Elle ouvre le zippo et le referme. Elle l'ouvre et le referme. Clac. Clac. Clac. Clac. Encore, et encore, et encore, et encore. Comme si ce geste allait pouvoir la faire se décider. Comme si ce geste pouvait lui donner la réponse à sa question : est-ce-qu'elle ose ? Non, le geste ne lui donne pas la réponse à cette foutue question. Et pourtant, Vega n'est pas le genre de femme à hésiter et à se poser mille et une questions non. Vega, elle est plutôt du genre fonceuse qui n'a pas sa langue dans sa poche. Alors pourquoi tant d'hésitation ? Pourquoi tant d'indécision ? Parce que c'est d'Olwen dont il s'agit et que ce n'est pas n'importe qui. Pas pour elle. Un soupir et elle se laisse retomber sur sa couchette. Clac. Clac. Clac. Clac. Les yeux sombres de l'Abeille fixent le plafond. C'est con mais elle ne peut s'empêcher d'hésiter. Elle ne peut s'empêcher de se demander si c'est une bonne idée. S'il s'agissait de n'importe quel homme, elle n'aurait pas peur de faire du rentre dedans, quoiqu'elle ne soit pas femme à aller chercher des aventures tous les soirs. C'est assez rare pour Vega de partager le lit d'un homme, pas que l'acte en lui-même lui déplaise, au contraire, mais elle manque tellement de confiance en la gente masculine que c'est compliqué. Alors, quand un homme lui plaît vraiment et qu'elle a envie de se laisser aller, elle approche, elle tente, elle savoure puis elle disparaît. Mais Olwen c'est différent. Olwen, elle l'a connu quand elle était toute gosse. Olwen, elle ne l'a pas revu pendant des années, jusqu'à ce qu'elle le croise un jour sur la Flotte et qu'elle le reconnaisse malgré les années. Olwen, elle a dû lui dire pour Zosma et ça lui a fait mal et à elle aussi ça lui a fait mal de tout lui raconter comme ça, tout ce qu'elles avaient vécu, tout ce qu'elle, Vega, avait vécu avec son petit frère après la mort de Zosma. Et après ça, ils se sont évités. Ou peut-être que c'est juste Vega qui a évité Olwen, elle ne sait pas trop, mais elle a fait en sorte de prendre la direction opposée à chaque fois qu'elle le voyait, ça c'est certain. C'est parce qu'elle voyait la douleur dans son regard. Elle revoyait le regard de l'adolescent à travers les yeux de l'homme.
Elle revoyait des choses qu'elle pensait enfouies à jamais dans son esprit.
Et puis le temps est passé et finalement, ils se sont retrouvés. Blessés, encore et toujours blessés mais ni l'un ni l'autre n'a plus parlé de ce qui faisait mal. Les fois où ils se sont vus, les conversations ont été légères, ponctuées par quelques verres et des cigarettes. Et c'est venu. Doucement mais sûrement : l'attirance. Une saleté d'attirance que Vega a bien tenté de mettre de côté parce que c'est Olwen justement et parce qu'Olwen, quand il était adolescent, il était fou de la grande sœur de Vega. Et Vega, elle ne veut pas jouer la pâle copie, elle ne veut pas être un lot de consolation. Elle veut... Quoi ? Que veut-elle d'ailleurs ? Une nuit avec lui ? Certainement pas non, ça serait trop étrange après de faire comme si... Alors quoi, quelque chose de sérieux ? Elle n'a jamais envisagé ça, jamais. Clac. Clac. Clac. Clac. Elle ferme les yeux. Clac. Clac. Clac. Clac. Elle le voit. Putain elle le voit. Son regard. Son regard... Elle rouvre les yeux et se redresse. Qu'a-t-elle à perdre ? Au pire il la repousse, elle le prend mal, fait la gueule un temps, s'en remet et retrouve son ami quand elle sent prête. Au mieux... Elle ne sait pas trop mais elle ne risque rien. Juste l'échec. Le rejet et ça fera mal mais elle va vu bien pire alors elle peut bien prendre le risque non ? Oui. Clac. Le zippo est définitivement refermé, glissé dans la poche arrière de son jean et elle se redresse complètement en attrapant au passage sa large et légère veste fait d'un vieux tissu récupéré il y a des années de ça. Elle jette un coup d'oeil à son reflet dans le miroir et hésite un instant avant de venir entourer ses cheveux d'un foulard coloré. Les vieilles lunettes de soleil qui ne servent à rien mais qu'elle a réussi à trouver en fouinant sont accrochées dans la brassière noire. Oui. Pas mal. Le style est tout sauf discret et passe-partout mais elle s'en contrefout : elle se sent bien comme ça et vu ce qu'elle est sur le point de tenter, mieux vaut qu'elle se sente bien.
