Messages : 643 Âge : 34 ans Occupation : Milicienne (sergent) au Colossus 5 Habitation : Colossus 5 Arrivée : Il y a 24 ans (2203)Pseudo : Drathir/Loreline Avatar : Riley Keough Crédits : avatar - Isleys ; code sign - Anesidora ; crackship - Elara ♥
Family brawl. Ana & Tiaan
Un coup d’œil dans le miroir de la salle de bain, seule petite pièce annexe au reste de la cabine, comme à chaque fois depuis presque quinze jours désormais. Du bout des doigts, la milicienne effleure les marques qui ornaient toujours son visage : des hématomes, plus ou moins sévères. Son œil droit, s’il n’est plus enflé, se voit entouré de tâches violacées qui virent parfois au rose pour certaines, plus estompées. La fracture au nez avait été correctement soignée, ce qui n’empêchait pas la milicienne de craindre le moindre coup à cet endroit désormais. Elle s’agace lorsqu’elle se met à saigner également, y voyant le signe qu’elle n’était pas encore entièrement guérie malgré tout et le moindre éternuement lui faisait un mal de chien. Elle faisait gaffe à elle depuis, ayant largement abandonné les entraînements trop virulents pour le moment. Le pire, ça avait été les commentaires des gens, leurs regards aussi. Elle s’était achetée du fond de teint, pour l’occasion, chose qu’elle ne faisait jamais d’ordinaire, juste pour camoufler l’ensemble de son visage les premiers jours, atténuant les marques afin de ne plus avoir à subir les remarques constantes. Non ça n’allait pas. Bien sûr que non. Qui ici aimait se faire refaire le portrait ? Personne. C’est juste qu’elle s’en était remise, comme tout le monde. Physiquement ça allait mieux, et même lorsqu’elle souffrait encore le martyr, elle voyait pas très bien en quoi lui poser des questions la ferait se sentir plus à l’aise. La curiosité de ses plus proches amis l’avait également rendue folle, pour la simple et bonne raison qu’elle ne voulait pas dire pourquoi elle avait fini dans cet état. Parce que ça ne regardait personne, parce que c’était pas de sa faute à elle. T’as encore cherché la merde ? C’est ce que certains avaient dit, arrachant un frisson de haine pure à la jeune femme. Elle avait été dégoûtée, de constater qu’on la voyait encore comme cette adolescence capricieuse, comme cette jeune diplômée folle de rage qui avait rien trouvé de mieux à faire que de se faire martyriser tous les jours. Elle était plus comme ça. Et son état actuel était du fait des erreurs et des faiblesses d’un autre, pas des siennes. Alors elle avait grondé, serré les poings, puis elle était partie pour ne pas en entendre plus.
Aujourd’hui encore, elle observe donc son reflet. Ce reflet qu’elle n’avait jamais aimé, le jugeant continuellement incomplet, faussé. Elle l’aime encore moins maintenant qu’elle se voit couverte de bleus. Alors elle soupire, utilise ce fond de teint une fois de plus. Ça permet de d’atténuer les couleurs violettes qui balafraient sa figure et si en la regardant de près l’on pouvait se douter de ce qui se cachait en dessous, on évitait au moins de la regarder comme une bête de foire. Et elle, ça lui empêchait de trop penser à ce qui l’avait momentanément défiguré. Elle ne voulait plus songer à la douleur éprouvée, et surtout elle ne voulait plus avoir à se remémorer la peur qui lui avait noué les entrailles. La peur qu’il ne s’arrête jamais. Et elle gronde Ana, lorsque son cerveau lui renvoie ces sentiments passés à la figure, contre sa volonté. Elle gronde parce qu’elle a jamais eu peur de Krishvin, pas de cette façon, mais que cela avait fini par arriver. Et elle se détestait pour ça, elle se détestait de le craindre, même un peu. Nouveau soupir, pour détendre ses muscles, pour arrêter de réfléchir. Soupir puis coup d’œil dans le miroir. Sauf que cette fois ci, les marques atténuées, la milicienne finit par relever les doigts pour effleurer son visage, qui ne lui faisait presque plus mal. Puis les mains glissent dans la nuque, attrapent des cheveux, qu’elle remonte pour faire mine de les attacher. Quelques mèches retombent et encadrent son visage, une vision fugace qui lui donne l’impression d’être jolie malgré tout. Elle fait la moue, réfléchit, puis prend la décision soudaine de s’acheter quelque chose. De réclamer une robe, pour remplacer l’unique qu’elle possédait depuis plus de dix ans. Une envie de quelque chose de nouveau, le désir puéril de se faire belle bien que l’occasion de porter les tenues qu’elle imaginait n’arriverait sûrement jamais. C’est qu’elle a pas l’habitude, de porter autre chose que son uniforme, ou que des vêtements confortables, aussi si certaines étaient à l’aise avec leurs jupes, elle-même ne se voyait pas porter ce genre de vêtements au quotidien. Ça l’empêche pas d’avoir envie de se sentir belle dedans.
Ce fut pour cela qu’elle s’habilla rapidement après avoir quitté la salle de bain, un simple pantalon délavé et un pull noir près du corps. Quelques messages échangés depuis son terminal et voilà qu’on lui donnait une adresse, lui conseillant un tailleur auprès de qui trouver quelque chose de sympathique. Elle connaissait pas Ana, ayant cessé d’acheter des vêtements depuis un bon moment désormais et se contentant de jongler avec ce qu’elle avait. Mais elle fait confiance, et se décide à tenter le coup. Délaissant sa cabine sur le Colossus, son terminal attaché à l’avant bras comme d’habitude, sous le pull, elle n’a pas à marcher bien longtemps pour retrouver l’adresse qu’on lui avait fournie, n’ayant pas besoin de changer de vaisseau pour ça. Arrivant à hauteur de la cabine toute désignée, la milicienne donne quelques coups à la porte, attendant qu’on vienne lui ouvrir. Si tant est qu’il y ait quelqu’un. Une blonde finit par se présenter, plus âgée qu’elle. « Bonjour, je suis désolée de vous déranger. On m’a dit que vous fabriquiez des vêtements ? Je cherchais à me procurer une robe et on m’a conseillé de venir vous voir. » Anastasia avait toujours été dérangée d’arriver à l’improviste chez les gens pour leur poser des questions ou même se greffer à leur quotidien, même si ça impliquait de leur rendre service. Le sentiment se sera toutefois quelque peu dissipé après qu’elle ait commencé à travailler à la milice. Depuis, des questions elle en avait posées. Et elle avait eu l’occasion de se taper l’incruste dans le cadre de ses fonctions un bon paquet de fois également. Quoi qu’il en soit, elle n’en demeure pas moins surprise lorsqu’elle se fait presque traîner dans la cabine, par une femme enthousiaste. Pas folle, pas flippante. Juste… Passionnée, sûrement. Et ça l’amuse, vaguement, se laissant docilement faire malgré sa crispation sur le moment, lorsqu'on a cherché à la toucher. Il y a des premiers échanges, afin d’expliquer comment le bouche à oreille avait fonctionné, pour demander des précisions sur ce qu’elle cherchait, pour se présenter aussi, vaguement. Si elle avait su qu’elle venait de s’élancer dans l’antre de la sœur Krishvin, elle y aurait sûrement réfléchi à deux fois.
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Sujet: (#) Re: Family brawl (Tiaan) Mer 28 Fév - 12:11
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Sujet: (#) Re: Family brawl (Tiaan) Mer 28 Fév - 19:00
Messages : 643 Âge : 34 ans Occupation : Milicienne (sergent) au Colossus 5 Habitation : Colossus 5 Arrivée : Il y a 24 ans (2203)Pseudo : Drathir/Loreline Avatar : Riley Keough Crédits : avatar - Isleys ; code sign - Anesidora ; crackship - Elara ♥
Family brawl. Ana & Tiaan
Moi c’est Theevi. Les présentations sont faîtes, toi-même ayant donné ton propre prénom bien que consciente du fait que vous passerez sûrement votre temps à vous vouvoyer. Et un frisson te parcourt, désagréable, lorsque la porte de la cabine se referme dans ton dos, te donnant l’illusion qu’il était trop tard. Pourtant, une part de toi-même a déjà envie de foutre le camp, d’annuler, de trouver une autre adresse voire même de renoncer à cet achat superficiel. Parce que tu te dis que des Theevi, ça doit pas courir la Flotte, surtout des blondes. Tu te dis que c’est forcément sa sœur, à lui et même si tu ne t’inquiètes pas une seule seconde du comportement de la femme, celle-ci te semblant de toute manière bien plus avenante que son frère, t’as pas envie de t’éterniser. Tu veux pas côtoyer son monde à lui, sa famille et te rapprocher un peu plus de son quotidien. T’as pas envie, de l’humaniser encore plus, te raccrochant à ces nombreux souvenirs où tu t’étais contenté de le détester. C’était plus simple avant, définitivement. Alors des pas en sa direction, cette façon de s’immiscer même sans le vouloir dans sa vie, tu veux plus de ça. Pas en ce moment, pas alors même que t’espérais ne plus avoir à le croiser. C’est cette pensée qui, finalement, te fera l’effet d’un électrochoc : étais-tu sérieusement en train d’envisager de renoncer à une robe, de renoncer à mener ta vie comme tu l’entendais, juste pour ne pas avoir à croiser Krishvin ? Pathétique. Qu’il vienne donc, après tout, t’avais rien à te reprocher Ana. T’avais rien fait de mal, c’est pas à toi de craindre votre prochaine rencontre, pas à toi de te sentir mal à cette simple idée. Alors tu te raccroches à cette pensée, tu te raccroches à tout ce qui fait de toi une tête de mule. Une battante, peut être, d’une certaine façon. Et tu souris, doucement, à celle qui te faisait face et qui semblait définitivement bien bavarde. Tu précises les raisons de ta venue et un simple coup d’œil à ce qui t’entourait, dans la cabine, tend à te prouver que t’avais sûrement fait le bon choix en venant ici. Des patrons, des tissus, un bordel ambiant qui ne te dérange pas le moins du monde. Si t’avais eu autant d’affaires, sûrement que tu les aurais éparpillées de la même façon.
