Messages : 589 Âge : 34 ans. Occupation : nommée contremaître de la flotte, et donc conseillère de l'amirale mugheri. Habitation : l'argus one, qu'elle retrouve après l'avoir quitté pour le colossus de nombreuses années. Arrivée : depuis 2201, il y a 26 ans.Avatar : sarah gadon. Crédits : moi (avatar)
do not go gentle into that good night
« A single action can cause a life to veer off in a direction it was never meant to go. Falling in love can do that, you think. And so can a wild party. You marvel at the way each has the power to forever alter an individual's compass. And it is the knowing that such a thing can so easily happen, as you did not know before, not really, that has fundamentally changed you. »
Elle allait bien. Pour la première fois depuis un long moment, depuis presque deux semaines. Depuis que les couloirs étaient devenus pareils à des pièges dont les crocs étaient prêts à se resserrer sur elle, les mains de Luke comme des liens brûlants qui lui marqueraient à nouveau la peau de constellations violettes. Constellations qu'elle apprendrait bientôt à éviter, à parer sous la tutelle de Marcus puis de Maggie. D'ailleurs, la blonde avait encore les muscles engourdis par l'entrainement de la veille qui l'avait épuisé autant physiquement que psychologiquement : malgré la patience du légionnaire, son attention et son soutien, elle avait encore ces putain de réflexes qui ne l'aidaient pas. Ceux qui la poussaient à se courber sous le poids de l'autre, à fermer les yeux, attendre la fatalité plutôt que rendre le coup la peur au ventre d'aggraver la situation plutôt que de la régler en s'y opposant. Et dans cette attente, souvent interminable, il y avait un certain courage. Celui d'accepter un dénouement qui lui serait fatal, de l'accueillir plutôt que de le fuir, celui de s'offrir d'en l'espoir de se préserver. Un courage inconscient et malsain qu'on préfère percevoir comme de la faiblesse. Et une faiblesse, donc, qu'elle apprend doucement à dompter sous les mains du militaire avant qu'elle ne s'y jette corps et âme. C'est que malgré le poids écrasant sur ses épaules, elle avance la blonde. Elle se relève, douloureusement, mais ne se laisse pas abattre. Trop fière pour permettre aux épreuves qui la frappent de l'empêcher de vivre et elle sourit à ses démons et s'en éloigne mais les trainent toujours avec elle. Et malgré tout, elle va bien. Elle va bien parce qu'elle se sent aimée, soutenue, entourée, aidée, protégée. Par Rhil, Minnie, Marcus, les autres. Alors peut-être que quelque part Elara n'était pas objective car la veille, elle l'avait passée en grande partie avec le sergent qui s'évertuait à lui rendre visite. Et ça, forcément, ça la rendait plus heureuse qu'elle ne se l'avouait. Ça lui faisait oublier ses soucis et ses démons, ça lui donnait envie d'aller de l'avant, ça la rendait curieuse de l'avenir. Marcus, c'était son pilier, sa bulle, tout ce dont elle avait besoin parfois (souvent). C'était un souffle, enfin, sans les responsabilités, la pression et les attentes auxquelles elle devait se plier face à d'autres. Il était précieux, trop pour qu'elle y reste insensible et chaque instant elle le savourait des jours durant remplaçant les souvenirs brutaux de Luke par ceux plus tendres passés avec le brun. Elle lui faisait aveuglément confiance et c'était tout ce qui comptait.
