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  destructive / eh
MessageSujet: (#) destructive / eh    destructive / eh 3ViG0Cu Jeu 5 Juil - 22:28
Rosalija Saroyan
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Les hauteurs sont peu fréquentées, et les tours d’ivoire sont fragiles.

Rosalija n’avait jamais vu le mal dans les réseaux sociaux. Une façon comme une autre de faire valoir son point de vue, une tribune que tous pouvaient utiliser et qui ne privilégiait personne. Starchat ne faisait pas exception à la règle, permettant aux Stellariens de se rassembler autour d’intérêts communs, de garder contact lorsque les circonstances les éloignaient. Sauf qu’elle réalisait désormais à quel point ils pouvaient faire perdre la perspective sur les événements. Entre les examens médicaux, l’attente, les temps de repos, la douanière avait eu l’occasion de rattraper une partie de l’activité de son fil de nouvelles – trois semaines d’opinions et de bêtises ne s’assimilaient pas en criant ciseau, forcément. La vie avait continué en son absence et c’était très bien ainsi. Entre deux messages qui déploraient l’inaction du Conseil ou qui véhiculaient les dernières rumeurs sur l’attaque du Jeanne d’Arc, elle voyait une photo d’une soirée, un fun fact végétal, de quoi oublier l’espace de cinq secondes qu’elle revenait d’un cauchemar. Puis, le message qui avait fait mal. Les messages. Comme si elle avait besoin de ça en sachant qu’elle avait tant perdu – Krishvin, God, elle ne réalisait pas encore l’impact de sa mort – et qu’elle ne pouvait même pas compter sur tous ceux pour qui elle aurait tout donné.

Elle s’était retrouvée en présence d’Elara, mais pas par choix. Si elle avait pu, elle aurait évité la blonde, mais les choses étaient ainsi faites; son travail requérait sans doute qu’elle aille se montrer aux rescapés, qu’elle serre quelques mains, s’informe de leur état. Elles s’étaient retrouvées à sortir du Regina Mercy en même temps, faisant d’une passerelle le théâtre d’une réunion que la brune aurait préféré éviter le plus longtemps possible. Ses regards noirs dès que ses yeux croisaient ceux de la conseillère semblaient l’avoir tenue à l’écart jusqu’à maintenant, mais puisqu’elles n’étaient plus que toutes les deux, autant crever l’abcès pendant que la blessure était fraîche. « J’ai eu la chance de lire ta petite guerre avec Khan sur Starchat », fait-elle alors, brisant le silence lourd et empli de malaise. Ça ne lui ressemblait pas d’être aussi vindicative, mais elle percevait les manœuvres d’Elara comme une véritable trahison. « J’pensais pas que le pouvoir te monterait à ce point à la tête. Ou que tu rechercherais l’approbation absolue de l’amirale à ce point. »

Elle lâche un rire narquois, presque mauvais si on n’y décelait pas un brin de tristesse, de déception. Quoique lui dicte la raison, elle ne pouvait pas s’empêcher de considérer la véhémence d’Elara à insister pour que l’on prenne son temps avant de rescaper les civils coincés sur Keller comme un fuck you magistral. « Y’aurait fallu quoi pour que la situation soit critique? Plus de morts? » insiste-t-elle en reprenant les mots employés par Elara dans un message posté sur le réseau social. « Y’avait des civils, Ela. Peu importe que ce ton amirale peut dire, Keller c’pas une colonie de vacances. Les gens là-bas sont hostiles à la Fédération, peu importe ce qu’ils diront. » Dire qu’elle n’avait pas eu une bonne expérience sur la station spatiale était un euphémisme, et l’exagération était minime. Elle avait été la gradée qui avait dû se faire convaincre de prendre contrôle de la situation, au meilleur de ses capacités, et c’était un miracle qu’elle ne soit pas revenue avec les nouvelles d’un meurtre sur les bras. Bien sûr, elle comprenait que régler le mystère de l’attaque du Jeanne d’Arc était prioritaire, mais ils étaient 35 000 Stellariens; sûrement qu’il pouvait y avoir deux équipes dédiés aux deux situations? À ça près, la délégation forcée de Keller aurait dû être grattée des murs et des planchers de la station par le Conseil.
MessageSujet: (#) Re: destructive / eh    destructive / eh 3ViG0Cu Sam 7 Juil - 22:32
Elara Hartmann
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Les deux derniers mois avaient été forts en émotions. Trop, peut-être. Et depuis quelques temps, même, la vie d'Elara avait pris un tournant plus ou moins extrême. Elle était passé de l'ombre rassurante de représentante déléguée, au quotidien réglé comme une horloge et à la vie sociale sans remous depuis des mois à la lumière parfois écrasante de conseillère et contremaître. Le retour de Luke dans sa vie avait déjà été un coup dur, mais elle s'en était relevé avec l'aide de ses proches. Et pourtant, rien ne l'avait préparé à ce qu'il s'était passé en mai, ni en juin. Byblos en soit avait été une aventure, mettre les pieds pour la première fois sur une planète avait toujours été un rêve de gamine et elle l'avait fait avec la première, puis une seconde délégation de la flotte passant presque quatre semaines sur la planète sableuse. Avant le grand départ, Marcus et elle avaient décidé de rendre leur relation plus sérieuse sans pour autant avoir l'occasion de profiter de ce changement tant ceux sur la flotte avaient compliqué la chose. L'accueil des bybliens l'avait poussé à rendre ses quartiers personnels, puis à se rendre sur leur planète afin d'y apporter son aide et son expertise. À son retour, elle avait pensé pouvoir souffler, ralentir le pas et se concentrer sur la flotte et le départ prévu sur Qiang. Retrouver un rythme normal, passer du temps avec ses proches, sa famille qu'elle avait délaissé au profit de Byblos mais le destin en avait décidé autrement.

