Messages : 643 Âge : 34 ans Occupation : Milicienne (sergent) au Colossus 5 Habitation : Colossus 5 Arrivée : Il y a 24 ans (2203)Pseudo : Drathir/Loreline Avatar : Riley Keough Crédits : avatar - Isleys ; code sign - Anesidora ; crackship - Elara ♥
Elle aime à rire, elle aime à boire. Ana & Tiaan
Des élections de merde liées à des candidats qui lui donnaient de plus en plus envie de piquer un vaisseau pour se casser elle ne sait où, une soirée qu’elle ne pouvait partager avec personne et enfin un message du vice capitaine du Colossus sur son terminal pour lui demander où en étaient ses recherches afin de coincer Ethan, ont achevé de convaincre la milicienne que boire pour oublier était sa meilleure option du moment. En vérité elle était déjà dans un bar du Tiantang, son quatrième verre à la main, observant les gens autour d’elle sans se chercher une meilleure activité que celle de sa contemplation actuelle, lorsque les mauvaises nouvelles avaient commencé à pleuvoir. Elle avait grogné, pesté, semblant parfaitement mécontente aux yeux de la femme qui lui servait ses boissons depuis tout à l’heure. Anastasia se refuse d’en révéler trop toutefois, se contentant d’hausser les épaules en expliquant que c’était pas la meilleure soirée de sa vie, prétextant qu’on lui avait posé un lapin quelconque afin de ne pas encaisser des questions supplémentaires, avant de réclamer un nouveau verre. Ces derniers avaient été ainsi enchaînés, au point que les contretemps de sa vie furent momentanément oubliés. C’était un très bon plan, d’après elle, que de chercher à ne plus être suffisamment lucide pour songer à ce genre de choses. Elle était lasse Ana, que d’avoir à gérer ses pensées, lasse de voir les autres jouer avec ses ambitions et ses rêves juste pour obtenir quelque chose. Putain de marionnette de merde. La franchise était quelque chose qui se perdait au profit de manipulations toutes plus dégueulasses les unes que les autres. La faute à la politique qui régnait sur la Flotte, peut être, encore qu’elle en doutait sincèrement. Pour l’heure, elle n’a plus à y penser cependant, se focalisant sur le contenu de son verre et parfois sur la femme qui lui parlait de temps à autre, les deux échangeant ainsi posément.
La barmaid commençait toutefois à jeter des coups d’œil de plus en plus réguliers dans une direction précise si bien que, malgré son taux d’alcoolémie, Anastasia ne peut qu’être attirée, curieuse. Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, guettant ce qui semblait tant intriguer son interlocutrice, elle perçoit alors la présence de Tiaan. Impossible de savoir depuis quand il était là, difficile également de savoir ce que la femme pouvait bien avoir à le guetter de temps à autre. Oh. Encore que. Après tout le lieutenant était bel homme, d’une certaine façon. Charismatique, aussi. Sûrement que sa manie de faire la gueule pouvait en attirer certaines également. De son côté, elle s’était rendue compte récemment qu’elle préférait quand il souriait, ou quand il retenait un rire. Les instants étaient rares mais ceux-ci lui reviennent en mémoire maintenant qu’elle se posait la question de savoir ce qui pouvait être séduisant chez lui. Finalement, l’intérêt de la barmaid n’était peut être pas si illogique que ça même si une part d’elle-même lui soufflait qu’il valait mieux ne pas tenter une approche quelconque avec Tiaan. On finissait l’ego broyé et potentiellement les dents éclatées. Cette simple pensée suffit à lui arracher un léger rire alors qu’elle se focalisait de nouveau sur son verre. Finissant ce dernier d’une traite, elle se sent de trop et surtout la présence du douanier la dissuadait de demeurer dans les parages. Le ridicule ne tuait peut être pas, mais ça servait très bien d’arme et elle ne tenait pas à en offrir de nouvelles à l’homme. Sûrement qu’elle ne voulait pas non plus voir comment se finirait cette histoire avec la barmaid intéressée, envisageant l’espace de quelques secondes que Tiaan soit suffisamment avenant avec cette dernière juste pour la faire rager elle. Anastasia la mal aimée. Ravalant un grognement, les humeurs de la milicienne étant incroyablement changeantes dès lors qu’elle avait trop bu, elle achève donc de payer ce qu’elle devait en sortant son terminal.
La barmaid accepte son dû, mais se permet toutefois une mise en garde dans un froncement de sourcils. « Vous devriez attendre, ou demander à quelqu’un de venir vous chercher. - Nop. J’veux rentrer et me coucher, et je vais très bien. » Ce n’était qu’à moitié vrai. Certes sa tolérance à l’alcool fait qu’elle n’était pas en train de vomir ses tripes comme n’importe qui, et cela n’arriverait sûrement pas. Mais si quelqu’un se décidait à l’emmerder en cours de route, elle ne pourrait probablement pas y faire grand-chose. Et avec la grève encore fraîche dans les esprits, de même que la bagarre à laquelle elle avait participé et dont elle conservait une marque –une bosse légère au niveau de l’arcade sourcilière- on irait peut être lui chercher des noises plus facilement encore. Elle ne laisse toutefois pas le temps à son interlocutrice de protester d’avantage que déjà elle récupérait sa veste -une veste en cuir qu’elle avait hérité de sa mère et qui constituait sans nul doute son bien le plus précieux en matière de garde-robe- et s’éloignait du comptoir pour quitter l’établissement. Une fois dehors, Anastasia se retrouve bien vite à s’éloigner de quelques pas à peine pour s’adosser contre le mur de métal qui constituait l’extérieur du bar. Fermant les yeux, elle commence à inspirer profondément. Une fois. Puis deux. Elle grogne légèrement pour elle-même en se rappelant qu’elle n’inspirait pas un quelconque air frais pour autant. Habituée à la climatisation qui régnait forcément sur la Flotte, elle regrettait parfois l’absence d’une véritable brise, le genre de souffle qui te permet de te détendre un minimum, de calmer tes nerfs et d’apaiser ta respiration. A défaut de mieux elle profite donc une bouffée d’air climatisé, appréciant malgré tout l’absence de personnes autour d’elle, l’absence de musique également. Ça la rend plus lucide, un peu, malgré l’alcool qui courait dans ses veines.
Si elle se prend ainsi quelques minutes pour elle, la jeune femme finit par se souvenir qu’il lui fallait désormais rentrer chez elle. Oh certes elle pourrait sûrement changer de bar, aller épuiser ses crédits ailleurs mais son état était suffisamment chaotique et elle avait atteint son objectif : ne plus penser à la merde qui s’accumulait sur le devant de sa porte. La décision de rejoindre sa cabine est donc prise, ce qui l’incite à se redresser du mur contre lequel elle s’était adossée, puis à faire un pas, suivi d’un second. Elle s’arrête alors, regardant des deux côtés de la ruelle, soudainement incertaine quant à la direction à prendre. Dans un râle blasé, la milicienne se met donc à fouiller dans les poches de sa veste pour en sortir son terminal. « Charlie ? J’habite où ? - Sur le Colossus, à l’emplacement… - Oui je sais ça. Mais j’veux dire… Je m’y rends comment ? - A pied me semble être une bonne option. Nouveau soupir de la part de la jeune femme. Tu peux pas genre éteindre les lumières partout sauf pour éclairer le chemin que je dois prendre ? - Ce serait contraire au règlement. - Comme toujours Charlie, tu sers à rien. Le terminal est alors éteint, un peu sèchement, comme on mettrait fin à une conversation téléphonique déplaisante. A croire que l’IA était un interlocuteur tout à fait normal et qu’elle s’apprêtait à lui faire la gueule comme on bouderait un ami après une mauvaise blague. Jetant un nouveau coup d’œil aux alentours, elle capte une fois de plus la présence de Tiaan. Tiens donc. La barmaid a pas osé le draguer ? Ravalant un sourire, dont elle n’aurait guère compris le sens de toute façon, elle profite de sa présence pour demander, après une brève hésitation. La passerelle la plus proche ? » Elle tente de faire croire qu’elle cherche simplement à optimiser son temps, qu’elle n’est pas en galère au point de pas savoir de quel côté partir. C’est sûrement inutile, il a peut être déjà entendu sa conversation avec son IA. Mais au moins elle gardait un peu la face. Elle espérait d’ailleurs qu’il se contenterait de lui indiquer une direction d’un simple signe de tête, sans s’encombrer d’explications qui lui donneraient mal à la tête. De toute façon fallait arrêter avec ces conneries de nord et de sud. Une fois pour toutes, le nord, suivant comment on est tourné, ça change tout !
- BLACK PUMPKIN
Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Lun 5 Fév - 0:21
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Lun 5 Fév - 1:50
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Elle aime à rire, elle aime à boire. Ana & Tiaan
Elle inspire, profondément, comme dans l’espoir que l’air climatisé arriverait à faire baisser son taux d’alcoolémie. Ce serait bien pratique faut dire, mais ça marche pas, aussi se contente-t-elle de fixer son interlocuteur, guettant la réponse tant attendue quant à la direction à prendre pour pouvoir rentrer chez elle au plus vite. En espérant que des tentations diverses et variées ne se mettront pas sur son chemin durant le trajet. Quoi qu’il en soit, elle n’aura jamais à ce point apprécié les bégaiements du lieutenant, et par conséquent sa manie d’éviter de parler quand il pouvait s’exprimer autrement. Captant de ce fait le signe de tête qu’il faisait dans une direction bien précise, les prunelles glacées de la milicienne se vrillèrent donc à sa droite, observant la ruelle comme pour évaluer les risques qu’elle prendrait à s’aventurer toute seule par là. Quelques secondes tout au plus avant qu’elle ne se décide, dans un soupir, à se redresser, délaissant le mur contre lequel elle s’était adossée. Elle s’étire brièvement, les bras tendus vers le ciel et les mains croisées avant de réaliser quelques pas. Visiblement elle n’était pas assez ivre pour ne pas réussir à marcher correctement, ou peut-être avait-elle simplement un très bon équilibre de base, ce qui était possible également. Elle n’aura toutefois pas eu le temps de faire plus de deux pas que la voix de Tiaan lui parvenait de nouveau aux oreilles. Donovan. C’est marrant, elle sait pas comment elle doit le prendre. Son nom, c’est toujours impersonnel, c’est ainsi qu’on l’appelle au travail ou lorsqu’on ne la connaît pas vraiment et qu’on désire être poli. Est-ce que c’est encore adapté avec le douanier ? Dans le même temps, une bribe de souvenir lui revient en tête, à la salle de sport, et elle se voit exploser les parois de la cabine de douche à l’aide de son poing en lui hurlant d’aller se faire foutre. Lui et sa manie de l’appeler par son prénom pour mieux la rabaisser. Alors c’était quoi le mieux ? Donovan, était-ce si terrible ? Est-ce qu’au contraire ça prouvait qu’il était sincère dans sa manière de se soucier d’elle ? Elle sait pas trop Ana. Et le mal de crâne qui commence à poindre lui rappelle qu’elle risquait pas de comprendre ou d’analyser correctement quoi que ce soit ce soir.
Alors elle hausse les épaules, comme le ferait toute personne qui sait pas trop quoi répondre à ça. Pourtant elle sait quoi répondre dans le fond et c’est pour ça que les mots suivent assez rapidement son geste. « Ouais ça ira. Tant qu’elle évitait de songer à ce qu’elle avait tant désiré oublier ce soir là. Et elle avait beau avoir prononcé quelques mots à peine, ce fut naturellement qu’elle s’était rapprochée de lui, se plaçant à sa hauteur comme si elle avait été convaincue que sa façon de l’aborder était une invitation à discuter. A moins qu’elle ne se soit sentie un peu conne, à ainsi lui répondre de loin. Ou peut-être que, à l’image de cette tasse de café qu’on effleure pour compenser l’absence de contact humain, elle avait juste tenu à se rapprocher pour pas rester totalement seule avec son ivresse. Quoi qu’il en soit elle est là, relevant les yeux en direction de la cigarette coincé entre les lèvres de l’homme, la fixant un bref instant sans trop savoir pourquoi avant de sourire. D’un signe de la main, elle désigne un seuil à côté d’elle. Parce que si ça, c’est ma capacité à encaisser l’échec. La main remonte alors, le plus haut qu’elle puisse, ne se mettant pas sur la pointe des pieds pour autant. Ça c’est ma capacité à encaisser l’alcool. » Et elle hausse une épaule, avec nonchalance, comme si c’était une petite fierté. Indéniablement, si quelqu’un devait avoir vent de sa consommation, on ne pourrait qu’adhérer à ses propos. Elle ne semble d’ailleurs pas particulièrement perturbée à l’idée d’avoir évoqué d’elle-même ce sujet si sensible chez elle : ses échecs. Echec professionnel bien sûr mais, et il le savait depuis peu, des échecs sentimental qu’elle gérait tout aussi mal. Gosse pas assez frustrée, la voilà désormais incapable de rebondir sereinement, se contentant de demeurer à même le sol comme une misérable larve. Une larve plaintive qui plus est. Mais pas ce soir. Impossible. Une Anastasia ivre était une Anastasia bavarde qui oubliait momentanément ses problèmes.
