Messages : 643 Âge : 34 ans Occupation : Milicienne (sergent) au Colossus 5 Habitation : Colossus 5 Arrivée : Il y a 24 ans (2203)Pseudo : Drathir/Loreline Avatar : Riley Keough Crédits : avatar - Isleys ; code sign - Anesidora ; crackship - Elara ♥
Take me right now. Ana & Tiaan
Elle détestait ça. Chez les autres, mais encore plus chez elle. C’était pire que tous les vices, tous les défauts. Ça pourrit forcément la journée de quelqu’un, ça agace, ça fait perdre du temps. Elle était en retard bordel. Et sa façon de fulminer des insultes tout en courant à travers les couloirs du Columbiad témoigne très largement du fait qu’elle avait ce genre de situation en horreur. Surtout lorsque le retard n’était pas vraiment de son fait, surtout quand elle sait que ce genre de détail peut être retenu contre elle. Surtout quand elle est censée retourner travailler. Elle se doute bien que les hommes dont elle avait la charge sur le Colosus n’iraient pas la vendre pour si peu, tous étaient suffisamment conscients du fait que ce n’était pas dans les habitudes de la jeune femme que d’arriver ne serais ce qu’une minute en retard sur son lieu de travail. Ils feraient sans elle, en attendant, et elle ne s’inquiétait donc pas vraiment des répercussions que toute cette histoire pourrait avoir. Ça l’empêche pas d’être agacée, pressée. Elle maudit sa mère, celle là même qui n’avait pas été capable de tenir son horloge holographique à l’heure. Elle avait eu des soupçons Ana, forcément, en constatant que son heure de pause venait juste de s’achever alors même qu’elle avait eu l’impression de passer beaucoup plus de temps que ça en compagnie de sa famille. Puis, en réclamant des informations à sa propre IA, elle avait constaté qu’il y avait un décalage. Trente minutes exactement. Suffisamment pour la faire bondir de sa chaise en râlant puis détaler à la vitesse de l’éclair en dehors de l’appartement de ses parents. Vêtue de son uniforme de service noir, un brassard accroché autour du bras pour dénoncer son appartenance à la milice, la voilà donc en train de galoper à travers les ruelles en direction de l’ascenseur le plus proche. Oui, car le Columbiad était vaste, suffisamment pour qu’il ait également été aménagé sur plusieurs étages et elle devait retrouver le rez-de-chaussée au plus vite si elle voulait pouvoir se jeter sur la navette la plus proche. Elle pouvait encore arriver à l’heure. Ou du moins pas trop en retard. Avec de la chance.
« Charlie. Envoie un message à ma mère. Dis lui que… Elle peine à formuler cette simple phrase, grognant légèrement en bousculant involontairement des passants et surtout se retrouvant soudainement trop occupée à empêcher les portes de l’ascenseur de se refermer face à elle pour songer à finir sa tirade. Elle s’interrompt donc brièvement le temps de se glisser à l’intérieur de la cabine, s’apprête à poursuivre quand son regard se pose sur le seul homme présent à ce moment précis. Tiaan. C’est ce deuxième obstacle, de taille cette fois ci, qui l’empêche de réfléchir convenablement au message qu’elle voulait envoyer à sa génitrice. Silencieuse, elle sait pas trop quoi faire l’espace de quelques secondes avant de se reprendre, secouant légèrement la tête comme pour sortir d’un rêve. Oublie. - Message envoyé. - Quoi ? Putain non ne… Oh et puis merde. » Siffle-t-elle en s’installant dans un coin de l’habitacle, ses doigts fusant à hauteur de son terminal afin d’annuler manuellement l’envoi du message tout en évitant de devoir encore une fois se confronter à cette stupide IA. Une autre voix se fait alors entendre, à l’intérieur même de l’ascenseur, lui demandant quel étage elle désirait rejoindre. Ce fut en ravalant péniblement un soupir qu’elle désigna le rez-de-chaussée, avant que la machine ne se mette en marche, descendant simplement. Une descente qui ne lui a jamais paru aussi longue. Adossée contre la paroi de métal derrière elle, la milicienne inspire profondément en fermant les yeux, essayant de penser à autre chose que ce début d’après-midi calamiteux. Pourtant malgré ses yeux clos, une image s’impose à elle. Cela aurait pu être le faciès du lieutenant à ses côtés pourtant ce n’est pas le cas. C’est une cigarette qu’elle voit. Et elle se voit, tournant sur elle-même dans sa propre cabine à la recherche d’un endroit où la ranger. Elle se souvient s’être dit qu’il serait ridicule de mettre une clope seule sur un meuble, de même il fallait éviter qu’elle ne finisse écrasée ou une connerie du genre. Alors elle avait cherché, longtemps, et avait finalement opté pour la planche de métal fixée à l’horizontal au sommet de sa penderie. Elle était censée pouvoir y glisser quelques vêtements soigneusement pliés mais force est d’admettre qu’elle n’en avait pas assez pour occuper tout l’espace somme toute déjà restreint du meuble. Alors elle avait déposé le tube de nicotine juste là, sur le bord, dans un coin. Elle était retombée dessus le matin en s’habillant. Ça l’avait agacée. Mais elle ne trouvait pas d’autre emplacement. Foutue cigarette.
Elle rouvre les yeux, l’ascenseur s’arrêtant à un autre étage. Les portes s’ouvrent pour ne laisser passer qu’une frêle silhouette, un jeune garçon de sept ans, peut être huit. Il a un large sourire affiché sur les lèvres tandis qu’il rentre dans l’habitacle, seul, les saluant d’un bonjour parfaitement audible qui arrache un sourire à la milicienne. « Salut… Souffle-t-elle, amusée, son regard vrillé sur ce gosse qui lui tourne déjà le dos mais dont la bonne humeur semblait illuminer la pièce. Elle en oublie son retard, pendant un moment. Elle en oublie la cigarette dans son esprit et la présence de Tiaan à peine plus loin. Ce semblant de quiétude qui semblait s’emparer d’elle vole toutefois en éclats lorsque l’ascenseur s’arrête soudainement, un léger bruit se faisant entendre sous-entendant que la machine semblait manquer d’énergie. Le fait que la lumière disparaisse de l’habitacle pour les plonger dans le noir rajoute à cette impression. Put-…naise. Punaise, punaise, punaise. » Gronde-t-elle, retenant à grand peine son incroyable vulgarité habituelle. Comme si elle était pas assez en retard comme ça. Fallait rajouter une panne technique à la con. Et elle doutait pas non plus du fait que si le problème était généralisé, l’équipage du vaisseau ferait de sorte à rallumer les équipements vitaux avant tout. Peut être même que c’était une maintenance, totalement prévue par le vaisseau, et dont elle n’avait pas entendu parler. Faut dire qu’elle avait pas écouté les annonces faîtes dans les couloirs tandis qu’elle galopait à travers ces derniers. Mais s’il y avait bien une maintenance quelconque, alors ils étaient pas sortis de l’auberge. Vraiment pas.
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Sujet: (#) Re: Take me right now (Tiaan) Jeu 25 Jan - 14:38
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Sujet: (#) Re: Take me right now (Tiaan) Jeu 25 Jan - 17:37
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Take me right now. Ana & Tiaan
Elle n’interprète pas ce silence, pour une fois. Elle ne se dit pas que c'est suspect, ne remarque pas qu’ils ne se sautent toujours pas à la gorge. Il y a que cette absence de bruits, libératrice. Et ses pensées, qui le sont un peu moins. Puis il y a ce gamin, qu’elle observe dans un léger sourire après l’avoir salué. Ça ravive une espèce d’instinct maternel, brièvement, avant que la coupure d’électricité ne la ramène à la réalité, assez brutalement. Elle se retient de jurer trop fort, éprouve un sentiment de satisfaction puéril à l’idée d’avoir réussi -un exploit- puis finit par soupirer dans son coin. Définitivement en retard, définitivement dans la merde, elle essaye de se souvenir d’un message qu’elle aurait pu louper pour justifier cette panne mais rien ne lui revient. L’attention de la milicienne se focalise toutefois rapidement sur l’enfant, dont les sanglots la renvoient à de nouvelles priorités. Si elle n’était pas le moins du monde dérangée par l’obscurité, bien au contraire elle lui trouvait des vertus apaisantes, elle comprenait parfaitement que ce ne soit pas le cas de ce jeune garçon. Faisant au mieux, la voilà en train de rallumer son terminal, tentant de rendre ce dernier le plus lumineux possible. C’est léger, visiblement insuffisant pour pleinement rassurer le gosse. Comme quoi, on avait pas tous la même histoire ou les mêmes peurs. De son côté, Ana aurait pu supporter l’absence de lumière, ou au pire aurait tout donné pour avoir le droit à une bougie. Le feu a toujours un côté fascinant, surtout lorsqu’il était comparé aux lumières artificielles qu’ils se coltinaient à longueur de temps. Une autre lumière finit toutefois par se rajouter à l’ensemble et les prunelles de la milicienne se vrillent en direction de la source de celle-ci. Une lampe de poche. Ça faisait des années qu’elle ne comptait plus sur ces objets, rendue bien plus dépendante des fonctionnalités de son terminal et de son IA que de ce genre d’outils. Pourtant cela les aidait considérablement aujourd’hui.