Le Jeanne D'Arc avait été pris d'assaut par un groupe qu'aujourd'hui ils considéraient comme terroriste. Ils n'avaient pas volé, pas détourné, pas saccagé. Ils étaient seulement venu terrifier et tuer les stellariens présents sur le vaisseau sans motif autre qu'assoir une supériorité dont ils ne pourraient pas jouir : là était la raison principale pour laquelle l'enquête n'aboutissait pas. Ils avaient caché leur identité et n'avaient à ce jour, pas repris contact avec eux pour revendiquer leur attaque. L'attaqua avait été totalement gratuite. Et dans cette attaque, Elara avait failli perdre sa propre chaire, sa moitié, son frère. Orion qui était sorti du Regina Mercy et pour qui elle se montrait plus présente que jamais aujourd'hui, parce qu'elle savait à quel point il était dur de se relever d'une telle épreuve : Marcus également en souffrait. Parce qu'elle avait failli le perdre aussi et que si Orion se cachait dans une fierté qui lui était propre, Marcus pouvait devant Elara ployer les épaules. Elle avait avec lui un aperçu direct des maux que le Jeanne D'Arc avait laissé à ceux qui s'étaient trouvés. Insomnies ou cauchemars, changements d'humeurs, et ce trou béant dans l'âme dans lequel ils se perdent si les autres ne font pas attention. Elle avait perdu des visages familiers, aussi, dont l'ami proche du sergent dont elle partageait la vie : Tiaan Krishvin. Et au-delà de l'aider à se relever de l'attaque, il y avait le deuil aussi. En plus de se déchirer entre Orion et Marcus, Elara avait du garder la tête haute et l'esprit clair au sein du conseil qui s'était activé jour et nuit après le retour du vaisseau et qui avait dû faire face aux critiques du public en prenant la décision de laisser momentanément un autre vaisseau sur Keller de peur que celui-ci ne soit aussi la cible d'une attaque. Une décision qui lui avait coûté, Rosa se trouvant à l'époque bloquée là-bas avec les autres. Les stellariens de retour depuis quelques jours, Elara pouvait enlever cette situation stressante de ses épaules qui peinaient à supporter le poids des derniers événements. Un poids qui l'avait poussée, un peu malgré elle, à voir un médecin : compléments alimentaires, cures diverses on lui avait prescrit de quoi tenir le coup malgré la fatigue et le stress qu'avaient été les derniers mois et que seront les suivants. Un suivi dont elle n'avait parlé à personne encore, trop occupée à se concentrer sur d'autres problèmes qu'elle jugeait plus importants : Orion, Marcus, Le Jeanne D'Arc et Byblos.

C'est en sortant du Regina justement après un rendez-vous qu'elle tomba sur Rosa. Et si elle avait perçu de l'animosité depuis son retour, elle avait mis ça sur le fait qu'elle ne soit simplement pas encore allé la voir pour prendre de ses nouvelles. Naïvement, Elara la salua d'un signe de main et s'approcha d'elle sur la passerelle un sourire timide aux lèvres mais n'eu pas le temps d'ouvrir la bouche. « J’ai eu la chance de lire ta petite guerre avec Khan sur Starchat. J’pensais pas que le pouvoir te monterait à ce point à la tête. Ou que tu rechercherais l’approbation absolue de l’amirale à ce point. » Elle en reste bouche-bée, muette. Le coeur qui manque un battement avant que les autres ne soient si lourds qu'ils en deviennent douloureux. C'est comme une claque, mais à l'âme. Et ça la blesse terriblement que Rosa puisse penser ça. Et son rire ne vient qu'enfoncer le couteau dans la plaie qui vient de s'ouvrir. « Y’aurait fallu quoi pour que la situation soit critique ? Plus de morts ? Y’avait des civils, Ela. Peu importe que ce ton amirale peut dire, Keller c’pas une colonie de vacances. Les gens là-bas sont hostiles à la Fédération, peu importe ce qu’ils diront. » Elle n'a pas le temps d'en placer une, et même si Rosa le lui avait laissé surement qu'elle n'aurait pas trouvé quoi dire, là, sur cette passerelle. Elara n'en revient pas. D'une, que Rosa puisse ainsi se retourner contre elle, de deux, qu'elle la pense réellement si incompétente et insensible puis enfin qu'elle finisse par lui faire un scandale dans un lieu public. Ses doigts serrèrent le sac en tissu qu'elle portait, vexée. L'envie de simplement continuer à marcher la prend soudainement mais elle se doute bien que Rosa ne la laisserait pas simplement fuir le conflit. Son regard s'égare, de Rosa au sol, aux alentours puis aux étoiles un peu plus loin : elle ne sait pas quoi dire, ni par où commencer. Mais à fleur de peau il ne lui faut pas bien longtemps pour rétorquer. J'espère que c'est la fatigue qui parle, parce que je n'sais pas si tu te rends compte d'à quel point t'es blessante Rosa. finit-elle par lui dire en remontant ses yeux cernés vers elle. Et c'est la première fois depuis son retour qu'elle peut l'observer de si près, elle aussi visiblement fatiguée. Alors elle espère, est prête à oublier ce qu'elle venait de lui jeter à la figure en mettant le tout sur la pression de Keller qui peinait à redescendre. J'ai fait ce qu'il fallait faire. et elle en était convaincue. Le conseil a fait ce qu'il fallait faire. qu'elle renchérit, avant d'ajouter, déjà prête à faire demi-tour et éviter la confrontation que Rosa cherchait visiblement. Je venais prendre de tes nouvelles, pas chercher le conflit donc à plus tard. finit-elle, espérant que Rosa ne renchérisse pas de son côté.

