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  Bim, bam, boum ( Zeck )
MessageSujet: (#) Bim, bam, boum ( Zeck )    Bim, bam, boum ( Zeck ) 3ViG0Cu Mar 31 Juil - 21:51
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Elle se réveilla en sursaut, la bile au bords des lèvres, le cœur déjà dehors. Une inspiration ostentatoire quitta ses lippes alors que ses yeux perdus fixaient le plafond de la cabine exiguë, comme pour se raccrocher désespérément à quelque chose. Son palpitant menaçait d'exploser au sein de sa poitrine trop étroite et de la sueur perlait sur son front humide. Ses mains exemptes de toute blessure vinrent glisser sur son visage, étirer ses paupières et revigorer ses traits affaissés. Elle n'arrivait pas bien à se figurer ce dont elle avait rêvé, mais ce qui était sûr, c'était que parmi le trouble, était apparue Seo. Sid grogna, encore enrouée. Sa dernière entrevue avec la jeune diva l'avait chamboulée ; si bien qu'elle se mettait carrément à employer des termes quasi professionnels pour parler d'elle. Une entrevue, sérieusement ? Ce putain d'interview avait viré au film porno, oui. Et maintenant, l'odeur suave de Seo ne la lâchait plus. On peut faire abstraction d'un visage, mais plus difficilement d'un parfum. Ceux-ci ont vocation à être entêtants. Elle gémit de nouveau, ses mains s'égarant cette fois-ci dans ses cheveux ras, du moins, ce qu'il en restait. Un goût acre subsistait encore sur sa langue. Sans allumer la lumière, elle alla boire un verre d'eau.  Sid espérait vite se rendormir et ne pas avoir à se retourner dans sa couche des heures durant en se questionnant sur les tenants et aboutissants de ce songe.

Peine perdue. Irritée, sa main alla à la rencontre de son front en un « clac » étouffé par des murmures provenant de la cabine d'Astéria. Sans doute jouait-elle sur son terminal. Un truc de jeunette, quoi. Certes, Sid n'était pas bien vieille, mais face à la candeur presque irrévérencieuse qui lisait sur le visage de sa benjamine, elle avait presque l'impression d'être son aïeule. Surtout quand Astéria la suivait dans tout le studio d'enregistrement, pendue à ses lèvres, en prenant des notes à une vélocité presque inhumaine. Elle hésita. Peut-être qu'elle pouvait lui rendre une petite visite nocturne ? Un pli se dessina fugacement sur ses lèvres bombées. Elle n'était pas sûre qu'Astéria soit la plus à même à dispenser quelques bribes de sagesses, surtout à une heure aussi avancée.  Finalement, le silence s’imposa de nouveau. Parfois, elle se demandait comment la Flotte pouvait être aussi silencieuse. Sans doute le Colossus grouillait de frémissements et de grincements d’agonie, mais le Columbiad vivait toutes ses nuits dans la paix la plus confortable. Elle aurait été curieuse de voir le cheminement de la bête de fer au sein de la matière noire. Ressemblait-elle à une de ces imposantes baleines qui avaient peuplé leur planète mère il y a de cela deux siècles maintenant ? D’un œil extérieur, la flotte paraissait sans doute difforme, comme un puzzle composé de pièces inadéquates. Elle fit la moue. L’océan la fascinait autant qu’il la terrifiait : c’était la le propre de l’inconnu. De temps en temps, elle s’amusait à s’imaginer qu’ils n’étaient pas dans l’espace, mais bel et bien dans les profondeurs d’un infini océan, protégés par un cocon insubmersible. Mais dehors, il n’y avait aucune trace de vie à part quelques navettes errantes et un cimetières d’astres qui s’éteignaient sur leur passage.

