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  trous noirs et digressions (inoe)
MessageSujet: (#) trous noirs et digressions (inoe)    trous noirs et digressions (inoe) 3ViG0Cu Ven 19 Jan - 15:14
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Il est trop tard pour penser, qu’il lui disait, l’air légèrement exaspéré. Grimper sur le lit, au beau milieu de la nuit, parce que soudainement tout prenait trop de place dans son crâne. Il est trop tard pour penser, Bee. Qu’il lui disait, l’air carrément agacé. Elle était déjà installée, prenant ses aises et partageant sa dernière idée, et il faisait du mieux qu’il pouvait pour rester éveillé (elle avait la main prête à le secouer).  
Il essayait de lui expliquer, la nuit c’est fait pour dormir et demain, tu m’en parleras demain. Elle hochait la tête et acquiesçait.
Quelques nuits plus tard, elle recommençait.
Ce n’était pas qu’elle voulait le déranger, mais ses nuits à elle n’avaient jamais bien été tracées, trop-plein d’énergie prête à déborder. Flanc gauche, flanc droit. Assise, couchée, debout. Les yeux grands ouverts, le ventre un peu retourné, les angoisses, contrairement au sommeil, bien décidées à la trouver. Elle suffoquait vite, étouffée par l’immobilisme et la cabine trop petite pour retenir les pensées débiles (son frère avait dit débile, une fois) et les théorèmes inutiles.
Beatrix suffoque toujours, des années plus tard, et il n’y a plus personne à réveiller, à houspiller jusqu’à ce qu’il se décide à l’écouter. Elle suffoque mais elle a décidé il y a longtemps déjà qu’il n’y avait pas d’heure pour penser (pas pour elle en tout cas) et surtout elle a appris à compenser. Il y a les notes un peu éparpillées, les rituels bien rôdés, et puis il y a Charlie, à portée de voix, il y a Sid, les samedis et aussi les jeudis parfois, et il y a Inoe depuis quelques mois, à seulement quelques pas.

Il est plus de deux heures trente, cette fois-ci, quand elle se décide à abandonner l’idée de s’endormir et s’extirpe de son lit, puis de sa cabine, en silence. Puisqu’on n’est ni jeudi, ni samedi, c’est vers l’habitat de son voisin qu’elle se dirige, à peine dérangée par le manque de luminosité aux alentours. À sa porte, elle n’a pas à attendre bien longtemps avant d’apercevoir son expression neutre. « T’es réveillé, » elle constate, et c’est plus sa façon à elle de dire bonjour qu’une véritable surprise parce qu’il est toujours réveillé et toujours prêt à l’écouter (il s’agit, bien sûr, d’un abus de langage, elle n’a pas vérifié et ce serait compliqué de réellement le prouver).
Si les gens lui semblent en général inconsistants et parfois tout bonnement incompréhensibles, l’homme, lui, fait bien souvent preuve d’une remarquable cohérence. De là à dire qu’elle le comprend tout aussi souvent, il y a sans doute un pas qu’elle n’est pas prête à franchir – contrairement à celui qu’elle franchit tout à fait pour se glisser dans sa cabine, sourire aux lèvres. Il sourit rarement, Inoe, mais elle le fait bien assez pour deux, alors ça ne l’ennuie pas. Non, dire qu’elle le comprend serait présomptueux : elle a parfois l’impression qu’ils parlent de deux sujets tout à fait différents, tout juste liés par l’enthousiasme partagé. Pas de il est trop tard pour penser, et ses froncements de sourcils à lui ne précédent pas la remontrance inévitable du frère dépassé (c’est déjà ça). « J’ai repensé à ce que tu as mentionné la dernière fois. » Leur discussion, tout juste entamée (était-ce réellement une discussion ou marmonnait-il pour lui-même comme il le faisait parfois ?), avait été interrompue par le lever du jour et les obligations qu’il apportait avec lui, et elle n’avait pas encore eu l’occasion de revenir le voir pour la poursuivre. Mais ils parlent de beaucoup de choses, alors elle se sent obligée de préciser : « Par rapport aux trous noirs. » L’astrophysique n’a jamais fait partie de ses sujets de prédilection, et c’est seulement au contact de son étrange comparse qu’elle avait commencé à développer un intérêt certain envers le domaine, nourri par leurs fréquents débats et sa tendance à vouloir tout savoir. Jamais honteuse, elle déborde de questions, d’interrogations parfois un peu simplistes, mais compense par sa fougue et son propre bagage informatique. « Comment étudier un trou noir, puisque l’une de ses propriétés semble entre autres être le fait qu’il est invisible ? Ils peuvent être créés n’est-ce pas ? Que se passe-t-il si on rentre dans ledit trou noir ? Est-ce que ton travail consiste aussi à les détecter ? » Elle s’interrompt, un instant, à peine rentrée et déjà essoufflée, les images qui jouent dans la tête et les questions qu’elle pourrait continuer à poser, peut-être n’a-t-elle-même pas pensé à vraiment le regarder, trop pressée. L’a entendu, Inoe, répéter les deux mots en boucle, à l’occasion (trou noir trou noir trou noir). Elle aurait pu demander à Charlie, mais a, pour une fois, privilégié l’interaction humaine (ne reste pas trop isolée, Beatrix). « J’espère que je ne te dérange pas. » Après-coup, peut-être est-ce le cas.
MessageSujet: (#) Re: trous noirs et digressions (inoe)    trous noirs et digressions (inoe) 3ViG0Cu Dim 21 Jan - 14:56
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Tu relisais le rapport qu'on t'avait fourni quelques heures auparavant. Tu épluchais les colonnes infinies dans lesquelles les chiffes se succédaient, inlassablement. Tu tentais d'en déchiffrer le sens, une carte de l'espace déployée à côté de toi. Tu naviguais entre les cases référencées d'un doigt habille, plaçant des croix à des endroits stratégiques. Les anomalies relevées par le rapport. De potentielles planètes sur lesquelles pointer les puissants télescopes de l'Hélios. Il faudrait que tu soumettes ça en réunion. Et encore une fois on te demanderait pourquoi tu n'as pas dormi. Pourquoi tu as épluché tout ça la nuit, seul, dans ta cabine, au lieu d'attendre d'être au laboratoire. Tu dirais que tu aimes ça, et les sourcils se hausseraient, les mines se feraient incompréhensives, mais tout le monde se tairait. On toqua. Et tu t'avançais pour aller ouvrir. La mine de Bee s'offrit à toi et tu l'accueillis d'un sourire, restant néanmoins devant le pas de la porte, bien peu habitué aux coutumes d'usages qui voulaient qu'il fallait inviter la personne à entrer. Les trous noirs. Tu t'écartais enfin pour la laisser entrer, ramassant les tablettes qui ornaient ta petite table.