La journée, elle l'avait donc passée sereinement sans surprise. Elle avait même bravé son angoisse pour assister à un meeting de Priya Mugheri et rentrer tard, filant dans les couloirs du Colossus 5 sans le jeune homme qui lui servait de garde du corps obligatoire depuis quelques jours seulement. Un fardeau plus qu'un plaisir mais dont elle ne pouvait se défaire sans être sanctionnée par ses supérieurs qui l'y avaient obligée. Quand elle rentre chez elle, Elara n'a le temps que de déposer ses affaires sur le meuble dans l'entrée qu'on frappe contre sa porte. Immédiatement, ses muscles endoloris se tendent et son estomac se noue : toujours cette peur dans la peau qu'il puisse s'agir de Luke. Pourtant, ça n'est jamais le cas. Car lorsqu'elle regarde sur le petit écran lui permettant d'observer l'extérieur, elle reconnait le visage fin de Rian et ouvre dans la foulée la porte qui coulisse dans un souffle métallique. La blonde lui sourit, naïvement, mais n'a pas le temps de lui dire bonsoir que la jeune femme s'engouffre sans un mot dans ses quartiers. Etrange. Qu'elle pense sans plus y prêter attention, la jeune Reyes n'était pas connue pour sa délicatesse de toute façon. Alors elle ignore ce qui l'aurait normalement froissée si ça n'avait pas été la brune et referme la porte avant de se retourner pour lui faire face. Une expression un brin inquiète sur le visage : Rian ne se déplaçait pas pour rien, ne venait jamais pour des banalités ou sur un coup de tête. Pas assez proche pour le faire naturellement, trop pour ne pas savoir qu'Elara préférait la voir autour d'un café plutôt que si tard dans la soirée. Ça va ? c'est Elara qui brise le silence la première, la voix qui se veut rassurante, accompagnée d'un sourire tendre car presque certaine que si la jeune femme vient la voir c'est que quelque chose de grave la tracasse.
Messages : 589 Âge : 34 ans. Occupation : nommée contremaître de la flotte, et donc conseillère de l'amirale mugheri. Habitation : l'argus one, qu'elle retrouve après l'avoir quitté pour le colossus de nombreuses années. Arrivée : depuis 2201, il y a 26 ans.Avatar : sarah gadon. Crédits : moi (avatar)
do not go gentle into that good night
« A single action can cause a life to veer off in a direction it was never meant to go. Falling in love can do that, you think. And so can a wild party. You marvel at the way each has the power to forever alter an individual's compass. And it is the knowing that such a thing can so easily happen, as you did not know before, not really, that has fundamentally changed you. »
Elara lui sourit naïvement, pensant que la brune venait chercher de l'aide, du réconfort car avare en visites d'ordinaire. Elle lui sourit parce qu'elle n'a que ça à lui offrir. Ça et son épaule s'il le faut, quand il le faut. Rian lui répond alors un Non, sinon je ne serais pas ici à te déranger à une heure pareille. nerveux, ses doigts qui s'agitent plus que d'habitude sur le tissu de ses vêtements, arrachant à un Elara un soupire bref. Tu peux me déranger quand tu en as besoin, tu sais. glisse-t-elle en s'éloignant de la jeune femme, lui laissant le loisir de s'assoir ou non sur son canapé, de faire comme chez elle. Parce que la blonde, même fatiguée, s'épanouie en aidant les autres. Et si Rian n'allait pas bien, certainement qu'elle resterait ici un long moment le temps de dénouer ses soucis ou ses inquiétudes. Ce n'était pas la première fois qu'elle l'aiderait, surement pas la dernière et en bonne hôte elle se dirige vers les boissons achetées la veille, sortant deux verres par la même occasion. Tu veux quelque chose à boire ? demande-t-elle par dessus son épaule, le ton calme et posé sans se douter de la tempête qui s'apprête à gronder. Derrière elle, elle entend la brune piétiner au lieu de se mettre à l'aise et si ça ne l'inquiète pas plus que ça, cela attise sa curiosité. D'ordinaire elle aurait déjà commencé à vider son sac, peu habituée à tourner autour du pot lorsqu'elles se voyaient : mais Eirian semblait hésitante. Elle se versa un verre de thé glacé en attendant une réponse à sa question qui se faisait attendre. Celle que la légionnaire lui donna la prise de court, toujours un peu surprise d'entendre parler de Marcus. Je croyais que Marcus t’en aurais parlé- mais non, bien entendu. le rire mauvais qui l'accompagne lui tire une grimace perplexe, notamment parce qu'elle ne s'attendait pas à parler du brun. S'il leur était arrivé de parler de lui, cela avait toujours été dans un contexte lui étant propre et jamais, au grand jamais de lui et d'elle. Parce qu'aux yeux des autres, ils n'étaient que de bons amis. Rien de plus, rien de moins. Pas suffisamment pour que Rian puisse s'imaginer le militaire se confier à Elara. Alors forcément, elle se tend un peu, appréhende la suite. Faut que je te parle, Ela. La blonde se retourne enfin, laissant pour plus tard le verre qu'elle avait préparé parce que son coeur s'emballe à l'idée d'être la source des ennuis de Rian. Bien sûr, elle ne s'y attend pas vraiment, croit encore qu'il puisse s'agir d'autre chose mais une petite voix lui souffle déjà que peut-être que Rian savait pour eux. Et si la perspective d'avoir été percée au grand jour ne l'enchante pas, elle ne fait toujours pas de lien entre ça et les possibles soucis d'Eirian. Alors Elara inspire, prenant appuie sur le meuble derrière elle. Je t'écoute. qu'elle dit dans un sourire qui se veut tendre mais qui est trahi par son regard anxieux et la tension dans ses épaules.