« Et oui, je suis bien en train de parler de mon ratage complet pour rejoindre la Légion et du fait que ce soir j’ai pas été capable de me trouver la moindre compagnie. Je m’en fiche, j’aurais tout oublié demain. Le sourire s’élargit, incroyablement satisfait. Un des avantages à enchaîner les verres de vodka. Tu devrais en profiter Krishvin, oh encore que…. Peut être pas. Moi j’peux rétorquer. Elle fronce les sourcils, brièvement, semblant prendre conscience du fait que s’il pouvait toujours la lyncher verbalement sans qu’elle n’en garde de véritable séquelle, l’inverse n’était pas vrai pour autant. Elle pourrait toujours répliquer, peut être pas avec autant de précision et de véhémence que si elle avait été sobre mais elle avait suffisamment conscience des faiblesses du lieutenant pour pouvoir les exploiter, même ivre. Sauf que lui, il n’oublierait pas. Alors elle secoue la tête. Ouais, non, mauvaise idée finalement. Mauvaise idée pour lui, comme si elle cherchait une solution pour qu’ils en sortent indemne tous les deux. Elle et Krishvin. Krishvin. Pourquoi son nom alors ? Pour lui rendre la pareille ? Pour le déshumaniser ? Impossible, il lui semblait incroyablement humain en cet instant précis, comme si l'ivresse lui permettait d'oublier tout ce qu'elle pensait de lui à la base, retirant les barrières mentales et les précautions qu'elle prenait lorsqu'il était question de Tiaan. Il en est même tellement humain qu’elle est tentée de l’effleurer, de le toucher, juste pour répondre à cette question latente dans cet esprit, juste pour satisfaire son cerveau désinhibé qui lui demande de vérifier si Tiaan était vraiment humain. Alors elle l’observe, ramenant ses prunelles à hauteur de la cigarette et de ses lèvres, puis descendant à hauteur de ses avants bras couverts à la recherche malgré tout de la localisation de cette brûlure qu’elle avait déjà pu observer. Puis ses yeux, dans lesquels elle replonge. Elle touche pas, ayant encore un instinct de survie suffisamment développé pour lui hurler qu’il n’apprécierait peut être pas, mais elle a envie. Mais tu sais, si jamais t’as une fois de plus rien de mieux à faire, tu peux me raccompagner. Elle hausse les sourcils en un geste provocant, sans se départir de ce sourire qui semble ne jamais quitter son faciès maintenant qu’elle était un peu trop joyeuse. Elle n’attend d’ailleurs pas de réponse pour s’éloigner, prenant la direction qu’il lui avait désignée. Elle fait quelques pas, puis s’arrête, jetant un coup d’œil par-dessus son épaule en sa direction. Et puis qui sait, ça pourrait être drôle. » Qu’elle plaisante, accentuant le dernier mot, avant de reporter son regard devant elle, reprenant sa marche dans le même temps. Bourrée certes, mais pas assez pour avoir l’audace de croire qu’elle était capable de faire plusieurs choses compliquées à la fois.
- BLACK PUMPKIN
Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Lun 5 Fév - 23:50
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Mar 6 Fév - 1:20
Messages : 643 Âge : 34 ans Occupation : Milicienne (sergent) au Colossus 5 Habitation : Colossus 5 Arrivée : Il y a 24 ans (2203)Pseudo : Drathir/Loreline Avatar : Riley Keough Crédits : avatar - Isleys ; code sign - Anesidora ; crackship - Elara ♥
Elle aime à rire, elle aime à boire. Ana & Tiaan
De l’humour. Incroyable. Evidemment il était plus facile pour le lieutenant de se moquer d’elle que d’encaisser de quelconques plaisanteries à son propre sujet. Une forme d’hypocrisie déplacée qu’elle ne relève pas toutefois, se contentant de lever les yeux au ciel, comme exaspérée, lorsqu’il lui conseille de baisser sa main. Elle n’était pas si ivre que cela, estimant que tout allait bien tant que le contenu de son estomac restait sagement à sa place, ce qui serait indéniablement le cas tant qu’elle ne s’amusait pas à faire de la haute voltige. Au contraire, elle estimait qu’elle était suffisamment joyeuse, et avait bu suffisamment d’alcool, pour que le douanier puisse profiter de sa présence. Qu’il se fasse donc plaisir à lui balancer toutes les saloperies qu’il se plaisait tant à lui offrir, encore qu’une petite voix dans sa tête lui soufflait que cela n’était pas véritablement arrivé récemment, peu importait car elle aurait sûrement tout oublié demain. La milicienne n’attend cependant pas une réponse pour revenir sur ses propos dans un froncement de sourcil, estimant soudainement que c’était une mauvaise idée. Après tout, lui ne saurait oublier ce qu’elle serait capable de rétorquer en retour et elle craignait également de ne pas être capable de se souvenir de sa propre soirée exceptée les mauvais moments justement. Alors elle se ravise, nullement gênée ou embarrassée à l’idée de faire ainsi demi-tour dans son raisonnement. Ana n’avait par ailleurs pas remarqué ce que ces quelques mots avaient pu provoquer chez son interlocuteur, trop focalisée sur sa capacité à prononcer des mots cohérents pour se soucier du poing serré ou des changements de rythme dans la respiration de l’homme, des changements qu’elle aurait autrement perçu avec une certaine aisance. L’ivresse n’avait peut être rien de bon finalement. Elle regretterait peut être simplement la vodka avalée comme de l’eau. Pour l’heure elle n’y pense pas, se contentant de toiser son interlocuteur avec une certaine insistance. Ça non plus, ça ne la gêne pas, que de ne pas réussir à être discrète.
Difficile de dire si c’est l’impatience manifeste du douanier ou un éclair de lucidité de sa part qui la pousse à reprendre la parole en lui proposant de la raccompagner, mais elle n’hésite pas à reprendre la route sur cette simple proposition. De ce qu’elle en savait, il n’avait jamais grand-chose à faire de son temps libre et si elle concevait volontiers qu’il n’ait pas envie de s’encombrer de sa présence, elle doutait qu’il ait mieux à faire malgré tout. Elle avait déjà fait quelques pas, progressant à une allure relativement réduite qui lui garantissait toutefois de ne pas chuter comme une parfaite idiote. Inconsciemment, elle s’inquiète un peu à l’idée de se perdre, se demandant où elle devait aller après avoir pris la direction qu’il lui avait indiqué. Une petite voix lui souffle qu’elle était peut être plus dépendante de la sobriété du lieutenant qu’il n’y paraissait mais elle la chasse dans un grognement et un haussement d’épaules. Elle n’avait pas besoin de qui que ce soit. Encore moins de lui. C’est ce qu’elle s’efforce de croire pourtant le raclement de gorge dans son dos, témoignant de la présence de l’homme, lui arrache un léger sourire. Encore une fois, il est difficile d’interpréter ce dernier. Etait-elle simplement ravie, dans le fond, de ne pas être seule ? Etait-elle simplement rassurée de ne pas avoir à tourner en rond éternellement pour rentrer chez elle ? Sûrement un peu des deux. Sûrement aussi qu’elle se demandait bien ce qu’il pourrait se passer cette fois ci, songeant à la crise de l’ascenseur de la dernière fois. Quand elle disait que la soirée pouvait être drôle, elle le pensait sincèrement. Encore que, sûrement aurait-il mieux fallu que le douanier soit aussi ivre qu’elle. Sauf si l’alcool tendait à le rendre violent, dans ce cas elle cédait volontiers sa place, n’ayant pas envie de se faire exploser les dents pour une blague douteuse qu’elle n’aurait pas réussi à retenir.
Le sourire qu’elle avait esquissé ne disparaît pas tout à fait malheureusement, demeurant lorsque Tiaan se glisse à ses côtés bien qu’elle ait l’occasion de détourner les yeux pour observer la direction qu’il lui indiquait. Le plus intriguant fut toutefois le bruit distinct d’un terminal recevant un nouveau message. Ramenant instinctivement ses yeux à hauteur de son compagnon, la jeune femme l’observe alors remonter sa manche dans un réflexe presque fulgurant, une impression sans doute renforcée par sa propre lenteur, afin de faire taire l’IA avant que celle-ci n’ait pu faire la moindre annonce. Ji. Autant dire que ça n’aidait pas le moins du monde comme information, sûrement un début de prénom bien que cela ne lui disait rien du tout. Elle en était encore à se demander si elle devait poser la question afin d’assouvir sa curiosité, cherchant surtout une façon de formuler ça pour ne pas braquer le lieutenant susceptible, que ce dernier la coupait en reprenant la parole. Donovan. Encore. Et surtout… « Votre adresse ? » Le ‘votre’ est accentué et elle fronce les sourcils en pivotant son visage en sa direction, visiblement interloquée. Elle comprend pas d’où vient le vouvoiement, ne comprend pas non plus pourquoi elle y a le droit. Ça lui paraît froid, distant. Ça lui donne l’impression d’être un de ces civils qu’elle aidait parfois lorsqu’elle était en train de travailler, cherchant à rendre service dans le cadre de ses fonctions. Alors c’était ça ? Le grand Tiaan Krishvin faisait juste son putain de devoir de citoyen, motivé par elle ne savait quelle raison sous-jacente ? Ça l’agace en vérité, aussi s’empresse-t-elle de détourner les yeux après s’être souvenue qu’elle avait le malheur d’être trop expressive, fixant le chemin qui s’étendait à ses pieds sans un mot de plus. Ça tambourine dans sa poitrine, de façon dégueulasse. Elle a presque envie de l’insulter, là, tout de suite, juste pour le faire réagir. Juste pour avoir le droit à autre chose que cette indifférence qu’elle avait en horreur. Elle savait qu’on pouvait l’aimer ou au contraire qu’on pouvait la détester. L’idée de laisser de marbre ses interlocuteurs la rendait toutefois sacrément folle, elle et son besoin de marquer les esprits. C’était vital, que d’être importante, d’une façon ou d’une autre. Alors qu’il aille se faire foutre, avec son civisme.
Fermant les yeux le temps d’une inspiration, profonde, elle les plisse férocement avant de les rouvrir dans un léger grognement agacé qui suffit toutefois à faire disparaître ses dernières bribes d'agressivité, songeant à une répartie quelconque. Elle tente d’oublier ce vouvoiement pour se concentrer sur la question de base, à savoir lui donner son adresse. Nouvelle inspiration suffit d’un signe négatif de la tête. « Tutututu, je vais trouver. Faut juste qu’on arrive jusqu’au Colossus, de là ça ira. Elle semblait assez sûre d’elle, oubliant sûrement qu’elle demandait à sa propre IA de lui indiquer le chemin il y a de cela même pas cinq minutes. Toi, tu dois juste t’assurer que j’arrive vivante jusque là. Tu… Transportes la marchandise ! Tu seras pas trop dépaysé comme ça. Qu’elle plaisante, avant de s’exclamer un bref oh comme sous le coup d’une illumination. Une idée de génie qui la pousse à chercher son terminal dans la poche de sa veste, s’adressant à ce dernier. Charlie, si je meurs ce soir…. Le coupable n’est autre que Tiaan, soit en m’explosant le crâne au sol sur une passerelle, soit en m’asphyxiant avec mon oreiller, soit… Froncement de sourcils, soudainement à court d’idées, ce fut tout naturellement qu’elle tourna la tête en direction de son interlocuteur. Tu me tuerais comment en vrai ? Etranglement peut être ? Pas quelque chose d’aussi impersonnel qu’un tir de blaster quand même ? S’offusque-t-elle un bref instant. L’IA semble ne pas être dérangée par sa manie de changer d’interlocuteur en quelques secondes, n’ayant sûrement pas pris en compte les dires de sa propriétaire. Celle-ci se refocalise brièvement sur son terminal : Bref si je meurs c’est lui quoi. Charlie valide, conservant dans un coin de son esprit numérique l’information alors qu’elle rangeait de nouveau l’équipement dans sa poche. De son côté Anastasia observait de nouveau Tiaan, visiblement très curieuse de connaître sa réponse à une question ô combien sérieuse. Qui sait, peut-être que c’est ça que tu prépares. » Ironise-t-elle en désignant son bras, plus précisément le terminal qui se cachait sous les vêtements. Elle plaisante. Pourtant une pointe de lucidité en elle lui soufflait qu’elle avait eu raison d’évoquer le message avorté qu’il avait reçu de cette façon. Elle paraît ivre, elle l’est totalement en vérité, mais elle veut savoir. Et surtout, elle commençait à faire des efforts monstrueux pour essayer de se souvenir.
- BLACK PUMPKIN
Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Mar 6 Fév - 15:09
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Mar 6 Fév - 16:53
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Elle aime à rire, elle aime à boire. Ana & Tiaan
Elle se demande s’il est pas un peu con, en plus du bégaiement, ou si c’est juste par provocation absolue qu’il se permet de réitérer sa question. Elle en grince des dents, brièvement, se retenant de rétorquer qu’elle avait parfaitement compris la première fois et qu’elle n’avait rien d’une attardé à qui il fallait expliquer les choses à plusieurs reprises. Ça la renvoie sûrement à ses échecs, cette manie qu’on avait de lui dire les choses plusieurs fois comme dans l’espoir que la pilule passerait plus facilement si on lui faisait rentrer dans le crâne toutes ces conneries. Mais elle dit rien, se doutant que s’énerver dans son état risquait de la rendre parfaitement incohérente et qu’il y avait plus de chances qu’elle finisse par le blâmer pour l’augmentation des prix du mascara que de l’engueuler pour ce vouvoiement ô combien agaçant. Alors elle se retient, elle inspire, ferme les yeux. Peut-être qu’elle songe à des chiots, qui sait. Tout ça pour tenter de se calmer à nouveau avant de prendre la parole, partant dans un long monologue dont elle avait le secret. Elle saurait se débrouiller lorsqu’ils atteindraient le Colossus et il n’avait donc clairement pas besoin de connaître son adresse pour le moment. Elle le reléguait donc simplement au rang de garde du corps, ce qui lui semblait au passage un peu plus prestigieux que simple guide pour alcoolique. Qui plus est, cela lui semblait naturel d’espérer de sa part qu’il lui permette de rentrer chez elle en un seul morceau, considérant qu’il s’agissait du plus gros risque. Se perdre, ce n’était rien, au pire elle aurait perdu quatre heures de sa vie. Se faire casser la gueule, c’était plus problématique, y compris pour ce qu’il pouvait lui rester de dignité.