Non, elle était bel et bien la seule source d'agitation dans les environs. Un peu comme d'habitude, en fait. Elle aurait bien ronchonné pour la forme, mais elle n'avait absolument personne avec qui partager ses peines, ce qui en retirait tout le plaisir. Elle s'assit en tailleur sur sa couchette et décida de répondre à ses messages professionnels : après tout, quiconque travaillant de près ou de loin avec Sid ne serait pas surpris de ce sursaut d'activité nocturne. Ceci fait, elle révisa ses fiches pour l'émission qu'elle présenterait le soir-même. Elle se mordit la lèvre et espéra que la fatigue et la lassitude ne la ferait pas buter sur les mots ou pire, laisser échapper une mauvaise blague qui aurait de fortes chances d'être mal interprétées en ces temps troublés. Même si la Flotte se remettait doucement du drame du Jeanne d'Arc, la blessure était encore à vif et les esprits tourmentés. Sid aurait bien voulu extorquer quelques mots à Jonathan Zafy – après tout, il restait le seul un tant soit peu accessible – mais celui-ci s'était fait si discret que l'on aurait pu presque oublier son existence. Dommage. Pour la jeune femme, c'était presque de la lâcheté, mais qui était-elle pour juger ?Sûrement personne, songea t-elle distraitement en enfilant sa tenue de sport.

Eh bien. Cela faisait des lustres qu'elle n'en avait pas mis une.

Zeck Rivers lui avait tenu la jambe pendant des semaines pour qu'elle vienne s'entraîner avec lui au moins une fois. Elle aurait voulu refuser : certes, elle s'était retrouvée dans une mauvaise posture, mais c'était arrivé une fois ! Elle s'était d'abord dit qu'elle redoublerait de vigilance, puis, finalement, s'était laissée convaincre. La simplicité désarmante de son ancien voisin avait sûrement quelque chose à voir là-dedans. En effet, il était dur de lui résister. Comme s'il était capable d'attendre votre défaite des années durant, sans en retirer aucun plaisir, juste par intérêt sincère. D'ailleurs, elle pouvait l'apercevoir de loin : une carrure de taureau et un regard d'enfant. Le mélange était perturbant. Elle l'observa asséner un véritable missile au pauvre punching-ball qui se courba presque imperceptiblement. Bon...Il était encore temps de fuir.

« Qu'est-ce qui te motive pour frapper aussi fort ? Tu imagines le visage d'un être haï ? »  lui demanda t-elle, taquine.

Ça pour sûr, elle connaissait par cœur le visage qu'elle s'imaginerait frapper avec un plaisir délectable.

«  Tu vois, je me suis pas dégonflée ! » reprit-elle, tout sourire, avant de mimer ce qu'elle croyait être une posture de karatéka.
MessageSujet: (#) Re: Bim, bam, boum ( Zeck )    Bim, bam, boum ( Zeck ) 3ViG0Cu Mer 29 Aoû - 20:50
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La boxe, Zeck l'avait toujours plus ou moins pratiquée, sans vraiment savoir ce que c'était réellement. Son oncle l'avait formé depuis son plus jeune âge, certain qu'une telle pratique pourrait lui être utile plus d'une fois, que cela soit sur Keller, ou, plus globalement s'il décidait d'intégrer l'affaire familiale. C'était un art martial que l'homme pratiquait depuis tout jeune aussi et qui le passionnait depuis un long moment, ayant même des enregistrements de combats qu'il qualifiait de légendaire, même deux-cents ans plus tard. De nombreuses fois il avait évoqué des combattants du vingtième siècle, comme un certain Mike Tyson, Mohamed Ali, ou encore le prince Naseem Hamed. Autant vous le dire, Zeck n'avait pas la moindre idée de qui ils étaient, ou encore de la raison de cette passion pour ces hommes. Avec le temps, le neveu finit par apprendre leur spécificités, ce qui les fit marquer l'Histoire à leur manière. La puissance brute et écrasante de Tyson, couplée à une garde mobile et une vitesse fulgurante. La vivacité et le jeu de jambes d'Ali et, pour le Prince – qui n'en était pas vraiment un d'ailleurs – des réflexes et une souplesse exceptionnelle. Notre ami ne s'y intéressait pas vraiment mais, face à la ferveur de son oncle, il ne pouvait qu'écouter, pour lui faire plaisir. Ce dernier, ambitieux, avait voulu piocher dans le répertoire de ces trois hommes et de les combiner, en vain, avant de tenter de les inculquer à son élève.