Mieux vaut oui.
Elle attrape son terminal parce qu'on ne sait jamais, le glisse dans l'autre poche de son jean et la voilà partie en direction de l'Helios et plus précisément, la cabine d'Olwen. Et elle a le pas sûr Vega. Elle y va. Elle fonce. Maintenant qu'elle a cessé d'hésiter, eh bien il est impossible de l'arrêter. Du coup, quand elle se retrouve face à la cabine d'Olwen et qu'elle n'obtient aucune réponse, ça la frustre Vega. C'est comme quand on est prêt à faire quelque chose de complètement dingue et que soudain, on nous annonce qu'en fait c'est annulé, qu'on ne peut pas le faire.
« Chier... » qu'elle marmonne tout bas.
Elle plisse les yeux, réfléchit et en fait, il ne lui faut que quelques instants pour deviner où il est : s'il n'est pas dans sa cabine, il traîne très probablement dans son bureau ou son labo ou elle ne sait pas trop. Elle n'a encore jamais mis les pieds là-bas, même si elle sait où c'est. Alors, ni une, ni deux, elle fait demi-tour et prend la direction du bureau d'Olwen. Parce qu'elle est décidée et que maintenant que c'est le cas, il n'y aura qu'un refus de la part d'Olwen pour la faire changer d'avis. Ou bien un Olwen en train de totalement péter les plombs. Parce que c'est bien ce à quoi elle assiste alors qu'elle pénètre à l'intérieur du bureau, sans gêne, alors qu'elle entend des bruits sourds, alors qu'elle s'approche de ce qui ressemble à un placard et qu'elle en ouvre la porte. Il est là, en train de balancer elle ne sait quoi contre les murs du dit placard visiblement en proie à une crise de colère dont elle ne connaît pas l'origine mais... Elle reste sans voix. Et sans bouger Vega. Elle en oublie la raison première de sa venue ici ce soir. Parce qu'elle ne l'a jamais vu comme ça Olwen. Parce qu'il a tenu de tels discours sur la propre colère de Vega, sur la façon dont elle devait essayer de faire avec et de mieux la contrôler et lui il... Il... La contrôle visiblement, la plupart du temps. Il ne l'a pas vue. Il est trop aveuglé par la rage pour la voir. Et elle, ce n'est que quand elle aperçoit dans un rayon de lumière du sang sur le visage d'Olwen qu'elle est de nouveau capable de bouger.
« Olwen ! » qu'elle dit en haussant la voix pour être certaine qu'il va bien l'entendre. Sauf qu'il ne semble pas l'entendre, même alors qu'elle a justement haussé la voix. Alors, elle n'hésite pas, elle s'approche et vient poser ses mains fermes sur les épaules d'Olwen. Sur le coup, ça semble être une bonne idée. Sur le coup seulement parce qu'elle est idiote Vega, de penser qu'elle ne risque de prendre aucun coup en agissant de cette façon. Idiote oui.
Mais surtout inquiète. Pour lui.
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Sujet: (#) Re: The world burns around us. [Olwen] Dim 21 Oct - 21:27
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❝ The world burns around us. ❞
Plus tard, on pourra se marier? Elle lui avait demandé ça, de la terre sous les ongles à force de creuser tandis que lui restait à côté, la plante dans les bras. C'était malin: essayez donc de vous enfuir, vous, en portant quelque chose d'aussi lourd... Zosma, un an plus jeune que lui. Lui aussi n'était pas vieux : on les appelait encore des enfants, on les considérait comme tel. On ne les prenait pas au sérieux... Il se souvint avoir haussé les épaules, un peu malhabile avec le geste, songeant que son père le faisait beaucoup quand sa mère lui parlait.
On pourra jamais, pas vrai? Cette fois-ci il avait les mains libres et le coeur lourd. Cette fois-ci il était plus vieux aussi, pas encore adulte, presque peut-être mais au final ça changeait pas grand chose. Toujours le même haussement d'épaule, toujours le même silence. Il se rappelait avoir penché la tête cependant pour embrasser le front de la jeune fille, songeant à tout ce qui avait été, tout ce qui ne sera jamais. Et puis à elle, surtout à elle.
Je t'offre les adieux les plus merdiques au monde, Zosma, encore mieux qu'un mariage....
