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  Half victory and full concession ~ Beatrix
MessageSujet: (#) Half victory and full concession ~ Beatrix    Half victory and full concession ~ Beatrix 3ViG0Cu Mer 17 Jan - 1:24
Khan Andak
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Mardi. Un jour qui avait fini par acquérir une signification certaine pour Khan. Un rendez-vous fixé avec l'automatisme d'une machine bien huilée, jusque là jamais manqué par l'un ou l'autre depuis qu'ils s'étaient décidés à l'instaurer. Un moment agréable à passer avec une femme qu'il ne réussirait sans doute jamais à cerner tant elle était différente de toutes les autres personnes qu'il connaissait et côtoyait. Il se rappelait encore de ce sourire qui l’avait frappé la première fois qu’il l’avait revue, quelques années plus tôt. Elle semblait ne jamais s'arrêter, comme si chaque mot prononcé par ses vis-à-vis devait être reçu avec un optimisme et une rare ouverture d'esprit. Même à lui elle lui souriait, passant sur ses mauvais mots et glissant totalement au dessus de ses emportements comme personne ne l’avait fait auparavant. Le mardi, Khan avait rendez-vous avec une personne sur laquelle il n’arrivait à avoir aucune prise et ça lui plaisait.

Alors il cherchait un peu, au début hésitant car il n’arrivait même pas à savoir s’il avait un quelconque effet sur elle ou bien si elle ne faisait que supporter gentiment ses avances, puis avec plus d’assurance une fois qu’elle eût commencé à y répondre positivement. Il avait hélas beaucoup fait traîner les choses, sa vie devenant à cette époque compliquée alors qu’il accédait tout juste à son poste et cherchait avant tout à stabiliser sa position, mais il était récemment revenu en force avec l’espoir d’enfin rentabiliser les efforts entrepris auprès d'elle.

Mardi dernier enfin, Khan s'était décidé à franchir une étape de plus, estimant qu'ils avaient suffisamment badiner pour qu'il affirme ses intentions à son encontre. Dans un tableau digne des pires chefs d'œuvre romantiques jamais réalisés par feu le cinéma et la télévision, le vice capitaine avait donc volé un baiser à Beatrix Bishop. Ce baiser, Khan l'avait voulu et comme tout ce qu'il voulait, Khan l'avait pris. Il n'avait cependant pas cherché à aller plus loin, toujours incertain de la conduite à tenir lorsqu'il s'agissait d'elle et également parce qu'il n'avait pas pris autant de temps à s'imposer dans sa vie pour bâcler la conclusion.

Aujourd'hui, ça faisait une semaine qu'ils n'avaient pas communiqué et Khan avait attendu avec une grande hâte d'avoir l'excuse de leur rendez-vous hebdomadaire pour la revoir. À l'heure, comme toujours, il se présenta devant chez elle pour qu'ils se rendent ensemble dans le bar qu'ils avaient l'habitude de fréquenter, sa veste sur les épaules et un sourire espiègle aux lèvres, certain qu'elle n'aurait pas manqué de se rappeler de ce rendez-vous. Il sonna à la porte, puis n'attendit qu'un instant avant qu'elle ne sorte. Comme prévu.

-Salut ma belle, la salua-t-il simplement, sans cesser de sourire.

Ça faisait déjà un moment qu'il l'appelait comme ça, une affection étrangement sincère suintant à travers ce surnom. Comme toujours, il pu admirer un sourire à fossettes éclaircir son visage et pour une fois il ne se gêna pas pour lever la main et toucher du bout des doigts cette étrange anomalie musculaire qui avait dû en fasciner beaucoup. Bien entendu, ce geste en déclencha un autre et bientôt il se pencha sur elle pour s'emparer une nouvelle fois de ses lèvres, très sûr de lui puisqu'elle n'avait rien fait pour l'en empêcher la dernière fois, et qu'une fois encore elle ne cherchait pas à mettre entre eux une distance qui lui aurait fait clairement comprendre que cette relation prenait un tournant non voulu.

Khan se redressa ensuite en essayant de ne pas paraître trop triomphant, puis il lui fit un signe de tête pour qu'ils se mettent enfin en route. Il voulait aborder le sujet autrement que par les gestes avant qu'ils n'arrivent au bar et qu'ils soient distraits par leur environnement, comptant sur le temps du chemin pour entamer la conversation. Il commença donc à marcher, mais au moment où il allait ouvrir la bouche, il se rendit compte que Beatrix n'avait pas bougé. Il refit alors en sens inverse les quelques pas qu'il avait effectué seul et fronça les sourcils.

-Beatrix, tout va bien ? s'inquiéta-t-il. Aurait-il mal calculé quelque chose ?
MessageSujet: (#) Re: Half victory and full concession ~ Beatrix    Half victory and full concession ~ Beatrix 3ViG0Cu Mer 17 Jan - 3:02
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Mardi.
Mardi mardi mardi mardi.
Elle se le répète, souvent, le mot flotte à la surface de ses pensées, revient et repart, mardi. Ca avait commencé pour être sûre de ne pas oublier (et elle aurait pu le noter, mais alors elle aurait risqué d’oublier qu’elle l’avait noté – peut-être qu’elle aurait pu répéter note note note à la place, mais qui sait si elle se serait rappelé de la bonne note ?), c’était devenu un point d’accroche. Tu vois ton vice-capitaine, aujourd’hui ? La voix aussi familière que la question, maintenant, et elle n’est pas bien sûre qu’il soit son vice-capitaine, mais vice-capitaine il est bel et bien, donc elle hoche simplement la tête pour confirmer, les lèvres pincées pour se retenir de commenter le choix des mots qu’elle n’est pas non plus sûre d’approuver.
Mardi, juste pour vérifier.
Un mardi presque comme les autres, qu’elle rajoute en petits caractères dans un coin de sa tête, comme pour calmer l’anxiété, remballant ses affaires pour rentrer chez elle. Elle ne lui a pas envoyé de message, cette semaine, et pourtant il y a eu plusieurs choses à raconter (mais d’autres choses qu’elle n’était pas sûre de savoir exprimer sans se planter). C’est Charlie qui l’a écoutée, finalement, oreille bienveillante et parfois même compatissante. Quand il faut. Quand elle en a envie. Elle aimerait que tout lui vienne si facilement ; quelques modifications et le tour est joué. Attitude souhaitée enclenchée. Réactions anticipées et puis, surtout, parées. Elle ne sait pas parer, Bee, et elle a tellement essayé. Ni parer ni anticiper, finit toujours à appuyer sur tous les boutons pour espérer tomber sur le bon. Souvent, c’est plutôt l’explosion.
Avec Khan, cependant, elle a évité. D’appuyer. S’est laissée entraîner par son jeu à lui et ça lui a plutôt bien réussi, jusqu’au dernier mardi. Elle a été un peu énervée, après, qu’il ait foutu le jeu de cartes en l’air et qu’elle doive maintenant tout trier. Ça la fatigue, de trier. Elle aurait bien voulu lui demander dans quel ordre elle était censée tout replacer, mais la question ne voulait pas sortir comme il fallait alors elle n’a rien dit, ravalant de justesse le sourire idiot qu’elle voulait adresser à son terminal resté inutilisé. Elle regrette, maintenant, de ne pas avoir su formuler ses pensées, parce qu’elles ont juste fini par s’emmêler encore plus et les questions ne cessent de s’amasser, prenant la place qu’elle réserve d’habitude aux listes aux rêves aux trucs à faire et à ne surtout pas faire : elle s’oublie un peu, à force, nerveuse et irritable, et tout la semaine son sourire a eu les bords presque tranchants.