Couloirs du Regina Mercy, 10 juillet 2227.
Elara parle en 996699


MessageSujet: (#) Re: destructive / eh    destructive / eh 3ViG0Cu Lun 9 Juil - 22:24
Rosalija Saroyan
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« C’est juste le retour de l’ascenseur, Elara. » Bien sûr que Rosa était blessante, même si ce n’était pas le cœur de son objectif. Tout comme la conseillère n’avait certainement pas interdit tout aller-retour entre Keller et la flotte simplement pour nuire à la santé mentale de son interlocutrice, c’était simplement un dommage collatéral de dire ce qu’elle avait sur le cœur. Pourtant, de toute évidence, Elara n’avait pas l’intention de s’excuser, même faussement, sans le penser, pour ce que la douanière considérait comme une trahison. « Tu vas même pas faire semblant de regretter ta position? » qu’elle crache dans un rictus nerveux, comme si elle n’arrivait pas à comprendre le raisonnement de la blonde. Le Conseil a fait ce qu’il fallait faire. Quelle connerie. Elle avait l’impression d’entendre sa mère – et ce n’était pas un compliment. Ce n’est que lorsqu’elle sent qu’Elara est décidée à lui tourner le dos et à éviter la confrontation qu’elle hausse le ton, en dépit de quelque oreille indiscrète qui pourrait se trouver dans les environs, même si elle ne voyait personne pour l’instant. « Quoi, tu vas me laisser derrière, encore? Ça devient une habitude, on dirait. » Une fois persuadée qu’Elara ne comptait pas partir en courant, Rosa s’approche, mains dans les poches, visiblement aussitôt calmée. Comme à son habitude, ses accès émotifs disparaissaient souvent aussi vite qu’ils étaient apparus.

« J’sais que c’est dur pour toi. Orion », précise-t-elle en se pinçant les lèvres. « Vous êtes de la famille pour nous. Je suis sûre qu’Allie était plus inquiète pour lui que pour moi. » C’est sûrement très proche de la réalité, quoiqu’on puisse dire. Rosalija en était convaincue. « T’sais qu’on a rien su, nous, avant des semaines entières? Les rumeurs ont filtré, déformées, pis j’ai cru au pire sans pouvoir faire autre chose que tenter de garder un semblant de cohésion parmi les gens coincés sur Keller. J’savais même pas quoi leur dire. J’pouvais même pas les rassurer tant j'étais moi-même pas convaincue. Certains ont cru que c’était la fin de la flotte, t’sais. Pis après j’ai su que c’était juste le Jeanne d’Arc. » Elle insiste sur le mot juste avec un certain dégoût, comme si le simple fait de prononcer la syllabe lui donnait la nausée. Sa deuxième maison. Il y avait des années qu’elle y était assignée. Elle connaissait tout le monde, de plus ou moins près. Elle aurait dû se trouver à bord et elle se connaissait trop bien pour s’imaginer qu’elle aurait survécu. Ça suffit à l’agiter, à l’énerver, et ses mains sortent de ses poches pour gesticuler nerveusement. « T’sais le nombre d’amis morts j’vais d’voir pleurer? J’peux les nommer, si t’y tiens. T’auras pas à vivre avec le Jeanne d’Arc, à rebâtir tout ça, à devoir travailler en sachant que tu t’tiens exactement là où ton boss s’est fait éventrer. T’as pas eu à dormir avec un œil ouvert, voire pas du tout, parce que trop de gens sur Keller ont une dent contre la Fédération. » Les détails sont sûrement inutiles, mais ils représentent bien l’état d’esprit morbide dans lequel se trouve Rosa et qu’Elara n’a pas l’air de saisir.

Elle ne s’arrête que pour reprendre son souffle. « En vrai c’pas ça mon vrai grief avec toi. C’est d’la déception. J’me serais laissée mourir, au bout de mon sang, dans une ruelle dégueulasse de Keller si ça aurait pu t’épargner le moindre mal. J’aurais juste demandé un peu de soutien en retour, pis j’ai même pas ça. Les v’là, mes nouvelles, si t’y tenais tant. Si tu tiens à aller voir quelqu’un, j’te conseille la chambre de Vince Altmann. » Cette même cabine dont elle était sortie à regret à peine quelques instants auparavant et qui lui avait fait réaliser à quel point la flotte avait manqué de méfiance en élisant Mugheri – peut-être que son état convaincrait Elara que la tolérance n’était plus de mise, qu’elle n’avait sans doute jamais été sage. Rosa avait commencé à se réchauffer aux idées novatrices de leur actuelle amirale, mais elle s’était depuis réaffirmée dans son soutien à Rosenstein, comme elle l’avait fait sur son bulletin de vote.
MessageSujet: (#) Re: destructive / eh    destructive / eh 3ViG0Cu Jeu 12 Juil - 23:21
Elara Hartmann
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C'était dur de lui tourner le dos, à Rosa. Et d'éviter un conflit qui avait besoin d'éclater. Mais Elara n'en avait pas la force ce jour là. Elle s'était montrée tête haute et yeux confiants face aux victimes de Jeanne D'Arc, face à leurs proches. Face aux rescapés de Keller, leur entourage. Face aux autres, en fait. Parce que c'était ce qu'on attendait d'elle : une voix rassurante, des informations qui apaisent une inquiétude juste et bien placée. On voulait qu'elle se tienne droite quand tout le monde avait courbé les épaules après les tragédies parce qu'un contremaître, une conseillère, ça doit rester fier et maitre de soit dans les pires situations. Ce masque d'assurance et de calme apparent elle était incapable de l'enfiler devant Rosa qui attendait surement des explications elle aussi. Et c'est tout ce qu'on lui demandait ces temps-ci : des réponses qu'elle n'avait pas.