La cabine finit d’ailleurs dans un état plus lamentable encore lorsque vient le moment de parler de la robe. Quelle couleur ? Quelques choix sont proposés, pas énormément dans le fond mais suffisamment pour rappeler à la milicienne qu’il existait autre chose que le noir ou le bleu ciel d’un jean. Sûrement des couleurs qui émanaient des restes d’autres uniformes. Et alors que les détails se règlent progressivement, alors que la conversation s’engage sereinement si bien que la jeune femme se détend progressivement pour simplement profiter de l’instant présent, la concernée finit par atterrir dans la salle de bain, s’y retrouvant rapidement en sous-vêtement tandis que l’on prenait ses mesures. Docile, Ana tente de ne pas prêter attention à son reflet, affiché cette fois dans un miroir plus grand qui dévoilait l’ensemble de sa silhouette. Elle avait beau masquer en majeure partie les hématomes sur son visage, elle ne faisait rien pour ceux qui ornaient son corps. Il y en a un à hauteur des côtes mais elle ne s’en soucie pas, consciente du fait que sa peau marquait très vite. Il y a ses genoux aussi, légèrement griffés, essentiellement à cause des prises du mur d’escalade qu’elle affectionnait et contre lequel elle s’éraflait continuellement. Comme tout le monde, elle avait la peau blanche, un détail toujours plus flagrant lorsqu’on observait ses courbes plutôt que son visage et bien que cela ne l’ait jamais dérangée, tant cela était normal sur la Flotte, elle pouvait pas s’empêcher de sourire en tombant sur des photos d’individus plus bronzés. En cet instant précis cependant, Ana regrettait son pantalon. Non pas qu’elle soit gênée à l’idée de se retrouver en sous-vêtements devant une inconnue, mais l’impossibilité de réfugier ses mains dans ses poches la rendait quelque peu nerveuse. Ça n’aurait pas dû, en temps normal, mais elle ne supportait pas de voir ses phalanges endolories. Ça cicatrisait, comme tout le reste, mais ces callosités la renvoyaient à ce qu’elle estimait être sa seule véritable connerie de son affrontement avec Tiaan : l’absence de bandage sur ses mains nues. C’est pas comme si ça aurait pu la protéger de la fureur du douanier, mais cela lui aurait évité de se blesser toute seule, du moins à ce point. Alors elle les cache comme elle peut, tantôt en croisant les bras contre sa poitrine, réfugiant ses poings sous ses aisselles, tantôt en les glissant dans son dos, ses doigts crochetant un poignet.
Les mesures plus ou moins prises, le reste dépendant des choix quant à l’apparence de la robe, Theevi finit par signaler qu’il serait peut être plus simple de se faire une opinion en enfilant un vêtement plus ou moins similaire, loin du jean dévalé qu’elle portait actuellement. Les deux femmes n’étant pas spécialement différentes, du moins rien d’insurmontable d’un point de vue vestimentaire, la milicienne se retrouva de ce fait avec une robe simple qu’on lui prêta, l’incitant à l’enfiler pour mieux ensuite définir ce qu’il faudrait rajouter, changer ou retirer. Elles en étaient rendues à ce stade quand un chuintement feutré attira leur attention. Si la blonde s’éloignait déjà dans un mot d’excuse afin d’accueillir l’arrivant, Ana en était déjà à se tendre. Pourtant ça pouvait être n’importe qui, y compris un époux potentiel. Je t’attendais pas. Bon, peut être pas l’époux alors. La jeune femme se débat encore avec cette robe qu’elle cherchait à enfiler, un poil trop petite, tout en se demandant ce qu’elle devait faire. L’absence de réponses de la part de l’interlocuteur de Theevi, ajoutée à l’interdiction de fumer, furent suffisant pour achever de convaincre Anastasia que Tiaan venait d’entrer dans la cabine. Ravalant un grondement agacé, elle préfère froncer les sourcils en entendant le reste du monologue de la blonde. Tu préfères lequel ? (…) C’est vrai que si je ne te montre pas le reste... Quel reste ? Quelle préférence ? Tu sais pas si t’es juste en train de te faire des idées, faisant preuve d’un odieux narcissisme, mais t’aimes pas cette impression qui se loge en toi, t’aimes pas cette voix qui te souffle que t’allais devenir le centre d’une attention dont tu te serais volontiers passée. Et voilà que Theevi revenait. « Je devrais y aller. Si vous avez quelque chose de prévu, je repasserais une autre fois et… - Bien sûr que non. Vous en faîtes pas, il est patient. » Un rire, jaune, menace de t’échapper et tu te rattrapes en offrant un sourire relativement candide. Tu doutes pas de la capacité de Krishvin à rester dans un coin en fixant un mur sans se soucier du reste du monde. Et peut-être qu’en effet il n’aurait pas été dérangé de savoir que les deux femmes comptaient régler leurs affaires dans leur coin pendant encore un moment. Pourtant, le qualifier de patient semblait être un peu trop ridicule à ton goût.
Lorgnant les exemples de col que ton interlocutrice te présentait désormais, ce fut tout naturellement que tu balayas d’un revers de la main la proposition d’un col bénitier, que tu jugeais adapté pour des poitrines plus conséquentes que la tienne. Quant au reste, tu n’étais sûre de rien, désormais incapable de savoir ce que tu désirais vraiment au fond alors qu’on te confrontait à tant de choix. C’est que t’es pas habituée, à tous ces détails, à ces possibilités. T’as jamais été regardante sur tout ça, n’ayant de toute manière que rarement eu la possibilité de te poser toutes ces questions. Alors t’y réfléchis vraiment, avant d’admettre tout naturellement que tu n’avais pas la moindre idée quant à ce qui irait le mieux. « Je sais pas trop finalement. Vous… - Eh bien on va lui demander. Un avis masculin ça fait jamais de mal. T’as pas le temps de t’offusquer, ouvrant la bouche tout en observant la blonde s’éloigner pour enjamber de nouveau le meuble, ses diverses propositions en main. Et t’es là, comme une conne, dans cette robe basique qui ne t’appartient pas, pieds nus et… Sans aucune échappatoire possible. La maîtresse des lieux semble bien s’en rendre compte, t’attendant patiemment de l’autre côté, un large sourire aux lèvres. Le genre de sourire un peu dérangeant malgré tout, qui semble montrer qu’elle ne se souciait pas vraiment de ton avis dans l’immédiat. Lâchant un soupir, te retenant de souffler à quel point tout ceci était ridicule, tu te contentes de t’afficher dans l’encadrement de la porte tandis que Theevi reprenait déjà, visiblement satisfaite au possible. C’est mon frère. Et voici une cliente. » Qu’elle résume sommairement en les désignant tous deux d’un signe de main avant de faire le tri dans ses morceaux de tissu, comme sur le point d’enchaîner les propositions dans un ordre précis. T’oses pas vraiment la contredire, pas plus que tu n’as envie de lui dire que tu connaissais déjà Krishvin étant donné qu’il était, entre autre, le responsable de tes divers hématomes que la blonde avait lorgné sans dire un mot. Alors tu te contentes d’hocher distraitement la tête, comme en guise de salut, ne daignant pas le regarder pour le moment, attendant simplement que ça se finisse.
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Sujet: (#) Re: Family brawl (Tiaan) Jeu 1 Mar - 23:56
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Sujet: (#) Re: Family brawl (Tiaan) Ven 2 Mar - 1:48
Messages : 643 Âge : 34 ans Occupation : Milicienne (sergent) au Colossus 5 Habitation : Colossus 5 Arrivée : Il y a 24 ans (2203)Pseudo : Drathir/Loreline Avatar : Riley Keough Crédits : avatar - Isleys ; code sign - Anesidora ; crackship - Elara ♥
Family brawl. Ana & Tiaan
Elle espère Ana : avoir la paix, pouvoir poursuivre sa conversation avec Theevi, simplement s’occuper de sa robe et de rien d’autre. Elle espère que ça ira vite, que la présence du douanier ne changera pas la donne. Elle espère surtout pouvoir faire abstraction de son environnement, à tous les niveaux. Elle veut pas que les derniers événements ne changent quoi que ce soit, pourtant elle sait que c’est pas gagné. Elle le sent, à ce sentiment désagréable qui lui noue les entrailles, à son envie de se retrouver ailleurs plutôt qu’ici. Elle le perçoit à sa gêne, celle là même qui l’empêche d’être à l’aise dans cette robe un peu trop serrée. T’en aurais rien eu à foutre dans d’autres circonstances Ana, et tu le sais parfaitement. Alors ça agace la concernée, intérieurement. Une main remonte finalement le long de la porte coulissante, bloquée, et si l’on pouvait imaginer qu’il s’agissait d’une façon prévisible de se mettre en valeur, la vérité était tout autre. Elle cherche simplement à laisser ses doigts pianoter contre le métal, de manière inaudible. Elle cherche à s’agripper, à occuper ses mains et c’est tout naturellement que l’autre va se nicher dans la chevelure, jouant avec quelques mèches, rabattant l’ensemble le long d’une même épaule. Comme toujours, la nervosité palpable à chaque instant. Ça se tend, ça se crispe, ça sursauterait presque au moindre bruit inconnu ou étranger. Et toujours ces doigts, qui pianotent en rythme, accompagnant les battements effrénés du cœur de celle qui ne savait pas quoi faire. Guidée par un instinct de survie, elle lève même les yeux en direction de la porte de la cabine, comme pour évaluer la distance qui la séparait de cette dernière. Evidemment la milicienne avait admis depuis quelques minutes que s’enfuir serait le comble du ridicule, mais elle guette, incapable de laisser quoi que ce soit au hasard, incapable de se sentir vraiment en sécurité ici. Pas avec lui. Pas alors qu’elle avait compris, amèrement, qu’elle n’avait aucune chance contre lui. Elle l’avait deviné, en théorie. En avait eu la certitude en pratique. Et ce souvenir se rappelle à elle, chaque fibre de son corps se remémorant leur attitude lorsque le combat avait eu lieu. Les muscles tendus, le cerveau qui réfléchissait à cent à l’heure afin de trouver une solution tout en refusant de s’abaisser à de stupides pulsions meurtrières. Ça raviverait presque les blessures également.
