Messages : 643 Âge : 34 ans Occupation : Milicienne (sergent) au Colossus 5 Habitation : Colossus 5 Arrivée : Il y a 24 ans (2203)Pseudo : Drathir/Loreline Avatar : Riley Keough Crédits : avatar - Isleys ; code sign - Anesidora ; crackship - Elara ♥
That's exciting. Ana & Tiaan & Marcus
Elle n’avait jamais vraiment compris Ana, la satisfaction qu’éprouvaient certains à courir à deux, à s’entraîner ensemble. Cela ne lui avait jamais vraiment convenu, toujours mal à l’aise avec l’idée que l’un des participants doive s’adapter au niveau de l’autre : ralentir l’allure pour courir au même rythme, ne pas frapper trop fort pour éviter de briser tous les os, attendre que l’autre finisse son exercice. La milicienne estimait ne pas avoir de temps à perdre avec ce genre de considérations, pas dans le cadre de ces entraînements qu’elle prenait non seulement au sérieux mais qui en plus lui permettait de gérer le flot d’émotions qui la bouffait parfois un peu trop. Escalade, pour la sensation de s’élever, hors de portée des gens. Natation, un moyen efficace de se couper du monde également. Course, pour se garder en forme et pour la sensation procurée par des poumons en feu. Gymnastique, ainsi que des étirements afin d’exploiter tout le potentiel de son corps, la jeune femme ayant toujours compensé un manque de force brute par une certaine souplesse. Et elle s’exerce seule. Toujours toute seule. Pour toutes les raisons énumérées plus tôt, sûrement parce qu’elle n’apprécierait pas non plus de se confronter à quelqu’un de plus fort. Elle n’avait pas la patience d’attendre les autres et elle avait trop honte d’être elle-même le boulet à la traîne. Qui plus est, elle se plaisait à s’entraîner sur le Regina, consciente qu’elle n’y croiserait sûrement que des militaires consciencieux et non pas de vulgaires sportifs du dimanche qui seraient plus intéressés par son cul que par leur propre routine. Anastasia passe ainsi une heure, ou deux, à prendre le temps pour elle, à crever dans sa propre sueur et à s’étouffer sous l’effort. Ce fut à bout de souffle, les muscles légèrement endoloris bien que les courbatures du lendemain seraient plus terribles encore, que la milicienne finit par se redresser dans un soupir après avoir achevé ses derniers étirements.
Ce fut la sensation désagréable de sa brassière et son leggins lui collant à la peau qui acheva de la convaincre de prendre la direction des vestiaires pour mettre un terme à cette séance. Toutefois la milicienne ne peut pas s’empêcher de s’arrêter en cours de route, ses prunelles glacées attitrées par un espace un peu plus loin. Les propos de Tiaan lui revenaient alors en tête, ce coup d’œil appuyé en direction de la pièce tandis qu’il lui parlait d’un ring qu’il utilisait avec Marcus pour leurs entraînements pour le moins mouvementés. Elle sait pas pourquoi elle repense à ça, elle sait encore moins pourquoi elle prend de ce fait instinctivement la décision de s’avancer en direction de ce ring à l’écart. Qu’espérait-elle au juste ? Les y trouver ? Et ensuite ? T’es conne ma fille, t’es conne putain. Anastasia lève les yeux au ciel comme pour appuyer ses propres insultes mentales à son égard mais ne dévie pas de sa trajectoire pour autant. Elle s’engage dans une espèce de couloir, et tandis qu’elle traverse ce dernier, des sons lui parviennent déjà aux oreilles. Ça se bat, indéniablement et elle apprécie d’entendre ces sons sans voir la scène qui se déroulait, rendue plus curieuse par ces essoufflements qu’elle percevait et cet effort presque palpable. Ça l’attire un peu plus, ça la pousse à se faire discrète aussi le temps qu’elle arrive dans la pièce. Désormais à l’entrée, la jeune femme repose alors doucement son épaule droite contre le mur à ses côtés, prenant appui sur ce dernier et croisant les bras contre sa poitrine tandis qu’elle observait déjà l’assaut qui se déroulait sous ses yeux, à peine plus loin. Encore en proie à ses efforts précédents, la respiration d’Ana se fait plus saccadée, plus intense. Mais il n’y a pas que ça.
Il y a une certaine excitation à voir les deux hommes se foutre sur la gueule comme si leurs vies étaient en jeu. La violence avait toujours eu quelque chose de séduisant à ses yeux. Non pas qu’elle rêve d’un homme qui la battrait jusqu’à la fin de sa vie, pas plus qu’elle n’apprécie de se faire broyer les os, mais cette bestialité avait quelque chose de fascinant. Surtout avec eux. Lieutenant douanier, sergent légionnaire. Des militaires qu’elle avait appris à craindre et respecter en même temps, malgré tous les autres sentiments qu’elle pouvait éprouver à leur égard. Alors elle demeure là, immobile, le souffle court pour tout un tas de raisons. Elle sait pas combien de temps ça dure, sûrement une poignée de secondes, une minute tout au plus, puis il y a ce changement. Elle le perçoit, un rythme différent, une violence différente. Les signes sont infimes mais ne lui échappent pas tant elle était concentrée sur eux. Elle comprend alors qu’ils ont capté sa présence et que celle-ci, peu importe ce qu’ils pouvaient en penser, changeait considérablement la donne. Elle sait qu’elle est de trop, d’une certaine façon, elle et son voyeurisme. Elle perturbait une dynamique, une machinerie qu’elle devinait bien huilée. Pourtant elle n’arrive pas à se sentir coupable, pas plus qu’elle n’éprouve le besoin de s’excuser. Mais elle comprend malgré tout. Aussi profite-t-elle d’une accalmie, pour lâcher à leur attention, le plus sérieusement du monde. « Je dois partir ? » Elle comprendrait si c’était le cas. Elle ne s’en offusquerait pas. Et elle foutrait le camp, tout simplement.