Un trou noir ne veut pas dire qu'il est invisible. C'est un objet super-massif qui modifie les propriétés de ce qui l'entoure et en particulier de la lumière. La trajectoire empruntée par celle-ci varie à l'approche du trou noir. Comme un siphon de douche. Généralement on peut suspecter la présence d'un trou noir en analysant les trajectoires et orbites des corps célestes. On réalise un calcul en tenant compte de la force de gravité exercée par l'astre autour duquel elles gravitent et si la trajectoire réelle de la planète est différente de celle calculée c'est que quelque chose modifie sa course initiale. Donc on peut ainsi suspecter la présence d'un trou noir. En recoupant les informations de plusieurs corps célestes, on peut localiser celui-ci.

Le loft de paroles se déverse de ta bouche, sans pause. Tu es content qu'elle vienne te poser ces questions. Tu apprécies vos discours nocturnes, et jamais elle ne te dérange. Elle écoute ce que tu dis avec cette curiosité d'un enfant face à une histoire nouvelle.

Ils peuvent en effet être crées, mais pas pas nous. Ils résultent généralement de l'effondrement d'une étoile. De sa mort en somme. On les suspecte d'être à l'origine de l'univers. Et chaque nouveau trou noir serait à l'origine d'un autre univers. Comme des portails si tu veux. Personne ne sait ce qui se passe si on entre dedans, mais à coup sûr il ne vaut mieux pas essayer. La force de gravité est telle qu'on ne pourrait résister à ce qu'ils exercent. Et le temps aussi s'y déforme. Si bien qu'il faudrait une éternité pour parcourir ne serait-ce que quelques mètres. Tu marques une pause avant de poursuivre : non pas spécialement mais le fait de les détecter permet de les éviter dans nos trajectoires.

Tu ne me déranges jamais. Tu finis par ajouter, un sourire pendu aux lèvres. Tu veux de l'eau ? Tu demandes. Tu n'as pas grand chose à proposer. Les jus et autres babioles c'est pas trop ton truc. Si tu pouvais ne jamais te nourrir pour économiser du temps, tu le ferais.

 

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