Advienne que pourra.
Ana & Rosa

Le soir des élections.

T’as beau ne pas être pleinement convaincue par les résultats des élections, malgré ton vote en faveur de Priya, tu t’es rapidement laissée prendre au jeu. En vérité, tu as fini par balayer mentalement l’avenir de la Flotte pour te concentrer sur la soirée, voyant en cette dernière une simple sortie et un moyen de passer un bon moment. Si tu avais été hésitante avant d’aborder Riley, tu n’avais finalement pas regretté cette décision et la présence d’Elara par la suite n’avait fait qu’égayer un peu plus l’instant. Tu t’amuses, tu plaisantes, tu joues aux dépends du légionnaire et tu prends des nouvelles de la blonde, la joie de cette dernière s’avérant contagieuse. Tu profites également de leur présence pour réclamer d’eux qu’il te prenne en photo via ton terminal, afin que tu puisses par la suite envoyer un message à Theevi. Cette dernière pourra ainsi voir son œuvre en situation réelle et une voix intérieure te soufflait que cela lui ferait sûrement plaisir, aussi tu t’exécutes rapidement avant de te concentrer sur tes compagnons du moment. Tu bois, aussi. Rien qui n’égale tes pires erreurs de parcours en tant qu’alcoolique mais les xingji se sont enchaînées malgré tout, jusqu’au moment où tu pris la décision de laisser tes deux comparses entre eux, songeant à ta famille qui t’attendait toujours. Tu t’excuses auprès d’eux, dépose un baiser sur la joue d’Elara avant d’adresser un signe de tête plus neutre au légionnaire, ce qui ne t’empêchait pas de sourire malgré tout. T’avais oublié le ring, presque. En tous les cas, tu n’arrivais pas à blâmer le brun pour toute cette histoire, simplement heureuse de voir que vous aviez pu échanger ce soir là sans que ta jalousie ou ta rancœur ne prenne le dessus et sans que lui-même n’éprouve véritablement le besoin de te remettre à ta place.

Quoi qu’il en soit, tu avais donc délaissé le croisement pour prendre la direction de la plateforme, où tes parents, ainsi que ton frère, t’attendaient sûrement. Après un message à leur attention pour signaler ton arrivée imminente, et réclamer des indications quant à leur propre position, tu te retrouves à faire le trajet qui te séparait de l’endroit. Un court trajet, mais cela suffit à te faire un bien fou. Certes cela n’égalerait sûrement jamais la sensation d’un vent frais, mais la possibilité de t’éloigner de la foule et du brouhaha te convenait pour l’heure, le moment étant salvateur à tes yeux. Rapidement, tu dû dire adieu à cet instant de quiétude pour te plonger dans une ambiance à peine moins euphorique que celle au croisement, mais peu importait. Rapidement tu retrouves tes parents, que tu gratifies d’une tendre accolade, avant de capter la lueur ô combien satisfaite qui faisait étinceler leurs regards. C’est qu’ils étaient colons, ayant rejoint Lupine puis ayant été prêts à coloniser Qiang à l’époque de la prise de pouvoir du Triumvirat. Nul doute que le résultat des élections leur faisait plaisir, y compris pour ton père qui, bien que militaire depuis toujours, partageait ton opinion quant à l’inutilité absolue d’une guerre sur Terre. Alors tu leur souris, tu plaisantes avec eux. Puis ton visage se ferme, un peu, lorsqu’Aleksandr se montre, un verre de xingji visiblement récent en main. Tu sais que c’est le premier, et probablement le seul, de la soirée. Parce qu’il tenait trop à surveiller la soirée, prenant son rôle de légionnaire à moitié en service très à cœur. Beaucoup plus à cœur que toi en tous les cas et tu te félicites un bref instant d’avoir mis un terme à ta propre consommation en arrivant, afin que celui qui partageait ton sang ne puisse s’en offusquer intérieurement. Tu le salues d’ailleurs d’un simple signe de tête, forçant l’esquisse d’un sourire, avant de reprendre la conversation précédemment entamée avec tes géniteurs. Tu échangeras ainsi surtout avec eux, répondant à leurs questions, écoutant également celles qu’ils pouvaient poser à ton frère et prêtant attention aux réponses que ce dernier pouvait offrir.