Peut-être que c’était une erreur ?
L’hypothèse lui semble peu probable (les autres fois, ça avait jamais été le cas) mais pas non plus à exclure totalement (lui, elle ne le connaissait pas comme ça). D’après certains de ses collègues, elle ne le connait pas tout court. Elle aimerait aussi collecter les données qui lui manquent, mais l’exercice lui semble contraignant et risqué (et si elle n’aime pas ce qu’elle découvre ?). Au contraire, se contenter de la surface lui semble tout aussi risqué, bien que plus confortable (mais si elle ne découvre rien avant qu’il ne soit trop tard ?). Il y a toujours l’option b, l’équilibre précaire qu’ils semblent cultiver depuis quelques années, maintenant. Semblaient cultiver, puisqu’il a décidé de se mettre à appuyer, lui aussi. Lui plutôt qu’elle. La dynamique ne lui est pas familière – c’est bien là tout le problème.

Ce qui lui est familier (enfin, merci), c’est l’heure à laquelle il arrive. Elle est déjà prête puisque mardi, rassurée de voir que ça au moins ça n’a pas changé. « Salut ma belle » qu’il lui dit, et elle respire encore un peu mieux en l’entendant s’adresser à elle comme à l’accoutumée. Son sourire se déploie et il est presque presque presque sans gêne. Un à un, ses muscles se relâchent peut-être que c’était bien une erreur et si elle le regrette un peu, au moins, il n’y a rien à modifier ajuster ou réparer, alors elle veut ouvrir la bouche pour répondre « bonsoir Khan » comme elle l’a toujours fait quand il – son doigt contre sa joue.
Peut-être que ce n’était pas une erreur.
Il se penche vers elle et bientôt, ses lèvres rencontrent les siennes.
Définitivement pas une erreur.
Le corps entier se fige, lâche, alors que les pensées s’entrechoquent et c’est quand il s’éloigne (déjà) qu’elle se rend compte qu’elle est restée entièrement passive. Et elle aimerait bien lui dire quelque chose, parce qu’après tout elle n’a toujours pas pu lui dire bonjour, elle, mais les mots arrivent encore une fois trop tard, il est déjà quelques pas plus loin. Elle devrait s’élancer pour le suivre, elle va le faire, « Beatrix, tout va bien ? », il est déjà de retour, le temps d’un clignement de paupière.

Pourquoi il va si vite ?

Elle remarque à peine l’inquiétude dans son regard, toute concentrée qu’elle est à essayer de rassembler ses esprits. « Oui, merci. » D’abord, répondre, un mot et puis l’autre, c’est pas si compliqué, c’est parfois comme si elle avait oublié comment on faisait pour parler. « C’est comme ça qu’on se dit bonjour, maintenant, alors. » Elle lui adresse un sourire, de ceux qui montent jusqu’à ses yeux mais qui tremblent un peu, et c’est plus une réflexion pour elle que pour lui parce que juste après elle hoche la tête : « il faudra faire quelque chose pour ta moustache, dans ce cas. Elle pique. »
MessageSujet: (#) Re: Half victory and full concession ~ Beatrix    Half victory and full concession ~ Beatrix 3ViG0Cu Mer 17 Jan - 18:20
Khan Andak
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Khan s'inquiétait légèrement. Beatrix était plus figée qu'il ne l'avait jamais vu auparavant. Elle avait vaguement l'air d'une statue ainsi, une sorte de personnification de la concentration, mais faite de chair et de sang. Il hésita à passer une main devant son visage pour voir si elle réagissait, mais préféra ne rien en faire. La connaissant, il risquait juste de la perturber encore plus. Grand bien lui en fit d'ailleurs, car elle finit effectivement par lui répondre, le soulageant de ses inquiétudes. En revanche, d'autres questions traversaient l'esprit du vice-commandant désormais. Était-ce lui qui avait provoqué une telle débâcle mentale ? Question idiote, il n'y avait rien d'autre dans leur environnement immédiat qui aurait pu le causer. Est-ce qu'il s'y était mal pris ? Celle-ci en revanche était légitime. Sa dernière véritable relation en date était avec Rosalija et elle commençait à remonter à une petite dizaine d'années. Peut-être aurait-il dû lui demander des conseils sur le sujet ? Ridicule. Il n'était plus un adolescent débile depuis longtemps, il devrait être capable de gérer seul ses interactions sociales avec les femmes. Ce qui était le cas, la plupart du temps.

Malheureusement pour lui, Beatrix n'entrait pas dans cette case de « la plupart du temps ». Ou bien était-ce heureusement ? Il était certain qu'il n'avait pas été attiré par sa normalité en tout cas, trouvant au contraire son excentricité particulièrement attrayante. Excentricité qui ne lui facilitait pourtant pas la tâche actuellement. Quant à lui, sa théâtralité jouait visiblement en sa défaveur. Plutôt que de partir directement après l'avoir embrassée, sans doute aurait-il dû rester le temps d'exprimer les choses convenablement, mais où était l'amusement dans ce cas ? Elle aurait dû le voir venir de loin, non ? Khan se repassait mentalement les derniers mois en tête, cherchant à quel moment il aurait fait preuve d'un peu trop de subtilité dans ses intentions.

Il fut interrompu dans son scannage de leurs dernières interactions par une phrase probablement sortie tout droit d'une autre dimension. L'incompréhension prit place sur le visage de Khan au moment même où elle disparaissait de celui de Beatrix. D'ailleurs, il en fut tellement pris au dépourvu qu'il eut une drôle de réaction, ne sachant pas s'il convenait de rire ou pas du ridicule de cette situation, toujours plongé dans l'incompréhension, son visage pris le parti d'exprimer un mélange des deux, réussissant à sourire et froncer les sourcils en même temps. C'est comme ça qu'on se dit bonjour maintenant ?

Beatrix, de son côté, semblait enfin arrivée à une conclusion qui lui semblait parfaitement logique et compréhensible, comme si les pièces d'un puzzle s'étaient mises (difficilement) en place. Khan se passa alors une main dans les cheveux, chose qu'il ne faisait jamais d'habitude mais qui illustrait parfaitement son désarmement total face à cette situation, puis tenta une réponse.

-Oui je... heu, en effet.

La réponse brillante d'un homme qui avait visiblement l'habitude de manipuler les gens. Il s'énerva tout seul de ne pas avoir trouvé plus spirituel à dire, mais n'eut pas le temps de se rattraper qu'une autre déclaration lui fauchait une nouvelle fois toute la stabilité qu'il avait péniblement réussi à récupérer. Sa main couvrit alors immédiatement sa bouche, protecteur envers sa précieuse pilosité faciale. Ma moustache pique ? Jusque là ça n'avait jamais dérangé personne et il y tenait de toute façon trop pour s'en séparer. Il rassembla ses esprits une deuxième fois, agacé de se découvrir une fois de plus inefficace à prévoir les réactions de ce bout de femme alors qu'il était à côté de ça capable de prévoir au moins six plans d'évasion différents pour le jour où son identité serait révélée.

-Ma moustache pique, répéta-t-il alors, retrouvant un ton égal. Pourtant elle est assez longue non ? Ou bien il faudrait que je la laisse pousser encore ?

Pour lui, la seule solution envisageable se trouvait là puisque la longueur du poil était directement proportionnel à la sensation de picotement : plus c'est court, plus ça pique. Il ne s'imaginait pas un seul instant qu'elle puisse vouloir la couper, mais commençait déjà trouver qu'avoir plus de longueur serait une excellente idée. Il pourrait même potentiellement commencer à lui donner des formes intéressantes. Il avait presque hâte d'essayer. Mais il y avait plus urgent pour le moment.

En effet Beatrix, si elle n'était visiblement pas opposée à ce rapprochement physique, Khan n'était pas certain qu'elle en ait réellement saisi toutes les implications. Définir concrètement ce qu'il attendait d'elle, d'eux, voilà ce qu'il convenait de faire désormais. Inutile de faire traîner le sujet plus longtemps. Il prit donc son air le plus sérieux en même temps que l'une de ses mains.

