Messages : 374 Occupation : MORT - premier directeur du comptoir Cygni, décédé dans l'exercice de ses fonctions Habitation : UNE PETITE URNE Pseudo : Frey Avatar : Joel Kinnaman Crédits : Sign : Bat'phanie ; gif : a-weiter
Sujet: (#) Re: J'avais la rage, j'aurai la haine | Kara Mar 16 Jan - 11:03
Tiaan KrishvinUne heure. Le temps qu'elle avait devant elle, la marge qu'elle s'était promis de consacrer à la salle de torture. S'il n'y avait eu qu'elle, il aurait été impossible de la trouver en cet endroit. Or, son médecin appréciait les efforts, et elle préférait se contenter du minimum syndical plutôt que de se voir imposer des séances plus régulières. La course était un bon début – mais ne stimulait pas vraiment ses muscles supérieurs. Résolue, elle s' était attelée. Rien d'autre que le bruit des machines, d'un rythme méprisant en canon du beat électro qui se déversait dans ses oreilles. Les yeux clos, la machine et elle ne faisaient plus qu'un, alliage de métal et de magie. Peut-être. Si cet amour avait été réciproque. Mais elle se contentait de la fatalité. Elle s'accrochait pourtant, les doigts crispés sur la barre qu'elle ramenait constamment vers elle, mais peu importe ses efforts, cette relation n'amenait à rien. Toutes les deux secondes, il fallait recommencer. Retrouver la proximité perdue. Elle voulait lui dire, reste, reste près de moi, pourtant la machine reprenait son dû à chaque fois. L'insensible. Les conversations imaginaires occupaient son esprit pendant ce travail assommoir. Il n'y avait qu'elle. Que la machine. L'objet de toutes ses pensées – certainement pas de son désir. Ou le désir violent de ne plus jamais la revoir, de satisfaire ses instincts en l'abandonnant pour ne plus jamais la retrouver. Elles étaient coincés, leur entremetteur tenant particulièrement à ce qu'elles fassent preuve de bonne foi et se retrouvent régulièrement. En attendant un divorce qui n'arrivera jamais, elle pouvait sentir sa chair se tordre et ses muscles se tendre, ses cellules crier au massacre. Écouter son corps, toujours, seulement tout ce qui parvenait à ses oreilles n'était que bruitages synthétiques et des voix robotisées.
Une minute. Le temps pour elle de reprendre son souffle, d'avaler quelques gorgées d'eau et d'adapter la difficulté alors qu'elle changeait d'exercice. Basculant la barre derrière sa nuque pour faire travailler les muscles de son dos, elle se focalisa quelque part entre les données holographiques produites par sa tablette et un point quelconque du métal de la machine. Elle enregistrait l'intégralité de sa séance pour avoir des preuves – et parce qu'on l'y avait expressément obligée. Puis les mouvements réguliers prirent possession de son corps, une mécanique que certains trouvent apaisante. Elle, elle a juste l'impression d'avoir appuyé sur un bouton, qu'on a mis son cerveau en pause, et ses muscles dans une boucle infinie. L'inverse exact de son quotidien, de sa raison d'être. Le manque d'intérêt pour la discipline physique ne transparaît cependant pas dans sa rigueur, mais personne ne pourrait confondre son corps avec celui d'un membre de la Défense – Ana, par exemple, avait des muscles toniques à des endroits où Kara doutait, elle, de posséder quelque chose d'autre qu'un peu de vide. Il lui faudra un moment pour réaliser qu'un détail avait changé dans la bulle qu'elle s'était créée. Une ombre. Un dessin légèrement plus sombre dans son champ de vision, une présence qui alerte ses instincts. Tournant la tête, elle se retrouve face-à-face avec son idiot préféré. Elle roule des yeux instinctivement, avant de se redresser pour ne pas froisser un muscle. Elle continue, sans broncher, tente de se focaliser sur la musique, sur son souffle. Mais rien n'y fait, et l'ombre est toujours plantée là.
Une seconde. Le temps qu'elle n'a pas à lui consacrer. Malgré elle, elle lâche la barre, puis baisse le masque qui l'alimente en oxygène. Pas qu'elle ait réellement besoin de ce support pour tenir son heure d'entraînement – même si elle devait le reconnaître, cela aidait bien – mais l'objet servait à la fois de muselière et de barrage anti-odeurs. Ce dernier point en particulier l'avait convaincue. L'odeur de sueur vieille de dix ans fut la première chose qui la frappa et mit K.O. son odorat. Elle pencha légèrement la tête vers son spectateur unique, dont elle se serait bien passée. Elle avait beau être assise sur le banc de la machine, et lui la surplomber de toute sa hauteur, ce n'était pas ce qui allait l'empêcher d'attaquer la première. Vous admirez la vue, officier ? Glissant un doigt sur son oreille pour couper le flux musical, elle était quasiment certaine que celui-ci n'allait pas passer son chemin. Pas maintenant. Pas alors qu'il venait de capter son attention. Pas alors qu'elle venait de le rabaisser. Il n'allait pas laisser passer sa chance de gagner un autre round verbal, d'un match qui n'était jamais vraiment fini. Il ne pouvait décidément pas fuir avant même de combattre, pas lui. Et rien qu'à cette idée, les lèvres de Kara s'étiraient dans le plus doux des sourires putassier qu'elle savait si bien lui offrir. Ou vous voulez aussi m'accompagner sous la douche ?
