ChildhoodVous l'avez sans doute compris chers lecteurs, mais Ophélia n'a jamais entretenu d'excellents rapports avec sa famille. Pas qu'ils soient aussi terribles que ce que l'on peut voir dans n'importe quelle télé réalité. Les faux semblants de la haute société avaient toujours su comment rattraper le tout, du moins au niveau de l'image. Si entre eux ne se trouve pas véritablement de lien, c'est à cause de l'amputation brutale de l'affection chez ses géniteurs: il leur fallait un enfant, parce qu'il leur fallait un hériter. De plus, il voulait un garçon, pas une chouineuse. Oups. Heureusement pour eux, au moins la jeune femme avait son caractère et su s'accrocher à la vie sans qu'ils n'aient à la surveiller ou à essuyer ses larmes d'enfant.

Growing up Grandir sans amour n'est pas original, et comme tant d'autres, O à su s'en sortir. De toute manière avec son planning bien chargé, elle n'avait pas le temps de s'ennuyer: suivant des cours "normaux", ainsi que d'autres de soutien, son cerveau se devait d'être à la hauteur. Son physique et sa culture aussi, alors on l'a forma à divers arts martiaux, ouverte à de nombreux sports et arts, en appuyant particulièrement sur les talents et la culture musicale. Ils voulaient de la perfection. Ils n'ont eu qu'une humaine sans apparente émotion.

So what?Toute sa petite éducation se fit à la maison, ou plutôt dans l'immense manoir familial. Préservée ou enfermée, question de point de vue. Princesse ennuyée dans sa tour d'ivoire, elle gardait sa curiosité pour le monde extérieur en son for intérieur: la seule fois où elle avait eu l'audace de demander, une claque lui avait rappelé que personne ne lui avait proposé de prendre la parole. Il fallait improviser alors Ophélia réussit par un moyen assez inédit à s'échapper de temps à autre de l'endroit. Dans une discrétion digne, et un secret bien gardé. Vous voulez savoir comment? Ah ah... En tous cas, sous le nez de ses parents, ses airs de rebelles étaient cachés. Invisibles mais présents.

High SchoolAcceptée dans une prestigieuse université, ses géniteurs se trouvèrent obligés d'accepter qu'elle atteigne cette délicieuse liberté. A 17 ans mais déjà un véritable petit prodige, c'est de façon journalière qu'Ophélia franchissait aux yeux de tous, l'immense porte d'entrée qui avant lui était si souvent fermée. Même si la réalité ne fut pas toujours facile à encaisser, la jeune femme était habituée à s'adapter. Sans faire de vague, elle se renseigna sur ce qu'était le monde, mais pas que. L'univers. Elle était déjà convaincue que la Terre avait déjà beaucoup trop donner, et que l'humanité allait devoir tourner une nouvelle page dans son évolution. A tort ou à raison, ce n'est pas comme si Ophélia pouvait partir de toute manière. Tout en rêvant de la conquête stellaire.

EngagementRepérée pour les JO en tant que judoka, gagnante de différents prix lors de concours de photographie, repérée pour ses designs novateurs de maisons autonomes, qui n'enviait pas ce destin brillant qui semblait tout tracé? Remplissant toujours les attentes de ses parents, elle se contenait de vivre. Sans sentir son cœur s'emballer par la passion ou le désir. Sans que jamais ses zygomatiques ne s'activent pour un sourire. Sans qu'elle ne comprenne pourquoi elle devait se donner tant de mal, pour n'en ressentir aucun bienfait. Oui, O se contenait de s'ennuyer profondément. Sauf que quand ses parents lui présentèrent lors d'un étrange dîner en robe de soirée, celui qui était dès maintenant son fiancé ce fut... la goutte d'eau qui fait déborder l'océan. Devait-elle en plus de jouer à la mademoiselle parfaite, se marier avec l'enfant caché de Andy Serkis, une limace et Naomi Gossman dans American Horror story? Et au delà de l'apparence, il était aussi intéressant qu'une notice de réfrigérateur. Bon, c'est méchant pour la notice. Suite à une esclandre dans la salle de réception pour s'opposer à cette décision, son père lui fit plus tard assez violemment comprendre qu'elle n'avait pas d'autre solution. Surtout quand il s'agit du fils d'un prestigieux conseiller du Triumvirat.

No time for good bye Plus que trois options: tout quitter maintenant, fuir le pays de façon précipitée en pensant que ses chers parents ne manqueront pas de la retrouver en un rien de temps; accepter son sort, tête basse et la nausée au bout des lèvres... ou l'option qu'elle a choisi: prétendre choisir la seconde, pour mieux préparer la première. Ce n'était pas au Canada qu'elle allait s'enfuir, mais vers le paysage que ses yeux cherchaient depuis toujours. Il n'y avait pas de meilleure occasion pour rejoindre les étoiles... alors, pendant quelques semaines elle se chargea de préparer son départ. Discrètement. Lentement. Mais assurément. Un passeur contacté. Ses cartes progressivement vidées. Ses sacs préparés. La fameuse nuit, elle n'embrassa personne. Ne laissa aucune note. Bien entendu, son cœur s'était entiché de quelques amis pendant ses vingts années terriennes. Personne pourtant qui serait assez important à ses yeux pour l’arrêter.

