Unannounced visits can be tricky.
Ana & Elara

Du bout des doigts, Anastasia effleure la bosse à hauteur de son arcade sourcilière. C’est léger, mais ça suffit à lui rappeler à quel point cette bagarre au Tiantang s’était mal finie. Elle sait pas vraiment ce qu’elle avait espéré en prenant la défense de la déléguée. Elle avait agi d’instinct, sûrement, incapable qu’elle était de juste laisser une situation pareille s’envenimer et emporter des civils innocents dans son sillage. Des abrutis qui se foutent sur la gueule ça n’a rien de nouveau et elle ne se mêle pas d’un règlement de compte futile et viril lorsqu'elle n'était pas en service. Cette fois ci, ça avait été différent et même sa participation à la grève n’aurait pu l’entraver et l’empêcher d’agir. Ou du moins d’essayer. Faut dire qu’après avoir été incapable, seule, de gérer pareille foule, la milicienne s’était juste lâchée en essayant de s’éviter des coups et d’éviter que Rosa en prenne aussi. Personne ne lui en avait tenu rigueur et c’était très bien ainsi. Elle avait essayé, après tout. C’est ce qu’elle continue de se dire cette fois ci encore tandis qu’elle achevait de se préparer et de s’habiller pour sortir un peu. Pour une fois qu’elle n’avait pas à bosser durant l’australe, certes cet événement se déroulait sur le Columbiad mais il y avait trop de monde si bien que des miliciens affectés à d’autres vaisseaux pouvaient se retrouver réquisitionnés. Alors elle comptait bien en profiter, tenter d’acheter une bougie si elle parvenait par miracle à en trouver une ou tout autre futilité qui pourrait attirer son attention. S’il ne faut pas longtemps à Anastasia pour arriver sur place et faire le tour du marché, il lui en faut moins encore pour que la foule présente lui rappelle elle aussi les événements du Tiantang. Ce fut presque malgré elle que la milicienne songea donc de nouveau à Elara Hartmann et que les questions à son sujet commencèrent à fuser dans son esprit.

Lâchant un soupir, presque blasée par ce semblant d’altruisme chez elle, la milicienne jeta un coup d’œil à son terminal et commença à fouiller au sein de ce dernier, profitant de ses accréditations en tant que milicienne pour trouver l’adresse de la déléguée. En vérité il ne lui serait sûrement pas compliqué de se la procurer autrement, Rhil devait bien la connaître et n’hésiterait sûrement pas à la lui donner si elle le demandait. Mais elle n’en avait pas envie Ana, préférant se débrouiller seule et préférant surtout ne rendre de comptes à personne pour justifier sa visite auprès de la blonde. Une blonde qu’elle rejoint rapidement sur le Colosus après avoir fini son tour durant l’Australe. Sonnant simplement à la porte, la jeune femme se contente d’attendre qu’on daigne lui ouvrir. Le temps lui semble long, légèrement, étant donné qu’il y avait peu d’espace à parcourir pour arriver jusqu’à la porte. Elle en était à envisager la possibilité que la déléguée ne soit pas chez elle quand finalement on vint lui ouvrir.  Anastasia. Son prénom échappe à la déléguée si vite que la concernée comprend qu’elle avait vérifié qui se trouvait à sa porte avant de lui ouvrir. Une précaution qu’elle n’avait pas le réflexe de prendre, habituée à ouvrir quand elle était d’humeur à recevoir ou à envoyer chier et se contentant de laisser la porte close en toutes circonstances lorsque cela n’allait pas. En guise de réponse toutefois, Ana se contenta de lui sourire et d’hocher doucement la tête afin de la saluer. Le sourire s’accentue finalement lorsqu’Elara se met à lui poser des questions. Tu vas bien ? Tu as besoin de quelque chose ? Des questions simples adressées à une quasi inconnue. Cette fille était décidément cinglée à sa façon.

« Tu te rends compte qu’une quasi inconnue vient te voir et la première chose que tu cherches à savoir c’est si elle va bien et à quel point tu peux lui rendre service ? Le regard de la milicienne brille d’un éclat joueur. Ce n’était ni une critique, ni un reproche. Ce n’était qu’un constat. Il avait suffi de quelques mots à Elara pour faire savoir sa nature profonde. Il semblait évident que la déléguée était plus occupée à se soucier des autres que d’elle-même et Anastasia ne peut s’empêcher d’espérer qu’elle soit entourée de personnes suffisamment intelligentes et prévenantes pour l’aider en cas de besoin. Quoi qu’il en soit, la jeune femme s’autorise un léger signe de main pour rassurer son interlocutrice avant de reprendre la parole. Je vais très bien en tout cas, t’en fais pas. Si on mettait de côté son arcade sourcilière encore dégueulasse. En vérité je voulais juste savoir comment toi tu allais. Suite à l’émeute sur le Tiantang. Je t’ai un peu perdue de vue et… Anastasia s’interrompt alors, ne voyant pas comment elle pouvait justifier son inaction vis-à-vis de la déléguée. Certes les mouvements de foule et son obligation de gérer Nicholas puis les autres expliquaient assez bien son incapacité à s’occuper d’autres personnes en même temps. Malgré tout elle était gênée, comme convaincue qu’elle aurait dû réussir à faire plus que ça. Et disons qu’il y avait de forts risques pour que tu te retrouves au beau milieu de la bagarre, alors je venais voir. C’était le moins qu’on puisse dire, vu la façon dont la blonde s’était jetée entre deux hommes baraqués ayant commencés à se foutre sur la gueule. Mais alors qu’elle finissait de s’expliquer, la milicienne capte la présence d’un sac porté par son interlocutrice ce qui suffit pour lui faire froncer les sourcils. Mais t’allais sortir peut être ? Je peux repasser si tu préfères ou juste… Fin juste partir, comme t’as l’air d’aller bien. » Après tout, elle n’était peut être pas la bienvenue, tout simplement.