La première fois, j’ai perdue une amie et je ne veux pas recommencer. Bien que nous ne sommes pas aussi proche que je l’ai été avec elle… j’en ai assez d’être la garce. Elara fait de son mieux pour garder un visage impassible mais ouvert, à l'écoute. Parce qu'elle fait vivre encore un peu l'espoir de ne pas être le centre de ses problèmes, d'être l'épaule sur laquelle la jeune légionnaire vient faire couler ses soucis. Elle hoche doucement la tête, les sourcils à peine froncés car elle tente de faire sens de ce que Eirian lui dit sans y parvenir. Il manque une pièce au puzzle et certaine que celle-ci ne tardera pas à arriver, Elara reste silencieuse. Elle parle d'une amie perdue, la compare à la blonde, se considère comme une garce : rien qui ne fasse encore sens pour la blonde et quelque part dans son esprit vient se loger le souvenir de sa soirée de la veille. Du message que Clara avait envoyé à Marcus et à elle, inquiète de ce qui pouvait clocher avec sa fille. Peut-être était-elle sur le point de le découvrir. Sans doute, même. Marcus t’as raconté ce qui a achevé de le convaincre de quitter son ex-femme ? Ce qui le fait tant culpabiliser ? Encore Marcus. La mention de son prénom la crispe, l'inquiète. Mais c'est celle de son mariage qui lui serre la gorge, parce qu'elle connait l'histoire pour l'avoir entendue à plusieurs reprises de sa bouche à lui avant qu'elle n'y vienne presser la sienne. C'était elle qui l'avait aidé à faire face à son divorce, elle qui l'avait écouté se confier sur ce qu'il considérait encore comme d'honteux échecs. Mais ça, Rian ne pouvait pas le savoir. Ni ne le devait, quelque part, car ce serait rompre leur promesse de rester secrets. Ce serait commencer à percer leur bulle qu'ils protégeaient encore malgré les mois qui défilent à toute allure, les instants volés qui ont manqué de les trahir, les absences difficiles et les moments complices. Elle ne bronche pas, alors. Même si son coeur bat trop vite, même si son souffle se précipite. Elara la regarde, tente de soutenir son regard pour y chercher des réponses. La pièce du puzzle qui lui manque pour faire sens de ses interrogations. Il t’a parlé de ce que nous avons fait ? … Il t’a dit que je l’aimais ? Quoi ? qu'elle aimerait dire. Mais les mots restent coincés dans sa gorge trop serrée. Stupéfaite. Alors que sous ses pieds le sol semble se défiler, une sensation comme une autre qui témoigne de sa surprise tandis que son visage à défaut de se crisper se détend de stupeur. Sans voix. Il lui faut du temps pour comprendre ce qu'elle vient d'avouer d'abord à demi-mot puis brutalement. Est-ce que c'est une blague (de mauvais goût) ? Est-ce que Rian tente de la tester, de les percer à jour ? Ou est-ce qu'au contraire, ce qu'elle avance est vrai. Est-ce que Marcus et elle ont... Ela ferme les yeux, la simple pensée que cela soit possible la trouble plus que de mesure : elle n'est pas jalouse. Pas encore du moins. Mais les imaginer ensemble ne serait-ce qu'une nuit lui semble impossible. Rian avait toujours été cette soeur, cette gamine impulsive mais attachante. Jamais elle n'aurait pensé que cela soit réalisable : et elle a encore du mal à y croire à vrai dire. Tout comme ce qu'elle avoue subitement, qu'elle l'aime. Ça n'est à ses yeux, pas possible à nouveau. Si bien que lorsqu'elle se ressaisit après le choc de l'annonce, elle cille et sourit dans un rire qui meurt aussi vite qu'il lui échappe. Si c'est une blague, Rian, elle n'est pas vraiment drôle. Finalement, elle choisi de ne pas y croire. Car c'est trop improbable sur le moment pour qu'elle accepte ce que la brune vient de lui avouer. Je n'suis pas sûre que Marcus serait très content de savoir que tu racontes ça. elle renchérit, se persuade que cela ne peut pas être vrai et qu'il ne puisse s'agir que d'une mauvaise plaisanterie. Puis elle se passe une main fébrile sur le visage sans y effacer son sourire désarçonné tout en soupirant. Ça n'était pas possible. Pas Rian. C'était même ridicule, lorsqu'elle y pensait. Mais plus elle y réfléchit, plus son esprit fait des connections là où avant il n'y avait que des flous.