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Messages : 643 Âge : 34 ans Occupation : Milicienne (sergent) au Colossus 5 Habitation : Colossus 5 Arrivée : Il y a 24 ans (2203)Pseudo : Drathir/Loreline Avatar : Riley Keough Crédits : avatar - Isleys ; code sign - Anesidora ; crackship - Elara ♥
That's exciting. Ana & Tiaan & Marcus
Elle aurait sûrement ricané, ou au moins esquissé un sourire odieusement provocant, en voyant Tiaan finir au sol. Elle n’aurait pas été dérangée par l’idée d’être la perturbation qui avait causé cet instant d’inattention au douanier, au contraire elle aurait sûrement jubilé. Mais ça, ça aurait été il y a quelques semaines. Aujourd’hui la milicienne se contente d’attendre tranquillement, les bras croisés, ses prunelles glacées passant de l’un à l’autre sans un mot de plus. Les jaugeant, sûrement une once de respect logée quelque part. C’est un mélange complexe au creux de son crâne, de la fascination qui se mêle à des interrogations : saurait-elle faire pareil ? Après tout, Ana, c’est la rancœur au fond des tripes, c’est la colère distillée au creux des organes. C’est tout ce qu’elle a enfouit, depuis des années, parce qu’on lui a fait comprendre que c’était mal. Mal que de cracher à la gueule du monde, mal que de se laisser bouffer par la haine, mal que d’être orgueilleuse au point de croire qu’un poste chez les légionnaires lui était passé sous le nez pour des raisons purement fictives. Elle avait compris le message, grâce à ses proches, et demeurait convaincue que les efforts qu’elle faisait depuis dix ans avaient fini par payer. Ça faisait un peu moins mal, ça semblait moins important. Mais elle a jamais cogné Ana. Certes, elle prie régulièrement pour voir ses journées troublées par quelques crétins, elle espère pouvoir goûter à sa dose d’adrénaline dans le cadre de ses fonctions. Un doigt d’honneur fait aux connards qui lui ont refusé ce qu’elle désirait ardemment. Mais cela n’allait pas plus loin. Ça faisait des années qu’elle n’était pas allée plus loin, qu’elle avait cessé de frapper au moindre regard de travers, rangeant ses crocs au profit d’un venin plus latent. Des années, qu’elle avait pas fini la gueule explosée, coincée dans un lit à grogner de douleur, courbaturée pendant des semaines. Et elle sait pas, si elle est encore capable de faire ça aujourd’hui. Elle sait pas si elle le veut non plus.
Dépends. L’attention de la milicienne se focalise sur le sergent, celui là même qui lui expliquait désormais qu’elle avait rien à foutre ici si son but était de simplement jouer aux voyeuses. Elle comprend, ayant perçu d’elle-même le changement dans l’air. Elle perturbait leur entraînement, si tant est que l’on puisse encore appeler ça comme ça. Elle savait dans quel état les hommes finissaient. Alors elle fut tentée de partir, consciente qu’elle était de trop, pourtant les propos du légionnaire la retiennent efficacement. Dépends. Alors elle attend qu’il lui fasse une offre, qu’il lui propose son deuxième choix. Au fond elle devine déjà, se doute un peu de la suite avant même que celle-ci ne soit verbalisée. C’est sûrement pour ça que les prunelles glacées de la jeune femme quittent provisoirement Riley pour s’ancrer sur la silhouette de Krishvin. Elle guette une réaction, un geste ou une parole qui tendrait à montrer qu’elle n’avait rien à foutre ici et que si Riley prenait des initiatives, le lieutenant n’en était pas moins dérangé par sa présence. Elle ne voit rien, l’homme étant trop occupé à encaisser les coups qu’il s’était pris pour songer de s’occuper de son cas à elle. Elle l’observe sans un mot tandis qu’il se ressaisit, intéressée par les muscles bandés, par les parcelles de peau qui semblaient l’élancer plus que d’autres. Curiosité, fascination… Mais également intérêt. Un intérêt purement pragmatique, l’intérêt de celle qui cherche déjà où frapper, où cogner pour raviver des plaies. Quelles zones, quels points sensibles. Ça dure pas longtemps, mais ça lui suffit pour avoir l’impression d’avoir fait correctement ses devoirs. Elle se fait pas d’illusions Ana, elle sait qu’on en vient pas à se foutre sur la gueule de manière dégueulasse si l’on est pas un minimum doué dans ce qu’on fait, ou si on est pas suffisamment furieux pour savoir comment briser des os. Elle sait, qu’elle a aucune chance. Mais elle veut pas qu’on puisse croire que ça la dérange.
T’as envie de cogner sur quelqu’un ? L’attention est de nouveau ramenée sur Marcus, même lorsque ce dernier désigne le ring à nouveau ainsi que celui qui se trouvait toujours dessus. T’as pas envie de dire la vérité Ana, t’as pas envie d’évoquer cette curiosité déplacée qui, mêlée au souvenir de Tiaan avouant se battre ici, t’avais poussée à t’approcher. T’as pas non plus envie de t’épancher sur tes doutes, sur ces années perdues à cogner tout ce qui bouge, sur l’impression que tu seras pas à la hauteur. Alors t’offres une demi-vérité, sur un ton qui se veut neutre malgré tes doigts qui pianotaient le long du legging en signe de nervosité. « J’sais pas. Ça fait longtemps que j’ai pas vraiment cogné. » Evidemment il y avait les entraînements, ceux qui étaient imposés, ceux qu’elle s’octroyait de son plein gré avec certains collègues parfois. Mais c’était pas pareil. Bien évidemment il ne lui viendrait jamais à l’esprit de se défiler, de louper la moindre occasion de se maintenir en forme ou d’apprendre, car on apprenait toujours. Mais il s’agissait d’une chorégraphie, d’un enchaînement de coups presque prévisibles tant les limites à ne pas franchir étaient nombreuses pour éviter les blessures trop graves, sans parler des ego bousillés. Tu regrettais pas les soirées passées à te foutre sur la gueule avec quelqu’un de plus fort que toi, tu regrettais pas les affrontements sales. T’étais juste pas sûre de savoir encore les gérer, pas sûre de ta réaction si tu devais t’emporter. Parce qu’aujourd’hui, t’aimais plus perdre le contrôle. Et là t’as peur de le perdre. C’est pas comme si tu craignais d’avoir le dessus et de pas retenir tes coups, non. Tu craignais de te sentir humiliée, de pas être à la hauteur. Tu craignais de te ridiculiser encore plus en prenant conscience de tout ça, de te mettre à cracher ton venin comme pour panser les plaies de l’âme. Eux deux, ils ont l’air de trouver leur compte à tout ça. Ils ont l’air d’apprécier de finir lessivés, vidés, épuisés, en sang et en larmes. Toi, tu sais que la colère te bouffe, et que cogner suffit jamais vraiment. Quand tu te fais laminer, c’est pas une occasion de te focaliser sur une autre douleur, plus physique, c’est juste un moment que tu passes à te focaliser sur toutes tes plaies à la fois. Physiques. Mentales.