Quoi qu’il en soit, une chose en entraînant une autre, ce fut avec un naturel presque surprenant qu’elle en vint à évoquer la possibilité qu’elle puisse mourir malgré la présence du lieutenant, justement parce que celui-ci serait lassé de sa présence et finirait par la tuer. Crâne explosé ? Asphyxie ? Elle songe à tous ces moyens de parvenir à ses fins, imaginant que le douanier aurait plutôt tendance à se servir de ses mains pour cela, au vu de cette férocité qu’elle avait toujours perçu chez lui. Perçu et encaissé. Elle profite même de ces réflexions pour désigner le terminal accroché à l’avant bras de l’homme à ses côtés, désignant ce dernier d’un signe de tête et évoquant la possibilité qu’il ait pu préparer cet assassinat avec un quelconque complice. Complice dont elle ignorait le nom, ce qui ne faisait qu'accentuer sa curiosité. Il fallait admettre que les proches de Tiaan se comptaient sûrement sur les doigts d’une main, aussi se demandait-elle sincèrement qui pouvait lui envoyer des messages à une heure aussi tardive. Sa femme ? Peut être. Et si Anastasia n’avait eu que peu d’espoir quant à la possibilité d’obtenir une réponse, elle se met soudainement à y croire lorsque le lieutenant se met à désigner son propre terminal avant de ricaner légèrement, comme si tout ceci n’était qu’une vaste blague ou un quiproquo qu’il allait s’empresser de lui expliquer, levant le voile sur sa méprise. Elle a tout juste le temps d’esquisser un sourire en coin en fronçant les sourcils, intriguée et curieuse, que cette expression disparaît aussitôt au profit d’une surprise plus conséquente lorsque les mains de l’homme se posèrent sur ses épaules pour l’inviter à pivoter. Elle suit le mouvement, se laissant entraînée, n’envisageant même pas qu’il lui soit possible d’agir autrement. « Woh… » Dans sa tête, ça carbure un peu plus que ça. Woh, il venait d’amorcer un contact. Woh, c’était pas pour lui casser la gueule. Devait-elle refuser de se laver pendant une semaine, à l’image d’une groupie qui a pas compris ce qui lui arrivait et qui prenait malgré tout conscience de l’extrême rareté de l’évènement auquel elle venait d’assister ? Elle fut presque tentée de faire le tri dans ses pensées pour lui en faire part verbalement, mais elle n’en aura pas le temps.
Nouveau contact, se manifestant sous la forme d’une main qui se plaque contre sa bouche. Elle frissonne Ana, sûrement parce que si elle tolérait de nombreux contacts, elle n’appréciait jamais vraiment qu’on cherche à la museler de la sorte. C’était toujours étrange, synonyme de danger à ses yeux. Et puis elle se souvenait d’elle, plus jeune, lorsque son frère tentait de la faire taire ainsi. Sa meilleure parade était alors de lécher la main en question afin d’écœurer suffisamment son adversaire. Elle doutait cependant que Tiaan apprécie sa technique. De toute façon, son ivresse la pousse à se concentrer sur cet index qu’il posait plutôt sur ses propres lèvres, comme si l’instant était important. Il y avait peut être véritablement danger finalement, un danger qu’elle n’aurait pas perçu. Alors elle lui fait confiance, étrangement, le cœur battant un peu plus vite. Elle fait confiance à son garde du corps et le regrette si tôt qu’il évoque sa paranoïa. Il se foutait juste de sa gueule. Expirant profondément contre cette paume qui la contraignait toujours au silence, elle lève les yeux au ciel une nouvelle fois avant de ramener ses prunelles dans celles de son interlocuteur. Ce dernier semble attendre quelque peu et elle lui offre la satisfaction de demeurer docile, la milicienne ne daignant lever la main pour refermer ses doigts autour du poignet du douanier, afin de le repousser légèrement, que lorsque celui-ci se décidait à la relâcher afin de faire bonne mesure. La jeune femme hausse les épaules, démontrant ainsi ce qu’elle pensait de son humour, avant de le suivre sans un mot de plus. Et déjà il insistait de nouveau, réitérant sa question. Intérieurement elle rigole, n’en revenant pas qu’il puisse croire avoir le droit à une réponse immédiate. Extérieurement, elle parvient à rester relativement de marbre et c’est tout naturellement qu’elle ramena ses doigts à ses lèvres, faisant mine de refermer une fermeture éclair, signe de son silence absolu.
Il est difficile de dire si c’est le manque incroyable de patience qu’elle devinait chez lui, à moins que ce ne soit le sien, ou si l’alcool lui donnait l’impression qu’une poignée de secondes était une attente suffisante, mais elle finit par soupirer avant de lui révéler son adresse complète, levant une nouvelle fois les yeux au ciel comme pour se flageller mentalement d’être aussi facile à vivre. Prise d’un doute cependant, elle s’adresse de nouveau à son terminal qu’elle laisse toutefois au fond de sa poche. « C’est bien ça Charlie hein ? - Oui, tout fait. Je suis fière de vous. - Merci Charlie. Soupire-t-elle. Décidément, dire que cette IA faisait la fierté de la flotte. Saloperie d’ordinateur hypocrite va. Quoi qu’il en soit, Anastasia se fit étrangement silencieuse le temps de quelques pas, les bras croisés contre sa poitrine, plus pour faire office de barrière au froid qu’en guise de mécanisme de défense. Jusqu’à ce qu’elle reprenne la parole, les sourcils froncés, repensant aux propos du douanier. Paranoïa… Grommelle-t-elle. Elle secoue brièvement la tête avant de la tourner en direction de son compagnon, le dévisageant. Est-ce que tu te rends compte que tous tes interlocuteurs ont déjà dû se demander au moins une fois si t’allais les démembrer ? C’est pas de la paranoïa c’est un doute sacrément légitime. » Elle fut tentée de parler d’instinct de survie, mais vu qu’elle continuait de l’emmerder, elle semblait en être totalement dépourvue ce soir. Sobre elle aurait sûrement été plus méfiante, continuellement effrayée par les propos qu’il pouvait potentiellement lui balancer au visage. Ce soir c’était différent. C’était différent mais pourtant le lieutenant ne semblait vraiment pas vouloir en profiter pour la lyncher. Elle sait pas pourquoi il se retient d’ailleurs. Elle sait pas pourquoi il est ainsi, ou pas comme ça, ou pourquoi un jour sur deux seulement. Il y a tant de choses qu’elle ignore, se fiant à son instinct, faisant un pas en avant puis trois en arrière chaque fois qu’il était question de l’homme à ses côtés. Elle arrive pas non plus à comprendre pourquoi elle continuait malgré tout de faire ce pas en avant, plutôt que de se détourner totalement de lui, de façon définitive. Ils auraient pu le faire, après tout leur façon d’être relativement civilisés ces derniers temps tendait bien à prouver qu’ils n’étaient pas obligés de se mutiler à chaque instant de leur vie. Alors ils auraient pu, juste mettre un terme à tout. Mais ils ne le font pas. Pourquoi ?
La question reste en suspens dans son esprit désormais qu’ils arrivaient à hauteur d’une passerelle, elle savait que ce n’était que la première et que celle-ci ne les mènerait pas encore au Colossus mais peu importait. Elle ignore royalement les douaniers qui y sont postés, ceux là même qui devaient sûrement la regarder d’une manière quelque peu étrange ou méfiante. Anastasia ne sait pas trop pourquoi elle prend la décision de s’engager un minimum dans le passage, attendant que les douaniers soient dos à elle, pour finalement s’accrocher instinctivement à Tiaan, profitant qu’il ait les mains dans les poches pour s’agripper à son bras comme le ferait sûrement une femme durant une sortie avec son compagnon. Peut-être craignait-elle qu’il ne la repousse si jamais elle se jetait sur lui devant ses collègues, peut-être avait-elle juste eu un peu de respect pour sa dignité à lui, quoi qu’il en soit elle avait indéniablement attendu avant de renouer le contact, plaisantant très rapidement. « On sait jamais, il paraît que c’est dangereux. Qu’elle glousse avant de jeter un bref coup d’œil sur l’immensité de l’espace qu’il leur était désormais possible d’observer. Bien que fascinée, comme d’habitude, elle ramène bien vite une nouvelle fois son regard à hauteur du lieutenant, lorgnant brièvement sa nuque, pensive, avant de commenter. Tolmin il aurait sûrement pu grimper sur ton dos et te prendre pour un speeder, lui » Commente-t-elle, presque jalouse, avant que l’esquisse d’un sourire orne ses lèvres au souvenir de l’enfant. Elle ne semble pas vouloir s’offusquer plus longuement de ce privilège que le concerné aurait eu comparé à elle, se focalisant déjà de nouveau sur l’extérieur. Indéniablement, Tiaan aurait sûrement tout intérêt à la tirer de force le long de la passerelle pour la contraindre à avancer plus vite.
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Mar 6 Fév - 18:02
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Mar 6 Fév - 20:37
Messages : 643 Âge : 34 ans Occupation : Milicienne (sergent) au Colossus 5 Habitation : Colossus 5 Arrivée : Il y a 24 ans (2203)Pseudo : Drathir/Loreline Avatar : Riley Keough Crédits : avatar - Isleys ; code sign - Anesidora ; crackship - Elara ♥
Elle aime à rire, elle aime à boire. Ana & Tiaan
Pourtant tu n’as jamais peur. Si seulement. Anastasia éprouve soudainement le besoin furieux de lui dire qu’elle était terrifiée, par plein de choses. Elle aimerait lui dire à quel point c’est une fierté stupide, qu’elle ne s’expliquait pas, qui la poussait sûrement à revenir vers lui. Ce besoin de garder la face, de le blesser autant qu’il pouvait la blesser. Ne pas se laisser faire, parce qu’elle en avait marre de se laisser faire, de se faire mener par le bout du nez à chaque fois. Lasse de ne pas pouvoir faire ses propres choix, frustrée par la hiérarchie et tous ceux qui pouvaient décider de sa vie, agacée par ses faiblesses. Téméraire ? Etait-ce le mot ? Peut-être, sûrement que c’était également ce qu’on lui avait reproché lorsqu’on lui a refusé d’être légionnaire. Elle sait pas si c’est une bonne chose, que d’être ainsi, commence à se convaincre qu’elle aurait mieux fait de s’éloigner de Tiaan comme le font tous les autres. Arrêter de chercher à poursuivre le cercle vicieux qu’ils avaient entamé, arrêter de chercher à le provoquer tant par besoin de le blesser que par besoin d’être supérieure aux autres. Il n’aimait personne ? Aucune importance. Il la détesterait elle, elle plus que les autres. Importante, vitale à sa façon, comme un parasite dont on arrive pas à se débarrasser. C’est ce qu’elle se dit, chaque jour, pourtant force était d’admettre qu’elle n’aimait pas ça non plus. Parce que ça faisait trop mal, que d’être détestée du lieutenant, et ça faisait trop mal de le détester en retour. Il n’avait pas peur lui, dans une certaine mesure, de ce qu’elle pouvait lui dire ? Tout comme elle avait peur de saigner à son contact. Elle sait pas, elle sait rien. Sûrement que ceux qui s’éloignaient du douanier avaient raison, et qu’elle était la conne qui s’agrippait stupidement. Peut-être même qu’elle le faisait pour rien finalement, que ça le laissait de marbre, qu’il oubliait tout dès lors qu’il cessait d’être en colère. Elle, elle arrivait pas à oublier. Ses colères étaient relativement rares mais lorsque cela arrivait, elle n’oubliait pas. Ça la bouffait, pendant des jours, la laissant lessivée et à bout. Ça la marquait au fer rouge. Ça ne s’oubliait pas.
Muette, n’osant lui expliquer pourquoi elle n’agissait finalement pas comme tout le monde avec lui, la jeune femme ne peut s’empêcher malgré tout de lui jeter un bref coup d’œil lorsqu’il tente de faire une nouvelle phrase. Il n’y arrive pas, renonçant avec un agacement qu’elle parvient à percevoir bien qu’elle ne se permet pas le moindre commentaire. Elle aurait aimé lui dire là aussi qu’elle s’en fichait, de son bégaiement. Qu’elle était curieuse de ce qu’il avait à dire, suffisamment pour être patiente, suffisamment pour se contrefoutre de tout ce qui l’irritait. Mais elle ose pas, se disant que cela ne ferait que l’énerver, qu’il se dirait qu’elle se fout de sa gueule. Et puis, il n’avait peut être tout simplement pas envie de faire cet effort pour elle. Alors elle se tait Ana, se contentant de poursuivre sa route jusqu’à la passerelle. Une fois de plus il est difficile de dire où la milicienne trouve la lucidité d’attendre avant de se glisser contre le lieutenant, s’agrippant sereinement à son bras. Une lucidité qui ne dure pas, bien vite remplacée par l’ivresse, ce même taux d’alcoolémie qui la pousse à glousser, à rappeler qu’après tout traverser une passerelle pouvait s’avérer dangereux, justifiant de ce fait ce rapprochement physique. Ce fut presque boudeuse qu’elle constata également que Tolmin aurait pu se hisser sur le dos du douanier, tandis qu’elle-même doutait qu’il la laisse faire une telle chose. Si Ana avait aisément perçu ce genre de limites, elle n’avait pas compris que la ligne à ne pas franchir s’était trouvée bien avant. Et elle l’avait franchie, sans en prendre conscience, sans même envisager une seule seconde qu’elle puisse l’avoir rendu fou juste en se tenant à lui de cette façon. Alors elle comprend pas lorsque les muscles se tendent, brutalement, lorsque qu’il s’esquive vivement -et elle se félicite de ne pas avoir poussé le vice en se reposant pleinement contre lui- pour mieux rabattre sa main sur son épaule pour la contraindre à avancer, loin de lui.
Ne me touche pas. La remarque lui fait l’effet d’une baffe et elle aura à peine fait quelques pas sous la contrainte que déjà elle se figeait, pivotant pour faire face au lieutenant qui s’était visiblement déjà penché sur son terminal pour répondre encore à elle ne savait qui. C’est ce laps de temps, assez court, qui lui fait prendre conscience de son cœur qui tambourine, de ses tremblements de rage, de sa langue désormais maltraitée par ses dents. Il y a ce souffle, cette respiration, qu’elle ne parvient même plus à contrôler et la rage aux tripes. Encore cette putain de colère, celle qu’elle n’arrivait jamais à oublier. L’alcool n’aiderait probablement pas, elle espérait encore que le lendemain lui permettrait d’oublier toute cette soirée mais la colère qui palpitait au creux de ses veines semblait déjà lui susurrer que ce ne serait pas aussi simple. « Ne me touche pas ? Répète-t-elle, ahurie. Et le simple fait de prononcer de nouveau ses mots lui rappelle à quel point elle les avait détestés, autant que cette façon qu’il avait eu de la pousser hors de son chemin. C’est une blague ? Tu crois que quoi, que j’adore voir un homme m’écraser sa main sur la gueule pour me museler comme si j’avais été un putain de clebs ? Comme un animal pas assez affectueux, ou au contraire trop, ou peu importe ce qu’on pouvait lui reprocher. Comme si elle n’avait pas été assez bien, assez adaptée aux désirs de son propriétaire. Et ça brûle au fond de ses yeux, d’une hargne affreuse. Tu… Tu me tripotes et quand j’ai le malheur de juste me tenir à ton bras sur une passerelle tu… Tu… » Elle agite la main en l’air, cherchant à rappeler le refus brutal auquel elle s’était confrontée sans avoir à mettre de mots dessus, se sentant déjà incapable de formuler des phrases cohérentes.