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Elle se dit brièvement qu’elle dérange sûrement, qui plus est pour des banalités bien qu’elle mettait un point d’honneur à se soucier des autres. Anastasia comprenait toutefois parfaitement que l’on puisse désirer se passer de sa présence, dans ce genre de cas, aussi se tenait-elle prêt à s’éloigner en souhaitant simplement une bonne journée à la déléguée. Celle-ci en décide autrement toutefois, s’écartant pleinement de la porte afin de dégager le passage jusqu’à l’intérieur de la cabine. L’invitation est verbale aussi et la jeune femme ne peut que sourire légèrement en guise de remerciement avant de prendre rapidement la décision de s’engager à l’intérieur de l’habitation. Elle n’avait de toute manière rien à faire de son côté et une voix au fond d’elle lui soufflait qu’il était peut être grand temps de faire officiellement la connaissance de cette femme qui semblait avoir une importance toute particulière dans la vie de ses proches. Alors pourquoi passer à côté d’une telle occasion, surtout lorsque l’on savait que la blonde n’avait rien d’une connasse finie qu’il lui valait mieux éviter. Elle était même tout le contraire, le prouvant une nouvelle fois en remerciant la milicienne d’être passée la voir. Ça la fait sourire Ana, sûrement autant que cela lui plaît que de constater que sa façon d’être prévenante était remarquée. Elle n’a pas le temps de vraiment jubiler toutefois que déjà ses prunelles glacées étaient attirées par les meubles et l’espace qui défilaient devant elle, la surprenant quelque peu. Indéniablement, Elara avait réussi à s’octroyer une cabine particulièrement spacieuse, le genre d’espace qu’elle ne posséderait sûrement jamais de sa vie. Alors ça la surprend quelque peu, elle peut pas s’empêcher de dévorer du regard tout ce qui se trouvait à sa disposition, légèrement envieuse bien qu’elle se garde d’en parler. Ce furent les propos de la déléguée qui la ramenèrent à la réalité, celle-ci lui annonçant qu’elle allait bien avant de s’installer sur le canapé. Un canapé bordel. Le seul qu’elle voyait encore se trouvait chez ses parents.

Rapidement, Ana s’avance pour rejoindre son interlocutrice, s’installant à ses côtés. Dans un premier temps elle se sent crispée, tout du moins devait-elle ressembler à une idiote à s’installer aussi sagement, bien droite, les mains sur les cuisses. Elle ne se détendra légèrement qu’en entendant la jeune femme à ses côtés poursuivre. Les prunelles d’Anastasia remontent pour observer le poignet foulé, demeurant toutefois insensible à la blessure. Elle avait eu de la chance de s’en sortir avec si peu de dommage et bien qu’une civile était en droit de se plaindre de ce genre de blessures, la milicienne avait depuis longtemps appris à relativiser dans ce genre de cas. Elara elle-même semblait toutefois prendre conscience que ce n’était rien, allant même jusqu’à la remercier, évoquant la possibilité que si la situation n’avait pas été plus catastrophique que cela, c’était en partie grâce à elle. Comme à chaque fois que cela arrivait, Ana s’empare du compliment, souriant légèrement ce qui témoignait bien du fait que cela la touchait. Puis son cerveau, ce petit con de cerveau, lui murmure tout aussi rapidement que ce n’était pas grand-chose. Elle n’avait presque rien fait, incapable qu’elle avait été de sauver totalement la situation. Elle avait réussi à faire fuir certaines personnes, mais en avait été réduite à en cogner d’autres. Rien de bien glorieux en somme. Rien de glorieux pourtant le large sourire qu’arborait la déléguée lui réchauffe le cœur, encore plus quand la jeune femme songe aux traits fatigués qui contrastaient avec ledit sourire. Finalement la nuit avait été mauvaise, pour une raison ou une autre et si elle n’ose pas encore demander les raisons de cette insomnie potentielle, Ana n’en demeure pas moins touchée par les propos de son interlocutrice. « J’ai pas pu faire grand-chose. C’est plus difficile d’intimider avec son terminal qu’avec un blaster à la ceinture. » Ironise-t-elle, amusée. Indéniablement, si elle n’avait pas été en train de faire la grève, la situation aurait pu être différente. Encore que, elle aurait peut être simplement provoqué un mouvement de foule plus conséquent, mais dirigé contre elle cette fois ci. Et elle aurait fini piétinée à mort par des couillons. Une fin glorieuse, vraiment.