Messages : 589 Âge : 34 ans. Occupation : nommée contremaître de la flotte, et donc conseillère de l'amirale mugheri. Habitation : l'argus one, qu'elle retrouve après l'avoir quitté pour le colossus de nombreuses années. Arrivée : depuis 2201, il y a 26 ans.Avatar : sarah gadon. Crédits : moi (avatar)
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« A single action can cause a life to veer off in a direction it was never meant to go. Falling in love can do that, you think. And so can a wild party. You marvel at the way each has the power to forever alter an individual's compass. And it is the knowing that such a thing can so easily happen, as you did not know before, not really, that has fundamentally changed you. »
Elle pouvait mentir. Elle pouvait trouver ça drôle. S'en amuser. Elle pouvait inventer, bien sûr. Elle pouvait oui. Mais pourquoi ? C'était ça la vraie question, celle qui lui tordait l'estomac car elle ne trouvait pas de bonne réponse. De justification logique, censée, qui allait dans son sens à elle plutôt que dans celui d'Eirian qui s'approche trop vite à son goût. Si bien qu'Elara se crispe un peu quand elle arrive, et elle aurait certainement reculé s'il n'y avait pas eu le meuble derrière elle sur lequel elle s'était appuyée. La brune respire fort, à cran (tout son corps la trahissait) et cette soudaine tension met mal à l'aise Ela qui est loin d'apprécier les conflits. Comme celui-là duquel elle ne semble pas pouvoir se défaire : la faute à la graine que venait de planter Rian dans son esprit. Et si c'était vrai ? Et si ils avaient vraiment couché ensemble ? Et si elle l'aimait, l'aimait-il en retour ? C'est beaucoup de si pour la scientifique qui a besoin de résultats tangibles. À la fois pas assez d'informations pour l'ancienne astrophysicienne et trop pour la femme, au fond. Celle la même qui refuse de croiser son regard plein de haine préférant lever le menton et tourner le visage loin de celui de Rian qui la toise comme un animal. Prédateur, proie, c'est facile de choisir alors. J’ai la gueule d’quelqu’un qui blague?! à défaut de répondre, Elara encaisse, serre les rebords du meuble derrière elle dans une tentative de s'ancrer quelque part avant de se noyer, plus tard. Car la chute était proche, elle pouvait le sentir. Elle avait beau espérer que tout ça soit une vilaine plaisanterie, elle connaissait déjà la réponse à ses questions et ça la rendait malade. Perdue. Sans savoir sur quel pied se tenir. Mais si tu tiens à ce que je dise un truc que Marcus n’aimerait pas… d’accord. Son prénom, encore. Comme un électrochoc, une claque à chaque fois qu'elle l'entend. Ça lui donne enfin le courage de croiser le regard de la brune, déjà anxieuse quant à ce qu'elle y trouverait. De la colère, toujours. Et quelque part l'envie de la stopper net ici la démange, l'instinct qui parle, l'affection aussi pour le brun : parce que non elle n'a pas envie que la jeune femme lui déballe ce que le légionnaire avait jugé bon de garder privé, par respect. Ça lui brûle la langue mais elle ne dit rien : y'a aussi cette curiosité égoïste d'avoir le fin mot de l'histoire. De comprendre. D'être sûre. Et de toute façon elle n'a pas le temps de faire quoique ce soit que Rian reprend de plus belle, chaque mot plus douloureux que le précédent.