-Mais ce n'est pas de ça dont je voulais parler. Beatrix, je suis désolé, j'aurais sans doute dû poser des mots sur certaines choses avant de t'embrasser. Parler en tant qu'homme, maturité même, il allait s'en sortir. Ça fait un certain temps maintenant qu'on se tourne autour et même si j'aurais voulu ne pas autant faire traîner les choses, le bon moment ne semblait jamais être arrivé pour exprimer à quel point ta compagnie m'est agréable. Il fit une pause. Chercher de mots, rendre les choses moins formelles. Je me sens bien avec toi, finit-il par dire, doucement. Tu ne ressembles à personne que je connaisse et je souhaite que les choses aillent plus loin entre nous. Qu'on donne une chance d'évoluer à notre relation. C'est pour ça que je t'ai embrassé.

Difficile d'être plus clair qu'il ne l'était. Il craignait pourtant de ne pas être assez explicite et qu'elle comprenne totalement autre chose que ce qu'il essayait d'exprimer.
MessageSujet: (#) Re: Half victory and full concession ~ Beatrix    Half victory and full concession ~ Beatrix 3ViG0Cu Mer 17 Jan - 21:27
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Il a l’air un peu perdu, Khan.
Confusion dans les traits et la main qu’il se passe dans les cheveux. Si quelqu’un d’autre avait été là, il lui aurait dit, de faire attention à ces détails-là. Bien sûr, il n’y a personne, et Beatrix, elle, elle ne voit pas. Il lui dit « en effet » et elle est ravie d’avoir compris, cette fois-ci.
« Ma moustache pique » qu’il répète, elle hoche la tête pour confirmer, même si elle lui a déjà dit. Pourquoi tu répètes ? sur le bout des lèvres, et ç’aurait été une question sincère (elle-même répète, souvent, pour catégoriser ou pour déconstruire les sous-entendus qui lui auraient échappé, mais elle n’est pas sûre que ce soit la même raison de son côté, peut-être qu’elle devrait s’expliquer ?), néanmoins il poursuit, toujours un temps d’avance, s’interrogeant sur la longueur de ladite moustache. Qui pique. Fait établi, déjà. Bee fronce légèrement les sourcils à l’idée qu’il la laisse encore pousser (elle l’imagine sans bouche, soudainement, et s’il n’a plus de bouche visible elle doute qu’elle pourra poursuivre le rituel tout juste instauré). « Pourquoi ne pas simplement t’en débarrasser ? » Ça lui semble être la meilleure solution, considérant celle qu’il vient de proposer, mais il doit y avoir une raison s’il ne l’a pas lui-même considérée. Obligation professionnelle ? Non, ridicule. Apparence ? Eh, possibilité. Tradition ? Peut-être. Compréhensible, si c’est ça, en tout cas. Et c’est à son tour d’approcher sa main du visage de Khan, les yeux légèrement plissés. Elle s’arrête en chemin, cependant, à quelques millimètres à peine de son menton, les doigts tendus comme pour le frôler, avant de lui adresser un sourire convaincu. « C’est la solution la plus logique, directe et elle serait appréciée. » Son ton est presque péremptoire entre les lèvres sucrées tandis que sa main s’éloigne aussi vite qu’elle s’était approchée pour se laisser une nouvelle fois choir à ses côtés.

Elle en aurait presque oublié la raison de son propre malaise, quelques instants plus tôt à peine (trop occupée à chercher une solution au nouveau problème qu’elle avait soulevé elle-même), s’il n’était pas revenu sur le sujet en se saisissant de la main qu’elle venait de laisser tomber. Le contact, si peu familier, ne lui est pas désagréable, et bientôt ses doigts viennent s’emmêler à ceux de Khan. « Mais ce n'est pas de ça dont je voulais parler. » Pourquoi pas ? Elle n’a pas le temps, cette fois-ci non plus, d’assouvir sa curiosité. Pourquoi pas ? Enfant, elle se serait accrochée à la manche de son frère (n’y pense pas) et aurait tanné, répété, jusqu’à obtenir la réponse souhaitée ; parce que mais parce que quoi ? C’est l’une des premières choses qu’elle a assimilée, au fil des années : trépigne en silence, Bee, abandonne les questions qui ne valent pas la peine d’être posées. Il a ainsi fallu apprendre à trier et garder celles qui méritaient vraiment d’être formulées. Parfois encore, cela s’avère compliqué. Mais elle a appris à laisser tomber. Alors elle ravale l’impatience et s’acharne à rester concentrée (pourquoi pas ? ses doigts se resserrent légèrement autour des siens). « Beatrix, je suis désolé, j'aurais sans doute dû poser des mots sur certaines choses avant de t'embrasser. » Cette phrase-là, par contre, ne provoque aucune frustration, aucun résidu de question – c’est la surprise qui prend toute la place, parce que personne ne s’est jamais excusé de ne pas avoir été compris. C’est elle qui ne comprenait pas, après tout, pas lui. Surprise, aussi, de ses propres émotions, reconnaissance vacillante et validation stupide, elle ne sait pas trop quoi en faire sur l’instant. Peut-être qu’elle ne saura jamais.
Il parle de se tourner autour et elle sait qu’il ne parle pas littéralement mais elle n’était certainement pas consciente de tourner autour de quoique ce soit, au propre comme au figuré. Il y a bien eu des indices, subtilités qu’elle a mis des mois à intégrer, intérêt qu’elle a essayé du mieux possible de démontrer, elle aussi, mais après – rien. Alors bien sûr, au fil des mois, elle en avait juste conclu que rien. Que leur dynamique à eux était simplement différente, à quelques centimètres de la limite sans jamais la dépasser. Elle s’est trompée, et ça lui arrive plus souvent que ce que ses calculs ne devraient laisser passer ; elle aimerait qu’on lui trace des cartes toutes faites pour enfin arrêter de se perdre en cours de route. Il n’y a plus eu personne pour le faire, ces dernières années. Peut-être que Khan pourra l’y aider, s’il comprend. « Tu ne ressembles à personne que je connaisse et je souhaite que les choses aillent plus loin entre nous. Qu'on donne une chance d'évoluer à notre relation. C'est pour ça que je t'ai embrassé. » Il donne enfin la réponse à la question qu’elle n’avait pas encore pu poser, et son ventre se dénoue d’un coup alors qu’elle n’avait même pas constaté qu’il était noué.
Elle pense qu’il comprend, un peu, à sa façon à lui – c’est sans doute déjà beaucoup. « Merci d’avoir expliqué. » Ses lèvres s’étirent en un nouveau sourire, et dans celui-là il y a un soupçon d’excuse et de culpabilité, parce que c’est pas la première fois, c’est pas la première fois qu’elle est confrontée à ça, et l’explosion n’est jamais bien loin si elle ne fait pas attention à ses propres pas ; consciente, quand même, que d’autres n’auraient pas eu besoin de phrases longues et d’énonciations claires. Désolée de l’obliger à parler autant quand elle est parfois incapable de glisser deux mots à la suite de l’autre.
« J’apprécie aussi énormément ta compagnie. » Ouvre la bouche, la referme et ne sait pas quoi dire de plus (elle a des choses à dire, beaucoup, mais l’équilibre est fragile et elle a peur de perdre encore le mode d’emploi). Elle préfère s’approcher de lui et se hisser sur la pointe des pieds pour poser à son tour ses lèvres sur les siennes, un instant, avant de s’éloigner. « Tu ne m’avais pas laissé le temps de te dire bonjour » et elle sourit mais il y a peut-être une pointe de reproche dans la voix (pourquoi pas ? jamais bien loin). « On va au même endroit que d’habitude ? » Tire un peu sur la main qu’elle tient toujours, un pas amorcé dans la direction du Tiantang. Elle se raccroche à l’habituel, Bee, pour ne pas tout déconstruire d’un coup, pour éviter l’amas de pièces et le puzzle insolvable.
MessageSujet: (#) Re: Half victory and full concession ~ Beatrix    Half victory and full concession ~ Beatrix 3ViG0Cu Jeu 18 Jan - 10:12
Khan Andak
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M'en débarrasser ? Khan préféra passer au dessus de cette question pour le moment, faire comme si elle n'avait pas été posée. Pourquoi voudrait-il se débarrasser de sa moustache ? C'était ridicule, tout simplement. Khan était connu pour sa moustache, on associait difficilement le second du Colossus 5 avec un autre adjectif que « moustachu » et ça lui allait très bien. Il avait toujours trouvé qu'elle lui donnait un air plus sérieux, mais aussi plus imposant. Il s'agissait bien sûr d'une forme de pilosité tombée en désuétude depuis un moment, mais ça faisait de lui quelqu'un qui tranchait avec le reste des hommes du vaisseau. De plus, il lui semblait dommage d'être arrivé à un poste où personne n'osait faire de commentaire dessus, puis de la raser. Il en aurait sans doute rit de la part de n'importe qui d'autre, mais Beatrix risquait de ne pas comprendre l'humour de la situation.