Anastasia s’attendait à ce que le douanier en reste là, pourtant il reprend la parole, l’interpellant. Tournant son visage en sa direction, la milicienne comprend alors qu’il ne s’était pas le moins du monde intéressé à elle. Il s’était avancé vers l’enfant, s’était accroupi afin de se retrouver à sa hauteur. Elle dit rien Ana, elle observe, avec toute l’attention du monde. Elle peut pas s’empêcher de se dire qu’il a eu le bon réflexe en s’abaissant ainsi face au gamin et elle peut pas s’empêcher de le dévorer des yeux tandis qu’il fait preuve d’une gentillesse comme elle n’en a jamais connu chez lui. Ce n’était pas étonnant, mais ça la fascine. Elle se sent de trop, aussi, en les voyant échanger calmement, en voyant le dénommé Tolmin s’occuper avec la lampe gracieusement offerte afin de se rassurer. La jeune femme sourit à la dernière seconde, levant doucement la main gauche et agitant ses doigts en guise de salutation, lorsque Tiaan la présente à l’enfant, ce dernier daignant par conséquent lui accorder un coup d’œil. Elle rabaisse ensuite la main, continuant de suivre la conversation, ne remarque pas que désormais ses doigts se mouvaient avec lenteur, comme dans l’optique de faire virevolter un objet invisible entre eux. C’est sûrement mieux ainsi. Elle en aurait été agacée. Pour l’heure elle est plutôt préoccupée par la question de l’enfant vis-à-vis de son interlocuteur. Tu as peur ? Ta voix tremble. C’est innocent comme question, bien plus naïf que son venin à elle lorsqu’il était question de provoquer le douanier quant à son bégaiement. Va-t-il lui expliquer ce dont il est réellement question ? Va-t-il s’énerver alors même qu’il n’a devant lui qu’un gamin innocent, qui ne pensait sûrement pas à mal. Non. Il se contente d’acquiescer, d’avouer, de demander à ce que tout ceci soit un secret bien gardé entre eux. La respiration de la milicienne se fait profonde, témoignant de l’émotion que lui faisait éprouver cet échange, un coin de sa lèvre s’étire légèrement, lui faisant arborer une douce expression. Cela ne se verrait sûrement pas dans le noir, cela se verrait encore moins étant donné que personne ne lui prêtait attention. Elle ne s’en offusque pas. Elle aurait en vérité aimé se faire oublier, définitivement. Se trouver derrière une vitre, bien cachée, et continuer de les regarder faire. Il y a ce gosse, un animal forcément imprévisible de par son jeune âge. Et il y a Tiaan, une espèce dont elle ignorait tout et dont elle n’avait jamais voulu faire l’analyse. Elle voulait pas savoir. Mais ça lui sautait désormais à la gueule, la gênant fortement au passage. Combien de fois s’était-elle dit qu’elle ne voulait pas l’humaniser déjà ?
« Il semblerait… Elle se racle la gorge en sentant sa voix vaciller légèrement. Elle s’en veut de l’ouvrir, de s’imposer, de briser l’instant. Mais elle se sent obligée de le faire. Il semblerait que le vaisseau ait une maintenance à faire, quelque chose dans ce goût là. On va donc être coincé un petit moment. Elle avait pianoté sur son terminal, rapidement, pour se procurer ces informations. Pas étonnant que personne n’ait emprunté le gigantesque habitacle, tout le monde ou presque savait ce qui se serait produit ensuite. Inutile de donner plus de précisions toutefois, Tiaan devait être relativement au courant de ce genre de situation et l’enfant n’avait définitivement pas besoin de l’entendre parler des détails techniques. Un gamin qui fronçait déjà les sourcils, visiblement mal à l’aise à l’idée de rester coincé dans cet ascenseur à moitié plongé dans le noir. C’est pour cela qu’Anastasia finit par se laisser glisser le long du mur afin de finir par s’assoir à même le sol, en tailleur. Tu veux qu’on fasse un jeu en attendant ? Les prunelles du môme semblent scintiller d’un éclat nouveau, rassurant, et il hoche avec ferveur la tête. Oui ! Tu as une idée ? La jeune femme fait mine de réfléchir un instant, cherchant un moyen de passer le temps malgré le manque de moyens. Difficile de se lancer dans un jeu vidéo en réalité virtuelle dans l’immédiat. Elle songe alors aux façons dont elle passait le temps plus jeune. Eh bien, je ne sais pas trop… On peut faire le ‘à quoi je pense ?’ C’est ce qu’on faisait avec mon frère quand on était plus jeune. Elle sourit légèrement à l’évocation de ce souvenir, oublie que désormais sa relation avec son frère s’était largement envenimée, puis reporte son attention sur Tolmin. Ce dernier la fixait avec une moue mi gênée mi désapprobatrice sur le visage. Bim Ana. Viens donc subir ta trentaine passée de plein fouet. Il aurait pu te balancer à la gueule que t’étais vieille que ça aurait été la même chose.
Se mordant légèrement la lèvre, la milicienne reprend donc rapidement la parole. « Ok, pas ça. Alors euh… Un pictionnary ? Cette fois ci, elle fait mouche, le gamin approuvant vivement en s’exclamant à voix haute. Je sais trop bien dessiner en plus, tu vas voir ! Tu joues aussi ? Il avait de nouveau pivoté en direction de Tiaan, un sourire ravi sur le visage. Inutile de préciser qu’un refus donnerait probablement lieu à une crise de larmes quelconque. Bon, elle exagérait peut être mais Anastasia avait parfaitement compris l’importance que revêtait le douanier pour le gamin. Ce n’était pas vraiment étonnant faut dire, il a simplement été le premier à réagir et à lui accorder de l’attention, ce qui le rendait spécial. Ça l’amuse, un léger sourire se glissant de nouveau sur ses lèvres tandis qu’elle se rapprochait du centre de l’habitacle, délogeant son terminal de la pochette se situant à son avant-bras pour la placer au milieu. Elle pianote dessus brièvement avant de prendre ses aises. Ce fut ainsi sans hésiter qu’elle s’allongea sur le ventre, repliant ses jambes pour les poser contre le mur derrière elle, les bras croisés contre le sol. Une sorte de stylo avait été sorti d’une petite pochette également et elle le déposa à côté de la tablette qui n’attendait désormais plus que d’être utilisée. La technologie n’ayant pas de limites, il serait aisé pour les joueurs de réaliser quelque chose en trois dimensions et de faire apparaître leur dessin comme sous forme d’hologramme qu’ils pourraient faire pivoter pour mieux comprendre le sens. Une fonction qui plairait sûrement au gamin mais qui avait le don rendre plus incompréhensible encore ses chefs d’œuvre à elle. Qui commence ? Et on ne se moque pas ! » Précise-t-elle dans un large sourire à l’intention du gamin, signifiant ainsi très clairement qu’elle était nulle en dessin. Entre autres choses serait sûrement capable de dire le lieutenant.
- BLACK PUMPKIN
Sujet: (#) Re: Take me right now (Tiaan) Jeu 25 Jan - 23:21
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Sujet: (#) Re: Take me right now (Tiaan) Ven 26 Jan - 0:58
Messages : 643 Âge : 34 ans Occupation : Milicienne (sergent) au Colossus 5 Habitation : Colossus 5 Arrivée : Il y a 24 ans (2203)Pseudo : Drathir/Loreline Avatar : Riley Keough Crédits : avatar - Isleys ; code sign - Anesidora ; crackship - Elara ♥
Take me right now. Ana & Tiaan
Elle s’attend toujours à une réplique acerbe, une pique bien sentie. Peut être que ce ne serait pas aussi malvenu que lorsque le lieutenant s’en prenait à ses échecs passés mais il n’en avait pas moins la langue bien pendue, même si partiellement défectueuse. Pourtant elle ne perçoit pas d’ironie lorsqu’il reprend la parole, semblant préciser à l’intention de l’enfant que le plus important était après tout d’essayer. Le plus important, c’est de participer. Conneries ouais, et salement hypocrite de la part d’un homme qui s’évertuait à lui rappeler sa médiocrité chaque fois qu’il la croisait. De ce fait légèrement tendue suite à la remarque, la milicienne s’abstient du moindre commentaire toutefois. Elle attend de savoir qui s’apprête à commencer, n’ayant pas spécialement envie d’être la première à se ridiculiser. Les rougeurs sur le visage de l’enfant lui arrachent un léger sourire et c’est donc instinctivement qu’elle relève les yeux en direction de Tiaan afin de jauger sa réaction à lui. Après un court silence, l’homme finit par se dévouer, s’emparant du stylet. La sentiment d’agacement qui s’était emparé d’elle s’envola presque instantanément, son esprit soudainement attiré par la possibilité de rire un peu aux dépends du lieutenant. C’est puéril, un peu gamin, mais au moins ce serait sûrement moins douloureux et rageant pour eux deux que leurs habituelles attaques. Et puis, elle voulait gagner, aussi. Il paraît qu’il est important de laisser les enfants gagner parfois, du moins c’est ce qu’elle entendait dire sans toutefois partager cette opinion. Si elle-même n’avait pas eu ce sentiment de supériorité absolu au fond des tripes durant la majeure partie de son enfance et adolescence, peut-être serait-elle moins tombée de haut en se voyant refuser une place chez les légionnaires. Ce n’était toutefois que des suppositions, qui avaient malgré tout fini de la convaincre qu’il était inutile de se montrer trop doux avec des enfants. La frustration, dans le pire des cas, ne pouvait guère leur faire de mal.
Concentrée au possible, les prunelles glacées de la milicienne commencent ainsi à suivre attentivement les faits et gestes du douanier, cherchant à trouver un sens dans les gribouillis de ce dernier. A peine commence-t-il que les idées fourmillent au fond de son crâne. Pas de très bonnes à vrai dire car le casque du cosmonaute venait juste d’être terminé que déjà des idées nullement adaptées à la présence d’un enfant lui arrivent en tête. Ça la fait marrer d’ailleurs Ana, si bien qu’elle doit reposer son menton contre la paume de sa main, se servant de ses doigts pour masquer sa bouche et le sourire qui l’ornait, pour que cela ne soit pas trop visible. Elle mime la réflexion, songe en vérité que l’homme qui se trouvait à sa gauche n’était sûrement pas assez fêlé dans sa tête, du moins pas dans ce sens là, pour s’amuser à faire ce genre de plaisanteries douteuses. Surtout avec elle. Alors elle tente de redevenir sérieuse mais le dessin n’est même pas pleinement terminé que déjà Tolmin s’exclamait, hurlant la réponse dans l’habitacle. Anastasia en était encore à observer intensément le dessin afin de trouver quelque chose de plus approprié que Tiaan finissait par hocher la tête. « Sérieusement ? Mais… Elle s’apprêtait à s’offusquer, éternelle mauvaise joueuse qu’elle était, mais le regard que vrillait le jeune garçon dans sa direction la fit taire plus efficacement que toutes les muselières du monde. Il y avait une lueur presque chagrine au fond de ses yeux, comme s’il n’acceptait pas la possibilité que le lieutenant ait pu mal dessiner ou que sa bonne réponse ne soit liée qu’à de la chance. Refermant la bouche, elle observa donc brièvement le dessin avant que celui-ci ne soit effacé et finit par sourire. Il me fait penser aux cookies des distributeurs. Conclut-elle finalement, plus douce, et son commentaire fut suffisant pour arracher un sourire satisfait à l’enfant, ce dernier hochant la tête avec vigueur. Oui je trouve aussi ! J’y ai pensé pour ça. » Explique-t-il alors fièrement et la milicienne n’a donc plus le cœur de se moquer de quiconque. Elle n’en a même plus l’envie, songeant à la dernière fois qu’elle a décortiqué un des astronaute en question, pensive pendant quelques instants.
