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Il y avait des jours avec, et des jours sans — pour des raisons diverses; parce qu’on s’était levé avec un mal de tête, ou parce que rien ne semblait se passer comme on le voulait. Rowan n’aurait pas su dire pourquoi exactement il s’agissait d’un jour “sans” mais ça ne faisait pas de toute. Tout semblait être contre elle; les nerfs à fleur de peau, chaque petite remarque innocente qu’elle aurait ignoré d’un haussement d’épaules d’habitude la marquait tout particulièrement aujourd’hui et manquait de la faire fondre en larmes. Une fois sa journée de travail terminée, elle n’avait qu’une envie : se blottir sous sa couette et attendre qu’un nouveau jour se lève. Ou se confier un petit peu, parler pour se changer les idées. Rowan avait d’abord tenté de voir ses parents — mais le message froid et distant de sa mère l’en avait dissuadé. Cette dernière, même après quelques mois, lui pardonnait encore difficilement ses agissements, malgré les efforts de l’ingénieure.

Elle avait commencé à prendre le chemin de sa cabine sur le colossus, envoyant des messages à Nora en espérant qu’elle y répondre; malheureusement, après quelques minutes d’attentes, les messages restaient sans réponse, et Rowan poussa un soupir. Nora était sûrement occupée; au travail ou ailleurs, mais cela n’empêchait pas Rowan de se sentir un peu seul. A part ses collègues et Nora, elle ne voyait pas grand monde finalement, et cette solitude finissait par lui penser, surtout dans une journée pareille.

Mais ce n’était pas en se terrant dans sa cabine comme un animal effrayé que cela allait changer. Elle bifurqua au premier virage qu’elle croisa, décidant de ne pas rejoindre sa chambre. Rowan ne savait pas exactement où aller; mais visiblement, son subconscient le savait déjà. Elle se laissa guider au détour des couloirs, avant de finir devant la porte de la cabine de Daisy. Elle hésita quelques instants, l’opératrice n’était peut-être pas chez elle, avant de finalement oser frapper. Au pire, Rowan retournerait dans sa cabine ni vue ni connue, si Daisy n’était pas encore rentrée du travail. Elle resta quelques minutes devant la porte close et songeait déjà à faire demi-tour, quand elle s’ouvrit. « Hey, désolée de débarquer comme ça sans prévenir. » commença Rowan quand Daisy apparut dans le cadre de la porte, devant elle. « Je … J’avais besoin… » Elle marqua une bref pause pour calmer sa voix, les sanglots bloqués dans sa gorge depuis quelques heures la faisant trembler légèrement. Rowan inspira et reprit. « De discuter un peu ? »  — N’importe qui, même sans être un minimum observateur, verrait à milles années lumières que Rowan n’en menait pas large.

Elle se tordit un peu les mains, se sentant subitement plutôt idiote; Daisy et elle n’étaient pas si proches que ça, c’était bizarre de venir frapper chez elle dans un moment pareil. « Tu sais quoi, » annonça-t-elle rapidement. « C’était stupide de te déranger pour ça, je devrais y aller. » Rowan fit un pas en arrière, reculant du pas de la porte et enfonçant ses mains dans le fond de ses poches; à quoi elle pensait, exactement, en frappant comme ça chez Daisy ?

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Pour une fois et sur conseil de son médecin, Daisy avait décidé de rentrer directement après le travail sans passer par la case petite bière entre amis. Rentrer plus tôt, c’était profiter d’un temps fou, non seulement pour se préparer un bon repas, mais aussi toutes ses choses qu’elle n’arrivait jamais à faire en une seule journée. Pendant que ses pâtes chauffaient, l’opératrice avait enfin pu répondre à ses mails et surtout enfin terminé de lire son livre emprunté à la bibliothèque et avec lequel elle avait déjà plus d’une semaine de retard. L'organisation, malgré sa trentaine révolue restait aussi catastrophique qu’à ces quinze ans et même si elle faisait parfois des efforts, tout semblait en vain. Daisy ne sera sûrement jamais ni à l’heure, ni organisée, si bien qu’au lieu de se battre, elle avait décidé de l’accepter. Néanmoins, avec le temps qu’elle gagnait en rentrant plus tôt chez elle, elle allait peut-être enfin s’améliorer un peu, ce qu’on entourage appréciera sans aucun doute.

