Le message apparaît sur ton terminal. Tu vois son nom et ton coeur chantes une jolie chanson. Tes yeux courent, lisent vite, aveuglés par la lumière artificielle des rayons ultra-violets. Tu lis sans comprendre, le sourire niais aux lèvres. Alors tu relis, fronce les sourcils, relis encore. Oh. Ah. Okay. Kkkkkkkk loool. Koool, kool, kool, kool. Que t'écris dans la panique, que t'envoies en relisant rapidement son message. Elle est avec son Leandro, Leandranados ou tu sais pas quoi et hop, ciao, ciao Kaillou. Ça fait mal dans ton torse, beaucoup, comme des petits coups, des petites crises de coeur quand tu réalises que tu l'attendais comme un con, toi, et qu'elle, elle, elle te jetais, elle t'oubliais, te remplaçais. Comme si t'étais rien. Et tu réalisais, t'enlevai le ''comme''. Peut-être que t'étais rien. Peut-être que t'étais qu'un gigolo avec qui elle s'entendait bien et qui, parfois, profitait de moments de tendresses. Comme ce soir où elle était venue te chercher après s'être fait fracassé le coeur. Ton ventre se tordait, mal de vivre, mal de tout. Mal de pas être assez bien pour personne, pour garder personne assez longtemps. Rien que bon à se déchirer, à se faire abandonner. Et c'est ce que t'es, ce soir, abandonné. Tu jettes ton terminal loin, très loin. Plus envie de répondre, pas envie de la voir dans tout son bonheur maintenant qu'elle en avait trouvé un autre, un meilleur que toi, pas un gigolo bon à rien et un peu con, hein.
T'as passé la nuit, t'y a survécu. Tu sais plus trop comment. Ça s'est perdu dans les verres, dans les lignes, dans les cachets, dans les mains sur ton corps qui ne ressentaient plus rien, dans la spirale descendante, dans les coups sur ta gueule, dans la baise sale, dans les mains qui te tordaient et te trouaient la peau, dans le blackout de la mémoire. Tu sais pas t'es où, quand tu te réveilles, ni avec qui. Tu préfères ne pas savoir, te retirer des bras sans chercher à savoir, sans regarder derrière si tu t'es perdu avec une femme ou un homme, le nez trop défoncé pour sentir un quelconque parfum. Ramassant des vêtements sans te souvenir s'ils sont les tiens. T'es mal, très mal, et tu bosses ce soir. Faut se remettre, ou se remettre assez pour recommencer, pour oublier, pour pas avoir mal quand son nom reviens dans ton coeur. Bonne chance.
Tu grignotes une banane avec tes crédits, abandonne la pelure à tes côtés quand tu te laisses tomber dans l'herbe d'Hélios. Sans chaussures, plus loin, plus à l'abris. Un endroit où méditer en paix. Arrêter toutes les pensées parasites qui répètent le nom de celle que t'es convaincu d'avoir perdue hier soir. Et tu finis par t'endormir un peu. Tant pis. Quand t'as mal au coeur comme ça, ça ne te dérangerais même pas d'avoir rendez-vous avec Lady Garce. Tu serais même pas étonné de te faire réveiller encore à coups de pieds par la milice, alors que tu fais rien du tout de mal, merde. T'es pas à détruire, à vendre, tu fais des trucs légaux, ou presque. Dormir, puis te faire réveiller par des rires de gamine. Revenir à la vie quand une gamine t'offres un jus de mangue, te demandes une chanson. Tu fronces des sourcils, sans doutes encore un peu défoncé, cherchant ta guitare. Elle est juste là. Tu ne comprend plus. T'es passé chez-toi où elle était là, la veille. Tu t'étires, elle t'offres une cigarette. Et vous fumer, doucement, en parlant de la vie, en oubliant tes maux de coeurs avec les siens.
Tu reviens doucement à la vie grâce à elle, reprend des forces et accepte de te mettre à jouer et à chanter doucement. Bientôt, y'a d'autres adolescentes qui se regroupent. Bientôt, tu renaît, tu joues les yeux fermées, chantes du bout d'un sourire, joue sans regarder les cordes, sans fautes. Une petite transe qui plaît bien à ton public, moins à tout ceux qui n'ont pas l'âme artiste et qui dégueule de voir leurs jeunes filles baver sur le gitan, gigolo de surcroît, qui ne fait pourtant que chanter et jouer, loin de l'idée de poser ses mains sur des gamines, même contre le moindre bénéfice. Rien que pour le plaisir de leurs yeux et leurs oreilles. Et y'a ton terminal que tu sens dans ta poche. Oh, tu l'as ? Apparemment. Tu t'en fous, tu continues, rien d'important, rien de mieux, rien que presse, tu finis ta chanson.
