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  Libre seulement de ses choix ~ Evelyn
MessageSujet: (#) Libre seulement de ses choix ~ Evelyn    Libre seulement de ses choix ~ Evelyn 3ViG0Cu Mar 16 Oct - 22:31
Emmerich Krüger
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La navette atterrit en douceur sur la piste prévue à cet effet, épargnant les secousses aux quelques passagers présents à l'intérieur. Alors que les miliciens chargés de l'escorter se levaient et que le moteur perdait tranquillement en puissance, signe de son arrêt imminent, Emmerich restait assit, les yeux fixés sur la porte qui le mènerait à l'extérieur, mais les mains posées sur ses genoux, comme s’il n’avait aucune intention de bouger. En six ans, il n’avait jamais été aussi proche de la liberté, mais bien qu’il l'ai voulu, il se retrouvait soudainement parfaitement incapable de faire le moindre geste, comme tétanisé à l’idée de toucher du doigt ce qu’il avait fini par ne même plus espérer.

C’est finalement le contact d’une main ferme qui se posait sur son épaule qui le poussa à se mettre en mouvement, adressant au passage un regard presque perdu au milicien à l’expression dure qui le regardait. Sans doute aurait-il préféré qu’il reste en prison. Sans doute voulait-il simplement livrer le colis et continuer tranquillement sa journée. Emmerich s’anima, incertain quant à la personne qu’il allait apercevoir par la porte. Avide de revoir une personne en particulier. Il se leva et frotta ses mains l’une contre l’autre avant de lisser le devant du haut qu’il portait. On l’avait laissé se rendre présentable avant de partir, après lui avoir rendu ses quelques habits, mais ça ne voulait pas dire qu’il avait l’air particulièrement frais. Il espérait que son fils, s’il était là, ne le verrait pas comme un pauvre inconnu crasseux. Il avait six ans de paternité à rattraper avec David.

Un chuintement désagréable annonça l’ouverture de la porte alors qu’il vérifiait que ses lunettes étaient bien dans sa poche, lui faisant froncer le nez. Étonnant cette façon que ses tympans avaient de se révolter pour un simple bruit alors qu’il était enfin débarrassé de cet effarant tintamarre que produisaient les machines du Lady Grace. Sans plus de cérémonie, sans marquer plus d'hésitation, Emmerich se redressa et se dirigea vers la rampe de sortie qui s’était déployée, comme s’il n’était jamais parti, ou bien qu'il n’avait finalement fait qu’une sortie exigée pour son travail et qu’il rentrait à la maison, las, mais décidé.

Son regard n’eut pas à balayer les lieux du regard pour savoir qui allait lui servir de comité d'accueil. Si ses yeux clairs accrochèrent la silhouette courte qui l'attendait, il ne cilla pas et son étonnement ne fut marqué que par la fixité de son regard. La déception qu’il pu brièvement ressentir s’effaça cependant rapidement. C’était peut-être mieux ainsi. Il y avait encore comme un goût d’inachevé entre lui et Evelyn Olsen. Terminer cette affaire lui permettrait de mieux recommencer. Il avança jusqu’à elle, les lèvres closes, le regard concentré, puis s’arrêta à quelques pas. Sa femme. Sa femme qui ne l’était plus que légalement depuis bien avant son séjour en prison.

-Bonjour Evelyn. Il s’éclaircit la gorge. Sa voix s’était cassée de ne pas avoir parlé depuis trop longtemps. Il faut qu’on parle du divorce.

Ils n’avaient jamais pris le temps de le faire, par désintérêt, par espoir d'amélioration, parce qu’il voulait un semblant de normalité pour leur fils là où il n’y en avait déjà plus. Pourtant aujourd'hui, il semblait à Emmerich qu’il avait été idiot de laisser traîner ça pendant tant de temps, presque déshonorant tant pour lui que pour Evelyn à force. Il n’y avait aucune bonne raison pour ne pas se libérer des derniers liens qui les attachaient encore. Pourtant, malgré tout ce qu’il avait à reprocher à sa femme, il ne pouvait s’empêcher d’être finalement heureux de voir quelqu’un qu’il connaissait, qu’il avait aimé, après avoir tant vécu coupé de la flotte. Un sourire contrit vint finalement éclaircir son visage.

-Je ne pensais pas que ça serait toi. Il la devisagea. Comment va mon fils ?

MessageSujet: (#) Re: Libre seulement de ses choix ~ Evelyn    Libre seulement de ses choix ~ Evelyn 3ViG0Cu Jeu 18 Oct - 22:04
Evelyn Olsen
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Elle détestait être ainsi exposée au regard des autres. Il n’y avait que la navette qui faisait les aller-retour vers le Lady Grace qui s’amarrait sur le quai où elle se tenait, et tout le monde pouvait la voir et être libre d’en déduire la raison de sa présence. Evelyn méprisait les ragots, les esprits qui partaient en vrille, les œillades torves et le fait de savoir que l’uniforme qu’elle portait ne rendait sa présence que plus… intéressante, en quelque sorte. Un soldat lui fait signe de s’écarter pour que la passerelle puisse se déployer, mais elle ne bouge pas, sachant pertinemment qu’elle n’était pas à portée – il n’insiste pas, sagement. La vice-capitaine était rarement bien avenante, mais l’irriter en ce moment aurait été doublement inconscient. La silhouette de l’ingénieur finit par apparaître et ses doigts se crispent autour de ses bras déjà croisés. Il n’avait pas vraiment changé – ou alors sa mémoire lui faisait défaut. Un peu amaigri, peut-être, les traits tirés par la fatigue et le labeur, mais rien qui l’aurait empêchée de reconnaître en un seul coup d’œil celui qui était encore son époux. « Emmerich », qu’elle le salue en retour, succinte, distante. « Ça aurait pu être réglé il y a six ans, déjà. Comme le temps file. » Elle n’a aucune honte à lui remettre sous le nez son honteux séjour à l’ombre, et même si elle ne se montrait pas sarcastique, il aurait été facile de capter quelque moquerie dans sa voix.

Pourtant, lorsqu’il sourit, machinalement, elle le lui rend, étirant les commissures de ses lèvres dans le plus improbable rebienvenue à la maison qui soit. Son langage corporel est toujours froid, distant, dissocié, mais il y a une sorte de nostalgie dans la risette qui fend son visage et qui lui retire six ans de poids sur les épaules. « Qui d’autre? On est encore mariés. Toutes les communications sont passées par moi, et peu importe à quel point j’ai tenté d’expliquer qu’il valait mieux que ce soit eux qui annoncent ta libération à tes parents, c’est quand même moi qui ai dû le faire. » Pourtant, l’absence de Lanzo était éloquente. « Alors je l’ai pas fait. » Elle réprimerait une expression moqueuse, fière, presque, mais Emmerich ne serait pas surpris de voir que la relation entre sa femme et ses parents était toujours hostile. La mention de David vient en premier, et ça la rassure, quelque part, tout autant que ça l’angoisse. Evelyn savait que dès l’instant où le fils serait réuni avec le père, elle serait reléguée au second, troisième, quatrième rang, après le travail et les amis, et ça la tuait à petit feu depuis qu’elle avait annoncé à David le retour de son géniteur. « Il se porte parfaitement bien. » Elle ne relève pas l’utilisation du possessif, le mon qui aurait dû être notre, mais si son ressentiment envers Emmerich était toujours conséquent, elle ne pouvait guère lui en vouloir de ne pas être au courant de ses développements relationnels avec leur fils. « Il a très hâte » admet-elle, son sourire s’affaissant quelque peu. « Il vient de commencer un quart de travail. Ça te donnera l’occasion de te reposer d’ici là, vous pourrez vous voir après. »

Réalisant qu’ils se tenaient toujours sur la plateforme, Evelyn fait signe à son interlocuteur de la suivre et ils s’engagent hors du quai de la navette et parmi la population du vaisseau. Comme d’habitude, le Colossus 5 fourmille d’activité. « J’ai joué du coude pour te trouver une cabine à moitié décente quelque part. C’est tombé sur l’Helios. Normalement, j’aurais dû t’accueillir, mais avec tout le respect que je te dois, David prend toute la place. » C’était moindre depuis qu’il avait un nouveau colocataire et qu’il n’avait plus besoin de trouver un refuge lorsque son ancienne cabine se faisait trop bruyante. Evelyn l’appréciait pour sa candeur; le Byblien, si elle s’en était méfiée au premier abord, s’était révélé une véritable vague de fraîcheur. « Tout ce qui est administratif est réglé aussi. Si tu as des questions, j’ai un peu de temps avant de devoir retourner au travail. » On aurait pu méprendre sa prise en charge des choses pour une tentative de faciliter la vie d’Emmerich, de favoriser le dialogue – en réalité, elle espérait simplement mettre tout cela derrière elle et être le moins possible associée à un repris de justice. Ce qui se révélait difficile considérant que son fils portait son nom.
MessageSujet: (#) Re: Libre seulement de ses choix ~ Evelyn    Libre seulement de ses choix ~ Evelyn 3ViG0Cu Jeu 25 Oct - 18:09
Emmerich Krüger
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-Oui, et ça aurait être réglé il y a vingt ans, répondit-il, laconique, opposant sa logique à la sienne. Elle ne pouvait pas tout mettre sur le compte de son emprisonnement.