Gagnant de la manche, c’est tout naturellement que Tolmin récupère le stylet et entame son dessin. Le gamin n’avait pas menti, il était encore jeune aussi ne fallait-il pas spécialement s’attendre à des œuvres d’art complètes. Pourtant le trait est sûr, les perspectives incroyablement bonnes et c’est très rapidement que la milicienne finit par voir où il voulait en venir. Malheureusement, trop prise au jeu et son cerveau tournant à toute allure, le seul mot lui venant à l’esprit est navire. Sauf qu’elle sait que ce n’est pas ça, que son esprit la renvoie à cet objet car cela lui semble similaire mais ce n’est pas ça. Elle bafouille donc rapidement, cherchant ses mots en claquant des doigts à une main comme pour s’inciter à être plus rapide. Cela lui vient toutefois lorsque Tiaan commence à répondre, butant inévitablement sur la première lettre. Un ‘v’. « Un vaisseau ! Elle s’était exclamée un peu trop fort elle aussi mais cela ne semble pas gêner l’enfant qui applaudit vivement, ravi qu’on ait trouvé aussi vite ce qu’il cherchait à expliquer. Trop plongé dans son dessin, il n’avait pas remarqué que c’est le douanier qui avait tenté de dire le mot en premier. Ou peut-être n’avait-il toujours pas compris à quel point la prétendue peur de l’homme serait handicapante. En tous les cas il considère donc qu’Anastasia a le point et cette dernière ne peut s’empêcher de vriller son regard dans celui de Tiaan. Elle en oublie tout, tout ce qui a pu faire de lui cet homme détestable qu’elle ne voulait pratiquement jamais croiser. Elle est trop fière d’elle, de sa connerie. Trop rassurée par la présence de l’enfant aussi, gage de sécurité quant au fait qu’il serait sûrement difficile pour son interlocuteur de la blesser en retour. C’est un jeu pour toi ça Tiaan. Qu’elle provoque, bien plus taquine que cruelle. Un clin d’œil est offert en guise d’ultime provocation mais son air assuré et satisfait disparaît progressivement quand Tolmin lui tend le stylet. Ah oui. A moi. D’accord. » Se raclant légèrement la gorge, la jeune femme se redresse pour se retrouver à genoux, une position qu’elle juge plus pratique le temps de son dessin.
Et quel dessin. Quel chef d’œuvre. Tandis qu’elle exécute quelques traits, elle sent déjà les regards perplexes des deux autres joueurs. Elle se mord la langue pour ne pas y penser, s’applique comme elle peut, mais ça bloque. Ça bloque parce qu’elle est incapable de percevoir les choses comme eux. Leurs perspectives différaient de la sienne et la possibilité de tout faire en trois dimensions ne faisait que la perturber encore plus. Elle efface régulièrement en comprenant que, non, le trait ne doit pas être dessiné ici si elle veut que ce soit pertinent. Pressée par son subconscient, celui là même qui estimait qu’elle mettait sûrement trop de temps ou du moins plus qu’eux, elle achève un peu plus vite que prévu son œuvre et finit par se reculer. Elle ne voyait pas quoi rajouter comme détails pour rendre le tout plus clair aux yeux de ses partenaires. Et si elle s’était quelque peu inquiétée de constater que personne n’avait trouvé son dessin avant qu’elle ne l’ait terminé, les mines on ne peut plus déboussolées de ses adversaires achèvent de lui faire comprendre qu’elle était définitivement nulle pour dessiner. « C’est simple pourtant. » Qu’elle tente péniblement de se défendre en désignant l’hologramme de la main, comme si sa manière d’agiter ses doigts en direction de celui-ci allait rendre l’ensemble plus cohérent. Elle sourit malgré tout, à peine, pour garder la face. Mais elle ne doute surtout pas du fait que la réponse une fois trouvée, ou donnée à défaut de mieux, ne ferait que l’enfoncer un peu plus. Pourtant ça se voyait que c’était une putain de bougie, non ?
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Sujet: (#) Re: Take me right now (Tiaan) Ven 26 Jan - 18:26
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Take me right now. Ana & Tiaan
Elle s’emballe, sans vraiment en avoir conscience, à cause de ce jeu. Elle a toujours été joueuse Ana, prête à relever des défis stupides tant qu’elle n’était pas seule à être embarquée dans ces conneries. Mais elle jouait pour gagner, toujours, aussi était-il évident qu’elle prendrait à cœur même de vulgaires dessins, malgré la présence d’un enfant. Mauvaise perdante, il n’était pas rare de la voir grogner pour encaisser une défaite tout en se trouvant des excuses pathétiques ou en dénigrant le jeu. Lorsqu’elle gagnait en revanche, difficile de retenir ses sourires narquois ou ses provocations, une lueur malicieuse au fond des yeux. Impossible donc de l’empêcher de narguer le lieutenant dans un clin d’œil, se jouant ouvertement de son bégaiement, celui là même qui lui avait porté préjudice durant la manche. Elle se soucie à peine de ce qu’il peut penser de la remarque. En vérité la milicienne était surtout convaincue qu’il était aisé de comprendre lorsqu’elle se moquait gentiment, de ce fait elle imaginait que le douanier savait désormais fait la différence entre une pique lancée instinctivement et une tirade formulée avec soin dans l’unique but de le bousiller. Elle imagine pas que ça puisse être plus complexe que cela, n’envisage pas qu’elle puisse faire mal malgré tout. Une petite voix au fond d’elle lui souffle d’ailleurs qu’il était sûrement le plus à même de la comprendre. Il n’en est rien, visiblement, vu son attitude, sa posture figée et sa façon de la regarder. Intensément. Dans l’obscurité elle ne perçoit pas la teinte rouge de sa peau, ne perçoit pas non plus l’éclat peut être courroucé ou colérique dans ses yeux. Ça l’agace un peu d’ailleurs, ça la dérange surtout, que de percevoir la présence de l’homme à ses côtés sans être capable de tout ressentir malgré tout. C’est un peu comme si elle devait se focaliser sur son souffle ou les ondes qu’il dégageait pour se faire une idée de son humeur. Des indices trop légers pour la satisfaire.
Anastasia n’a toutefois pas le temps de se poser plus de questions, ni même de chercher à remettre en doute son attitude, que déjà on lui tendait le stylet. C’était à son tour de dessiner. Soudainement moins assurée, elle joue le jeu malgré tout, entamant son dessin. Un chef d’œuvre qu’elle finit par leur proposer après quelques essais. Chef d’œuvre qui ne rencontre nul succès, juste un silence un peu trop conséquent à son goût. Ravalant un grognement agacé, la jeune femme se contente de demeurer assise sur ses talons, attendant qu’ils daignent trouver ou donner leur langue au chat. Tiaan semble être le plus prompt à abandonner, faut dire qu’elle doutait qu’il ait véritablement cherché. Il prenait sûrement un peu trop son pied à la voir se dépatouiller avec son dessin, tentant de justifier ce dernier et d’expliquer que c’était quelque chose de relativement simple à trouver. Tolmin ne semblait pas de cet avis toutefois, visiblement frustré de ne pas réussir à trouver et prêt à tout pour s’octroyer un point supplémentaire. Ana ne dit rien, pourtant elle aurait tout donné pour passer à autre chose. Ce jeu l’amusait nettement moins désormais. Sa gêne ne fait que s’accentuer lorsqu’elle perçoit le regard du lieutenant sur elle, ce dernier ayant définitivement abandonné l’idée de se focaliser plus longuement sur l’hologramme. Elle fut tentée, brièvement, de lui demander de façon puérile ce qu’il pouvait bien avoir à regarder ainsi mais balaya rapidement l’idée de son esprit. Non seulement ce n’était pas correct alors qu’un gamin qui n’avait rien demandé se trouvait entre eux, mais en plus elle savait parfaitement que ce genre de question rhétorique ne pouvait lui apporter que des réponses plus ou moins cruelles ou moqueuses. La milicienne tente de ce fait de l’ignorer mais n’y parvient pas vraiment, incapable de focaliser son attention sur Tolmin à la place car ce dernier bougeait trop. Alors elle fixe son terminal, ses doigts pianotant doucement sur ses cuisses en un geste impatient et nerveux à la fois.
Un soupir manque de lui échapper, signe de son soulagement, lorsque même le jeune garçon se décide abdiquer. « C’est une bougie. J’aime bien ça… Se contente-t-elle d’expliquer dans un haussement d’épaules, comme si son affection pour ces petits objets enflammés pouvait lui permettre d’excuser sa piètre performance. Elle tente d’ignorer le sourire de Tiaan, bien trop moqueur, mais ne parvient pas non plus à apprécier la véhémence de Tolmin. Définitivement, elle ne s’amusait plus vraiment et elle craignait désormais de trouver le temps long. Beaucoup trop long. Etrangement ce fut les moqueries répétées du lieutenant qui lui donnèrent l’occasion de songer à autre chose, comme si le but du jeu n’était plus vraiment de dessiner ou de gagner au pictionnary. Non, ça devenait un concours de celui qui emmerderait le plus l’autre, le tout sans paraître désobligeant aux yeux du gamin qui les accompagnait. Du moins elle le prend un peu ainsi Ana, quand elle croise le regard du douanier et constate que ce dernier n’avait pas cessé de l’observer avec ce sourire trop large pour être honnête. C’est comme si elle se rappelait soudainement qu’il n’avait jamais eu besoin d’ouvrir la bouche pour l’énerver. Il le démontre une fois de plus après avoir tendu le stylet à Tolmin, profitant de l’inattention de ce dernier pour mimer quelques gestes dans son dos, faisant mine de photographier avec son terminal son superbe dessin. Un sourire forcé orne alors les lèvres de la jeune femme tandis qu’elle incline la tête sur le côté. Je suis gauchère. » Se justifie-t-elle dans un souffle, ce qui n’expliquait sûrement qu’à moitié sa médiocrité en tant qu’artiste. Et, profitant de la présence de Tolmin à genoux entre eux deux, elle appuie alors ses paroles en redressant le bras dans le dos de l’enfant, offrant le majeur de sa main gauche dressé à l’attention du lieutenant. Nouvelle inclinaison de la tête, comme pour s’assurer qu’il ait compris le message avant qu’elle ne rabaisse brutalement le bras, faisant mine de prendre appui sur le sol -la milicienne étant désormais assise sur son postérieur, ses jambes repliées sur le côté-.