Alors il se tait sur le sujet, préférant passer dessus pour mettre les points sur les i de leur relation, expliquer les choses qui auraient pu être mal comprises ou mal interprétées, constatant avec satisfaction une certaine acceptation dans le langage corporel de Beatrix. Elle le remercie alors pour ses explications, encore une réponse à laquelle il ne s'attendait pas. De quelqu'un d'autre, il aurait sans doute cru à une réaction sarcastique, mais amusée. D'elle, ça semblait sincère. Beatrix ne le laissa pourtant pas s'interroger sur ce que cette vague réponse impliquait, rajoutant qu'elle appréciait également énormément sa compagnie. Encore un point pour lui. Il commençait presque à devenir fort. Il le serait sans doute encore plus s'il connaissait les règles du jeu.

Ce point marqué sembla cependant décisif sur cette partie qu'il jouait. En effet, cette fois-ci, ce fut Beatrix qui s'approcha de lui pour l'embrasser, avant de lui reprocher de ne pas lui avoir laissé l'opportunité de dire bonjour également. Une remarque spirituelle lui vint en tête, mais il n'avait pas envie de connaître la frustration de devoir l'expliquer également, aussi il se contenta de la garder pour lui avant de se laisser tirer par la main vers leur destination habituelle. Khan hocha la tête pour répondre à sa question, puis lui emboîta le pas, songeant que tout c'était bien passé jusqu'à maintenant.

À part pour un détail. Mais un détail important. Il n'avait pas oublié ce commentaire sur sa moustache, qu'il caressait amoureusement de sa main libre. S'inquiéter de ce qui plaisait aux autres n'était en général pas dans ses manières, sauf s'il souhaitait obtenir quelque chose de spécifique de la part de quelqu'un sans passer par le chantage ou la violence, ce qui était ici le cas. Cependant, raser sa moustache était peut-être un sacrifice un peu trop grand à accomplir, un pas qui n'était pas anodin et qui ne rentrait probablement pas dans le spectre des choses qu'il serait prêt à sacrifier. Mais était-ce vraiment le cas ?

-Beatrix, quand tu dis que me débarrasser de ma moustache serait appréciable, est-ce que c'est une façon de me dire que je dois la raser ?

La question est posée sur un ton prudent, se souvenant de celui presque impératif employé par l'informaticienne. Il aimait cette moustache. Il lui avait même donné un nom. Il la portait pour satisfaire son propre point de vue de l'esthétique, mais aussi en hommage à son oncle qui portait la même et sans qui il ne serait pas la moitié de l'homme qu'il était aujourd'hui. Une personne qui l'avait protégé et qui lui avait appris à survivre, ce qui ne manquait pas d'ironie quand on songeait qu'il était mort et que c'était Khan qui avait survécu malgré le désir évident d'une certaine personne à le tuer. Il essaya de ne pas laisser la colère l'envahir au simple souvenir de cette tentative presque réussie de mettre fin à ses jours, ne voulant pas gâcher ce moment qu'il passait avec Beatrix.

-Parce que je n'ai pas vraiment envie de la raser. Elle me convient. Elle me donne de l'allure, argumenta-t-il.

Il essayait de répondre aux questions qu'elle pourrait lui poser avant qu'elle ne les pose, essayant d'évaluer si ce débat était perdu d'avance ou pas. Il aurait sans doute envoyé paître n'importe quelle personne lui ayant fait la même demande, mais il n'avait pas envie de devoir le faire avec elle. Elle possédait une espèce de candeur qu'il répugnait à blesser, mais qui était en contradiction directe avec son envie ne pas se laisser contrôler.
MessageSujet: (#) Re: Half victory and full concession ~ Beatrix    Half victory and full concession ~ Beatrix 3ViG0Cu Jeu 18 Jan - 17:10
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Beatrix.
Ceux qui l’appellent par son prénom en entier se comptent sur les doigts d’une main – c’est une expression, elle n’a pas vérifié (peut-être qu’elle devrait s’y atteler). Je vous présente ma sœur, Bee. Bzz bzz, Oz, qu’elle murmurait toujours en réponse, bien après que l’obsession lui soit passée, juste pour le voir lui sourire d’un air amusé. Je vous présente, qu’il disait avec l’air nonchalant qu’elle n’avait jamais su imiter, parce qu’elle ne se présentait pas, jamais. Porte-parole officiel, le frère ; à force, il savait ce qu’elle allait dire avant même qu’elle le sache elle-même, et il mettait les mots à la bonne place pour elle, posait les questions qui s’agitaient au creux de ses prunelles, je vous présente ma sœur, Bee. Elle ne se présentait jamais, mais elle a bien dû apprendre à le faire, d’abord parce qu’il n’était plus là à chaque fois pourquoi tu dois partir à l’Académie sans moi, et ensuite parce que soudainement il ne l’était plus du tout. Alors la première fois (après avoir hésité, les secondes qui ont duré des heures et le visage de son interlocuteur un peu perturbé) elle a dit Beatrix, en entier, en séparant bien les syllabes, le nom tout étiré, ça lui a fait un peu bizarre. Pas Bee parce que si elle disait Bee, il n’y aurait personne pour répondre bzz bzz et elle a pensé que ce silence-là, elle ne pourrait sans doute pas le supporter.
Beatrix, dans la bouche de Khan, parce que c’est comme ça qu’elle s’est présentée : toute étirée, du sourire jusqu’aux mots qu’elle a fait trainer. Elle le regarde et elle se demande comment il réagirait si elle répliquait bzz bzz (mauvaise idée).
Beatrix et lui aussi est prudent avec les syllabes, comme s’il cherchait à s’assurer que son attention était sécurisée. Les premières fois, ça a été difficile de s’en rappeler : vingt-cinq années à n’être que Bee, ça l’a marquée. Huit ans, maintenant, qu’elle est Beatrix à temps partiel, et elle aime à se voir comme une version améliorée, moins de bugs ou de ralentissements inopinés, plus de fonctionnalités (ou, en tout cas, elle le sera quand elle aura enfin dépassé le stade de la version alpha).
Quand elle marche vers le Tiantang, la main du vice-capitaine dans la sienne, elle se dit que c’est peut-être le cas. Version beta. « Beatrix, » la prudence qu’elle a donc réussi à identifier « quand tu dis que me débarrasser de ma moustache serait appréciable, est-ce que c'est une façon de me dire que je dois la raser ? » Elle marque presque un temps d’arrêt, ça se ressent dans le pas qui heurte le sol un peu plus brusquement que celui d’avant. C’est une bonne question, décide-t-elle, c’est une bonne question parce qu’elle en entraîne d’autres ; c’est son type de question préféré. D’abord, cependant, une réponse, et tous les paramètres à prendre en compte pour parvenir à lui en offrir une. Bee se dit que ça serait plus facile si elle savait pourquoi il la portait, cette moustache, et quand elle est prête à lui demander il la prend une nouvelle fois de court, ça commence à être une habitude (est-ce qu’on peut être habitué à être déstabilisé ?) : « parce que je n'ai pas vraiment envie de la raser. Elle me convient. Elle me donne de l'allure. »