Le problème était là. Que Tiaan s’exprime à sa façon, comme la putain de brute qu’il semblait être, sans jamais se soucier de ce que cela pouvait provoquer était une chose. Mais qu’il se permette cette écœurante hypocrisie en était une autre et elle ne parvenait pas à encaisser. Il avait des défauts, elle était bien placée pour en connaître certains, toutefois elle n’aurait pas cru que l’habituelle franchise du douanier puisse être compatible avec cette hypocrisie dont il faisait preuve en cet instant précis. Sans compter qu’elle faisait des efforts, des putains d’efforts même si elle avait aucune idée de ce qui pouvait bien la pousser à les faire. Je t’ai pas touché plus tôt, parce que j’pensais que t’aimerais pas. J’ai pas demandé à qui t’envoyait ces messages, parce que je savais que t’aimerais pas. Je t’ai pas demandé de finir ta phrase tout à l’heure, parce que bordel de merde là aussi je savais que ça t’énerverait. Mais que t’oses m’envoyer chier parce que je prends juste autant de libertés que toi… Elle est folle, elle se sent conne, se demande ce qu’elle fout là et pourquoi diable elle l’a laissé s’inquiéter une micro seconde pour elle. Pourquoi elle s’est laissée croire que cette soirée aurait pu être drôle. Ça l’était jamais de toute façon hein ? Alors quoi, à l’avenir elle devait simplement lui demander une putain de cigarette à chaque fois, pour espérer que ça se passe bien ? Anastasia, votre rythme cardiaque est… - TA GUEULE CHARLIE ! » Elle avait hurlé, ne voulant pas connaître les détails, ne voulant pas que son IA lui rappelle ce qu’elle savait déjà. Oui, oui ça n’allait pas. Oui elle avait chaud soudainement, oui un filet de sueur devait recouvrir son front désormais et oui son cœur lui donnait l’impression qu’il allait s’extraire hors de sa poitrine. Elle sait aussi qu’elle tremble, que le mélange d’alcool et de colère dans son organisme lui donne la nausée. Elle le sait, que ça va pas, ses doigts cherchant imperceptiblement un appui à côté d’elle, appui qu’elle ne trouve pas. Mais elle reste droite, le regard ancré dans celui du lieutenant. Téméraire. Fière. A bout.
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Mar 6 Fév - 21:57
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Mer 7 Fév - 2:50
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Elle aime à rire, elle aime à boire. Ana & Tiaan
Elle sait pas quoi faire Ana, elle a jamais su quoi faire de Tiaan. Elle a beau vider son sac, s’offusquer, se sentir dans son bon droit, cela ne suffit pas. Parce qu’elle crie, parce qu’elle extériorise, parce qu’elle cherche à comprendre malgré tout. C’était quoi son putain de problème ? Pourquoi la toucher, pour ensuite la rejeter lorsqu’elle prend les mêmes libertés. Ça lui semble dégueulasse, injuste, et ça fait aussi incroyablement mal. Rejetée, encore, toujours. Me touche pas. Pourquoi ? Pourquoi il pourrait et pas elle ? Pourquoi lui avoir demandé si elle allait bien, si elle avait besoin d’aide, pour que ça se finisse ainsi ? Lui demander son adresse, chercher à faire les choses bien et se plaindre quand une femme, bourrée, s’agrippe instinctivement à lui. Pourquoi devait-il être si compliqué, si pénible, si difficile. Elle voulait savoir, quitte à l’entendre hurler en retour, la traiter de conne tout en lui expliquant sa logique farfelue. Peu importait. Mais elle voulait savoir pourquoi diable le moindre de ses gestes était si mal interprété. Sauf qu’il n’a pas d’explication à lui fournir, ou plutôt il ne parvient pas à la formuler et pour la première fois Ana comprend ce que ça fait, que d’être incapable de s’exprimer. Elle l’observe, le cœur battant, une lueur furieuse au fond des yeux, une pointe de folie provoquée par un ras-le-bol nichée quelque part également. Les mains tremblantes, le corps tout entier à vrai dire, elle serre les poings férocement pour rester droite, pour éviter de s’écrouler, dans tous les sens du terme. Et elle l’observe, impuissante de bien des façons, alors qu’il tente de mettre des mots sur ses pensées et sur son ressenti. Oh elle voit bien qu’il est furieux, quelque part, avec son froncement de sourcil, ces tremblements aussi démesurés que les siens. Puis les hoquets, alors qu’il s’étouffe avec sa haine, ou peu importe ce qu’il pouvait réellement éprouver en cet instant précis. Et elle ne comprend pas, malgré toute la concentration qu’elle place dans ce simple effort, malgré toute son attention, elle comprend pas. Frustrée, sûrement autant que lui. Pour la première fois, elle voulait le tuer, lui et son bégaiement, lui et cette tare qui l’empêchait de se soulager.
Nausée. Sueur. Colère. Peur. Déception. Dégoût. Son cerveau ne cesse de lui envoyer des messages, tous plus dégueulasses les uns que les autres. Et elle a l’impression de suffoquer sous l’émotion, l’impression également d’être entraînée dans le sillage du lieutenant. T’as envie de le secouer pas vrai Ana ? Juste pour lui faire cracher ces mots qui ne sortent pas, pour lui hurler qu’il n’était qu’un petit con qui ne te méritait pas, même pour distiller son venin. T’as envie de le frapper, pour mieux lui demander si ce genre de contact ça le dégoûte moins que le reste. T’as envie de l’embrasser, pour lui faire comprendre que ça c’était un contact déplacé. T’en as envie aussi pour le faire taire, juste parce qu’il n’arrivait à rien et que sa manie de s’obstiner te rendait folle. Parce que tu sais qu’il va pas y arriver, que tu ne vas comprendre qu’un seul mot, avec du bol, et que tu resterais de ce fait comme une parfaite idiote, la rage au ventre et pas plus de réponses au fond du crâne. Pas plus d’explications. Savoir vivre. Savoir vivre putain, le mot, capté au beau milieu de ce bordel verbal, lui arrache un soudain éclat de rire, ô combien nerveux, ô combien bref. Il lui rappelait depuis des années qu’elle n’était qu’une milicienne ratée, et il osait lui parler de savoir vivre ? Instigateur de la nocivité de leur relation, il était la cause de leur état actuel, tout du moins l’estimait-elle. Elle avait espéré comme une idiote qu’il pourrait également être un remède, la solution pour apaiser leurs comportements, apaiser les blessures. Elle arrive pas à savoir à quel moment elle avait pu merder, à quel moment elle aurait dû juste laisser couler… Pourquoi faire d’ailleurs ? Juste pour ne pas blesser l’homme face à elle ? Juste pour le laisser avoir le dessus ? Bordel non. Elle en avait marre de fermer sa gueule, marre de faire des efforts qui, de toute manière, n’étaient pas pris en compte. Et elle en avait marre de cette putain d’IA. TA GUEULE CHARLIE ! Ta gueule. Parce que t’aides pas, parce que ça va pas mieux. Peut être que ça n’ira jamais vraiment mieux.
Et c’est au tour du lieutenant de rire, un peu comme elle avait pu le faire un bref instant, plus tôt. Et elle continue de l’observer, comme si cette façon de le dévisager, la haine au fond des yeux, lui permettrait de se détendre. Elle en aurait été capable, d’attendre. Attendre pendant des heures, à l’observer, comme à la recherche de signaux, de tics auxquels se raccrocher. Quelque chose d’habituel pour se consoler, d’une certaine façon. Mais il n’y a rien d’habituel dans la façon qu’à l’homme de rire, de se pincer l’arrête du nez, d’inspirer comme à la recherche d’un second souffle qui ne lui avait jamais manqué en sa présence. C’était la première fois. Et elle sait pas quoi en penser, si tant est que l’on puisse penser quelque chose de la scène qui se déroulait en cet instant précis. La milicienne frissonne en voyant la main de Tiaan se redresser, jetant un bref coup d’œil par-dessus son épaule pour comprendre qu’il empêchait quiconque d’intervenir. Elle comprend à ce moment précis qu’elle avait hurlé, un peu trop fort et si elle ne s’en veut pas le moins du monde cela suffit à lui faire prendre conscience du mal qu’elle se faisait systématiquement. Toujours à hurler. Toujours à se sentir mal. Toujours avec lui. Alors elle lui en veut, ancrant de nouveau son regard sur le faciès de son interlocuteur, le cœur battant et la respiration sifflante. Elle lui en veut, fut tentée de gueuler encore plus à force de le voir rigoler comme un parfait demeuré, tentée de faire valoir son point de vue étant donné qu’il ne pouvait même pas évoquer le sien. Mais le terminal du lieutenant, ou plutôt la voix de Charlie qui en émanait, fut la plus efficace des muselières. Tiaan, votre femme confirme.
Tu te figes Ana, blême, comme si tu te connectais de nouveau avec la réalité. Tu sais cette réalité cruelle, bien garce. Cette réalité où il demeurait marié, quoi que tu puisses penser de ses relations et de son cercle social. Marié. Et toi tellement seule que t’avais rien de mieux à faire que de picoler dans un bar avec tes pensées pour seule compagnie, pour ensuite te faire escorter par sûrement la pire personne de ton entourage. Parce que t’avais beau lui siffler qu’il n’avait rien de mieux à faire, toi non plus. Alors ça te fait mal, ce précieux rappel formulé par un putain d’ordinateur. Comme un coup de poignard de trop, qui te vide de ta hargne, de ta colère. Ça te vide de tout. Les tremblements à hauteur des mains s’accentuent malgré tout, un tic nerveux agite la lèvre et une larme, unique mais porteuse d’un flot d’émotions, roule sur la joue. Elle a pas envie que celle ci se voit, pas plus qu’elle ne désire que d’autres suivent le mouvement alors elle secoue la tête Ana, passant sa langue sur ses lèvres avant de pincer férocement ces dernières. Levant les yeux au ciel, réflexe inutile de celle qui voudrait bien ne pas se mettre à chialer, elle inspire encore un long moment, profondément. Elle sait pas combien de temps ils passent ainsi, à gérer leurs crises de nerfs respectives mais c’est elle qui finira par baisser les yeux sur son interlocuteur une nouvelle fois. Elle l’observe encore un temps, tente malgré la migraine qui a définitivement pris place au fond de son crâne de repenser à ce qu’il a tenté de lui dire plus tôt. Le savoir vivre ouais, et avant ? Qu’est ce qui te fais croire… Ouais c’est ça. Qu’est ce qui lui fait croire ? Bonne question.
« Une fille ivre s’est accrochée à ton bras sur une passerelle. Résume-t-elle simplement, d’une voix plate comme pour renforcer le ridicule de la situation. Tout ça, c’est parce qu’elle, après avoir bu, avait eu le malheur de se montrer tactile après qu’il l’ait lui-même été. Une fille ivre, qui aura sûrement tout oublié demain. Putain ce que c’était con. Une fille ivre qui a tenté de respecter ton putain d’espace et qui a en effet cru voir une ouverture. Qui a cru pouvoir faire comme toi. C’était son seul crime, et le cœur qui palpitait au creux de sa poitrine lui rappelait sans cesse qu’elle n’avait peut être pas mérité un tel dégoût en retour. J’aurais peut être compris de moi-même que c’était le geste de trop. J’en sais rien. Je m’imaginais pas grand-chose. Surtout pas que ce geste insignifiant, et ses nerfs à vif, auraient pu provoquer tout ça. La seule chose que j’croyais vraiment, à partir du moment où tu m’as demandé si j’allais bien, c’est qu’on pouvait passer quelques dizaines de minute tous les deux sans se sauter à la gorge. Ma seule audace a été de croire qu’on pouvait se passer de cigarettes ou d’un gosse de huit ans pour essayer de faire des efforts. Léger ricanement, étouffé au fond de sa gorge nouée. Les tremblements ne sont plus simplement liés à la colère et sûrement est ce pour cela qu’ils se sont intensifiés sans qu’elle n’en prenne trop consciente, sa main droite ramenée sur le sommet de son ventre, sous la poitrine, comme pour calmer les nausées et pour raviver ce souffle qui semblait lui faire défaut. Elle avait besoin d’air, tout de suite. Je nous ai surestimé. Conclut-elle simplement, haussant les épaules avant de baisser les yeux brièvement en direction de la poche de sa veste. Une brève hésitation et puis… Charlie, qu’est ce que je t’ai demandé de conserver en mémoire récemment ? - Que si vous deviez mourir, ce serait la faute de… - Efface. L’IA confirme que l’opération a été effectuée et la milicienne relève alors les yeux, s’attardant brièvement sur le terminal attaché à l’avant bras de Tiaan. Les propos de Charlie lui revenaient en mémoire. Va retrouver ta femme Tiaan. Les civilités ça nous réussit pas. » Il avait voulu rendre service. Soit. Faut croire que c’était plus à faire lorsqu’elle avait bu. Faut croire que ça servait à rien non plus d’espérer que les choses puissent véritablement changer. Alors qu’il aille donc retrouver sa femme, celle la même qui pouvait probablement lui effleurer le bras sans se faire repousser, alors même qu’elle se vautrait dans les lits des autres. Ça l’écoeure presque, que d’avoir moins de privilèges dans ces circonstances. Mais elle dit rien. Elle dit rien parce que la respiration est sifflante malgré un calme et une lassitude apparente. Les tremblements s’apaisent pas, le mal de tête demeure et celle-ci commencerait presque à tourner. Elle voulait juste qu’il se casse, afin qu’elle puisse …. Traverser la plateforme en sens inverse, s’écrouler dans un coin, chialer peut être et surtout suffoquer pleinement sans craindre pour sa dignité.