Les interrogations s’envolent toutefois lorsque Tiaan s’avance et que, d’un simple signe de la main, il l’incite à venir. Elle sait pas trop si c’est une invitation, ou une provocation. Tout ce qu’elle retient en cet instant précis c’est Riley, qui lui donne une putain de chance de montrer qu’elle savait faire autre chose que de surveiller l’Australe en sa compagnie. Une chance de prouver également à Krishvin que s’il pouvait critiquer la milice de tout son saoul, elle voulait pas être traitée de la même façon. Elle valait mieux, quoi que puisse en dire tous les connards qui se trouvent au dessus d’elle. Et tant pis si elle doit se faire briser tous les os pour le montrer. Alors elle inspire Ana, en même temps qu’elle se décide, et s’avance jusqu’au ring afin de se hisser dans l’espace à l’intérieur des cordages. Durant sa progression, les mains seront remontées à hauteur de sa queue de cheval, modifiant la coiffure pour en faire un chignon bien tiré. Nulle coquetterie dans ce geste, simplement une habitude mécanique : on ne laissait aucune prise à son adversaire. Elle sait pas si Tiaan irait lui tirer les cheveux pour prendre l’avantage, peut-être trouverait-il ça trop bas ou honteux, peu importait. Elle ne lui donnerait pas aisément la possibilité de se servir de sa tignasse pour la foutre à terre. Désormais en place, secouant légèrement ses bras et étirant ses doigts, la milicienne n’a pas besoin de plus, déjà largement échauffée par ses activités précédentes. Et si était encore nichée quelque part en elle une pointe de retenue ou de doute, celle-ci s’envole lorsqu’elle perçoit le signe de tête du douanier en sa direction. Elle sait pas ce qu’il peut bien penser, pas plus qu’elle ne l’entend parler à Marcus lorsqu’il le rejoint. Tout ce qu’elle sait, c’est que ces messes basses l’agacent. Elle se sent déjà jugée, sans même avoir réalisé le moindre mouvement. Ça ravive la colère, celle là même qui est toujours enfouie quelque part. Brièvement elle a envie de lui exploser le nez, juste pour lui rappeler qu’elle est là, qu’il avait quelqu’un à cogner s’il tenait tant à se défouler. Et c’est ce qu’elle fera Ana, mais pas à la loyale. Elle attend un moment d’inattention, peut être une répartie de Marcus, ou juste l’envie de Tiaan de réclamer de nouvelles explications, peu importait. Et le poing part.
Ça se loge en pleine mâchoire, précisément là où le douanier avait déjà été cogné, là où ça saignait déjà, là où la douleur pulsait. Un des endroits décisifs, préalablement repéré. C’est toujours précis, c’est toujours voulu. T’en es pas encore à te débattre comme si ta vie était en jeu, t’en es pas encore réduite à plus pouvoir calculer le moindre de tes coups. T’espérais d’ailleurs avoir le temps de frapper une seconde fois, mais c’était sous-estimer le douanier. Grognement quand il frappe, une langue que tu te bouffes de toi-même comme pour focaliser la douleur à un endroit précis, là où tu pouvais encore tout contrôler. Puis des esquives. Parce que t’es vive Ana. T’es pas aussi forte qu’eux, tu le seras jamais et le simple coup qu’il t’a déjà porté suffit à te faire prendre conscience de ce que tu savais déjà : il n’était pas n’importe qui. Ça devient plus clair au fur et à mesure que les secondes s’égrènent, au fur et à mesure que tu te vois t’essouffler, beaucoup plus vite que prévu. T’es rapide, t’es souple, mais ça l’empêche pas de se défendre, d’avoir une garde irréprochable qu’il devient difficile de franchir. Et il te laisse pas de répit, il te laisse pas non plus occuper l’espace comme tu le voudrais, plus à l’aise dès lors que t’étais pas enfermée dans une bulle. Mais il est proche, trop pour que tu puisses faire tout ce que tu voulais. Une tentative pour crocheter les jambes et le foutre à terre : échec. Une autre pour remonter un genou à hauteur de l’estomac, du foie peut être : échec. Un coup que lui réussit à te porter. Et ça ravive tout, la colère, la rancœur, l’envie de prouver que putain de bordel de merde, elle était pas fragile. Pas fragile, pas conne, pas juste bonne à patrouiller sur le Colossus. Allez vous faire foutre. Tous. Ceux qui doutent, ceux qui méprisent, ceux qui prennent de haut. Ceux qui pensent qu’elle a tourné la page, qui se disent qu’elle a pardonné, oublié. Et surtout, qu’ils aillent se faire foutre, ceux qui pensent que t’as pas le contrôle. Tu l’as. Tu l’as et putain tu vas le prouver.
C’est sûrement une première, et tu sais pas pourquoi ça arrive maintenant. Mais t’as pas envie de perdre le contrôle. T’as pas envie d’être un condensé de haine irréfléchi, t’as plus envie d’être cette fille là. En colère ? Ouais, sûr, très bien. L’envie de cogner pour prouver que tu sais faire ? Ouais, une bonne chose aussi. Mais fait pas de conneries. Fait pas d’erreurs juste parce que t’es pas capable d’aligner deux pensées. Sois plus futée que ça, meilleure que ça. Et c’est ce qu’elle arrive à faire : rester lucide. Suffisamment pour se reculer une nouvelle fois, souplement, et enchaîner avec ce coup porté avec la jambe, ce talon que t’as envie d’éclater dans les côtes. Il intercepte la jambe, bien évidemment. Aucune importance. Tu pivotes le bassin, t’agrippe à l’un des poteaux du ring, seul appui stable à ta disposition et alors que tes mains reposent dessus, tu balances l’autre jambe. T’as pas besoin de voir pour savoir où la loger, à hauteur du cou, pour le faire chuter. Alors il finit au sol Krishvin, toi aussi maintenant que tu te délestes de tes appuis pour venir lui faire mal à nouveau. T’atterris à quatre pattes, les mains bien au-dessus de la tête du lieutenant, tes genoux à hauteur du sommet de ses bras. Un bras se voit d’ailleurs écrasé, immobilisé par un genou vicieusement placé à hauteur des articulations du coude tandis que tu remontes brutalement l’autre afin d’exploser le menton une nouvelle fois. Tu comprends toutefois que t’as pas le temps de faire plus, que t’as pas non plus le temps de te dégager. T’es là, au dessus de lui, et tu sais que malgré la douleur il trouvera un moyen de te faire mal. Il t’explosera le ventre à découvert, peut-être qu’il te fera basculer, ou qu’il t’attrapera par les hanches pour te ramener à sa hauteur et te défoncer cordialement le visage, juste pour l’abimer autant que t’abimais le sien. Et tu trouves aucun parade dans l’immédiat, simplement à bout de souffle, la douleur irradiant de divers endroits à la fois si bien que t’arrives même plus à les localiser correctement. Tu saignes sûrement, aussi, mais tu t’en rends pas encore compte. T’as encore trop de choses à prouver Ana.