Il finit cependant par lui sourire, autant pour s’excuser que ses premiers mots d’homme libre soient malheureusement peu agréables, que parce qu’il était malgré tout plus qu'heureux de revoir un visage connu, même s’il s’agissait du sien. Elle lui rendit d’ailleurs son sourire, étonnamment, avant de préciser avec un certain orgueil particulièrement mal placé qu’elle était là justement à cause de leur statu légal et qu’elle avait bien pris garde de ne pas divulguer l’information à ses parents. Sans doute devrait-il se sentir flatté qu’elle ai préféré venir le chercher, quitte à passer un moment désagréable, plutôt que d'annoncer le retour du fils prodige à ses beaux parents, mais en réalité il était plutôt partagé entre l’amusement et la fatigue que son comportement lui faisait ressentir, comme pouvait en témoigner le léger mouvement de tête qu’il lui adressa, comme une demi désapprobation silencieuse.

Il n’attendit pas plus longtemps pour lui demander des nouvelles de son fils, se demandant si elle avait même pris la peine de se soucier de lui pendant son absence. Il ne l’aurait pas parié, il pouvait voir dans son uniforme impeccable, d’un blanc immaculé, visiblement neuf, qu’elle avait fait du chemin pendant qu’il était à l'ombre. Un chemin qui ne l’aurait sans doute pas amené à vérifier que David était toujours sur la bonne pente.

Cependant il fut surpris de voir que non seulement elle savait où il en était, mais également ce qu’il faisait en ce moment même, signifiant qu’elle communiquait suffisamment avec lui pour avoir une idée de son emploi du temps. Surpris, mais agréablement surpris. Il lui emboîta le pas lorsqu’elle lui fit signe de venir, son regard balayant les autres quais alors qu’elle lui expliquait qu’elle avait réussi à lui trouver une cabine. Il se doutait que ça avait dû soulever quelques interrogations administratives, puisqu’ils étaient sensés être mariés, mais il savait sa bientôt ex femme douée pour obtenir ce qu’elle voulait, quand elle le voulait.

-Merci. Vous vivez ensemble ? demanda-t-il sans cacher sa surprise. C’est bien. C’est très bien, même. Depuis combien de temps ?

Il espérait qu’elle lui dise que ça faisait un moment. Il espérait également que s’être rapproché de sa mère n’avait pas empêché David de penser à son père. Devoir supporter une distance relationnelle avec son fils serait bien plus douloureux que toutes les peines de prison qu’on pourrait lui infliger. Il était cependant déjà rassuré grâce à l’assurance qu'Evelyn lui avait donné qu’il avait hâte de le revoir. Il cessa de contempler son environnement pour reporter son regard sur elle, partagé entre l’envie d’être enfin chez lui, et le désir de ne pas rester seul.

-J’ai énormément de question, Evelyn, répliqua-t-il d’une voix douce. Dont certaines auxquelles tu pourrais répondre. Je ne t’en poserais pas sur David, parce que ma seule envie est de l’entendre me raconter les six ans de sa vie que j’ai raté. Par contre j’aimerais savoir ce qui a changé ici, sur la flotte.

Il était perturbé. Il ne savait pas si l’éloignement dans un environnement fermé lui avait fait perdre la notion de foule, mais il avait l’impression qu’il y avait bien plus de monde sur la flotte que lorsqu’il était parti. Quelques conversations entendues au fil de leur avancée avait mis à jour des accents qu’il n’avait jamais entendu. Les nouvelles qu’il entendait provenant des autres détenus plus récents ne lui avait pas parlé d’une explosion démographique, de toute façon impossible à cause du contrôle oppressif des naissances sur la flotte.

-Et aussi, la meilleure cantine est toujours celle du Columbiad ?

Il mourrait d’envie de manger de la « vraie » nourriture et plus la tambouille servie sur le Lady Grace. Ils ne servait définitivement pas les meilleurs ressources aux prisonniers. Boire un grand verre de peu importe ce qu’on mettrait dedans le tentait bien, également. Il retrouverait son sérieux et son travail demain.

-L'amiral, qu'est-ce qu’elle a promis ? Qu'est-ce qu’elle compte vraiment faire ?

La question de nature politique ne risquait pas d'étonner Evelyn. Si Emmerich n'avait pas l'engagement visible de son propre père, il ne manquait lui-même pas de convictions, c'était même l'une des raisons qui l'avaient poussé à briser la loi.
MessageSujet: (#) Re: Libre seulement de ses choix ~ Evelyn    Libre seulement de ses choix ~ Evelyn 3ViG0Cu Jeu 8 Nov - 21:32
Evelyn Olsen
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« Ne me regarde pas comme ça. David s’est proposé pour leur passer le mot. » Elle ne se rappelait que trop bien de la façon qu’Emmerich avait toujours eue de lui faire savoir son mécontentement. Jamais virulent, toujours laconique, le mouvement de tête lent et désapprobateur sans jamais lui offrir le luxe de dire exactement ce qu’il en pensait, la laissant se démerder avec des interprétations qui partaient souvent dans tous les sens. Elle avait, avec le temps, graduellement cessé d’essayer de comprendre, se contentant de faire ce qui lui semblait juste sans se soucier des regards de son mari, qu’ils soient réprobateurs ou l’inverse. Sûrement que ce genre d’attitude n’avait pas contribué à la solidité du couple qu’ils avaient pu former à l’époque, mais ça ne lui importait guère aujourd’hui. « Il a sa propre cabine depuis qu’il est entré à l’académie, mais la colocation était un peu… intense. Il restait souvent chez moi. Maintenant, il a son propre chez lui sur le Columbiad avec un immigrant Byblien. Ils ont l’air de bien s’entendre. » Ça n’empêchait pas David de passer à l’occasion, sûrement davantage par habitude – oserait-elle penser que c’était par envie? – que par réelle nécessité, mais elle ne rechignait jamais à l’avoir avec elle pendant quelques instants.

Emmerich soulignait avoir des questions, ce qui était parfaitement compréhensible dans les circonstances. Malgré son envie de passer le plus rapidement possible à autre chose et tenter de recoller les morceaux de son quotidien qui venait tout juste de voler en éclats, elle pouvait bien faire bonne figure et tenter de l’éclairer sommairement. Après tout, elle était au service des gens qui étaient sur le Colossus, et il s’adonnait qu’ils s’y trouvaient présentement, pour le meilleur ou pour le pire. « C’est large, comme question », note-t-elle dans un soupir. Elle soupire. Ça ne l’affectait pas outre mesure, en réalité. Elle avait été choquée par la nouvelle de l’assaut du vaisseau commercial, mais le reste, il fallait s’y attendre. « Passer d’un leader militaire à un amiral issu du monde civil a causé son lot de remous, et à vrai dire rien n’est encore vraiment réglé. Concrètement, je crois que les deux changements majeurs sont les traités commerciaux avec Keller et d’aide humanitaire avec Byblos et le focus net sur la colonisation à venir. »