Les inspirations se font plus profondes tandis que Theevi reprend la parole, s’adressant à son frère. Et elle écoute Ana, non seulement parce qu’elle n’a rien de mieux à faire que parce que cette voix étrangère lui permettait de penser à autre chose que les alarmes qui s’emballaient au fond de son crâne. Ti. Le surnom l’amuserait presque, la milicienne ayant toujours été convaincue que le prénom du lieutenant était difficilement abrégeable. Ça sonne un peu ridicule pour elle mais elle se garde bien d’en parler, se garde même de se mêler de cette relation fraternelle qui ne la concernait pas le moins du monde. Elle n’aurait pas aimé qu’il s’occupe de ce qui pouvait la lier à son frère, aussi se contente-t-elle de demeurer silencieuse, les laissant échanger. Ses prunelles sont plutôt attirées par les mouvements de la blonde, par ces modèles qu’elle dépose sur les genoux de Tiaan -et s’empêcher de laisser son regard remonter le long de la silhouette de ce dernier nécessite des efforts conséquents- et les tissus qu’elle délaisse à côté. Le prénom d’Aks ne lui disant rien, la milicienne se demande brièvement s’il s’agissait d’un membre de leur grande fratrie ou d’une tierce personne, pour rapidement cesser de s’interroger. Ce n’est pas comme si elle obtiendrait des réponses d’elle-même, et elle n’avait pas envie de poser la question à qui que ce soit en cet instant précis. En vérité, elle n’a sûrement jamais été aussi silencieuse de sa vie, ne réagissant que lorsque l’on s’adressait directement à elle, comme en cet instant précis où on lui présentait quelques morceaux de tissu. Se tenant instinctivement plus droite, redressant la tête comme si elle était prise en flagrant délit d’inattention, elle s’intéresse alors à ce vert qu’on lui propose. Ça irait avec sa couleur de cheveux ? Sur le coup Anastasia fut bien tentée de lui dire qu’elle n’y connaissait foutrement rien et qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de se pencher sur la panoplie de couleur qui lui irait le mieux au teint. Elle a toujours été habitué au noir de son uniforme, de la plupart de ses vêtements également, car c’était le plus simple à trouver et cela pouvait avoir son charme. C’est élégant, au fond, indémodable également.
« J’avais imaginé du noir. » Avoue-t-elle simplement, persuadée d’ailleurs d’avoir déjà évoqué ce détail, mais le regard s’attarde un moment sur le vert qui lui était proposé, avant qu’elle ne fronce les sourcils devant le jaune. Si elle n’avait aucune idée quant à savoir si cela lui irait bien ou non, la certitude que l’ensemble paraissait trop coloré à son goût était un argument recevable, qu’elle se préparait d’ailleurs à offrir. Ce fut sans compter sur un mouvement depuis le lit qui attire l’attention de la milicienne. Un signe de tête en vérité, négatif, et le temps qu’elle en comprenne le sens, Theevi approuvait déjà. Pas de jaune. Sérieusement ? Il était sincèrement en train de donner son avis quant à ce qu’elle devrait porter ou non ? Pourquoi ? Les questions se bousculent au fond du crâne et, pour la première fois, Ana finit par l’observer lui, relevant les yeux en direction de son visage. Elle est surprise, imaginant qu’il aurait préféré être ignoré, ne pas se mêler à tout ça. L’espace d’une seconde, elle se demande même s’il ne donnait pas un avis contraire à ce qu’il pouvait penser, juste pour faire chier, juste pour… Bordel. Pourquoi ? Tu voulais pas Ana, qu’il s’occupe de ça, qu’il pénètre à l’intérieur de cette bulle que t’avais péniblement créé pour l’occasion. Tu voulais pas qu’il approche ton périmètre, même via un vague signe de tête. Tu voulais pas de son intérêt, même si cela consistait à simplement faire plaisir à sa sœur, même si tout ceci n’était que le fruit d’une vague mise en scène. Tu voulais qu’il se fasse oublier, de toi. Mais c’est trop tard, surtout maintenant que tu le dévisages, que tu contemples ce qu’il restait des hématomes et au milieu de toutes ces nuances de violet ou de bleu, tu te demandes ce qui est de toi. Qu’est ce qui t’appartiens, quelles sont tes marques. Tu sais pas pourquoi t’éprouves ça. C’est pas comme quand t’étais plus jeune, cette époque où un sourire malsain aurait pu orner tes lèvres et où tu te serais mise à jubiler de façon dégueulasse simplement pour avoir réussi à défigurer quelqu’un. T’étais pas fière de ta colère, pas fière des coups que t’avais portés. Pas cette fois. Mais malgré tout il y a cet intérêt, indéfinissable, pour ce visage que tu avais gratifié de ta propre violence. Peut-être cherches tu seulement à te rassurer, en te disant que si tu portais ses stigmates, il en était de même pour lui. Une pointe de rancœur, et de crainte, qui t’incitent à te satisfaire du fait qu’il avait été aussi blessé. Pas autant que toi, bien sûr, mais t’avais réussi quand même. T’avais pas été faible, ou fragile. T’avais pas été sanguinaire ou folle à lier non plus. Et ça, tu le voyais toujours comme une victoire.
C’est étrange, également, que de savoir que cette face abîmée que tout le monde lui connaissait était, cette fois ci, partiellement de ton fait. Tu le vois plus vraiment de la même façon et si tu ne t’inquiètes pas le moins du monde pour ces blessures, consciente qu’il avait dû voir pire et qu’il s’en sortirait de toute façon, comme toi, tu peux pas t’empêcher de te sentir un peu mal. Sans savoir pourquoi. Un sentiment qui s’évapore toutefois sitôt que tu relèves un peu les yeux, caressant la mâchoire que tu devinais avoir largement abîmée, les lèvres gercées, à l’image des tiennes, les bleus le long des pommettes, le nez sûrement fracturé. Puis il y a ces yeux, et tu bloques. Tu bloques parce que tu te souviens de la haine que t’y avais lue, cette férocité que rien ne pouvait arrêter. La sensation avait été fugace, ta vue rapidement brouillée par la douleur et le sang, mais tu t’en souviens. C’est ce qui te noue les entrailles aujourd’hui encore, c’est ce qui t’arrache ce frisson dégueulasse. C’est le souvenir qui te hantait, qui te poussait à te demander à chaque seconde s’il aurait pu s’arrêter de lui-même. Tu te serais arrêté Krishvin ? Tu sais pas. Et ça te tue, ça t’insuffle l’idée que tu ne pouvais juste pas le côtoyer encore, surtout pas au vu de vos rapports ambigus. Ça te rappelle que tu ferais mieux de partir, de pas prendre de risques supplémentaires. Craindre ses mots, ce n’était pas pareil que craindre ses coups, surtout lorsque tu découvrais qu’il pouvait se laisser emporter. Mais alors que tu songeais à ces sentiments nouveaux qu’il te faisait éprouver, cette angoisse à son sujet contre laquelle tu pensais naïvement être immunisée comparée aux autres, les mouvements de Theevi à hauteur des tissus te rappellent la raison première de ta venue ici et tu te concentres de nouveau sur elle. « Pourquoi pas pour le vert, mais quelque chose d’un peu plus foncé ? … Forêt ? » Que tu hasardes, visiblement peu au clair avec les nuances de couleur. Mais s’il existait une prairie, il devait bien y avoir une forêt non ? Et le sourire que t’offres la blonde semble te rassurer à ce sujet.
Alors tu souris en retour Ana, légèrement, tes doigts jouant toujours avec tes cheveux, mais avec un peu plus de douceur, ton autre main quant à elle appuyée sur la porte, tes phalanges soigneusement cachées derrière celle-ci. Un peu comme pour ta chevelure par ailleurs, t’assurant inconsciemment que tes doigts se glissaient sous la crinière pour ne pas être trop visibles. Tu fronces brièvement les sourcils en voyant finalement la blonde se pencher pour récupérer un tissu entre les mains du douanier, avant de faire quelques gestes en sa direction, exécutant des signes dont tu ne comprenais pas le sens. Tu te demandes un bref instant s’ils communiquaient vraiment ainsi mais tu n’as pas le temps de pousser la réflexion que déjà tu te focalises sur la couleur exhibée, hochant la tête pour signifier ton accord. Et lorsque la taille de la robe à venir est évoquée, tu peux que sourire légèrement avant de répondre : « Des mesures adaptées ça me va, pas besoin de plus large. Tu étais presque plus à l’aise avec des vêtements relativement près du corps. Tant que t’étouffais pas à vrai dire, cela te convenait. Theevi revient donc à ta hauteur sur ces quelques paroles, glissant le nouveau tissu vert le long de ton épaule comme pour s’assurer une dernière fois que tout allait bien. T’ignores si le douanier est une fois de plus réquisitionné pour donner son opinion, tes prunelles déjà accaparées par les différents modèles de col, ou de décolleté finalement, disponibles. Theevi finit d’ailleurs par s’emparer de ces derniers et tu te retrouves une nouvelle fois à refuser l’un d’entre eux, le même que précédemment. Non pas celui là, merci. Un col en V peut-être ? Pas trop profond. Que tu précises à la dernière seconde, bien que la blonde face à toi semblait savoir ce qu’elle faisait. T’aurais peut être pas été dérangée de te retrouver avec une ouverture donnant vue sur ton nombril quand t’avais vingt ans, mais plus aujourd’hui. Ou bien, je sais pas si vous avez, mais j’aimais l’idée d’un… Voile, quelque chose d’un peu transparent, pour le décolleté et les bras. Qui commencerait là. » Et tes mains remontent naturellement à hauteur de ta poitrine, à l’horizontale, afin de définir la limite que tu avais envisagée pour la séparation entre le tissu et le voile. Juste de quoi dévoiler le sommet de la poitrine, une simple mise en bouche que tu assumais parfaitement. Ce fut en tous les cas en explicitant tes propos par des gestes que tu te souviens de tes phalanges explosées, désormais largement exhibées. Tu te fais violence pour ne pas les cacher de nouveau, te contentant de rabattre tes bras le long de ton corps dans un geste que tu tentes de rendre moins vif. Et c’est à ce moment précis que tu commences à en avoir marre.
T’en a marre de toi. De tes réactions. De ce que tu essayais de cacher comme si cela devait être ta honte. T’en as marre de tes interrogations, de ta manie de ne pas vouloir exhiber tes plaies alors même qu’elles ne résultaient pas de tes faiblesses à toi. Certes, les poings ensanglantés c’était de ta faute, pourtant tu ne devrais pas en être gênée outre mesure. Ça t’agace, ça ravive quelque chose chez toi, ton besoin de te battre, d’affronter ce qui pouvait t’arriver. Tu peux tomber Ana, t’as déjà trébuché un bon paquet de fois dans la vie, mais t’as pas le droit de rester à terre. Et c’est pas parce que c’est Krishvin face à toi que tu dois changer quelque chose à ça. C’est pour cela que la main logée contre la porte se mue en poing, qui te sert toujours à prendre appui mais les phalanges se retrouvent ainsi à portée de vue. C’est pour ça que lorsque Theevi s’approche avec différents modèles de col, qu’elle glisse plus ou moins à ta hauteur, ton hésitation personnelle se transforme en une provocation, ou quelque chose qui s’y rapproche. « Hmm, je sais pas trop. Que t’avoues une fois de plus, sincèrement. Mais c’est à ce moment là que tu relèves les yeux en sa direction, que tu retiens ce frisson qui menace de te parcourir lorsque tu captes son regard. S’il tenait à exprimer son point de vue, peu importe les raisons, qu’il fasse donc. Pour ta part tu le désignes déjà d’un simple mouvement du menton, cherchant à t’octroyer son attention. Une préférence ? » Et tu soutiens le regard, peut être de façon puérile mais ça te semble important. Tu l’affrontes à ta façon, parce que t’as pas envie de laisser cette crainte sourde guider des faits et gestes. L’assurance n’est que façade pour le moment, mais c’est un premier pas que tu fais, motivée par ton propre agacement, par ta propre colère. Ton refus de courber l’échine. A moins que cela ne soit le refus de te détourner de lui.