Instinctivement, Anastasia ramène sa main à hauteur de son arcade sourcilière lorsque cette dernière est évoquée. Un hématome, pas bien méchant d’après elle, mais suffisamment visible pour que la déléguée ne s’inquiète. Quelle idée. « C’est rien. T’as pas vu l’état des gars d’en face. Ricane-t-elle, ne songeant pas une seule seconde que cette façon de voir les choses ne plairait peut être pas à la pacifiste face à elle. Qu’importe, cela n’en était pas moins vrai et l’ego de la milicienne tirait une certaine satisfaction de sa capacité à avoir cogné plus fort. Elle n’a pas le temps toutefois de développer, si tant est qu’elle l’ait voulu, que Rosa venait déjà sur le tapis. Elle doit admettre qu’elle est surprise, un peu. Elle avait déjà entendu la douanière évoquer Elara, mais elle n’aurait pas cru qu’elles étaient spécialement proches pour autant. Faut croire que la déléguée ne se contentait pas d’être amie avec ses ex. S’autorisant un léger sourire, la milicienne rétorqua bien vite pour apaiser les craintes de la femme qui lui faisait face. Evidemment. J’ai dû lui passer une laisse et une muselière, sans quoi y aurait eu des morts. Nouvelle plaisanterie, comme si elle ne savait faire que ça. Ce n’était pas totalement faux pour autant, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter pour la douanière. Certes celle-ci avait sûrement dû finir avec quelques blessures également, mais tout comme son arcade sourcilière défoncée, cela ne donnait pas lieu à de quelconques inquiétudes. Conservant le silence un instant, la jeune femme s’autorisa un léger sourire, amusé, avant de rétorquer : Et Rhil, il va bien ? Comme si ce n’était qu’un jeu, une façon de rappeler qu’elles avaient de nombreux connaissances en commun. Peut être pas nombreuses en vérité, mais suffisamment importantes pour qu’elles méritent d’être évoquées aujourd’hui. Qui plus est, Anastasia avait l’impression que c’est en rappelant ce genre de détails qu’elle aurait également tout loisir de se rapprocher. Mais ce n’était pas tout. Maintenant qu’elles discutaient, la milicienne comprenait surtout qu’elle n’était pas venue simplement pour s’enquérir du bien être d’Elara. En fait je voulais aussi te dire que je t’avais trouvé assez courageuse. Un brin cinglée, mais sacrément courageuse. Ça te prend souvent de t’interposer entre deux gars ayant commencé à se foutre sur la gueule ? » Nouveau sourire, tandis qu’elle se détendait désormais sur le canapé, au point de s’enfoncer au fond de celui-ci, se calant confortablement contre le dossier et croisant ses jambes. Plus à l’aise.

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Rhil. Il était amusant de constater que le prénom de l’astronome sonnait presque comme un mot magique. Une sonorité apaisante qui arrache tout de suite un sourire plus large à la déléguée, une lueur intense au fond des yeux. C’est à ce moment précis qu’Anastasia prend conscience de l’importance que revêtait l’homme pour la jeune femme, qu’elle prend conscience de leur lien et de l’intensité de ce dernier. Ils étaient importants, l’un pour l’autre. Sûrement de la même façon que Rosa était incroyablement importante pour elle. Le genre d’amitié qui perdure au fil des années, malgré les épreuves, malgré tout. Rhil incarnait tout cela pour Elara et la milicienne comprend que cette dernière a dû s’inquiéter longuement pour lui, y compris durant l’émeute. Surtout si l’on prenait en compte le fait que la déléguée semblait vouloir faire passer le bien être des autres avant le sien. A cette pensée, la colère qui demeurait continuellement enfouie dans un coin de ses tripes remonte brièvement, amenant avec elle une pointe de rancœur lorsqu’elle songe au fait que Rhil était décidément bien entouré. Il avait des gens qui se souciaient de lui, qui le faisaient passer avant tout. Ana se souvient alors de l’époque où elle aussi le faisait passer avant le reste, puis elle se souvient du jour où elle a compris que l’inverse n’était absolument pas vrai. Alors il y a cette pointe de tristesse, de jalousie, de rancœur, qui se plante brièvement quelque part. Mais qui disparaît rapidement, tant parce qu’elle tenait à la relation qu’elle entretenait encore avec l’astronome aujourd’hui que parce que le regard d’Elara plongé dans le sien semblait la dissuader d’éprouver la moindre émotion négative ou nocive. Une bouffée d’air frais au beau milieu de ce bordel, une innocence rafraichissante qui ne semblait même pas frôler la naïveté. Alors elle sourit en retour Ana, écoutant son interlocutrice et hochant légèrement la tête, comme satisfaite. Tant mieux s’il n’avait rien, et tant mieux si ses récentes altercations le dissuadaient d’aller encore se briser des os en cognant dieu seul savait qui. Anastasia n’était pas vraiment sûre que Rhil soit capable de se tenir vraiment à carreaux, mais cela faisait sûrement trop longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion de s’inquiéter pour lui aussi s’abstient-elle de dire quoi que ce soit, faisant confiance à Elara, tout naturellement.

De toute manière, la milicienne avait autre chose à dire et l’astronome passa rapidement au second plan pour lui permettre de complimenter la déléguée. Il fallait un sacré courage pour oser se mêler à une foule dans l’optique d’engueuler cette dernière pour les propos qui pouvaient se tenir entre différentes personnes. Courageuse, quoi que sûrement un peu cinglée, Ana ne peut que mettre en avant ce qu’elle voyait comme étant de sacrés qualités. Cela lui semblait d’autant plus important que la déléguée n’avait reçu aucune éducation militaire, aucun entraînement en ce sens. Elle ne possédait aucune arme à sa disposition si ce n’est son éloquence et sa volonté. Beaucoup auraient abandonné, par facilité ou par crainte. Pas elle. Cela lui semble bien plus courageux que de voir Rosa se jeter dans la mêlée. Alors elle le dit, se confessant sans retenue, appréciant de voir que ses remarques semblaient faire plaisir, appréciant de constater qu’elle visait juste. Parce qu’elle sait Ana. Elle connaît l’impact des mots, la puissance du regard des autres même ceux de parfaits inconnus parfois. Et c’est parce qu’elle savait que cela pouvait faire autant de bien que de mal qu’elle s’était confiée à ce sujet. Alors ça l’amuse un peu, que d’entendre Elara lui signaler que jamais personne ne s’était déplacé pour lui dire ça. Ça l’amuse un peu moins d’entendre dire que les gens avaient plutôt l’habitude de rabaisser ou materner la déléguée, un constat qui lui arrache un léger grognement de mépris. Cela ne l’étonnait pas vraiment, mais elle ne partageait clairement pas cette opinion. Elle se retient d’ailleurs de signaler qu’il s’agissait sûrement d’hommes, ceux là même qui estimaient bien trop souvent qu’une femme méritait d’être protégée avec plus d’intensité que quiconque. Le sexe, un paramètre que tout le monde prenait en compte malgré tout, quoi qu’on en dise et ce malgré une diminution des préjugés. Les femmes n’en restaient pas moins des choses potentiellement fragiles. Une vision des choses qu’Anastasia avait en horreur.

