tu souffles enfin, expulsant la rage qui te restait coincée au fond de la gorge. Tout va bien Orson. Tu souris à pleines dents, avec tout le naturel du monde. Oublié le monstre sanguinaire qui sommeille en toi, chassé l’animal prédateur. Il ne reste plus que l’homme un peu fier, parti en quête de quoi étancher sa soif.
Tes articulations craquent sous le mouvement que tu leur imposes. Tu observes tes mains écorchées, tout le rouge qui s’est étalé sur ta peau. Tu renifles avec toute la grâce du monde, hausses les épaules avant de te diriger vers le bar. Tu prends trois verres : deux pour toi et le dernier pour le bougre que tu viens d’allonger. Tu vides ton premier verre avant de te détourner du comptoir. Tu te mets à chercher du regard le bonhomme, surplombant la foule de ta hauteur. Tu finis par le trouver assez rapidement et, sans attendre, tu te diriges vers lui d’un pas décidé. Sans réellement lui demander son avis, tu lui files le verre entre les pattes avant de lui adresser une bonne grosse tape dans le dos. « Eh bah mon con, je t’aurais bien encore éclaté un peu ta gueule d’ange tu sais. » Heureusement que tu te mets à rire, sinon n’importe qui d’un tant soit peu sensé aurait pu prendre cela pour une menace. Mais pas toi, apparemment. « Mais ce serait dommage de l’abîmer. » Tu acquiesces à tes propres dires, avalant une gorgée sur ces sages paroles.
Sujet: (#) Re: jump in the fire ▬ rhil & orson Dim 21 Jan - 23:45
Il a cette étincelle curieuse au fond des yeux. Celle de ceux qui observent le monde avec la passion des gosses. Il a ce sourire aussi, radieux – apparemment, il n’a perdu aucune quenotte durant l’affrontement, c’est un coriace –, éclatant alors que tu viens, ni plus ni moins, de le vaincre. Tu en connais beaucoup qui aurait aboyé farouchement à ta vue, supposant que tu viennes leur ficher sous le nez ton écrasante victoire. Que nenni. Loin de toi une telle idée. Toi, tu es de ceux qui se réjouissent du combat mené, peu importe son issu. Toute occasion est bonne pour se rincer le gosier d’un peu d’alcool. Celui-ci ne semble pas contre – même si tu aurais continué à boire sans sa compagnie. Tu tiques un peu quand le bonhomme reprend la parole cependant. Est-ce qu’il est en train de te vouvoyer ? Et le bougre continue. Tes yeux se plissent, tes sourcils se froncent, attendant la suite de son énigmatique déclaration. Qu’est-ce que tu es, hein ? Tu en as déjà entendu des belles. Animal, bestial, inhumain, brutal, fou furieux. Ici, on te connait bien, on te connait sous tes facettes les plus extrêmes. Mad Dog, ça t'a poursuivi jusqu'ici, et ce n'est pas pour rien. Tu suis son apparente réflexion, la tête penchée, les mâchoires crispées. Tu as beau être plus serein que sur le ring de combat, il n’en reste pas moins que tu peux toujours démarrer au quart de tour. Tu n’es jamais tranquille. L’impulsivité est l’un de tes pires démons. Il déclare après une gorgée bien méritée et une longue lorgnade le fond de sa pensée. Intense. Tout ça pour ça. Est-ce que cela te plait ? Tu n’en es pas réellement sur. Tu te redresses de toute ta hauteur avant de soupirer. Ce n’est ni vraiment positif, ni vraiment négatif. C’est un peu à toi de choisir comment tu décides de le prendre. Bien. Ce serait dommage de s’en reprendre à lui pour si peu. Tu es un peu crevé aussi, tu ne vas pas le cacher. Tu ne serais pas contre un peu de repos avant ton prochain affrontement. Alors tes lèvres s’étirent, jusqu’à t’arracher un rire. Il est marrant celui-là. Un OVNI sympathique débarquant au milieu de cette arène de sueur et de sang.