Elle arbore un air relativement sérieux, pensif, même. Relater à Emmerich ce qu’il avait manqué la force à réfléchir sur les questions qu’il soulève. Il reprend la parole et elle s’attend à autre chose de sérieux, mais l’entendre parler d’une cantine ne peut faire autrement que lui arracher un gloussement de rire discret. Elle ne rigolait pas souvent, Evelyn – à vrai dire, c’était à se demander si elle trouvait quoi que ce soit réellement drôle quand on la voyait agir au quotidien. « Non. Les restaurants sont autorisés, maintenant, et même si c’est encore très cher, il y a vraiment de quoi se régaler. » Il y avait une certaine nostalgie terrienne dans ce qu’Evelyn disait. Bien sûr, la cantine dont Emmerich parlait était toujours sans égale parmi les réfectoires standards de la flotte; or, avec l’avènement de la restauration classique, elle ne rechignait pas à s’offrir un repas digne de ce nom de temps à autres, ne serait-ce que pour le plaisir de se retrouver sur Terre pendant une heure. L’ingénieur ne tarde toutefois pas à revenir sur des questions plus posées, sérieuses. Si le feu roulant d’interrogations l’amusait au départ, il se fait de plus en plus lourd. « Une réforme de la justice. Coloniser Qiang. Elle a beaucoup d’ambition, mais elle réagit plus qu’elle n’agit proactivement. Je commence à regretter mon vote », admet-elle. C’était plus ou moins vrai. Elle était déçue par ce qu’elle recevait en échange de sa confiance, mais elle ignorait désormais si la perspective vengeresse de Leona était plus éclairée. Il aurait fallu un entre deux, le charisme de Leona et l’idéalisme de Priya en une seule personne.

Il n’y avait pas de toute qu’elle n’avait pas été si loquace depuis longtemps. Elle commençait à être plus ouverte avec le capitaine, son fils, une rare poignée de privilégiés, aussi, mais elle demeurait fidèle à elle-même. Il y avait quelque part la nostalgie de retrouver un pan si familier de son existence et l’amusement de le voir redécouvrir ce qui avait pourtant été sa maison pendant de très longues années. Ils marchent, comme sans but réel, déambulent alors que la vice-capitaine répond patiemment à toutes les questions d’Emmerich, jusqu’à ce qu’un silence presque contemplatif s’installe entre les deux. La zone dans laquelle ils se trouvent désormais, non loin du carrefour qui lui permettrait de prendre le chemin vers l’Helios, était décidément plus calme que les passerelles où fourmillaient les travailleurs des docks. « Tu vas pas me demander comment je vais, moi? » finit-elle par lâcher d’une petite voix, baissant les yeux. Elle détestait avoir l’impression de n’être qu’une future-ex-femme pour Emmerich alors qu’ils filaient le parfait bonheur autrefois – ironiquement, elle le considérait également comme une relique d’une ère révolue, même si elle s’avouait secrètement curieuse d’en savoir plus sur son séjour sur le Lady Grace. « Je suis désolée. J’aurais pas dû dire ça. » Evelyn se ravise aussitôt, consciente de sa maladresse. Il n’y avait toujours eu que David depuis qu’il était né, et le besoin désespéré de reconnaissance qu’éprouvait la vice-capitaine n’y changerait rien. « Voici ton terminal, d’ailleurs. Enfin, un nouveau. J’ai chargé ton adresse dedans. Il y a aussi ton solde de crédits et un peu de quoi t’aider à démarrer. Acheter une plante verte pour ta cabine, je sais pas. » À quiconque lui demanderait la raison de sa générosité presque comique avec quelqu’un pour qui elle éprouvait essentiellement du mépris jusqu’à hier, elle dirait que c’était parce que c’était la bonne chose à faire. En réalité, elle essayait seulement désespérément de ne pas se faire haïr par Emmerich afin de garder une bonne relation avec David. Ça faisait forcé, et ça l’était, en quelque sorte – sauf la question qu’elle avait aussitôt retirée.

Celle-là était sincère, et c’était pourquoi Emmerich ne devait absolument pas y répondre.
MessageSujet: (#) Re: Libre seulement de ses choix ~ Evelyn    Libre seulement de ses choix ~ Evelyn 3ViG0Cu Ven 9 Nov - 16:00
Emmerich Krüger
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Beaucoup de choses avaient changé sur la flotte, c’était certain. Les quelques phrases que lui adressa Evelyn pour lui résumer la situation le laissèrent perplexe et songeur. Évidemment il avait entendu une partie de ce qu’elle lui avait dit lorsqu’il était encore en prison, mais il n’avait pas vraiment profité de son séjour pour échanger avec d’autres détenus. Les quelques personnes avec qui il avait vraiment parlé étaient de ceux qui étaient là depuis presque aussi longtemps que lui et étaient donc aussi coupés que lui du reste de la flotte.

C’est pourquoi la mention d’immigrant pour parler du colocataire de son fils (leur fils), sonnait étrange à ses oreilles. Son esprit faisait la distinction entre ce terme et les arrivées ponctuelles habituelles de personnes ou autres ayant fuit une quelconque colonie ou la planète mère. Lorsqu’elle rajouta que la fédération avait décidé d’ouvrir les frontières de la flotte pour le commerce avec Keller et l’aide pour Byblos, son observation sur le fait que la flotte semblait plus remplie qu'auparavant fit soudainement bien plus de sens et cette idée lui apporta une certaine satisfaction. Les stellairiens devaient moins avoir l’impression de vivre dans un carcan, désormais.

Sentiment renforcé lorsqu’elle lui apprit que l’ouverture des frontières avait permis l’établissement de véritables restaurants, légaux désormais, même si toujours chers, qui pouvaient servir d’alternatives aux cantines de la flotte. Cependant, le plus surprenant ne venait pas vraiment de l’information elle-même, mais de la réaction causée par la question qui y avait mené. S’il ne s’attendait pas vraiment à revoir Evelyn aujourd’hui même, il n’aurait définitivement jamais parié qu’il lui aurait arraché un rire. Il dû lui jeter un coup d’œil surpris, avant de regarder à nouveau devant lui, puis ses chaussures, avant de la regarder à nouveau avec un sourire discret et de se reconcentrer sur le trajet qu’il faisait. Un peu de légèreté était devenu inhabituel, mais ne faisait décidément pas de mal. Ça lui avait manqué. Elle revint cependant rapidement sur des sujets plus sérieux qui poussèrent Emmerich à poser encore quelques questions avant d’observer un silence plein de réflexion. Il allait avoir grand besoin de parler à ses parents, pour avoir plus de détails.

Perdu dans ses pensées, il ne fit pas vraiment attention ce blanc qui s’était installé entre eux avant que sa femme ne lui pose à son tour une question qui le prit tellement de court qu’il lui fallu un instant de trop pour être sûr de l’avoir bien comprise. Son regard tomba une nouvelle fois sur elle. Un regard d'excuse, mais un regard curieux. Il ne s’attendait pas à ça, cependant il se sentait soudain stupide de ne pas s’être enquit directement de sa santé. Il avait demandé pour son fils après tout, mais même pas pour celle qui était venue bon gré mal gré le chercher directement à la sortie de la navette. Il avait comme d’habitude simplement spéculé en la voyant, fière et propre dans son uniforme, que tout se passait bien pour elle et qu’elle avait sa vie bien en main et sur de bons rails. Encore un exemple flagrant d’un manque de communication entre eux.

Ce temps qu’il mit à comprendre qu’il aurait sans doute dû lui poser directement la question plutôt que de décider seul qu’elle allait bien suffit à Evelyn pour retirer sa question, visiblement gênée de l’avoir posée. Puis, son aplomb retrouvé, elle lui donna son terminal, qu’il récupéra sans vraiment le regarder, pendant qu’elle lui expliquait ce qu’il contenait. Toujours sans le regarder, ses yeux essayant de déchiffrer l’expression d’Evelyn, il glissa l’objet dans sa poche et y laissa sa main, ne sachant quoi en faire.

-Merci Evi-Evelyn. Mais tu as raison. Je suis désolé, j’aurais dû demander si tu allais bien, admit-il d’un ton doux. J’ai simplement… enfin je n’ai pas vraiment d'excuse. Comment vas-tu ?