De son côté, le gamin se contentait de travailler les bases à sa manière, une garde et des appuis solides, une bonne défense et, surtout, savoir quand attaquer. Le reste, cela appartenait à l'histoire. On lui avait dit que la pratique avait très peu évoluée depuis cette époque, tombant même presque dans l'oubli sur Keller. Oubli qui, étrangement, fut longtemps favorable à Zeck. Qu'on se le dise, ce n'était pas le genre de station où l'on voulait amener ses enfants pour des vacances, de fortes chances de se faire dépouiller, escroquer ou tabasser, il semblait préférable de savoir se défendre. Pour cela, notre homme remercia plus d'une fois son second père de lui avoir appris cela, même s'il trouva la chose barbante un long moment. Cet art quasiment oublié fit rire plus d'une fois, les deux poings sur le menton, recroquevillé sur lui-même en sautillant légèrement … Quelques faux caïds prétentieux et hautain ne voyaient là qu'une tentative désespérée, avant de sentir une vive douleur dans le menton, tandis que ses jambes semblaient comme déconnectées du reste, ne répondant plus à la moindre instruction, le tout, avant de se faire achever par une série de coups. Oui, la boxe avait de nombreuses règles, un sport de gentlemen qu'ils appelaient ça, comme par exemple ne plus frapper un adversaire au sol. Qu'on se le dise, Zeck n'en avait absolument rien à foutre. Suivre les règles, sur Keller, c'était une voie toute désignée pour atteindre la fin de votre récit le plus vite possible. Il avait beau avoir un grand cœur, quand il s'agissait de se battre, il n'hésitait pas une seule seconde et ne montrait pas la moindre pitié.

En effet, bagarreur, il l'avait toujours été, bien qu'il tenta, tant bien que mal de se contrôler une fois au sein de la Flotte, conscient que contrairement à tout ce qu'il avait pu connaître avant, désormais il y avait des règles. Bien entendu, le kellari eut à se battre, quelques fois, plus pour des baston de bar que d'autres choses, certes, mais mine de rien, cela entretenait bien. Malgré cet entretien, Zeck perdit beaucoup de sa superbe, l'absence de danger constant, de pratique, mais aussi avec sa jambe dans un sale état, tout cela finit par le rendre beaucoup moins réactif et percutant. Cela ne l'empêchait pas de s'entraîner régulièrement, seul, histoire de garder un minimum la main mais, cela n'aurait jamais suffi à son oncle, qui l'aurait sûrement insulté, à sa façon, pour le faire réagir. Malgré tout, notre ami était certain qu'être capable de se défendre était quelque chose de primordial dans cet univers. Même si la flotte était plutôt calme, malgré certains endroits à éviter pour les non initiés, on ne savait pas de quoi était fait l'espace, ni même quand les ennemis finiraient par les rattraper et, potentiellement attaquer. Bien entendu, un coup de poing pouvait sembler être risible face à des soldats en équipement complet mais, ne pas agir lui était impensable.

C'est avec cette idée en tête, celle d'être capable de se défendre soi-même, que l'éclopé tint la jambe, durant un long moment à une amie de longue date. Sid, une jeune femme étrange qu'il connaissait depuis son arrivée sur la flotte. Fouineuse, avec une certaine propension à se mettre dans des situations délicates toute seule comme une grande mais suffisamment douée de ses mots et de ses mensonges pour s'en sortir. Une bonne chose, me direz-vous. Malheureusement les mots ne suffisent pas tout le temps et, elle en fit les frais. Rien de bien grave, rassurez-vous, par chance. C'est suite à cette histoire peu joyeuse qu'il commença à vouloir lui apprendre au moins les bases. Bien que peu intéressée, elle finit par accepter, d'une manière qu'on aurait pu voir comme à contrecœur. Patient et têtu comme une mule, Zeck aurait pu attendre des longs mois, à attaquer doucement et quotidiennement son ancienne voisine, jusqu'à ce qu'elle accepte.

