Run against fire.
Ana & Ethan

T’as toujours affirmé haut et fort que t’aimais l’agitation. Au fond, t’aimais quand la personne que tu devais attraper te résistait, quand tu pouvais jouer des menaces ou des poings pour te faire entendre. T’aimais quand il se passait quelque chose, simplement pour faire autre chose que de tourner en rond au sein du Colossus. Pourtant, ce qui était en train de se dérouler sous tes yeux, tu t’en serais volontiers passée. De nombreuses équipes de miliciens ont été appelées via le terminal à vos avants bras, afin de signaler une explosion que tu avais toi-même perçu simplement à l’aide de tes sens, signe que tu étais proche. Il ne fallut pas attendre longtemps pour rassembler tes hommes et vous rendre sur place le plus vite possible. Vous n’étiez pas médecins, ou secouristes et vous n’étiez pas non plus équipés pour éteindre les incendies qui se manifestaient désormais, conséquence directe des explosions qui ont retenti. Pourtant vous vous êtes élancés, sans réfléchir, afin de venir en aide aux blessés et aux personnes coincées entre des débris et des flammes. Toi la première, après quelques instructions lancée aux personnes autour de toi. Certains des miliciens s’assurent de ce fait qu’aucune personne trop curieuse n’aurait envie de s’approcher, délimitant un espace de sécurité qui, tu l’espérais, serait suffisant pour éviter des accidents supplémentaires. Puis vous vous êtes répartis le travail, aucun milicien ne demeurant seul tandis que vous cherchiez à aider les blessés que vous trouviez, tentant d’apaiser les hurlements de terreur ou de souffrance alors que d’autres donnaient des indications précises aux victimes qui étaient capable de se débrouiller seule, donnant la direction des navettes et vaisseaux amarrés non loin. Et tu t’arrêtes pas Ana, intérieurement horrifiée par ce qu’il se passait sur le Colossus dont tu estimais en quelque sorte avoir la garde, alors tu veux faire au mieux, conservant ton sang-froid malgré tout car tu sais que c’est la clé du succès en cet instant précis. Une première personne, un large morceau de métal planté dans la jambe, que tu soutiens avec l’aide d’un collègue avant de l’amener vers la première navette à ta portée. Celle-ci est rapidement remplie, ce qui te fait un peu plus prendre conscience des dégâts.

Désormais, les victimes ne sont plus vraiment visibles et c’est en te servant de ta formidable connaissance des lieux que tu parviens à te faufiler au cœur de l’action, esquivant péniblement des flammes, ramenant ton bras contre ta bouche et ton nez pour tenter de minimiser les dommages de la fumée sur ton organisme. Accompagnée d’un autre milicien, vous tombez finalement sur un nouveau blessé, que vous supporterez à deux afin de le faire sortir le plus vite possible. Et c’est à ce moment précis que t’entendras une voix, quelqu’un qui t’interpelle mais l’ambiance chaotique t’empêches de vraiment reconnaître la personne. Malgré tout tu suis les indications qu’on t’offre et rapidement tu te retrouves face à Ethan. Evidemment. La voix rendue rauque par la fumée, tu craches tes ordres sans retenue : « Aide le. Et sans plus attendre tu confies ta victime à Ethan, ce dernier la soutenant de ce fait avec l’aide de ton collègue. Tu lui laisses pas vraiment le choix et comme tu l’imagines déjà te faire un sermon, tu te mets à brailler de nouveau. C’était pas une question ! » Dans d’autres circonstances, l’autorité dont tu faisais preuve aurait pu paraître glaciale, de façon à faire comprendre que tu ne tolérerais pas qu’on te contredise. Il est toutefois difficile de te prendre vraiment au sérieux cette fois ci, tes yeux plissés incapables d’être véritablement assassins et ta voix rendue rauque par la fumée laissant filer une quinte de toux douloureuse alors que tu faisais déjà demi-tour. Tu sais que t’en es capable, tout du moins t’en es persuadée et il y a cette voix qui pulse au fond de ton crâne, faisant preuve d’une autorité féroce et d’une détermination tout aussi farouche : encore une. Juste une. Une personne. C’est ce que tu te gueules mentalement depuis tout à l’heure, à chaque fois que tu réussis à ramener quelqu’un en vie au vaisseau : une de plus. Parce que tu peux faire la différence, parce que tu peux être utile, servir, être vitale. Parce que le bilan des blessés et des morts à la fin de la journée, il dépend de toi en cet instant précis. Tu peux faire la différence. Et ça signifie tout à tes yeux. Absolument tout.