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Tu te souviens pas t’être vraiment battue avec un militaire. Pas de cette façon, ou du moins pas alors que tu te pensais en mesure de tenir un peu plus de deux secondes. C’était pas pareil, c’était pas comme toutes ces fois où tu cherchais plus fort que toi dans une ruelle, la personne d’en face finissant par avoir la trouille de se faire prendre. De la retenue, de la peur, de l’incompétence, tout un tas de raisons qui avaient rendu tes adversaires moins vaillants. Et c’était pas plus mal d’ailleurs, vu le nombre de fois où t’avais perdu, vu le nombre de fois où t’avais pété des câbles, si bien que tu ne parvenais même plus à t’arrêter après avoir commencé à frapper. Tu t’étais rassurée à l’époque, en te disant que tu savais ce que tu faisais -un odieux mensonge- et que de toute façon ce n’était qu’ainsi que tu pourrais t’améliorer et vraiment apprendre. Des baffes de la part de la vie, des coups plus terribles de la part d’hommes plus âgés et plus forts. Rien de tel pour apprendre. Aujourd’hui, tu savais que ça ne menait plus à grand-chose tout ça. Tu savais que t’exploser les phalanges, c’était pas ta solution à toi. Mais t’as pas pu refuser, t’as pas pu renoncer alors même que Riley te faisait une offre pareille. Qui plus est, t’avais jamais vraiment eu peur de Krishvin. Du moins pas ainsi, bien plus soucieuse de ce qu’il pouvait te dire que ce qu’il pouvait te faire. Un bras pété, ça te semble moins douloureux qu’un cœur écorché ou qu’un venin distillé au creux des veines, l’acidité des mots te brûlant plus intensément que n’importe quelle douleur physique. Et puis tu savais que tu pouvais te débrouiller. Pas gagner, t’en doutais sincèrement malgré le fait que le douanier soit déjà quelque peu amoché, mais au moins prouver que tu te démerdais malgré tout. Leur montrer à eux que t’étais pas une chose fragile qui a atterri à la milice juste parce qu’elle savait pas faire grand chose de ses dix doigts. Te prouver à toi que tu connaissais tes limites, et que t’étais capable de les repousser. Tracer ta route, progresser, évoluer. Retrouver un semblant de voie. Toujours dans le contrôle, toujours en sachant ce que t’étais. C’était sûrement con, comme pensée. Imaginer qu’on puisse se retrouver en se foutant sur la gueule. Mais c’est bel et bien l’espoir que tu caressais.
Et c’est parce que tu veux prouver que t’es pas si conne que ça, bien que beaucoup en douteraient, considérant que l’audace qui te poussait à te frotter à eux se rapprochait plus d’une affreuse stupidité plus qu’autre chose, que tu finis par frapper en première. Tu profites du fait que Marcus reprenait la parole, qu’il offrait un semblant d’explications que tu ne voulais même pas entendre, pour cogner. T’as pas de temps à perdre Ana, ou plutôt t’as pas envie de les laisser croire qu’ils pouvaient discuter de toi comme on discutait de la saveur d’un paquet de chips. T’es là. T’es là et tu comptes bien le prouver. Ça t’empêche pas de te heurter aux réflexes fulgurants, sûrement aiguisés par une méfiance naturellement exacerbée, du douanier. Tu te bouffes la langue, t’ignore le goût du sang, une saveur que t’avais plus ou moins oublié, comme tout mauvais souvenir, mais qui te revient en mémoire dès lors que t’y goûtes. T’avais jamais trouvé ça si dégueulasse. Juste désagréable, parce que ça s’arrêtait jamais de saigner. T’arrives à esquiver, à demeurer hors de portée, à avoir une garde suffisante pour protéger ce qu’il était essentiel de protéger. Tu tentes, mais ça mène à rien et la voix de Marcus te le rappelle assez rapidement, pointant du doigt la prévisibilité de tes coups. Ça te fait grincer des dents et même si t’es pas assez conne pour lâcher des yeux ton adversaire durant ce laps de temps, sûrement que ta garde a faibli, imperceptiblement. Mais il l’avait perçu, parce que tu sais que la moindre erreur te coûtera très cher, surtout avec lui. Et ça manque pas. Il t’explose la pommette, la même, et si t’avais pu être simple observatrice t’aurais sûrement ricané en le voyant frapper aux mêmes endroits, tout comme toi t’essayais de le pousser à bout en cognant les plaies déjà à vif. Là t’arrives juste à être sonnée, à gronder de douleur, à cligner des yeux. Une seule fois. Parce que tu peux pas te permettre de perdre plus de temps à te ressaisir. La jambe que tu balances à hauteur de ses côtes n’est qu’un réflexe, pour le dissuader de te frapper encore. Ta façon de te servir des cordages et de ton environnement pour le foutre à terre et l’empêcher de profiter de ton premier mouvement, en revanche, n’a rien plus d’un réflexe irréfléchi.