- BLACK PUMPKIN
Sujet: (#) Re: Family brawl (Tiaan) Ven 2 Mar - 22:54
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Sujet: (#) Re: Family brawl (Tiaan) Sam 3 Mar - 18:56
Messages : 643 Âge : 34 ans Occupation : Milicienne (sergent) au Colossus 5 Habitation : Colossus 5 Arrivée : Il y a 24 ans (2203)Pseudo : Drathir/Loreline Avatar : Riley Keough Crédits : avatar - Isleys ; code sign - Anesidora ; crackship - Elara ♥
Family brawl. Ana & Tiaan
Il se crispe, et ça suffit pour qu’elle en fasse de même malgré elle. La tension qui émane soudainement du lieutenant arrache un frisson désagréable à la milicienne, qui retient brièvement sa respiration. Elle voulait pas se laisser faire, elle voulait pas qu’on lui marche sur les pieds, voulait pas craindre un homme pour les coups qu’il a pu lui porter. Elle voulait pas paraître faible, fragile ou renvoyer l’image d’une gosse terrifiée. Elle peut pas se le permettre, estimant que cela ne ferait que ternir son image déjà ô combien médiocre. Echec professionnel, échec sentimental, rajouter d’autres faiblesses à son parcours ne ferait que rajouter à sa honte, lui donnant l’impression qu’elle n’était pas comme elle pensait être. Alors elle soutient le regard, réclame un avis qui au fond lui importe peu. Elle affronte ses angoisses, refuse de courber l’échine. Mais il y a cette voix désormais, qui hurle au fond de son crâne, qui lui rappelle l’évidence : c’était trop tôt. Parce que le voir bander les muscles lui donne l’impression qu’il allait bondir de nouveau, malgré la présence de sa sœur. Parce que si Ana n’avait jamais craint de le confronter physiquement, c’était différent désormais et elle se demandait à quel point il suffirait d’un rien pour qu’il recommence. Malgré toutes ces années où rien ne s’est jamais produit, il y a cette angoisse désormais, au fond : la crainte qu’il ait pu aimer ça. Tu fais quoi Ana hein ? Si jamais il a pris son pied à t’exploser la gueule, si jamais il n’a plus qu’une envie c’est de remettre le couvert ? Tu vas continuer à le défier, pour faire croire que ça t’affecte pas, jusqu’au jour où il se vengera de nouveau avec ses poings ? Et tu feras quoi ce jour là, si tant est que t’y survis ? Tu fermeras ta gueule comme tu t’es obstinée à le faire ces dernières semaines, sans parvenir à te l’expliquer ? T’as pas envie de le savoir Ana, t’as pas envie d’en arriver là, de te confronter de nouveau à sa violence abjecte et gratuite. Alors même si t’as le courage, ou la folie, de pas détourner les yeux, tu peux pas t’empêcher d’appréhender. Et ça fait que rajouter à ta colère, celle là même que tu diriges uniquement contre toi, faisant preuve d’un masochisme dégueulasse. Si tu veux que les autres t’aiment, il faut t’aimer toi-même. Merci maman. Si seulement t’avais eu le mode d’emploi qui allait avec ce conseil à la con.
Les prunelles se détournent, instinctivement, pour capter les gestes que faisait la blonde à tes côtés. Encore ces signes, auxquels tu ne comprends rien et qui t’agacent progressivement. Si t’étais de trop, autant qu’on te le dise hein. C’est pas comme si t’étais habituée ces derniers temps. Mais tu dis rien Ana, grinçant des dents tout au plus avant d’observer de nouveau Tiaan, celui là même qui ne daignait même pas t’accorder un regard, détournant le visage comme un gosse prit en faute. Sérieusement Krishvin ? Lui casser la gueule ça suffisait pas, faut en plus que tu fasses comme si elle n’existait plus, comme si les hématomes qu’elle camouflait au mieux n’étaient pas de ton fait ? Assume putain. Assume, et surtout ne fuis pas, t’as pas le droit de la fuir. T’as pas le droit d’avoir peur, ou de te réfugier dans un déni dégueulasse. La peur c’est son droit à elle, son privilège pour avoir subi ta fureur, ce truc contre lequel elle voulait lutter malgré tout. Toi t’as même pas le droit d’être en colère non plus. Alors arrête, arrête ça. Elle mérite mieux que ça. Elle mérite mieux que ce que le monde entier a à lui proposer. Ce n’est pas mon frère qui va la porter. Les propos ramènent la milicienne à la réalité, plus efficacement que cette tape qu’elle aura adressé à son frère, mais ça suffit pas à la détendre pleinement. Rancœur, déception, colère. Elle sait même pas faire le tri dans ses émotions, arrive encore moins à définir ce qu’elle éprouve vis-à-vis de Tiaan ou d’elle, ou même de la blonde à ses côtés. C’est juste là, à lui bouffer les entrailles, à la consumer sans qu’elle sache quoi en faire. Il y a l’envie d’avancer, de bousculer, de provoquer, de s’agiter. Être dans le mouvement pour ne pas avoir à réfléchir. Paradoxalement il y a ce besoin de solitude également, cette nécessité de se réfugier quelque part : au sommet d’un mur d’escalade, une musique rythmée lui bousillant les tympans, sûrement. A moins qu’elle ne préfère un morceau de piano, quelque chose de plus mélancolique. Elle sait pas, elle sait même pas ce qui pourrait lui faire du bien, là tout de suite. Mais il n’aidera pas, définitivement.
Anastasia préfère donc se concentrer sur la femme à ses côtés, au prix d’un prodigieux effort pour réussir à détourner les yeux de la pâle figure que lui renvoyait Krishvin en cet instant précis. Le sourire qu’elle tente d’adresser à cette dernière est tout aussi médiocre, une vaine tentative de la part de celle qui a jamais su cacher efficacement ses émotions. Le clin d’œil l’apaise malgré tout, un peu. Une sensation aussitôt contrebalancée par la dernière remarque, complice pourtant, de la blonde. Ce n'est pas non plus comme si vous cherchiez à lui plaire à lui. Elle ouvre la bouche Ana, avant de la refermer aussitôt. Parce qu’elle ne sait pas quoi dire. Parce qu’il y a cette pulsion, cet humour qu’elle aime tant employer, cette façon de provoquer qui l’inciterait presque à rétorquer que : eh, pourquoi pas ? Qui sait ? Quelque chose dans ce goût là, une ironie que beaucoup lui connaissent. Mais ça sort pas, tant parce que le contexte et la complexité des émotions éprouvées ne se prêtaient pas à un tel humour que parce qu’un souvenir, vivace, avait aussitôt refait surface. Tu serais pas un peu amoureux de moi ? Qu’elle avait ironisé, persuadée d’avoir le dessus, convaincue de pouvoir le piétiner cette fois ci. Puis le venin, ô combien douloureux. Sa solitude qu’on lui renvoie en pleine gueule, sans qu’elle ne s’y attende. Les commentaires déplaisants de Krishvin quant à son métier de milicienne avait quelque chose de pénible, de rageant, pourtant elle s’y était habituée et si elle n’aimait pas le voir lui rappeler son échec, elle n’avait jamais rien trouvé à redire pour tenter de sauver l’honneur de la branche militaire qu’elle servait. Mais ça. Elle l’avait pas vu venir, et elle avait beau avoir tenté d’argumenter par la suite, autour de ce foutu café et à l’aide de cette putain de clope, cela n’était pas suffisant. Elle était seule. Tellement qu’elle ne trouvait rien de mieux à faire que de trouver refuge dans les bras d’Ethan, puisant dans le sexe un réconfort minable. Tellement seule, que lorsque ses pensées la tuaient la nuit, elle se glissait dans le lit de Rosa pour trouver la force qui lui faisait défaut. Lamentable Ana. Et t’auras beau être belle dans cette robe qu’on te fera, t’auras beau pouvoir séduire, t’auras pas cette aura qu’on cherche à capter chez les autres. T’auras pas cette lumière qui fait qu’on voudrait s’accrocher à toi, de manière plus pressante, plus définitive. Tu seras belle dans ta jolie robe. Mais ce sera jamais assez.
Le silence s’est prolongé, peut être un peu trop longtemps. Alors elle se racle la gorge, comme en guise d’excuse, avant de répondre. « Navrée, on parlait d’avis masculin. Je me suis emballée. Piètre justificatif, soufflé sur le ton de la plaisanterie et accompagné d’un sourire poli, qui ne convaincra sûrement personne bien que cela puisse sembler vrai. Et la milicienne se console en se disant que, de toute façon, elle se serait sentie bien conne si Krishvin s’était décidé à lui répondre. Elle aurait fait quoi hein, s’il avait désigné le col qui lui plaisait le moins dans le fond comme étant sa préférence à lui ? Elle aurait choisi l’autre option, quitte à passer pour une idiote ô combien puérile qui n’avait rien trouvé de mieux à faire que de le contredire sur des choix vestimentaires ? Ça aurait été ridicule, alors la jeune femme préfère se dire que c’est mieux ainsi. Qu’il reste sur ce lit, à se faire petit. Elle réglera les détails de sa robe, elle foutra le camp. Et elle évitera à la blonde un foutu malaise. La pauvre. La pensée est fugace, pourtant elle fait son effet. Anastasia se souvient de ses proches, qu’elle ne voulait pas mêler à ses histoires, surtout pas de cette façon. Alors imposer son mal être et ses problèmes à celle qui cherchait juste à proposer ses services lui semblait être tout aussi ridicule et déplacé. Je préfère l’idée du voile, si ça vous semble faisable. Les manches jusqu’au coude à peu près. Elle est déjà un peu plus à l’aise, essentiellement parce qu’il s’agissait cette fois ci de détails dont elle savait quoi faire. La longueur de la robe, l’impression que ça doit renvoyer, elle sait ce qu’elle veut pour tout ça. Et c’est parce qu’elle sait que tout semble plus sérieux, autrement plus important que la présence du douanier dans la pièce. Elle doit se forcer un peu, évidemment, et elle doit ignorer ses tics : sa façon de glisser ses mains moites le long de la robe qu'elle portait, comme pour lisser cette dernière. Ses cheveux, dans lesquels elle plonge ses doigts de temps à autre. Elle ignore son coeur, son cerveau et tente de se focaliser sur sa future robe, s'imaginant la porter dans son esprit pour y réfléchir plus sereinement. Fronçant brièvement les sourcils, comme à la recherche de précisions qu’elle aurait oubliées de faire, Anastasia puise l’inspiration dans le bric-à-brac alentour, évitant de s’attarder sur ce qui pouvait se trouver autour du lieutenant. La multitude de tissu, et cette robe trop serrée qu’elle portait toujours et dont elle semblait se souvenir, l’incitent à relever les yeux vers son interlocutrice. Vous faîtes ça depuis longtemps ? » Elle aurait presque l’impression qu’il s’agissait de son métier, plus que d’un passe temps. Peut-être que, sans le savoir, ses uniformes avaient été fabriqués par ces mains habiles ci. La pensée l’amuse et le sourire qu’elle arbore semble moins forcé tandis qu’elle laissait la blonde s’emballer pour parler de ce qui lui tenait visiblement à cœur.