Les yeux plissés, tu finis par capter une silhouette sur le sol et t’élance rapidement vers elle pour finir par t’agenouiller à ses côtés. Rapidement, tu comprends que l’homme au sol est inconscient et tu en arrives à pester intérieurement. D’un geste vif, tu tentes de remonter au maximum ta tenue contre ton visage tandis que tu te retrouves contrainte de te servir de tes deux mains pour gérer la victime du moment. Après t’être assurée en un coup d’œil que tu ne risquais pas d’aggraver de quelconques blessures, tu finis par glisser tes bras sous les aisselles de l’homme, ramenant tes poings serrés contre toi ensuite et maintenant ta prise comme tu le pouvais. Et tu le traînes, le bougre, jetant sans arrêt des coups d’œil derrière toi pour éviter les obstacles, pour pas te blesser ou pire, mourir, pour des conneries. Et tu tousses un peu plus. Et tu pleures tant tes yeux te brûlent désormais. Il fait chaud aussi, et c’est pas dû qu’à l’adrénaline, la sueur perlant le long de ton front et de ton cou. Ta respiration est incroyablement difficile et c’est sans t’en rendre compte que tu finis par haleter, cette sensation désagréable au fond des tripes hurlant que t’avais décidément pas assez d’oxygène, vraiment pas. Alors tu cherches, des mécanismes de ton organisme se mettant naturellement en place afin d’assurer ta survie. Encore une. Encore une, tout en restant toi-même en vie. Ce serait pas mal désormais.

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Run against fire.
Ana & Ethan

Tu vois plus grand-chose, tu suffoques, mais t’abandonnes pas. Et au milieu de tout ce bordel, de ce chaos, t’arrives à entendre la voix du pirate. Une fois de plus. Tu t’y accroches, l’espoir se logeant dans ta poitrine te rappelant que tu étais sûrement dans une situation plus délicate que ce que tu voulais bien admettre. T’es soulagée, de le savoir là, bien plus que tu ne parviens à t’inquiéter en sachant qu’il prenait autant de risques. « Ethan ! » Ta voix vacille, rauque, incapable d’avoir autant de portée que d’ordinaire et t’as l’impression de t’époumoner dans le vide. Ça te fait peur dans le fond, mais tu jugules et refoules ce sentiment car tu sais qu’il signerait ta perte. Votre perte, peut être. Alors les yeux clos la moitié du temps, vaine tentative pour tenter d’apaiser la sensation de brûlure qui les consumait désormais, tu poursuis tes efforts, traînant toujours l’homme inconscient pour le tirer de là. Le sauver, comme t’avais tenu à sauver les autres, comme t’aimerais en sauver encore ensuite, même si tu comprends progressivement que t’en seras pas capable. Et enfin, enfin le blond se positionne à tes côtés et t’aimerais lui demander de t’aider, une fois de plus, sauf que t’arrives pas à prononcer le moindre mot. De toute manière il te devançait déjà. C’est fini pour lui. Quoi ? Comment ça ? Non. Tu pouvais encore agir, vous pouviez le faire, extraire ce type de là. Le vaisseau ne pouvait pas être si loin pas vrai ? En tout cas c’est ce que tu crois, ton cerveau fonctionnant à cent à l’heure bien que tu ne sois pas certaine d’être véritablement efficace pour autant. T’entends Ethan qui poursuit, alors que tu te refuses à abandonner l’homme à tes pieds, et qui explique que vous ne pourriez bientôt plus décoller. Une fois de plus t’as juste envie de lui hurler dessus, de gueuler pour qu’il t’aide plutôt que de brasser de l’air inutilement, ce même air qui commençait à te faire foutrement défaut au vu de ton souffle anarchique alors même que tu réalisais, dans le fond, peu d’efforts.