Encore que. T’agis d’instinct, tu fais avec les moyens du bord. Tu cognes. Des genoux que tu places au niveau des articulations, tant pour bloquer que pour faire mal. L’un d’eux qui remonte pour exploser le visage, une nouvelle fois. Et c’est ton dernier moment de gloire Ana. Parce qu’ensuite tout s’enchaîne. A bout de souffle, il te crache à la gueule et t’as juste le temps de cligner des yeux avec force avant d’être repoussée. C’est puissant, ça te rappelle que tu restais une femme, que t’étais moins lourde que lui, moins forte aussi. T’es éjectée, presque comme un fétu de paille. Tu perds encore de ce souffle si précieux, ta respiration rendue anarchique, entrecoupées de grognements de douleur. Le coup dans les côtes te donne envie de te plier en deux et t’es tentée de le faire, juste pour pas avoir à subir le poids du lieutenant sur toi, espérant pouvoir l’éjecter ensuite. Mais t’as pas le temps, trop accaparée de toute façon par cette main qu’il t’écrase vicieusement. Et la suite est plus terrible encore. T’as l’impression d’étouffer, t’as envie de te rouler en boule sous le coup de douleurs qui pulsent un peu partout désormais. Et tu sais pas quoi faire, totalement prisonnière sous le poids du lieutenant. Un coup dans la gueule, pour te rappeler à quel point ça fait mal, à quel point c’est sensible. Le sang qui perle, qui gicle, pour te rappeler que c’est facile de te faire pisser le sang. Incapable de mouvoir tes jambes, et c’est pas faute d’essayer, tu tentes de redresser le haut de ton corps, même la tête dans l’optique de t’en servir en guise de dernier recours, tandis que tes mains crochètent le tee-shirt, griffe les parcelles de peau qu’elles parviennent à trouver en dessous. Mais il te renvoie au sol aussi sec, avec un nouveau coup dans la gueule, qui cette fois te sonne affreusement. C’est une sensation ignoble, que celle de l’impuissance. Cette impression d’être pigée, incapable de faire quoi que ce soit. Tu sais pas quoi faire, comment réagir, comment t’en sortir. Alors l’adrénaline pulse, de partout, un instinct de survie qui te gueule de réagir, de faire quelque chose, peu importe quoi. Mais ça sonne, la tête dodeline tant sous les coups que parce que t’es incapable de savoir ce que tu fais. Et ça te fait peur. Toi, t’as toujours crains que les mots, même hachés, du douanier. Désormais tu craignais ses poings, ses coups, sa haine, tout ce que t’avais pu être et que tu voyais désormais en lui. T’es terrifiée, oubliant totalement la présence de Marcus. C’est ta vie que tu joues, et t’es seule pour t’en sortir. Seulement tu sais, que tu peux pas t’en sortir. Alors tu te vois déjà morte, d’une certaine façon. Et tout ce que tu parviens à faire c’est gronder, entre tes lèvres tuméfiées, comme un cri, de rage, de détresse. L’adrénaline sous forme de feulements dégueulasses, un peu comme un athlète qui gronde pour trouver la force de soulever une centaine de kilos au dessus de sa tête. Toi tu grognes, dans l’espoir pathétique que ça changerait la donne.
T’as pas le temps de demander grâce, t’y penses pourtant. Un Stop qui pulse au fond de ton crâne, en boucle, comme si tu caressais l’espoir qu’il puisse t’entendre. Quelle importance de toute façon. Il pourrait t’entendre que ça changerait rien. Il était déchaîné. Tu t’en soucies plus. Parce qu’il t’explose la mâchoire une fois de plus, après le nez, après tout le reste de ta gueule au fond. Salive et sang se mêlent, se perdent dans un coin alors que ta tête suit la trajectoire de son coup, poupée de chiffon que t’étais devenue. Ton seul réflexe, de survie, consiste à te reculer, te hissant brièvement sur tes coudes pour te repousser en arrière, lorsque tu sens que le poids sur tes cuisses s’évapore. Et tu te laisses tomber au sol, une nouvelle fois, dans un gémissement de douleur pathétique au possible. Ça fait mal. Putain ce que ça fait mal. Partout. Comme si ton crâne, salement amoché, estimait de ce fait qu’il fallait te faire mal partout ailleurs au passage. Tes neurones qui savent plus quoi faire, alors c’est toujours le même message qui pulse, dans chaque fibre de ton corps : douleur. Putain, ça fait tellement mal. Grondements, couinements, alors que t’essayes même pas de bouger. T’as le sang qui dégouline, de partout, qui te donne l’impression que ça t’inonde et sûrement que c’est le cas. T’as le nez explosé, la sensation que t’étais à deux doigts de te faire crever un œil aussi, pis tes lèvres qui tremblent sûrement. T’arrives même pas à lâcher le moindre son cohérent, t’oses pas le faire en vérité, de peur que ta mâchoire te lance encore plus. Mais t’as l’impression de suffoquer, avec le sang qui s’écoule dans ta gorge, que t’arrives pas à avaler, encore moins à recracher. Alors tu prends sur toi, dans un ignoble sifflement, dans un sanglot, pour te retourner. Tu finis sur le ventre, puis tu te forces à te redresser, à finir à genoux. Tu fais le dos rond, un étirement qui te faisait toujours du bien. Mais là tu penses qu’à ton visage, à la douleur qui pulsait de partout. Les bras posés sur le sol, tu poses le sommet de ton crâne entre tes mains, essayant de trouver une position qui t’obligerait pas à appuyer sur toutes les plaies à vif. Le moindre geste te donne la gerbe, te fait couiner et tu te rends même pas compte que les larmes se mêlaient déjà au sang.
T’entrouvres les lèvres, tu te racles la gorge de façon dégueulasse, mais t’arrives pas à cracher, t’oses même pas le faire en vérité. Alors ça dégouline simplement d’entre tes lèvres, lentement, alors que t’essayes de respirer. C’est pas glorieux. Parce que tu suffoques, tant à cause de cette respiration qui te faisait défaut depuis plusieurs minutes et que t’essayais de retrouver que parce que t’as eu peur. Putain il se serait pas arrêté. Il l’aurait jamais fait, pas vrai ? Il aurait continué jusqu’à… Jusqu’à ce que quoi d’ailleurs ? Hein. Nouveau sanglot, alors que tu griffes le sol avec l’une de tes mains comme si tu te blâmais de ta faiblesse. Attend. Ta faiblesse ? Ta faiblesse ? C’était la sienne le problème ouais. C’était sa putain de propension à péter des câbles pour rien, c’était son putain d’échec à lui pour se retenir. C’était de sa faute, c’était son erreur, sa faiblesse. Trop pitoyable pour savoir quand s’arrêter, à l’image du pitbull en colère que t’avais toi-même été. Tu voulais plus être cette fille là, et tu balayes cette idée vicieuse, ce murmure qui te souffle que si t’étais restée cette nana tu t’en serais ptet mieux tirée. Parce que c’est faux. T’as gardé le contrôle, durant un entraînement certes plus corsé mais qui aurait dû s’arrêter si l’un de vous deux en éprouvait l’envie ou le besoin. Là t’as même pas eu le temps de lui demander d’arrêter, et s’il l’avait fait, quelque chose te disait que ça aurait pas été en douceur. Il t’aurait juste achevé. Salement. Marcus a dû intervenir. Il aurait pas dû en avoir besoin. Alors ça t’écoeure. Parce que t’avais voulu te frotter à du défi, mais quelque chose de raisonnable, quelque chose de censé. Y avait rien eu de censé là dedans. Il t’écoeure, lui. Avec sa manie de te signaler ta médiocrité, sa façon de te mépriser, de te dire que tu te voilais la face. Et lui hein ? Il vivait pas dans le déni ? Il vivait pas avec des émotions qui le bouffaient peut être ? Bien sûr que si. Et l’état de ta gueule en témoignait largement. C’était sa faiblesse. Toi… T’avais tenu ton objectif. Pas lui.