Et elle écoute Ana, son regard plongé dans celui, pétillant, de la blonde. Elle se laisse bercer par l’enthousiasme, parce qu'elle a toujours été fascinée par les passions des autres, capable de les écouter pendant des heures, devenant soudainement plus discrète que d'habitude. Et la blonde donne cette impression, son entrain faisant l'effet d'un baume. Et elle s'en veut d'y avoir été insensible jusqu'alors. Lorsqu’on lui parle de coton ou des vêtements en général, elle laisse parfois son regard se perdre une nouvelle fois le long de la cabine. Jusqu’à ce que ses prunelles se posent sur un petit objet, planqué sous une masse de tissu. Elle s’attarde, malgré elle, cherchant à analyser la forme qu’elle devinait. Un chat ? Quelque chose dans ce goût là, mais elle n’arrive pas vraiment à se souvenir du moment où elle avait pu voir quelque chose de similaire. Ce fut finalement Theevi qui, captant son regard, lui offrit une bribe de réponse. « Je fais ça pour passer le temps, c’est pas grand-chose. - Je peux voir ? Les regards des deux femmes se croisent alors un instant puis, sur un hochement de tête de la blonde, cette dernière alla récupérer la poupée en question pour la lui présenter. Et elle se souvient Ana, en découvrant cette espèce de peluche blanche qu’elle tenait désormais entre ses doigts. Elle se souvient de la photo, présentée par Tiaan. Elle sait plus ce qu’elle a pu dire au douanier pour évoquer ces produits artisanaux, mais elle espère sincèrement ne pas avoir menti ou ne pas avoir sorti des conneries sous prétexte qu’elle avait bu. De ce fait, cela demeurerait cohérent avec le compliment qu’elle offrait désormais à celle qui avait fabriqué ce matou blanc. J’aime beaucoup. J’imagine que ça plaît aux parents, non ? » C’est qu’elle imaginait bien ces derniers prêts à dépenser leur moindre crédit pour satisfaire l’unique enfant qu’ils auront. Surtout quand on sait à quel point les objets de ce genre peuvent être difficiles à trouver. Un sourire de Theevi, qu'elle lui retourne, un poil complice, tend à confirmer cette hypothèse et Anastasia finit par lui rendre son bien après l’avoir fait tournoyer entre ses doigts pour mieux l’observer, appréciant la sensation du tissu et de tous les petits grains que l’on pouvait sentir coincés à l’intérieur.
- BLACK PUMPKIN
Sujet: (#) Re: Family brawl (Tiaan) Mer 14 Mar - 1:03
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Sujet: (#) Re: Family brawl (Tiaan) Jeu 15 Mar - 23:50
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Family brawl. Ana & Tiaan
Un bref coup d’œil en sa direction, c’est tout ce que tu daignes lui offrir, par instinct plutôt que par réelle envie. Difficile pour toi d’ignorer ce grognement, ce rappel de sa présence, cet indice quant au fait qu’il t’écoutait, à défaut de s’impliquer réellement dans ce qui se passait en cet instant précis. L’aspect quelque peu sauvage de cette répartie t’arracherait presque un frisson, mais tu as préféré trouver le courage d’ancrer ton regard dans le sien, brièvement. T’essayes de pas te soucier du reste, de pas penser à cette image presque animale qu’il te renvoyait désormais. Et surtout, t’essayes de pas songer au fait que tu le savais désormais capable de mordre, bien plus que de grogner. Alors tu te détournes, difficilement, pour tenter de te concentrer sur la sœur du duo, bien plus agréable. Peut-être parce qu’elle n’avait pas essayé de t’exploser le crâne, elle. Alors tu te focalises sur ce qu’elle peut t’offrir, sur son sourire, ses rires, ses conseils quant à cette tenue que tu cherchais à obtenir. Tu penses à ce que tu désirais toi-même, ces détails, ces envies bien que tu ne sois pas une spécialiste ni de la couture ni de la mode. Tu cherches juste à obtenir une robe que tu n’avais pas, profitant de l’engouement que tes propositions semblaient faire naître chez ton interlocutrice pour essayer d’obtenir une création que d’autres n’auraient peut-être pas été capable de te faire. Tu parles, et tu essayes de ne pas penser aux coups d’oeils fréquents que la blonde jetait en direction de son frère. T’essayes surtout de pas suivre le mouvement lorsqu’elle le fait. T’y arrives, mais t’es toujours tendue par ce rappel perpétuel de la présence de Tiaan dans les environs. Jusqu’à ce que tu parviennes à devenir plus importante que lui aux yeux de la couturière, à l’aide de simples mots : Vous faîtes ça depuis longtemps ? L’attention est alors accaparée et t’en soupirerais presque de soulagement. Le monologue suit alors, te donnant l’occasion de t’agripper à des mots pour éviter de penser au reste.
Cela faisait longtemps, visiblement. Mais ce qui surprend le plus la milicienne dans ce discours : c’est la quantité de mots employés. Forcément, malgré les différences qui semblaient exister entre le frère et la sœur, Anastasia s’était imaginée que son interlocutrice ne s’épancherait pas trop, même sur quelque chose d’aussi anodin que sa passion pour la couture. Une vérité soufflée, honnête mais brève, et rien de plus. Au lieu de ça, elle a le droit à la version longue et une fois la surprise passée, elle ne peut que sourire légèrement, amusée par cet assaut verbal qui n’avait rien à voir avec ce à quoi Tiaan l’avait habitué. Puis la surprise, de nouveau brève, lorsqu’elle entend son interlocutrice avouer les mensonges de sa jeunesse, juste pour pouvoir vendre, se faire de l’argent. Rien de trop grave aux yeux de la milicienne, celle là même qui aimerait ne pas avoir à arrêter des gens sur la Flotte pour deux pauvres fruits vendus, mais cela ne l’empêche pas d’être surprise face à l’honnêteté qu’on daignait lui offrir. Ça lui plaît, bien évidemment, ça l’amuse quelque peu aussi et c’est dans un silence respectueux, témoignant de sa curiosité, qu’elle accueillit le reste des propos de la couturière. Un coup d’œil est jeté en direction de l’oreille de la femme, lorsque celle-ci relève sa main en cette direction et si elle n’a pas vraiment le temps d’analyser le mouvement, elle prend malgré tout conscience de l’appareil auditif qui s’y trouvait et qu’elle n’avait pas remarqué jusqu’alors. Peu envieuse de laisser croire que cela lui importait, Anastasia préfère ancrer de nouveau ses prunelles dans celles de son interlocutrice alors que celle-ci parlait de son désir de posséder quelque chose d’original. Avoir ce que je veux vraiment. C’est beau. C’est tout ce qu’elle arrive à se dire Ana : que c’était beau. Elle a toujours été fascinée par ces gens qui savaient ce qu’ils voulaient dans la vie, encore plus lorsqu’ils l’obtenaient. Depuis combien de temps n’avait-elle plus la moindre idée de ce qui était bon pour elle ? De ce qu’elle voulait ? La légion ? En était-elle encore véritablement à désirer rejoindre cet ordre militaire ? Ou se contentait-elle- de regretter un échec passé, simplement parce qu’elle ne savait pas faire autrement ?
Brièvement perdue dans ses pensées, la milicienne en arrive de ce fait à ne pas pleinement analyser les informations qui lui parvenaient désormais. Pourtant elle aurait pu se montrer curieuse, de Keller, de l’univers dans lequel la blonde avait évolué tant et si bien que celle-ci avait été bercée par des personnes et des modes en particulier. Une fois de plus, elle se dit que la station n’était pas simplement qu’un refuge pour les pires crevures de l’univers. C’était plus nuancé, plus complexe, et au fond cela lui plaît que de pouvoir imaginer l’endroit ainsi. La conversation se poursuivra finalement lorsque la jeune femme captera la silhouette d’une peluche, qui lui disait quelque chose, et ce fut dans un sourire qu’elle en apprécia le toucher une fois qu’on daigna la lui remettre entre les mains. Elle caresse l’objet des yeux également, avant de le rendre à sa propriétaire dans un dernier compliment. Evidemment les parents devaient raffoler de ce genre d’objets, prêts à tout pour leur unique enfant. Le sourire qu’arborait la milicienne s’évapora progressivement toutefois lorsqu’elle suivit du regard la peluche, la voyant de ce fait atterrir entre les mains du lieutenant, puis déposée à ses côtés. Les gestes sont peut être naturels, cela n’empêche pas Anastasia d’être troublée, brièvement. Elle fixe le chat blanc, soigneusement installé en position assise, comme s’il les fixait elles. C’est presque tendre. Et même si ça ne l’est pas, l’on pourrait penser qu’il aurait eu moins d’égard pour la peluche. Mais ce n’est pas le cas. La position du matou, qu’elle soit consciente ou non, lui arrache presque un pincement au cœur. L’affection qu’il devait sûrement éprouver pour sa sœur, pour ainsi prendre soin de ses affaires, également. Parce que ça la renvoie à cette vérité, ô combien complexe, qu’elle aurait préféré ignorer à tout jamais. Il était humain, pas vrai ? Il n’était pas qu’un crétin méprisant et méprisable, il était capable de plus que ça et elle en avait eu la preuve sous les yeux à quelques reprises. Ça la renvoie aux souvenirs qu’elle avait conservés de l’attitude du douanier avec Tolmin. Ça la renvoie au fait qu’il avait été incapable de la laisser se débrouiller seule, ce soir où elle avait trop bu. Mais ces pensées se voient balayées par d’autres, ces souvenirs des poings de Krishvin s’abattant sur son visage, sans s’arrêter. Elle revit l’angoisse, la folie, la colère et la violence tant et si bien que la douceur qui émanait de ses précautions prises avec la peluche semblait plus dérangeante désormais. Plus difficile à avaler. Alors elle est partagée, définitivement. Entre l’envie de se raccrocher à cette douceur visible pour mettre la violence excessive du blond sur le compte d’un accident, et le besoin de le voir de nouveau comme un connard à éviter.