Il est mort Ana. Tu sais pas ce qui te fait le plus réagir. L’exclamation rendue haineuse par la panique et l’urgence de la situation, l’horreur liée au fait que tu ne te serais pas rendue compte du décès de la personne que tu trainais avec toi, ou l’utilisation de ton surnom qui te donne l’impression d’être une gosse à qui l’on apprenait la vie. Ana, putain. Arrête de déconner Ana. Qu’est ce que t’as foutu Ana ? Réagis, Ana. Réagis, parce que t’as pas le choix, parce que tu fais de la merde, parce que… T’as pas le temps de te poser plus de questions, ou d’être troublée par cette impression d’électrochoc qui t’a assaillie suite aux propos du pirate, que déjà la sensation de ses mains sur tes épaules provoque une autre réaction. Tu te laisses aller. Malgré toi. Comme si ton corps, en prenant conscience de ce soutien qu’on lui offrait, se refusait à forcer plus longtemps. Alors tu lâches l’homme, sans le vouloir et tu te rattrapes à Ethan, à moitié, inconsciemment rassurée par la prise que lui-même exerçait sur toi. Apaisante. Ton cœur bat à cent à l’heure, tu comprends que t’en as trop fait, que tu peux pas continuer. T’aimerais pourtant supplier celui qui te retenait contre lui de faire ce dernier effort pour l’homme à terre, de le sauver comme t’aurais aimé le faire. Il est mort. Oui… Peut être. D’accord, peut-être qu’elle est passée à côté de l’absence de respiration au beau milieu de cette fumée. Peut-être que la chaleur et les flammes ont rendu ces signes infimes et impalpables. Ok. Peut-être qu’il était mort, mais il méritait bien d’être ramené à ses proches non, si possible ? Plutôt que de finir carboniser. C’est sûrement moins important que de sauver quelqu’un encore en vie, mais ça aurait été bien et… Et rien. T’as pas la force de te battre, ni contre Ethan ni contre les pensées nocives et culpabilisantes qui t’assaillaient désormais.

De toute manière, le blond t’entraînait déjà à sa suite et t’es pas en état d’aller contre ses décisions. T’es même pas sûre d’en avoir envie, parce que malgré ton besoin de sauver le plus de monde possible, malgré ton envie de ramener ce corps que tu venais de délaisser, t’as surtout envie qu’il aille bien, lui. T’as pas envie qu’il paye le prix fort de ton obstination. Il est têtu ce con et si tu te dis qu’il se laisserait pas mourir pour toi, tu peux pas rester aveugle aux risques qu’il venait de prendre, considérables. Alors c’est avec ce sentiment de culpabilité absolue te bouffant les tripes que tu vacilles à sa suite, ton visage à moitié rabaissé contre ton cou et à moitié réfugié contre le corps du blond, à la recherche du moindre espace qui rendrait ta respiration plus facile. Ta vue se trouble, et t’es à bout de forces lorsque vous réussissez à vous extirper de là. Tu prends une profonde inspiration une fois que l’épaisse fumée noire laisse place à quelque chose de moins nocif, pourtant c’est difficile et t’as la sensation de ne pas récupérer assez d’oxygène. Ce fut ainsi encore une fois avec l’aide de ton compagnon que tu parviens à te hisser sur l’Albatross, te laissant tomber au sol sans plus de retenue une fois en sécurité au creux de l’alliage. Tu tousses alors de tout ton saoul, l’ensemble de tes muscles se détendant brutalement, l’adrénaline refluant en même temps que la sensation de danger. T’as la tête qui tourne et t’oses pas bouger d’où tu te trouves désormais, à genoux à l’intérieur de la carlingue. Tu t’agites toutefois pour faire des signes rapides vers l’avant du vaisseau, comme si tu faisais signe à Ethan de courir. « J’vais bien…. Je… Casse toi. » Casse toi. Va piloter. Sors les tous de là, car désormais tu percevais les pleurs et l’angoisse autour de toi. Un sentiment que tu avais dû renforcer en mettant autant de temps à revenir. Et tu te sens mal, car obnubilée par ceux qui avaient encore besoin de toi dans les flammes, t’en avais oublié ceux qui attendaient ici, plus ou moins blessés. Un de tes hommes s’approche alors de toi, s’assurant que tu allais bien. T’arrives pas à répondre sur le moment, te contentant d’hocher la tête, une seule fois tant ce simple geste suffisait à raviver nausées et sensations de malaise. Non, t’es pas bien. T’as envie de vomir, t’as la gorge qui te brûle, les yeux aussi, ceux là même que tu maintenais clos tandis que quelques larmes t’échappaient. Et tu respires pas comme tu veux, si bien que tu commences à trembler, avec cette sensation de manque qui se faisait ressentir et qui te ferait presque paniquer. Presque. Parce que tu sais que tu seras bientôt sur le Regina, que ça servait à rien d’avoir peur. Ethan t’avais sorti de là, il t’emmènerait auprès des secouristes et il faudrait sûrement pas grand-chose pour que tu t’en remettes. Tu peux pas t’empêcher, malgré tout, de questionner le milicien à tes côtés, d'un simple regard soucieux qu'il interprète correctement : à savoir une inquiétude vis à vis de ton équipe. Fort heureusement tout le monde allait bien. Et tu peux que soupirer de soulagement, de nouvelles larmes au coin des yeux, avant que tu ne te mettes à haleter de nouveau, regrattant cette expiration.