Head in space L'équipage avec qui Ophélia passa quelques jours était tout à fait hétéroclite. Chacun venait avec sa propre histoire, ses propres bagages. On ne venait pas souvent lui parler, avec sa tronche qui semblait toujours imperturbable et parfaitement intéressée. Pas comme si ça la gênait, cette solitude à regarder le vide, les lumières et les mouvements de l'espace. Jusqu'à ce que ce ne furent plus les vrombissements du moteur qui occupèrent ses pensées, mais les murmures inquiets des autres passagers. Les voilà maintenant coincés au milieu de nulle part. Fuyards de la terre. Abandonnés du ciel. Oubliés de tous. Ironie du sort ou non, O n'était même pas vraiment triste de cet arrêt. Au moins, elle avait été dans les étoiles...
-"Vous plaignez pas, on a pas encore eu besoin d'en manger un à la courte paille..."

Oups, voilà qui ne lui permit pas de gagner davantage de popularité à bord du vaisseau, alors que la capitaine se chargea d'envoyer des messages de détresse. En réalité, malgré son ironie cinglante, au fond elle ne pouvait s’empêcher de discrètement apaiser les plus stressés, calmer des enfants qui pleuraient ou encore filer un coup de main dans les opérations de rassemblement. Autant se faire ramener sur terre dans des conditions convenables non? Surtout que ce n'était pas le pire des scénarios qui pouvait leur arriver...


LIFE SAVER Alors que tout le monde soupirait de soulagement, ou encore riait de joie pure à l'idée d'être finalement envoyé bientôt jusqu'à la destination escomptée, Ophélia comme toujours préférait rester sur ses gardes. D'autres comme elle ne semblait pas croire complètement à la fin heureuse digne des contes de fées. Et voilà qu'étrangement, il prenait une autre direction : Merry Field. Alors que diviser en petits groupes, tous furent forcés à descendre, O ne l'entendait pas de cette oreille. Elle préférait crever de faim, être balancée dans le vide ou asphyxiée dans le minuscule placard où elle se cacha plutôt que vendue comme esclave. Le subterfuge fonctionna, et quand le vaisseau recommença à trembler elle ne bougea pas d'un cil. Toute sa vie, elle regrettera de ne pas avoir caché avec elle d'autres personnes. Tout en se disant qu'à plusieurs ils auraient eu plus de chance d'être découverts. Qu'à ce moment là, elle ne se doutait pas qu'elle allait survivre. Qu'elle avait pour la première fois depuis trop longtemps, ressentit quelque chose qui lui avait tordu l'estomac, cette sensation terrible d'impuissance et ce besoin de se protéger soi avant les autres: la peur.

BAD OR GOOD GUY?Quand elle sortit du petit espace, tous ses sens étaient en alerte. Le vaisseau n'avait pas décollé tout seul, et à l'entente des tirs qui avait accompagné le décollage, Ophélia allait devoir découvrir quel genre de personne était en train de piloter. Ses oreilles étaient presque boucher par les battements de son cœur, alors qu'invisible, elle progressait à la recherche des autres occupants. Armée d'un balai moins efficace sans doute que ses techniques de combat, O entrevu à qui elle avait affaire. Un homme. Deux femmes. L'une d'entre elle était blessée. Les deux autres venaient des "sauveurs". Prenant tout son temps pour révéler sa présence, elle se contenta de les observer pendant deux jours. Puis, quand son estomac cria famine et que les réserves étaient trop proche d'eux pour qu'elle vienne en voler, ce n'est pas en fanfare qu'elle se présenta. Appuyée contre un mur elle se contenta d'un bonjour avant de voir les trois têtes éberluées se tourner vers elle.

-"On se calme, j'étais avec la blonde dans l'autre vaisseau. Merci pour nous avoir tous sauvé hein. Bel équipage que vous aviez."

Il y avait sans doute de meilleure manière de nouer des liens. Ce n'était pas comme si Ophélia souhaitait avoir des rapports cordiaux avec Ethan, Natsjia ou Nilin. Faut dire qu'elle leur en veut. Tout comme elle s'en veut pour avoir survécu alors que tous les autres sont à l'heure actuelle, torturés, ou au mieux, morts. Alors, elle compte bien le leur rappeler. Qu'ils portent cette croix autant qu'elle.


AND NOW? Aujourd'hui, Ophélia est membre de la milice. Son œil observe les mouvements autant que les gens, alors que ses pieds agiles lui permettent de se glisser, agiles, dans les différents quartiers, dans les différentes foules. Son ancienne vie ne lui manque aucunement, et elle n'en parle que rarement. Maintenant elle ne ressemble pas vraiment à une courtoise et douce héritière, comme O a pu l'être. Elle n'est pas pleinement heureuse non plus, les regrets, les souvenirs et l'ennui étant toujours trop présents pour lui murmurer à l'oreille. Peut-être qu'elle cherche d'une certaine manière à se punir, ou n'est simplement pas de ces êtres qui réussissent à trouver le bonheur. Mais loin de la terre, elle se contente amplement du satisfaisant. Surtout quand elle sait que d'autres gens n'en ont pas autant.