- BLACK PUMPKIN
Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Mer 7 Fév - 21:33
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Jeu 8 Fév - 0:46
Messages : 643 Âge : 34 ans Occupation : Milicienne (sergent) au Colossus 5 Habitation : Colossus 5 Arrivée : Il y a 24 ans (2203)Pseudo : Drathir/Loreline Avatar : Riley Keough Crédits : avatar - Isleys ; code sign - Anesidora ; crackship - Elara ♥
Elle aime à rire, elle aime à boire. Ana & Tiaan
C’est juste une bulle. Une bulle autour de vous, comme à chaque fois. Un condensé de haine, de reproches, de blessures sanguinolentes qui empêche quiconque de s’approcher. Personne n’oserait essayer de vous consoler. A moins que vous ne soyez juste trop pathétiques, surtout en cet instant précis. Lui, incapable de formuler deux mots à la suite. Elle, sur le point de faire une sorte de crise d’angoisse juste parce qu’il avait eu le malheur d’être un peu trop froid. T’espérais quoi Ana, au fond ? Qu’il savait dans quoi il s’engageait, en te raccompagnant ? Qu’il serait clément, par égard pour ton ivresse ? Sûrement un peu de tout ça. A moins que les échanges plus doucereux qu’il y avait eu entre vous ces derniers temps ne t’aient poussée à croire que vous étiez capable de faire autre chose que de vous mutiler. Des efforts pour rendre la relation plus confortable, moins nocive. Peut-être l’espoir de le voir constater que si la milicienne n’était pas totalement ratée, la femme qui se cachait derrière ne l’était pas non plus. Sûrement que la vodka t’avait rendue plus joyeuse également, moins regardante. Tu sais pas trop Ana. Tout ce que tu sais, c’est que ça a foiré, lamentablement. Qui sait, ça pourrait être drôle. Bel espoir ma fille, bel espoir. C’est tellement hilarant que vous vous étouffez tous les deux comme de parfaits crétins et que tu sais pas à quoi te retenir, à quoi t’agripper pour conserver les pieds sur terre. Tu sais même pas si t’arriverais à te tenir de toute façon, tant les mains tremblent, tant l’une est occupée à martyriser ton t-shirt pour tenter de retrouver un semblant de respiration. Ça marche pas vraiment, c’est même totalement inutile mais tu ne contrôles pas ces réflexes, pas plus que tu ne contrôles ces prunelles levées vers le ciel, dans l’espoir de ne pas mettre à te pleurer comme une gamine devant lui.
Theevi. Le prénom résonne à plusieurs reprises, signe que la personne en question semblait presque harceler le lieutenant. Ça lui ferait presque grincer des dents à Ana, tant celle-ci rêve de lui dire de fermer sa gueule, à cette putain de bonne femme. Theevi. Prénom de merde tiens. Qu’elle aille se faire foutre. C’est de sa faute à elle, tout ça. C’est parce qu’il est pas capable de cracher sur celle qui le trompe qu’il crache sur les autres, sur elle. Theevi. La milicienne tente de passer outre les rappels incessants de Charlie, essayant de calmer cette crise qui la laissait pantelante et en sueur. Il lui faut du temps, sûrement trop, et elle bénit les douaniers de ne pas intervenir, tous comme les passants qui semblaient encore et toujours les esquiver tous les deux. C’est bien. Elle ne voulait pas d’eux, elle ne voulait de personne. Ce n’était que Tiaan. Tiaan et elle. Comme toujours. Elle n’aurait pas voulu de Rosa, celle qui aurait sûrement géré la situation et qui leur aurait intimé d’arrêter de se comporter comme des gosses. Elle n’aurait pas voulu d’Ethan, surtout pas, lui et ses plaisanteries. Et elle n’aurait voulu de personne capable de prendre sa défense. Elle voulait pas qu’on la défende. Pourquoi ? Par fierté, sans nul doute. Mais aussi parce que la jeune femme estimait que cela ne concernait personne d’autre qu’eux deux. Et, elle commençait à le comprendre, parce qu’elle sentait une pointe de culpabilité se ficher quelque part. Une pointe qui lui semble plus douloureuse chaque fois qu’elle a le malheur de baisser les yeux en direction du douanier, constatant de ce fait son état, se remémorant ce qui les avait poussés à se sentir ainsi. Elle l’avait touché. Cet idiot n’avait pas supporté. Et elle, en parfaite crétine bourrée, n’avait pas supporté cet énième rejet. Est-ce qu’il le comprenait seulement ? Est-ce qu’il a conscience du fait que s’il peut la tuer en lui demandant à quel point elle aimerait être aimée, alors il pouvait la tuer juste en la repoussant ? Est-ce qu’il sait que ça la poignarde à chaque fois, que ça la renvoie à ces putain de fois où elle n’avait pas été assez bien, pas suffisante ?
Elle ouvre la bouche, une première fois, se sentant suffisamment confiante pour exprimer ce qu’elle éprouvait, pour justifier son geste. Ce n’était qu’une fille ivre, se saisissant du bras de l’homme qui la raccompagnait. Elle voudrait lui dire que ça ne représentait rien, qu’elle ne s’imaginait rien, mais elle n’ose pas. Car ce serait mentir, partiellement. Evidemment, évidemment que s’il l’avait autorisée à faire ce geste, elle se serait sentie libre de plus à l’avenir. Peut-être qu’au contraire sa sobriété future lui aurait permis de faire preuve de plus de retenue. Indéniablement, elle aurait aimé toutefois qu’il lui donne le temps de prendre conscience de son erreur. Qu’il lui laisse une seconde, ou deux, pour lui foutre la paix. Ne me touche pas. C’est fou comme ça fait mal. Et c’est fou comme elle se sent pathétique pour si peu. Mais malgré sa gorge nouée et ses mains tremblantes, elle continue, sans le lâcher des yeux. C’est sûrement le pire. Se confronter à son regard à lui. Si expressif, toujours si expressif. Elle a envie de lui arracher les yeux, juste pour plus éprouver de culpabilité, juste pour pas sentir naître cette espèce de compassion lorsqu’elle se rend compte qu’il ne comprend pas où elle voulait en venir. Il avait juste pas compris. Crétin va. Elle essaye pourtant. Mais il le voyait juste pas. C’est tellement con. Mais ça l’empêche pas de poursuivre, sans jamais le lâcher, sans jamais cesser de se perdre au fond de ces prunelles. Elles sont moins féroces et ça la rassure inconsciemment. Car quoi qu’il puisse en penser, oui elle avait peur de lui. Depuis quelques semaines, depuis qu’il a commencé à trop en apprendre, trop en savoir, trop en voir. Elle a peur, mais elle s’obstine. Idiote. Et toujours Charlie pour la couper dans son discours.
Theevi. Encore elle, toujours elle. Mais Ana n’a pas la force de s’offusquer de nouveau, pas plus qu’elle ne se sent d’hurler ou d’être en colère une nouvelle fois, n’ayant déjà pas encore réussi à passer outre l’accès de rage précédent. Alors elle l’invite à retrouver sa femme, qu’il aille donc faire… Faire quoi ? On fait quoi, on dit quoi, à sa femme lorsqu’on ne porte même plus son alliance ? Elle sait pas, mais elle se dit que c’est sûrement mieux que de se la coltiner elle. Elle et sa manie d’être trop tactile pour lui. Pourtant, à peine eut-elle prononcé ces mots que son esprit semble se souvenir d’un détail important. Votre femme confirme. Votre femme. Pas Theevi. Les personnes sont différentes. Pourtant elle est pas sûre que ça fasse une grande différence. Au contraire, elle se dit qu’il a définitivement mieux à faire. Qu’il réponde donc à ses messages, si importants. Putain. Dire que le dernier qu’elle a reçu, c’était celui qui l’avait incité à boire juste pour oublier. Pour ne pas réfléchir, ne pas penser aux conséquences encore moins à ce qu’elle devait faire. Et elle se sent misérable, une fois de plus. Pathétique. Pire que lui. Elle avait eu l’audace de croire tout ce temps que sa vie était sûrement mieux que la sienne à lui, malgré tout. Peut-être que non. Peut-être qu’elle se plantait. De toute façon elle ne pouvait qu’imaginer, ignorant tout de ce qu’il pouvait penser, éprouver, vivre. Il n’y a que cette confusion au fond des yeux, cette galère, cette douleur aussi quelque part. Et elle se sent mal. Pour elle. Pour lui. Pour eux. Suffisamment pour être incapable de juste partir en première, incapable de le planter là, de le chasser d’un revers de main dans un sifflement rageur. Putain. Même pas foutue de le congédier et de le renvoyer auprès de sa compagne. Mais elle se dit qu’il s’en chargera bien lui-même. Elle se dit que…
Pardon. Elle ne se fige pas cette fois Ana. Non. Elle éclate de rire, ramenant sa main libre à ses lèvres comme pour atténuer son hilarité. Des rires entrecoupés d’inspirations saccadées, de sanglots dans la voix qui finissent par se manifester sous forme de larmes, celles-ci s’écoulant désormais librement sans qu’elle ne parvienne plus longtemps à les retenir. Ça se voit bien, qu’elle est hystérique, qu’elle n’a plus le contrôle du moindre de ses muscles et encore moins de la moindre de ses émotions. Ça se bouscule, ça se chevauche, ça se combine. Et ça forme ce tout, cette crise de nerfs qui a au moins le mérite de ne pas exprimer la moindre colère. Non, elle est plus en colère Ana. Elle se sent juste conne, fatiguée. Surtout conne. Pardon. Elle aurait jamais cru, qu’il puisse prononcer ce mot ci. Encore moins avant elle. Etait-elle à ce point fière ? Non. Mais sûrement qu’elle n’osait plus faire le premier pas, trop incertaine quant à la conduite à suivre, trop effrayée à l’idée de voir ses efforts balayés face à son mépris. Et le voilà, en train de s’excuser. Ça lui comprime le cœur, d’une façon différente cette fois. Et toujours ces pleurs, ces larmes qui roulent et qui contrastent avec le sourire qu’elle finit par arborer, décalant enfin sa main de ses lèvres désormais qu’elle arrivait à se ressaisir. « Ok… Ouais. Ok. Hmm hmm. Elle hoche la tête en un signe positif, passant sa langue sur ses lèvres de nouveau, léchant les perles salées qui avaient laissé leur trace. Une inspiration, profonde, avant qu’elle ne se recule d’un pas ou deux, pour s’adosser contre la paroi de la passerelle, ne se souciant pas des risques. La tête rencontre la vitre, en douceur, et elle passe ses mains sur son visage, remontant jusqu’à sa chevelure qu’elle soulève, prise d’un nouveau coup de chaud. Celui de trop car c’est dans un léger grognement qu’elle finit par se redresser, à peine, suffisamment pour pouvoir retirer sa veste dans un geste vif, demeurant en t-shirt. La main glisse le long de la base du cou, dévie sur la nuque. Ok. Cette même main semble presque lui échapper, déviant en direction du lieutenant comme pour le toucher une nouvelle fois. S’agripper à lui, comme en soutien mutuel, comme pour pardonner, comme pour s’excuser aussi. N’importe quoi. Mais elle se retient à mi-chemin, la ramenant de nouveau brutalement contre elle en se souvenant que tout partait de ce genre de conneries. Ok. » Un souffle, un dernier hochement de tête, avant qu’elle ne ferme les yeux le temps d’une profonde inspiration.
Un moment de silence. « Moi aussi. Nouveau coup d’œil en sa direction, le visage figé en une expression aussi lasse que sérieuse, une étincelle de tristesse au fond des yeux désormais rougis, les joues humides même si elle a cessé de pleurer. Navrée qu’ils en arrivent là. Navrée d’avoir bu. Navrée d’être elle, et qu’il soit lui. Et c’est sur ces propos que la milicienne inspire une nouvelle fois, se redressant dans le même temps, la veste passée par-dessus un bras, ces derniers désormais croisés contre sa poitrine comme en recherche d’un équilibre quelconque. Puis elle esquisse un pas en direction du Colossus, toujours avec cette sale impression de mourir de chaud. De mourir tout court. Bon dieu. Elle se demandait parfois comment elle faisait pour tenir, pour encaisser. Etait-ce de la faiblesse ou de la force ? Elle sait pas. Un second pas est effectué, et elle se rend compte rapidement qu’il suit le mouvement, empruntant la même direction qu’elle. Elle ose pas demander pourquoi, ne veut même plus savoir, essayant de songer au chemin qu’il lui faudrait prendre pour rentrer chez elle par ses propres moyens. Elle veut pas compter sur lui. C’est d’ailleurs instinctivement qu’elle s’était décalée, lui laissant plus d’espace. Tête baissée, tant pour observer ses pieds et assurer sa démarche que pour éviter de trop se focaliser sur lui, le silence perdure, le temps qu’ils traversent une bonne partie de la passerelle. Et puis la question, dans un souffle. Cinq frères et sœurs. Se remémore-t-elle. Theevi ? » C’est insignifiant, une question comme une autre, pourtant elle peut pas s’empêcher de se demander si c’est de trop. Une fois de plus. Pitié. Pitié faîtes que ça ne soit rien. Faîtes qu’il comprenne que si la question est murmurée, c’est pour ne pas brusquer. Pitié. Faîtes qu’il remarque qu’elle relève les yeux en sa direction, instinctivement, pour pouvoir capter un hochement de tête plutôt qu’un mot qu’il pourrait avoir en horreur. Et de ça, elle s’en rend même pas compte Ana. Elle voit même pas les habitudes qu’elle a prises, inconsciemment, pour s’adapter à lui.