Et elle détourne le regard encore, vers le sol. Sans savoir pourquoi : manquait-elle de force pour affronter la vérité ? Souhaitait-elle encore préserver ce que Marcus avait tenté de cacher ? C’est arrivé dans ma cabine, un soir. Après avoir bu au bar, il m’a cru plus ivre que je ne l’étais – sauf que non, pas vraiment. Il voulait y croire, mais il savait. Elle grimace, agacée, râle presque dans un murmure. Elle ne veut pas savoir, c'est décidé. N'en a pas envie. Ils ont couché ensemble. Soit. Le passé ne pouvait être changé et il lui faudrait vivre avec cette nouvelle information. Qui était-elle pour les juger, après tout ? Sinon, tu le sais aussi bien que moi, il n’aurait jamais cédé quand j’ai commencé à lui embrasser la nuque. C'est déjà trop. Elle n'a pas envie de savoir, parce que c'est trop douloureux et elle ne comprend même pas vraiment pourquoi cela lui fait tant de mal. C'est bon. qu'elle chuchote sèchement, plus qu'elle ne l'aurait voulu. Ça la surprendrait presque, mais elle n'a pas le droit d'être jalouse. C'était dans le contrat qu'ils avaient signé à même leur peau, entre deux souffles. Ils avaient le droit. Et ça s'était passé avant tout ça, sans pouvoir mettre le doigt sur ce que c'était, ça. La mâchoire. Il ne m’aurait pas rendu mes baisers. Ça monte, doucement, la colère et ça n'est pas familier pour Elara qui se vante de toujours garder son calme. Mais la brune ne sait pas où elle marche, ni ce qu'elle piétine. Rian... qu'elle dit cette fois plus fermement dans un avertissement. Elle n'écoute pas, trop concentrée à lui faire mal, appuyer là où elle ne pensait même pas avoir de plaies. Il n’aurait pas roulé sur moi en arrachant son t-shirt. C'est l'image de trop. Le dernier coup de couteau. La blonde se décolle subitement, bousculant un peu la jeune Reyes sur son passage alors qu'elle s'éloigne pour respirer, détendre ses épaules. Réfléchir, surtout. Digérer ce qu'Eirian vient de lui avouer : et puis y'a ces images dans son esprit qui lui jouent des tours et font revivre des moments qu'elle n'a même pas vécu mais qui lui font un mal de chien. Putain. Et elle continue, l'autre, celle qui s'est changé en bourreau alors qu'elle l'avait accueillie en amie. Sauf que nous savons tous très bien, que je ne suis pas réellement sa sœur. Je ne l’ai jamais été… je ne l’ai jamais voulu. Oh, évidemment j’ai aimé Orion, mais avec naïveté. En préparation pour autre chose. La mention d'Orion lui arrache un sifflement presque menaçant, tandis que ses sourcils se froncent, trop proche de ce frère qu'elle avait vu se lier à Rian avec joie lorsqu'ils étaient sortis ensemble. Y'a son esprit qui s'embrouille de questions, d'inquiétudes, jamais de réponses. Elle essaie d'y voir clair et si elle fait le lien entre la fille avec laquelle il avait trompé sa femme pour la dernière fois, le reste continue d'être flou. Elle n'a pas le droit d'être jalouse, d'être blessée, ça ne devrait pas lui faire autant de mal. Et pourtant. Pour lui… Marcus. Elle fait les cent pas mais s'arrête brusquement quand elle le mentionne à nouveau. C'est toujours son prénom qui capte son attention, la ramène où elle se tient : seule face à l'inconnu, et la peur dans sa gorge de ne pas tout saisir, de se perdre dans ce que Rian vient de lui dire. Surtout, de se noyer dans le bordel qu'est devenu son esprit, à ne plus savoir quoi penser, quoi dire, quoi faire, quoi ressentir. Comment respirer. Je ne blaguerais pas avec ça… pas quand j’attend depuis aussi longtemps. Qu’il soit prêt. Et Elara se surprend à être plus en colère de la manière avec laquelle Rian parle de lui, que de ce qu'elle est venue faire (quoi, au juste ?). Ça lui brûle les lèvres de la reprendre. Mais elle se tait, se pince les lèvres dans une grimace énervée à l'autre bout de la pièce. Sauf que non, bien entendu… je ne suis pas assez bien. Pas assez… sage, douce… pas assez toi. Pas assez elle. Je crèverais pour lui, tu sais ? Sans réfléchir, sans hésiter. et ça l'atteint à peine, d'être comparée à celle qui avait terni une part de Marcus jusqu'à l'épuiser et l'obliger à fuir ses quartiers plutôt que de s'y rendre avec hâte. Ce qui la dérange, c'est encore la façon dont elle le dépeint et c'est étrange que de s'offusquer plus de ça que des sous-entendus que la brune lui lance au visage sans appréhension.