Sylvia. Tu tiques, en entendant le prénom, relevant rapidement tes yeux en direction de ton frère, celui là même qui précisait désormais que la concernée allait très bien. Le problème, c’est que tu sais pas qui c’est, cette fille là. T’en as jamais entendu parler, ce qui n’est guère étonnant au vu des relations que tu entretenais depuis quelques années avec ton cadet. Mais soudainement, tu te rends compte du temps qui passe, un temps que vous passez loin l’un de l’autre, sans plus vous renseigner sur vos vies. Putain, si ça se trouve, cette gonzesse, il l’a épousé, qu’est ce que t’en sais hein ? T’essayes de guetter les mains de ton frère, discrètement, mais tu ne discernes rien et rapidement t’éprouves simplement une sensation de malaise qui, couplée à des regrets toujours plus forts, te donnent envie de t’éloigner. De laisser tomber. Une fois de plus. Parce que c’était jamais le bon moment, parce que t’arrivais pas à faire le premier pas. Tu te sentais difficilement coupable, et t’avais pas envie d’être la plus mature des deux. Alors, estimant avoir passé suffisamment de temps en compagnie de ta famille, tu t’excusais auprès d’eux, prétextant devoir retrouver Rosa. Ce fut dans un sourire qu’ils te demandèrent de passer le bonjour à la concernée et ce fut ainsi sur cette promesse que tu t’éloignas, quittant de nouveau les lieux pour te retrouver dehors, loin de la foule. Encore. Depuis le mur contre lequel tu t’es adossé, tu daignes envoyer un message à ton amie, lui demandant où elle était, si elle était disponible. Tu signales ta position, à l’extérieur, et tu attends qu’elle daigne te retrouver, lui assurant qu’elle avait tout son temps. T’es pas pressée Ana, et tu profites de ce temps qui t’es offert pour fermer les yeux et inspirer longuement, dans une vaine tentative de faire le vide dans ton esprit. Jugulant également ton envie de te jeter sur un nouveau verre pour avoir l’impression de régler tes problèmes, ce fut finalement des bruits vers toi qui t’incitent à rouvrir les yeux pour les poser en direction de la douanière qui approchait. Tu l’accueilles dans un sourire, jetant un coup d’œil à sa tenue pour remarquer qu’elle n’avait pas décidé de sortir une quelconque robe, contrairement à toi qui avait sorti plus ou moins le grand jeu. « Petite joueuse. Que tu plaisantes, taquine, avant de passer un bras derrière la nuque de la brune pour l'attirer vers toi, déposant un long baiser sur sa joue. C’est que tu l’avais pas vu de la journée. T’as le bonjour des Donovan. » Précises-tu alors, car tu savais que si tu ne transmettais pas le message de suite, tu oublierais.

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Difficile de contredire la douanière à l’évocation du cul de cette dernière. Bien que n’ayant jamais été intéressée de cette manière par son amie, la milicienne admettait volontiers que celle-ci puisse avoir des formes à mettre en valeur. Et si son simple uniforme pouvait lui permettre d’attirer les regards, alors elle avait bien de la chance. Faut dire que les uniformes des douaniers étaient particulièrement réussis, le rouge étant une couleur autrement plus appréciable à ses yeux que le bleu clair qui ornait ses propres vêtements de service. Toutefois pas le temps de railler plus longtemps la brune quant à la prévisibilité de sa tenue que déjà Anastasia déposait un baiser sur sa joue, se reculant par la suite pour mieux voir la pinte de xingji qu’on lui tendait. Si un sourire naît rapidement sur le visage de la jeune femme, celle-ci se contenta dans un premier temps de secouer la main dans un signe négatif. « J’essaye d’arrêter. Lâche-t-elle alors, dans un haussement d’épaules. Puis il y a le silence, d’une poignée de secondes à peine. Oh et puis flûte. » Abdique-t-elle rapidement, bien qu’il soit aisé de deviner que son refus précédent n’avait été qu’une vaste blague, avant de s’emparer du verre qu’on lui tendait, remerciant du bout des lèvres son amie. Intérieurement, ça tique un peu, comme à chaque fois qu’elle prenait conscience du fait que son penchant pour l’alcool n’avait définitivement plus rien d’un secret, pour quiconque. Mais l’ivresse, et l’habitude, suffisent à balayer ces pensées pour les remplacer par l’envie de savourer une gorgée de cette bière gracieusement offerte. Qui plus est, elle n’avait pas à se cacher devant Rosa, ce qui la changeait agréablement de l’attitude qu’elle avait dû adopter avec son frère il y a de cela quelques minutes. Lâchant de ce fait un soupir d’aise, ce fut son interlocutrice qui la ramena à la réalité en quelques paroles.