Il y a un frisson, indéfinissable, alors que la milicienne sursaute presque en entendant son interlocutrice s’adresser à elle de nouveau, pour lui signaler qu’elle pouvait se lancer dans des projets divers et variés si nécessaire. Il suffisait de demander. Jetant un coup d’œil à la concernée et hochant rapidement la tête pour signifier son accord, elle ramène ensuite ses prunelles à hauteur de Tiaan lorsque ce dernier est sollicité pour dévoiler des images. Sûrement des preuves des talents de la couturière. A moins qu’il ne les ait supprimées, comme elle semblait le soupçonner. Alors elle l’observe, sans trop rien dire, croisant instinctivement les bras contre sa poitrine en les laissant, tous les deux, se débrouiller entre eux. Mais si le lieutenant arque un sourcil dans un premier temps, il offre rapidement un sourire à la blonde. De nouveau cette douceur, nichée quelque part, à nouveau. Si éloignée de ce à quoi elle avait eu le droit. Et ça l’emmerde, ça ravive toutes ces plaies dégueulasses qui cicatrisent jamais vraiment chez elle. Parce que t’es jamais assez Ana. Jamais assez bien, assez forte, assez intelligente. Jamais assez. T’es pas assez bien pour t’octroyer ces sourires, et t’es même pas assez forte pour lui tenir tête sur un ring. Pathétique. Tant et si bien que tu détournes le regard, une boule se formant dans le creux de ta gorge. Ça t’agace d’ailleurs. T’aurais préféré être simplement fascinée, comme tu l’avais été en découvrant la tendresse du lieutenant à l’égard d’un gamin. Cette fois ci, tu te sens simplement de trop, d’une façon autrement plus désagréable bien que tu ne parviennes pas à t’expliquer ce ressenti. Il est où le problème après tout ? Evidemment qu’il souriait à sa sœur, c’était sa putain de famille, bon dieu. Peut-être que ça te gêne, de le voir s’en sortir aussi bien, alors même que tu galérais à gérer le flot d’émotions instables qui naissait en toi. Tu sais pas trop, mais tu fixes avec intensité le sol de la cabine, y compris lorsque Krishvin reprend la parole. Ce qui t’empêche pas de prendre conscience du fait qu’il s’agissait des premiers mots qu’il daignait offrir depuis le début de cet entretien. Tu sais pas quoi en penser, ça t’agace même de te dire que t’es censé en penser quelque chose. Alors t’inspire profondément de ton côté, tes doigts pianotant le long de tes avants bras dans un signe de nervosité. Ça t’emmerde, toute cette histoire t’emmerde. D’autant plus que t’es persuadée qu’il suffirait de quelques mots de la part du blond pour mettre un terme à tout ça.
Theevi poursuit alors, faisant mine d’avouer qu’elle avait encore des images sur son propre terminal, étant celle des deux qui conservait visiblement des souvenirs. Ce n’est que lorsque tu l’entends se lever, du moins tu le supposes au vu du froissement des draps et du bruit émanant du lit auquel on épargnait un poids, que tu la suis de nouveau du regard, sans jamais décroiser les bras. S’emparant de ce qui était sans nul doute son propre terminal, la blonde alla s’assoir alors naturellement au bout du lit, aux pieds du douanier, relevant les yeux en ta direction comme pour signifier qu’elle attendait que tu daignes te bouger les fesses. Il te faut une seconde pour comprendre et réagir, te rapprochant vivement comme pour compenser ta lenteur d’esprit et tu t’installes à ses côtés pour mieux lorgner le terminal qu’elle te montrait alors, avec les images dessus. La nervosité reprend le dessus, une fois de plus, malgré toi. Tu joues avec tes cheveux, comme d’habitude, faisant basculer l’ensemble des mèches le long d’une épaule et dégageant de ce fait pleinement la seconde et la base de ton cou. Tu frictionnes quelques mèches malgré tout et t’essayes de te focaliser sur les éléments qu’on te présentait désormais. C’est dur. Parce que t’aimes pas savoir Tiaan derrière toi, même s’il était bien calé contre le mur. T’aimes pas, de le savoir dans ton dos, hors de vue. Tu t’obliges à cesser de triturer ta chevelure en posant tes mains à plat sur le rebord du lit mais rapidement tes doigts se crisperont légèrement sur le rebord. T’arrives à sourire malgré tout, devant quelques pièces adorables que te présente Theevi. Tu l’arrêtes à une ou deux reprises également, réclamant un temps supplémentaire pour observer ces quelques objets particuliers qu’elle aura confectionné. Ce ne fut qu’une fois que tu eus estimée en avoir assez vu que tu lâchas à l’attention de ton interlocutrice : « J’ai compris, vous touchez à tout. Plaisante-t-elle dans un sourire, relevant les yeux en direction de sa compagne. Une robe suffira pour le moment en tout cas, même si je comprends pourquoi on m’a conseillé de venir vous voir. Les doigts pianotent légèrement sur le rebord du lit, alors que tu laisses un blanc suivre tes propos, témoignant de ton hésitation à formuler ce à quoi tu pensais. Si vous n’avez besoin de rien de plus, je ferais mieux de me changer et de vous laisser. » Affirme-t-elle en faisant déjà mine de vouloir se relever.
- BLACK PUMPKIN
Sujet: (#) Re: Family brawl (Tiaan) Lun 26 Mar - 23:37
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Sujet: (#) Re: Family brawl (Tiaan) Mar 27 Mar - 23:53
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Family brawl. Ana & Tiaan
Les images défilent, alors que tu fais de ton mieux pour te détendre. C’est pas un franc succès, au vu de tes doigts qui se crispaient contre le rebord, et ta manie de songer à la silhouette dans ton dos, cet homme que tu jugeais soudainement plus menaçant que d’accoutumée. Mais t’essayes Ana, tant pour ne pas mettre mal à l’aise ton interlocutrice que parce que tu savais pertinemment que faire une fixation sur le douanier ne donnerait rien de bon. Après ton intégrité physique, voilà que ta santé mentale allait en pâtir. Alors tes prunelles s’attardent sur ce qu’on te dévoile, et tu réclames dans un murmure, de temps à autre, à ce que Theevi fasse une pause pour que tu puisses profiter d’une création que tu estimes particulièrement réussie, ou du moins largement à ton goût. Il y a ces moments où tu retiens ton souffle dans un froncement de sourcils, brièvement, lorsqu’une image qui n’a plus rien à voir avec la couture se présente à toi. T’as vu plusieurs gosses, d’âges variés, apparaître ainsi sous tes yeux et si la blonde passe rapidement ces photos ci, ça t’empêche pas d’être curieuse, d’avoir envie de revenir dessus. Voir des témoignages de la vie de Theevi, ou surtout des témoignages de ce qu’avait pu être celle du douanier. T’imagines que tu venais de voir passer un souvenir de la grande fratrie qu’ils incarnaient et t’as envie de pouvoir situer le lieutenant dessus. Tu sais pas pourquoi, pourquoi t’arrives pas à t’empêcher de vouloir savoir. Tu comprends pas ta manie de chercher à lui trouver des excuses au fond de ses prunelles de gosse sur des images passées. Mais toute demande à ce sujet te semblerait déplacée, d’autant plus que cela t’agaçait toi-même d’être aussi curieuse, aussi te contentes-tu de garder le silence. T’en reste pas moins sur tes gardes désormais, comme prête à graver dans ta mémoire tout ce qui pourrait s’apparenter à des photos de famille.
Mais il n’y a plus grand-chose et si tu aurais pu te montrer suffisamment patiente dans d’autres circonstances pour découvrir plus en profondeur le travail de ton interlocutrice, tu étais trop mal à l’aise en cet instant précis. Ta patience s’effrite de ce fait à vive allure et tu en arrives à ne plus te sentir concernée par ce qui défilait sous tes yeux. Incapable toutefois d’être ingrate et mesquine au point de l’interrompre en pleine lancée, tu attends encore un peu avant de profiter d’une pause et de quelques explications sur la couture pour reprendre la parole, dans un sourire. J’ai compris, vous touchez à tout. T’espères que c’est pas trop brutal malgré tout, précisant assez vite qu’une robe suffirait pour le moment : en partie parce que tu ne voyais pas quoi réclamer d’autre mais également parce que tu avais d’autres priorités pour dépenser tes crédits. Cela semble toutefois faire plaisir à ton interlocutrice, celle-là même que tu complimentais à nouveau, signifiant que tu comprenais pourquoi l’on avait pu te conseiller cette adresse. Evidemment, tu préférais attendre le résultat final avant de faire plus de commentaires, craignant un bref instant que la couturière ne s’emballe durant son travail et en oublie tes consignes et tes souhaits. Tu ne parleras pas de ce doute qui t’étreint cependant, te contentant de préciser que si l’on n’avait plus besoin de toi, alors il vaudrait mieux que tu te changes et que tu la laisses profiter du reste de sa journée. Encore une fois, tu sais que tu aurais pu t’éterniser plus volontiers, s’il n’y avait pas eu la présence de Krishvin dans les parages. En vérité, avoir le frère et la sœur dans la même pièce était dérangeant au possible, t’empêchant de te comporter comme tu le voudrais tant avec l’un qu’avec l’autre. T’as pas envie de parler naturellement avec Theevi tandis qu’il demeurait ici à écouter, et potentiellement juger, au moins intérieurement. Pas plus que tu n’avais envie de régler tes comptes avec Tiaan en présence de sa sœur, préférant largement faire croire que tu ne connaissais pas le douanier, bien que tu imaginais que ce mensonge ci n’avait sûrement pas eu plus de succès que les autres.