La jeune femme n’hésite donc pas à brièvement couper son interlocutrice, levant les yeux au ciel au passage. « C’est bien d’avoir des gens qui s’inquiètent. Ça l’est moins quand ils estiment être apte à savoir mieux que quiconque ce qui est bon pour nous. Explique-t-elle simplement. Anastasia ne se mêlait que rarement des affaires d’autrui. Certes elle était d’un naturel curieux et elle posait souvent plein de questions, elle ne s’offusquait toutefois pas lorsque l’on refusait de lui répondre. De même elle comprenait qu’il soit parfois nécessaire ou préférable de la laisser dans l’ignorance et si elle n’approuvait pas non plus toutes les décisions que pouvaient prendre ses proches, elle ne les jugeait que rarement. Chacun gérait sa vie comme il l’entendait et elle ne supportait pas l’idée qu’on puisse chercher à décider à sa place. Sa liberté, plus particulièrement sa liberté à faire des choix, lui appartenait et lui importait énormément. Elle pouvait entendre les conseils, les avis, et sûrement qu’elle se laissait influencer, sentimentale qu’elle pouvait être parfois. Toutefois le choix lui appartenait et elle ne tolérait que rarement que quiconque se mette sur son chemin, même avec toutes les meilleures intentions du monde. C’est pour ça que je n’ai pas voulu intervenir quand tu t’es interposée. Je me tenais prête au cas où, mais je ne pense pas que tu aurais apprécié d’avoir une personne supplémentaire pour te dire que tu étais bête d’agir ainsi, ou trop fragile pour prendre de tels risques. » Qui plus est, au vu  de la présence de ses proches, la jeune femme aurait risqué au pire de se prendre un coup en pleine tête, ou de se fouler le poignet comme cela a été le cas. Le genre de blessures qui cicatrisaient sûrement mieux que la honte ou la culpabilité éprouvée face à sa propre inaction. Anastasia savait toutefois qu’elle avait pris un risque elle-même en agissant ainsi. Si Nicholas avait réussi à atteindre la blonde, armé de son couteau, la milicienne se serait indéniablement sentie mal. Très mal.

Elara semble toutefois prendre conscience des risques qu’elle prenait, évoquant la situation et avouant clairement que cela aurait pu se finir beaucoup plus mal pour elle. Ana hoche doucement la tête, admettant volontiers que son interlocutrice avait eu de la chance que tant de personnes, qui plus est des proches, passent dans les environs et se soucient des événements. Sans quoi cela aurait pu très mal se terminer pour elle. Une petite voix lui soufflait toutefois que cela ne lui servirait sûrement pas de leçon et que cela n’empêcherait pas la déléguée de continuer à prendre son travail à cœur et à défendre la population entière en prônant la non violence.C’est pour cela que la milicienne finit par hausser les épaules, avant de répondre dans un sourire. « J’imagine que le jour où ça se passera mal, tu te remettras peut être en question. Mais tant que t’es à l’aise avec ta façon de procéder… Nouveau haussement d’épaules, montrant de ce fait qu’elle ne jugeait pas. Anastasia estimait en effet que le masochisme de chacun avait ses limites. Et qu’on évitait naturellement les situations stressantes. Si jamais intervenir à tout va finissait par devenir trop pesant pour la déléguée, sûrement que celle-ci prendrait plus de précautions. Conservant le silence pendant un moment, Ana finit par soupirer, relevant la main pour se masser brièvement le front avant de repousser ses cheveux en arrière. J’imagine que tout ça sera bientôt derrière nous. Quand les élections seront finies. » Certes elle ne doutait pas du fait que d’autres problèmes apparaîtront encore, à commencer peut être par quelques manifestations de la part de personnes mécontentes de voir que leur candidat favori n’avait pas gagné. Décidément, elle détestait ce climat, ayant en horreur la politique. Rendu là, ils auraient dû laisser l’Amiral désigner un successeur, cela aurait été plus simple pour tout le monde. Cela leur aurait donné ainsi l’impression de suivre le même homme, de poursuivre les mêmes idéaux. Désormais rien n’était sûr.