Après son repas certes assez simple, mais pas mauvais, elle s’était posée devant son écran avec une boite de biscuit, histoire de passer un peu le temps. Sa cabine restait assez simple, mais avec le temps elle avait réussi à la rendre un peu plus cosy, notamment grâce à une multitude d’objets trouvés un peu partout. Daisy adorait récupérer un peu n’importe quoi, comme une sorte de souvenirs d’un passage de sa vie qu’elle voudrait garder. Cela dit, à force de ramener des choses chez elle, la brune commençait sérieusement à entasser et le manque de place se faisait sentir. Alors qu’elle zappait entre les quelques chaînes qui était diffusés sur la flotte, quelqu’un à la porte frappa. Bien qu’elle n’avait pas prévu de sortir ou de traîner à la base, elle était comme toujours assez contente d’avoir de la compagnie, surtout quand on voyait les programmes présentés ce soir.

Rapidement, elle se releva de son petit canapé et alla ouvrir la porte pour y retrouver Rowan, visiblement dans une mauvaise journée. Bien qu’elle la trouvait sympathique, l’ancienne pirate était assez étonnée de la retrouver à sa porte à une pareille, sans raison apparente. D’ailleurs, à l’entendre parler, l’ingénieure elle-même ne semblait pas vraiment savoir pourquoi elle était venue frapper à cette cabine et commença même à changer d’avis en revenant sur ses pas. « Bah rentre ? Je faisais rien plus. » Même si elles n’étaient pas proche, Daisy se voyait mal lui refermer la porte au nez, surtout que ce n’était absolument pas son genre de refuser un peu de compagnie. Peu patiente, elle agrippa le bras de la plus jeune pour la faire entrer dans sa cabine et referma la porte dans son dos.

« C’est un peu le bordel, j’ai toujours la flemme de ranger. » Sociable et sympathique comme souvent, elle adressa un sourire sincère à l’autre avant de partir en direction de son petit frigo pour récupérer deux bouteilles de bières kelleriennes, achetées sur le marché noir. « Alors qu’est-ce qu’il y a ? Je suis pas la meilleure pour réconforter les petites âmes tristes, mais si tu veux parler je t’en pris, ça sera plus intéressant que cette émission nulle. » Elle ouvrit les deux boissons, avant de se reposer dans la canapé, coupant le son du téléviseur et tendent sa bière à l’autre.

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A peine eut-elle terminé d’énoncer à voix haute son changement d’avis que Daisy le balayait d’un revers de la main comme si de rien était, la happant à l’intérieur de la cabine; ignorant la moindre protestation que Rowan aurait pu émir. Néanmoins, l’ingénieure n’en fit rien et se laissa entraîner dans l’orbite de Daisy plutôt que de risquer de fondre en larmes sur le pas de porte. Son regard balaya l’intérieur, s’accrochant sur chaque petit élément de décoration, parfois totalement improbable. Il y avait là un entassement de différents objets, se mêlant avec, sans doute, un lien logique, mais une logique sûrement propre à Daisy. Pourtant, la cabine restait plus chaleureuse que certaine: certain stellarien ne considérait leur cabine que comme un simple dortoire et ne prenait pas la peine de l’arranger pour la rendre plus familière, laissant les murs bruts et vides. Aussi incongrue et incompréhensible qu’était la décoration de la cabine de Daisy, elle avait un petit côté rassurant, comme témoignant que quelqu’un habitait effectivement ici.

Elle haussa les épaules à la mention du bordel — clairement, l’opératrice n’avait jamais aperçu l’intérieur de sa cabine. Si Rowan s’efforçait de faire un effort quand elle recevait des gens, elle était loin d’être une reine du rangement, abandonnant les objets là où elle les avait utilisés, et passant des longues minutes à les chercher la fois suivantes. « Pas grave, tu sais. C’est pareil chez moi. » marmonna Rowan d’une petite voix, une habitude qu’elle n’avait jamais d’habitude. Elle croisa les bras en restant debout au milieu de la pièce, suivant Daisy des yeux. Elle esquissa ce qui ressemblait rapidement à un sourire en réponse à celui de la brune,  mais elle ne se sentait pas pour autant moins ridicule et vulnérable. Rowan avait beau jouer aux dures la plupart du temps, parfois, c’était beaucoup trop. C’était sûrement passager, il n’y avait sûrement pas de quoi en faire un drame, pas de quoi en faire un cinéma pareil, commentait la petite voix dans sa tête. Mais Rowan était là, plantée en plein milieu de la cabine de Daisy, il était trop tard pour fuir ou prétendre que tout allait bien.