Les dernières notes s'envolent de ta guitare et ça applaudit autour. Tu gardes les yeux fermés, tu souris, puis tu fronces tes sourcils quand la voix familière s'élève. Pas besoin d'ouvrir les yeux pour la reconnaître, à moins qu'elle ne soit dans ta tête. Ou Charlie le cruel qui aurait pris sa voix. Tu ouvres les yeux, clignes sous le faux soleil, le temps que tes yeux s'habituent et qu'à contre-jour se dessine son corps de guerrière. Et ton coeur se tord un petit peu, tes joues qui se mordent doucement de rouge quand tu réponds :
« Y'a rien d'important qui m'attend. » Et c'est pas méchant, c'est juste vrai. T'es pas capitaine, ou un truc du genre. Pas médecin. Tu sers des verres, tu vends ton corps, t'es le plus remplaçable ici. N'importe qui pourrait faire ton job, si tu mourrais ou si on te tuais, si on t'échappais dans l'espace, te jetais comme un déchet. Les petites filles filent en voyant les orages qui s'échangent dans vos yeux. L'une d'elle venant plaquer un bisou contre ta joue avant de filer. « T'es venue m'inviter à votre mariage ? Maman sera contente. » Que tu grognes avec le ventre qui se tord trop d'un côté et de l'autre pour rester assied. Tu abandonnes la guitare, décidant de grimper à l'arbre le plus près, sans avertir, te posant sur une branche, les jambes dans le vide, le ventre en système dysfonctionnel. Faudrait peut-être que t'ailles voir les médecins, tu savais pas trop, c'était quoi ses maux dégueulasses que t'avais depuis hier. Qui allaient, puis revenaient, mais t'en avais déjà marre.
Sujet: (#) Re: bones made to love // kairian Lun 30 Avr - 22:59
Quel mariage ? Elle te prend vraiment pour un con. C'est pas parce que t'es con, que t'es con, hein, quoi. Tu veux pas l'écouter te mentir alors t'abandonnes mademoiselle la guitare pour te réfugier dans l'arbre. Ça boudes mieux d'en haut, loin d'elle, de ses bras, de ses lèvres. Tu ne la regardes plus, retrouve ton ami l'arbre que tu connais déjà bien. Cherche ta branche préférée, celle forte, qui ne cassera jamais, jamais. Surtout quand elle met le doigt dans la plaie et appuie dessus et te disant ''HEIN, T'AS MAL LÀ, LÀ, LÀ ? C'EST CON QUE T'AI MAL LÀ !'' Alors ta mine se renfrogne encore. C'est pas que la nuit, c'est l'abandon, c'est de réaliser que c'est ce qui se produira, que t'es pas important, que t'es qu'un divertissement. Un jour, elle en trouvera un bon, un beau, un digne et bye bye Kai. À la rue, à la poubelle, hop, hop, faut de la place pour les vrais princes, parce qu'ici on aime pas les gitans. Et ça c'est en supposant que ce n'est pas déjà le cas, qu'elle n'a pas déjà trouvé mieux avec son autre là, au nom moche. Elle te fait les reproches à son tour, parce que toi, tu vends ton corps alors quoi, ça compte pas ? Tu ne comprend pas trop son calcul, t'es pas doué en math, mais t'es bon pour bouder, froncer les sourcils fort fort fort.
« J'suis pas riche, lâche-moi. » Que tu grognes quand elle vient tirer sur ta jambe qui pend, que tu l'enroules à la branche pour qu'elle n'y ait plus accès. Qu'elle ne t'ai pas avec ses doigts de sorcières qui feront tout pardonner. Tu veux être fâché, tu ne veux plus que ça se reproduise, tu veux faire comprendre qui gigolo ou pas, t'aimes pas qu'on se foute de toi et qu'on te laisse en plan comme une grosse banane. On te quittes pas comme ça, toi, t'es pas la Terre. Elle te demande si tu boudes et tu grognes encore, petit singe, te penches pour lui demander ce qu'elle en penses. Sauf qu'en t'en penchant t'as l'idée du siècle. Ce sera drôle. Tes jambes s'enroulent comme il faut à la branche alors que tu te laisses tomber, la tête en bas, suspendu à la branche, devant elle. Petit signe tendant ses longs bras pour attraper son visage à l'envers et venir embrasser doucement Rian. « Hihihi, c'est marrant. Mais, j'boude toujours. » Que tu décides finalement avant de repartir dans une branche plus haute, maintenant que t'avais expérimenté ton idée et que tu cherchais à redevenir grognon, jusqu'à ce qu'elle monte et te caresse et te demandes c'était quoi le problèmes. Ou sinon elle partirait fâchée et tu lui crierais qu'elle est un gros bébé et tu dormirais là où t'aimais pas dormir. À moins que tu rentres quand même, avec les beaux gros yeux en lui chantant une chanson de gitan. T'aurais pu lui dire, mais tu voulais qu'elle comprennes, qu'elle réalise.