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Jeu 8 Fév - 23:04
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Ven 9 Fév - 18:53
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Elle aime à rire, elle aime à boire. Ana & Tiaan
Il s’était avancé. Tu sais pas pourquoi, tu sais pas à quel moment non plus. T’étais trop occupée à rire et pleurer dans le même temps, poussée à bout par tes sentiments et épuisée par l’ascenseur émotionnel que tu venais de subir en à peine quelques minutes. Colère, agacement, compassion, culpabilité, puis ce sentiment que tu ne parviens pas à nommer. Cette pointe de quelque chose qui se fiche quelque part quand tu l’entends s’excuser, employer un mot que tu pensais inexistant dans le vocabulaire du lieutenant. Tu t’en veux, sûrement autant que tu lui en veux de t’avoir poussé une fois de plus dans tes retranchements, bien que les limites à ne pas franchir aient été avancées à cause de l’alcool dans ton sang. Mais tout disparaît presque instantanément, te laissant à bout, incapable de gérer la situation. Alors tu ris et tu pleures en même temps, comme pour t’assurer qu’au moins une de tes émotions puisse se prêter à la situation actuelle, comme pour avoir un peu raison de ressentir quelque chose. Dire que tu t’étonnes encore de ne pas être cohérente. Voilà bien la dernière preuve de ta folie à toi, de tes incohérences, de tes failles et de ton incapacité à les gérer correctement. Ça prouve bien une fois de plus que t’es lamentable, mal à l’aise, inadaptée. Tu te sens mal pour toutes ces raisons, tu te sens vide. Pardon. Un simple mot, qui résonne en boucle dans ta tête tandis que tu ne peux t’empêcher d’acquiescer et de lâcher ton approbation à tout va. Ok. Oui, ok, tout va bien, ou plutôt tout ira mieux. Très bien, admettons, c’était qu’une erreur de plus, un mauvais jugement, un geste de trop de votre part à tous les deux. C’est pas grave, que tu t’efforces de penser, avec intensité, dans l’espoir de calmer les battements de ton cœur et les tremblements de ton corps. Vous étiez plus à ça près. Et tu sais, tu sens, que malgré tout cette fois ci était différente. C’est plus un simple café suite à des mots trop violents. Ce sont des excuses, et des crises de nerf qui témoignaient de l’importance que vous accordiez à cet instant précis. Le tout pour pas grand-chose finalement. Alors tu te dis que c’est important, peut-être plus que si la soirée avait été drôle, comme tu l’avais espéré au début.
Surtout qu’il s’était avancé. Désormais délestée de sa veste, les doigts effaçant les gouttes de sueur qui perlaient dans le cou, les prunelles de la milicienne se fichent à nouveau dans celles du lieutenant. Triste, fatiguée, désireuse de laisser tout ça derrière eux. Il est plus proche et la jeune femme se demande un bref instant si lui aussi a été saisi d’un geste réflexe, tout comme elle s’était retenue de l’effleurer une nouvelle fois. Et elle se demande ce qui a bien pu le retenir, lui. Pourquoi il s’est avancé, pourquoi il s’est arrêté. Pourquoi il la dévisageait désormais et pourquoi elle ne savait pas quoi faire de ce qu’elle lisait au fond de ses yeux. Humain. Putain. Il était beau, quand il n’était pas con. Il était beau, quand elle se souvenait qu’il était ce qu’il était à cause de son histoire, de son parcours, tout comme elle avait été influencé par les embûches qui ont parsemé sa vie. Elle se dit que les autres penseraient sûrement comme elle, s’ils se heurtaient à autre chose que le mépris du lieutenant ou son indifférence presque totale. Elle se dit qu’ils auraient moins peur, s’ils voyaient les failles du blond, s’ils voyaient ce qui se cachait au fond. Il le cachait moins bien avec elle, tout comme elle était lasse de se battre pour ne pas dévoiler ses problèmes. C’était difficile, à force. Pourtant elle voudrait le décortiquer, lui arracher le cœur à mains nues juste pour voir ce qui pouvait se trouver à l’intérieur. Savoir. Comprendre. Comme à chaque fois, comme pour tout. Tu te poses trop de question Ana, qu’elle disait sa mère. Elle a toujours eu raison quand il était question de ses enfants. Et ce fut sur cette pensée que la concernée finit par inspirer définitivement pour reprendre sa route, ayant la sensation que tout avait été dit. Non, pas tout. Elle lui dit pas tout ce qui lui traverse l’esprit, tout ce qu’elle éprouve. Elle ravale l’infinité de questions qui lui bouffent le crâne, s’abstient d’en rajouter. Par peur, essentiellement. Parce qu’elle sait toujours pas ce qu’elle peut se permettre de lui dire ou non. Peut-être aussi qu’elle préférait qu’il demande, se souvenant brièvement des rares fois où il lui avait posé des questions. Intérêt fugace. Intérêt qu’elle voudrait voir ravivé, par égard pour son égo, par égard pour ses peurs.
Pour l’heure ce n’est toutefois que le silence qui la rassure. Un silence qui lui fait du bien pour le temps qu’il dure, la milicienne n’étant gênée que par les efforts qu’elle faisait pour se tenir relativement éloignée de l’homme qui avait repris sa marche à ses côtés. Ne pas merder. Pas encore. Car elle avait l’impression qu’ils finiraient par s’entretuer, s’ils se poussaient encore à bout. Parce qu’elle sait, qu’ils sont pas capables d’encaisser tant que ça finalement. Alors elle garde ses distances, fixant ses pieds pour essayer de marcher correctement sans avoir besoin de lui. La colère lui a donné un regain d’adrénaline, suffisant pour dissiper brièvement les effets de l’alcool, mais elle sait que la fatigue, la vraie, reprendra vite le dessus. Malgré tout, Anastasia ne peut pas s’empêcher de reprendre la parole dans un souffle, comme si le murmure permettrait de ne pas leur faire hausser le ton peu importe ce qu’elle pouvait dire. Theevi. Si ce n’était sa femme, et elle fut presque soulagée en le constatant d’elle-même, alors peut-être était-ce un membre de sa famille. Sa si nombreuse famille. Les yeux relevés en direction du lieutenant, elle capte brièvement son sourcil arqué puis, surtout, son hochement de tête en guise d’approbation. En d’autres circonstances, la jeune femme aurait pu se sentir fière, de manière puérile, pour avoir réussi à trouver. Cette fois ci elle se contente de demeurer silencieuse, l’écoutant simplement quand il précise qu’il s’agissait de sa petite sœur. Hochant la tête, Ana le voit alors relever son bras pour jouer avec son terminal, sûrement pour répondre à ces fameux messages reçus. Respectueusement, elle détourne les yeux, quand bien même elle n’aurait pas réussi à lire quoi que ce soit si elle l’avait voulu. Mais le mouvement, infime, de Tiaan l’incite à lui prêter de nouveau attention et elle le voit de ce fait tendre un peu plus le bras, une image agrandie sur le terminal. Elle comprend que c’est pour elle et elle ne cherche pas à comprendre Ana, obéissant à ce que lui hurlait ses tripes : à savoir profiter de l’instant. Juste prendre ce qu’il offrait, se glisser dans l’ouverture, réelle cette fois ci, et profiter. Tout simplement.
La jeune femme se rapproche donc légèrement de son compagnon, se glissant à ses côtés pour pouvoir pencher la tête vers le terminal. De sa main libre, elle repousse légèrement ses cheveux en arrière, achevant son geste en glissant quelques mèches derrière son oreille pour ne pas être gênée. Ça dégage le visage, aussi dégueulasse puisse être ce dernier au vu de sa crise récente. Visage qui s’éclaircit, d’un sourire, d’un léger rire qui vient du ventre aussi lorsqu’elle découvre l’image qui avait été envoyée au douanier. Des peluches, ou peu importe le nom qu’on pouvait leur donner. Elle n’aurait pas cru, s’imaginant sûrement que la sœur était comme le frère, trop asociale ou continuellement énervée pour prendre le temps de fabriquer ce genre de choses. C’était une erreur. Elle était sûrement humaine. Comme lui. Et la jeune femme savait qu’une enfance pouvait être perçue de différentes façons par les membres d’une même fratrie. Alors elle juge pas, en aucune façon, se contentant de sourire et de souffler, amusée : « Ils sont chouettes. J’aime bien le blanc. » Les autres étaient trop colorés à son goût, faisant presque mal aux yeux, mais la milicienne admet volontiers qu’il s’agirait du cadeau parfait pour un bambin. Les couleurs avaient le don de capter leur attention. Anastasia fut également amusée par le bref commentaire qui accompagnait la photo, un simple smiley témoignant de l’hésitation de la créatrice quant à la qualité de ses œuvres. Lorsque l’image disparaît, signe qu’elle n’était plus invitée à en voir plus, la milicienne recule alors légèrement la tête, demeurant toutefois à la même distance du lieutenant tout en se demandant ce que ce dernier trouverait bien à lui répondre. Les trop rares tapotements sur le terminal lui feront toutefois comprendre qu’il ne répondrait pas dans l’immédiat, le terminal se voyant assez vite éteint. Alors le sourire disparaît, légèrement, et la jeune femme fut tentée de signaler à son interlocuteur qu’il devrait peut être répondre à sa sœur. Pourtant elle s’abstient, à la dernière seconde, refermant les lèvres qu’elle avait entrouvert dans l’optique de parler. Qui était-elle pour dire ça ? Sa relation avec son frère s’était dégradée au possible, tant et si bien qu’elle se sentait hypocrite à dire à Tiaan ce qu’il devait faire.
Le conseil se mue de ce fait en aveu. « J’ai pas vu le mien depuis des mois. » Elle sait pas pourquoi ça lui échappe, surtout de cette façon. Elle ne veut pas de conseils en retour, pas même la moindre réponse. C’est juste l’image, cette image et les messages incessants que le lieutenant avait reçus, qui lui rappellent Aleksandr. La gorge se noue, le cœur se comprime au creux de la poitrine. C’est tellement stupide. Une voix lui souffle par ailleurs qu’elle pourrait pourtant faire comme avec Tiaan. Voir son frère, hurler, lui en retourner une, pleurer. Pardonner. Mais elle n’y arrive pas, s’estimant une fois de plus, ou de trop, dans son bon droit. Ana finit par soupirer, relevant une main pour se masser le front, sentant le mal de crâne qui la lançait de nouveau. Inutile de se poser des questions. Elle n’était pas en état d’y apporter des réponses, encore moins satisfaisantes. Alors elle garde le silence tandis qu’ils continuaient de progresser, atteignant le bout de la passerelle. Elle est de nouveau nerveuse, un bref instant, puis fini par se dire qu’elle pouvait sûrement encore suivre le douanier sans se soucier de son lieu d’habitation. Car s’il avait décidé de ne plus la raccompagner, il empruntait malgré tout la même direction qu’elle, sûrement le signe qu’il rejoignait également le Colossus. Alors elle suit le mouvement, naturellement. Elle ignore les quelques bars devant lesquels ils passent encore, signe qu’ils étaient sur le Columbiad d’après elle. Une famille passe en sens inverse, évoquant avec enthousiasme le super concert auquel ils venaient d’assister. Un groupe de rock qu’elle appréciait tout particulièrement si bien qu’un Tsss envieux lui échappe malgré elle. Un léger signe de de négation de la tête, témoin de son dégoût passager. Elle avait essayé d’y aller, mais n’avait pas réussi à se procurer des places à temps. La faute à un petit con qu’elle avait dû arrêter, l’occupant suffisamment longtemps pour qu’elle ne puisse demander à son IA de lui acheter les billets. Puis, au détour d’une ruelle, l’attention de la milicienne se voit accaparée par un distributeur plus loin.
« Attend, il faut que je… Attend. Elle se sent conne à peine elle a prononcé ces mots, s’arrêtant dans le même temps. Attend. Espérait-elle sincèrement qu’il ait encore la patience pour ça ? Espérait-elle vraiment qu’il en soit encore réduit à jouer les guides pour l’alcoolique notoire qu’elle était ? Qu’importe. Un souffle, pour signaler que ce n’était pas important, qu’il pouvait oublier sa demande et faire ce qu’il désirait. Qu’il poursuive donc sa route. Gênée, la milicienne n’attend pas plus longtemps pour s’éloigner, se dirigeant vers le distributeur qui, elle l’espérait, pourrait lui fournir une bouteille d’eau. S’hydrater, plus sainement qu’avec de la vodka, et oublier les coups de chaud, le mal de crâne, le malaise. Alors elle rejoint l’immense boîte métallique, inspirant profondément une fois arrivée devant, comme si s’éloigner du lieutenant lui permettait de respirer convenablement. Nouvelle inspiration, le front reposant sur le bras qu’elle venait de déposer sur la vitre du distributeur, ses doigts glissant déjà sur l’hologramme face à elle pour faire défiler les possibilités de ce qu’elle pouvait acheter. Elle s’arrêtait sur la bouteille d’eau tant convoitée, après avoir lorgné un paquet de chips, quand une voix dans son dos, précédée d’un sifflement satisifait, lui arrache un frisson écœuré. Salut toi. B-b-besoin d’aide ? Soupir. Au moins n’avait-elle pas encore le droit aux habituels compliments tels que : beauté, princesse, ou autre pseudonyme plus dégueulasse. Elle comprend très vite également que le bégaiement de son interlocuteur n’est dû qu’à l’alcool qu’il avait dû ingurgiter en grande quantité. Lui tournant volontairement le dos, la milicienne se permet de passer sa commande tout en rétorquant paisiblement. Salut vous. Non pas besoin d’aide. Je ne suis pas non plus perdue ni à la recherche d’un homme, encore moins … Comme ça. Elle aurait aimé trouver quelque chose de plus pertinent, une remarque un peu plus acide mais son cerveau ne trouve pas. Ça l’empêche pas de poursuivre, se penchant désormais pour récupérer la bouteille. Oui je sais, je suis une salope ingrate. Je suis aussi très fatiguée et très pressée. Elle avait pas de temps à perdre pour des conneries pareilles. Elle se dit un bref instant que cela devait paraître ridicule, de s’offusquer quand le lieutenant la repousse mais de demeurer stoïque quand un abruti éméché tentait quelque chose de stupide. Se redressant une fois son bien en sa possession, la milicienne pivote, offre un sourire bref ô combien forcé à l'abruti avant que ses yeux ne se relève plutôt en direction de Tiaan qui avait, visiblement, suivi le mouvement. Un léger sourire se dessine alors sur ses lèvres Et je suis déjà accompagnée. Aussi. » Précise-t-elle finalement tout en ouvrant sa bouteille pour en savourer une gorgée. L'homme, trop ivre, semble ne pas comprendre tout de suite où elle veut en venir. Et elle attend patiemment que cela lui monte au cerveau.