La bière en main, Rowan murmura un rapide “merci”, cherchant des yeux si elle devait s’assoir sur le canapé à côté de Daisy ou s’il y avait une autre place disponible. A défaut, elle finit par se poser à l’extrémité du sofa, faisant tourner la bière entre ses mains et jouant avec la condensation qui s’était formée. L’ingénieure soupira avant de recoiffer ses cheveux et les replacer nerveusement derrière son oreille. Daisy n’avait pas l’air ennuyée ou agacée de la voir débarquer ainsi. Même, elle avait l’air d’accueillir sa présence à bras ouverts, même si c’était uniquement pour vider son sac. Rowan sourit un peu à la brune, chercha ses mots. « Je sais pas si ça sera très intéressant, en vrai, mais bon. » Si cela pouvait offrir une distraction à Daisy en plus de lui enlever un poids qu’elle avait sur le coeur —  d’une pierre deux coups, dit-on. « C’est pas grand chose. »  Elle soupira de nouveau et prit une gorgée de sa bière. « J’ai juste eu une journée de merde… Le moindre petit truc m'atteint alors que d’habitude, pas du tout. Ca sonne tellement idiot, quand je le dis à voix haute. » Rowan rit un peu en regardant Daisy. « J’ai surtout besoin de me changer les idées, je pense, après une journée pareille. »  S’apitoyer des heures sur son sort ne changerait rien, après tout. Elle s’essuya rapidement le coin de ses yeux légèrement humides, en priant pour que l’opératrice ne le remarque pas, ou du moins, qu’elle ne l’évoque pas.

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Si Daisy s’excusait du bordel plus pour la forme qu’autre chose, elle était néanmoins assez contente de voir que cela ne dérangeait pas du tout la brune. D’une certaine manière, l’opératrice appréciait partager ce goût du non-rangement, qu’elle voyait à l’inverse de d’autres comme une qualité. En général, les gens trop maniaques se montraient un poil trop ennuyeux ou trop névrosés pour elle -après bien sûr, elle respectait les qualités et défauts de chacun, mais pas forcément sous son toit. « Bon bah alors ça va, tu es pas trop désorientée. » Un petit sourire amical en direction de la plus jeune tout en se posant sur le canapé, afin d’en savoir un peu plus sur les maux qui pouvaient bien rien ramener l’invité surprise entre ces murs. En effet, même si elle était plutôt contente d’avoir un peu de compagnie pour sa fin de soirée, Daisy restait assez étonnée d’avoir été sur la liste de personne à visiter en cas de besoin de l’ingénieure.

Maintenant que cette dernière se trouvait confortablement installé dans le canapé salutaire des lieux, elle se laissa quelque peu aller à quelques déclarations finalement peu alarmantes. Se voyant mal balayer les problèmes de la plus jeune, Daisy s’essaya dans une mission réconfortation qu’elle n’était pour le coup pas certaine de mener à bien. « Je vois. Eh bien, tu sais quoi ? Bois. C’est certainement le meilleur remède. » Pas du genre à plaindre les gens ou jouer les psychologue de fortune, l’ancienne pirate usa de sa meilleure carte pour faire diversion, autrement dit : l’humour. Après tout, si Rowan avait sonné à sa porte, c’était sûrement pour se changer les idées, alors inutile de se la jouer trop sérieux.

D’un geste nonchalant, Daisy s’attacha vulgairement les cheveux, histoire de palier à la légère chaleur qu’on pouvait sentir dans les cabines du colossus. « Avec la bouffe et le sexe. » Fière de sa blague, elle lâcha un petit rire satisfait avant de descendre trois bonnes gorgées de sa boisson tout en veillant à être accompagné par l’autre. Puis, comme pour affirmer ses dires, elle attrapa la boite de biscuit qui se trouvait devant elle pour la tendre en direction de l’ingénieure qui s’était d’ailleurs installée bien à l’opposé d’elle sur le canapé. « Voilà des biscuits, fais toi plaisir ! » Même si elle faisait du mieux qu’elle pouvait pour redonner un peu le sourire à la brune, elle savait qu’elle n’avait sûrement pas la patience de d’autres et que si cette tentative échouait, elle allait sûrement baisser rapidement les bras et regretter d’avoir ouvert la porte à la première venue.