Sujet: (#) Re: J'avais la rage, j'aurai la haine | Kara Mer 17 Jan - 0:52
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Sujet: (#) Re: J'avais la rage, j'aurai la haine | Kara Sam 20 Jan - 22:45
Ses muscles endoloris par l'effort chauffaient encore sa peau. En revanche, c'était la présence inopinée du douanier qui lui chauffait le système nerveux, bousculant ses neurones jusque-là comateuses. Ce n'était ni une délivrance ni un soulagement, plutôt une situation évoquant un réveil sous un jet d'eau glacé. Désagréable, et terriblement efficace. Sauf qu'un réveil abrupt ne durait qu'une seconde, et que lui était toujours là. Là, la surplombant de toute sa hauteur comme si c'était la seule chose qu'il était capable de faire, la gênant sans pour autant esquisser le moindre bruit. Il en faut peu, pour l'énerver. Surtout quand le peu s'appelle Tiaan, la réaction est immédiate. Kara n'a pas besoin d'autre chose pour capter ses ondes putrides, déformées par la rancœur. Alors elle attaque la première, légèrement, laissant une remarque flotter dans l'air. Un échauffement. Un échauffement visiblement trop subtil pour son adversaire qui ne releva même pas l'insulte qu'elle y avait glissé. Rien. Pas même une correction acide sur son grade. Officier, visiblement, ça ne le gênait pas. Tant mieux. Pourtant, elle pensait bien qu'il était au moins sergent … Voire lieutenant, si ses souvenirs étaient bons. Comme c'était étrange, elle qui était persuadée le piquer à vif ou de provoquer une réaction se retrouvait sans rien à se mettre sur la dent. Pire, elle fut déçue quand les seuls mots qu'il daigna lui adresser étaient d'une banalité sans équivoque. Prévisibles à souhait, étant donné qu'elle lui avait tendu une sacrée perche. Oh, Tiaan, où est donc passée ta répartie ? Ooooh … fit-elle, mi-amusée mi-attendrie, entièrement ironique. Son respect s'envola avec les étoiles, alors qu'elle continuait sur le même ton : J'te savais pas aussi exigent ... Il avait l'air ailleurs, toutefois. Imaginait-il la scène ? Espérait-il la faire disparaître de ses pensées ? Il n'avait qu'à ne pas venir se poster à ses côtés en premier lieu. Et le voilà déjà qui papillonnait ailleurs. Il abandonnait sans combattre. Quelle tristesse. En plus, elle n'avait rien compris à son histoire de documentaire et d'humanitaire. Ouais. Kara s'inquiéter pour lui, ça devrait être filmé pour un documentaire, récompensé pour la performance et l'acte charitable effectué. Mais déjà il avait tourné les talons. Comme ça. En un souffle, sans la piquer ou presque. La mine déçue, les yeux pleins d'une pitié forcée, elle éprouvait presque de la peine pour lui. Presque. Elle ne voyait plus que son dos mais il l'entendrait encore. C'est tout ce que t'as trouvé, mon petit ? Tu veux que j'appelle ta maman, lui dire que tu n'vas pas bien ? Que t'as perdu ton sens de la répartie en faisant gonfler tes muscles en carton ?
Elle ne le suivrait pas. Question d'honneur. Malgré tout, il avait réussi à la distraire suffisamment longtemps pour que l'idée de reprendre sa séance où elle l'avait arrêtée la fasse vomir. Trop d'odeurs, trop de sueurs. Elle réprima un haut-le-cœur en rangeant ses affaires, l'équipement à oxygène et sa tablette. Aussi, la chercheuse en profita pour transférer les données recueillies pendant sa séance vers son dossier médical. Puis elle se dirigea vers les douches, mais fit demi-tour à la moitié du chemin, slalomant entre les sportifs d'un jour afin de voir, enfin, la sortie. Les odeurs l'avaient rendu nauséeuse, et elle ne savait pas si son estomac allait chavirer si elle restait une seconde de plus à l'intérieur. Même la douche ne calmerait pas ces odeurs, ne faisant que les mélanger à d'autres. Non. Il fallait qu'elle sorte d'ici avant que son déjeuner ne fasse qu'empirer la situation. A peine la porte de la salle fermée derrière elle, qu'elle se rua sur la plante en pot la plus proche. Merde ! Qu'est-ce qu'elle n'aimait pas se retrouver dans ce genre de situations ! Elle n'était même pas bourrée, en plus ! Tant mieux, en un sens. Mais elle se sentait tout aussi mal, misérable créature qui n'arrivait même pas à supporter trois minutes de sueurs. S'éloignant de la plante comme si elle venait de commettre un crime – sans doute était-ce un crime aux yeux de ceux qui en prenaient soin – son regard capta cependant une silhouette qui entrait dans son champ de vision. Une silhouette bien trop familière … Grillée. Elle n'avait pas le temps de s'éloigner, de faire semblant. Autant assumer. Tiaan … Tu m'avais pas manqué.