Alors tu te mets à rire. Soudainement. T’as pas bougé de ta position, et tu te mets à trembler, tes épaules secouées par les sanglots mais aussi par ces gloussements narquois qui t’échappaient désormais. Tu ricanes, parce qu’il a été plus pathétique que toi. Parce que pour une fois, t’as pas l’impression d’être la faiblarde de l’histoire. On dira peut être que t’as été conne, que t’as mérité ce qui t’arrivait, et peut-être que c’était vrai. Tout ce que tu sais, c’est qu’il a pas su se contrôler. Qu’il a pas su se retenir. Et ça te fait rire. Ça te fait rire et ça te donne le courage, puéril, de cracher l’excédent de sang. Quitte à souffrir à cause de ces ricanements nerveux, autant en profiter pour faire bonne figure hein ? Et tu gémis, et tu grondes, et tu pleures en même temps que tu ricanes. Et ça fait mal. Ça fait toujours tellement mal. Ça bourdonne, ça siffle, ça s’agite. T’as envie que Krishvin revienne et t’assommes une bonne fois pour toute, n’importe quoi, tant que ça pouvait faire taire tout ce qui te tuait en cet instant précis. Etre inconsciente, putain même ça il a pas été capable de le faire ? Il pouvait pas te placer le coup de trop, qui t’aurait fait oublié cette putain de journée ? Non, bien sûr que non. Pis il est où ce con d’ailleurs ? Et l’autre, Riley, hein ? Ils sont où les grands mâles dominants, ceux là même qui éprouvent le besoin de te fracasser pour… Pour quoi ? Tu sais pas, putain t’en sais rien. Ça fait juste tellement mal. Tes poings sont serrés, mais leurs écorchures ne sont rien comparées au reste. Et tu te mets à trembler, non plus à cause des rires, car ils se sont arrêtés, mais parce que ça fait mal. Et que tu te mets à suffoquer. Tu sais pas pourquoi, pourquoi maintenant surtout mais t’arrives pas à respirer. Peut-être parce que ça te fait trop peur, ou trop mal, à moins que ce soit parce que tu doutes de ta capacité à juste te maintenir en vie. T’en sais rien. Tu t’étouffes à moitié avec ton sang, tu craches une nouvelle fois, tu redresses une de tes mains comme pour toucher ton visage. T’as dans l’optique d’appuyer là où t’as mal, parce que ça fonctionne parfois, pour éviter les bourdonnements liés à la douleur. Mais t’as à peine effleuré la mâchoire que ça t’électrise totalement et ton poing s’explose au sol dans un grondement de rage et de douleur. Tu sais pas quoi faire, de ce que t’es, là tout de suite. Tu sais pas quoi faire pour que ça s’arrange. Est-ce que ça peut seulement s’arranger ? Oui. Forcément. T’es vivante après tout, mais si tu trembles encore en songeant au fait que ça s’est ptet pas joué à grand-chose. T’en sais rien. Et ça te fait peur. Tu te sens victorieux ? Dis moi Krishvin, tu te sens victorieux là ? T’as pris ton pied ? T’as affirmé ta putain de supériorité ? Dis moi Krishvin, tu vas bien dormir cette nuit ? Tu te sentiras mieux, d’avoir pu te faire plaisir, d’avoir pu cogner sans te soucier de la personne que t’avais en face ? DIS MOI PUTAIN. Si seulement t’étais encore capable d’aligner deux mots sans avoir le tournis. C’est peut-être ce que t’aurais dit.
Messages : 643 Âge : 34 ans Occupation : Milicienne (sergent) au Colossus 5 Habitation : Colossus 5 Arrivée : Il y a 24 ans (2203)Pseudo : Drathir/Loreline Avatar : Riley Keough Crédits : avatar - Isleys ; code sign - Anesidora ; crackship - Elara ♥
That's exciting. Ana & Tiaan & Marcus
La vue est trouble, partiellement à cause des larmes, partiellement à cause du sang. La douleur pulse au sein de l’organisme, comme un cœur qui palpite avec violence un peu partout, essentiellement au fond de son crâne. Elle renifle difficilement, gronde à cause de la douleur provoquée par ce simple réflexe, et crache un nouveau flot de sang, sans parler de celui qui dégoulinait le long de son visage explosé. Les rires aussi nerveux que narquois avaient pris fin, ne laissant plus transparaître que le bruit de sa respiration sifflante et difficile, mêlé aux larmes qui lui échappaient. Les poings sont serrés et si ces derniers ne lui faisaient pas mal à ce point, les phalanges rougies et douloureuses, elle aurait sûrement cogné à nouveau. Elle hésite à le faire malgré tout, à fracasser le sol juste pour concentrer la douleur à hauteur de ses mains plutôt que de penser à son visage. Ça faisait longtemps, qu’elle n’avait pas fini dans cet état et faut dire que ça ne lui avait pas manqué. Elle en vient même à se demander, un bref instant, comment elle avait fait à l’époque. Comment sa rage et sa rancœur avaient pu être une motivation suffisante pour la pousser à se relever et à retourner se foutre sur la gueule quelques jours après, enchaînant de ce fait les séjours sur le Regina. Comment elle avait fait, pour se battre sans songer aux conséquences, sans penser au fait qu’elle aurait pu tomber sur n’importe qui, de plus fort, de plus violent. Un combat qui aurait pu être mortel, même par accident. Et elle en avait rien eu à foutre. Aujourd’hui cependant, c’était différent. Si la colère demeurait, ancrée quelque part en elle, la milicienne ne désirait plus pour autant s’abaisser à la violence comme simple exutoire. Elle voulait plus fracasser tout ce qui bougeait ou se faire fracasser en retour. Elle voulait essayer de progresser, de tourner la page, de faire avec ce qu’elle était et ce qu’était devenu sa vie. Et surtout, tout ce qu’il y avait de nocif en elle ne suffisait plus à l’aveugler. Alors elle avait eu peur, comme cela ne lui était plus arrivé depuis longtemps. Peur de mourir, peur de son impuissance, peur de lui. Et ce sentiment lui tord encore les entrailles, l’adrénaline refusant de pleinement s’en aller. La trouille demeurait, et elle savait pas comment la gérer, pas plus qu’elle ne savait comment s’occuper de ses blessures.