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« Tu sais quoi ? Bonne idée. » Boire était, effectivement, un excellent remède pour ce genre de choses. Du moins, bien sûr, quand il ne s’agissait pas d’une mauvaise habitude menant à l’alcoolisme ou juste à terminer la tête dans les toilettes. Rowan ne s’attarda pas plus que ça sur ses petits chagrins et d’un geste rapide du plat de la main, effaça toutes traces de larmes qui pouvaient encore être vues. Et descendit un bon tiers de sa bière d’une traite avant de sourire à Daisy. Elle appréciait que cette dernière ne la prenne pas en pitié et se contente d’agir comme elle le ferait avec n’importe qui; avec humour et toujours cette nonchalance qui fascinait Rowan. Elle ramena un peu ses jambes contre elle en s’installant plus confortablement dans le canapé et son regard observant timidement l’opératrice. Venir dans les cabines des autres n’étaient pas quelques choses d’étranger à Rowan — il lui arrivait fréquemment de squatter la cabine de Nora et de s’y endormir; ou simplement d’être invité par un de ses coups d’un soir à prolonger la soirée dans leur cabine. Mais c’était une autre chose que d’être ici. Elle et Daisy n’étaient pas si proches et Rowan cherchait un peu sa place et les choses qu’elle pouvait se permettre, attendant l’accord implicite de Daisy pour s'asseoir par exemple. Pourtant, c’était chez elle qu’elle avait choisi de se réfugier, même si cela surprenait même Rowan. Leur relation serait peut-être amenée à évoluer suite à cette soirée.

Elle rit un peu à la blague de Daisy. Elles n’étaient pas si différentes sur ce point de vue là; il n’en fallait pas beaucoup pour faire basculer l’humeur de l’ingénieur et la nourriture et le sexe faisaient effectivement des meilleures parades aux petites baisses de morale. Imitant la plus agée, elle prit une nouvelle gorgée de sa bière. « Tu accueilles souvent des filles qui sont à deux doigts de pleurer avec des bières et des biscuits ? » fit-elle en piochant dans le paquet de gâteaux et appuyant un peu sa tête contre le dossier du canapé. « Si j’avais su, je serais venue plus tôt. » ajouta-t-elle avec un petit sourire. « Et je vais peut-être venir plus souvent, aussi. » Boire une bière comme ça, de temps à autre, avec un peu de nourriture et en compagnie de quelqu’un ne lui ferait pas de mal; et lui coûterait sûrement moins cher que de finir au bar, même si Rowan trouvait toujours un moyen de se faire payer quelques verres. Elle entendait presque sa mère lui dire qu’à presque trente ans elle devrait avoir des passes-temps un peu plus sérieux. Daisy n’était sûrement pas la personne idéale — mais elle lui avait ouvert sa porte et ce, sans hésiter : cela avait son importance, n’importe qui ne l’aurait pas forcément fait. « En tout cas, » reprit Rowan, s’interrompant uniquement pour porter la bière à ses lèvres, « merci ? Rien ne t’obligeais, mais merci. Je me sens déjà un peu mieux, à vrai dire. » Mieux était peut-être une légère exagération. Elle se sentait toujours un peu lessivée et épuisée, mais il semblait déjà que la présence de Daisy allégeait tout cela.

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Le sourire qui revenait doucement sur le visage de la plus jeune apparaissait presque comme une victoire, qui n’avait d’ailleurs finalement pas demandé beaucoup d’effort. Cette réussite, Daisy la devait sûrement à son naturel décontracté et décomplexé, qui à défaut dans exaspérer plus d’un, savait parfois en amuser d’autres. Si Rowan avait frappé à sa porte, c’était sans aucun doute dans l’espoir de décompresser un peu, ce que finalement elle savait plutôt bien faire. Absolument pas du genre à prendre les gens en pitié ou à les réconforter avec de grandes paroles, elle préférait largement se contenter de parler d’autre chose, histoire de se changer un peu les idées. La carte de l’humour restait sans aucun doute son meilleur atout et à tous les tours, elle misait dessus -peut-être à tort parfois. « Ca dépend les filles ? Puis parfois ça va plus loin que des biscuits. » Même si elle le présentait sur le ton de la rigolade, Daisy avouait tout de même combler pas mal de ses nuits en compagnie d’hommes et de femmes en tout genre, sans réellement se prendre la tête. D’ailleurs, même si elle n’attendait rien de la l’ingénieure ce soir, elle savait que si quelque chose devait arriver, elle ne le refusera pas. Après tout, il serait assez stupide de ne pas lier l’utile à l’agréable, surtout en compagnie d’une si jolie fille.