« Oh, pas de ça avec moi. » Que tu lui lâches soudain, la gueule mi-renfrognée, mi étonnée. Ce n’est pas réellement le genre d’expression verbale à laquelle tu es familier. Ca manque de… mots de liaisons fleuris, quelques insultes peut-être, et d’une bonne dose de familiarité générale. « Putain, d’où c’est que tu viens pour causer ainsi ? » Il ne vient pas du Colossus 5, ça tu en es bien certain. Dix ans que tu arpentes ce vaisseau, jamais tu en as croisé un pareil. Si bien sûr, parmi ces gens qui en savent beaucoup plus que toi, ceux-là dont tu ressens le regard méprisant peser sur ton être. Ceux-là même que tu désires bazarder contre un mur dès qu’ils donnent dans leur grande politesse et leur grand savoir. Que tu te contentes pourtant de fixer d'un mauvais oeil, te rappelant à quel point tu es inculte et te sens incapable face à ces gens-là. Mais celui-là, il n’en est pas. Celui-là, il vient se battre, en découdre avec toi, se mêler à la foule, à la sauvagerie, à la sueur et l'alcool de contrebande. Mais le bougre se ramène quand même avec du vous – putain il va quand même pas t’appeler monsieur. « T’es pas du coin, hein. J’ai pas encore eu la chance de te péter la gueule, ou alors je m’en souviens pas. » Loin de toi l’idée de te vanter, même si cela pourrait être interprété comme tel. Même s’il est vrai que tu ne te souviens pas réellement de tous les adversaires que tu as vaincu ici ou ailleurs. Il y en a trop. Parfois, ceux qui n’y ont pas survécu viennent hanter tes nuits avant que tu ne les oublies à nouveau. C’est comme ça, ça l’a toujours été, et t’as jamais vraiment cherché à changer. Tu t’accommodes vite. On dit que c’est une grande qualité chez toi : l’adaptation. Comme quoi, apprendre à survivre, c’est plutôt utile.
Sujet: (#) Re: jump in the fire ▬ rhil & orson Dim 11 Fév - 11:34
Tu l’as perdu. Il t’a perdu. Des étoiles qu’il te dit. La gueule ouverte et les paupières plissées, tu es en train de te demander si, la prochaine fois, il ne faudrait pas que tu tapes moins fort. Ah, la bonne blague. Même avec toute la volonté du monde, tu n’y arriverais pas, animal sauvage que tu es. Bon sang, ce qu’il est étrange. Te voilà bien désemparé face à un être tel quel lui. Tu demandes ce qu’a pu être son existence pour qu’il ait ainsi gardé l’âme rêveuse d’un gosse. Différente de la tienne, assurément. As-tu seulement eu le temps de posséder, ne fusse qu'un instant, une telle âme ? De regret, de reproches, ni même de jalousie tu ne possèdes pas, chaque existence menée est différente et tu n'échangerais la tienne pour rien au monde. Elle a forgé qui tu es, t'a mené jusqu'ici avec ceux qui sont aujourd'hui et, pour beaucoup, depuis longtemps tes compagnons. L'autre enchaîne sur une vraie réponse, plus tangible cette fois-ci, qui fait enfin sens au fond de ton encéphale surchauffant. Columbiad, Hélios. Pourquoi il t’a pas dit ça en premier, le con. Il te parle de sa mère et tu penses soudain à la tienne. A l’idée d’une mère, à vrai dire. Tu en as passé des nuits entières à farfouiller au plus profond de tes souvenirs afin de saisir, ne fusse que la fragment d’un souvenir. Le néant s’est étalé devant tes pieds, te rappelant cruellement que de mère, tu n’as jamais eu. Tu te réconfortes avec ceux que te considère depuis belles lurettes comme ta famille, ces maudits pirates qui crachent, jurent et t’insultent amoureusement. Ils ne sont pas comme Rhil, eux, non, eux tu les comprends. Vous n’êtes pas du même monde, assurément.