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Lun 12 Fév - 0:39
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Lun 12 Fév - 2:28
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Elle aime à rire, elle aime à boire. Ana & Tiaan
Attend. Cela lui semble stupide à peine cela franchit le barrage de ses lèvres. Pourtant cela lui semble tout aussi logique, sachant pertinemment qu’il était normal de conseiller à son partenaire d’attendre plutôt que de prendre le risque de le perdre ou de le voir s’énerver pour ne pas avoir été tenu au courant de ce qu’elle comptait faire. Elle avait donc parlé instinctivement, ne prenant conscience qu’après coup du fait que Tiaan n’était pas ce genre de compagnon de route ci et que si, au tout début de ce périple, la milicienne aurait pu songer à s’arrêter toutes les deux minutes et l’obliger à suivre le mouvement, il n’en était plus rien désormais. Pas après l’altercation sur la passerelle. La jeune femme se ravise donc à moitié, signalant en un simple mot qu’il était libre de faire ce qu’il voulait. Peu importait. Et c’est sur cette pointe de honte qu’elle s’éloigna en direction du distributeur qu’elle avait remarqué, d’un pas plus vif que d’accoutumée, comme pour lui donner l’occasion de ne pas avoir le temps de la suivre. Une ouverture, pour qu’il puisse se défiler avec aisance. Une ouverture qu’il empruntera peut être, elle n’en sait rien, désormais trop focalisée sur l’achat de sa bouteille d’eau, et sur l’inspiration profonde que ce moment de répit lui permet de prendre, pour se soucier du lieutenant. Mais lorsqu’elle n’est pas à penser à un homme, en voilà un autre qui fait irruption, visiblement bien plus ivre qu’elle. Elle songe brièvement au semblant de bégaiement qui semble saisir l’inconnu, à cause de la quantité d’alcool ingurgitée, et si cela l’amuse, le sourire ne vient pas orner ses lèvres pour autant. Tout ce qu’elle espère en cet instant, c’est pouvoir régler l’affaire promptement. Ne pas perdre de temps, encore moins avec un abruti éméché, encore moins pour de la drague qui ne l’intéressait pas le moins du monde en cet instant précis.
Prévoyant d’avance les différents discours possibles, suffisamment lucide pour savoir comment ça se passait à chaque fois ou presque, la jeune femme enchaîne donc les réponses à des questions qui n’ont pas encore été formulées. Non pas besoin d’aide, ni pour retrouver son chemin ni pour passer une nuit de rêve. Oui cela faisait d’elle une salope ingrate juste parce qu’elle avait le malheur de repousser d’avance les piètres tentatives de son interlocuteur pour partager son lit, admettons, là non plus elle n’avait pas le temps ou l’envie de s’offusquer des potentielles insultes qu’on pourrait lui jeter au visage. Qui plus est, l’étranger n’aurait eu qu’à moitié tort. Anastasia aurait pu en tous les cas s’arrêter là, pivotant une fois la bouteille d’eau récupérée. Elle aurait pu se contenter d’un sourire forcé, d’un ‘bonne soirée’ lancé par simple politesse, avant de rejoindre le lieutenant si tant est qu’il était resté dans les parages. La possibilité qu’il ne l’ait pas attendue lui avait par ailleurs effleuré l’esprit, brièvement, lui arrachant un frisson désagréable. Un frisson qui se voit remplacé par l’esquisse d’un sourire lorsque, faisant désormais face à son interlocuteur, les prunelles glacées de la milicienne purent remonter pour s’ancrer dans celles du douanier resté un peu en arrière. Il était là. Celui là même qui faisait peur à presque tout le monde, même lorsqu’il ouvrait la bouche. Elle se demandait d’ailleurs comment des enfants aient pu avoir la folie de chercher à se moquer de lui mais balaie bien vite cette interrogation pour se contenter de préciser à l’ivrogne qu’elle était déjà accompagnée. Quelques secondes s’écoulent et Ana aurait pensé que l’homme les aurait mis à profit pour chercher à comprendre ce qu’elle venait de lui dire. Il n’en fait cependant rien et c’est au lieutenant que revient la tâche d’attirer son attention.
Un léger tapotement à hauteur du coude. C’est presque trop doux pour lui et Anastasia ne peut que se focaliser sur cette légèreté, un bref instant, cherchant à savoir ce qu’elle avait pu éprouver lorsque Tiaan l’avait fait pivoter en sa direction un peu plus tôt. Il avait été doux, là aussi. Si l’on mettait de côté le fait qu’il avait plaqué sa main contre ses lèvres pour la faire taire. Plus doux que lorsqu’elle avait eu le malheur de le toucher en retour, indéniablement. Curieuse, bien qu’ayant la désagréable impression qu’elle ne retiendrait pas ces détails plus d’une poignée d’heures, elle peut pas s’empêcher de l’observer, jaugeant le moindre geste, l’évaluant avec le plus de précision possible malgré son esprit fatigué. C’est à moitié parce qu’elle est focalisée sur son observation et à moitié parce qu’elle ne comptait pas intervenir qu’Ana se contente de laisser faire le lieutenant, le sourire qu’elle arborait s’élargissant légèrement en entendant ce dernier signifier simplement à l’inconnu qu’il devrait dégager. La milicienne se demande un bref instant si la vulgarité employée est un choix conscient, comme pour inciter l’étranger à décamper plus vite, ou s’il s’agissait de la politesse la plus élémentaire qu’il soit capable d’offrir. Vaguement amusée par l’idée que le douanier soit encore plus handicapé socialement qu’elle ne l’aurait cru, amusée également par l’inconnu qui semble jauger la taille et la force du douanier, elle garde le silence, se contentant de ramener brièvement ses yeux en direction de l’individu ivre lorsque celui-ci la regarde de nouveau, pour mieux retourner observer Tiaan lorsqu’elle en a l’occasion. C’est cette observation accrue qui lui permet de voir les muscles se tendre sensiblement, dès lors qu’un contact est amorcé. Une simple tape, légère, de la part d’un homme simplement encore plus bourré qu’elle. Et ça suffisait pour le crisper de façon disproportionnée. Le fait de pouvoir assister à cette scène plutôt qu’à la subir lui permet de comprendre à quel point cela doit être désagréable pour Tiaan. Elle arrive pas à culpabiliser Ana, pas plus qu’elle ne parvient à regretter son geste. Mais elle comprend. Suffisamment pour que la pensée l’obsède encore quelques secondes.
C’est l’inconnu qui la ramène à la réalité en reprenant la parole, s’excusant pour le dérangement. Visiblement il semblait inconcevable pour ce genre d’individu d’envisager qu’ils puissent simplement déranger une femme qui n’avait rien demandé. Là, le problème, ce n’était donc pas qu’on la fasse chier. C’est qu’on fasse chier la compagne d’un autre. Lucide, elle aurait pu s’offusquer intérieurement et lever les yeux au ciel pour exprimer son mécontentement. L’alcool dans ses veines rend toutefois sa réaction sensiblement différente et accentue le sourire qu’elle arborait, ce dernier se muant presque en un léger rire, subtilement camouflé au creux de la paume de sa main, celle-ci ramenée contre ses lèvres. Anastasia se contente ainsi d’hocher brièvement la tête en guise de salut pour l’homme qui s’éloignait déjà, aussi prestement qu’il le pouvait en l’état actuel, les laissant de nouveau relativement seuls tous les deux. Elle le suit du regard, toujours amusée et sa main toujours collée contre sa bouche, ne décalant celle-ci que légèrement vers le bas le temps de souffler : « Efficace le garde du corps. » Elle s’amuse brièvement, soufflant ces quelques mots presque plus pour elle-même que pour Tiaan. C’est la voix de ce dernier qui la ramène toutefois à la réalité, à peine eut-elle prononcée ces mots. Ramenant sa main contre ses jambes afin de redevenir un tant soit peu sérieuse, prenant conscience qu’ils n’avaient plus rien à faire là, Anastasia hoche la tête en signe de négation à la question qui lui est posée, raffermissant sa prise sur sa bouteille d’eau comme pour s’assurer qu’elle n’avait en effet besoin de rien d’autre. Visiblement son compagnon n’attend pas de signal supplémentaire pour s’éloigner et elle se demande un bref instant s’il avait seulement vu son signe de tête. Elle aurait pu s’en offusquer, peut-être, ou du moins lever les yeux au ciel mais ses prunelles sont accaparées par la silhouette du douanier qui s’éloignait. Et l’espace de quelques secondes, ce fut la seule chose qui compta pour elle.
Ils se suivent toujours. Elle sait pas pourquoi, elle sait pas par quel miracle ou à cause de quel masochisme ils en étaient arrivés là. Mais ils se suivaient toujours. Dans les piques, dans les batailles, dans les rues. Et malgré leur besoin irrépressible jusqu’alors, ou presque, d’avoir le dessus sur l’autre pour se sentir moins misérable, Ana se rend alors compte qu’il n’y avait pas de vrai meneur. Elle engageait l’assaut à la salle de sport et le voilà qui la suivait en bas du mur d’escalade. Blessée, elle le suivra jusqu’au café malgré tout et il suivra de nouveau ses traces à elle lorsqu’elle choisira la table. Et ce soir là, il lui aura demandé comment elle allait, amorçant leur rencontre tandis qu’elle le rejoignait presque instinctivement à peine se sera-t-il soucié d’elle. Ils auront fait un bout de chemin ensemble, puis l’altercation, puis de nouveau elle qui s’éloignait et lui qui suivait. Et désormais la voilà, à côté de son putain de distributeur, tandis qu’il prenait de nouveau la tête de leur étrange duo. Et elle le savait avant même de penser à tout cela : elle allait suivre. L’un étant toujours dans le sillage de l’autre, au point qu’elle en venait à se demander une fois de plus s’ils seraient vraiment capables de se séparer. Elle s’était toujours dit qu’il était trop tard pour faire marche arrière, ni l’un ni l’autre ne voulant renoncer. Pourtant, ils renonçaient non ? Les excuses un peu plus tôt tendaient à le prouver : ils renonçaient, sûrement plus faibles et plus lasses qu’à leurs débuts. Mais ils étaient toujours l’un derrière l’autre et c’est ce qu’elle se dit encore, entamant rapidement sa marche mais demeurant de ce fait quelques pas derrière le lieutenant. Elle l’effleure du regard, pensive, partant du sommet de son crâne pour glisser le long de sa nuque, ses épaules, son dos. Elle devine l’ensemble des muscles qui se cachent sous les vêtements, consciente qu’aucune masse musculaire outrageusement développée ne se trouvait en dessous, ce qui ne l’empêchait pas d’être plus intimidant que bien des hommes. Elle l’observe, la respiration plus profonde, le cœur qui loupe un battement quand elle songe à la complexité des questions qu’elle se posait actuellement. Pourquoi ? Pourquoi suivait-elle cet homme ?
Elle n’aura pas de réponse ce soir, le regard ayant atteint le bas du dos du douanier lorsque ce dernier daigna jeter un coup d’œil par-dessus son épaule, la prenant sur le fait. Relevant brutalement les yeux afin de les ancrer dans les siens, Anastasia accélère donc l’allure sans un mot pour se placer de nouveau à ses côtés, s’accordant un répit et jouant les indifférentes en ouvrant sa bouteille d’eau dont elle savoura une longue gorgée. C’est à ce moment précis qu’il remarque alors qu’elle n’avait pas pris à manger cette fois. La question est là, rhétorique malgré tout au vu de l’absence évidente de nourriture entre ses mains. Cette fois. Elle se demande un bref instant s’il se posait autant de questions qu’elle, s’il accordait cette même importance ambiguë à leurs rencontres. Ça l’empêche pas de sourire, de rire aussi et par conséquent de s’étouffer à moitié avec son eau. Eloignant la bouteille de ses lèvres, elle la referme tout en répondant. « Non. Réponse laconique, esquisse de sourire toujours aux lèvres, puis la suite. J’espérais que mon mec voudrait m’inviter au restaurant pour officialiser notre relation. » La milicienne lui jette alors un regard en coin, tentant de retenir un sourire espiègle en se pinçant les lèvres, ce qui ne suffisait pas pour masquer l’étincelle malicieuse au fond de ses yeux. Prudente, elle n’avait pu s’empêcher toutefois de songer à une répartie si jamais le douanier tenait à lui rappeler que les restaurants clandestins étaient illégaux. Et qu’elle n’avait donc de ce fait pas à y manger, en bonne milicienne qu’elle était, devant plutôt arrêter ceux qui organisaient ce trafic de nourriture. Pour l’heure elle n’a pas besoin de s’en servir toutefois et se contente d’apaiser les potentiels grognements de son interlocuteur, consciente qu’il n’avait visiblement pas toujours le sens de l’humour, en lui tendant sa bouteille d’eau, l’invitant implicitement à y boire s’il le désirait.
Quelques pas de plus, les questions et remarques se voyant entrecoupées de silence, jusqu’à ce que la prochaine passerelle, menant cette fois ci au Colossus, ne soit visible au loin. Son regard portant brièvement à hauteur du passage, un nouveau frisson la parcourt alors. Le genre de réaction purement physique qui aurait pu passer inaperçue si elle avait conservé sa veste, mais qui semblait beaucoup plus intense maintenant que celle-ci pendait au bout d’une de ses mains, ses bras de chaque côté du corps. Peut-être avait-elle froid, soudainement, désormais que le flot d’émotions s’estompait au profit d’une réelle fatigue. Peut-être aussi que la passerelle demeure encore un mauvais souvenir. Dans tous les cas elle ne laissera rien transparaître de plus, se contentant de s’engager sur le passage sans chercher à se jeter au bras de son compagnon cette fois, se contentant d’être relativement prudente. Et toujours ces coups d’œil, jetés vers l’extérieur, signe de l’importance que l’espace revêtait pour elle. Sûrement l’envie de sortir, d’explorer. Tout plutôt que d’être confinée ici. « C’est comment Keller ? Elle se détourne de sa contemplation pour pivoter la tête en direction du lieutenant, observant celui-ci désormais qu’elle s’adressait à lui. L’espace d’une seconde elle se sent un peu ignorante, comme une gosse qui ignore tout du monde et qui interroge les adultes. L’idée la dérange un peu, aussi se sent elle obligée de se justifier. J’veux dire… J’y suis jamais allée et tout ce que j’en sais se résume à des discours d’anciens pirates de là bas. J’arrive pas à savoir si on peut trouver autre chose que de l’illégalité plus ou moins abjecte. » Une fois de plus difficile pour elle de cacher ce qu’elle pouvait véritablement penser de ce qui était légal ou non. Des coups fourrés ou du trafic de produits relativement inoffensif ne la dérangeait pas. Toutefois elle imaginait que l’astre, les armes ou peut être le trafic d’esclaves était encore monnaie courante sur la station. C’est ce qu’elle s’est laissée entendre dire en tout cas. Et aujourd’hui l’opinion de Tiaan, sachant qu’il y avait vécu, l’intéressait grandement.