Elle est ailleurs Ana. Perdue dans un flot d’émotions, noyée par la douleur qui reprenait le dessus sur ses pensées, ce qui n’était peut être pas plus mal dans le fond. Le visage toujours coincé entre ses mains, ces dernières prennent de nouveau appui sur le sol pour l’inciter à se redresser et elle demeure donc rapidement à genoux, assise sur ses talons. Elle a pas la lucidité pour songer à un médecin, et les événements récents tendent à raviver son orgueil, tant et si bien qu’elle ne voulait pas avoir à réclamer un quelconque soutien. Le soutien viendra à elle de toute façon, se manifestant sous la forme du légionnaire qui s’approchait désormais d’elle. Malgré son œil qui enflait sûrement déjà, et qu’elle tentait de maintenir fermé, l’autre capte les mouvements de l’homme et un frisson remonte le long de son échine. Ça aussi, c’est douloureux, mais elle dit rien, hésitante et à l’affut. Elle est tendue, sitôt qu’il la rejoint même si cela semble aller mieux une fois qu’il s’agenouille. Les gestes sont lents, mesurés, et cela a quelque chose de rassurant. Alors c’est naturellement qu’elle relève les yeux pour capter la silhouette de Krishvin, qui n’avait pas bougé, lui. Nouveau frisson, accompagné d’une vague de haine, de mépris aussi. Et la peur, toujours, qui fait office de muselière, sûrement plus efficacement que la douleur pulsant de sa mâchoire défoncée. Une peur qui la pousse finalement à baisser les yeux, à observer ses mains ensanglantées, les flaques de sang sur le ring, aussi, provoquées par ses blessures. Donovan. Profite Ana, c’est ptet le seul qui sera encore capable de te reconnaître, et donc de t’appeler par ton nom, pendant une bonne semaine. Donovan, hey. Regarde moi. Va te faire foutre Marcus. Si c’est ça que t’appelles tenter sa chance ou faire ses preuves, alors laisse moi te dire que t’es un grand malade mental. Mais l’instruction est répétée, lui faisant mal au crâne au passage, tant et si bien qu’elle se décide à obéir, relevant un regard furieux, mais pas que, en direction du légionnaire.
Si elle avait été une simple spectatrice, elle aurait sûrement apprécié la façon de faire du sergent. Au fond, elle a toujours apprécié. Sa façon de dire les choses, simplement mais sans détour, sans qu’elle ne perçoive un véritable jugement. Sa façon de l’observer, sans pitié, sans dramatiser, mais sans pour autant amoindrir l’importance des événements. Elle comprend qu’il observe, qu’il jauge et, se sentant incapable d’évaluer ses propres blessures sereinement, Anastasia se contente de garder le silence afin de se fier à l’opinion de son interlocuteur. Respire Donovan. Et ça fait l’effet d’un électrochoc, comme si la milicienne se rendait compte qu’elle n’avait pas osé le faire depuis plusieurs minutes. Ça ravive l’angoisse, ça ravive sa sensation de pas savoir gérer ça correctement et la respiration se fait aussitôt plus sifflante, plus anarchique. Elle crache de nouveau du sang, désencombrant sa gorge alors qu’elle s’efforce de demeurer les lèvres entrouvertes afin de respirer, n’osant se servir de son nez pour cela. Nouveau frisson, quand une main se pose sur l’épaule et c’est par réflexe qu’elle tente de se dérober à ce contact, glissant instinctivement son corps sur le côté, avant que la poigne ferme ne la maintienne immobile. Ça l’agace, mais elle n’a pas la force de le fuir, s’efforçant plutôt de se calmer, cherchant à se servir de sa tête pour se rappeler qu’il ne lui voulait pas de mal. Lui. Du moins, presque. Ce n’était pas lui qui avait cogné et au fond il n’était pas coupable des excès du douanier. Alors elle s’apaise Ana, un peu, avant de froncer les sourcils -ce qu’elle cesse de faire la seconde suivante au vu de la douleur que ce simple geste ravive- quand il l’interroge pour savoir si ça faisait mal. Un ricanement, rauque et dégueulasse, lui échappe brièvement. La question lui semble ridicule, l’espace d’une seconde, mais elle se reprend. Elle n’en restait pas moins militaire, et déjà gosse elle se souvenait des leçons de son père, ses remarques acerbes lorsqu’elle essayait de nier la douleur ou de mentir quant aux raisons de ses blessures de gamine. Car on ne plaisantait pas avec tout ça, et il avait parfaitement raison. La leçon avait été apprise, depuis le temps, aussi la jeune femme se concentre rapidement, baissant les yeux vers ses côtes qu’on lui désignait, comme pour mieux réfléchir à ce qu’il pouvait se passer à cet endroit précis de son corps.