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T’arrives pas à savoir Ana. T’arrives pas à entièrement comprendre le bout de femme qui se tenait face à toi, une blonde qui avait par ailleurs probablement le même âge que toi, à peu de choses près. C’est qu’elle te paraît douce Elara, presque fragile et tu comprends pourquoi certains conservaient cette image d’elle, oubliant au passage qu’elle était sûrement plus qu’une petite chose qu’il fallait farouchement protéger. C’est le genre d’individu qui donne envie qu’on les défende, qu’on les préserve des embûches et du mal. On tient pas à ce que la vie les bousille, parce qu’ils sont trop précieux, trop rares. L’espace d’un moment, tu songes à Akum, ce foutu délinquant qui t’a toujours donné l’impression d’être continuellement de bonne humeur. Un optimiste et un blagueur comme on en faisait plus. Mais Elara n’est pas comme ça. Malgré ses sourires, sa gentillesse et tout ce qui faisait sûrement d’elle une personne agréable à côtoyer au quotidien, tu comprends qu’elle n’est pas que ça. Tu imagines des fausses notes, dans ses discours mesurés et pacifistes. Tu te dis qu’il y a des fois où elle se force à sourire, pour garder la face, pour faire bonne figure comme toi-même tu tentais de le faire en te servant de l’humour comme d’un bouclier. Ouais. Elle a dû en chier la déléguée, à un moment ou une autre, d’une façon ou d’une autre. Mais t’arrives pas à savoir comment elle avait fait pour ne pas abandonner, pour se relever et demeurer la même. T’as beau ne lui avoir jamais vraiment parlé jusque là, ce que tu savais d’elle via vos connaissances en commun te laissait penser qu’elle avait su rester la même, malgré tout, s’accrochant à une ligne de conduite qui ne la quittait pas. C’est tout à son honneur. Mais ça te renvoie à ta propre existence, à tes propres faux. Ça te rappelle que tu sais plus trop qui tu es toi-même, ayant perdu des bribes de ton identité au fur et à mesure de ton parcours. T’étais plus la même. Tu regrettais pas les années de violence et de haine, celle qui t’avait collé à la peau, qui ont suivi la remise des diplômes. En revanche tu regrettais la gosse que t’avais été, l’étudiante sûre d’elle. T’avais chuté, tu sais même pas comment ça a pu arriver. Mais depuis t’étais plus la même.

Les pensées et les doutes d’Anastasia restent toutefois à leur place, à savoir au fond de leur crâne. Elle tient pas à évoquer l’avis qu’elle se forgeait progressivement sur la blonde qu’elle avait en face d’elle, se contentant de sourire légèrement et de faire part de son avis quant à l’élection en cours et l’ambiance électrique qui régnait de ce fait au sein de la Flotte. La milicienne avait hâte que tout ceci se termine, ne pouvant s’empêcher d’appréhender les résultats malgré tout. Elle a beau se dire qu’elle ferait comme tout le monde : à savoir faire avec le nouvel Amiral, prête à continuer de vivre sa vie quoi qu’il arrive, la jeune femme sait que ce sera tout de même plus ou moins facile selon le gagnant de l’élection. En attendant, elle subissait les débordements et ne pouvait que prier pour que tout ceci s’arrête. Une pensée visiblement partagée par la déléguée, sans que cela ne soit véritablement surprenant, celle-ci s’autorisant un large sourire avant d’approuver de vive voix. La suivant des yeux lorsqu’elle se lève, Anastasia se redresse de ce fait elle-même sur le canapé, inconsciemment, abandonnant sa posture presque trop nonchalante de tout à l’heure. Les coudes reposant sur ses cuisses et ses mains dans le vide, elle observe son interlocutrice tout en prêtant attention à ses paroles. Aucune raison  pour que ce soit pire une fois l’Amiral élu ? « T’es optimiste. » Ironise-t-elle avec douceur, incapable de croire vraiment en ce discours. Certes, elle espérait aussi que tout se passerait bien. Parfois elle se disait qu’elle était trop pessimiste. Puis la réalité la rattrapait, pour lui rappelait qu’elle était juste réaliste. Rien ne se passait tout à fait comme prévu, et personne ne tolérerait de voir son candidat recalé aux élections. Pas alors que les décisions à venir étaient si importantes. Leur destin, leurs vies, étaient en jeu. Un fardeau trop lourd pour éviter des vagues de mécontentement.

Lorsqu’Elara revient, Ana se rend compte qu’elle n’a jamais été une bonne hôte. Elle n’a jamais été du genre à se soucier de ses invités, estimant qu’ils étaient assez grand pour demander un verre s’ils le désiraient. Elle n’avait pas envie de tenir la main de quiconque, même pour simplement paraître polie et courtoise. La vérité, c’est que ces règles de bienséance lui passaient par-dessus la tête. Royalement. Aussi est-elle légèrement surprise en voyant que l’on a songé à lui servir un verre alors qu’elle n’a rien demandé, remerciant son interlocutrice avant de s’emparer de ce qu’on lui proposait. Elle coince le verre entre ses doigts, mais ne fait pas mine de vouloir y boire pour le moment. Hochant doucement la tête lorsque la déléguée évoque l’ambiance étouffante, Ana ne peut qu’approuver. « Ouais. J’ai les nerfs en pelote en ce moment. Grogne-t-elle légèrement. Difficile toutefois de dire si cela n’était dû qu’à cette période troublée, ou si elle tombait simplement sur les mauvaises personnes au mauvais moment. Etait-elle plus irritable, ou était-ce les autres qui cassaient prodigieusement les couilles ? Difficile à dire. Même l’Australe c’était… Elle finit pas sa phrase Ana, ayant trouvé l’ambiance pesante même là bas. Cette fois ci, elle admettait volontiers que son état d’esprit était sûrement en cause, mais elle se garde de l’admettre à haute voix, se contentant d’hausser les épaules avant de daigner porter son verre à ses lèvres pour en savourer une gorgée, vaguement amusée par l'idée qu'elle n'était pas en train de boire un verre d'alcool alors que l'heure lui permettrait de s'adonner à son vice sans être jugée par quiconque. Songeant de nouveau à l'Australe, la milicienne en vient à se dire qu'elle tenait peut être là un sujet à aborder, quelque chose de plus sympathique que les élections ou les émeutes. T'y es allée aujourd'hui ? Trouver des choses sympa, tout ça. » Et elle sourit doucement, espérant que la déléguée ne se méprendrait pas quant à ses intentions. Elle était simplement curieuse, et ce n'était donc pas la milicienne fouineuse et sceptique qui parlait.

