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  Old sadness {Ambroise}
MessageSujet: (#) Old sadness {Ambroise}    Old sadness {Ambroise} 3ViG0Cu Mar 3 Avr - 18:47
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La date est symbolique. Le relent d’une histoire. De son histoire. Voilà bien des années que River n’a plus de famille. Sa mère morte dans un accident de vaisseau, son père, mort d’un cancer, maladie qui l’a frappé presque soudainement, alors que personne ne songeait que cet être si robuste pouvait un jour mourir d’une telle cause. Elle ne se considère pas réellement orpheline, ou délaissé, River, elle est simplement forcée de constater qu’aujourd’hui, il n’y a plus personne. Que cet amas de controverses et de jugements qu’était sa famille n’est aujourd’hui plus qu’un vague souvenir. La date est symbolique, parce qu’il scelle à jamais la fin d’un destin. Les Frye qui ont embarqués sur la flotte n’étaient que peu nombreux, tous aujourd’hui, décédés. Aucun cousin, aucun oncle, aucune tante daignant se joindre à cette cause perdue. Ceux qui, peut être, font perdurer le nom synonyme de grandeur, sont encore sur terre, quelque part. Pour peu qu’ils aient été épargnés.
Le soupir exprime sans mal la lassitude, alors que River, pieds nus, talons abandonnés au hasard de sa cabine, chemine au travers des meubles luxueux et de l’espace vaste qu’elle possède, personnellement. Le luxe d’avoir hérité d’une place de choix. L’opulence des dirigeants, bien loin de la modeste maison dans laquelle elle a pu grandir, là-bas, sur cette terre si lointaine.

Une gorgée de whisky qui réchauffe la gorge, dans une agréable grimace légère. Elle s’avance jusqu’à son large dressing pour retirer sa robe tailleur, posant son verre au hasard d’une étagère. Elle se défait de sa carapace de capitaine à la poigne de fer, pour n’être plus qu’une femme, que les sentiments atteignent, parfois. La nuit pointe le bout de son nez, déjà, d’après l’heure dont elle dispose et la fin de la journée, salutaire. Malgré les suggestions d’Ambroise, elle a toujours tenu à travailler, même ce jour là, son jour de deuil. Le besoin de garder son esprit occupé pour ne pas se laisser gagner par une forme de névrose. Le besoin de penser à autre chose, de s’échapper loin de la tragédie de sa vie familiale. Tragédie que beaucoup doivent partager, mais qui atteint chacun d’une façon bien différente.
Se débarrassant de son soutien-gorge, elle revêt sa nuisette courte, d’un rose poudré, assorti à la robe de chambre satinée qu’elle enfile par dessus, en nouant la ceinture. Reprenant son verre, c’est une nouvelle gorgée qui réchauffe sa gorge. Elle sait ce en quoi consiste la suite de son programme. Aussi, elle gagne son large canapé clair pour venir s’y asseoir, croisant les jambes, en repliant une contre elle. Se penchant pour ouvrir le petit meuble jouxtant sa position, elle en récupère une vieille boite en métal, encore fait de papier et de plastique, à défaut d’avoir numérisé. Parce que certains souvenirs ont besoin de leur dose d’authenticité. Se penchant pour ouvrir le petit meuble jouxtant sa position, elle en récupère une vieille boite en métal, encore fait de papier et de plastique, à défaut d’avoir numérisé. Ouvrant soigneusement la boite, elle se saisi des premières photos, observant les traits des visages, les légendaires chevelures rousses. Un léger sourire étire ses lèvres alors qu’elle sent la peine gagner toute l’humanité qu’elle aime tant masquer. Elle se saisit de son verre et s’envoie une autre gorgée, plus longue. L’alcool lui monte déjà à la tête, parce que la journée a été longue, la fatigue et palpable.

Pourtant, le bruit de la porte lui fait lever les yeux de sa transe contemplative. Nul besoin de frapper, parce que lui peut entrer ainsi, sans une once de pudeur. Elle n’a même pas besoin de tourner la tête pour savoir qu’il est là. Posant la boite à côté d’elle, elle se redresse alors, et suit du regard l’arrivée d’Ambroise. Son mari. Et la personne qui en cet instant, lui paraît d’autant plus indispensable qu’au quotidien. « Tu es en retard » Dit-elle en esquissant un léger sourire en coin avant de s’approcher. Entre les mains de l’homme, dans un plat finement ouvragé, se trouve le précieux dessert. Celui auquel elle n’a le droit que très rarement, mais qui toujours, comble ses fantasmes. Parce que malgré la distance et le mariage étiolé, Ambroise la connaît par cœur. La complicité reste, là où la passion s’est depuis longtemps effacé. Pourtant River ne demande pas, jamais. Ne réclame pas non plus. Elle n’est pas femme à exiger quoi que ce soit, pourtant, malgré les années, Ambroise a toujours répondu présent, sans rien demander en retour. « Je suis heureuse de te voir » Dit-elle en s’approchant, tandis qu’il pose le plat sur le petit meuble juste à côté du canapé. Les bras de la capitaine s’enroulent autour de son mari et elle le sert plus fortement que d’ordinaire, malgré son verre encore à la main. Sa tête se cale contre son torse et elle reste là un instant. « Tu n’oublies jamais » Non, il n’oublie jamais, même lorsqu’elle pourrait douter, ou ne pas s’attendre à un geste, il est présent. Depuis toujours. Pour toujours, certainement.

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