Le rendez-vous pour le premier entraînement sur le Tiantang, ce qui fut faire se lever le professeur de fortune relativement tôt, un jour où il ne travaillait pas et aurait bien passé sa matinée à ronfler bien grassement, voire même un bon début d'après-midi. Le réveil sonna, c'est avec une tête de mort-vivant que l'instructeur l'arrêta hasardeusement et maladroitement, pestant un petit moment contre lui-même d'avoir eu l'idée de faire ça le matin. Se lavant rapidement avant de s'habiller dans ce qui semblait être une tenue de sport, l'estropié balança rapidement des affaires dans un grand sac, des bandelettes, une serviette, de l'eau et des gants. Se grattant nerveusement le menton, l'espoir de retrouver ce petit quelque chose qu'il était sûr d'oublier, ses épaules finirent par se relever, acceptant son échec avant de prendre la route vers cet autre vaisseau, baillant de longs moments durant le trajet. Une fois enfin sur place, son amie était déjà présente, habillée comme elle le devait, ce qui lui tira un petit sourire amusé. Il y avait un punching-ball sur pied, ce qui lui donna l'envie de cogner, en guise d'échauffement et, après avoir posé son sac, se fit un grand plaisir avant de balancer un violent direct du droit, avant de grimacer légèrement, déçu de l'impact. Sid, de son côté, ne semblait pas du tout déçue, à en croire sa taquinerie, qui l'amusa doucement. « Oh, t'sais, j'frappe pas si fort. Longtemps j'm'entraîne plus comme j'devrais et puis, avec ma jambe dans cet état, compliqué les appuis. Puis, hey, t'aurais vu mon oncle quand il frappait, t'serais parti en courant, une vraie brute. » Un petit rire doux et amusé s'échappa doucement de ses lèvres, avant de lui tapoter doucement l'épaule. « Allons, t'inquiète pas, c'pas ta bouille qu'j'imagine en tout cas. Puis … J'me demande même s'il y a bien quelqu'un, en vie j'veux dire, qu'je hais. » Sourcils froncés, une main vient gratter son menton, comme pour chercher un semblant de réponse, en vain. Ce fut la jeune femme qui le fit sortir de ses pensées, en annonçant fièrement ne pas s'être dégonflée, avant de se mettre dans une position de combat hasardeuse, ce qui fit exploser de rire Zeck, sans la moindre gêne. « Aaha … Tu protège rien du tout comme ça. Mais c'bien, t'essaie. » Mettant une main devant sa bouche, pour tenter de s'arrêter, il s'approcha d'elle pour corriger petit à petit cette position. « Bien, alors, premier truc, faut t'mettre quasiment d'profil, genre … J'sais pas, deux-tiers. L'pied droit derrière t'es ... » Fronçant à nouveau les sourcils en regardant le plafond, espérant trouver une réponse à ses questions. « Wah, j'ai un trou, t'es droitière hein ? Sinon, c'l'inverse. L'but c'est qu'tu puisses pousser d'ton bon pied pour donner plus d'patate quand tu vas cogner d'ton bon poing. V'la. Ensuite, les mains, faut r'monter les deux au niveau d'ta mâchoire, t'vas t'courber l'égèrement vers l'avant en rentrant l'bide, l'idéal c'est qu'tes coudes couvrent une partie d'tes côtes. V'la, un truc comme ça. Ça va t'prendre du temps, mais t'inquiète, ça va finir par rentrer, c'pas si compliqué. Une bonne position ça va t'assurer une bonne défense. Fin … Tu t'es échauffée du coup, en tentant d'pas fuir ? Ça s'rait con d'se bousiller un muscle hein. »
MessageSujet: (#) Re: Bim, bam, boum ( Zeck )    Bim, bam, boum ( Zeck ) 3ViG0Cu Dim 14 Oct - 0:01
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Sid n'était pas une adepte des salles de sport. La perspective d'une activité physique quelconque avait tendance à la fatiguer avant que celle-ci n'ait même pas eu le temps de démarrer. Et puis, il fallait dire qu'à part Aileas, personne dans son entourage ne pouvait la remettre dans le droit chemin. Celle-ci serait certainement dépitée en voyant Sid tenter de courir plus de deux minutes sans s’essouffler. Nan, elle exagérait : elle avait un cardio respectable, la preuve, elle nageait une fois par semaine ! C'était plutôt l'esprit salle de sport qui avait tendance à la rebuter : l'odeur rance, les tâches millénaires sur des tatamis absolument répugnants, les machines sur lesquelles des dizaines de personnes venaient poser leurs fesses et ce, tous les jours de l'année. Brrr. Au moins, sous l'eau chlorée et réconfortante de la piscine, elle était seule avec Charlie et ses playlists ambiance «  je nage gracieusement et j'vous emmerde si j'vous mets l'doigt dans l’œil en faisant le papillon ». De plus, personne n'osait l'interpeller à la piscine, un peu comme si tout le monde s'était mis d'accord pour respecter la gêne de chacun à se montrer en maillot.