Sujet: (#) Re: J'avais la rage, j'aurai la haine | Kara Mar 23 Jan - 23:41
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Sujet: (#) Re: J'avais la rage, j'aurai la haine | Kara Sam 27 Jan - 21:53
Les embruns de sueur ne laissaient dans leur sillage qu'une effluve salée, témoignant de la présence furtive de Tiaan. Trop peu, pas assez, et à la fois imbuvable. L'entrelacs d'odeurs prit néanmoins le dessus, et le passage de la silhouette indésirable fut bientôt aussi tangible qu'un souvenir. La réalité froide reprenait ses droits, ses organes leurs devoirs – et ceux-ci comprenaient la réjection totale de la puanteur mêlée à l'effort fourni. En un temps record, donc, son envie de se laver, d'éliminer de la surface de ses cellules l'éphémère approche du douanier, qui avait abandonné la bataille sans même essayer de lutter, se transforma en des nausées irrépressibles. Effet papillon ou dégoût physique ? Elle n'aurait sû choisir. La sentence tombe pourtant, irrévocable, appuyant sur son estomac, acidifiant sa bouche. Sortir enfin de cet endroit répugnant faisait appel au changement stratégique de direction. La plante en pot s'offrait en oasis face à elle, et sans chercher à comprendre, elle en fit son échappatoire. Elle rendit l'amertume sous sa peau en même temps que son repas, se débarrassant également des dernières sources d'énergie de son corps. L'odeur, en revanche, ne s'était pas évanouie.
Tout comme, le constata-t-elle en se relevant, chancelante, son meilleur ami de tout l'univers. Ah ! Quel homme. On pouvait toujours compter sur lui. Oui, pour être au mauvais endroit, au mauvais moment. Ce qui, clairement, signifiait qu'à chaque fois qu'ils se croisaient, c'était ledit mauvais endroit, et ledit mauvais moment. Elle aurait pu lui offrir un sourire radieux ainsi que la vue et l'allégresse de ses dents, malheureusement, elle était bien éduquée et elle avait tout craché au pied de la plante. Par … dépit, donc, elle se contenta des plus chaleureuses retrouvailles dont elle était capable à cet instant, tout en espérant disparaître sous le plancher sur lequel elle se situait. Devenir invisible. Remonter le temps de dix minutes. Ou qu'il succombe à une crise cardiaque. La situation était, de son point de vue, plutôt gênante.
Elle peut le voir rutiler sous ses yeux. Il jubile, elle le sent, le voit dans ses yeux ternes, ses lèvres amusées. Et son ravissement puait tout autant que le reste. Je v-v-vois ça. Ça va aller ? Après avoir affiché un air choqué, stoïque pendant quelques instants parce que Kara s'était attendu à tout, sauf à ça, elle finit par éclater de rire. Un rire nerveux considérant la situation et l'embarras dans lequel elle était, un rire franc et joyeux néanmoins. Merde, alors ! s'exclama-t-elle quand son rire s'évanouit, transporté par l'écho entre les couloirs. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été aussi drôle, le petit. Elle aurait presque pu y croire, à la sincérité cachée dans ses mots. Pas dupe, elle se doutait que la bienséance l'obligeait à prétendre à de tels refrains, son intérêt et son inquiétude réel sans doute prétendus. Il a dû se passer de drôles de choses, dans les douches … Mais j'aimerai bien retrouver mon connard insensible préféré, s'il vous plaît. Vous savez où il est ? Le voir lui demander si elle allait bien était … presque flippant. En fait, à cet instant, elle était vraiment plus inquiète pour sa santé mentale à lui, que sa propre condition physique. Il ferait mieux de revenir à son état normal d'urgence, parce que même si elle ne l'avouerait jamais, elle aimait bien leurs échanges insultants et inutiles ; ça entretenait l'esprit. Même s'il l'agaçait, elle trouvait toujours un moyen de se défouler verbalement sur lui. Il ne devait pas changer.Houston, nous avons un problème, lança-t-elle finalement, un sourire narquois s'accrochant à ses lèvres.
Sujet: (#) Re: J'avais la rage, j'aurai la haine | Kara Sam 3 Fév - 18:57
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Sujet: (#) Re: J'avais la rage, j'aurai la haine | Kara