Relevant les yeux vers la douanière, An fronça légèrement les sourcils en l’entendant évoquer Ethan. Celui là même qui venait de lui fausser compagnie, visiblement sans prendre la peine de se justifier ou de s’excuser au vu du semblant de reproche qui teintait la voix de sa camarade. Celle-ci expliqua alors à quel point le pilote était difficile à vivre en ce moment, un détail que la milicienne n’aura pas véritablement remarqué. Encore que. Elle se souvenait de ses inquiétudes, passagères, en entendant le blond réclamer un peu de paix, de calme, au sein de son vaisseau. Cela ne ressemblait guère au personnage mais elle n’avait pas insisté, se disant qu’il se confierait volontiers s’il en éprouvait le besoin ou l’envie. Les propos de la brune tendent toutefois à lui démontrer qu’elle aurait peut être dû lui tirer les vers du nez, par acquis de conscience peut être. « J’suis surprise qu’il renonce à la possibilité de faire la fête. Surtout ce soir. Après tout, Priya venait d’être élue. Indéniablement, cela rendrait beaucoup moins pénible et dangereux le trafic auquel s’adonnait le pirate. Cela serait également moins dangereux pour Rosa. Cela ne résolvait pas tous les problèmes, cependant Anastasia aurait cru que le pilote se verrait soulagé. Elle-même l’était en vérité, satisfaite de ne plus avoir à passer outre les règles en ce qui concernait ses amis. Elle n’aurait plus, en théorie, à les expédier sur le Lady Grace et cela lui convenait totalement. Tu vas bien toi ? » Demande-t-elle alors, plus sérieuse, à sa compagne. Et ça se sent, au timbre de sa voix, à sa façon de la regarder, que la question était sérieuse. C’était l’interrogation d’une amie, celle là même qui voudrait bien qu’on ne lui mente pas, à défaut de lui dire toute la vérité. C’est que la brune était une des personnes les plus importantes à ses yeux, aussi la jeune femme prêtait une attention toute particulière à ce qu’elle pouvait éprouver.

Ce fut finalement un léger rire qui accueillit la remarque de la douanière quant aux résultats et surtout quant à la patience d’Ana ce soir là. Ce fut dans un sourire complice que la concernée agita, dans un premier temps, son verre afin de démontrer quel était l’intérêt véritable de cette fête à ses yeux. Il n’y avait toutefois pas que ça et ce fut ainsi de nouveau  à moitié sérieuse qu’elle précisa, sourire aux lèvres. « J’voulais surtout profiter de la soirée et puis… Finalement j’suis tombée sur Riley. J’ai passé un peu de temps avec, c’était plutôt sympa en fait. Puis Elara est arrivée et… Fin bref, disons que j’crache pas sur une bonne compagnie, même dans un contexte politique. Haussement d’épaules, qui démontre qu’elle n’accordait en effet qu’une importance relative aux résultats en eux même. J’ai pas voté Zafy, tu sauras. Précise-t-elle dans un sourire complice. Si le jeune homme avait eu sa préférence pendant un long moment, cela n’avait définitivement plus été le cas suite à ses propos discréditant les militaires. Cela pouvait sembler évident, encore que, mais les deux amies n’avaient guère reparlé de tout cela ces derniers temps, comme si le fait d’avoir à voter sous peu rendait la situation trop sérieuse pour être véritablement évoquée. Je m’en serais voulu de te faire perdre ton travail. » Ironise-t-elle dans un nouveau sourire en songeant au programme du colonialiste. Du plat de la main, la milicienne lissera alors sa robe à hauteur des cuisses, avant de savourer une nouvelle gorgée de bière, jetant des coups d’œil autour d’elles pour s’assurer que cette fois ci personne ne risquerait de renverser malencontreusement sa bière sur sa tenue ô combien récente et surtout ô combien chère.