Devant Rosalija, elle savait ne pas pouvoir tenir le même discours bateau mais nécessaire qu'aux autres. Elles se connaissaient trop bien pour qu'elle parvienne à lui mentir aussi effrontément. Alors elle avait le droit d'être en colère, la brune, mais pas contre elle car là était bien la dernière chose dont Elara avait besoin. Blessée, vexée, certainement perdue aussi, Elara regarda son amie une dernière fois avant de faire mine de partir en espérant qu'elle comprenne et abandonne. Le retour d'ascenseur lui restait de travers, l'impression que Rosa rejetait véritablement les derniers évènements sur elle ne la quittait pas : et la pensée furtive qu'elle avait peut-être raison quelque part continuait de creuser la plaie perpétuellement ouverte depuis le Jeanne D'Arc, frappant là où elle avait le plus mal. Là où elle se sentait coupable sans devoir l'être. Et malgré la culpabilité qui ne cessait de rôder sans jamais vraiment la frapper, Elara restait sur sa position qu'elle ne regrettait pas : le simple fait qu'aucun stellarien ne soit mort sur Keller la confortait dans le choix difficile qu'elle avait du faire de les laisser un temps en arrière pour éviter le pire. Quand son amie hausse le ton, attirant des regards dont la blonde se serait bien passé, Elara abandonne et se retourne. « J’sais que c’est dur pour toi. Orion » son prénom lui pince le coeur et tout de suite elle se demande ce qu'il peut bien faire, ou penser. La voix de Rosa plus calme lui fait miroiter un simple passage émotif, une guerre déjà évitée. Alors elle inspire, incapable de dire quelque chose lorsqu'il s'agit de son frère, sa corde sensible, la gorge trop nouée tout à coup pour faire autre chose que sourire simplement et hocher la tête. « Vous êtes de la famille pour nous. Je suis sûre qu’Allie était plus inquiète pour lui que pour moi. » Son sourire s'élargit, sans doute qu'elle aurait rit si Orion n'avait pas été si tôt mentionné. La tempête semble passée et Elara qui s'était braquée se détend un peu. Juste assez pour se racler la gorge et souffle un Mais non, ne dis pas ça... aussi rassurant que possible, connaissant la relation des deux soeurs. C'est de courte durée pourtant, car maintenant toute à Rosa celle-ci en profite pour continuer sur ce qu'elle avait commencé et piéger Elara dans une déferlante d'accusations. Après avoir été sûre de l'avoir amadouée avec Orion, Allie. Rosa la connaissait bien, trop même.