Monsieur. Il récidive. Tu tiques à nouveau avant de comprendre la subtilité ; l’autre se moque gentiment, amène soudainement un sourire par-delà ton visage courroucé. Il maîtrise l’art de la taquinerie. Qu’il se montre prudent. Tu n’es pas des plus expérimentés sur ce genre de terrain, finissant toujours par en explorer un autre que tu maîtrises à merveilles ; celui de la violence. Ils sont bien au courant tes amis les pirates, sont même plutôt nombreux à savoir quand s’arrêter ou où piquer afin d'arriver plus rapidement à la conclusion qu’ils cherchent à provoquer. Comme il est facile de t’avoir Orson, c’en est presque désolant. Mais celui-ci, celui-ci a déjà bien morflé sous tes poings. Comme un phare en pleine tempête, la mise en garde qu’il serait inconvenant de s’en prendre une nouvelle fois à lui, s’impose, omniprésente, au fond de ton esprit. Pas ici, pas maintenant. Là-bas, dans la cage aux chiens enragés, peut-être, une autre fois. Mais pas ici, pas maintenant. Qu’il ne te donne pas de bonnes raisons pour transgresser cette promesse que tu te fais à toi-même. L’homme préfère te renvoyer la question posée auparavant, plutôt légitime comme attitude. Tu renifles peu gracieusement, avales une gorgée de ton verre se vidant un peu trop vite à ton goût avant de prendre la parole. « On peut dire ça ouais. » Le Colossus 5 t’a adopté à l’instant même où tu as posé un pied en son sein ; comme deux vieux amis qui se retrouvaient, tu t’es toujours senti chez toi ici. « Ca fait, hum… - un petit moment de réflexion, comme si tu comptais réellement alors que tu lâches ça plutôt par habitude de l’avoir entendu autour de toi – dix putain d’années que j’traîne dans le coin. » Ca commence à faire long, pas vrai ? Les années pèsent doucement sur ton être, tu rêves de repartir un jour. Votre vie est certes plus confortable depuis que vous avez cessé d’être de simples pirates arpentant la galaxie, décidant de vous installer sur la Flotte et de vous plier à ses règles - enfin, plus ou moins comme ta présence ici en témoigne. Mais est-ce réellement le genre d’existence que tu souhaites mener jusqu’à ton dernier souffle ? Tu n’es t’es jamais vraiment imaginé vieillir. Sans doute finiras-tu par crever les poings écorchés et la gueule ensanglanté. Mourir comme tu as vécu ; violemment. C’est sans doute le genre de fin à laquelle tu aurais droit.
Les questions naissent l’une après les autres au fond de son esprit, venant s’échouer contre ta raison et faner rapidement. Tu t’intéresses rarement beaucoup à tes semblables, trop occupé à contenir tes propres démons. Mais celui-ci a capté ton attention. Te voilà quelque peu désemparé. Quel curieux spectacle que vous offrez ; l’un comme l’autre, vous observant mutuellement. Toi sans doute un peu plus farouchement que lui. Animal sauvage que tu es, comme si tu n’apprendras jamais que tout le monde entier n’est pas contre ton être. Le monde entier s’en fiche bien de toi, il a plus important à penser. Tu vides ce qu’il reste au fond de ton verre d’une traite avant de reprendre la parole. « Qu’est-ce que tu fous ici ? Tu t’es perdu entre l’Hélios et le Columbiab ? » Tu ne dis pas cela d’un air vraiment méchant – ni vraiment sympa, à vrai dire. C’est à mi-chemin entre la pique et la réelle question, parce c’est cela qui se repose en une boucle infinie au fond de ton esprit : mais qu’est-ce qu’il fout là, bon sang ? Aucune réponse imaginée ne t'a satisfait jusqu'ici. Autant lui demander. Bien sûr les habitants des autres vaisseaux ne fuient guère le Colossius 5 mais ils sont peu nombreux à s’aventurer jusqu’aux combats illégaux et ceux qui vont jusqu’à y participer se font encore plus rare. Alors, en soi, la question te semble des plus légitimes.
Sujet: (#) Re: jump in the fire ▬ rhil & orson Sam 26 Mai - 22:43