Il regarda autour de lui, cherchant à retrouver ses repères avant de déterminer qu’ils ne devaient pas être trop loin de l’Helios. Il n’avait toujours pas envie d’être seul pour le moment, tout en ayant malgré tout envie de retrouver l’intimité et le confort d’une cabine personnelle de civil, seul. Un dilemme difficile à résoudre pour lui. Cependant, il ne souhaitait pas laisser Evelyn sur cette note étrange et gênante alors qu’il s’agissait de leur première interaction en six ans.

-Tu voudrais qu’on se pose, pour discuter ? Je me doute que tu dois avoir une quantité impressionnante de responsabilités, avec ton nouveau travail, mais si tu as un moment, je serais content de passer un peu plus de temps avec toi.

Il était sincère malgré tout, c’était une personne qu’il connaissait bien, qu’il avait aimé passionnément et qu’il avait regretté de perdre même si son fils avait pris énormément de place dans sa vie lorsqu’il était né. S’il y avait eu des tensions et des froideurs entre eux, si la désapprobation avait marqué la plupart de leurs échanges ensuite, il était sans doute temps de prendre un nouveau départ, en commençant par le divorce, qui pouvait parfaitement symboliser le début de l’amélioration de leurs rapports. L’eau avait coulé sous les ponts, après tout.
MessageSujet: (#) Re: Libre seulement de ses choix ~ Evelyn    Libre seulement de ses choix ~ Evelyn 3ViG0Cu Mer 14 Nov - 21:48
Evelyn Olsen
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Evie qu’il allait l’appeler avant de se raviser. Vingt ans qu’on ne l’avait pas appelée comme ça, au moins, et le dernier qu’elle avait entendu devait sans doute venir d’Emmerich aussi. Le simple fait qu’il corrige le tir suffit à la faire se tendre, raide, comme si ça lui rappelait qu’il ne servait à rien de se laisser amadouer, enjôler par les fantômes d’un passé révolu. C’était comme si elle se serait laissée tenter par un retour imprévu à de vieilles habitudes simplement pour se défaire de cette rigidité qu’elle avait développé au fil des années, faute d’exutoire viable pour le peu de chaleur dont elle savait faire preuve. Ses nuits secrètes ne suffisaient certainement pas à assouvir quelque besoin d’être reconnue, appréciée pour autre chose que ses compétences ou sa plastique. « Bien », assure-t-elle, concise malgré tout, en décochant à son interlocuteur un bref sourire, un peu amer, un peu teinté de regret. Elle aurait préféré qu’il accepte son exhortation à mettre la question de côté. Désormais, et pour la première fois depuis vingt ans, elle avait envie d’avoir une conversation avec lui, complète, réciproque, et elle déteste l’impression de familiarité autant qu’elle voudrait s’y fondre pendant juste un instant. Il lui en offre l’occasion sur un plateau d’argent, comme s’il lisait son esprit, et elle se demande si après tout ce temps il était encore capable d’interpréter son non-verbal, même sous une épaisse carapace.

Feignant un regard sur son terminal, où elle ne perçoit aucune notification importante, elle le glisse à nouveau dans sa poche. Elle ignorait pourquoi elle se sentait obligée de monter un tel stratagème simplement pour lui faire croire que c’était contraignant pour elle que de rester un peu plus longtemps alors qu’elle savait le capitaine sur le pont pour encore plusieurs heures. « Je peux prendre encore un peu de temps. Le capitaine m’en doit une, de toute manière. » Ce point-là n’était pas faux. Le capitaine n’avait, de toute manière, jamais été pointilleux sur ses allées et venues tant que le travail était fait, et à la lumière de la brève mise en garde à vue d’Evelyn, il se gardait désormais généralement de tout commentaire autoritaire à cet égard. De toute manière, elle connaissait suffisamment l’ingénieur pour savoir qu’il voudrait retrouver rapidement le calme d’un chez-lui à part entière. La brune indique une direction d’un signe de tête, dévoilant au bout de quelques secondes de marche une aire de repos tranquille où Emmerich pourrait même se refamiliariser avec le contenu des distributeurs de la flotte si cela lui disait. Quant à elle, Evelyn se laisse choir dans un siège, profitant du bref répit pour défaire ses cheveux, dans l’optique de refaire son chignon. « Je me dois de demander. C’est si terrible qu’on dit, le Lady Grace? » s’enquiert-elle, curieuse, se disant qu’il valait mieux soulever le souvenir pendant que c’était encore frais plutôt que d’attendre à plus tard et raviver une plaie qui commençait tout juste à se cicatriser. « Est-ce que t’aimerais que je te fasse une évaluation orthopédique, avant que tu reprennes le travail? Savoir si on peut arranger quelque chose qui aiderait tes articulations à s’en remettre. » Elle n’osait même pas imaginer quel genre de séquelles son corps pouvait bien porter après six ans de labeur forcé – l’usure de ses articulations devait avoir été grandement accélérée et ses muscles raidis par le travail incessant. « Ou que je te réfère à un de mes anciens collègues. Je ne voudrais pas te mettre mal à l’aise », précise-t-elle aussitôt. Même si ça lui déplaisait, elle ne savait pas sur quel pied danser – si elle devait se montrer ouverte à remettre quelque vestige de leur relation sur le devant de la scène pour le bien de leur fils, si elle devait garder quelque rancune envers lui pour ses mauvaises décisions, ou si elle devait pleurer d’avance le déraillement inévitable des balbutiements de sa relation avec David.
MessageSujet: (#) Re: Libre seulement de ses choix ~ Evelyn    Libre seulement de ses choix ~ Evelyn 3ViG0Cu Jeu 15 Nov - 10:17
Emmerich Krüger
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La réponse d’Evelyn, brève une fois encore, arracha à Emmerich un hochement de tête qui signifiait qu’il avait reçu l'information, même s’il l’analysait encore. Comme il l’avait déjà deviné, elle allait bien, mais elle avait dans le regard comme tout un tas de non dits révélés en partie par son expression. Encore une fois, Emmerich trouva ces retrouvailles étranges, ne s'attendant pas à trouver Evelyn dans un tel état d’esprit en la voyant. À vrai dire, s’il avait su que ce serait elle qui viendrait le récupérer, il se serait imaginé une toute autre conversation.

Que ça soit par déduction ou grâce au fait qu’il connaissait suffisamment Evelyn pour savoir que quelque chose clochait. Il hésita cependant une fraction de seconde avant de lui proposer de rester avec lui pour parler. Il en avait envie, tout en souhaitant aller sans attendre découvrir sa cabine. Il lui semblait néanmoins que quelque chose d'important était en train de survenir, même si rien n’y paraissait et la perspective d’une conversation normale avec une personne qui n’avait rien à voir avec le Lady lui revêtait à ses yeux un attrait certain. Attrait renforcé par le fait qu’il connaissait cette personne et que malgré son ambition de divorcer, il appréciait suffisamment pour se soucier d'elle, sans vraiment savoir si l’affection qu’il ressentait était dû à de véritables sentiments ou bien provoquée par sa récente libération.

Quoi qu’il en soit, Evelyn vérifia sa disponibilité sur son propre terminal avant d’accepter en déclarant que le capitaine lui en devait une, arrachant un haussement de sourcils interrogatif à Emmerich. Sa situation professionnelle n’était déjà pas à plaindre avant son arrestation, mais il semblait qu’elle n’avait pas chaumé pendant ces six années, élevant d’un même coup sa place sociale également pour en arriver à ce que le capitaine qui l’employait lui doive un service. Il ne releva cependant pas et se contenta de se laisser guider jusqu’à une petite place où elle s’installa sur un banc pendant qu’il allait observer ce que proposait le distributeur qui trônait à côté, redécouvrant ce que la flotte pouvait lui proposer.

La première question fusa, envoyant comme une décharge digne des armes paralysantes de la flotte dans son corps. Il ne serait même pas capable de faire une synthèse de son séjour sur ce vaisseau, tant les jours s’étaient ressemblés, à en devenir fou, à en devenir violent, à finir par s’imaginer que la seule porte de sortie qui lui restait était de s’enfoncer une perceuse laser dans la tempe pour au moins faire taire ce bruit impossible, incessant qui leur grillait les oreilles à tous. Ses épaules s’affaissèrent et il se détourna pour qu’elle n’ai pas à voir son expression hantée, le temps qu’il reprenne le contrôle. La question était innocente, emprunte de simple curiosité, mais elle faisait parler son cœur qui a chaque battement suppliait de ne jamais y retourner, quelle qu’en soit la raison. Lorsqu’enfin il réussit à reprendre une expression normale, quoi que visiblement toujours bouleversé, il répondit.