Oui, il avait osé lui dire ça, se récoltant une belle gifle au passage. Une gifle, un éclat de rire, lui était resté impassible comme à son habitude. Des gosses encore, des putains de gosses, rien de plus. Des gosses incapables de s'aimer, de se promettre de se suivre, de le faire simplement même si du coup ça signifiait plus se revoir, non, plus jamais... Est-ce qu'il l'avait embrassé, est-ce qu'il l'avait seulement embrassé? De cela, Olwen ne se rappelait même plus.
Lorsque Vega, des années plus tard, avait posé les yeux sur lui, l'avait reconnu, pour la première fois Olwen pensa à autre chose que Bethany. Il voulu chercher l'ombre d'une femme, se disant que cette fois-ci il était assez fort pour lui attraper la main, pour lui parler peut-être aussi. Ne cherche plus, lui fit comprendre Vega, avec d'autres phrases, d'autres mots. Ne cherche plus, elle ne reviendra pas cette femme que tu as peut-être embrassé, peut-être pas. Et cela faisait sens bien sûr, que Zosma ne soit pas là. Parce que Zosma était morte.
C'était pas juste, jamais personne leur avait dit qu'ils disposeraient de si peu de temps. C'était pas juste, parce qu'Olwen aurait pu être quelqu'un d'autre, quelqu'un de mieux et lui promettre de belles choses qu'elle méritait, plutôt que de rester avec son coeur égoïste. Mais Olwen n'était qu'Olwen : depuis le début de sa vie il accumulait les chagrins comme autant de trésors. Désormais, Zosma en était un de plus et pour de longs moments il saigna d'elle tout autant qu'il saigna de Bethany. Jusqu'à ce qu'il ne la laisse partir, elle, son souvenir, peut-être le geste le plus poignant qu'il aurait à son égard. Qu'elle ne devienne pas le fantôme de ses colères à lui... Ne plus s'accrocher à son souvenir, se creuser le coeur pour une solitude de plus, laisser partir un deuil qui au fond ne lui appartenait pas tant que cela. Se dire qu'au fond, elle aurait détesté l'homme qu'il était devenu.
D'autres années passèrent, puisqu'ils étaient vivants, eux, avaient à en traverser encore. Ne plus penser à Zosma, confondre son chagrin avec la tristesse de Bethany...cela marchait. Et puis personne ne lui demanda s'il portait une douleur de plus, une douleur autre. La silhouette d'Olwen était tellement creusée à cela qu'il paraissait impossible de faire la différence.
Il eut à se mettre en colère d'autres choses, parfois grandes, parfois petites. Le travail de ses journées l'occupait, dans sa solitude pouvaient venir des amis, des collègues, des gens simplement. La vie d'Olwen sur la Flotte était ainsi, l'homme ne cherchait pas à la rendre heureuse, n'y voyant aucun intérêt. Il faisait ce que l'on attendait de lui : son travail.
Aujourd'hui était un jour comme un autre, le coeur lourd dans la poitrine pesait le poids de sa vie. Il portait le même aux yeux, l'obscurité en plus. Alors que l'après-midi touchait à sa fin, Olwen fit le tri dans ses papiers. Des piles, égales, bien nettes pour ne pas que quelque chose se perde. Il se leva ensuite, ôtant la veste qu'il portait de ses épaules. Un endroit se rafraîchissait vite quand on restait assis sans rien faire d'autre que penser et écrire, la sensation de froid lui arracha un frisson. Qu'importe. Des détails, de simples détails. Depuis combien de temps cette colère là couvait en lui, quelle avait été son point de départ? Il ne savait pas. Il savait juste qu'il était temps de l'exprimer, avant que cela ne devienne trop dangereux. Alors, d'un pas égal, l'homme alla jusqu'au placard. La porte grinça un peu alors qu'il l'ouvrait. L'endroit était grand, un peu vide en dehors des étagères, du nécessaire de nettoyage, des murs nus aussi. C'était bien, ça, presque vide mais pas trop, juste assez pour se défouler. Ca lui suffisait. Alors seulement, Olwen abandonna tout ce qui faisait de lui un humain. Il cria, il frappa, il hurla... Cela durait longtemps, des heures quand il en avait besoin. Il n'avait plus conscience de rien, pas même de la blessure à son front alors que, possédé, il s'était jeté tête la première contre l'un des murs. Il n'avait conscience de rien, n'était plus qu'un animal. Quand une main se posa sur lui, quand une voix l'appela, c'est en animal qu'il répondit. Aussitôt Owen se retourna, prêt à se battre de toute sa violence. Il coinça l'autre corps contre une étagère, contre le sien aussi, ne laissant aucun espace vide entre eux et sa main se leva pour frapper jusqu'à ce qu'elle ne s'accroche à une couleur. Ne la détache. Le foulard tomba à terre, Olwen redevint un homme.