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Run against fire.
Ana & Ethan

T’es rassurée, au fond, de le voir s’engager dans la cabine de pilotage sans chercher à te contredire ou à s’assurer outre mesure que t’allais bien. Tu sais qu’Ethan ne se souciait pas des gens comme tu le faisais, et que sa rapidité d’action à ce moment donné n’était due qu’aux risques que vous couriez tous en cet instant précis, lui inclut. Sûrement que t’avais ton importance toi aussi, et t’y songes brièvement en suivant du regard la silhouette du blond qui disparaissait. Mais t’auras pas vraiment le temps de pousser la réflexion aussi loin que tu le voudrais, prise de nouvelles quintes de toux qui interrompent ton flot de pensées aussitôt. Les yeux embrumés de larmes, la gorge en feu, tu vois alors un de tes collègues te présenter un masque à oxygène et tu t’en empares dans un hochement de tête visant à exprimer ta gratitude. Ce ne sera que grâce à cet outil que tu auras enfin la sensation de respirer à nouveau. Les inspirations sont profondes et si ça te fait tourner la tête, tu ne t’en plains pas, trop rassurée par ce soulagement qui se distillait désormais en toi : t’allais t’en tirer. L’adrénaline reflue donc progressivement, en même temps que certains troubles liés à ton exposition prolongée à la fumée. T’es encore en sueur et ta peau donne l’impression d’être incroyablement chaude, si bien que tu t’inquiètes un instant de potentielles brûlures, plus ou moins sévères, que tu n’aurais pas senties dans le feu de l’action. Le silence des hommes et des femmes à côté de toi, couplé au fait que l’on ne se souciait plus vraiment de toi désormais, tend à te rassurer : ton état ne pouvait guère être grave si l’on te faisait passer après autrui. Alors tu préfères te concentrer sur ta respiration Ana, ton instinct de survie te soufflant cette fois ci de penser à toi, et uniquement à toi. De toute façon, le cœur tambourinant dans ta poitrine te suppliait déjà de ne pas prêter attention aux cris et aux larmes. Et encore moins au sentiment de culpabilité qui menaçait de poindre.

Fort heureusement il ne fallut guère longtemps pour atteindre le Regina Mercy et lorsque la soute s’ouvrit, tu t’écartais de toi-même afin de laisser les urgentistes s’occuper des blessés graves, refusant toute aide potentielle d’un signe de main ferme. T’attends d’avoir la place, et la paix, pour te relever et délaisser le masque à oxygène qu’on t’avait donné. Tu quittes l’Albatross, jetant un bref coup d’œil à la cabine mais comprenant rapidement qu’Ethan aurait mieux à faire, et tu passeras un long moment à attendre avant que l’on daigne s’occuper de toi. Si cela ne te dérange pas, ça te donne malgré toi l’opportunité de repenser aux événements récents. Et la culpabilité fait surface à nouveau, te faisant légèrement trembler, d’une rage péniblement contenue tandis que tu songes à ce que tu estimais être ta médiocrité. Dévorée par un échec vieux de dix ans, tu n’arrivais désormais plus à te satisfaire de tes propres capacités et compétences, désirant toujours te surpasser afin de satisfaire les autres. Montrer que t’étais meilleure, que le monde entier, que ce que l’on avait bien voulu te faire croire. Et en cet instant précis, tu n’aurais été satisfaite qu’en sauvant tout le monde, ce qui indéniablement n’aura pas été le cas au vu du cadavre que tu n’avais pas pu ramener auprès de ses proches. Tu le sais, au fond, que t’aurais rien pu faire de plus. Tu étais arrivée sur les lieux tellement vite, mais toute ta bonne volonté et tous tes efforts n’auraient pu ramener à la vie les gens soufflés et tués sous le coup des explosions. Tu le sais. Putain, tu le sais parfaitement. Mais tu te sens mal quand même. Insuffisante. Coupable de ne pas avoir su faire mieux, puis coupable d’éprouver de tels sentiments, superficiels, alors que des personnes venaient de perdre des proches ou attendaient de leurs nouvelles, angoissées au possible. Ce fut pour cela que la présence d’un médecin, un jeune stagiaire en vérité, fut accueillie dans un soupir soulagé. Tu étais prête à répondre à toutes ses questions, pour ne pas avoir à penser au reste.