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C’est presque naturellement qu’Anastasia se décide à changer de sujet. Partiellement. Plutôt que d’évoquer encore ces élections pesantes, ou cette émeute qu’elle avait déjà presque totalement oublié, la jeune femme préfère se concentrer sur l’événement du jour : à savoir l’Australe. Certes la milicienne évoque la tension qu’elle avait eu l’impression de retrouver même durant ce grand marché, mais elle en arrive très vite à questionner son interlocutrice, cherchant à savoir si cette dernière avait pu profiter de l’événement malgré tout. A moins qu’elle n’ait eu trop peur de voir tout ça dégénérer à nouveau pour une raison ou une autre. Ana, au contraire, n’aurait loupé ça pour rien au monde, même si cela avait dû se finir en baston générale. Il faut dire que son travail, et son rôle de sergent, impliquait qu'elle puisse très souvent se retrouver à être en service pour couvrir l’événement, et ce malgré son affectation première sur le Colossus. Trop de monde sur le Columbiad et la Fédération ne lésinait pas sur les moyens pour s’assurer que tout se passe dans le calme, ou presque. Inviter les légionnaires à encadrer l’Australe était un de ces moyens, et pas un de ceux qu’Anastasia affectionnait le plus. Elle se garde toutefois d’en parler, conservant ces détails pour elle et se contentant de guetter une réponse de la part de la déléguée. Celle-ci semble presque navrée tandis qu’elle avouait ne pas s’être déplacée pour l’occasion, non. Cette façon de s’excuser alors qu’elle ne devrait pas avoir à en éprouver le besoin arrache l’esquisse d’un sourire à la milicienne ,légèrement amusée par ce comportement ô combien éloigné de ses habitudes à elle. Elle n’avait pas spécialement peur de s’excuser ou de demander pardon, bien qu’elle ne le ferait sûrement jamais pour des raisons futiles. En revanche elle avait peur que cela soit mal considéré, comme si sa façon d’être désolée pouvait être perçue comme une faiblesse, une faille à exploiter. Exposer ses émotions ne la dérangeait que parce qu’elle était terrifiée à l’idée qu’on puisse piétiner ces dernières. C’est qu’elle n’était pas forte, pas à l’aise avec ses sentiments. Alors elle les garde pour elle, pour éviter des blessures supplémentaires.

Ana se voit arrachée à sa rêverie par la suite du discours de la blonde. Le travail avait accaparé cette dernière et la jeune femme ne peut qu’hocher doucement la tête en signe de compréhension. La paperasse, elle pouvait comprendre, encore que son rôle de sergent limitait malgré tout l’administratif qu’elle avait à réaliser. Rien à voir avec un lieutenant et l’idée d’être confinée dans un bureau la moitié du temps ne lui faisait pas du tout envie. « J’imagine que t’as pas pu t’empêcher de te remettre à jour en moins de 24h pas vrai ? Plaisante-t-elle doucement, vaguement amusée par l’idée que la déléguée puisse ne pas vouloir faire attendre les gens qui avaient besoin de son aide d’une façon ou d’une autre. Elle était sûrement trop altruiste, et empathique, pour songer faire attendre quelqu’un. Les deux jours d’arrêt ont déjà dû être un enfer à vivre pour elle. Anastasia ne comprenait que vaguement ce besoin de travailler. Si elle-même n’appréciait pas véritablement d’être contraint à l’immobilité, en vérité elle n’aimait pas être obligée à quoi que ce soit même si sa santé le réclamait, elle ne se sentirait pas mal à l’idée de ne pas pouvoir travailler pour autant. Enfin. C’est ce qu’elle se dit. Pourtant le jour de l’émeute elle n’a pas pu s’empêcher de se mêler à l’histoire alors même qu’elle n’était pas en service, volontairement qui plus est. Alors la milicienne préfère garder le silence, soudainement plus très sûre de ce qu’aurait été son propre comportement à la place d’Elara. Cette dernière en venait d’ailleurs à avouer que le travail n’était pas sa seule excuse. Elle n’avait surtout pas voulu croiser Luke et à la mention de cet homme, Ana ne peut que froncer légèrement les sourcils sous l’incompréhension. Elle fouille dans sa mémoire, cherche à savoir en quoi ce nom devrait lui parler, mais elle ne trouve rien. Pourtant si la déléguée évoquait cette personne, c’est que l’histoire devait être connue d’elle, sans quoi ce serait idiot de le mentionner. Pourtant elle a beau chercher, elle ne voit pas qui donc Elara pourrait vouloir fuir. Alors, après un bref moment d’hésitation, la jeune femme se décide à tenter, toujours dans un froncement de sourcils : Qui est Luke ? Désolée si je suis censée voir qui c’est mais… Ça me revient pas. » Le timbre de sa voix est neutre, malgré le sourire un peu forcé qu’elle avait capté sur le faciès de son interlocutrice. Cela ne l’empêche pas de poser la question.

