Une dizaine d'anecdotes sont demandées. Pas la peine de faire un pavé pour chacune, mais pensez à détailler un peu l'histoire de votre personnages, des moments marquants, des habitudes, ses envies, ses passions, etc.

Jeune et con Le gamin déjà sale et écorché se râpa les genoux une fois de plus en se prenant une gamelle, exprimant sa colère dans un langage bien trop ordurier pour son âge. Du sang écarlate se mit à couler de la blessure, mais Led se releva avec impatience, boitant sur quelques mètres (ça pique) avant de se remettre à courir. « Quand je t’aurais je te pète la gueule ! » beugla-t-il à celui qu’il poursuivait. Derrière lui arrivait Rina en courant, suivit de Joel qui essayaient tous deux de le rattraper, l’une inquiète, l’autre aussi impatient que Ledward d’en découdre. « Laissez tomber, les garçons, c’est pas grave je vous dis ! » cria-t-elle pour que Led l'entende. Il ralentit à peine. Rina c’était leur copine. Ou plutôt, c’était comme un petit oiseau pétillant de joie qui avait atterri dans la benne à ordure de l’univers. C’était leur oiseau à eux. Leur trésor. Personne n’avait le droit d’essayer de lui voler une plume. Aussi, il avait suffi de quelques mauvais mots pour que le sang aux allures de gazole de Ledward ne s’enflamme en une explosion. La terreur s’était mise en marche.

BFFOn avait peigné le gosse. C’était devenu une sale habitude de sa mère depuis qu’elle avait eu vent de ses fréquentations. Tu parles de fréquentations. Juste le gamin d’une planquée, au moins aussi merdeux que lui. La réflexion lui valut une sale taloche sur le dessus du crâne, envoyée directement depuis le père, employé inquiet mais agacé. « Ta gueule, on t’as appris à mieux parler. En fait, te met pas à causer devant elle, tu dis bonjour, merci, je viens chercher Jordan... » « Joel. » Nouvelle taloche. Il avait fallu le peigner deux fois. Pourtant il l’aimait bien, Joel. Il avait pas la gueule de ceux qui se croient meilleurs parce qu’ils ont du fric. Il était même très bien, mais ça avait le temps de lui venir. En tout cas, la mère se marrait à chaque fois qu’elle le voyait peigné de travers et ne manquait pas de lui remélanger les cheveux sans prêter attention à son air digne, avant de lui délivrer son propre fils.

Avec les moyens du bordC’était pas classe, comme moment. Ledward avait fait de son mieux pour rendre l'instant romantique, refusant de laisser la misère s'accrocher à ce moment qu’il voulait spécial. Pourtant, comme la crasse tenace sous ses ongles qu’il n’avait pas totalement réussi à enlever, s’étant tailladé l’auriculaire gauche au passage, celle-ci suintait, moqueuse, par tous les interstices, rappelée par la peinture craquelée sur les murs, par les rideaux rapiécés qu’il avait voulu nettoyer sans succès, par le mauvais état du pauvre mobilier de la pièce et par la tronche passée du matelas qui trônait en son centre. L’adolescent avait perdu son air bravache, faisant moins le fier à présent qu’ils étaient deux. Rina avait observé le pitoyable lieu, mais avait juste sourit et en un instant, Ledward se cru transporté ailleurs, sur terre peut-être, où tout était beau. Sur l’un des vaisseaux qui sillonnait l’espace où tout était confortable. En un instant, il su que tout se passerait bien. Lorsqu'elle éteignit la lumière, même leurs maladresses adolescentes furent incapables de leur gâcher le moment.

La fin d'une époqueL’air puait la mort. Ça faisait pourtant un moment que les deux adolescents avaient été chassé de la scène du crime comme des malpropres, mais l’air puait toujours autant la mort. Ledward se sentait écrasé, broyé sous l’action conjuguée de cette odeur et la fixité du regard mort de Rina, qu’il voyait accusateur. T’as pas su me protéger, Led, disait ses yeux vides de vie et de cette étincelle qu’ils abritaient auparavant. Envolé, leur oiseau, là où ils ne pourraient plus le rejoindre, ne leur laissant que cette odeur de mort qui s’accrochait, tenace, aux pensées de Ledward. « T’étais censé être avec elle. » l’accusation était trop facile, pourtant il l’avait crachée à la gueule défaite de son meilleur ami. Il avait besoin d’un coupable, même seulement de négligence et Joel en faisait un parfait. C’était injuste. Cet endroit était injuste. Ledward était injuste. Mais plus rien n’avait de sens quand la seule à réussir à trouver un peu de positif dans leur vie était morte.

Freeze ! MF's Police ! « Sécurité ! Les mains bien en évidence ! » Ce rugissement était peu à peu devenu monnaie courante, suivit de flopées de jurons lorsqu’on ne lui obéissait pas. Ledward avait bâti sa réputation à coups de poings dans la gueule et de membres brisés, les lascars de Merry Field voulaient sa peau, mais Ledward voulait la leur. Y avait pas de grand cœur caché derrière cet acharnement. Y avait que cette haine permanente à l’idée qu’un assassin soit toujours dans la nature et que chacune des fin de race qu’il ‘interpellait’ était potentiellement celui ou celle qui, des années plus tôt, avait pris la vie d’une jeune esclave pleine d’espoir sur son avenir. La sécurité, c’était faire en sorte que ça n'arrive plus. La sécurité, c’était parce que pour déglinguer des fils de pute, fallait un autre fils de pute et ce rôle-là, il le tenait très bien. Joel était avec lui bien sûr. Leurs sorts étaient liés aussi sûrement que la misère collait au cul des prolo d'ici.