« T’sais qu’on a rien su, nous, avant des semaines entières? Les rumeurs ont filtré, déformées, pis j’ai cru au pire sans pouvoir faire autre chose que tenter de garder un semblant de cohésion parmi les gens coincés sur Keller. J’savais même pas quoi leur dire. J’pouvais même pas les rassurer tant j'étais moi-même pas convaincue. » Ça s'abat sur elle comme un torrent. Elle n'a le temps de rien, à peine d'encaisser et tout ce qu'elle peut faire c'est écouter -bouche-bée- sa précieuse amie se confier au beau milieu d'un couloir. La voix dure, comme ses mots, comme cette sensation qu'elle rejette encore et toujours la faute sur elle. Et elle seule. Si seulement elle savait, alors, qu'elle aussi avait du garder la tête haute sans savoir quoi dire ni quoi faire. Si seulement elle savait que c'était encore le cas aujourd'hui. Maintenant. « Certains ont cru que c’était la fin de la flotte, t’sais. Pis après j’ai su que c’était juste le Jeanne d’Arc. » Qu'elle évoque le Jeanne D'Arc ne l'étonne pas, parce qu'il s'agissait un peu de son vaisseau surtout. Et même si la surprise n'est plus présente, l'effet est le même : celui d'une claque, un rappel douloureux qu'elle avait bien failli perdre son frère, et l'homme qu'elle aime. Et qu'elle avait eu peur alors en apprenant qu'il s'agissait de ce vaisseau. Non seulement pour sa chaire, pour Marcus, mais aussi pour Rosa qu'elle avait cru y être. Elara avait écumé les noms des passagers, se félicitant d'avoir été assise lorsqu'elle était tombé sur ceux d'Orion et Marcus. L'absence de celui de Rosa avait été un soulagement bref, car la décision était tombée rapidement et si elle avait eu la chance de ne pas être sur le Jeanne D'Arc devoir la laisser derrière lui avait été tout aussi douloureux. « T’sais le nombre d’amis morts j’vais d’voir pleurer? J’peux les nommer, si t’y tiens. T’auras pas à vivre avec le Jeanne d’Arc, à rebâtir tout ça, à devoir travailler en sachant que tu t’tiens exactement là où ton boss s’est fait éventrer. » Ses yeux déjà brillants, son humeur à fleur de peau et la fatigue exacerbante poussent à bout de bras quelques larmes hors de ses billes bleues. Elle n'y fait même pas attention, les laissant filer alors qu'elle détourne le regard vers l'espace au-delà de Rosa. Elle savait exactement ce qu'il s'était passé sur le Jeanne D'Arc et il lui arrivait parfois de désirer vivre dans l'ignorance. Son rôle le lui en empêchait, cependant. Et si elle aussi avait perdu dans proches dans cette tragédie, elle n'avait pas réellement eu le temps de les pleurer pour de bon. Aujourd'hui ne ferait pas exception : d'autres sujets plus importants l'attendaient surement et le temps manquait à la fédération. Chaque minute gaspillée à s'apitoyer sur leur sort était une de plus gracieusement donnée à leurs nouveaux adversaires. «T’as pas eu à dormir avec un œil ouvert, voire pas du tout, parce que trop de gens sur Keller ont une dent contre la Fédération. » Un soupire presque dédaigneux lui échappe, noyée entre vexation et l'effarement. Rosa lui faisait l'affront de penser qu'Elara avait eu la chance ou même l'opportunité de fermer l'oeil la nuit quand c'était tout le contraire. Depuis le retour de Marcus et d'Orion, elle avait peu dormi, son sommeil agité par ceux des deux hommes qu'elle n'arrivait pas à laisser seuls alternant les moments avec l'un pour l'autre : déchirée entre le soutien qu'elle leur apportait respectivement. Et lorsque Rosa avait été bloquée sur Keller, bien sûr qu'elle n'avait pas cessé de penser à elle, qu'elle s'était tournée, retournée dans son lit en pensant à ce que son amie pouvait bien vivre. Ou subir en partie par sa faute. Et tous les jours elle avait voulu la ramener sans savoir comment faire. « En vrai c’pas ça mon vrai grief avec toi. C’est d’la déception. » Ah. Voilà. Le coup de grâce alors qu'elle ne laisse pas le temps à la blonde de reprendre ses esprits après chaque accusation, chaque doigt pointé vers elle, vers ce que Rosa considérait comme des aberrations. Et la brune n'était pas le seule alors à exprimer sa déception face à Elara, qui en avait déçu plus d'un en affirmant son soutien à la décision du conseil qui n'aurait pu être prise sans une totale cohésion entre ses membres. Mais à la déception d'inconnus, Elara devait à présent ajouter celle d'une proche, celle de Rosa qui plus est et cela était bien plus difficile à digérer. D'un revers de main, elle essuie les couloirs de larmes qui se sont creusés sur ses joues sans dire de mot. Rosa continuant, s'arrêtant seulement pour respirer entre deux piques de plus en plus dures à supporter pour Elara. Elle le voyait bien dans ses yeux : tout était de sa faute, Rosa en avait l'air convaincue. Du moins, c'était ce que la conseillère en déduisait. J’me serais laissée mourir, au bout de mon sang, dans une ruelle dégueulasse de Keller si ça aurait pu t’épargner le moindre mal. J’aurais juste demandé un peu de soutien en retour, pis j’ai même pas ça. Les v’là, mes nouvelles, si t’y tenais tant. Elle se pince les lèvres, ses sourcils se creusant de peine, au bord du sanglot alors qu'elle s'était contentée de verses ses larmes dans le plus grand des silences jusqu'à présent. Le plus lourd de sens, surement. Si tu tiens à aller voir quelqu’un, j’te conseille la chambre de Vince Altmann. Puis plus rien. Elara a du mal à comprendre pourquoi Rosa mentionnait-elle Vince : elle ne savait même pas qu'ils étaient proches au point où elle lui rendrait visite. Et de visite, Elara en avait déjà fait au bras de Marcus les laissant plus souvent seuls face à l'animosité qu'elle pouvait ressentir entre le légionnaire et elle. Elle ne comprenait pas. Mais l'interrogation, et la curiosité ne parvinrent pas à effacer toute la peine que Rosa venait de lui faire. S'il y avait un endroit plus bas que terre sur la flotte, alors Elara s'y trouvait.

Une longue inspiration qui secoue ses épaules.

Un long soupire qui se transforme vite en grimace, sanglot qu'elle réprime pour trouver la force de lui répondre.

Même la gorge nouée.

Non mais tu crois quoi, Rosa, que pendant que t’étais sur Keller on s’est tourné les pouces ? Elle marque une pause, plus pour essuyer ses joues humides que pour respirer. J’étais morte d’inquiétude, pour toi. J’ai cru t’avoir perdue sur le Jeanne d’Arc et j’ai été soulagée que le temps de me rendre compte que t’allais être bloquée sur Keller. Y'a un autre sanglot qui lui noue momentanément la gorge, mais elle lutte pour vider son sac elle aussi. Pour lui faire ouvrir les yeux. Il s’est pas passé une seule journée sans que je pense à toi, à ce qu’il pouvait se passer là-bas. Ça a surement été la décision la plus dure à prendre de ma vie. Rien n'avait été aussi simple que Rosa le laissait entendre. Tu penses vraiment que j’ai soutenu le reste du conseil sans avoir pesé le pour et le contre de chacune des possibilités ? Tu crois qu’on a pas réfléchi avant de décider de fermer les allers-retours ? C'est dit de manière complètement désabusé. Elle ne s'attendait certainement pas à ça venant de Rosa et espérait qu'elle comprendrait que de son côté aussi, Elara avait souffert. Plus qu'elle ne le pensait. Le Jeanne d’Arc est revenu maculé de sang. Loin d'elle l'idée de blesser Rosa en le lui rappelant. Elle s'en rend compte trop tard et marque une pause d'un regard désolé avant de soupirer et de continuer plus calmement. Autant que sa peine - qui parle presque à sa place - le lui permette. Ils n’ont pas été attaqué par des amateurs ou des pirates ! J’ai vu les photos de chaque salle, les visages de chaque victime, leurs familles, leurs proches. Et j’ai vu dans leurs yeux ce que j’aurais pu vivre en te perdant toi, Orion, Marcus ! chaque personne est dit plus fort que la précédente, le prénom de Marcus lui glissant des lèvres avec force. La première fois qu'elle sous-entend face à quelqu'un d'autre que Rhil sa relation avec le légionnaire et elle n'y fait même pas attention. Trop prise, trop bouleversée par ce qui aurait pu se passer. Alors qu'elle avait haussé le ton, elle se reprend, plus douce. Encore. Elle essaie de ne pas se laisser prendre par ses émotions mais c'est peine perdue et doit faire de nombreux efforts pour être calme quand elle aimerait crier sur toutes les plateformes sa peine et ses inquiétudes. Tu penses vraiment que vous laisser revenir quelques heures ou jours après cette attaque, vers la même destination, depuis le même point de départ avec ces terroristes dans le coin c’était la meilleure des décisions ? elle n'attend pas de réponse, s'exprime cette fois presque de manière maternelle. Elle explique plus qu'elle ne cherche à avoir raison, car elle ne changera pas d'opinion. Ça n'était pas la solution la plus facile, la plus simple, mais c'était certainement la plus sûre. Ils n'étaient pas mort. Personne ne l'était.