Le fait de pouvoir se laisser aller, de ne pas travailler l'endurance de son cœur, sa souplesse ou la puissance de ses muscles dénotait très certainement d'un privilège assez conséquent. Elle avait la chance de pouvoir exercer un de ces fameux métiers qui meurtrissaient plus le moral, l'esprit et accessoirement la pression artérielle que son dos, ses articulations ou autre rouage essentiel de son enveloppe charnelle. Elle était née au bon endroit et au bon moment ; n'avait jamais eu à se dépasser pour espérer sauver sa peau, à mutiler son corps pour la cause ou à fuir jusqu'à s'en user les guibolles. Tout simplement : elle avait eu de la chance. Néanmoins, son père l'avait toujours encouragée à faire quelque chose. Quant à sa très chère madone, comme nulle proximité ne les avait jamais liées, celle-ci n'avait visiblement jamais cherché à savoir ce que sa fille pouvait bien faire durant son temps libre. Non, aucune des 25 passions qui avaient rythmé l'enfance et l'adolescence de Sid n'avait semblé attirer l'attention de la matriarche. Rien n'avait pu la détourner de son Moi, celle qui semblait happer toutes ses inquiétudes et son attention. En plus d'être auto-centrée, sa mère ne s'intéressait à rien. Ainsi, elle n'avait jamais eu l'occasion de se détourner du trou noir auquel elle faisait face depuis plusieurs années déjà.

Son père, même dans son indifférence, était celui qui faisait preuve de la plus grande ferveur. Avec lui, elle avait fait beaucoup d'escalade. Certes, être harnachée juste pour grimper des murs de deux mètres sous une lumière faiblarde n'avait rien de très libérateur, mais du haut de ses six ans, en invoquant le secret de ses paupières closes, elle pouvait facilement imaginer des montagnes originelles à perte de vue et une paroi irrégulière mais assez généreuse en prises naturelles afin que l'illusion n'en soit pas gâchée. Puis un jour, elle avait glissé. Cela lui avait appris, en douceur, qu'il ne valait mieux pas se lover dans une imagination conciliante lorsque la réalité s'avérait décevante et indigeste. C'était également le rappel de cette leçon juvénile qui l'avait convaincue d'accepter, un peu anxieuse, certes, la proposition de Zeck. Celui-ci avait bien entendu des arguments de poids.