-C’est pire encore, souffla-t-il. C’est comme être coincé dans un jour sans fin, chaque seconde donne l’impression de durer des heures et il y ce bruit… ce vacarme qui ne s’arrête jamais… j’ai cru devenir fou là-bas. Sa voix avait tremblé sur ces derniers mots, mais lorsqu'il releva enfin son regard perdu vers Evelyn, elle retrouva de sa fermeté et ses yeux se remplir d’une tranquille assurance. Si demain la milice vient me voir pour me dire que je dois y retourner, je crois que je me planterai le premier objet pointu à ma portée dans la gorge plutôt que de les suivre.

Il baissa les yeux, honteux de la véracité de cette affirmation, avant de regarder une nouvelle fois le distributeur. Aussi attrayante que cette nourriture pouvait être, il avait de plus grandes ambitions pour son premier repas d’homme libre. Aussi, il se détourna pour retourner auprès d’Evelyn, s’installant à côté d’elle avant de se passer les deux mains sur le visage, comme si ça pouvait suffire à chasser les quelques images tenaces qui restaient encore derrière ses paupières dès qu’il fermait les yeux.

L’idée de l’évaluation orthopédique lui permit de s'accrocher à autre chose et il n’hésita pas à s’y cramponner de toutes ses forces mentales. Elle se reprit encore une fois après lui avoir proposé de le faire elle-même, proposant plutôt un collègue à la place pour ne pas le « mettre mal à l'aise ». L’idée le fit sourire, étrangement. Il ne doutait pas devoir passer une ribambelle de tests physiques et psychologiques avant de pouvoir reprendre pleinement le travail, juste pour être sûr qu’il ne craque pas en cours de route. Se faire examiner par des inconnus était quelque chose de plus normal, mais le fait que Evelyn, entre tous, propose elle-même de libérer un peu de son temps pour le faire l’étonnait et le touchait.

-Ça ne me mettra pas mal à l'aise, merci de ta proposition. Tu auras le temps de t’occuper de mon cas ?

Elle devait avoir beaucoup de choses à faire durant ses journées, s’occuper de son futur ex-mari sonnait comme une perte de temps aux oreilles d’Emmerich, qui n’en appréciait que plus le geste, tout en se demandant les raisons de tout ça.

-Ta promotion, elle est récente ? Sur le Regina, j’imagine ?

C’était là qu’elle habitait, aux dernières nouvelles et même si elle avait surtout travaillé sur le Colossus, ça lui semblait l’option la plus probable. Il l'observa, croisant ensemble les doigts de ses mains, cherchant à voir dans son expression un quelconque signe qui serait plus révélateur de son ressenti avant qu’il ne se reprenne mentalement. Il avait déjà fait l’erreur d’essayer de deviner plutôt que de lui demander, il ne la referai pas aujourd'hui.

-Est-ce que ça te plait ? Lui demanda-t-il alors, son regard perçant toujours posé sur elle.

Ça n'était pas le même type de travail que ce qu'elle faisait auparavant après tout, il était même sans doute bien différent. Le changement avait sans doute eu de quoi la déstabiliser dans les premiers temps.
MessageSujet: (#) Re: Libre seulement de ses choix ~ Evelyn    Libre seulement de ses choix ~ Evelyn 3ViG0Cu Mar 20 Nov - 21:39
Evelyn Olsen
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Inutile d’être psy pour détecter la détresse qui s’empare d’Emmerich sous le coup du souvenir douloureux qu’Evelyn insiste pour faire remonter à la surface. Néanmoins, elle tire beaucoup de ce moment de vulnérabilité et de la façon qu’il a d’expliquer, avec force émotion, l’enfer vécu dans les bras de la Dame. À en croire la vive douleur de la réminiscence d’un passé encore frais, l’homme n’était pas près de répéter ses erreurs, ce qui rassurait malgré tout la vice-capitaine. Leur couple n’avait peut-être pas fonctionné à long terme, il n’en demeurait pas moins qu’elle ne souhaitait les horreurs de la prison stellaire à personne. Il resterait sage pour son propre bien, celui de son fils, et ne prendrait pas le risque de voir ses parents mourir pendant qu’il était – encore une fois – enfermé sur le vaisseau-geôle.

Au moins, désormais, elle pouvait se dire qu’elle n’était plus la pire femme qu’il avait été forcé de côtoyer.

« Ils ne viendront pas », fait-elle, un peu sèchement, dans la précipitation causée par le fatalisme d’Emmerich. Elle comprenait la terreur derrière son affirmation, mais elle n’aimait pas l’entendre itérer pareille sottise. Il évitait son regard et elle ne pouvait pas trop lui en vouloir. Il y avait quelque chose d’intime, mais aussi de honteux dans ce qu’il affirmait. « Je crois que tu as retenu ta leçon. Je sais que tu vas faire au mieux pour te réintégrer et te faire pardonner tes écarts passés. » Les mots auraient pu être durs, mais Evelyn y croyait, et ça se traduisait dans son ton teinté de compassion et d’assurance – aussi dans l’ombre d’un sourire qu’elle lui décoche, bref, presque invisible dès qu’elle croise à nouveau son regard. Les crimes d’Emmerich avaient été non-violents, mus par une vision aussi égoïste qu’altruiste. Un véritable paradoxe qui faisait qu’Evelyn demeurait en équilibre sur un fil, entre la compréhension et le mépris, demeurant droite seulement grâce à une perche de compassion, une émotion qu’elle avait du mal à éprouver. Ironique, pour un ancien médecin.

Elle balaie l’air devant elle de la main pour chasser les doutes de son interlocuteur. « Bien sûr. Ce n’est pas un cas qui va me surcharger. Je coordonnerai avec un ancien collègue pour emprunter une salle d’examen », assure-t-elle, pianotant rapidement sur son terminal pour envoyer un message à un autre médecin avant d’oublier.  Evelyn puisait son énergie dans le travail, profitant de peu de loisirs simplement parce qu’elle préférait travailler constamment, histoire de garder son esprit occupé. Elle faisait un peu de temps pour David, soucieuse de conserver le lien qu’elle commençait tout juste à tisser avec lui, et le reste était de l’ordre du bonus. Sur ses lèvres se dessine un petit sourire coi lorsqu’il évoque son poste, présumant qu’elle devait œuvrer sur le vaisseau médical. « Non. Ici », fait-elle, désignant la coursive qui borde leur espace de repos, hochant la tête. « Depuis mai. Je ne sais pas si tu en as entendu parler; l’ancien capitaine a été… » Elle mime un poing qui s’abat sur un bouton fictif, geste qui remplaçait aisément le classique doigt sur la gorge sur la flotte en raison de sa nature plus crédible. Elle ne s’étale pas sur les raisons de la dite mise à mort, toutefois. « … enfin. J’avais déjà travaillé avec le vice-capitaine de l’époque sur des rapports de santé et sécurité. Va savoir ce qui lui a fait penser à moi. »

Evelyn s’accorde un moment de réflexion avant de répondre à Emmerich. C’était une bonne question et maintenant qu’elle y pensait, elle n’avait jamais pris une minute pour se poser la question sincèrement. Ce n’était pas le genre de conversation qu’elle avait avec elle-même, toujours occupée à autre chose de plus important que quelque philosophie interne. Elle hausse les épaules, hochant la tête dans une certaine gêne, sûrement de même considérer faire preuve d’une brutale honnêteté avec Emmerich, avec qui elle n’avait jamais été très communicative. « Oui, je crois. C’est très différent. Il y aura toujours de meilleurs médecins que moi, mais je crois que je fais un bon travail comme vice-capitaine. Je pense que je pourrai réellement améliorer les choses. » C’était un peu candide de sa part, peut-être, ou du moins pouvait le paraître lorsqu’on ne connaissait pas les circonstances de sa collaboration avec le capitaine Andak. Ils étaient sur la même longueur d’onde et maintenant qu’il lui avait fait comprendre que tous les moyens étaient bons pour que le Colossus 5 se déleste de la mauvaise réputation qui lui collait à la carlingue depuis trop longtemps. Certes, il était ironique d’user de moyens détournés pour redorer le blason du vaisseau… mais ça n’était un problème que s’ils se faisaient prendre.