”Vega....”
Il haletait, essoufflé, la main toujours brandie mais désormais incapable de frapper. Vega, qu'il avait une fois déjà choppé par le col pour enjoindre la jeune femme à être moins colérique, à ne pas tomber dans ce qui le détruisait, lui. Elle n'avait pas compris bien sûr, comment imaginer ce que c'était vraiment, de souffrir de cela? Aujourd'hui, elle venait de le voir pourtant....
Il sentait son corps contre le sien, plus fragile que tout ce qu'Olwen pouvait briser ici. Lentement, l'homme se décolla, laissant à la jeune femme de quoi s'échapper.
”Jamais me déranger quand je suis dans le placard, jamais...”
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Sujet: (#) Re: The world burns around us. [Olwen] Jeu 25 Oct - 15:38
Tout va très vite. Trop vite même pour Vega qui pourtant a l’habitude, qui pourtant est largement capable de se défendre. Est-ce que c’est parce qu’il s’agit d’Olwen ? Est-ce parce qu’elle est inquiète pour lui qu’elle se laisse surprendre de cette façon ? En tout cas, elle ne réplique pas. Olwen se jette sur elle, la plaque contre l’étagère derrière elle avec une telle violence qu’elle en a, l’espace d’un instant, le souffle coupé. Nul doute qu’elle va récolter des hématomes dans le dos vu la façon dont son corps a été plaqué contre l’étagère, vu la façon dont il la coince. Et Vega ne réagit pas alors que la main se lève. Pourquoi ? Alors qu’il suffirait qu’elle le repousse. Peut-être parce que, pendant la fraction de seconde où elle voit la main s’élever, elle pense qu’il n’a qu’à y aller. Peut-être qu’elle se dit qu’après tout, si ça peut lui faire du bien, si ça peut le soulager d’une douleur qui visiblement est devenue trop intolérable, autant qu’il s’en libère même si c’est elle qui doit payer. Elle attend. Elle est prête. La main s’abat mais le coup n’arrive pas, non. Les doigts s’accrochent au foulard et le retirent d’un geste vif. Les boucles courtes sont libérées alors qu’Olwen relâche le foulard qui tombe au sol. Vega ne s’y intéresse pas. Vega n’a d’yeux que pour Olwen qui semble être soudain revenu à lui. « Vega… » Elle hoche doucement la tête en silence, sans tenter de bouger pour le moment, le corps d’Olwen toujours pressé avec force contre le sien. Elle observe l’homme, le fixe même, guettant, s’assurant que c’est passé, qu’il se sent mieux. Cependant, il ne semble pas aller mieux. S’il est plus calme, il y a cette ombre dans son regard qui persiste et qui fait froncer les sourcils de Vega alors qu’elle essaye d’ignorer la douleur presque brûlante dans son dos. Olwen bouge enfin, se reculant un peu et permettant ainsi à Vega de bouger à son tour, non sans grimacer car finalement, c’est plus douloureux de bouger. Mais là encore elle ignore la dite douleur. Elle reste là, près d’Olwen alors qu’elle pourrait aisément s’éloigner mais non, elle reste. « Jamais me déranger quand je suis dans le placard, jamais… » Là encore les sourcils se froncent. Alors ce n’est pas la première fois qu’il agit de cette façon. Et ce placard, c’est l’endroit où il se planque pour piquer ses crises de colère. Mais pourquoi ? D’où vient-elle cette colère ? Soudain ça lui vient à Vega : et si c’était depuis qu’il sait pour Zosma ?
La grande sœur de l’Abeille avait peut-être encore plus d’importance qu’elle ne le croyait.
Et elle se sent tout à coup terriblement coupable. Pas d’avoir eu les pensées qui l’ont amenée à venir le retrouver mais de lui avoir fait du mal en lui disant, même si c'était il y a un moment, la vérité sur Zosma, une vérité sans y mettre la moindre forme, sans y mettre le moindre filtre. Alors c’est instinctif : les quelques centimètres qui les séparent sont effacés par l’approche de Vega dont les mains viennent s’accrocher au col d’Olwen.
« S’cuse-moi. » qu’elle dit tout bas le regard planté dans le sien, définitivement persuadée à présent qu’elle n’est pas étrangère aux crises qui semblent rythmer le quotidien d’Olwen sans qu’elle n’en ait jamais su quoi que ce soit. Puis les mains quittent le col. L’une va se poser sur la joue, apaisante, l’autre vient se plaquer contre la plaie sanguinolante sur le front. « T’aurais dû m’dire que tu t’mettais dans cet état. » Un silence. « Pourquoi tu m’l’as pas dit ? »
Oui : pourquoi ? Elle aurait bien voulu Vega, pouvoir essayer de lui venir en aide. Après tout, lui l’a bien secouée pour la calmer et comme elle comprend mieux, maintenant, comment il a pu tenir un tel discours sur la gestion de sa colère. Il doit lui-même faire face à la sienne et il fait comme il peut. Seul. Et justement…
Vega ne veut pas qu’il soit seul avec ça.