Sid était partagée entre l'excitation d'ajouter, peut-être, une nouvelle discipline dans le panthéon de ses passions d'une journée et très vite oubliées et tout de même un peu d'angoisse. La jeune femme avait un peu de peur de se ridiculiser en s’emmêlant les pattes et en finissant par terre ou en dévoilant son manque consternant de force physique à Zeck. M'enfin. Vu la manière dont elle n'était, justement, pas bâtie, son ami devait se douter qu'elle ne l'enverrait pas voler à travers la pièce au premier coup de poing. Si elle arrivait à en placer un. Ça faisait beaucoup d'hypothèses pour une pratique qu'elle croyait purement instinctive, d'ailleurs. Peut-être que suivre uniquement les directives de Zeck et se concentrer sur ce qu'il avait à lui apprendre lui viderait un petit peu la tête. Et l'empêcherait de trop penser à ce qui se passerait ce soir, lorsqu'elle rendrait visite pour la première fois à Seo depuis... l'incident, comme elle l'appelait farouchement. Dans les faits, la situation n'avait rien de si terrible, mais elle en était venue à en faire tout un pataquès et ne pouvait pas refréner son imagination qui lui imposait des scénarios plus ou moins gênants.

Oui. Transpirer un peu lui ferait certainement du bien. Un esprit sain dans un corps sain, non ?

Zeck combinait la parfaite quantité d'obstination ET de patience pour peut-être, je dis bien peut-être, réussir à tirer quelque chose de la jeune femme. En tous cas, son petit rictus tranquille avait déjà un effet anesthésiant. Bref, elle ouvrait grand ses oreilles, rangeant pour une fois sa grande gueule au vestiaire. Elle songea que malgré sa jambe abîmé, Zeck avait tout de même l'air de bien se débrouiller. Mais bon, elle était novice, alors après tout...

«  Eh bien j'imagine que ça va te décarcasser autant que moi ! C'est ton oncle qui t'a appris tout ça, j'imagine ? » demanda t-elle.

Après tout, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être curieuse. Et puis la moindre des choses lorsqu'on élevait un gosse sur Keller, c'était sans doute de lui apprendre à se défendre. M'enfin. Là encore, elle était purement novice sur la question. Ses parents à elle étaient plutôt spécialistes de la guerre froide.


« Hééé ! Te fiche pas de moi !» Protesta t-elle en écartant grand les bras.

Évidemment qu'elle n'était pas vexée, mais elle se sentait tout de même trahie. Ils faisaient ça dans tous les vieux films de combat qu'elle avait pu retrouver sur son terminal – et vu les films d'arts martiaux avaient largement perdu leur popularité après les années 2000, ce n'était pas une mince affaire – et ce n'était qu'un vulgaire mensonge ? Elle se concentra alors que Zeck corrigeait sa piètre imitation de Jackie Chan.

«  De profil, ok... » répéta t-elle à mi-voix, plus pour elle que pour répondre à Zeck.

«  Oui, j'suis droitière. Pas bien original, je sais. » rétorqua t-elle en continuant de suivre les consignes que son ami lui prodiguait.

La position de défense n'était pas bien compliquée, mais elle était certaine qu'elle l'aurait oubliée d'ici la prochaine séance. Sid se sentait un peu bizarre, comme rivée au sol par une puissance au sein de ses jambes qu'elle avait toujours ignorée.

«  Ok... j'ai compris ! En gros, si on m'attaque, je me recroqueville comme une tortue, c'est ça ? » plaisanta t-elle, ses deux points serrés et joints par un sourire.

Euh, si elle s'était échauffée ? A vrai dire... Ça ne lui avait même pas traversé l'esprit.

«  Eh bien... J'ai marché jusqu'ici ? » tenta t-elle vainement.

Oui, elle était abdophobique, pompophobique et allergique au cardio. Et alors ?
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MessageSujet: (#) Re: Bim, bam, boum ( Zeck )    Bim, bam, boum ( Zeck ) 3ViG0Cu 

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