Elle expire bruyamment par le nez, comme dans un soupir vaguement satisfait. « Je suppose qu’ils te feront reprendre le travail le plus rapidement possible », avance-t-elle, sachant que ça n’était guère par gentillesse que le commandant n’avait pas reconduit la peine d’Emmerich. « J’espère que tu auras assez de temps pour reprendre tes marques. Il y a des choses que tu aimerais faire en particulier? » La question vient après un bref silence et la relance est forcée, un peu, mais les intentions sont bonnes. Quelque part, ça fait du bien d’être capable d’avoir une conversation courtoise avec Emmerich après 20 ans d’acrimonie et d’absence.
MessageSujet: (#) Re: Libre seulement de ses choix ~ Evelyn    Libre seulement de ses choix ~ Evelyn 3ViG0Cu Mar 20 Nov - 23:59
Emmerich Krüger
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Il regretta d’avoir été honnête avec Evelyn au moment même où celle-ci ouvrit la bouche pour lui répondre. Il lui paraissait désormais évident que c’était une erreur, mais il s’avouait perturbé par le tour qu’avait pris la conversation dès le départ, ainsi que par cette étrange nostalgie qu’il avait fini par ressentir et qui l’avait poussé à se confier. Depuis quand n’avait-il pas eu une conversation normale avec quelqu’un ? Depuis quand n’avait-il pas pu dire ce qu’il avait sur le cœur sans avoir peur que les informations soient retournées contre lui ? Evelyn était ironiquement la première personne qui pouvait s’apparenter à une oreille attentive depuis six ans, il s’était laissé mettre en confiance par ce visage familier et cette tournure inattendue des événements.

Cependant, la condescendance dont elle fit preuve avec lui lui rappela toutes les bonnes et les mauvaises raisons pour lesquelles les choses avaient fini par ne pas fonctionner entre eux. C’était tout ce qu’elle avait à lui dire, alors ? Il ne manquait plus qu’un « bien fait pour toi » en plus de ses commentaires rabaissant, comme s’il avait été un simple enfant pris en faute et dont la bêtise s’était retournée contre lui. Il avait lutté pour un idéal, Emmerich, pour une cause qu’il avait cru juste et qu’il pensait toujours juste. Son seul regret n’était pas d’avoir osé défier la loi. C’était d’avoir été pris et ainsi séparé de tous ce qu’il aimait, et plus particulièrement de son fils David. Il finit par laisser échapper un reniflement amer, puisque c’était là tout ce qui lui apportait les paroles de sa femme.

-Tu ne sais pas de quoi tu parles, Evelyn.

S’il ne la confrontait pas directement, s’il préféra ensuite changer de sujet en acceptant sa proposition de l’examiner, c’était simplement parce qu’elle avait été sauvée par le ton utilisée. Elle n’était décidément pas douée avec les gens, Evelyn, mais au moins il pouvait voir dans son intonation qu’elle n’avait pas cherché à mal, pour cette fois. Il ne répondit pas à son sourire lorsqu’il vint s’asseoir à ses côtés, hochant la tête alors qu’elle confirmait que l’examen d’une personne ne risquait pas de lui faire perdre trop de temps.

Faisant de son mieux pour retrouver contenance, pour ne pas faire de ces premiers moments de libertés un terrain pour la discorde, il s’intéressa de nouveau à elle, sincèrement. Ça n’était pas rien de la voir dans ce nouvel uniforme, il y avait un énorme pas de franchi depuis leur dernière entrevue. Elle le surpris en lui apprenant que c’était sur le Colossus qu’elle était en poste, même si, comme il s’en était fait la réflexion, elle avait effectivement beaucoup travaillé sur ce vaisseau également. Sa promotion datait de peu et s’il avait entendu parler d’une explosion sur le Colossus, il n’en avait jamais appris les tenants et aboutissants, aussi fut-il surpris d’apprendre que le capitaine avait été sassé.

-Le capitaine Sharapov ?

La nouvelle avait de quoi le perturber. Il n’avait pas vraiment travaillé sur le Colossus, ayant été le plus souvent employé sur d’autres vaisseaux, cependant il s’agissait là d’une figure malgré tout assez connue et commettre un crime assez grand pour se faire sasser n’était malgré tout pas une mince affaire. Quant à la date annoncée, mai, ça correspondait à peu près au moment où la nouvelle des explosions lui était parvenue. Inutile d’être un génie pour comprendre que les deux devaient être liés d’une manière ou d’une autre. Désormais, il ne savait plus non plus qui était le capitaine du Colossus. Quand il était parti, le second de Sharapov était un certain Delgado. Où en étaient les choses désormais, il n’en savait rien, mais il pourrait tout à fait trouver cette information tout seul. À la place il demanda si le nouveau travail d’Evelyn lui convenait, la prenant visiblement légèrement au dépourvu comme le prouvait le léger temps de réflexion qu’elle s’accorda.

Sa réponse laissa Emmerich légèrement pensif et il se laissa aller contre le dossier du banc sur lequel ils étaient assis pour traiter l’information. Evelyn avait une aisance certaine à assumer les responsabilités qu’on lui donnait, lorsqu’il s’agissait de travail pur, ça faisait partie de ce qui avait plu à Emmerich lorsqu’ils s’étaient rencontrés. Il en avait été bien entendu différemment quand il s’était agit de responsabilités plus personnelles, comme celle d’élever un enfant, par exemple. C’était ce qui lui avait moins plu, chez elle. Il ne doutait pas qu’elle saurait sans doute s’en tirer plus que correctement dans son nouveau rôle, peu importe ce qu’il impliquait.

-J’espère bien, j’imagine qu’ils ne m’ont pas fait sortir de gaîté de cœur, répondit-il en retrouvant un sourire discret.

Quelque part, il tirait beaucoup de fierté à se dire qu’ils n’avaient eu d’autres choix que de le faire sortir lui de prison, pour reprendre le travail, après tout ce qu’il avait fait à l’encontre du gouvernement en place. Il y avait dans cet acte une reconnaissance de son propre talent, de la justesse de son travail, qui ne passait pas inaperçue aux yeux de l’ingénieur. Ils ne l’auraient pas fait sortir s’ils n’avaient pas vraiment eu besoin de lui.

-Prendre une douche me paraît bien, réussit-il à dire après un temps de réflexion.

Il tourna la tête vers Evelyn, le sérieux de son visage contrastant avec la lueur d’amusement présente dans son regard. Prendre une douche dans une cabine personnelle avait clairement des airs de grandes vacances pour Emmerich, en ce moment même et même s’il avait dit ça pour plaisanter, il y avait une vérité bien plus profonde dans cette presque fausse déclaration. Il croisa les bras en retrouvant le sérieux complet avant de poursuivre.

-Je pense que je vais réviser rapidement mon sujet avant de me faire envoyer au travail. Je n’aimerais pas arriver sur un dossier sans savoir comment faire pour l’accomplir au mieux. J’imagine qu’il me referont suivre une formation également, juste pour être sûr. Ça ne me fera pas de mal.

Il voulait retrouver le sommet d’efficacité auquel il était lorsqu’on l’avait emprisonné, même si pour le moment, il avait la tête à autre chose que le travail. Tout ce qui pouvait lui faire oublier le Lady Grace était bien entendu bon à prendre, mais il avait grand besoin de repos, il le savait, son corps le lui hurlait et son esprit également. Il laissa le silence s’étaler entre eux un instant, n’ayant sincèrement envie de rien d’autre que ce qu’il avait déjà dit pour le moment et considérant la question comme répondue.

-Ça me fait bizarre, de te retrouver, dit-il finalement. J’arrive toujours pas à savoir si je suis content que ça soit toi ou si ça me contrarie.

Encore une fois, il se montrait par trop honnête avec elle, mais pour le coup, à quoi lui aurait-il servi de mentir sur ce sujet ? Elle avait fait preuve de plus de gentillesse avec lui ces dix dernières minutes que pendant les vingt dernières années, même si on excluait la période où il avait été incarcéré. En vérité, il trouvait ça presque étrange, comme s’il ne croyait pas que tout puisse s’expliquer par de la simple compassion quant à ce qu’il avait pu vivre sur le Lady. D’autant plus maintenant qu’il pensait qu’elle estimait cette sanction parfaitement méritée.