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Elle dit rien Ana, quand la conversation concernant Ethan se poursuit. Elle est surprise, sans trop l’être, les propos de la brune traçant aisément leur route jusqu’au cerveau de la milicienne. Il est vrai qu’elle se serait attendue à ce que le pirate soit plus enthousiaste, tant à l’idée de profiter d’une soirée arrosée que parce que les résultats de l’élection arrangeaient grandement ses affaires. Pourtant, comme le disait si bien Rosa, le concerné n’avait probablement même pas voté, ne se donnant pas la peine d’influencer son avenir d’une façon plus favorable qu’une autre. Elle en soupire Ana, seule répartie dont elle daignera faire preuve, avant de savourer une nouvelle gorgée de bière. Quelle ironie, de constater à quel point les deux femmes semblent finalement plus inquiètes pour le pilote qu’il ne l’était lui-même. Plus raisonnables, plus prudentes peut-être encore que l’homme dont elles parlaient était loin d’être un abruti fini. Songeant à ce qu’elle avait éprouvé en l’expédiant sur le Lady Grace, puis aux réactions du pirate lorsqu’il en était sorti, la jeune femme ne peut s’empêcher de se dire qu’Ethan était décidément plus complexe que ce que l’on pourrait croire au premier abord. Un gosse immature les trois quarts du temps, mais sûrement plus réaliste et pragmatique que bon nombre d’individus sur la Flotte, et probablement qu’il était capable de rebondir avec beaucoup plus de facilité qu’elles. Anastasia estimera toutefois qu’analyser la personnalité du blond n’était décidément pas le meilleur sujet à aborder ce soir, d’autant plus qu’elles ne pouvaient définitivement rien faire pour y remédier. C’était un grand garçon, aussi ne se sentait-elle pas de lui faire la morale d’une quelconque façon. C’est pour cela que la milicienne préfère interroger son amie, levant les yeux en direction de cette dernière avant de lui demander comment elle allait. L’interrogation est sérieuse, teintée d’une pointe d’inquiétude, sincère. Elle se souciait de Rosa, infiniment, aussi la question n’était-elle pas là uniquement pour paraître polie.

Mieux. Hochant la tête afin d’approuver, Anastasia avait pris l’habitude de ne pas poser trop de questions quand cela concernait la douanière, par précaution, se contentant de demeurer attentive à toute information que l’on pourrait lui offrir toutefois. C’est pour cela qu’elle ne dit rien, mais continue de la fixer avec attention lorsqu’elle lui apporte quelques précisions. Visiblement elle avait réglé ses problèmes avec Khan bien que l’évocation de ce dernier donnait déjà envie à la milicienne de s’attarder sur le sujet. Il faut dire qu’elle avait grincé des dents en apprenant l’histoire, se souvenant au passage des attentes du vice capitaine à son égard, et l’homme avait définitivement perdue sa sympathie, celle-ci se voyant totalement remplacée par une méfiance exacerbée. Comme d’ordinaire toutefois, elle s’était refusée à intervenir à moins d’en recevoir la demande explicite, ce qui ne la rendait pas moins curieuse de savoir comment cela avait pu se régler. La jeune femme n’aura toutefois pas l’occasion de demander que déjà Ethan était de nouveau évoqué, celui là même que Rosa a visiblement tenté de brider, en attendant les résultats des élections. La milicienne ne relève pas toutefois, malgré sa curiosité et son envie de savoir à quel point la douanière voulait revoir sa stratégie en matière de trafic. Une fois de plus, moins elle en savait, et mieux c’était pour tout le monde aussi se contente-t-elle d’hocher la tête, avant de ricaner plus franchement en entendant son interlocutrice évoquer les hommes, auprès de qui elle perdait la main. « Tous des pourris t’façon non ? » Qu’elle ironise en retour, estimant depuis longtemps que les hommes ne trouvaient jamais vraiment grâce aux yeux de Rosa. Un sujet qu’elles abordaient toutefois rarement ainsi, toutes deux conscientes de leurs difficultés relationnelles. Ce fut donc sans s’offusquer ou tenter de poursuivre cette conversation qu’Anastasia se laissa entraîner sur un autre terrain : à savoir sa propre soirée.