Je l’aime et pas toi... à défaut de lui pincer le coeur, ça le lui crève. De s'entendre dire qu'elle ne l'aime pas et d'être incapable de répondre du tac au tac parce que jusqu'à présent, elle n'y avait jamais réfléchi. Elle s'était contenté de profiter de chaque seconde à ses côtés, de les transformer en heures et de les graver un peu plus profondément tout près de son palpitant. Alors oui, elle aimait ses mains terriblement maladroites par moment, et y lier ses doigts avec force, les sentir courir le long de sa silhouette. Elle aimait son sourire sincère, celui gêné et même celui qu'il cache en regardant ailleurs, la tête doucement secouée. Elle aimait son regard toujours brûlant d'envie, et lorsqu'il se consume à son contact ou par une colère qui ne lui est jamais destinée. Elle aimait sa façon de se tourner vers elle le matin, en la pensant encore endormie. Ou même son rire étouffé lorsqu'il tente de garder un visage impassible. Même toutes ses affaires qui trainent chez elle qu'il oublie toujours de récupérer. Et la manière avec laquelle il s'invite parfois, son incapacité à accepter le moindre de ses compliments, sa sensibilité qui l'étonne toujours agréablement. Sa mâchoire, ce grain de beauté dans son dos, sa peau, ses lèvres. Merde. Est-ce qu'elle l'aimait vraiment ? Comme ça, si fort ? Ça la rend muette une poignée de seconde, pas assez pour ne pas réagir à l'ultime pique de Rian. Et je recommencerais, Ela... C'était une menace ? La jalousie se mêle à tout un tas d'émotions qu'elle ne comprend pas, poussées par une soudaine envie de protéger ce qu'elle comprenait peu à peu avoir. Ce quelque chose de précieux, plus encore qu'elle ne le pensait. Alors Ela se redresse, sans jamais s'avancer, une main tremblante d'un trop plein qui s'égare sur son front, dans ses cheveux alors qu'elle inspire. Incrédule. Dépassée. En colère. Est-ce que tu t'entends, Eirian ? qu'elle commence d'abord sans animosité. La voix las, presque blasée par la tempête que la brune fait déferler sur elle, et qu'elle ne parvient pas à contrôler. Tu... elle s'arrête devant l'impossibilité de mettre des mots sur tout ce qu'elle pense, là, maintenant. Alors elle se reprend. Qu'est-ce que t'es venue faire au juste ? c'est déjà plus piquant, plus exaspéré. Tout déballer dans l'espoir de quoi, me faire du mal ? C'est réussi. qu'elle se retient de rajouter, les yeux déjà trop brillants pour le cacher. Tu te prends pour qui ? son ton ne monte jamais, parce qu'elle a appris depuis longtemps à se faire entendre sans élever la voix : c'est Syjad qui serait heureux de la voir s'énerver (enfin) sans rugir bêtement. C'est lui qui lui a montré comment être ferme, stricte, piquante sans jamais tomber dans la colère, celle qui décrédibilise plus qu'elle n'aide. Tu te rends compte de la manière avec laquelle tu parles de Marcus ?! Depuis quand on "prépare quelqu'un dans l'attente qu'il soit prêt" ? qu'elle dit avec plus de force, parce que ça le concerne lui. Et y'a un peu de dégoût qui se mêle à sa voix, mais elle n'a pas envie d'aller plus loin. Elle veut qu'elle parte, elle et ses histoires, ses soucis. Toutes ces années à l'aider, la soutenir pour qu'elle vienne s'en prendre à l'une des seules choses grâce auxquelles Elara vivait encore le sourire aux lèvres. Et même la seule raison pour laquelle elle vivait tout court, finalement. Sans lui, sans ce qu'ils étaient, elle ne serait pas là pour défendre aujourd'hui ce qu'ils avaient construit malgré leurs mondes qui s'étaient successivement détruits. Sors d'ici. dit-elle finalement froidement, le bras qui s'allonge en direction de la porte qu'elle pointe du doigt. Sors d'ici, oui, parce qu'elle ne veut plus la voir. Plus l'entendre, elle en a déjà trop dit.