Elle sursaute un peu en entendant l’enfant prendre la parole, comme si elle avait oublié sa présence, à moins qu’elle n’ait craint que sa vulgarité soit prise sur le fait par un mioche de huit ans. Nouveau sourire aux lèvres, elle lui répond rapidement. « Oh peut être que Tiaan ne comprendra pas, vu son score, mais je devrais m’en sortir t’en fais pas. Nouveau coup d’œil en direction du concerné. Indéniablement, le jeu venait de prendre une autre tournure pour elle. Ça ne l’empêche pas de se concentrer un minimum sur le dessin que finit par faire Tolmin. Elle est concentrée pour ne pas perdre la face et parvient à trouver la bonne réponse (il s'agissait d'un personnage de jeu vidéo) en première, à la loyale cette fois, ce qui la soulage considérablement. Elle capte toutefois le malaise de l’enfant lorsque ce dernier lui tend le stylet, après une brève hésitation. Soudainement tendue, comprenant largement que ses talents n’étaient guère appréciés, elle finit par hausser les épaules et propose au garçon de continuer à dessiner s’il préférait. Cela semble lui convenir et il se retrouve ainsi à faire d’autres dessins tandis que Tiaan et elle continuaient de deviner. Anastasia passe toutefois trop de temps à jeter des coups d’œil en direction du concerné pour être véritablement attentive et, ayant de toute manière compris qu’elle n’aimait pas ce jeu, elle le laisse volontiers la battre à plate couture. Son attention finit toutefois par être attirée par la batterie de son terminal, celle-ci chutant de manière importante. La jeune femme se racle donc doucement la gorge avant de prendre la parole : Désolée Tolmin, va falloir qu’on s’arrête là. J’ai besoin que mon terminal ait encore suffisamment de batterie au cas où qu’on m’appelle, pour le travail. » Oui, car elle n’oubliait pas qu’elle aurait dû être en train de patrouiller à cette heure ci. Elle avait envoyé quelques instructions une fois l’ascenseur tombé en panne mais préférait pouvoir répondre s’il devait y avoir le moindre problème.
Un ‘oh…’ déçu échappe au garçon mais il hoche la tête en signe de compréhension. Anastasia s’empare donc de nouveau de son terminal, le mettant en veille, ce qui a également pour effet de réduire la luminosité qu’il apportait. Tolmin semble se raidir quelque peu et elle capte son regard cherchant la lumière de la lampe de poche, avant qu’il ne reporte son attention sur elle. « T’as pas peur toi ? T’es courageuse. Elle sourit, expirant soudainement en guise de rire avant de secouer la tête. Je peux pas être courageuse si je n’ai pas peur. C’est toi qui l’est. Explique-t-elle posément, dans un premier temps, avant d’ancrer son regard dans celui de l’enfant. Elle hésite un bref instant, avant de reprendre doucement la parole. Si tu veux tout savoir, moi…. J’ai peur de l’orage. Je pense pas que tu saches ce que ça fait, mais c’est… Un énorme bruit dans le ciel, comme un énorme grognement. Ça ressemble aussi un peu à… quelqu’un qui soufflerait trop fort dans un micro, un peu. Elle fronce les sourcils, cherchant ses mots pour expliquer au mieux. Elle ne pourrait de toute manière jamais lui dire à quel point ce bruit l’avait terrorisée, toute son enfance durant. Fort heureusement pour elle, cette angoisse n’avait plus lieu d’être sur la Flotte et si elle avait hâte de trouver une planète où vivre, elle n’était pas pressée de se heurter de nouveau à ce genre d’éléments déchaînés. Mais j’aime bien quand il fait noir. Reprend-elle afin d’expliquer pourquoi cette situation, dans l’ascenseur, ne la dérangeait pas le moins du monde. Parce que je me retrouve obligée d’écouter, d’être attentive, différemment qu’avec mes yeux. Je trouve ça apaisant. Et puis… Dans le noir on peut pas… On peut pas voir ce que je pense. » A force de parler, la jeune femme cherche ses mots, comme pour être sûre d’exprimer correctement ce qu’elle pouvait éprouver. Elle n’avait pas envie de mentir à Tolmin. Elle n’était pas sûre qu’il puisse encore véritablement comprendre, mais elle ne voulait pas lui mentir. Cela ne le rassurerait peut être pas, mais elle espérait que le simple fait de parler suffirait à le distraire.
Et en effet, il ne comprend pas tout à fait. Il fronce les sourcils le gosse, sceptique. « Voir ce que tu penses ? Mais on peut pas voir une pensée. Si ? » Il se tourne soudainement vers Tiaan, comme pour quérir un deuxième avis afin de comprendre ou, plus vraisemblablement, afin de lui donner raison. Anastasia avait presque oublié le lieutenant, pendant quelques secondes. Presque. Elle doute pas du fait que son regard a dû lui brûler la nuque, ou toute partie de son corps où il l’aurait posé, mais elle avait été trop focalisée sur son discours pour vraiment y penser. Désormais, elle le voit et elle se sent idiote. Un peu. Car au fond elle sait qu’il comprendra, malgré tout. Il pourrait bien dire tout ce qu’il voulait, se moquer et profiter de chaque occasion pour la rabaisser devant le gosse, peu importait. Il ne pouvait que comprendre ce qu’elle disait. N’était-elle pas un véritable livre ouvert ? N’avait-il pas réussi à puiser en elle tout ce qu’il lui fallait pour la blesser ? Elle avait toujours été agacée par ça Ana, son incapacité quasi-totale à masquer ses émotions. Le pire étant probablement ses yeux, des prunelles glacées qui témoignaient beaucoup trop facilement de ses émotions véritables. Elle pouvait se tendre, hurler, afficher un air indifférent ou sourire. Ses yeux la trahissent toujours, d’une façon ou d’une autre, quand le reste de son corps ne s’en charge déjà pas naturellement. Et elle sait qu’il est dans cette même situation. Lui, toujours à se tendre, à serrer les poings, à rougir sans le vouloir. Lui et son sourire méprisant, ou au contraire l’absence de sourire qui signifiait qu’elle avait touché juste. Et cette férocité au fond des yeux, quasi constante. Toujours les yeux.
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Sujet: (#) Re: Take me right now (Tiaan) Ven 26 Jan - 23:54
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Sujet: (#) Re: Take me right now (Tiaan) Sam 27 Jan - 2:19
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Take me right now. Ana & Tiaan
Elle s’explique, tente de s’ouvrir à l’enfant pour qu’il puise quelque chose en elle, n’importe quoi, pour se rassurer ou pour oublier momentanément la situation dans laquelle ils se trouvaient. Toutefois elle ne parvient pas à s’expliquer convenablement sur tout et le gamin se retrouve rapidement à se tourner vers Tiaan en quête d’une explication, ou d’un soutien. Peut-on voir une pensée ? Il semble sceptique et Anastasia n’a pas la force de lui expliquer plus avant, satisfaite de voir que le lieutenant prenait le relais. Malgré tout elle aurait préféré qu’il ne soit pas là, n’ayant pu s’empêcher de lorgner ses mouvements du coin de l’œil lorsqu’il s’était penché en avant comme pour se rapprocher d’eux et leur rappeler qu’il était là. Elle savait qu’il était là, c’est bien pour cela qu’elle s’agaçait toute seule à ainsi se dévoiler devant Tolmin. Si l’enfant avait été seul, elle n’aurait pas hésité à répondre à toutes ses questions, lui parler d’elle et de tout ce qu’il désirait. Mais la présence du douanier rendait la tâche compliquée. Elle était lasse. Lasse de l’idée qu’il puisse se jeter sur la moindre information la concernant juste pour la faire chuter. Lasse de s’inquiéter, lasse d’être tendue et continuellement sur ses gardes. Le temps qu’ils passaient coincés ici n’aidaient pas à la calmer véritablement et elle finissait par n’avoir qu’une envie : sortir d’ici pour entamer une patrouille qui aurait le mérite de ne pas la mettre à nue devant un homme qui n’en méritait pas tant. Pire, il s’en fichait dès lors que ça ne lui donnait pas un moyen de la contrarier. Le concerné avait d’ailleurs fini par prendre la parole pour expliquer au garçon qu’il était possible de comprendre ce que pensaient ou éprouvaient les gens juste en les observant. Sa façon de buter sur les mots rend toutefois l’explication complexe et ce fut en ravalant un soupir qu’elle capta le signe qu’il lui envoya pour lui demander de traduire, d’une certaine façon. Elle poursuivit donc brièvement les explications, prenant quelques secondes pour retranscrire la pensée du lieutenant, avant de le laisser poursuivre face à la suspicion continuelle de Tolmin.