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Lun 12 Fév - 15:20
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Lun 12 Fév - 18:37
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Elle aime à rire, elle aime à boire. Ana & Tiaan
Aucun humour, comme prévu. Anastasia en vient à se demander s’il lui arrivait de plaisanter dans la vie, ou plutôt s’il aurait pu être doté du sens de l’humour s’il avait été moins maltraité par les autres gosses étant plus jeune. Etait-il à ce point focalisé sur son bégaiement pour croire que chaque plaisanterie était une insulte à son égard ? A ce point aigri pour trouver l’ironie fade et l’amusement surfait ? Difficile à dire. Peut-être était-ce le métier aussi, qui voulait ça. La milicienne était habituée aux supérieurs hiérarchiques incapable de faire la moindre blague, au travail certes mais également en dehors. Le douanier semblait n’accorder aucune importance à quoi que ce soit et elle en vient à se demander si lui aussi ne jurait que par la paperasse qui l’attendait en fin de journée. Si lui aussi ne comptait pas les heures supplémentaires, tout ça pour… Pour quoi d’ailleurs ? Aucune idée. Elle a jamais compris. Peut-être aurait-elle été ainsi, en d’autres circonstances, mais au vue de sa situation actuelle, elle était tout simplement incapable de comprendre. Peu envieuse de pousser le vice toutefois, elle se contente de tendre sa bouteille d’eau en direction de son interlocuteur, ne la ramenant auprès d’elle qu’une fois confrontée à un signe négatif de sa part. La bouteille et la veste sont tenues dans une seule et même main, le bras le long du corps, tandis que son autre main, libre, était partie se loger au fond de la poche de son pantalon, seul le pouce sortant de cette dernière. La jeune femme aurait pensé le sujet clos mais déjà son interlocuteur reprenait brièvement la parole, signalant qu’il n’y avait pas de restaurant sur la Flotte avant de lui demander son avis. Un reniflement amusé lui échappe avant qu’elle ne lui jette un coup d’œil en coin, l’une des commissures de ses lèvres légèrement relevée, signe de son amusement qui lui donnait plutôt un air légèrement narquois.
Elle laisse une poignée de secondes s’écouler avant de répondre, sur un ton relativement neutre. « Bien sûr lieutenant. » Et le trafic d’armes est un mythe, si bien que les miliciens sont payés à ne rien foutre. C’est ce qu’elle aurait voulu rajouter, dans un élan provocateur qu’elle ravale toutefois. C’était inutile. Elle ne pensait pas Tiaan suffisamment naïf pour croire véritablement en ce qu’il disait, il savait sans nul doute que cela existait, comme tout ce qui était inégal au sein de la Flotte. Après tout il bossait sur le Colossus, à la douane, et devait en voir de toutes les couleurs lui aussi. Alors Anastasia n’insiste pas, se disant que cela ne lui attirerait que des ennuis. Elle n’avait pas la patience, ni l’envie dans le fond, de se lancer dans une conversation stérile avec lui. Elle ne voulait pas l’entendre évoquer la médiocrité de la milice pour mettre fin aux divers trafics et elle ne voulait pas avoir à lui rappeler que si des produits illégaux étaient véhiculés sur la Flotte, c’est sûrement qu’il y avait des gens corrompus au sein de sa propre branche militaire. Ana est encore suffisamment lucide pour ne pas faire peser des soupçons sur Rosa ou même Ethan, ne voulant pas non plus avoir à avouer être au courant de ce qui pouvait se tramer à la douane et sur Keller. Alors elle n’ajoute rien, se contentant d’être vaguement amusée en voyant les douaniers postés aux passerelles saluer le lieutenant qu’elle venait tout juste d’appeler par son titre. La jeune femme se demande également, brièvement, ce que ces derniers pouvaient bien penser de leur supérieur. Elle se demande ce que ça peut faire, que de bosser pour Krishvin. Peut-être demandera-t-elle à Rosa, un jour. Pour avoir son opinion. Pour savoir. Pour l’heure son attention est focalisée sur l’espace et c’est tout naturellement, après un moment de répit qu’elle aura daigné lui accorder, qu’elle pivotera de nouveau vers Tiaan pour lui demander comment c’était Keller.
Curieuse, de tout, elle l’est d’autant plus de cette station. Peut-être parce qu’elle aurait pu y aller, elle aussi, si on avait daigné l’intégrer chez les légionnaires. Sûrement qu’une pointe de tristesse et de rancœur se fiche quelque part, chaque fois qu’elle pense à l’extérieur qu’elle aurait pu voir dans le cadre de ses fonctions. Si seulement on avait daigné lui accorder une chance. Mais cette fois ci, la rancœur partiellement éprouvée est balayée par son ébriété, n’est pas tournée en direction du lieutenant et c’est donc sincère dans sa curiosité qu’elle daigne désormais l’observer. Elle se justifie un peu trop, coincée avec cette impression de n’être qu’une gamine ignorante, ce qu’elle ne voulait surtout pas être, encore moins pour lui. La jeune femme voit bien qu’elle a réussi à capter son attention avec ces questions, sûrement plus efficacement que tout ce qu’elle avait pu lui demander jusqu’alors bien qu’il mettait un point d’honneur à ne l’avoir presque jamais ignorée, aussi demeure-t-elle silencieuse très rapidement, comme de crainte de briser l’instant. Elle ne relève donc pas la moue légèrement ombrageuse qui passe, brièvement, sur le visage du douanier. Bien sûr elle se demande ce qu’elle a pu dire pour provoquer cette réaction, même passagère, mais la curiosité est ravalée, les doigts de la milicienne s’agitant au fond de la poche de son pantalon comme pour accaparer son attention. Songer aux mouvements qu’elle exécutait plutôt qu’à un moyen de former des questions supplémentaires. Les réponses du lieutenant se manifestent alors, de prime sous la forme d’une question qui lui arrache un léger sourire. Amusée, elle hoche de façon quasi imperceptible la tête, dans un hmm visant à donner raison à l’homme à ses côtés. Il marquait un point, et elle le lui accordait volontiers. « On va dire que oui, à défaut d’un meilleur point de comparaison. » Faut dire qu’elle n’avait jamais rien connu d’autre. Certes les règles avaient été différentes sur Lupine, il y avait moins de restrictions sûrement car ils n’avaient manqué de rien. La piraterie, les trafics, tout ça lui était totalement étranger et elle ne se heurtait à ce monde que depuis qu’elle était milicienne. Sûrement qu’aux yeux du gouvernement de la Flotte, tout semblait plus ou moins illégal.
Ses interrogations lui semblaient désormais totalement dénuées de sens. Pourtant elle n’en dit rien Ana, sachant qu’elle ne pouvait se permettre de les formuler autrement. Qu’aurait-elle pu faire de toute façon ? Lui dire qu’elle pouvait tolérer les échanges nébuleux, les menaces, la façon qu’avaient certains de tout régler par eux même et à leur façon. Le troc de matériaux, les modifications d’IA. Au fond peu importait, tant que cela ne lui semblait pas nocif. Elle ne pouvait pas lui expliquer sa vision des choses quant à la légalité ou la morale. Reste à ta place, sergent, qu’elle se dit. Alors à défaut de mieux elle se base sur les règles en vigueur sur la Flotte, parce qu’elle n’avait rien de mieux à proposer. Il semble y réfléchir Tiaan, ses doigts désormais occupés à jouer avec une cigarette, des mouvements qui la fascinent brièvement, les prunelles de la milicienne glissant le long du tube de nicotine. Comme un reflet d’elle-même, lui gérant le flot de ses pensées tandis qu’elle gérait le sien, voire sa nervosité plutôt, de la même façon. Elle ne commente pas toutefois et se contente de relever paisiblement les yeux vers lui. Elle s’était attendue à pas mal de choses : une description très brève des souvenirs qu’il avait pu conserver de la station, une réponse plus concise encore visant à lui dire que non ce n’était pas si pourri que ça ou qu’au contraire ce qu’elle avait entendu dire n’était que la stricte vérité. Mais elle ne s’était pas attendue à le voir évoquer ses parents, le magasin qu’ils tenaient, cette boutique continuellement ouverte si bien qu’elle imaginait aisément les enfants mis à profit pour gérer l’ensemble. Un bazar électronique et elle essaye d’imaginer, le bâtiment sûrement bordélique, les néons défectueux à l’entrée peut être. Elle imagine le chaos d’une vie bien rangée, loin de la propreté et de l’ordre qui régnait sur la Flotte. Ça lui plaît. Ça lui plaît d’imaginer, autant qu’elle est rassurée de constater que Keller n’était pas si terrible qu’on voulait bien le lui dire. Sûrement qu’elle n’a entendu que des propos de pirates cherchant à l’effrayer, sans succès véritable. Comme si venir de Keller permettait d’obtenir des points en intimidation. Mais il n’y a pas que ça. Car une fois de plus elle ne doute pas de Tiaan, se fiant presque aveuglément à son jugement. Elle envisage pas qu’il puisse lui mentir. Elle ne l’a jamais envisagé.
Si l’exemple du blond visant à dédramatiser la situation sur la station avait pu la surprendre, Anastasia n’en laissa rien paraître, se contentant d’un sourire énigmatique flottant sur les lèvres alors qu’elle continuait de l’observer. Patiente. Curieuse. Envieuse. Le bégaiement du lieutenant, qui rallonge considérablement le temps qu’il mettait à formuler une phrase, ne la dérange même pas. Ça ne la dérange jamais tant qu’il daigne lui expliquer, tant qu’il lui permet de comprendre et d’appréhender les choses. Le discours du douanier est juste, ce qui explique sûrement en partie pourquoi elle y est sensible, ne pouvant que sourire légèrement une fois de plus en l’entendant lui signaler qu’il existait aussi du mauvais sur la Flotte, mais que l’on ne dénigrait pas l’ensemble de la Fédération pour autant. Il a raison, une fois de plus et elle n’en éprouve aucune contrariété. « Vrai. Qu’elle admet dans un souffle, détournant les yeux pour observer de nouveau l’espace, brièvement perdue dans ses pensées. Maintenant j’arrive pas à définir si ça pourrait me plaire ou non. » S’amuse-t-elle brièvement, exprimant ses pensées à voix haute. Est-ce qu’elle saurait s’habituer à cette vie si elle devait y être obligée un jour ? Etait-elle trop propre sur elle, pour réussir à se faire une place dans ce monde étrange ? Elle sait pas trop Ana. Elle s’estime débrouillarde, suffisamment fière pour ouvrir sa gueule mais aussi suffisamment lucide pour savoir quand il valait mieux la fermer. A quelques exceptions près. Tout en paradoxe, provocatrice à la recherche d’une vie simple, amoureuse de l’adrénaline qui parcourt son organisme autant qu’elle pouvait aimer passer des heures à contempler quelque chose ou quelqu’un. En recherche de mouvement, de chaos, surtout lorsqu’elle travaillait, mais ne se voyant pourtant pas prendre des risques toute sa vie durant. Surtout des risques inutiles. Alors elle sait pas, se demande s’il est plus simple de s’habituer à la vie sur la Flotte lorsque l’on venait de Keller que l’inverse.
Elle fut tentée de lui poser des questions, à propos de tout ça. Elle voulait savoir ce qu’il a pensé de la Fédération en arrivant ici. Puis elle se demande comment il est arrivé ici finalement, pour quelles raisons ? C’est ce cheminement de pensées qui la pousse à s’intéresser à ce qu’il avait pu lui dire, quant à cette boutique tenue par ses parents. Elle-même avait suivi la même route que son père, indéniablement influencée par cet homme ô combien important dans sa vie. Ana savait que tous n’agissaient pas ainsi, que certains préféraient au contraire faire l’inverse, que ce soit par désir d’aller à l’encontre de l’autorité parentale ou parce qu’ils avaient des préférences et des passions diamétralement opposées. Mais elle s’est toujours demandé ce que ça faisait, que de tracer sa propre route, véritablement. Et surtout elle se demande ce qui l’a poussé, lui, à faire ça. « T’avais pas la fibre marchande ? » Demande-t-elle alors, simplement, en lui jetant un nouveau coup d’œil. Elle savait que ce genre de boutiques était généralement une histoire de famille, et il y avait toujours quelqu’un pour reprendre le flambeau. Au vue de la fratrie conséquente de Tiaan, elle envisageait facilement que quelqu’un se soit chargé de poursuivre les affaires de la famille, pourtant elle voulait l’entendre le lui dire. En vérité, une voix lui soufflait qu’il aurait pu aimer ça, mais que son bégaiement avait dû le dissuader de faire quoi que ce soit. Répondre aux clients devait le rendre fou et elle imaginait aisément qu’il ait pu désirer un poste nécessitant moins de contacts avec les gens. Mais elle ne veut pas en parler elle-même. Elle ne veut pas supposer, agacée de continuellement faire des suppositions sur un homme dont elle ignorait tout. C’était si facile, de le détester pour leurs échanges passés, sans jamais chercher plus loin. C’était plus difficile d’envisager qu’il ne soit qu’un homme comme les autres. Pourtant elle tendait de plus en plus à vouloir emprunter ce chemin ci, cette route qui lui permettrait de mieux le cerner, le comprendre, le connaître. Parce que ça a beau être plus difficile, c’était aussi foutrement gratifiant. Plus intéressant, plus normal. Plus humain. Peut-être qu'elle aime ce qu'elle voit, aussi, parfois. Mais ça c'est encore trop dur à admettre.
- BLACK PUMPKIN
Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan) Jeu 15 Fév - 23:50
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Sujet: (#) Re: Elle aime à rire, elle aime à boire (Tiaan)