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Sujet: (#) Re: The world burns around us. [Olwen] Jeu 25 Oct - 19:23
Messages : 49 Âge : 39 ans Occupation : biologiste Habitation : Hélios Arrivée : en 2214Avatar : Colin Farrell Crédits : Wiise
❝ The world burns around us. ❞
C'était un démon en lui, cette colère, un cauchemar que sa mère, enceinte, avait eu une nuit, sombre et malfaisant, capable de s'accrocher au bébé pour ne plus jamais le lâcher. Pour apaiser la rage, Olwen nourrissait le démon d'une tristesse étrange que trop peu comprenaient. C'était cela ou brûler vif d'une certaine façon. L'homme n'avait pas à accepter ou comprendre ce qu'il était, juste à savoir... Les méninges de Vega tournaient à plein régime. En tendant l'oreille, Olwen aurait pu les écouter bouger, grincer. Elle voulait trouver des raisons, des pourquoi, des comment. Surtout, elle perdait son temps. A quoi pensait-elle? A Zosma sans doutes.... Pauvre Zosma, que Olwen avait aimé à sa façon à lui, comme une étrangère. Il ne savait pas faire autrement. Elle était morte, une blessure étrange qu'il fallait apprendre à laisser devenir cicatrice. C'était cela ou bien créer un fantôme ne correspondant en rien à ce que la défunte avait été. Olwen ne voulait pas faire de Zosma un spectre dans son esprit, parfois il oubliait la jeune fille et cela était facile, car il ne l'avait jamais revu adulte. Il était vieux maintenant, du moins s'en approchait. Les goûts du biologiste étaient peut-être étranges en beaucoup de choses, cela n'en était pas au point de garder une adolescente comme fantasme.
Malgré la fureur de ses colères, quelque chose en Olwen resterait toujours froid, glacé. Il n'était pas un homme mais un reflet sombre dans un miroir, rien de plus. Un reflet que l'on pouvait toucher, c'était ce que faisait Vega en cet instant. Avec ses gestes, il y avait des mots, et Olwen se laissa faire, immobile. Dans sa stature un feu pulsait toujours, et là colère était là, prête à reprendre, ne se calmerait jamais. Elle était son moteur, elle le portait, l'alimentait, il n'avait que cela pour ne pas devenir une coquille vide, terrassé de trop de choses. On pouvait avoir pitié de lui, lui, il s'en foutait. Des excuses, les excuses de Vega, l'autre semblait comprendre le caractère intime de la chose : ses crises et sa rage. Des questions, mais les questions ne servent à rien, petite fille : il y avait trop peu de temps en eux pour accepter d'en perdre plus. Un instant, Olwen espéra que Zosma ne soit pas morte une question sur les lèvres.
”Le dire ne change rien, ne m'apporte rien.”
Bien sûr qu'il repoussait Vega, maître d'un château où personne d'autre n'avait droit d'entrer. L'amputer de sa colère, ce serait l'un membre et cela, il ne voulait pas. De la même manière qu'il portait son bras handicapé, au fond, acceptant que cela fasse partie de lui plutôt que chercher à en corriger les défauts. Au fond, il aimait ses colères bien plus que n'importe quelle maîtresse...
”A moins que je n'ai des comptes à te rendre dont je ne sois pas au courant? Je t'en prie Vega, éclaire ma lanterne...”
Elle s'inquiétait pour lui quand Olwen n'en avait juste rien à faire. Un de ses grands défauts : vivre en étranger auprès des autres, ne pas les accepter dans son monde, son univers. Cela voulait dire beaucoup de choses, cela ne voulait rien dire du tout...
Finalement, l'homme se détourna d'elle, quittant le placard d'un pas rageur. Elle l'avait interrompu, aussi n'avait-il pas pu assouvir ses pulsions de violence. C'était assez pour détruire quelque chose de lui alors, d'irrémédiable peut-être, cela il ne savait pas. Olwen se laissa tomber sur le fauteuil de bureau, dardant ses yeux sombres sur Vega, ne lui accordant ni répit, ni sursis.
”Hé bien petite, tu voulais quoi? Tu n'es pas venue ici pour rien....”