Silence, tandis qu’elle continue à avancer, n’ayant toujours pas lâché sa main, en direction du pont qui les amènerait sur Tiantang. Silence non pas par gêne, cette fois-ci, simplement parce qu’elle réfléchit. « Si tu n’as pas envie de le faire, ne le fais pas » déclare-t-elle finalement en lui adressant un sourire. « Bien sûr, j’arguerais que l’allure n’est pas déterminée par le port d’une moustache. » L’idée lui semble même un peu étrange, à bien y réfléchir : l’allure n’était-elle après tout pas définie d’abord et surtout par l’attitude ? Sa moustache a-t-elle, à ses yeux, de l’attitude ? Elle lui jette un coup d’œil en biais, pour évaluer la logique d’une telle déclaration, mais n’en trouve aucune. Il ne s’agit, selon elle, que d’un accessoire superflu, et ses caractéristiques ne semblent absolument pas soutenir l’hypothèse que la moustache soit reliée d’une quelconque façon que ce soit à l’allure. Ou à l’attitude (dégaine, maintien, posture). Un simple accessoire, donc. Qui pique. « Si l’on devait vraiment parler d’allure, » et elle poursuit, les yeux songeurs tandis qu’elle essaie de choisir avec soin ses mots (dans le bon ordre) « et puisque tu le mentionnes on peut très bien le faire » parce qu’elle ne tient pas à refuser un sujet de conversation, quel qu’il soit (c’est de la politesse élémentaire) « j’évoquerais davantage la façon la manière dont tu te tiens : tu as le dos droit, le menton qui pointe vers ta destination » une petite pause « dans ce cas-ci, le Tiantang, puisque tu as confirmé qu’on allait toujours au même endroit que d’habitude » elle baisse les yeux vers leurs pieds, comparant leur taille pendant un instant « tu as le pas rapide, mais moins qu’habituellement, ce qui est, je suppose, pour t’adapter à mon rythme. » un autre sourire, avant de froncer légèrement les sourcils, une nouvelle idée venant contredire ses dernières paroles lui étant venue à l’esprit. « Certains diront que les vêtements font partie des caractéristiques qui contribuent à l’allure en tant que concept. Je ne suis pas spécialement d’accord, puisque si l’on s’en tient à la définition de base, il n’en est absolument pas question, mais même si on les prend en compte, je pense qu’un simple pull ne donne pas d’allure : il est question d’ensemble. Cela peut aussi s’appliquer au port de la moustache, bien qu’il ne s’agisse bien sûr pas de la même catégorie. » Ils se rapprochent peu à peu du pont, maintenant, bien qu’elle en soit à peine consciente, perdue dans son propre raisonnement. Ce sont les moments qu’elle préfère, souvent : ceux où elle oublie que les phrases se mélangent et forment un tout indissociable, où ses paroles sont dites aussitôt qu’elles sont pensées. Clarté et vivacité, à mille lieues de l’angoisse du mot mal placé.

« Évidemment, c’est si on s’attarde sur la sémantique. » Sémantique parce que les mots sont importants et elle en joue autant qu’elle s’y perd, paradoxe ambulant ; sémantique parce que allure et sa phrase à lui a été décortiquée de A à Z ; parce qu’il a posé une question et que parfois c’est une mauvaise idée (elle le sait). « On peut aussi le regarder d’un point de vue pratique : en premier lieu, je peux t’assurer qu’elle pique. Ça ne te dérange pas, évidemment, mais je ne suis pas certaine que ce soit le cas pour tous. Ensuite, il faut songer au maintien : je présume qu’elle nécessite un certain entretien, et cet entretien nécessite du temps. Je pense pouvoir présenter rapidement quelques exemples de ce que tu pourrais faire de ce temps à la place, si tu le souhaites. Enfin, elle te rend reconnaissable. C’est peut-être un objectif à atteindre, mais imaginons que tu sois amené à devoir te fondre dans la masse, elle me semble peu pratique. » Un espion ne porterait certainement pas la moustache. À moins, peut-être, qu’il ne s’agisse de créer une identité de toute pièce. Elle peut en imaginer l’utilité, dans ce cas-là, mais elle doute que Khan soit l’exception qui confirme la règle – peut-être qu’elle devrait lui dire, plaisanter, après avoir repris sa respiration, mais elle est soudainement consciente d’avoir beaucoup parlé. Arrête-toi, Bee. Règles des trois phrases et puis tais-toi. Une autre règle d’un autre temps (bzz bzz), qu’elle n’est jamais parvenue à respecter. Trop tard, tant pis. C’est encore un autre sourire qui s’étire sur son visage (Beatrix, toute étirée) et celui-ci se veut désinvolte (enterrer les quinze phrases de trop). « Ce ne sont que des hypothèses et des suggestions, bien sûr. Je ne te dirai jamais que tu dois faire quoi que ce soit. » C'était, après tout, la question qu'il lui avait posée et, si elle avait mis du temps à y arriver, elle a répondu, maintenant. Rien que pour ça, elle est soulagée. « Mais je suis persuadée que tu aurais de l’allure avec ou sans moustache, si c’est ce qui t’inquiète. »
Parce qu’elle ne voudrait pas qu’il s’inquiète.
MessageSujet: (#) Re: Half victory and full concession ~ Beatrix    Half victory and full concession ~ Beatrix 3ViG0Cu Ven 19 Jan - 0:07
Khan Andak
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Sa question la fit visiblement réfléchir. Elle marqua comme un pas plus lourd que les autres au moment où il termina sa phrase et garda un instant le silence, comme perdue dans ses pensées. Khan ne s'inquiétait pas outre mesure de ce mutisme, il savait qu'une réponse allait finir par lui parvenir, mais il mesurait un degré alarmant de concentration pour quelques chose qui devrait potentiellement aller dans son sens. Un degré de concentration qui menaçait directement Pascal, ladite moustache, qu'il pouvait presque sentir trembler. Il avait fini par s'y attacher, à cette moustache. Le forcer à faire un choix entre Beatrix ou Pascal serait parfaitement criminel.

La première phrase qui s'échappa de ses lèvres fut donc un soulagement pour lui, bien vite nuancé par la seconde. Pour un peu il en aurait soupiré. Qu'elle s'arrête à lui proposer de ne pas y toucher s'il le souhaitait eut été trop simple. Non, à la place elle se lança dans une argumentation qu'il écouta avec soin, comme il avait l'habitude de le faire lorsqu'il souhaitait enregistrer chaque mot, chercher des failles, puis appuyer dessus sans scrupules dans le discours de son vis-à-vis. Bien entendu, Beatrix n'était pas une opposante politique, ni une ennemie déclarée. Au contraire, elle devenait doucement mais sûrement la personne qui ne cessait de prendre plus d'importance dans sa vie. Cependant, ça ne rendait que plus nécessaire l'obligation de trouver de quoi l'empêcher de renier sa pilosité, après tout il se fichait pas mal que son ex opposant au poste de vice-capitaine ai pensé du mal de sa moustache (il avait de toute façon veillé à ce qu'on lui fasse passer l'envie de postuler), en revanche ce que pensait une personne qu'il appréciait et serait directement concernée par le contact avec cette moustache posait plus de problèmes.