-Est-ce que tu as quelque chose de particulier à me dire ?

Ce pouvait être une explication comme une autre. Il ne voyait pas ce qu’elle pouvait vouloir de lui autrement, il n’avait littéralement rien à offrir pour le moment à part son temps qui, pour certaines raisons, étaient devenu un bien précieux pour lui.
MessageSujet: (#) Re: Libre seulement de ses choix ~ Evelyn    Libre seulement de ses choix ~ Evelyn 3ViG0Cu Lun 3 Déc - 0:08
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Il avait raison, elle ne savait pas de quoi elle parlait. Evelyn ne savait pas ce que c’était que d’être trouvée coupable d’un crime, même si elle avait flirté avec les cellules de l’Argus One dans les semaines précédentes. Évidemment, elle se garderait de le mentionner, et ferait tout en son pouvoir pour que cette affaire ne parvienne jamais aux oreilles d’Emmerich. L’ironie était trop forte pour qu’elle laisse la moindre information en ce sens filtrer jusqu’à l’ingénieur – et elle savait comment elle s’y prendrait. Elle ne répond rien, se contentant d’éviter le regard de l’homme, comme si elle comprenait qu’elle avait mis les pieds dans les plats. Ça ne serait pas la dernière fois, de toute manière. À l’interrogation surprise d’Emmerich, elle acquiesce en silence, confirmant l’information. Visiblement, ça le perturbait plus qu’elle n’aurait imaginé, même si elle ne savait pas pourquoi. Evelyn ne s’était jamais réellement intéressé au caractère des gens avec qui elle ne faisait pas directement affaire – c’était d’ailleurs la seule raison pour laquelle elle avait pensé savoir à quoi s’attendre avec le nouveau capitaine, lorsqu’il lui avait tendu l’offre. Elle s’était trompée sur une partie de la ligne, mais elle ne pouvait pas s’en vouloir : les confessions du capitaine Andak n’étaient pas du genre à être étalées à qui voulait les entendre.

La conversation a ses remous, mais elle demeure courtoise, empreinte d’une sorte de nostalgie qui fait qu’Evelyn ne peut se résoudre à reprendre ses vieilles habitudes – même si, malgré elle, elles avaient déjà refait surface. Elle imite le sourire d’Emmerich, avec une pointe de gêne. Elle ne se souvenait pas qu’il ait été vantard, mais à bien y penser, il avait raison. Véritable virtuose, des projets plein la tête et une imagination débordante, l’ingénieur était un choix évident s’il était important pour l’amirale d’accélérer les choses en prévision de Qiang. Ils avaient besoin de gens, d’esprits, de bras, certes; mais ils avaient besoin de leaders et d’innovateurs, surtout, de personnes d’expérience, faites d’audace et de persévérance. Difficile de trouver quelqu’un qui collait mieux à la définition qu’Emmerich. Elle étouffe un petit rire à la réponse d’Emmerich. Réponse bancale pour une question bancale. C’était à se demander s’il était sérieux, au fond; s’il comprenait la chance qu’il avait de s’être rendu suffisamment indispensable pour échapper à une autre année sur le Lady Grace. Or, ce qui vient immédiatement après le lui confirme. Il sait. Il est conscient qu’il y a des conditions à sa remise en liberté, et ça la rassure. « Le voilà, l’homme que je connais », souligne-t-elle, sourire en coin, gentiment moqueur. Une façon déguisée de lui montrer qu’elle avait encore à coeur la dévotion d’Emmerich à sa vocation.

Contre toute attente, ce n’est pas la contrariété qui l’envahit au commentaire maladroit – ou honnête? – de l’homme. Elle-même se posait la même question, vivait la même réflexion interne. Elle aurait pu laisser la tâche ingrate d’accueillir Emmerich à n’importe qui d’autre, même si, techniquement, leur mariage encore valide faisait que la tâche lui incombait. Ça n’était qu’une question de bureaucratie et elle n’avait pas à s’y plier, concrètement. Pourtant, elle l’avait fait, sans doute pour être la première à jauger l’ingénieur, ou encore pour se convaincre qu’il n’y avait plus rien. « Ça n’a pas l’air de te contrarier spécialement, de mon point de vue », note-t-elle, hochant la tête. Il faut dire qu’elle n’avait jamais été du genre à être douée pour déceler les nuances émotives des autres. S’il voulait s’adonner au jeu de la cruelle honnêteté, alors elle se ferait un plaisir de l’accompagner – il la pousse d’ailleurs en ce sens en l’interrogeant sur quelque confession qu’elle aurait à lui faire. Ce serait la seule – qu’il en profite en conséquence. « Emmerich, ça n’a pas fonctionné entre nous et c’est ma faute, mais ce n’est pas une raison pour ne pas essayer de repartir sur de bonnes bases. Beaucoup de choses se sont passées en six ans. J’ai été une femme ingrate et une mère médiocre. Je ne compte pas être une… amie aussi merdique. » Le langage était vulgaire sur les lèvres d’Evelyn alors qu’elle se tenait généralement à un standard de vocabulaire irréprochable. Or, ça lui semblait de circonstance. « Si tu veux. » Elle baisse la tête, abhorrant ce moment de faiblesse et de vulnérabilité qu’elle montre à Emmerich. Elle ressemble davantage à la femme qu’elle était au moment de leur mariage qu’à celle qu’elle était à sa dissolution officieuse, froide et arrogante, sans la moindre considération.

« Ne me mets pas des bâtons dans les roues. Avec David. » La précision vient aussitôt, histoire qu’elle n’ait pas l’air de le menacer de quelque façon que ce soit. Le regard baissé, elle pince les lèvres. L’admission la torture plus qu’elle l’aurait imaginé, comme si c’était un défaut que de vouloir prétendre à être une bonne mère face au père de son enfant. L’ego lui fait mal. « J’essaie très fort. Il n’a pas besoin de moi, mais… Enfin. J’essaie de faire amende honorable. Donne-moi une chance, s’il te plaît. » Les trois syllabes finales lui écorchent la gorge comme elle n’aurait jamais cru. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’Emmerich ne tente pas de lui voler David, même si c’était ce qui arriverait, rien qu’à voir la façon que le gamin avait d’idolâtrer son père. Volontairement ou non, immédiatement ou plus tard, elle deviendrait un fantôme pour son propre fils, et elle l’aurait mérité.

C’est le bip sonore de son terminal qui lui fait lever la tête et elle jette un coup d’œil rapide, ravie d’avoir une occasion de changer le sujet. « J’ai un collègue qui me laisse sa salle d’examen, jeudi, mais pas avant 20 h. Je t’enverrai les détails quand je les aurai. »
MessageSujet: (#) Re: Libre seulement de ses choix ~ Evelyn    Libre seulement de ses choix ~ Evelyn 3ViG0Cu Mer 5 Déc - 13:33
Emmerich Krüger
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L’homme qu’elle connaissait, voilà une affirmation qu’il trouvait bien arrogante. Jusqu’où Evelyn le connaissait-elle vraiment ? À quel moment avait-elle perdu le fil de l’évolution de son mari ? Il n’était plus le même que celui avec qui elle avait conçu un enfant, rapidement abandonné à son paternel. La seule chose dont elle pouvait être vraiment sûre était son professionnalisme et si l’idée que ça soit encore aujourd’hui la seule chose qui lui importait suffisamment pour qu’elle s’en soucie un minimum le peinait autant pour lui que pour elle. Les relations humaines n’étaient pas le fort de sa futur ex femme.

Il baissa les yeux vers ses mains jointes lorsqu’elle observa à juste titre qu’il n’avait pas l’air si mécontent que ça que ça soit elle qui était venue le chercher. Effectivement, il était content de la revoir. Pour plusieurs raisons. Ses raisons n’avaient cependant pas besoin d’être bonnes. Il lui demanda si elle avait quelque chose à lui demander, quelque chose qui justifierait selon lui qu’elle soit aussi serviable avec lui alors que leurs précédents rapports étaient emprunts de mauvaise tension et de déception chez Emmerich. Et il visa juste.