Mais alors que tu t’apprêtais à te relever Ana, prête à mettre de la distance entre toi et les gens qui t’entouraient, la main de la blonde se reposant alors sur ton avant-bras suffit pour que tu relèves un regard surpris en sa direction. Elle désirait aller aux toilettes avant et si la remarque te surprend -ce qui ne devait pas franchement- tu ne peux qu’hocher doucement la tête. « Je… Oui, bien sûr. » Tu parles dans le vide de toute façon, Theevi s’étant déjà relevée et ayant pris la direction de la salle de bain, repoussant ce qui avait permis de bloquer la porte afin de laisser celle-ci se fermer pour de bon. Il te faut quelques secondes pour réaliser, quelques secondes avant que la sensation de malaise ne s’accentue au creux de ta poitrine. Il y a l’agacement aussi, qui se loge quelque part bien que tu ne parviennes pas à savoir si tu le dédiais à toi-même ou si tu le réservais pour le douanier, celui là même qui soupirait désormais, témoignant de cette foutue nonchalance que tu lui enviais de plus en plus. Comment il faisait ? Pour être capable de serrer les poings, et de te les balancer en pleine gueule comme un fou furieux, à la moindre contrariété, pour ensuite sembler plus à l’aise après les événements. A croire qu’il dormait bien la nuit. Ou qu’il cachait ce qu’il éprouvait avec beaucoup plus d’aisance que toi en cet instant précis. Grinçant légèrement des dents, tu pivotes légèrement sur le lit afin d’avoir le lieutenant dans ton champ de vision, au moins périphérique. Instinctivement, tu entamas un mouvement pour croiser les jambes mais l’étroitesse de la robe te pousse à te raviser tout en retenant un soupir. Du coin de l’œil, tu observes ainsi Tiaan lorsque ce dernier se met à bouger à son tour, s’emparant de la peluche pour lui écarter doucement les bras. Les gestes sont mesurés mais ça ne suffit pas pour te rassurer pleinement et c’est principalement guidée par la méfiance que tu te mets à le suivre des yeux lorsqu’il se lève, lorsqu’il dépose la peluche sur une pile de tissus. Lorsqu’il s’écarte, aussi. Puis lorsqu’il fait craquer ses articulations.
Un claquement de langue, sec, t’échappe instinctivement alors que tu lui jettes un coup d’œil un peu plus courroucé. T’avais jamais été une grande fan de ce genre de bruits, cette façon qu’avaient les gens de faire craquer leurs doigts ou leur nuque et ce genre de son t’horripilait sûrement autant que le bruit des couverts contre une assiette. En ce cas précis, c’est pire tant tu vois ça comme une provocation, et ton propre venin te brûle la langue alors que tu te retiens de lui demander si te péter le nez lui avait procuré la même sensation de bien-être. A quoi bon. Tu le vois bien, que t’es la seule à pas vraiment vouloir être là désormais. La seule à encore être tourmentée par des événements passés, ou plutôt par le silence qui ne cessait de suivre lesdits événements. Tu sais pas te taire Ana, tu sais pas juste oublier sans rien dire, sans un mot. T’as besoin de t’exprimer, pour pas exploser, tout comme lui semblait avoir besoin de frapper pour ça. Alors ça te tue, vos silences, ceux du douanier surtout. T’aimerais que vous en parliez, au moins avoir l’impression qu’il regrettait plutôt que cette sensation dégueulasse que tout ceci le laissait relativement indifférent désormais. Si tu avais cru percevoir un certain malaise chez Tiaan au début de cet entretien, tu te demandes désormais si cela n’était pas lié à ta présence auprès de sa sœur plus qu’autre chose, et cette simple idée te bouffe les tripes. Tu te souviens de ce café échangé après des propos violents, tu te souviens que t’étais celle qui avait repris la parole, pour oublier la colère et la peur. Mais là t’y arrivais pas. Pourquoi t’y arrivais pas bon dieu ? Qu’est ce qui avait pu changer pour que, cette fois ci, tu te confines dans ce silence qui te tuait à petit feu ?
T’as pas le temps de trouver une réponse à cette question, une solution à cette situation, que déjà Tiaan retrouvait sa place sur le lit, suffisamment éloigné pour que tu sois relativement à l’aise malgré tout. T’arrives pas à savoir si cette distance est volontaire, et t’arrives encore moins à savoir s’il agissait ainsi par altruisme envers toi ou de façon purement égoïste. Et, incapable de ne pas le suivre du regard, tu te perds un bref instant dans tes pensées en fixant ses jambes, avant de reprendre contact avec la réalité et de relever brutalement les yeux vers lui. C’est là que tu remarques qu’il t’observait en retour et si tu soutiens son regard un instant, tu finis bien vite par détourner les yeux en secouant légèrement la tête, sans un mot. Tu préfères te focaliser sur tes mains, celles là même que tu posais sur tes cuisses, les nouant entre elles pour ensuite les séparer la seconde suivante et étirer tes doigts, observant les cicatrices qui ornaient ta peau. Un bref instant, tu te demandes ce qui prend autant de temps à Theevi mais te contentes bien vite de prendre ton mal en patience. Cela aurait pu continuer un bon moment si tes sens, exacerbés par le silence qui régnait, ne captaient pas les bruits de fouille à tes côtés. Alors tu lui jettes un nouveau regard en coin, l’observant alors qu’il sortait son paquet de cigarettes. En d’autres circonstances, tu aurais peut être eu une pensée pour ces dernières, mais cette fois ci tu étais trop perturbée par ton propre environnement et tes émotions pour avoir envie de t’attarder sur ces tubes de nicotine. Qui plus est, le silence -que tu jugeais pesant- qui perdurait t’empêchait de penser à toute la symbolique de paix qui émanait du paquet de clopes. Pas besoin de faire la paix, après tout vous ne vous faisiez aucun mal en cet instant précis. Ce qui te bouffait, c’était le souvenir d’une douleur passée.
C’est pour ça que t’es surprise quand, après s’être approprié une cigarette, il te tendra naturellement le paquet pour que tu puisses te saisir de la seule qui restait. Tu te figes sur le moment, fixant tantôt l’offrande tantôt les prunelles du lieutenant, comme à la recherche d’une réponse, ou d’une explication. T’en avais pas besoin au fond, tu savais bien, mais tout ceci te paraissait tellement ridicule, soudainement. Tu te sentais ridicule, tant et si bien que tu peux pas t’empêcher de ricaner légèrement par le nez, pour toi-même, tout en secouant légèrement la tête, baissant à nouveau les yeux vers la cigarette. Putain. Alors c’est tout ? T’allais encore t’emparer de cette putain de clope et t’y accrocher désespérément pour… Pourquoi d’ailleurs ? Lui pardonner ? Oublier ? Putain pourquoi tu faisais tout ça déjà ? T’en sais rien. Et tu te sens conne, à chercher la paix avec Krishvin. Tu te sens stupide, toi et la sensation de lassitude absolue qui t’avais poussée à vouloir rendre les armes, pour mieux te faire joyeusement exploser la gueule et… Tu te figes à nouveau, tendue. Parce que t’étais montée sur ce ring Ana. Ouais, bien sûr que t’avais pas prévu de finir dans cet état, bien sûr que t’avais pas espéré qu’il te gratifie de sa fureur, à ce point. Mais t’étais montée sur le ring, et en relevant les yeux vers son visage aujourd’hui, tu te souviens que certains des hématomes qu’il arborait étaient de ton fait. T’avais cogné toi aussi, salement. Tout comme t’avais cogné avec tes mots depuis ton mur d’escalade encore avant ça. Tout comme t’avais réussi à le faire chier, et à le déranger, sur la passerelle malgré tes efforts ensuite pour éviter que cela ne se reproduise. Toi aussi tu faisais mal, toi aussi t’étais coupable. T’avais rien d’une putain de victime complètement à plaindre. Il était responsable de ses écarts sur le ring, c’est certain. Mais t’avais été responsable de tellement de choses toi aussi, et il était passé outre dans le fond, non ?
Alors tu te décides, tandis qu’il se lassait et faisait mine de ramener le paquet de cigarettes contre lui. Ta main fuse, un peu vivement, tes doigts se reposant sur l’emballage pour le stopper dans son mouvement et si t’hésites encore un bref instant, tes doigts finissent par se refermer sur la dernière cigarette. Cette proximité soudaine a quelque chose de particulier à tes yeux, non pas que t’étais le genre de vierge effarouchée prête à t’offusquer de savoir les doigts d’un homme si proches des tiens, ou pire, prête à s’emballer pour si peu. Non. C’est juste que cette fois ci, vos phalanges apparaissent ensemble dans ton champ de vision et tu peux pas t’empêcher de les comparer un moment, ces rougeurs, ces cicatrices. Là aussi t’as pris cher, mais c’est de ta faute et tu le sais, une sensation qui ne fait que de renforcer ta détermination à t’emparer du tube de nicotine, ramenant avec plus de douceur ta main contre toi une fois que tu t’en fus emparée. Instinctivement, tu lâches un « Merci. Dans un souffle qu’il ne captera peut être pas. C’est que t’étais polie, de base, et c’est spontanément que ce trait de caractère ressort alors que la cigarette se retrouvait déjà à virevolter entre tes doigts. C’est fou. C’est fou le bien que ça te fait, comme tes épaules s’affaissent presque sous le coup d’un soulagement que tu ne t’expliques pas. Et c’est fou de constater que t’as désormais envie de parler, bien que tu ne saches pas vraiment quoi dire ou comment le dire. Alors la bouche s’ouvre, puis se referme. S’ouvre de nouveau. Est-ce que… » Silence. Quoi ? Les questions se multiplient au fond de ton crâne, douloureusement. Est-ce qu’il regrettait ? Sûrement, t’imaginais difficilement le douanier se parer de faux semblants pour t’aborder. Tu le voyais pas t’offrir cette cigarette, alors même que vous en connaissiez désormais la signification, sans avoir envie de faire ce premier pas. Mais ça pulse au fond de ton crâne.
A-t-il pensé à toi ? S’est-il déjà demandé dans quel état il avait pu vraiment te laisser, et si tu t’en remettais ? Avait-il demandé à Marcus, ou à n’importe qui d’autre ? Ces interrogations sont superficielles, égoïstes, et témoignent parfaitement de ton absolue fragilité, celle que tu tentes de masquer sous une assurance de façade. Alors il y en a d’autres, plus pragmatiques d’après toi, qui prennent le relais : est ce que tu devais t’inquiéter ? Est-ce que tu avais raison de te méfier, d’avoir peur, de le jauger ? Est-ce que tu devais craindre que cela se reproduise, malgré le fait que tu étais certaine de ne plus jamais chercher à confronter le douanier sur un ring, pour quelque raison que ce soit ? Sauf que tu te sens pas de lui demander ça, incapable que t’étais de prononcer ces questions. Pas tant parce que cela te gênait d’évoquer le sujet que parce que tu craignais les réponses. Alors tu dis rien, un bref instant, avant de reprendre la parole de façon plus légère, tout du moins essayes-tu. « Je savais pas, que c’était ta sœur. Une simple remarque, lâchée avec nonchalance. Pourtant tu te bouffes la langue la seconde suivante, pour éviter de laisser transparaître ton agacement. Parce que tu te maudis d’éprouver le besoin de justifier ta présence ici. Putain de merde, tu devrais pas avoir à te justifier, de rien. Même si tu étais plus ou moins convaincue qu’il ne s’agissait que d’une façon comme une autre de faire la conversation, soudainement, tu t’en veux. Et t’enchaînes, aussi, dans un souffle plus sincère et moins frustrant pour toi. Une évidence, ainsi offerte. Elle est gentille… » Et tu relèves les yeux vers la salle de bain dans laquelle elle s’était enfermée, fronçant brièvement les sourcils au passage alors que tu commençais à te dire que cela faisait un moment qu’elle s’y trouvait désormais.