La blonde change toutefois de sujet, avec ce fameux enfin qui fait office de conclusion, un peu comme elle-même pouvait hausser les épaules à chaque question dérangeante pour dédramatiser la situation. Faire croire qu’une situation ne la touchait pas, ou que ce n’était pas si grave, était devenu une habitude pour elle. Aussi ne se laisse-t-elle pas berner par les tentatives de son interlocutrice. Observant cette dernière avec une intensité nouvelle, Anastasia n’insiste pas toutefois, estimant que ce n’était pas à elle de tirer les vers du nez. Après tout, elle ne connaissait pas vraiment la déléguée, si ce n’est via leurs connaissances communes. Aussi était-il hors de question qu’elle cherche à s’immiscer à ce point dans sa vie privée. Sa question sur Luke était sûrement suffisante. C’est pour cela que la milicienne se contente de sourire légèrement lorsque l’on cherche à savoir si elle-même avait pu profiter de l’Australe. « Eh bien par un heureux hasard, je n’étais pas en service aujourd’hui, non. Donc j’ai pu y aller, et en profiter oui. Si l’événement avait été encadré différemment, peut être que la milicienne se serait arrangée pour faire des achats malgré le fait qu’elle soit censée travailler. Mais elle ne le faisait jamais durant le marché, pour la simple et bonne raison que les légionnaires étaient là, et que pour rien au monde elle ne voudrait leur donner la chance d’avoir quoi que ce soit à lui reprocher. Encore plus lorsqu’elle travaillait de concert avec Marcus, celui là même qui n’hésitait pas à la remettre à sa place mais avec qui tout se passait simplement. Hors de question de lui donner, à lui, un prétexte pour la prendre de haut. Bien au contraire, elle préférait chercher à l’impressionner, à démontrer qu’elle aurait pu être tout ce qu’elle voulait dans la vie, si on avait bien voulu lui donner sa chance. C’est puéril, ça témoigne de cette rancœur qui s’efface difficilement, mais c’est ainsi. J’ai du travail de nuit qui m’attend à l’avenir. » Précise-t-elle alors dans un haussement d’épaules. Il n’était pas rare qu’elle alterne entre des patrouilles de jour et des patrouilles de nuit. Et si elle n’avait rien contre un travail nocturne, cela la mettait bien souvent de mauvaise humeur, car elle était incapable de récupérer son sommeil la journée. Le Colossus était malheureusement bien bruyant et elle peinait donc à faire des siestes en journée, devant bien souvent trouver refuge dans la cabine de Rosa pendant que celle-ci travaillait afin d’avoir le droit à un peu de paix.

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Unannounced visits can be tricky.
Ana & Elara

C’est personne. Et ça arrache l’ombre d’un sourire à la milicienne, en coin, signe qu’elle n’y croyait pas une seule seconde. Et elle veut que ça se sache, elle veut que la blonde comprenne qu’elle n’est pas conne à ce point là. On évoque rarement quelqu’un par mégarde pour ensuite nier son existence la seconde d’après. S’il est difficile de deviner les raisons de ce retournement de situation : était-ce un amant qu’elle désirait garder secret ou au contraire une personne qu’elle préférait rayer de son existence ; la jeune femme n’en est pas moins consciente du fait qu’il y a un problème. Cependant, elle n’insistera pas, estimant qu’elle n’était pas la mieux placée pour écouter Elara parler de ses problèmes ou ses secrets. Pas qu’elle ne soit pas intéressée non, mais la déléguée avait des amis bien plus proches d’elle pour cela, il serait donc plus logique qu’elle se tourne vers ces derniers malgré tout. Conservant de ce fait le silence, ce sera à son interlocutrice de rompre ce dernier lorsqu’elle lui demandera si elle a pu profiter de l’Australe du jour. Le sourire s’étire alors, légèrement, et la milicienne attrapera la perche ainsi offerte sans y réfléchir à deux fois, affirmant qu’elle avait pu en effet y faire un tour, ayant eu la chance de ne pas être en service aujourd’hui. Une chance diraient certains, mais elle en paiera le prix malgré tout, devant désormais se coltiner des horaires de nuit dans le cadre de ses patrouilles. Ça ne la dérangeait pas spécialement, même si elle savait que cela impliquait de devoir dire plus ou moins adieu à une quelconque vie sociale pendant plusieurs jours. Ce n’était pas plus mal. Si Anastasia s’avérait relativement sociable, elle ne disait pas non à quelques instants de tranquillité absolue, loin des problèmes d’autrui ou des troubles que la présence de ces derniers pouvait raviver chez elle.

Plongée brièvement dans ses pensées, ce fut la curiosité de la déléguée qui la ramena à la réalité. Relevant les yeux en sa direction, la jeune femme s’autorisa un nouveau sourire face à l’interrogation de son interlocutrice. Si elle avait trouvé son bonheur ? « Pas le moins du monde. Rigole-t-elle, pas réellement déçue pour autant. Haussant légèrement les épaules pour montrer le peu d’importance qu’elle accordait à tout ceci, elle précisa à l’attention de la blonde après que cette dernière ait expliqué ce qu’elle aurait pu désirer trouver en cette même journée : Tu aurais été déçue, j’ai pas trouvé de bougies justement. Enfin, si… Il y a les toutes petites là, mais je préfère celles en plus grand format, même si c’est une plaie pour s’en procurer. Elle grogne brièvement. Ces larges bougies, parfois parfumées, avaient le don de faire son bonheur, d’une fort simple manière. Malheureusement elle n’en avait pas trouvé et s’octroyer une multitude de ces petits objets ne l’intéressait pas le moins du monde tant elle appréciait également l’esthétisme des bougies en général. En tous les cas, cela devrait donc attendre, malheureusement. Quant au reste… Sinon je ne cherche jamais grand-chose en particulier. De l’alcool un peu plus fort que de la xingji, quand les barmans daignent vendre leurs stocks. Sans ça, je préfère conserver mes crédits. » Faut dire qu’il y avait peu de choses qui pouvaient encore titiller son intérêt aujourd’hui. Peut être quelques œuvres artistiques, des figurines de ferraille ou autre, quand elle a un coup de cœur. Sûrement qu’elle craquerait également pour quelques pièces de vêtement en cuir, tant ces derniers étaient rares ou quelques pochettes Vinyles dont certaines personnes voudraient se débarrasser. Rien de bien spécifique donc, de manière générale. Elara semblait d’ailleurs bien mieux informée, ce qui n’était pas très étonnant finalement, étant donné qu’elle évoquait désormais des bijoutiers de la Flotte particulièrement réputés. Haussant les sourcils, surprise de ne pas avoir déjà eu vent d’une telle information, Ana finit par sourire une énième fois. Oh, sympa ça. Je porte pas de bijoux, la faute au travail et au manque d’habitude, mais ça m’empêche pas de les trouver superbes à l’occasion. Elle aurait aimé en porter plus souvent à vrai dire, quelques pièces un peu uniques, originales mais cela lui semblait inutile au vu des fonctions qu’elle exerçait. Tu me diras ce que t’en as pensé. » Ajoute-t-elle dans un clin d’œil. Peut-être aurait-il été agréable pour les deux femmes de voir ça ensemble, mais elle travaillerait sûrement et Elara avait peut être déjà prévue une autre compagnie. Ce fut toutefois en songeant au fait qu’il serait dommage de quitter la cabine sans jamais prévoir de revoir la blonde que la milicienne s’empara de son verre d’eau pour le finir.