S’adossant de nouveau à une des parois de l’habitacle, la jeune femme estima la conversation close. Elle s’accorde une minute pour elle, juste une minute qu’elle passe les yeux clos. Elle aurait aimé s’intéresser aux bruits alentours mais elle ne capte aucune régularité dans ce brouhaha, or ce sont ces sons réglés comme une horloge suisse qui avaient le don de l’apaiser. Elle tente de ce fait de se concentrer sur sa respiration. La minute s’écoule, relativement paisible, avant que l’enfant ne reprenne la parole pour l’interpeller. Elle rouvre les yeux, le fixant sans un mot et s’autorisant un léger sourire en le voyant la harceler de questions à nouveau. « Je viens d’une colonie oui, c’est loin d’où nous sommes désormais. C’était… Bien oui, je m’amusais beaucoup. Et puis quand mon petit frère fut assez grand, on a rejoint la Flotte avec nos parents, tout simplement. » Son histoire était on ne peut plus basique et elle en avait parfaitement conscience. Aucune péripétie dramatique pour faire verser des larmes aux gens, juste de la simplicité à l’état brute. Ses parents qui auraient dû coloniser une nouvelle planète en partant sur le Columbiad, qui s’abstiennent à cause du second enfant bien trop jeune pour un tel périple. Quelques années passées à attendre que le concerné grandisse, puis le départ pour une nouvelle vie. Rien de palpitant en soit. Mais c’était vers elle que le gamin s’était tourné pour poser ses questions. Evidemment. Si Tiaan avait su s’attirer la sympathie du gamin en l’abordant le premier, il n’était désormais plus assez bavard au goût du môme. Alors elle se retrouvait à devoir faire la conversation. Comme toujours. Et ça aussi, elle en avait marre. Pourtant, si c’est avec elle que Tolmin veut parler, cela ne l’empêche pas de chercher à imiter son ainé, rejoignant ce dernier à l’autre coin de l’ascenseur, afin d’adopter une posture relativement similaire. Elle s’attendait à avoir le droit à un peu de paix également mais celle-ci fut, une fois de plus, de très courte durée.
Action, chiche ou vérité ? Et elle éclate de rire, soudainement. Ou plutôt elle pouffe, étouffant rapidement son hilarité en s’efforçant de garder la bouche fermée, logeant même celle-ci dans le creux de son coude -ce dernier reposant sur son genou qu’elle avait ramené contre elle-. Action, chiche ou vérité. La putain de blague. Oh elle peut pas nier qu’elle y a joué, adolescente, sûrement comme un peu tout le monde. Elle avait toutefois été un peu plus âgée que Tolmin à l’époque, suffisamment pour savoir que le ‘chiche’ se résumait bien souvent à une audace qu’elle ne pouvait se permettre en présence d’un enfant. Elle n’en avait pas non plus envie à vrai dire. Chiche de quoi, après tout ? De trouver une qualité à Tiaan ? De lui masser le dos ? De l’embrasser ? Relevant les yeux en direction de Tolmin, la jeune femme se mord l’intérieur de la joue puis se racle de nouveau la gorge avant de s’expliquer. « Excuse moi, c’est les nerfs. Qu’elle explique, ce qui n’était qu’à moitié faux. Peu envieuse toutefois de s’expliquer d’avantage, elle enchaîne rapidement. Action. Les possibilités seraient limitées au vu de l’étroitesse de l’ascenseur mais c’est la première option qui lui est venu à l’esprit. Elle était après tout suffisamment sportive et ne craignait donc pas de l’entendre lui demander de faire le poirier, des pompes ou toute autre activité épuisante. Elle ne s’était toutefois pas attendue à ce que le gamin, après avoir réfléchi quelques secondes dans un sourire satisfait, finisse par lui demander de faire un bras de fer avec Tiaan. Sérieusement ? Eh mais, j’suis une fille ! C’est pas juste ! » Qu’elle s’offusque. Elle plaisante à moitié, ce qui a le don d’amuser son interlocuteur, mais une part d’elle-même rage déjà intérieurement. Forcément, fallait qu’on l’oppose au lieutenant. Or si la jeune femme ne doutait pas de ses capacités à la base, elle n’était pas vraiment confiante quant à la possibilité de gagner un bras de fer. Si encore il était question d’un combat un peu dégueulasse où tous les coups étaient permis, elle aurait sûrement réussi à lui péter une dent ou deux. Mais un bras de fer… Trop strict et trop loyal pour qu’elle ait la moindre chance.
Ravalant un grognement, la voilà déjà en train de s’allonger sur le ventre à nouveau, dans une position peu pratique mais qui était la seule adaptée vu les circonstances. C’est instinctivement qu’elle lève et propose sa main droite, son coude ancré au sol, déjà prête à rétorquer que la gauche n’était vraiment pas plus musclée que cela vu qu’elle ne lui servait véritablement que pour écrire ou dessiner. Refermant ses doigts autour de la main de son adversaire, un frisson la parcourt alors. Elle avait toujours vu Tiaan tendu, nerveux, les poings serrés à s’en faire exploser les phalanges. Le ressentir, véritablement, était une expérience nouvelle. Et surtout, cela lui rappelle qu’elle n’a strictement aucune chance de l’emporter. Tentant de passer outre cette poigne ferme, ces mains calleuses qui témoignent de la violence du douanier, elle inspire profondément en attendant le signal que Tolmin ne tarderait pas à leur donner. « Fait chier. » Qu’elle peste entre ses dents, tendue au possible. Lorsque le top est donné, elle se lance dans la mêlée, à moitié seulement. Elle le jauge, rapidement, n’ayant pas voulu utiliser toutes ses forces directement au cas où qu’il se jouerait d’elle en la laissant faire avant de l’humilier d’un bloc. Mais rapidement il cherche à prendre le dessus et elle fait de son mieux pour résister. Elle tient quelques secondes, parvenant à faire demeurer leurs mains liées au centre, mais progressivement elle perd du terrain et elle se retrouve bien vite à simplement essayer de ne pas échouer trop vite. Elle serre les dents, se bouffe les lèvres, tape à un moment au sol de sa main libre dans un réflexe stupide, puis se fait battre. Semblant retrouver son souffle à cet instant précis, Anastasia dû se faire violence pour ne pas insulter Tiaan tandis que le gamin à côté applaudisser en riant, estimant que le lieutenant était ‘trop fort’. Tss. Tu parles.
Se redressant doucement, la jeune femme joue brièvement avec son épaule en quelques mouvements circulaires, faisant la grimace. Difficile de vraiment éprouver de la honte, après tout le combat lui semblait parfaitement inégal, mais elle ne peut pas se réjouir d’une quelconque façon non plus. Ce fut pour cela qu’elle regagna la paroi de l’ascenseur contre laquelle elle s’était adossée sans un mot de plus. Tolmin continuera finalement de prendre les devants, expliquant qui avait le droit de poser une question à qui. L’ordre ne semble donc pas vraiment défini, dépendant entièrement de l’humeur du jeune garçon. C’est pour cela que si elle a l’occasion de lui demander de retenir sa respiration pendant vingt secondes, gage résultant de l’envie du concerné de faire un ‘action’, elle se retrouve malgré tout rapidement sous le feu des projecteurs. Elle ne proposait désormais plus que des vérités, se trouvant obligée de répondre à plusieurs questions à la suite en provenance du garçon. Ana en vient donc à avouer que son plat préféré n’était autre que les spaghettis à la bolognaise même si cela ne se faisait plus sur la Flotte. Lorsqu’il lui demande le nom de la colonie qu’elle a évoqué, elle précise donc qu’il s’agit de Lupine, bien qu’elle doute qu’il y connaisse grand-chose. Après une brève hésitation, il semble rougir alors qu’il lui demande son âge et si cela interpelle la milicienne, elle n’hésite pas à évoquer ses 33 ans sans pousser l’inquisition plus avant. Une autre question suit : a-t-elle un amoureux ? La réponse est non bien sûr et si cela ne la gêne pas le moins du monde de l’admettre, elle ne peut pas s’empêcher de frissonner légèrement. Les questions s’enchaînaient et si elles s’avéraient relativement bon enfant jusque là, Anastasia doutait que cela soit le cas éternellement. Elle redoutait certaines interrogations plus que tout au monde et en vient à se demander pendant un instant si elle ne ferait pas mieux de chercher l’action, quitte à être humiliée une fois de plus.
Fort heureusement toutefois, Tolmin semble prendre conscience du fait qu’il l’avait monopolisée et prend donc l’initiative d’échanger un peu les rôles. Il est sûrement déjà prêt à poser des questions à Tiaan, semble en crever d’envie à vrai dire, mais décide malgré tout de désigner Anastasia comme étant capable de questionner le douanier. Ce ne fut qu’à ce moment précis qu’elle daigna donc s’intéresser de nouveau au concerné, relevant les yeux vers lui. La milicienne se contente d’un signe de tête en sa direction afin de savoir vers quoi se porterait son choix (action, vérité ? Chiche -et cette idée l’amuse brièvement- ?). Vérité. Alors elle garde le silence, peut être un peu trop longtemps pour la patience limitée de l’enfant qui se trouvait avec eux, mais celui-ci n’ose pas la presser. Peut-être ressentait-il l’importance qu’elle accordait à cet instant, peut-être avait-il du respect pour l’intense réflexion qu’elle s’imposait. Ça fourmille dans sa tête, pleins de questions, la plupart futiles mais d’autres largement moins. Elle aurait bien envie de lui demander pourquoi il ne divorçait pas mais s’imaginait déjà se faire démembrer le bras dans la seconde. Elle pourrait lui poser des questions moins intéressantes mais la présence de Tolmin fait que cela perd totalement de son sens à ses yeux. Elle pense à la dernière fois qu’ils se sont vus, au café et même avant. Il répondait à ses questions banales, et il le faisait de son plein gré. La situation actuelle donnait l’impression à Ana qu’il se forçait cette fois ci, ce qui a le don de la déranger. Une fois de plus, son cerveau lui hurle qu’elle devrait trouver un moyen de sortir mais elle ignore l’injonction. Elle l’ignore moins quand il lui rappelle qu’elle aurait sûrement à révéler des choses qu’elle n’avait pas envie de révéler, un précieux rappel qui la pousse à pianoter sur sa cuisse du bout des doigts. Un geste machinal, qui lui permettra toutefois de savoir quoi demander au lieutenant, comme s’il avait toujours s’agit d’une évidence. « T’as une cigarette ? » Un souffle en sa direction, alors qu’elle ne le lâchait pas des yeux, cet air sérieux gravé sur ses traits. Un air qui dissuade sûrement Tolmin de lui rappeler que ce n’était pas tout à fait le but du jeu. Mais le gamin, elle l’ignore dans l’immédiat. Elle l’ignore totalement.