Et puis ça devient trop pour elle l'espace de quelques secondes. Elle a peur de s'effondrer et doit ravaler plusieurs sanglots, mais ne se défile pas pour autant. À la place, elle lève une main l'air de demander un instant de répit avant de continuer d'une toute petite voix. Et tu sais quoi ? J’ai pas dormi une nuit complète depuis le Jeanne d’Arc, j’y arrive plus. Et c'est peut-être la première fois qu'elle en parle vraiment à quelqu'un. On me regarde comme si j’étais le Messie et que j’allais apporter la plus belle des solutions mais je n'sais pas ! Ok ?! cette fois, c'est de la colère qui transparait. Elle est à bout, au pied du mur et ça n'est jamais assez. Je n’sais pas qui sont ces gens, ce qu’ils veulent, ce qu’il faut faire pour éviter le pire. Tout ce à quoi je pense, c’est à Orion et Marcus, à toi, à comment vous allez et comment vous aider et ce qu’il faut faire, ce qu’il faut dire. Elle faute à nouveau vis à vis de sa relation avec Marcus mais n'y fait plus attention, inspirant par pulsions, ses épaules qui s'agitent sans qu'elle n'y puisse rien. Elle repense à la déception de Rosa, à ses accusations, les uns après les autres et l'impression qu'elle ne s'arrêtera pas. Elle repense à cette sensation de trahison qu'elle lui avait bien fait comprendre et Elara se demande même si la brune n'a pas déjà tiré un trait sur elle tant elle avait été dure et soudaine. Alors elle tente, désespérée et fatiguée. A bout. Encore. Tout n’est pas de ma faute, ok ? sa voix se brise et s'écorche sur les derniers mots. Ça sonne presque comme une question tant elle n'en est plus certaine. Etait-elle aussi coupable que Rosa le pensait ? Elara reste là, immobile attendant sa sentence le coeur serré qui lui monte jusqu'au bord des lèvres. Tout était de sa faute.

Couloirs du Regina Mercy, 10 juillet 2227.
Elara parle en 996699


MessageSujet: (#) Re: destructive / eh    destructive / eh 3ViG0Cu Lun 16 Juil - 22:29
Rosalija Saroyan
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En d’autres circonstances, les larmes d’Elara auraient sans doute fait regretter à Rosa ses élans de reproches. La blonde était si précieuse à ses yeux que jamais elle n’aurait voulu la froisser, la blesser de quelque manière que ce soit, jamais volontairement. Or, c’était aujourd’hui le but : lui faire comprendre qu’elle n’avait pas le monopole de la tristesse, qu’elle était mal placée pour lui dire à quel point elle souffrait par proxy. C’était une insulte pour ceux qui avaient directement été touchés par l’attaque et les circonstances qui s’en étaient suivies. Elara a la décence – ou l’incapacité – de ne pas l’interrompre alors qu’elle lui déverse l’ensemble de ses accusations, espérant simplement pouvoir lui faire comprendre comment elle se sent. Partager la responsabilité qui lui pesait sur les épaules avec quelqu’un qu’elle croyait partiellement responsable, même indirectement, de leur séjour forcé sur la station pirate. Rosa se doutait bien que la conseillère ne se laisserait pas injustement accuser ainsi sans rétorquer. Le respect qu’elle avait malgré tout envers Elara l’empêche de répliquer à chacune de ses explications pour discréditer les efforts effectués – ou l’absence de tels efforts, dans ce cas-ci. Il y avait bien encore une part de décence qui empêchait Rosa de prendre toute la place. Elle pince les lèvres chaque fois qu’elle se retient de répondre, retournant les réponses qu’elle se meurt de lui offrir dans sa tête. Oui, elle croyait qu’ils n’avaient pas fait assez vite, qu’ils n’avaient pas assez bien analysé la situation. Il n’y a qu’à la mention du Jeanne d’Arc que la douanière laisse poindre la moindre indication de tristesse, les commissures de ses lèvres se tirant vers le bas presque imperceptiblement. Elara pouvait bien ravaler son petit air désolé – autrement, Rosa s’en chargerait d’elle-même.