Et tu plaisantes pas avec les soins Ana, plus depuis que t’étais gosse, marquée au fer rouge par les leçons de ton père à ce sujet. C’est donc avec sérieux que tu réponds aux questions, évaluant le degré d’irritation de ta gorge, ouvrant ensuite la bouche pour le laisser t’ausculter en réprimant une toux. Tu parles de ton mal de tête, de la sensation de nausée qui s’estompait, de ton équilibre fragile. Le masque à oxygène avait aidé et désormais il n’y avait finalement plus grand-chose à faire. Du temps, du repos, et tout irait bien. L'homme prendra tout de même en compte une brûlure au niveau de l’épaule et t’en prends conscience uniquement lorsqu’il se met à palper ta peau, ce qui t’arraches un sifflement rageur. T’en garderas une trace à l’avenir, pas bien grande toutefois et ce fut en promettant de bien appliquer la pommade qu’il utilisait en cet instant précis, et dont il te confia finalement le tube, que tu finis par relever les yeux vers la personne qui venait de s’immiscer dans votre espace privé. T’écoutes malgré tout les dernières recommandations du stagiaire mais ne peut retenir l’esquisse d’un sourire, de prime rassurée de savoir le pilote dans le coin, puis brièvement amusée par ses pitreries. Bien vite tu te remettras tout de même à penser au cadavre que tu avais dû abandonner aux flammes et le sourire disparaîtra. Remerciant l’homme dans un hochement de tête, tu le laissas s’éloigner avant de te focaliser une fois de plus sur le blond. « Dommage. On me dit souvent que j’suis un beau morceau pourtant. Que t’ironises vaguement, forçant un sourire avant que l’ambiance autour de toi ne te rattrape. Les pleurs, la douleur, l’angoisse aussi qui pulsait des pores de tellement de gens si bien que t’étais incapable d’y rester insensible plus longtemps. Aussi, la proposition d’Ethan pour te ramener fut une véritable bénédiction à tes yeux, comme pouvait en témoigner ton hochement de tête précipité. Ouais, on a plus rien à faire ici j’imagine. » Glissant le tube de crème dans la poche de ton pantalon, tu redresses ton brassard de milicienne afin que celui-ci couvre partiellement ton épaule, celle là même qui avait souffert et dont l’uniforme, partiellement brûlé, ne couvrait donc plus ta peau.

T’engageants à la suite du blond, tu le suis au milieu des couloirs rendus oppressants par le nombre incroyables de personnes, tant de blessés que de personnel médical, et ça suffit à te nouer la gorge une fois de plus, tout en te faisant inconsciemment presser le pas. Tes prunelles glacées remontent pour se planter sur la nuque du pirate, celle-ci servant de point d’ancrage pour ton cœur trop fragile perturbé par les émotions que tu éprouvais. Tu t’y accroches, désespérément, sans un mot. Puis, prise d’une impulsion soudaine provoquée par la simple vision prolongée de sa nuque, tu le rattrapes au détour d’un couloir et tes doigts se referment doucement sur son poignet pour le contraindre à s’arrêter. « Merci. Un silence, alors que tu plonges son regard dans le sien, ton pouce s’agitant le long de son bras en de furieuses caresses. Puis tu t’avances un peu plus et dépose un baiser dans son cou, presque sur l’épaule, avant de souffler contre lui. Et désolée. » Tant pour les risques qu’il avait pris, volontairement, que pour ceux que tu lui avais fait courir. Merci d’avoir été là, navrée de t’avoir fait peur. Merci de m’avoir écouté au début, puis de ne pas l’avoir fait à la fin. Tu savais que si c’était à refaire, tu agirais probablement de la même façon. Ça t’empêche pas de penser ce que tu disais, bien que tu ne sois pas sûre des raisons qui te font éprouver ce sentiment de gratitude. Lentement, tu recules ton visage, mais t’arrives pas à te résoudre à avancer à nouveau, ni même à lâcher son bras. T’es juste là, la mine soucieuse, les sourcils froncés, tes dents mordillant de temps à autre ta lèvre inférieure.

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