Il la laissait donc parler tout en se construisant ses propres défenses, utilisant les moyens du bord. La difficulté de la chose reposait malheureusement sur l'improvisation. Il n'avait jamais cru utile d'avoir des arguments préfabriqués pour défendre sa moustache, puisqu'il ne pensait pas avoir un jour à la défendre. Il montait donc son plaidoyer avec l'assurance d'un homme qui construisait un château de sable sans eau à disposition, puis renonçait pour simplement écrire « château » dedans en espérant avoir au moins les points de culot. Mais Beatrix avait terminé de parler. Il était temps pour lui de montrer son chef d’œuvre.

-Merci, dit-il tout d'abord en souriant de son dernier compliment. Je ne m'inquiète pas, mais pourquoi est-ce que je voudrais me fondre dans la masse ? Non, ce que je cherche, c'est à m'élever au dessus ! Cette moustache me rend très reconnaissable, je suis presque le seul de cette flotte à en porter une et ça fait de longues années qu'on l'associe à moi. Quand on parle de moi, qu'on l'évoque, tout le monde comprend tout de suite de qui on parle. Sur ce point là, elle m'est particulièrement utile.

Se démarquer, sortir du lot, que ça soit par ses actions ou bien une moustache était nécessaire pour lui. Il devait marquer les esprits, être absolument inoubliable et pas juste « le grand brun là, tu sais ? » comme il y en avait des tonnes. Non, à la place on lui associait directement une caractéristique physique bien particulière qui marquait les esprits par son côté inhabituel, justement. On ne l'oubliait pas, on se penchait sur son cas avec une certaine curiosité, que la moustache plaise ou non. Bien entendu, il ne devait pas son succès professionnel à sa seule moustache, mais Beatrix ne pouvait nier qu'elle avait pu au moins l'aider à se faire remarquer passivement.

-Ensuite, je ne suis pas d'accord avec ton point de vue sur l'entretien. Ce que je veux dire c'est que bien sûr, elle en demande si je ne veux pas avoir les poils dans tous les sens, mais le temps que tu penses que je perds à m'en occuper, je le perdrais alors à la raser tous les jours à la place. Aucun gain de temps, tu vois ? Ou alors trop peu significatif pour qu'il soit un véritable avantage.

Après tout, il ne passait pas non plus trop de temps à s'en occuper. Vérifier que les poils ne partaient pas de travers, de temps en temps la tailler pour qu'elle ne ressemble pas à un buisson, tout ça ne prenait pas trop de place dans son planning jusqu'à maintenant.

-Peut-être que je n'ai pas été assez précis quand je parlais d'allure, poursuivit-il alors. Marcher avec le dos droit, regarder devant soi, le menton... tout ça, ce sont des choses que beaucoup de gens font, sans distinction particulière. La moustache donne une allure particulière. Elle rajoute un truc en plus, comme un peu d'originalité.

Original était le bon mot, même si vintage était sans doute le plus adapté. Certains aimaient, d'autre pas. À une époque, on lui avait presque interdit de la raser. À d'autres moments il avait dû faire taire les moqueurs à coup de poing. Il avait commencé à la porter comme un hommage envers une personne à qui il devait presque tout, puis avait continué par habitude. Aujourd'hui il avait largement dépassé tout ce que son modèle aurait pu lui apporter, mais il n'avait jamais songé à la raser pour autant. Khan n'utilisa pourtant pas l'argument de la valeur sentimentale. Il n’entraînerait que plus de questions, celles du genre auquel il ne pouvait apporter des réponses satisfaisantes sans se parjurer.

-Et tu es la première à me dire qu'elle pique, termina-t-il alors.

Ou en tout cas, la première que ça dérangeait. Rétrospectivement, il pensait ne pas s'être trop mal sorti dans sa tentative pour la convaincre, même si son pâté de sable ne ressemblait toujours pas à un château.
MessageSujet: (#) Re: Half victory and full concession ~ Beatrix    Half victory and full concession ~ Beatrix 3ViG0Cu Sam 20 Jan - 0:12
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Khan la remercie, et si elle ne comprend pas vraiment pourquoi, pour une fois, elle ne s’attarde pas très longtemps sur le sens caché du mot (il y a plus important, questions classées et triées, bien rangées).
Le débat pourrait sembler stérile, voire carrément inutile, pour certains, mais Beatrix est tout aussi concentrée que si elle était en train de discuter d’une anomalie qui viendrait parasiter le système de la pauvre Charlie. Presque aussi concentrée. Mais il n’y a pas grand-chose qui nourrisse autant son intérêt que Charlie (la comparaison lui paraitrait même ridicule, après réflexion). Elle apprécie tout échange d’idées pour son essence même, pour la vivacité et les pensées nouvelles et, si son partenaire aborde leur discussion comme quelque chose à gagner, elle est loin d’être dans l’optique de le concurrencer. Même si, vraiment, cette moustache pique.
Il étale ses arguments comme elle l’a fait avant lui, et elle fait de son mieux pour rester silencieuse, pour l’écouter comme il l’a fait quand c’était son tour. Ça a toujours été la partie la plus compliquée, parce qu’il y a toujours quelque chose à redire, à préciser, à décortiquer, juste pour être sûre d’avoir obtenu toutes les données. Ou peut-être que la partie la plus compliquée est de savoir quand elle peut recommencer à parler (a-t-il terminé ?). Il y a quelques faux départs, la bouche entrouverte et aussitôt refermée tandis qu’il reprend ses explications, l’impatience vibrant sous le sourire de façade. Et, finalement, au moment où elle est censée recommencer, elle ne sait pas vraiment sur quels pieds danser (a-t-il terminé a-t-il terminé ?) ; le temps s’allonge avant qu’elle se décide à rebondir sur les points qu’il a soulevé.
Dans l’ordre.
Il faut garder l’ordre.
« J’admets ne pas avoir songé au fait que tu puisses vouloir être reconnaissable. » Elle est à nouveau songeuse, se rendant compte, un peu déçue, qu’elle avait oublié un point fondamental lors de sa première argumentation : se mettre à la place de son interlocuteur. Si elle avait une faiblesse, c’était bien celle-là, souvent incapable d’observer une situation avec l’œil de quelqu’un d’autre, coincée dans sa propre tête et ses propres interprétations. Elle-même ne supporterait pas être reconnue à tous les coins de couloir. La simple idée a même tendance à la déranger et elle se rapproche, presque inconsciemment, du mur à sa gauche comme si ça pouvait suffire à la protéger (camouflage intégral). « Mais ne préfèrerais-tu pas être reconnaissable pour davantage qu’une moustache ? » Un autre coup d’œil qu’elle pose sur lui, perçant, comme pour imprimer son visage dans un coin de sa mémoire pour mieux l'analyser plus tard. « Il me semble personnellement plus gratifiant d’être reconnu pour des qualités dites morales, bien que je ne parle pas spécialement de moralité dans le sens qu’on pourrait communément lui attribuer, avec raison. Bravoure, intellect, charisme… » Elle a lâché sa main quelque part au milieu de sa phrase, comptant sur ses doigts à chaque nouveau trait énoncé (trois). « Dynamisme, force, impartialité… » Six. « Altruisme, ambition, détermination, modestie. » Dix. Et elle s’arrête ici, ses deux mains dépliées, satisfaite d’avoir désigné à chacun de ses doigts une qualité pour illustrer au mieux l’idée qu’elle essayait d’exprimer. « Évidemment, je m’éloigne ici d’un argument purement logique, il s’agit davantage de ma propre opinion, » il y a des airs d’excuse dans sa façon de hausser les épaules quand elle ajoute « tu es libre de te satisfaire d’une moustache comme accessoire nécessaire à ta… Hum. Notoriété ? » Le mot sonne creux dans sa bouche, soit parce qu’elle n’y croit pas, soit parce qu’elle n’y comprend pas grand-chose, à la notoriété (peut-être un peu des deux).