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Sujet: (#) Re: Take me right now (Tiaan) Dim 28 Jan - 1:19
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Sujet: (#) Re: Take me right now (Tiaan) Dim 28 Jan - 3:36
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Take me right now. Ana & Tiaan
Ce n’était pas une vraie question, ce n’était pas du jeu et Tolmin finit par s’en offusquer. Pourtant c’est la seule chose qui lui est venu à l’esprit, là, maintenant. Elle se sent stupide quelques secondes, se dit que cette cigarette ne représentait sûrement rien de véritable, encore moins pour lui. Mais elle en avait besoin, y voyant un signe de paix nécessaire alors que les questions s’enchaînaient à son sujet. Sûrement que le tour de Tiaan viendrait également. Elle espérait que ce serait oublié, dans un coin de leur esprit. Elle espérait qu’ils n’auraient pas à se battre, de prime en présence de l’enfant mais même après ça. L’idée de se dévoiler pour éviter à un gamin une crise de panique en sachant que ses révélations seraient employées plus tard pour lui bousiller le cœur avait quelque chose d’incroyablement désagréable. Ça la rend nerveuse d’avance. Alors elle réclame dans un souffle, l’air presque trop grave pour les circonstances. Elle se demande ce qu’il en pense, brièvement, mais ne rétorque rien, pas même lorsqu’il évoque le gage qu’on lui imposerait par la suite pour ne pas avoir respecté les règles du jeu. La jeune femme ne dit rien non plus lorsque le paquet est envoyé en sa direction, négligemment au vu de l’emballage à moitié explosé, le rattrapant habilement en plein vol. Elle constate brièvement qu’il ne reste plus rien dedans ou presque, en arrive à la conclusion qu’il devait fumer sûrement aussi souvent qu’il devait cogner pour se défouler, soit assez régulièrement. Mais là encore elle ne fait aucun commentaire à voix haute, se contentant de s’emparer d’une des cigarettes pour ensuite laisser le reste du paquet reposer à côté d’elle, se disant qu’elle aurait le temps de le lui rendre plus tard. Pour l’heure elle se retrouve soulagée, un peu, et baisse les yeux en direction du tube de nicotine qu’elle faisait désormais virevolter entre ses doigts. Ça la fait sourire légèrement, cette petite danse, sourire qui finit par disparaître mais dont les effets sur son mental perdurent malgré tout. Une humeur qui s’améliore également lorsqu’elle constate que le gage a déjà été oublié de l’enfant, ce dernier préférant poser des questions à Tiaan.
En vérité ce fut d’abord le lieutenant qui posa des questions à Tolmin, ou des gages. Elle observe sans rien dire, se contentant de sourire ou d’applaudir, glissant parfois un mot encourageant ou gratifiant à l’égard de l’enfant. Elle se demande si elle a été ainsi, plus jeune, à toujours vouloir être remarquée. Il lui semble que non, pas autant. Faut dire qu’elle a toujours été sûre d’elle, suffisamment pour ne pas avoir besoin de se l’entendre dire. C’est aujourd’hui que ça se corsait, aujourd’hui que son cœur lui intimait de partir à la pêche aux compliments. Elle tentait de le faire taire, sachant pertinemment que les gentillesses n’étaient de toute manière que des remèdes passagers. Mais c’était là malgré tout. Un sourire étire de nouveau les lèvres d’Anastasia, en douceur, lorsque le douanier questionne le jeune garçon quant à son avenir et qu’elle l’entend évoquer la possibilité de devenir architecte. Au vu des dessins qu’il avait proposé plus tôt, elle ne pouvait que l’encourager intérieurement dans cette voie, se contentant toutefois d’un simple hochement de tête approbateur pour s’exprimer à ce sujet. Le silence s’impose alors de nouveau, brièvement, et Tolmin en profite pour estimer que c’était à son tour d’interroger Tiaan. Un frisson la parcourt alors, bref. Elle était à la fois soulagée de ne pas être de nouveau le centre de la curiosité de l’enfant, mais également curieuse. Curieuse de l’homme assis à l’autre bout de l’ascenseur. Elle relève donc les yeux en sa direction, après s’être assise en tailleur, jouant encore avec la cigarette en la faisant parfois finir ses pirouettes sur sa cuisse, tapotant sur cette dernière en un rythme plus régulier et moins pressé qu’auparavant, signe qu’elle était plus détendue. L’interrogatoire subi par le douanier -douce ironie quand on y pense- est finalement similaire au sien, ce qui n’empêche pas la milicienne d’y prêter attention. Presque malgré elle.
C’est fou tout ce que l’on pouvait apprendre sur quelqu’un, en quelques mots. Il était encore plus dingue de constater que cela ne suffisait pourtant jamais vraiment, faisant simplement naître encore plus de questions dans son esprit. Keller hein ? Est-ce que cela expliquait, même partiellement, son allégeance aux douaniers ? Avait-il des restes de sa vie là-bas qui pouvaient lui servir aujourd’hui ? Au contraire était-il un contrebandier masqué, tranquillement caché derrière son costume de lieutenant ? Elle avait beau en douter vu le personnage, cela n’en reste pas moins une possibilité. De même elle meurt d’envie de mettre des prénoms et des visages sur l’ensemble de la fratrie de Tiaan, une grande famille visiblement ce qui lui a d’ailleurs fait hausser brièvement un sourcil sous le coup de la surprise. Etaient-ils tous sur la Flotte ? Le nom de Krishvin ne lui était jamais parvenu deux fois aux oreilles et même si la Flotte était grande elle ne l’était quand même pas à ce point, si ? Elle ne dit rien lorsqu’il évoque son âge, en vérité elle l’aurait cru à peine plus vieux, sûrement la faute à sa gueule de taulard. Il n’a pas de plat préféré tiens. Et est ce qu’il a…. Une amoureuse ? La question tombe, évidemment, comme elle était tombée pour elle. Cela n’avait pas été difficile pour Ana d’expliquer qu’elle n’en avait pas, bien qu’elle ne se soit pas autorisée à expliquer à Tolmin qu’elle avait un beau blond à se taper quand elle le voulait, au moins. Mais la question pour Tiaan est bien plus délicate et douloureuse. Elle le sait bien, se souvient de sa colère, celle qui l’avait fait trembler de tout son long, la dernière fois. Lorsqu’elle lui avait fait comprendre qu’elle savait pour lui et sa femme. Elle n’a pas oublié bien sûr, lui encore moins au vu du regard qu’il coulait désormais en sa direction.
La milicienne demeure impassible, continuant de jouer avec sa cigarette, patiemment adossée contre le mur derrière elle. Elle ne détourne pas les yeux non plus, soutient son regard tout en essayant de demeurer de marbre. Elle sait qu’elle n’est pas forte à cet exercice, mais elle essaye. De paraître indifférente. Pourtant au fond, elle se demande à quoi il pense, et surtout elle se demande ce qu’il répondra. Oui. La perplexité anime alors ses traits à elle, l’espace d’une seconde. Ce n’est pas méchant, ni moqueur. C’est juste qu’elle peine à comprendre. Pouvait-on parler d’amoureuse ? Est-ce que votre femme, celle là même qui vous trompe, peut encore être considérée comme telle ? Ou plutôt, la considérait-il vraiment encore comme tel ? Anastasia en avait rencontré des hommes incapables de divorcer véritablement, incapables de se séparer de la femme qu’ils ont connue pendant des années. Par habitude bien souvent, parce qu’ils ne veulent pas se retrouver tout seul ou recommencer de zéro. Etais-ce pour cela également que Tiaan demeurait avec elle ? Elle doutait qu’il puisse l’aimer malgré ce genre de vice, sans quoi il ne serait sûrement pas aussi agressif lorsqu’on évoquait le sujet. D’un côté la milicienne finit par admettre qu’il ne pouvait décemment pas dire à un enfant qu’il n’avait pas d’amoureuse alors qu’il était encore officiellement marié. Qui sait ce qui pourrait se dire ensuite, même par mégarde. Mais ça l’empêche pas de se poser des questions. Beaucoup trop de questions. Des interrogations qui trouveront toutefois quelques bribes de réponse lorsque Tolmin se mettra à insister, demandant à Tiaan d’exhiber ses mains. Le concerné s’exécute et le gamin remarque ainsi l’absence d’alliance, un manque que le douanier justifie par le travail. Et c’est là qu’elle comprend Ana. Si l’excuse était en soit parfaitement recevable, elle se souvient. Elle l’a déjà vu avec cette alliance. Au moins une fois, durant l’une de leurs interminables altercations. Ça faisait partie de lui, comme un vêtement. Elle l’avait connu avec, parfois. Et elle se souvient de la dernière fois, à la salle de sport. Il ne l’avait pas porté à ce moment là. Il ne l’avait pas non plus porté lorsqu’ils avaient quitté l’endroit pour s’installer dans un café, ce qui aurait pourtant dû l’inciter à la remettre sans crainte quelconque. Alors elle comprend Ana. Que c’était pas qu’à cause du travail. Et que sa femme n’était plus vraiment son amoureuse.
Plongée dans ses pensées, ne sachant pas véritablement ce qu’elle devait faire de cette information, elle revient à la réalité lorsque la question des enfants est abordée, s’autorisant un léger sourire devant la prévenance de Tolmin, qui précisait qu’avoir une fille était tout aussi bien. Tiaan n’a pas d’enfants, une information qui ne la surprend guère, estimant qu’elle l’aurait sûrement appris dans le cas contraire et ce malgré leur relation houleuse au possible. Cela semble cependant interloquer Tolmin, qui insiste quelque peu. Anastasia avait relevé les yeux vers le douanier mais ne doutait pas des explications à venir. Encore que… Il aurait pu avoir un enfant avec sa femme, à l’époque où ça marchait bien entre eux -si tant est qu’il y ait eu une bonne période- mais ce n’était visiblement pas le cas. Elle ne trouverait rien à y redire, même en le voulant. Toutefois elle ne s’était pas vraiment attendue à l’entendre dire qu’il aurait aimé en avoir un. L’imaginer en père était quelque chose d’étrange, comme si son cerveau refusait d’envisager cette possibilité. C’était ridicule non ? Pourtant… Ne se débrouillait-il pas à merveille avec ce gamin qui n’était pas le sien ? Bah… Après tout, qu’importe. Elle n’était pas la mieux placée pour commenter les désirs de paternité ou de maternité d’autrui. Clairement pas. Cette question semble toutefois être celle en trop car déjà le douanier faisait croire à Tolmin qu’elle s’ennuyait. La remarque lui arrache un léger sourire, alors qu’elle avait de nouveau baissé les yeux en direction de sa cigarette. C’était petit, comme fuite, mais elle ne s’en offusque pas. Ce qui ne l’empêche pas de se crisper en entendant la question de l’enfant à son égard. A croire que c’était une blague. Une putain de blague qu’on lui faisait. Ou plutôt qu’on leur faisait, à Tiaan et elle.