Evoquant de ce fait Marcus et Elara, ce fut dans un sourire qu’elle constata les sentiments positifs que ces simples prénoms pouvaient faire naître chez la douanière. Elles n’avaient jamais véritablement évoqué les liens qui pouvaient les unir au légionnaire, sûrement parce que la milicienne n’était pas la plus réceptive lorsqu’il était question de la branche militaire qu’elle convoitait depuis si longtemps. Cette soirée lui avait toutefois fait comprendre que certains légionnaires valaient peut être la peine qu’on s’intéresse à eux, plutôt que de les mépriser par principe. Gardant pour elle ses réflexions, Anastasia préfère enchaîner en parlant des élections, rassurant sa camarade quant à son vote. Visiblement personne ne semblait envisager la possibilité qu’un militaire ait pu voter Zafy après les discours tenus par ce dernier. A cause de ses propres ressentis, Anastasia en était moins sûre mais elle s’abstient d’en parler, se contentant de renchérir, prétextant ne pas avoir voulu priver son interlocutrice de son travail, qui lui tenait à cœur. Elle sait pas Ana, si son interlocutrice aurait été si terrible en milicienne. Après tout, elle-même n’avait pas voulu du poste mais… Etait-elle si mauvaise aujourd’hui ? Elle n’en avait pas l’impression. Se gardant toutefois de partir dans une longue conversation philosophique à ce sujet, la milicienne préfère sourire plus franchement à l’évocation des poulets, ceux là même qui feraient une compagnie plus appréciable aux yeux de la douanière. « Ils sont ptet morts. Moi c’est ce que j’aurais fait, j’crache pas sur de la vraie viande. Plaisante-t-elle, une lueur provocatrice au fond des yeux. En vérité, n’ayant elle-même pas eu à cotoyer les volatiles plus que nécessaire, leur sort lui importait peu. Cela aurait sûrement été différent si elle avait dû s’attacher à l’une d’elles. Tu t’es renseignée ? Demande-t-elle alors, un peu plus sérieusement. Attendant une explication à ce sujet, le cerveau progressivement ivre d’Ana se focalise alors de nouveau sur les élections, suite à des exclamations un peu plus bruyantes provenant d’elle ne savait où. C’est pour ça que la question lui échappe, spontanément. Impossible à retenir. T’as hâte ? Pour Qiang j’veux dire. Silence, avant de songer à l’étape qui était censée suivre : à savoir la planète bleue. Et pour la Terre ? » Cette interrogation ci est naturellement formulée d’une voix plus douce, comme par pudeur. Parce qu’elle sait, ce que la Terre représente potentiellement pour Rosa. Elle sait bien.

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Taquine, ce dont l’éclat malicieux au fond de ses prunelles pouvait largement témoigner, la milicienne s’autorise un sourire amusé en évoquant les précieux poulets de Rosa, ceux là même dont elle a tant entendu parler et qui l’ont tant fait rire. Elle aurait aimé voir ça, à dire vrai, ne serait-ce que pour assister à quelque chose qui sortait de l’ordinaire. Qui plus est, elle a toujours été plus ou moins fascinée par ces animaux dont elle ne conservait aucun souvenir ou presque. Curieuse de nature, elle avait donc parfaitement compris l’enthousiasme de son amie, de même que la crainte qui avait pu la saisir à l’idée d’avoir été contaminée par lesdits poulets. Heureusement tout s’était bien fini, y compris pour les volailles au vu de ce qu’en disait Rosa aujourd’hui, à savoir que les poules étaient toutes pondeuses et avaient donc pu trouver leur place au sein de l’Hélios. Tant qu’elles demeureraient utiles. Le sourire s’élargit alors mais la milicienne ne trouve pas l’audace de finir la phrase de sa camarade à sa place, toutes deux savaient pertinemment ce qu’il risquait d’arriver alors. Tout du moins, Ana était convaincue que les animaux ne finiraient pas des jours paisibles : autant qu’ils servent jusqu’au bout. Ce qui était tant mieux, d’après son propre estomac. L’évocation des volatiles lui fait toutefois presque aussitôt penser à leur prochaine destination, à savoir Qiang. Elle est excitée Ana, du moins le croit-elle, encore incapable de réaliser pleinement ce que ces élections signifiaient pour l’avenir de la Flotte. Mais ce soir, l’enthousiasme de ses parents avait été contagieux et elle se surprendrait presque à avoir hâte de débarquer, bien qu’une petite voix relativement réaliste lui soufflait dans son esprit qu’il fallait voir à ne pas trop se faire d’idées. La déception serait trop grand si la planète avait le malheur de ne pas concorder à ses attentes. Ce fut ainsi en se promettant intérieurement d’aller voir les fameuses installations sur l’Hélios quant à l’apparence de Qiang, qu’Anastasia continua de parler, ses pensées s’enchaînant dans un ordre logique. Après Qiang, ce serait la Terre, visiblement. Et si la milicienne se moquait royalement de cette planète, elle savait que celle-ci revêtait une importance toute particulière pour Rosa.