Hasta la vista, babyLes possessions avaient été ramassées à la hâte. Tout tenait dans un sac fatigué par l'usage, ramassé sans doute dans une décharge et qui avait connu de meilleurs jours. La menace planait depuis un moment maintenant, mais soudainement, elle semblait plus proche que jamais. Ledward se battait pas mal les couilles de la fédération, du triumvirat, de la Terre ou des autres colonies. Personne n’en avait jamais rien eu à foutre des merrymen et Ledward le leur rendait bien. Par contre, l’opportunité de se tirer de cet enfer plein de fantômes était trop belle pour pas s’en saisir. Alors on attrape sa valise, son meilleur pote, sa régulière du moment, et tout se petit monde s’est envolé vers un avenir meilleur.

Troisième passager Il avait jamais su par quel bout la prendre, sa gamine, agitée comme une anguille braillarde qu’on lui avait mis dans les bras. Y avait comme un truc qui clochait chez lui, ou chez elle, un truc qui collait pas. Elle était trop petite, trop fragile et lui il avait beau être pas bien grand, il savait rien faire d’autre que de casser des choses et des gens. Pourtant impossible de s’y tromper, elle gueulait de colère au moins aussi fort que lui, malgré ses poumons peut être aussi gros que sa dernière phalange de petit doigt à lui, comme si elle insultait déjà son monde de l’avoir foutu dans les pattes d’un lascar comme lui. Il n’avait pas hésité à la rendre maladroitement à sa mère, essuyant un regard choqué par ce qu’elle prenait pour un rejet, mais qui n’était qu'incompréhension et prévenance. Il n'avait même pas fait exprès de la faire, cette gosse, sa femme était arrivée enceinte sur la flotte. Sa seule certitude était qu'il allait l'aimer, mais serait-ce suffisant pour la petite Maelia ?

C'est "inspecteur", connardL’instant était beau, ils avaient passé toute une batterie de test, d'examen, de mises à niveau pour arriver, ensemble, à faire ce qu’ils voulaient. À présent ils se dressaient, en hommes rudes, comme deux incarnations bancales de la loi et la justice, si différents l’un de l’autre et pourtant si liés qu’il était difficile de comprendre où s’arrêtait l’un et où commençait l'autre. Impossible de les confondre, impossible de les dissocier. Joel avait vécu la vie de Led, Ledward avait vécu celle de son ami également. Ils étaient comme deux faces de ce jeton que Ledward ne quittait jamais, différents, mais indissociables. La flotte n’avait plus qu’à trembler devant ses deux nouveaux inspecteurs.

C'est de ma femme que tu parles ?Il avait frappé fort, le con. Ça faisait un moment qu’ils se cherchaient tous les deux, qu’ils se chamaillaient, que le fossé se creusait entre eux. Sauf que là, ça avait pas été le jour. La révélation avait assommé Ledward, partant sans doute d'un bon sentiment de la part de Joel. Ça avait failli passer, il avait failli juste se laisser emporter par la déception avant que la colère n’éclate, bien vite suivie par le nez de Joel. Sa femme venait d'avouer à Joel que c'était lui qu'elle aimait et plus Led. Bien entendu, Ledward blâmait Joel. Ils s’étaient battus comme des chiffonniers, n’avaient pas retenus leurs coups, laissant s'échapper tout ce qu’ils se reprochaient à demi mot depuis des années en laissant parler les poings. Leur supérieur avait hurlé après ça, tempêté, leur avait imposé un blâme et leur avait interdit de refaire équipe. Cependant, vu leur état respectif et les regards venimeux qu’ils se lançaient, il paraissait clair qu’aucun d’entre eux ne souhaitait continuer à travailler avec l'autre.

J'ai fait ce que j'ai puEncore une porte qui lui claquait à la gueule, le renvoyant, comme dans un cauchemar, directement à son divorce. C’est lui qui l’avait demandé, impossible de rester avec une traîtresse qui pensait à Joel pendant qu’ils baisaient. Il s’était débarrassé de la mère, non sans en vouloir à son meilleur ami qui avait vendu la mèche, mais à présent c’était sa fille, Maelia, qui lui tournait le dos, refusant catégoriquement de le revoir. Tant d’ingratitude. Après toutes ces années à faire son possible pour pas la heurter, pour pas l’élever trop de guingois à sa manière certes rude, mais dénuée de méchanceté. Il ressentait la trahison comme un coup de matraque sur le râble, mais se contentait de serrer les lèvres devant la porte définitivement fermée. Sale ingrate. Elle avait hérité de son caractère de merde et de l'attrait de sa mère pour les sales con. Tu parles d’un mélange. Leurs manières pouvaient pas coller, ils avaient jamais réussi à s’entendre de toute façon.

   

Le 20 mars, Priya Mugheri est officiellement devenue la nouvelle Amirale de la flotte. Était-elle votre favorite aux élections ? Que pensez-vous d’elle et son nouveau rôle ?
   Priya a pas les épaules pour diriger quoi que ce soit. Elle a pas eu mon vote, elle aura pas mon approbation. Mais je me foutais pas mal de la Terre, donc j'avais pas envie d'aller crever là-bas pour les beaux yeux de Leona, ni de suivre un cinglé avec ses idées d'exil. J'ai pas voté, ça m'a gavé.

   La flotte met le cap sur Qiang et s’apprête à entrer en contact avec le Triumvirat. Quelles sont vos attentes, vos espoirs ou vos craintes sur ces deux projets ?
   Faut être sacrément con pour espérer un contact positif avec le Triumvirat, vous avez déjà oublié qui a chassé tout le monde des colonies ? Vous croyez vraiment qu'ils vont accueillir à bras ouverts une putain de station spatiale contraire à tous leurs principes ? Et Qiang on verra bien ce que ça donnera. Une chose à la fois.