Comme inspirée par la suggestion sarcastique de Rosa, la blonde énumère ceux qu’elle aurait pu perdre dans le désastre, elle en premier. Si elle comprenait pour son frère, elle n’avait aucune idée de ce qu’un autre légionnaire, en la personne de Marcus, pouvait bien faire dans l’énumération. Or, elle ne relève pas, trop concentrée à fomenter sa rétorque alors même qu’Elara a besoin de temps pour se ressaisir. Elle ignore pourquoi, mais la brune est d’autant plus irritée par cet instant de faiblesse, loin d’être touchée par les larmes de la conseillère. Elle n’avait pas le droit de jouer à la victime. « Non, t’as raison. Ça serait faux de dire que tout est de ta faute. » Elle marque une pause entre l’admission et la fin de la diatribe de la blonde, et fait suivre sa reprise par un second silence pendant lequel elle ne détache pas ses yeux de ceux d’Elara. Rosa, elle, n’avait plus de larmes à verser pour qui que ce soit, même pas pour elle-même. « En réalité, je sais que tout le monde du conseil est à blâmer. Ça me peine de le dire, mais même si je suis convaincue que la vice-amirale Rosenstein était complètement contre tout délai, je suis déçue qu’elle n’ait pas réussi à vous convaincre. » Ça faisait mal à Rosa de jeter son oncle dans le même panier que les autres. Elle le connaissait bien, mais il était difficile de savoir à quel point son nouveau poste avait pu influer sur sa démarche, sur sa position. Le militaire en lui aurait sûrement condamné toute attente supplémentaire, mais l’ancien capitaine, bien au fait des situations médicales et politiques, l’habitué de l’assemblée des 30, lui, qu’en aurait-il pensé? Le reste, Rosa ne saurait dire, mais c’était bien plus simple de déverser le blâme sur l’ensemble du conseil. « C’est la base de l’apprentissage militaire d’apprendre à penser comme son adversaire. À partir du moment où c’était sûr que la bombe était fausse et qu’y avait pas d’autre surprise sur le vaisseau, c’était évident que c’était un message, une menace. S’ils avaient vraiment voulu faire sauter le Jeanne d’Arc, ils auraient réussi. » L’oisiveté de l’amirale et sa trop grande naïveté avait entaché une carrière prometteuse. Elle avait trop fait confiance aux mauvaises personnes. « Maintenant, le mal est fait, alors ça sert à rien de faire un exposé. »

Rosa ne perdrait pas son temps à expliquer des évidences à Elara, pas avec la fatigue qui lui pesait sur les épaules et la colère qui lui tiraillait les entrailles. Elle avait perdu trop d’heures de sa vie, trop de temps qu’elle ne reverrait jamais et qu’elle ne passerait pas là où elle le souhaitait : auprès de ceux à qui elle tient, à être la figure de proue d’une autorité à laquelle elle ne croyait plus. Désenchantée, désillusionnée, déçue. « J’ai passé trop de ma vie à penser aux autres avant tout. C’est fini. » La déclaration est sèche, déterminée. Elle ne savait pas pourquoi elle disait tout ça à Elara, de toutes les personnes qui auraient certainement été une oreille plus réceptive. Sûrement parce qu’elle n’en pouvait plus de garder ça pour elle. « Ma mère a sûrement raison. J’suis pas faite pour ça. J’ai insisté, persévéré, dans l’espoir que quelque chose s’impose à moi, une évidence, une… épiphanie. J’ai finalement reçu le coup de pied au cul qu’il me fallait. » Elle avait pris la décision lorsqu’elle avait vu la silhouette du dernier naufragé de Keller embarquer dans le vaisseau qui les avait ramenés sur la flotte. Fini, les responsabilités, le labeur, et il avait fallu un drame pour réaliser que la quarantaine approchait et qu’elle avait de moins en moins d’années pour trouver réellement le bonheur, en commençant par se débarrasser du boulet qu’elle traînait depuis plus de quinze ans. « Alors on se reverra quand j’irai rendre mon badge à Cho Dae, puisque je peux pas le rendre au directeur du comptoir, les étoiles aient son âme. »
MessageSujet: (#) Re: destructive / eh    destructive / eh 3ViG0Cu Mar 14 Aoû - 22:57
Elara Hartmann
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Tout se cassait la gueule. C'était comme si ces derniers mois elle s'était battue pour rien : l'émeute, la libération de Luke, l'explosion, Byblos, le Jeanne D'Arc. À chaque fois, elle avait fait front aux épreuves et s'en était relevée non sans s'écorcher ça et là en chemin. Porter une plaie n'était pas bien dur, elle le savait pour vivre avec celle qu'avait laissé Luke derrière lui comme une constante dont elle n'arrivait pas à s'échapper. Mais deux, puis trois, et quatre, c'était plus dur. Et les pansements qu'elle y apposait ne faisaient que couvrir les problèmes sur lesquels elle fermait les yeux : cela lui donnait simplement bonne conscience. J'vais bien. parfois, Ça ne fait rien. toujours. Comme un disque qui tourne et s'enchaîne : il faut bien que quelqu'un tienne le cap. L'amirale l'avait choisie elle, alors Elara bombait un torse plein à craquer pour s'empêcher elle-même de faillir.