Inspirant profondément, Anastasia se rassure brièvement : elle n’avait rien à cacher. Ses échecs n’étaient pas un secret et l’homme qui lui faisait face, un peu plus loin, était largement au courant, ce dernier s’amusant à les lui rappeler à chaque instant. Elle relève donc les yeux en direction de l’enfant et explique dans un léger sourire. « Je voulais être légionnaire. - Oh, et pourquoi tu l’es pas ? T’as changé d’avis ? - Non. Je n’étais juste pas assez forte. Rétorque-t-elle du tac au tac. Elle n’a pas envie de s’épancher d’avantage sur la question. Elle n’a pas envie d’évoquer tous les problèmes qu’on a prétendument décelés chez elle, pas envie de parler du mal que ça a lui a fait. Elle veut pas évoquer cette rancœur, cette haine au fond des tripes chaque fois qu’elle pose les yeux sur un légionnaire qui, à ses yeux, ne mérite pas le moins du monde ce rang qu’on lui a refusé. Elle a jamais compris Ana, n’a jamais voulu comprendre non plus. Au fond, ça changeait quoi ? On lui a dit non, elle devait juste tourner la page. Sauf qu’elle n’y arrive pas, jamais vraiment, pas tous les jours. Et c’est une sensation absolument abjecte, que de… Je suis désolé. Les mots la poignardent presque tant elle ne les avait pas attendus. La cigarette cesse de se mouvoir entre ses doigts, brutalement, et ce alors que les rotations s’étaient accélérées quelques secondes plus tôt. Je suis désolé. C’est marrant. On ne lui dit plus ça. On lui a même pratiquement jamais dit. On a essayé de lui expliquer, de lui faire comprendre. Certains ont défendu la décision de ses supérieurs hiérarchiques, estimant qu’elle n’était pas digne du rang. D’autres ont craché sur ces derniers dans l’optique de la défendre. Mais on ne s’était que rarement senti désolé pour elle. Surtout avec autant de simplicité. Elle a la gorge nouée, un bref instant, puis un nouveau sourire étire ses lèvres. Les gosses c’était pénible, parfois ça faisait du mal sans le vouloir. Mais ça pouvait aussi faire beaucoup de bien, en quelques mots seulement. T’en fais pas va. Milicien c’est bien aussi. Pas toujours, parfois je voudrais partir à l’extérieur moi aussi mais… C’est bien quand même, au fond. » Quand son cerveau daignait lui permettre de profiter de l’instant présent, quand elle arrêtait des connards -de préférence dans le sang après qu’ils se soient cru meilleurs qu’elle- ou même pour le fait qu’il y avait du renouveau aussi dans ce métier là.
Cela semble suffire à Tolmin, qui hoche de ce fait la tête et réfléchit à d’autres questions. « Quand t’auras un amoureux, tu voudras un enfant toi ? Elle réfléchit un bref instant, ne sachant pas trop comment expliquer son ressenti vis-à-vis de ça. Visiblement le gamin semblait espérer se heurter à une réponse plus logique que celle que Tiaan lui avait offerte, mais elle n’en avait malheureusement pas de satisfaisante à offrir non plus. Eh bien… J’aimerais bien oui. Mais en même temps, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Pourquoi ? Qu’il rétorque, évidemment. Parce que je sais pas si je serais une bonne mère. Une vraie bonne mère. Et que si échouer à rejoindre les légionnaires était une chose, échouer à se faire aimer de son gamin ou de lui offrir une vie décente serait définitivement au bout de ses forces. Elle a tellement de souvenirs de ses parents, de bons souvenirs. Elle les aimait, terriblement. Et ça l’angoissait que de ne pas réussir à être aussi bons qu’eux, aussi douée que sa mère. Il paraît que les jeunes mères se posent moins de questions, sûrement que ça aurait été le cas. Mais désormais le temps passait, alors elle angoissait un peu plus, sans parler du fait qu’elle finirait progressivement par devenir trop vieille pour envisager une descendance. Alors l’amoureux, il avait intérêt à vite pointer le bout de son nez. Pour l’heure Anastasia préfère se focaliser de nouveau sur son jeune interlocuteur, ce dernier commençant à l’interroger sur ses parents mais très rapidement sur son frère, cherchant à savoir si elle n’en avait qu’un seul ou d’autres. Un seul frère donc. Et lui il fait quoi comme travail ? Nouveau sourire, un peu forcé alors qu’elle se dit une fois de plus que le destin se foutait bien de sa gueule en cet instant précis. Il est légionnaire. - Oh ! Comme ce que tu voulais faire ? - C’est ça. - Donc lui, il est assez fort ? - Exactement. »
La cigarette virevoltait de nouveau. Elle s’était agitée légèrement lorsqu’elle avait évoqué sa carrière ratée, s’était arrêtée suite à la compassion de Tolmin, avait repris un rythme relativement neutre et régulier lors de la question des enfants, pour s’agiter de nouveau avec ferveur à l’évocation de son frère. La réussite de ce dernier était un détail qu’elle passait sous silence auprès de beaucoup de monde, évitant même d’évoquer son nom de famille auprès de certains légionnaires pour qu’on ne fasse pas le rapprochement entre eux. Son incapacité à aller voir Aleksandr pour mettre au clair ce qu’elle éprouvait ne faisait que rajouter à son chagrin et à sa colère, une colère dirigée presque entièrement envers elle-même. Elle inspire profondément Ana, tout en cherchant à se focaliser sur l’enfant plutôt que sur le lieutenant dont elle semblait soudainement se souvenir. Il est là, sûrement qu’elle se crispe d’instinct en songeant à lui, peut-être qu’un tic quelconque tend à montrer qu’elle se souvenait de lui. Elle préfère toutefois ne pas y penser, toute sa concentration focalisée sur l’enfant, celui là même qui ne lui voudrait aucun mal. Ce dernier ose toutefois une dernière question, s’exclamant même brièvement en songeant à celle-ci, comme s’il s’agissait de quelque chose d’évident et qu’il regrettait de ne pas y avoir pensé plus tôt. « Dis ! Toi t’as pas peur, mais Tiaan et moi si. Est-ce que… Est-ce que tu nous trouves ridicule ? Enfin non. Moi je suis un enfant, c’est normal. Mais lui il est grand alors… Est-ce que tu trouves ça bête ? Anastasia fronce les sourcils, perplexe quant à la question ce dont témoigne également l’esquisse d’un sourire en soin. Elle comprend pas très bien d’où ça sort, ni même le bénéfice que pourrait tirer l’enfant d’une telle question. Eprouvait-il soudainement le besoin d’entendre dire que le douanier était un peu bête, un peu trop peureux, afin de se rassurer ? A moins qu'il veuille simplement profiter de ce jeu pour entendre une vérité qu'il espérait rassurante. Elle comprend pas trop. Mais la réponse fuse, naturellement. Non. - Comment ça non ? L’insistance du garçon lui arracherait presque un soupir mais elle reprend posément. Non je ne trouve pas ça ridicule. Et je ne pense pas qu’il soit bête parce qu’il a peur. La cigarette s’est de nouveau arrêtée, entre ses doigts. De toute manière cela devait être évident non ? Elle avait autre chose à foutre que de se moquer d’un vulgaire bégaiement, peu regardante quant à ce genre de détail. Après tout la seule raison qui faisait qu’elle s’attaquait à ça, c’est qu’il la provoquait. Ceci dit sa façon de formuler sa pensée, comme s’il s’agissait justement d’une évidence, sur un ton presque insistant, lui arrache finalement un frisson. C’était un peu trop franc, un peu trop gentil dans un sens. Il en méritait pas tant le douanier. Alors elle précise, comme pour faire oublier sa sincérité qui, pour une fois, n’avait rien de cruelle. Je trouve pas non plus que tu sois bête. » Histoire de ne pas avoir que le nom du lieutenant à la bouche.
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Sujet: (#) Re: Take me right now (Tiaan) Jeu 1 Fév - 23:24
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Take me right now. Ana & Tiaan
Il ne dit rien lui non plus, et elle ne parvient pas à savoir s’il se moque royalement de ce qui est en train de se passer sous ses yeux ou si, comme elle auparavant, il fait preuve d’une certaine forme de respect. Un respect partiellement matérialisé par cette cigarette qui roulait sous ses doigts, mais pas que. Elle le détestait bien sûr, toujours quand il faisait mal, pourtant cette haine qu’elle aurait pensée suffisamment viscérale pour l’accompagner chaque seconde de sa vie semblait se dissiper dès lors qu’ils ne se sautaient plus mutuellement à la gorge. Elle n’a plus très envie de le haïr, plus très envie de souffrir inutilement également, alors elle n’avait pas ouvert la bouche lorsqu’il s’était épanché pour satisfaire la curiosité de Tolmin. Elle prenait note, tantôt surprise, tantôt compréhensive, mais jamais il ne lui serait venu à l’esprit de l’enfoncer, d’utiliser ce qu’elle apprenait pour se jouer de lui. La présence de l’enfant y était pour quelque chose, mais pas seulement. Elle n’aurait sûrement pas osé, même s’ils n’avaient été que tous les deux. Une part d’elle-même se plaît donc à croire qu’il en était de même pour lui, la milicienne aimant penser qu’il n’avait pas non plus envie de la bousiller aujourd’hui, pas plus qu’il ne voulait mutiler les confidences qu’elle offrait au gamin à ses côtés. Respect. Quelque chose dans ce goût là, quelque chose qu’elle n’aurait pas pensé voir naître, même le temps d’une heure ou deux, lorsqu’il était question de Tiaan. Mais c’est ça, c’est ce qui la pousse à continuer de répondre aux questions qu’on lui posait. Elle n’en est pas moins nerveuse Ana, bien évidemment, et la cigarette entre ses doigts en témoignait très largement. Mais ça aurait pu être pire. Ça aurait pu être plus douloureux. Beaucoup plus douloureux.