Un reniflement désillusionné lui échappa. Avoir raison n’était pas toujours source de satisfaction. Il ne savait pas ce que comprenait toutes ces choses qui s’étaient déroulées en six ans, mais visiblement, elles avaient fait réfléchir Evelyn qui s’était enfin remise en question et souhaitait repartir sur de bonnes bases. Cependant, ça n’est pas cet aveu somme toute louable qui lui arracha cette réaction désabusée, mais plutôt la suite, lorsque ce qu’il imaginait être la véritable raison de sa gentillesse fut énoncé. La voilà. La preuve. L’ultime évidence que Evelyn ne connaissait pas l’homme qu’elle avait épousé et que, visiblement, elle n’avait jamais vraiment connu.

Son regard alla se perdre sur le plafond alors qu’il gardait le silence, sans aucune insolence dans le geste, mais plutôt comme s’il cherchait une réponse valable à lui offrir dans les différentes plaques nues qui constituaient le toit de l’endroit où ils se trouvaient. Un toit assez haut d’ailleurs. Il était important qu’il y ai de l’espace au dessus de la tête des habitants de la flotte, qu’ils n’aient pas l’impression d’être oppressés, comprimés entre des plaques de métal glorifiées et maquillées. Cette distance donnait aussi le recul nécessaire à l’ingénieur pour trouver une réponse adéquat, étrangement, comme s’il donnait le temps à ses pensées de faire un aller retour suffisamment long pour faire le tri dans ce qu’il souhait lui dire et ce qu’il devait lui dire. Il baissa une nouvelle fois les yeux vers ses mains, puis reporta son regard sur Evelyn qui attendait une réaction de sa part, avant d’essayer de changer de sujet. Ce qu’il ne prit pas en compte.

-Je n’ai jamais essayé de te mettre de bâtons dans les roues, avec David. Elle le savait. Ça au moins, elle le savait. Il espérait de tout cœur qu’elle le savait. Depuis le début je n’ai toujours souhaité qu’une chose pour ce garçon : une vie équilibrée et saine. Je t’incluais dans cette équation lorsqu’on a décidé d’avoir un enfant. Mes envies pour lui n’ont pas changé, je veux qu’il ai une vie équilibrée et saine. Je veux qu’il soit heureux.

C’était là l’essentiel pour lui et si son fils incluait Evelyn dans son bonheur, il ne s'y opposerait pas. Il voulait retrouver David et que David lui dise qu’il n’avait manqué de rien, qu’il était heureux, qu’il était fier de lui-même et de la vie dans laquelle il s’était sûrement lancé en son absence. Une vie dans laquelle Evelyn avait eu une place, importante ou pas, il n’en savait rien, mais une place malgré tout. Une place qu’elle souhaitait conserver, ce qui poussait Emmerich à se demander pourquoi. Pourquoi maintenant ? Qu’avait-elle à y gagner ? Qu’est-ce qui avait changé chez elle ? Il se rendit compte qu’il ne la connaissait sans doute plus autant qu’il l’aurait pensé, s’abaissant au même état d’ignorance qu’elle l’était sur son compte.

-J’apprécie ce que tu as fait pour lui pendant mon absence et il ne me viendrait pas à l’idée d’essayer d’éloigner David de sa mère, s’il souhaite passer du temps en sa compagnie. En ta compagnie.

Il la dévisagea encore un instant, comme pour chercher dans ses yeux quelque chose de différent, quelque chose qui ne s’y trouvait pas avant. Peine perdue. Il avait perdu les nuances qui lui permettait autrefois de la décrypter, en six ans, si toutefois il les avait un jour réellement maîtrisée. Ce qui ne l’empêchait pas de rester sceptique sur sa volonté à la fois de faire amende honorable et d’être une « amie moins merdique », comme elle l’avait dit.

-Tu as changé, constata-t-il simplement, malgré la nuance qu’il aurait pu y mettre. Et je ne serais pas contre l’idée d’avoir une amie.

Il lui tendit la main. Il voulait qu’ils repartent sur de bonnes bases, lui aussi. Ça n’avait effectivement pas fonctionné entre eux et si Evelyn prenait bien facilement la blâme sur le sujet, Emmerich imaginait sans peine qu’il avait dû avoir sa part de responsabilité, puisqu’il n’avait pas réussi à lui donner l’envie de rester avec eux. Puisqu’il était cependant un fait établi qu’ils avaient tous les deux changé, rien ne les empêchait de construire quelque chose de différent, avec un futur plus pacifique que leur passé l’avait été.

-Jeudi, 20h me paraît très bien. Ça me laisse la journée.

Il savait déjà qu’il avait fort à faire et une fois reposé, il ne perdrait pas une minute de son temps à lambiner.
MessageSujet: (#) Re: Libre seulement de ses choix ~ Evelyn    Libre seulement de ses choix ~ Evelyn 3ViG0Cu Ven 7 Déc - 22:24
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Libre seulement de ses choix ~ Evelyn Tumblr_inline_p7lcu4BRXY1sa6iyn_250 Pseudo : canard
Avatar : Natalie Portman
Crédits : minako (av)
« Je sais. Je sais », répète-t-elle, les yeux baissés, presque en écho à ce que l’ingénieur lui assurait. C’était si difficile de se l’admettre, tellement plus simple de mettre la faute sur Emmerich, sur Lanzo, sur n’importe qui d’autre que d’assumer qu’elle avait pris de mauvaises décisions, et qu’elle en était la seule responsable. Evelyn visait la perfection et rien de moins; là où elle avait excellé tout au long de sa vie, quoi qu’elle entreprenne, son échec le plus cuisant avait été à titre de mère et d’épouse. Finalement, elle avait mis du temps à s’y faire, mais il semblait qu’ils avaient le même espoir pour David : qu’il devienne un jeune homme épanoui et heureux, quel que soient les circonstances. Si ses parents pouvaient retrouver des bases courtoises, alors sans doute en serait-il rassuré, ce qui poussait Evelyn à vouloir en faire trop pour exprimer à Emmerich ses regrets vis-à-vis de ses agissements passés. Elle hoche la tête, simplement, acquiesçant sans rouspéter ni douter des paroles de l’homme. « Je suis désolée. » Désolée d’essayer de compenser pour quinze ans de médiocrité maritale, familiale. C’est finalement le constat d’Emmerich qui lui tire autre chose qu’un air piteux : un sourire, d’abord peu convaincu, puis un peu tremblant lorsqu’elle voit la main tendue, au-dessus de la table, comme la moitié d’un pont qui ne demandait qu’à être construit. Elle avait changé, indubitablement; avait maîtrisé son mal-être pour en faire une armure de stoïcité qui, avec le temps, avait convaincu les autres que c’était de l’assurance, du professionnalisme, de l’élégance, même. Ça n’était rien de tout ça, évidemment. Le seul fait de se retrouver face à face avec Emmerich suffit à y créer une brèche qu’elle espérait temporaire, histoire que ne s’y infiltre pas à nouveau l’étincelle du doute et de l’autodestruction.

Alors elle fait ce que toute personne sensée aurait fait et tend les doigts vers ceux d’Emmerich, serrant sa paume fermement, comme pour l’assurer de sa sincérité. « OK. » Elle opine de la tête, comme si elle prenait le temps d’assimiler son nouveau statut d’amie. « OK. Essayons ça. » Ce n’est qu’à cet instant qu’elle relève les yeux, croisant un instant le regard de l’ingénieur, avant de laisser aller sa main. La notification de son terminal arrivait à point nommé, et Evelyn jugeait le moment parfait pour prendre congé – elle avait, après tout, un capitaine à rejoindre sur le pont du Colossus 5. Elle se lève lentement, toussotant comme pour reprendre un peu de contenance, non sans passer ses mains sur son uniforme pour le lisser distraitement. « Très bien. Je t’enverrai le numéro de la salle et on s’y verra. On pourra discuter d’un moment où on sera libre tous les deux pour passer à l’administration. » Le divorce était inévitable et déjà prononcé officieusement. Il suffisait de passer devant un agent de bureau de l’administration fédérée pour faire de leur mariage une chose du passé… et se concentrer sur l’avenir.
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