Mais sa vie foutait le camps, et Elara ne savait pas bien quoi faire. Elle n'abandonnerait pas non, ce serait mal la connaître, mais elle ne pouvait pas continuer comme ça. Pas quand elle tenait à peine sur ses jambes alors que la flotte vivait ses heures les plus sombres et qu'on avait besoin d'elle. Il lui arrive même de penser ne pas être à la hauteur, ne pas mériter sa place tant le vent qui ravage ce qu'elle avait construit ces derniers mois souffle contre elle à présent. Y'a des centaines de personnes qui l'accablent quotidiennement d'avoir laissé les leurs sur Keller sans avoir toutes les clefs en main : peut-être alors qu'ils tiendraient un autre discours. À la place, elle fait face aux critiques qui alourdissent ses épaules alors que cette-fois l'ascension vers le rétablissement est long et douloureux. La preuve en était cette dispute : même ses plus proches alliés finissaient par se retourner contre elle, à l'heure où elle aurait aimé qu'on la soutienne. C'était égoïste, quelque part, d'espérer que Rosa la comprenne : comment le pouvait-elle après qu'elle l'ait laissée sur Keller alors qu'elle perdait presque simultanément des proches et des collègues ? Pourtant, pour une fois, Elara aspirait à un soutien mutuel. Chacune avait trop souffert de cette situation, mais la blonde rêvait bien sûr. Rosa ne savait pas, ne voudrait certainement pas entendre raison et sa colère était bien placée quoiqu'un peu de travers : s'attaquer à son amie, c'était frapper dans le vent. Tout n'était pas de sa faute, mais Rosa avait réussi à la faire douter si bien qu'à présent Elara se sentait perdre pieds, ses larmes en témoignant.

Et elle attendait que Rosa l'achève. Incapable de trouver les mots justes, de s'excuser d'être égoïste, d'expliquer avoir besoin d'aide aussi et que tout n'était pas noir ou blanc. Qu'il n'y avait pas simplement les bonnes et les mauvaises décisions : que la flotte vivait de compromis, que le conseil aussi. Mais la brune avait fait son choix depuis longtemps et son avis trop têtu ne changerait pas. Elle avait, depuis le début, campé sur ses positions et même face à la détresse de son amie n'avait pas bronché d'un pouce certainement vexée de ne pas être la seule à souffrir d'une situation qui au fond les touchait tous un peu. Elara plus encore, liée malgré elles aux évènements dans le privé comme dans le professionnel et si elle n'était pas allée sur Keller elle avait du combattre ses propres démons sur la flotte. Rosa jugeait sévèrement son mal-être, visiblement déplacé à ses yeux, malgré toutes les fois où la blonde avait exprimé son inquiétude pour elle, pour les autres. Elle ne voulait pas comprendre : Elara n'avait pas la force de se battre cette fois. Et si elle la tenait fautive, encore, des événements alors soit. Tant pis. Qu'elle en devienne la victime si telle était sa volonté : s'il fallait qu'elle perde Rosa parce qu'elle avait soutenu une décision qui la protégeait, Elara était prête à se sacrifier. Le plus important, c'était que la brune puisse lui cracher son poison dessus et elle préférait la savoir en colère que morte. Ça lui crevait le coeur de penser ça, mais au pied du mur Ela ne trouvait pas d'autres solutions aux accusations de la douanière. Elle s'était confiée sur ses peurs les plus profondes, lui avait dit ce qu'elle n'avait jamais réussi à souffler à Rhil ou Marcus, s'était exprimée à coeur ouvert. Ne lui avait rien caché. Mais ça n'avait pas été suffisant, maintenant, le mal était fait, alors ça servait à rien de faire un exposé.

Elle serre les dents, ses yeux en rougissent même parce qu'elle ne veut plus pleurer et elle ravale une à une les larmes qu'elle avait fait couler et qui menaçaient encore de s'échapper d'entre ses cils. Il n'y avait rien à faire, Rosa l'avait dit elle-même. Alors elle respire difficilement, les poumons comme compressés par le mal-être qu'elle essaie de contenir à défaut de l'avoir laissé s'exprimer plus tôt. Ça ne sert à rien. Elara se fait muette. Petite même si son regard ne quitte pas celui de Rosa, consciente ou non d'y chercher une dernière lueur d'espoir. Elle n'a pas envie de la perdre. C'est pourtant déjà visiblement le cas et tirer un trait sur des années d'amitié la rendait malade, pas loin de la nausée. Ou était-ce le manque de sommeil ? Elle ne savait plus bien, tout se mélangeait et cette fois la plaie était bien plus profonde qu'un traumatisme passager, la montagne à gravir pour s'en relever plus haute encore car Rosa l'avait touchée au-delà de sa chaire.  Alors on se reverra quand j’irai rendre mon badge à Cho Dae, puisque je peux pas le rendre au directeur du comptoir, les étoiles aient son âme. Ça sonne comme un point, final. Un trait tiré à la fois sur sa carrière, et sur leur amitié. Une interdiction formelle de la recontacter, et une pique finale sur le décès de Tiaan Krishvin qui à travers Marcus l'avait touchée plus qu'elle ne l'aurait voulu. Peut-être était-elle, finalement, trop sensible à la fois pour son poste et pour Rosa : peut-être devrait-elle également rendre son badge. Elle ne sait pas, ne sait plus. Et si plus tard elle réfléchira plus longuement sur les paroles de son amie, sur ce qu'elle s'apprêtait à faire, là maintenant elle n'arrive à penser à rien. Elle y croit à peine, décide de ne pas y croire même et ça se voit dans son regard qu'elle cherche une dernière accroche dans celui de la brune. Rien qu'un signe pour lui dire qu'elle ne lui en veut pas autant et que ça n'est pas fini. Mais y'a rien que de la rancoeur et de la colère. Rien que de la déception : ça lui fait plus mal encore, de l'avoir déçue elle d'entre tous ses proches. Elle lui avait manqué quand elle avait eu besoin d'elle, n'avait pas fait le bon choix, n'avait pas eu les bons mots et en payait le prix à présent.

C'était dur.

Rosa lui tourna le dos.

C'était fini.  

Couloirs du Regina Mercy, 10 juillet 2227.
Elara parle en 996699


MessageSujet: (#) Re: destructive / eh    destructive / eh 3ViG0Cu 

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