Au contraire, les rares interventions de Tiaan s’avèrent être tout sauf nocives. Comme ce moment, où elle évoque sa carrière ratée, sa place à la Milice. Si elle devait être parfaitement honnête, sûrement qu'elle dirait que sa place lui convenait. Sergent c’était déjà bien pour pas se bouffer trop souvent des ordres, ça signifiait sûrement qu’elle était pas si mauvaise que ça également. Et puis arrêter les malfrats, ça faisait office de défouloir, ça lui donnait des droits. Sûrement qu’être proche de la population avait également un effet positif sur son humeur, quand elle s’autorisait à penser qu’elle était importante et qu’elle comptait pour les gens, d’une certaine façon. Son seul regret demeurait d’être clouée au sein de la Flotte, incapable de sortir ne serais ce qu’aux commandes d’un vaisseau le temps d’un aller-retour. La jeune femme se confie à ce sujet, ne s’attendant pas à ce que Tolmin comprenne pleinement son ressenti : il était sûrement trop jeune pour cela, qui plus est il avait passé son enfance sur la Flotte et ne connaissait donc rien d’autre, contrairement à elle. Mais ce n’est pas l’enfant qui répond, Anastasia reprenant brutalement contact avec la réalité en entendant les propos du douanier, sa voix et ses propos hachés lui parvenant aux oreilles. Alors elle relève les yeux vers lui, le fixant tandis qu’il expliquait qu’il y avait toujours de la place à la douane. Légèrement surprise par sa prise de parole, le sentiment se mue en une sorte de méfiance douloureuse tandis qu’elle continue de l’observer, incapable de savoir s’il était sérieux ou non. Etais-ce une vraie proposition ? Devenait-elle soudainement suffisamment digne aux yeux de Tiaan Krishvin, lieutenant à la douane, pour postuler à ce poste ? Ou bien n’étais-ce là qu’un affront, subtil. Une façon de lui souffler que seuls les bons éléments étaient pris, et qu’elle n’en faisait définitivement pas parti. N’étais-ce pas ce qu’il lui répétait depuis des années ? Qu’elle n’était pas assez bien, assez forte ? Pauvre ratée échouée à la milice. Elle s’était toujours sentie insultée, rabaissée, pas tant pour son appartenance à la milice -la jeune femme savait que chaque corps militaire se plaisait à se sentir supérieur aux autres- mais en tant que personne. La milice posait problème, elle en posait encore plus aux yeux de l’homme.
Alors elle l’observe, entrouvre les lèvres comme pour lui demander directement ce que tout ceci signifiait vraiment, puis préfère les refermer sans dire quoi que ce soit. Le cœur battant, elle s’inquiète. Elle craint les sous entendus d’une telle remarque autant qu’elle craint s’être méprise quant aux véritables sentiments du douanier à son égard. Certes cela n’effaçait en rien les blessures, les vacheries, les regards méprisants et tout le reste. Mais cela donnait à l’ensemble un éclairage nouveau, qui lui fait comprendre qu’encore une fois elle a peut être été bien conne. Et ça lui fait peur. Alors elle dit rien, ramène presque brutalement son regard à hauteur de Tolmin, soudainement pressée de l’entendre lui poser de nouvelles questions pour ne pas avoir à répondre à Tiaan, ou même à se soucier plus longtemps de ses propos. C’est donc avec une certaine sérénité qu’elle évoque ce rôle de mère qu’elle aimerait endosser, tout en craignant de ne pas être suffisante là non plus, jusqu’au moment où son frère est abordé. Les propos de Tiaan résonnaient encore dans son esprit, désormais ils étaient le signe qu’il écoutait bel et bien la conversation et qu’il ne louperait sûrement jamais un détail pareil. Il n’oublierait pas que son frère était devenu ce qu’elle avait toujours rêvé d’être. La cigarette entre ses doigts voltige plus vivement, malgré une attitude plus calme en apparence. Tolmin n’y voit que du feu de toute façon et elle s’assure que cela continue en répondant simplement à ses questions. Puis vient la dernière, celle quant à la prétendue peur de l’homme. Anastasia a beau ne pas comprendre ce que l’enfant comptait faire de la vérité qu’il cherchait à lui arracher, cela ne l’empêche pas d’être honnête une fois de plus. Non, elle ne trouvait pas ça idiot. En vérité, elle trouvait ça d’autant moins bête qu’elle savait parfaitement que le lieutenant n’était pas à prendre à la légère. Elle en avait payé les frais suffisamment de fois pour savoir qu’il valait en vérité mieux qu’il ait peur, sans quoi tout le monde aurait fini écorché par sa langue de vipère depuis longtemps.
Le concerné finit d’ailleurs par se manifester de nouveau et c’est tout naturellement qu’Anastasia l’observe durant sa tirade. Une longue phrase, beaucoup plus longue que tout ce qu’elle a déjà pu entendre émaner de sa bouche. De manière égoïste, la milicienne se demande si elle était la cause de ce discours, si sa manière d’avoir avoué ne pas être dérangée par le bégaiement, tout comme elle ne trouvait pas ce dernier stupide, avait suffisamment apaisé le douanier pour que celui-ci se laisse aller à un monologue. Bien vite toutefois, elle balaie cette hypothèse d’un revers mental de la main, se doutant qu’il ne faisait cela que pour Tolmin, ce gamin qui était la raison et la cause de toutes leurs confidences et de tous leurs efforts jusqu’alors. L’enfant, s’il est attentif, pivote toutefois très vite la tête en direction de la jeune femme, celle-ci lui agitant silencieusement ses lèvres pour lui expliquer que le mot qu’il n’avait pas compris était simplement ‘d’autres choses’. Elle est muette, pour ne pas gâcher l’instant, et cela suffit après tout à l’enfant qui peut ainsi se refocaliser pleinement sur Tiaan, comprenant le reste de sa tirade tandis qu’elle-même souriait légèrement. Quelques mots qui se fichent en elle également, la milicienne songeant à la peur qu’il évoquait durant leur travail. Forcément. Ils étaient militaires avant tout, ils avaient le droit d’avoir peur, mais ils avaient le devoir, contrairement à d’autres, de passer outre. Ana s’estime malgré tout chanceuse de vivre sur la Flotte, estimant que les risques étaient minimes sur celle-ci, les crimes graves se faisant rare. Mais elle approuve malgré tout, en son for intérieur. Elle se crispe toutefois de nouveau, légèrement, en entendant le blond apprendre à son jeune compagnon que l’on se moquerait de lui, et elle ne doutait pas du fait qu’il ait dû lui-même subir un nombre incalculable de moqueries, mais que cela ne l’empêcherait pas d’avancer.
Tu sais ce que tu vaux. La remarque se fiche quelque part en elle, flèche douloureuse quoi que sûrement involontaire. Et elle, est ce qu’elle savait ? Bien sûr que non. Elle en a bien conscience, du fait qu’elle savait pas, qu’elle se perdait entre ce qu’elle pense être, ce que les autres s’imaginaient d’elle et ce qu’elle était vraiment. Elle n’assumait même plus véritablement ses qualités, incapable de les énoncer sans rougir ou sans craindre qu’on lui balance au visage qu’elle n’était rien de tout cela. Mais elle ne dit rien bien sûr, gardant sa confusion pour elle, se contentant de sourire avec un léger temps de retard lorsque Tiaan conclut en expliquant à Tolmin qu’il avait hâte de voir ce que celui-ci allait devenir. Elle était d’accord et si cela se devinait aisément à son expression, elle n’a pas le temps d’exprimer celle-ci à voix haute que les lumières de l’ascenseur se rallumaient brutalement. Ça suffit à l’éblouir momentanément, ramenant son bras en visière le temps qu’elle s’habitue. Elle avait légèrement sursauté également en sentant l’habitacle se remettre en mouvement, ce qui achève de l’inciter à se relever. S’emparant du paquet de cigarette qu’elle avait conservé jusqu’alors, c’est tout naturellement qu’elle glisse la clope dont elle s’était servie pour passer ses nerfs à l’intérieur. Une part d’elle-même aurait malgré tout bien aimé la conserver encore un peu, ne serais ce qu’à cause de ce sentiment de gêne qui la prenait désormais aux tripes maintenant qu’ils étaient de nouveau en pleine lumière. C’était comme si les confidences et les aveux prenaient une nouvelle apparence. Elle pouvait plus se cacher Ana et cela la gêne, plus particulièrement cette fois ci. Alors elle tente de se focaliser sur l’exclamation soulagée de Tolmin. « C’est pas trop tôt ! » Fait-il mine de s’offusquer en rendant la lampe torche à Tiaan, remerciant ce dernier au passage, et elle sourit doucement. Ce fut alors naturellement qu’elle se rapprocha des portes de l’ascenseur, soudainement saisie d’une frénésie nouvelle, une frénésie qui lui rappelait qu’elle était vraiment en retard et bien que cela ne soit que partiellement de sa faute, elle ne supportait pas de l’être une seconde de plus. Elle essaye par ailleurs de ne pas prêter une attention particulière à Tiaan, du moins jusqu’à l’ouverture des portes. C’est à ce moment précis qu’elle se souvient du paquet de cigarettes entre ses doigts, aussi pivote-t-elle un peu soudainement en direction du lieutenant, prête à le lui rendre, lorsque Tolmin s’éloigna en courant pour quitter l’habitacle, leur disant au revoir sur un large signe de main. Manquant de chuter en voyant le gosse lui passer entre les pattes, la milicienne se rattrape à ce qu’elle peut, à savoir l’épaule de Tiaan d’une main, l’autre sur son torse, le paquet de cigarettes toujours coincé entre ses doigts. Se retenant de se racler la gorge comme à son habitude, Ana se contente de lever les yeux vers lui, se rattrapant comme elle pouvait : « Merci pour la clope. » Et elle tapote ainsi le paquet contre sa poitrine, brièvement comme pour l’inciter à le récupérer, pour mieux s’éloigner sur un clin d’œil une fois que ce fut chose faite. Inutile de préciser qu’elle aura manqué de se prendre une personne supplémentaire dans la tronche dans sa course, pressée qu’elle était désormais d’atteindre le Colosus au plus vite.