Néanmoins, même si elle ne se privait pas de quelques regards un peu audacieux, Daisy restait tranquillement de son côté de la banquette, bière à la main. La brune semblait apprécier l’ambiance qui régnait dans cette cabine, ce qui fit automatiquement sourire l’opératrice, ravie à l’idée de pouvoir peut-être avoir une personne de plus pour occuper ses soirées. « Avec plaisir, ma porte est toujours ouverte, enfin façon de parler. » Si cette faculté à toujours ouvrir sa porte aux autres pouvait apparaître comme une qualité altruiste, la réalité elle sonnait un peu différemment. En effet, si la brune se montrait aussi chaleureuse et accueillante, c’était avant tout pour ne pas se retrouver seule trop longtemps. Bien qu’elle ne soit pas contre un peu de tranquillité de temps en temps, Daisy n’aimait pas vraiment la solitude, qui la poussait trop souvent à se poser de questions et ainsi la tourmenter.

En effet, si aujourd’hui c’était l’ingénieure qui ne se sentait pas au top, cela pouvait très bien être un bon jour au tour de Daisy d’avoir besoin d’un petit coup de pouce et elle espérait bien que l’autre en ferait autant pour elle. « De rien ? Tu sais quoi, me remercie même pas, c’est rien. » Le tout accompagné d’un sourire bienveillant, comme pour rassurer la plus jeune et qu’elle se laisse un peu aller désormais. « Puis finalement tu me permets d’avoir de la compagnie. » Comme pour approuver cette jolie conclusion, Daisy descendit une bonne gorgée, avant de finalement détendre ses jambes sur les canapés, les déposant même sur une des cuisses de Rowan.

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C’était une bonne idée, finalement, d’avoir frappé chez Daisy. Les deux jeunes femmes n’avaient jamais été particulièrement proches jusqu’alors, leurs relations se résumant à ces petits défis lancés que chacune s’affairait à relever, sans exception. Rowan n’avait jamais envisagé un jour se réfugier dans la cabine de la brune et pourtant, voilà où elle se trouvait à présent. Des choses qu’elle avait déjà remarqué chez Daisy, sans y prêter grande importance — sa manière de tout prendre avec humour, son côté presque nonchalant — se révélaient être tout ce dont elle avait besoin ce soir. Rowan n’avait pas forcément envie d’être choyée et que l’on s'apitoie sur son sort. Daisy avait beau dire qu’elle ne savait pas remonter le moral, elle savait quand même y faire pour changer les idées et c’était déjà beaucoup. Rowan esquissa un sourire amusé. « Je suis une fille spéciale alors, si t’as accepté de m’accueillir. » Elle observa la plus âgée; le sous-entendu était plus qu’explicite. Après tout, Rowan n’était pas si différente. Combien de fois s’était-elle réfugié dans les bras et le lit d’inconnus juste le temps d’une nuit, pour passer le temps ? Elle ne jugerait sûrement pas l’opératrice pour ça. « Pour l’instant, je suis encore aux biscuits. » ajouta-t-elle sur le même ton. Qui sait, peut-être que cela changerait plus tard.

Ce n’était peut-être pas seulement par altruisme que Daisy lui ouvrait sa porte. Elle avait sûrement ses propres raisons, cela n’étonnerait sûrement pas l’ingénieure. Mais ce n’était pas très important. Rowan avait une bière, des gâteaux, quelqu’un à qui parler. Si Daisy était motivée par d’autres choses, cela la regardait: mais c’était un échange qui leurs convenaient à toutes les deux. Chacune trouvait son bonheur dans ce moment, c’était suffisant. « Vraiment ? Je note. Va falloir que tu t’habitues à me voir débarquer, alors ! » ajouta Rowan, un peu plus joyeusement. Elle n’allait peut-être pas se faire une habitude de squatter chez Daisy, mais elles n’étaient pas à l’abri d’une surprise.  « Et puis… Si tu as besoin un jour, tu peux toujours venir chez moi, tu seras la bienvenue. Je te dois bien ça. » Elle eut un sourire amical. C’était la moindre des choses, si Daisy venait à frapper à sa porte; cela lui semblait tout naturel. Rowan l’observa se mettre à l’aise avec un petit sourire curieux, la laissant poser ses jambes sur elle, se glissant légèrement dans son espace personnel. Rowan n’était pas aveugle, elle avait d’ailleurs remarqué les quelques regards peu anodins que Daisy lui lançait. Mais elle ne préférait pas précipité les choses, les laissant se faire à leur rythme et voir où cela les mèneraient. « Tu sais, je me rends compte qu’en dehors de nos défis, on s’est jamais vraiment trop parlé. Je crois que je sais même pas ce que tu aimes, tes passions, ce genre de choses. » fit-elle avec un rire. Mais c’était vrai. Elle n’avait aucune idée de ce que l’opératrice pouvait bien faire dans son temps libre, quelles étaient ses passe-temps… Quand bien même cela commençait à faire un petit moment qu’elles se connaissaient.

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