Un signe de tête, négatif, suffit à faire comprendre qu’il n’y avait sûrement rien de grave ici. « Juste… » Grondement, suivi d’une inspiration aussi profonde que nerveuse, avant qu’elle ne daigne remonter l’une de ces mains pour désigner son visage. Du bout de l’index elle pointe son nez, beaucoup trop douloureux à son goût et qui rendait la respiration trop difficile pour que cela ne soit normal. Instinctivement elle avait redressé la tête pour signer ses explications, mais la main de Marcus le long de la nuque l’incite à la pencher de nouveau, laissant le sang dégouliner une fois de plus jusqu’au sol. Elle voulait pas savoir quelle tronche elle pouvait avoir, voulait pas voir l’état de ses fringues, l’état du ring et de la pièce en général. Elle sait bien que ça impressionne surtout, et qu’elle n’est pas en danger malgré la flopée de sang qui semble témoigner du contraire, mais elle veut pas savoir. Elle veut oublier, s’endormir, ne pas se réveiller. Elle veut qu’on lui foute la paix, qu’on l’oublie également. Elle voudrait revenir en arrière, surtout. Tout ça pour quoi hein ? La sensation de s’être fait exploser la gueule sans rien pouvoir en tirer lui donnait la nausée, à moins que ce ne soit le mal de crâne, couplé au goût du sang dans sa bouche. Puis il y a ce souffle, ce murmure contre sa peau, qui suffit à lui arracher un frisson de prime puis un léger grognement tant elle peinait à comprendre ce qu’on cherchait à lui dire. Médecin ? De quoi un médecin ? Pourquoi un… Oh. Médecin. Oui. D’accord. Une fois l’information analysée, la milicienne prend son temps pour y réfléchir, ne se souciant pas de faire perdre le temps du légionnaire à ses côtés. Ce qu’il pouvait penser était bien le dernier de ses soucis. D’un côté, elle n’avait pas envie, d’être soignée. De toute manière elle voyait pas bien ce qu’on pouvait faire pour l’aider, à part pour son nez peut être. Et elle voulait pas, avoir à parler, à s’expliquer, à raconter comment elle en était arrivée à se faire défigurer. Non seulement à cause de l’effort que cela lui demanderait, un effort qu’elle ne voulait pas avoir à fournir, que parce qu’elle ne savait pas quoi dire. Devait-elle expliquer que Krishvin avait manqué de lui briser l’intégralité des os, si on en lui avait laissé le temps ? Devait-elle dire la vérité et laisser le lieutenant se démerder avec les potentielles conséquences que cela entraînerait ? Elle sait pas. Le simple fait d’y réfléchir lui fait mal aussi gronde-t-elle de nouveau comme pour se ressaisir, avant de daigner hocher doucement la tête en signe d’approbation.
Ce n’est pas tant l’optique de voir quelqu’un qui la motive à bouger que son désir de partir d’ici. Si la douleur pulsait encore, si elle avait le tournis et si elle se lassait du goût du sang dans sa bouche, elle ne voulait surtout pas s’éterniser dans les parages. Elle arrivait encore à sentir ce qui émanait de son environnement, percevant cette ambiance dégueulasse, ces restes de tension, de colère, de violence et de larmes. Les lieux semblent désormais contribuer à son mal être et elle désirait simplement se trouver ailleurs, un espace plus neutre à défaut d’être aussi rassurant que son propre lit. Qui plus est, un médecin n’était pas une idée si stupide. Il ne pourrait peut être rien pour elle, ou presque, mais il pourrait au moins désinfecter les plaies et nettoyer son visage, lui évitant ainsi de le faire seule. Ce qui n’aurait pas été une réussite, pour sûr. Alors, après une inspiration difficile mais déterminée, Anastasia se décida à quitter le ring. Elle ne tente même pas de se redresser, se contentant de s’asseoir et de se déplacer en prenant appui sur ses mains, par à coup, jusqu’à atteindre le bord du ring. Elle ignore les pulsations douloureuses à hauteur de ses phalanges, préférant ne pas songer à ces plaies qui n’étaient dû qu’à sa propre stupidité. Elle se glisse alors entre les cordes, a la fugace impression que quelqu’un agrandis l’espace entre celles-ci pour lui faciliter le passage, et délaisse alors l’espace surélevé pour retrouver la terre ferme. Il lui faut un temps, une pause, pour s’habituer à la sensation d’être de nouveau debout. Elle a le tournis, le sang devient véritablement abject dans sa bouche et elle n’est pas sûre de réussir à s’éloigner toute seule. Mais elle tente, incapable de demander de l’aide, incapable d’envisager la simple idée de dépendre de quelqu’un en cet instant précis. Si elle ne réclame pas cependant, elle ne repousse pas pour autant le sergent lorsque ce dernier la rejoint, offrant sans un mot sa présence. Ana le lorgne du coin de l’œil, puis fixe le mur de la salle plus loin. Hors de portée, qu’elle se dit. Elle essaye malgré tout, rassurée au fond par la présence de Marcus. Elle aura d’ailleurs à se rattraper à son bras une ou deux fois, jusqu’à ce qu’elle arrive au mur et troque Riley contre ce dernier pour prendre la direction des vestiaires. Elle dira rien, tentera de faire abstraction des gens autour, longeant les murs tant par nécessité que pour ne pas attirer trop l’attention des personnes présentes. Le soulagement est sincère, lorsqu’elle peut s’assoir à nouveau, loin des regards et elle repose son crâne contre le mur derrière elle, fermant les yeux pour éviter de penser à la nausée. Elle voulu contacter quelqu’un, textuellement, pour qu’on vienne la chercher ici, ne se sentant pas de retrouver les médecins du Regina d’elle-même, mais Marcus s’en était visiblement déjà chargé. Alors elle dit rien, pendant un instant, avant de le congédier d’un simple signe de main. « Tu devrais y aller. » Les mots sont hachés, entrecoupés de sifflement rageurs et douloureux. Mais ils sont là quand même. Tu devrais … Elle sait pas ce qu’il devrait faire en vérité. Mais elle ne risquait plus rien, à priori, et ne voulait définitivement plus de la moindre compagnie. Elle ne risquait plus rien. Douce blague. Elle n’aurait jamais rien du risquer de base, rien de plus que de se confronter à la médiocrité.
- BLACK PUMPKIN
Sujet: (#) Re: That's exciting (Tiaan & Marcus) Dim 11 Mar - 22:26
Messages : 374 Occupation : MORT - premier directeur du comptoir Cygni, décédé dans l'exercice de ses fonctions Habitation : UNE PETITE URNE Pseudo : Frey Avatar : Joel Kinnaman Crédits : Sign : Bat'phanie ; gif : a-weiter
Messages : 374 Occupation : MORT - premier directeur du comptoir Cygni, décédé dans l'exercice de ses fonctions Habitation : UNE PETITE URNE Pseudo : Frey Avatar : Joel Kinnaman Crédits : Sign : Bat'phanie ; gif : a-weiter