Indéniablement, la jeune femme aurait dû s’abstenir de mentionner la planète bleue, qui plus est alors qu’elle était encore plus ou moins perdue au milieu des festivités. Mais la conversation était venue, naturellement, sur le tapis. Qui plus est, la milicienne se raccrochait au fait que les tabous étaient quasiment inexistants entre elles, tant et si bien qu’elle estimait pouvoir aborder n’importe quel sujet avec la douanière, ou presque. Quitte à se heurter, comme en cet instant précis, à un refus complet pour poursuivre la discussion. J’ai pas vraiment envie d’en parler. Alors Ana ne peut qu’hocher doucement la tête, en signe de compréhension, pour toute réponse. Déjà son cerveau cherchait un moyen de changer de sujet de conversation, une façon de rebondir pour ne pas rester sur ce lamentable échec. Mais l’alcool n’aide pas, le bref sentiment de culpabilité qu’elle éprouvait à l’idée d’avoir blessé involontairement son amie non plus. Un sentiment renforcé par les excuses prononcées par Rosa. La répartie n’attend pas. « Arrête… » Un souffle, alors qu’elle inclinait légèrement la tête sur le côté, l’air de dire : déconne pas. Pas de ça entre nous. La réaction de la douanière était on ne peut plus légitime et la milicienne était elle-même bien placée pour savoir qu’il existait chez chacun des sujets sensibles qu’il n’était pas toujours simple d’aborder. Tout était une question d’humeur, de contexte, d’interlocuteur. Visiblement le cocktail n’était pas le bon ce soir. Tant pis, ce n’était pas important, aussi la brune n’avait pas à s’excuser d’être mal à l’aise avec l’idée de parler de la Terre ce soir là. Ce fut en tout cas pour toutes ces raisons qu’Anastasia fut incapable de se ressaisir rapidement, laissant un blanc s’installer, rompu uniquement par le bruit qu’elle faisait en finissant son verre de xingji tout en cherchant éternellement un moyen de parler d’autre chose. Ce fut finalement Rosa qui reprendra la parole, après avoir fini son propre verre pour enchaîner sur une série de tics témoignant de sa gêne, en expliquant qu’elle devait y aller. Les excuses sont sûrement réelles, pourtant la jeune femme ne doutait pas du fait que le programme de la brune n’avait rien d’urgent en soi et que le départ de cette dernière avait été précipité par ses propos maladroits. La jeune femme ne trouve rien à y redire toutefois et se contente de ce fait d’hocher la tête une nouvelle fois. Sûr, approuve-t-elle simplement, comprenant que trop bien le besoin de sommeil de sa camarade. Rendant d’ailleurs son baiser à celle-ci, elle en profita pour glisser à son attention : Embrasse cet idiot pour moi va. » Avant de laisser Rosa s’éloigner, ne pouvant s’empêcher de la suivre des yeux dans un soupir jusqu’à ce qu’elle disparaisse entièrement de son champ de vision. Anastasia aura finalement eu du mal à gérer sa propre solitude et, plutôt que de chercher à retrouver de nouvelles personnes, elle préférera rentrer chez elle en se félicitant pour sa consommation relativement raisonnable de la soirée.

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