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Sujet: (#) Re: Family brawl (Tiaan) Dim 22 Avr - 15:12
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Sujet: (#) Re: Family brawl (Tiaan) Sam 5 Mai - 0:50
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Family brawl. Ana & Tiaan
T’es toujours obligée de te justifier Ana, pas vrai ? T’as beau affirmer que tu faisais ce que tu voulais, t’as beau refuser qu’on décide à ta place de ce que tu devrais faire ou non, tu pouvais pas t’empêcher de tout expliquer. Tes faits et gestes, ta réaction, tes mots. Expliquer pourquoi t’en es là dans la vie, comment, pourquoi. Peut-être que tu cherchais quelqu’un qui comprendrait. Non pas que tu sois en quête d’une compassion poussée à l’extrême, au point qu’elle en deviendrait hypocrite, mais tu cherchais plutôt quelqu’un qui partagerait les mêmes démons. Suffisamment pour ne plus avoir à t’expliquer plus longuement, justement parce qu’il n’y aurait plus rien à expliquer. La personne qui te faisait face saurait, car parfaitement au courant, ayant vécu des événements similaires qui l’auraient forgée comme ta propre histoire t’avait forgée. T’aimerais ne plus avoir à te justifier, mais t’as la sensation que si tu le fais pas, les gens passeront à côté de ce que t’es. Un peu comme la légion est passée à côté de tes capacités ? Peut-être. Sûrement. Tu sais pas trop. Mais en cet instant précis, tu maudis cet aspect de ta personnalité. Tu te détestes, pour t’être presque excusée de t’être retrouvée sur le chemin du douanier. T’avais rien demandé toi non plus au fond, t’avais pas espéré le revoir, pas voulu t’approcher de sa famille d’une quelconque façon. Mais t’étais là, et tu te justifies parce que t’as peur qu’il se méprenne sur tes attentions, t’as peur qu’il se trompe à ton sujet. Ça devrait pas t’affecter et, une fois de plus, tu devrais pas avoir à t’excuser d’être là, tout comme dans d’autres circonstances tu ne devrais pas avoir à montrer les crocs comme un animal sauvage pour t’imposer. Il est pas comme toi, pas vrai ? Avec son Ok nonchalant, sa façon d’être… Quoi au juste ? Indifférent ? Sûrement, encore que t’es convaincue que c’est plus compliqué que ça. Mais il ne se justifie pas lui, il s’excuse pas d’exister, pas plus qu’il n’avait eu besoin de t’exploser la gueule pour t’imposer le respect jusque là. Respect. Mépris également, colère, fureur. Et d’autres sentiments, moins nocifs, au fil du temps.
M’ouais. Sûrement. Et c’est à ton tour de ne pas le comprendre, ayant commencé à lui jeter un coup d’œil intrigué à peine avait-il ricané. Sûrement ? L’espace d’un instant tu te demandes quelles crasses sa sœur avait pu lui faire pour qu’il en vienne à être aussi mitigé quant à la gentillesse de Theevi, à moins qu’il ne soit simplement sceptique quant à l’utilité de ton commentaire en cet instant. C’est peut-être pour cela que tu précises, dans un léger sourire teinté d’une provocation tout aussi légère. « Disons qu’elle est plus agréable que d’autres à la première approche. » Que t’ironises, écarquillant brièvement les yeux comme pour appuyer ta provoication, avant que ton attention ne se focalise sur des bruits de pas. Ce n’est toutefois pas Theevi qui en avait fini avec la salle de bain mais un inconnu qui venait de pénétrer dans la cabine et ta première pensée fut de constater qu’à ce rythme, il n’y aurait définitivement plus assez de place pour circuler librement ici. De toute manière, tu demeures pour le moment assise sur le lit, tes doigts continuant de jouer avec la cigarette offerte jusqu’à ce que l’homme ne prenne la parole à votre attention. Lui aussi, il s’excusait d’être là, à sa façon. Lui aussi, il justifie sa présence, rappelant qu’il ne cherchait pas les problèmes et tu peux pas t’empêcher d’hausser brièvement les sourcils, surprise de constater qu’on avait besoin de faire ce genre de précisions en ta présence. L’espace d’un instant, tes fonctions en tant que milicienne prennent le dessus et te soufflent de te questionner quant aux raisons qui pouvaient pousser cet inconnu à éviter ces fameux problèmes aussi tôt. Tu te demandes ce qu’il peut bien se reprocher pour être à ce point sur ses gardes mais un coup d’œil en direction de Tiaan tend à te faire comprendre que le problème venait peut-être de là. Parce que tu reconnais ces sourires ci, ceux de façade, ceux qui semblent polis mais finissent par devenir narquois, pour accompagner le poison qui pouvait émaner des propos du douanier. Ton visage encore marqué par les coups de celui-ci te permet alors de comprendre pourquoi le nouvel arrivant avait éprouvé le besoin de dire qu’il ne cherchait pas les emmerdes.
Hors de question que tu te mêles de tout ceci en tout cas, mais tu fus sollicitée lorsque l’homme te complimenta, toi et ta belle robe. Et ça te fait sourire, franchement amusée devant ce qui n’était à tes yeux qu’une politesse de façade. Cette robe ne t’allait pas, étant un peu trop petite pour toi, aussi ne jugeais-tu pas qu’elle était spécialement jolie, en tout cas sur toi. A moins que l’intérêt résidait ici dans le fait qu’il y avait peu de tissu finalement, et qu’il était donc préférable de te voir dans une robe trop étroite tant que l’on pouvait admirer tes jambes ou un semblant de décolleté. Qu’importe, ça t’empêche pas d’hocher brièvement la tête en guise de remerciement, sans chercher à t’attarder sur ce constat. De toute manière Theevi ressortait déjà de la salle de bain, apprêtée dans une robe qui lui allait à la perfection, elle. Tu t’amuses toute seule de tes propres pensées, laissant la scène se dérouler sous tes yeux sans la commenter ou t’immiscer, simplement prête à rappeler ton prénom au cas où que Theevi l’ait oublié, ce qui ne sera finalement pas nécessaire tant la blonde se ressaisit d’elle-même, t’arrachant un sourire plus doux. Sourire qui disparaît au profit de la surprise sitôt que l’homme quittait la cabine, sur un dernier regard dépourvu d’animosité à ton égard mais sur un magnifique doigt dressé en l’honneur de Tiaan. Si un léger snort t’échappe par la suite, tu te reprends bien vite lorsque Theevi s’adresse à vous, s’excusant pour le temps qu’elle a mis avant de demander comment on la trouvait. Le tutoiement te prend légèrement au dépourvu, brièvement hésitante : est ce qu’elle s’adressait à toi ou à Tiaan ? Tu sais pas trop, mais tandis que tu te posais la question, le regard de la blonde capte le tien, si bien que tu te sentais désormais pleinement concernée. « Sublime, que tu souffles dans un sourire qui se voulait complice, avant de préciser un peu plus sérieusement. J’aime le choix de couleur, pour les lèvres. » T’as jamais été une grande fan des compliments soufflés sans la moindre explication. Certes les personnes pouvaient penser leurs « t’es magnifique » mais de ton côté tu trouvais plus intéressant de noter le détail qui faisait la différence. Comme cette teinte de rouge à lèvres, qui la mettait joliment en valeur. Tu en mettais toi-même rarement, il en allait de même pour le maquillage en général, mais tu avais vite appris à éviter certaines couleurs qui avaient tendance à rendre ton teint déjà pâle encore plus maladif, presque cadavérique.
« Je vais y aller. Laisse moi deux minutes. Que tu réclames alors, te relevant soudainement, la cigarette toujours délicatement coincée entre tes doigts, alors que tu prenais la direction de la salle de bain à ton tour. Lorsque la porte se referme naturellement derrière toi, tu peux pas retenir un léger soupir, tes yeux s’abaissant déjà à hauteur de la clope. T’as beau savoir qu’elle ne te protégeait pas vraiment, elle te rendait malgré tout moins nerveuse, moins sur la défensive. Peut-être qu’un beau jour, tu te boufferais une remarque ô combien acide de la part du douanier, achevant de te convaincre de ne jamais baisser la garde en sa présence, même malgré ses offrandes de paix. Pour l’heure toutefois, t’es contente d’avoir le tube de nicotine entre les doigts, bien que tu l’abandonnes momentanément sur le rebord du lavabo pour te changer. Tu prends soin de la robe, prenant ton temps pour l’ôter de peur de l’abimer, avant de la plier soigneusement pour la déposer dans un coin. Tu troques ainsi le vêtement contre ton jean délavé, tes semblants de rangers et ton habituel pull noir qui te servait dès que tu n’étais pas en service. Récupérant la cigarette que tu glissais dans ta poche, tu quittes rapidement la cabine, comme convenu. Déjà tu avais le nez penché sur ton terminal, accroché de nouveau à hauteur de ton avant bras après avoir retroussé la manche de ton pull, reprenant la parole. Je te donne mon code de terminal et tu me dis si t’as besoin de quoi que ce soit ? Hésite pas. Mais si je réponds pas c’est normal, j’vais bosser de nuit dans les jours à venir. Le tutoiement est venu naturellement, peut-être parce qu’elle-même l’avait employé plus tôt, ou peut-être parce que, plongée dans ton terminal, tu n’avais pas songé à t’exprimer autrement. L’habitude, de donner des ordres ou du moins de transmettre des indications les yeux fixés sur ton terminal si bien que tu avais fait de même cette fois ci, sans y réfléchir. Alors il y a un bref silence, témoignant de ton malaise tout aussi passager, avant que tu n’en arrives à la conclusion que le mal était fait de toute manière, si mal il y avait. Passe une bonne soirée. » Que tu précises alors, relevant les yeux vers ton interlocutrice et adressant un sourire à celle ci, après avoir achevé de transmettre ton code pour permettre à la blonde de te contacter. Consciente de la distance que vous aviez cherché à imposer, plus ou moins consciemment, jusqu’alors, tu préfères te contenter d’un bref signe de tête à l’attention de Tiaan en guise d’au revoir, avant de t’éclipser.