« Quant au fait que, selon toi, t’en débarrasser ne te ferait pas gagner assez de temps pour que l’argument soit recevable, je suis d’avis que chaque gain de temps, aussi minime soit-il, a son importance et permettrait, à terme, d’en dégager suffisamment pour le consacrer à une véritable activité. Mais, encore une fois, pour avoir une réponse définitive il faudrait procéder à des tests précis : nous pourrions par exemple mesurer combien de temps tu prends, chaque matin, pour la maintenir sur une durée de… » Elle fronce les sourcils, et sa main s’agite une nouvelle fois, avant qu’elle se décide à continuer. « Peut-être une semaine ? Il faudrait sans doute un peu plus de temps pour constater les diverses variations, mais cela me semble suffisant. Et, après cette semaine, nous pourrions ensuite mesurer le temps que tu prends chaque matin sans la moustache. Grâce aux deux tests, il serait possible de voir ce qui est le plus pratique » conclut-elle, et elle en parle d’un ton léger, bien qu’elle soit tout à fait prête à prendre de son propre temps pour réaliser les tests nécessaires (peut-être pourraient-ils commencer dès demain). Elle décide de ne pas le proposer, cependant : il faudrait qu’il se prépare chez elle, ou l’inverse, ce qui pourrait dès lors fausser les résultats (interactions différentes, temps perdu ou modifié, regard externe qui change les modalités), et s’il est seul à faire le test, rien ne pourra lui prouver qu’il a suivi la démarche de manière efficace (encore une fois, des résultats faussés).
Allure et précision, qu’il disait. Allure particulière. « Je ne parlerais pas de précision, plutôt d’interprétation. En ce sens, ton argument me parait invalide comme le mien te le paraîtra sûrement : je pense que chaque démarche, chaque manière de tenir sa tête est bel et bien distincte selon la personne, et que c’est ce qui détermine en grande partie l’allure, entre autres paramètres que j’ai déjà cités. Selon ma propre définition, ta moustache n’a donc pas grand-chose avoir avec ça. Je t’accorde cependant le fait qu’elle soit bien originale » parce qu’effectivement, elle n’en voit pas à tous les coins « et si c’était le but recherché, j'imagine que c’est réussi. » Elle-même n’a jamais non plus cherché à être originale, et le concept lui semble étrange, presque déplacé, au milieu de toutes les pensées qu’elle essaie du mieux qu’elle peut de rendre carrées. Notoriété, originalité, Khan dessiné autrement, du mal à jongler, à appréhender. Elle essaie, avec plus ou moins de succès, de capter les dissonances et leurs différences, mais a légèrement l'impression d'échouer à véritablement le comprendre, il y a des piièces du puzzle qui lui manquent. Elle lui adresse un sourire un peu forcé (comme beaucoup, comme tous) pour chasser la frustration et les doutes.

« Pour conclure, » et elle a maintenant des airs d’élève qui termine laborieusement un exposé « je suis peut-être la première à en être dérangée » hasarde-t-elle, parce qu’elle ne voit pas bien comment répondre à ce dernier argument (elle ne peut ni le contrer ni réellement l’expliquer, après tout). « Mais je ne pense pas que les échos que tu en as reçu par le passé aient réellement de l’importance, » puisqu’elle n’en a pas grand-chose à faire, de ce que les autres ont pu en penser « vu que je suis à présent aussi la première concernée. Et je peux t’assurer, grâce à deux tests et ma propre objectivité, qu’elle pique. » Elle appuie un peu sur le mot, objectivité, parce qu’elle s’efforce toujours de l’être, même si l’être totalement relève de l’impossible (doit-elle le préciser ?), parce qu'elle se débrouille comme elle peut avec les pièces qui lui manquent et que c'est plus compliqué que ce qu'elle avait imaginé.
MessageSujet: (#) Re: Half victory and full concession ~ Beatrix    Half victory and full concession ~ Beatrix 3ViG0Cu Dim 21 Jan - 2:02
Khan Andak
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Le silence s'éternise et Khan sourit. Il ne lui a pas dit qu'il avait terminé de parler et il la voyait s'impatienter de ne pas savoir si oui ou non elle allait pouvoir répondre. Quant à lui, il se moquait presque de ce qu'elle allait lui dire. Presque seulement parce qu'il ne perdait pas de vu que l'objectif de ce débat était de garder sa moustache. Pourtant, ce qui comptait en cet instant était de la voir ainsi concentrée, avec cette mimique qui l'avait marqué lorsqu'il avait recommencé à travailler avec elle. Une concentration qui cachait un esprit excentrique parfois difficile à suivre, comme il avait pu en avoir la preuve au début même de cette conversation, mais à la fois toujours tellement intéressant à regarder fonctionner.

Il souriait encore quand elle commença à répondre à ses arguments, commençant par admettre qu'elle avait négligé un point pourtant important de la personnalité de Khan. Il n'avait pas envie d'être discret. Il avait envie de monter plus haut encore, à un point où personne ne pourrait manquer de lever les yeux pour le voir. Il savait très bien que pour ce faire il n'avait théoriquement pas besoin de moustache, mais il n'était pas question de besoin. Il était question d'outil. La moustache servait à ce qu'on le reconnaisse facilement sans même avoir besoin de le nommer, qu'on le remarque alors qu'on ne le connaissait pas, qu'il sorte du lot alors qu'il n'en était qu'un élément comme les autres.

Sans retenir sa main lorsqu'elle lui échappa, il continua de l'écouter énumérer des qualités qui seraient selon elle préférable à une moustache, en terme de critères de reconnaissance moraux. Aucun d'entre eux cependant n'émut particulièrement le vice-capitaine, bien placé pour savoir que sur le papier ce genre d'idéalisme était louable, mais que la réalité était souvent différente de la théorie, même si certains étaient effectivement plus parlant que d'autres. Il ne pu de toute façon pas s'attarder à réfléchir plus longtemps à sa liste, puisqu'elle avait déjà enchaîné sur autre chose, à savoir le point du temps perdu ou gagné. Les arguments s'enchaînaient ainsi en suivant le chemin tracé par les siens, le reprenant sur certaines choses, le contredisant pour d'autres et même en acceptant quelques uns de ses arguments. Il n'était donc pas si mal, son château de sable.

Finalement, ce fut surtout son ultime commentaire qui sembla réellement avoir un impact sur lui. Qu'elle en soit la première concernée était en soit l'un des arguments qui avait le moins de valeur « logique » par opposition aux autres, mais aussi l'un de ceux les plus forts. Elle faisait valoir le poids de son avis dans une relation qui ne faisait que commencer et Khan pouvait respecter ça. Certes, elle ne l'imposait pas comme aurait pu le faire une autre et l'entièreté de son discours ne possédait même pas le seuil d'agressivité minimum requis pour véritablement démontrer une implication profonde dans ce débat, pourtant, à sa façon elle lui disait enfin directement que l'avis des autres (y compris le sien) n'avait finalement pas d'importance sur le sujet tant qu'elle se trouvait dans l'équation. Si on lisait entre les lignes, c'était donc un aveu qu'elle avait envie d'y être, dans cette équation.

Khan se contenta donc de la regarder un moment à son tour sans répondre, continuant de marcher par automatisme dans la bonne direction. Il finit pourtant par détacher son regard d'elle, les mains dans les poches et les yeux tournés devant lui pour ne pas se faire surprendre par un objet quelconque sur son chemin. Il tenait à cette moustache, c'était un fait. Cependant, il tenait aussi à Beatrix. Elle apportait cette dose de candeur et d'étrange insouciance qu'il avait depuis longtemps abandonné. Beatrix ne cherchait pas à sauver le monde, elle ne cherchait pas particulièrement à acquérir une quelconque reconnaissance sociale, elle ne souhaitait pas non plus être au centre de l'attention. Elle souhaitait simplement qu'on la laisse faire ce qu'elle voulait avec ses appareils informatiques et qu'on réponde aux questions soudaines qu'elle se posait.