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Si Anastasia en arrive naturellement à se confier quant à ce qu’elle pouvait désirer trouver durant l’Australe, ou quant à sa manie de faire attention à sa dépense de crédits -essentiellement à cause de sa consommation d’alcool, ce qu’elle se garde d’évoquer pleinement-, elle ne s’était toutefois pas attendue à ce que ces simples propos poussent la déléguée à l’aider. Altruiste jusqu’au bout des ongles, elle ne pouvait s’empêcher de lui offrir ses services à sa façon, lui proposant de ce fait de la tenir au courant des artisans et surtout barmans qui pourraient se présenter durant l’Australe du mois prochain, en fonction des centres d’intérêts de la milicienne, afin d’être sûre de ne rien louper. Certes, Ana imaginait que cela ne coûtait pas grand-chose à Elara que de se renseigner de la sorte, mais cela restait un service rendu. Et la jeune femme ne doutait pas du fait que son interlocutrice ne demanderait rien jamais rien en échange. S’autorisant un énième sourire, légèrement amusé, il fut impossible pour la milicienne de camoufler la lueur aussi malicieuse que brillante de gratitude qui faisait désormais étinceler son regard. Hochant vivement la tête comme pour appuyer l’importance qu’elle accordait à cette simple proposition, elle se manifesta rapidement : « Je veux bien ! Si ça te demande pas trop d’efforts bien sûr. C’est gentil. » Evidemment que c’était gentil, et que cela n’avait au fond rien de surprenant de la part de la blonde. Pourtant elle peut pas s’empêcher d’être touchée Ana. Probablement autant qu’Elara lorsque celle-ci a constaté que la milicienne s’était souciée de sa santé. Elles ont beau savoir l’une et l’autre qu’elles avaient face à elles des femmes relativement sympathique, c’était différent lorsque l’on devenait l’objet de cette sympathie. Quoi qu’il en soit, il fut donc aisé pour Anastasia de poursuivre la conversation, parlant de ces bijoux qu’elle admirait sans jamais les porter. La conversation aurait certainement pu se poursuivre sans efforts si le terminal de la déléguée ne s’était pas mis à vibrer, signe d’un message en attente.

Le regard de la milicienne est attiré par le terminal, instinctivement, avant de se poser une fois de plus sur Elara qui s’excusait déjà pour le dérangement. Balayant ses excuses d’un simple signe désinvolte de la main, l’invitant au passage en silence à prendre le temps qu’elle voulait, ce fut naturellement qu’elle détourna alors les yeux, préférant s’intéresser à la décoration et à l’espace, toujours aussi impressionnant, qui l’entourait plutôt qu’aux activités de son interlocutrice. Son poste de milicienne et sa curiosité maladive la poussaient parfois à se renseigner un peu trop, ou à faire des recherches déplacées. Lorsqu’elle s’en fichait toutefois, Anastasia faisait preuve d’un certain respect, comme en cet instant précis, son attitude dénotant clairement qu’elle ne souhaitait pas se montrer intrusive. La jeune femme aurait ainsi pu reprendre la conversation comme si de rien était lorsque la déléguée revint vers elle, mais celle-ci en décida autrement, expliquant qu’elle devait y aller. Le tout dans un sourire satisfait qui tendait à montrer que, peu importe les raisons de son départ, cela l’enchantait quelque peu. Ce simple constat suffit à amuser la milicienne, étirant ainsi légèrement le sourire de cette dernière, avant qu’elle n’hoche doucement la tête en signe de compréhension. Les explications, sobres, arrivent alors mais déjà Ana s’était redressée, délaissant le canapé ô combien confortable sur lequel elle s’était assise durant leur entrevue.  « T’excuses pas voyons, j’suis passée à l’improviste, c’est normal que tu sois occupée. D’un bref coup d’œil circulaire, la milicienne s’assure de n’avoir rien oublié, avant de passer devant Elara en direction de la sortie. Elle s’arrêtera toutefois à sa hauteur, lui adressant un nouveau sourire. C’était sympa de discuter, et j’te prends au mot pour ces informations sur l’Australe ! Plaisante-t-elle alors. Passe une bonne soirée va. » Souhaite-t-elle en guise de conclusion, avant d’abandonner la cabine de son interlocutrice, à la fois ravie d’avoir pu constater que celle-ci allait bien mais également amusée et satisfaite par cette conversation qu’elles avaient pu avoir.

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