-Tu n'as pas tort, finit-il par dire après un silence trop long.

Il repensa alors aux raisons qui l'avaient poussé à porter cette moustache, l'hommage qu'il souhaitait alors rendre à son oncle, mort au cours d'une sombre histoire de vendetta. Il avait depuis longtemps fait son deuil de cet homme et ne prenait que très rarement le temps de penser à lui, ne portant finalement la moustache que parce qu'elle lui plaisait et qu'il en avait prit l'habitude, en plus de toutes les bonnes raisons qu'il avait lui-même citées. Cependant, s'il les avait lui-même évoquées, il ne pu empêcher cette petite voix de lui murmurer qu'elles étaient désormais légèrement dépassées. Peu de gens avaient besoin de Pascal pour le reconnaître aujourd'hui. Son nom était suffisamment évocateur pour qu'on se passe de description. Qui pourrait manquer le manquer au milieu de la foule alors que son uniforme était parfaitement reconnaissable ? Et n'était-il pas déjà depuis longtemps sorti du lot ? Peut-être était-il temps de faire évoluer son apparence au même titre qu'il avait fait évoluer sa carrière et sa notoriété.

-Demain matin je me raserais, décida-t-il alors.

Il soupira. Il ne pouvait nier qu'il lui en coûtait de faire ça, mais il s'imaginait sans peine un dernier argument non dit en la faveur de Beatrix : jamais elle ne cesserait de lui faire comprendre qu'il devait se raser s'il ne le faisait pas. Il préférait donc tout bêtement éviter d'avoir sans arrêt les mêmes arguments dans les mêmes conversations à chaque fois qu'il essayerait de l'embrasser. Et puis, si sa nouvelle apparence ne lui plaisait pas, il pourrait toujours la laisser repousser.

-Je dis demain et je viendrais te voir pour que tu puisses te rendre compte d'à quel point cette moustache est fabuleuse et qu'elle te manquera quand elle ne sera plus, rajouta-t-il en retrouvant un semblant de sourire.
MessageSujet: (#) Re: Half victory and full concession ~ Beatrix    Half victory and full concession ~ Beatrix 3ViG0Cu Lun 29 Jan - 0:36
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Elle n’aime pas spécialement qu’on la fixe.
Toujours l’impression qu’il y a une question dans le regard qui se pose, et si pas une question, quelque chose qui cloche, qui tourne pas exactement rond.
Elle n’aime pas non plus le silence, parce qu’elle ne sait pas quoi en faire (parler ou se taire ?). Elle compte les secondes dans sa tête, un deux trois quatre cinq six – est-ce qu’elle a oublié quelque chose ? Pourquoi tu ne réponds pas ? Elle a le temps d’énumérer quelques hypothèses, de revenir en arrière (révision des derniers sujets de conversation), de se mordre légèrement les lèvres avant qu’il, enfin, se décide à parler. « Tu n’as pas tort » et elle aurait voulu qu’il soit un peu plus spécifique, parce qu’elle a parlé de beaucoup de choses et bien qu’elle ait cité tous les arguments qui lui semblaient pertinents, elle a du mal à imaginer qu’elle ait raison sur toute la ligne. Ça ne lui est effectivement jamais arrivé, plutôt l’inverse : mauvaise interprétation de sa part, et un discours qui ne valait rien à l’arrivée car il tapait totalement à côté.
Mais il ne reprend aucun des points débattus précédemment, alors elle en vient à la conclusion que peut-être peut-être elle a réussi à le convaincre pour de bon. L’idée la fait sourire, fossettes marquées et yeux pétillants, plus parce qu’elle a réussi à trouver les bons mots que parce qu’elle a remporté le débat. Lui ne sourit pas du tout lorsqu’il lui dit qu’il se raserait le lendemain, et pour une fois Beatrix remarque l’expression plus sombre que la sienne. Ses yeux s’éteignent un peu, et si son sourire reste figé, il se fait plus gêné. Aurait-elle dû abandonner ?
Mais elle n’aurait pas pu laisser tomber, pas avant qu’il ne lui dise clairement sa décision. Il a choisi (parce qu’elle n’a pas tort). Son soupir l’inquiète cependant encore plus, suffisamment pour qu’elle se mette nerveusement à jouer avec le bout de sa propre manche (peut-être qu’elle pourrait l’étirer suffisamment pour disparaître tout entière à l’intérieur). Pas assez pour qu’elle se décide à lui demander si ça ne l’ennuie pas.
Bien sûr que ça l’ennuie.
Elle ne veut pas l’entendre lui dire, toutefois. Ces questions-là, et seulement celles-là, elle ne les pose pas. Lèvres cousues sur des dents éclatantes, corps tendu à l’affût, les conflits ingérés et ingérables, elle ne sait pas faire, elle est tout bonnement incapable de bredouiller un simple ça va ? – parce qu’elle ne veut pas savoir. Plusieurs fois elle a essayé, des années à s’entraîner et jamais jamais jamais elle n’a réussi à la poser (au bon moment), préférant s’enliser dans les non-dits (et les faux semblants). La dernière fois, ça lui a coûté une partie d’elle, peut-être même plus qu’une partie, peut-être elle toute entière, mais ça n’a rien changé, rien débloqué. Elle n’y arrive simplement pas. Elle se contente donc de tirer tirer tirer bouche cousue à entendre son soupir bien longtemps après qu’il ait expiré.

Si longtemps en fait qu’elle entend à peine quand il reprend la parole, sursaute presque (est-ce que c’est le moment où tout explose cette fois-ci ?). D’autres explosions, parfois provoquées par accident, appréciables souvent, de temps en temps pas du tout, d’autres instants où elle n’a pas eu le temps de sentir le vent tourner et maintenant non plus elle n’est pas préparée. « Je dis demain et je viendrais te voir pour que tu puisses te rendre compte d'à quel point cette moustache est fabuleuse et qu'elle te manquera quand elle ne sera plus. » À présent, il lui sourit aussi, et elle se détend en un coup, nœuds dénoués et respiration retrouvée, lui renvoyant une expression plus enjouée encore. Rien de cassé.
Le soulagement ne la porte pas bien longtemps cependant, puisqu’elle s’arrête d’un coup en plein milieu du couloir, les sourcils légèrement froncés. « Demain ? » Elle répète, comme il a répété un peu plus tôt (mais lui ne demandera pas pourquoi), et ça dure longtemps de son côté à elle aussi, le silence. Il ne veut sans doute plus passer la soirée avec elle maintenant (peut-être même veut-il faire le deuil de sa moustache dignement), et si elle comprend, elle ne peut s'empêcher d'être brièvement déstabilisée par le rituel brisé. Finalement, elle hoche la tête, parvenue à une décision. « Demain alors. Mercredi à la place de mardi. Je ne pense pas qu’elle me manquera, mais je te ferai part de mes impressions. » Et elle lui jette un coup d’œil perçant, histoire de mémoriser son visage avant qu’il ne se débarrasse de sa moustache, pour pouvoir faire un compte-rendu détaillé le lendemain. Juste après, elle s’approche de lui pour l’embrasser – rapidement, parce que ça pique toujours –, puis détourne les talons en direction de sa cabine. « À la même heure, alors » ajoute-t-elle pour lui autant que pour elle-même, s’éloignant déjà.
Ce n’est que lorsqu’elle est presque arrivée chez elle qu’elle se rend compte qu’elle a sans doute omis de lui dire au revoir correctement, et elle se demande s’il a compris qu’elle a aussi remplacé les formules d’usage par un baiser, tout comme il l’a fait pour lui dire bonjour.
Sûrement a-t-il compris, lui.
Mercredi, c’est ce jour-là qu’elle va répéter en boucle, maintenant.
MessageSujet: (#) Re: Half victory and full concession ~ Beatrix    Half victory and full concession ~ Beatrix 3ViG0Cu 

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