Messages : 433 Âge : 38 ans Occupation : Docker de la commission Habitation : Argus One Arrivée : 2200Pseudo : Canard Avatar : Golshifteh Farahani Crédits : minako (av), old money (sign), elara (crackship)
La main droite serrée autour de son blaster, soigneusement rangé dans le holster harnaché à sa hanche, Rosalija observe le débarquement d’une des rares expéditions autorisées sur Keller visant à regarnir les réserves de la flotte. Au cas où, qu’ils disaient, pendant qu’on est encore pas trop loin des pirates. Elle n’avait jamais questionné. Ça n’était pas son rôle, après tout; le sien était d’assurer qu’aucune contrebande ne parvenait à rejoindre la circulation – officiellement, du moins. Officieusement, elle était responsable de veiller à ce que seulement les items illicites qui faisaient son affaire ne se retrouvent dans les poches des Stellariens. Sans scrupule, peut-être, mais sa vengeance silencieuse justifiait les moyens. L’équipage s’extirpe du vaisseau et se soumet, comme le voulait le protocole, à une fouille sommaire qu’elle supervise avec peu d’intérêt. « Sergent Saroyan », l’interpelle un douanier, la tirant de ses pensées. Le stagiaire s’approche, hésitant. « L’un des membres de l’équipage a le dos de la veste couvert de paille. » Elle pouffe de rire, Saroyan, haussant un sourcil. De la paille? Ça avait le mérite d’être original – et marrant.
Incrédule, mais surtout motivée à rigoler un bon coup, elle se dirige vers l’équipage, dont plus de la moitié est déjà libérée du carcan de la douane. « J’vais vous demander de passer par ici m’sieur » qu’elle demande, un ordre plus qu’une suggestion, désignant un petit coin à l’écart du reste du brouhaha. « Vous allez devoir m’expliquer le délire avec la paille, m’sieur. » L’homme refuse, balbutiant quelque excuse de l’ordre de je sais pas d’où ça vient, visiblement nerveux. Qu’à cela ne tienne. La sergente lui signale de poser sa main sur la table, extirpant de sa poche un gant étrange – palmé et constellé de diodes biométriques – qu’elle enfile sur sa senestre avant de la poser sur la menotte tremblotante du membre de l’équipage. « Quelque chose à déclarer? » La question est simple. La réponse, mauvaise. « Non. » Si le gant ne semble pas réagir, dans son oreillette, la voix caractéristique de Charlie se fait entendre. Mensonge. Le polygraphe douanier, lui, ne mentait jamais – ou du moins c’était ce qu’elle aimait croire.
« Team, retenez l’équipage, on fait une fouille du vaisseau. » L’ordre est sans conteste et les stagiaires se précipitent à bord, laissant la sergente les diriger. Un au cockpit, l’autre à l’opposé, et elle dans les soutes, là où le magot risquait de se trouver. Avec respect pour certains d’entre eux, les contrebandiers n’étaient pas tous des lumières. Au fond de l’espace cargo, Rosa repère une plaque d’acier mal remise en place qu’elle soulève avec peine, juste assez pour pouvoir y passer son bras. N’ayant pas froid aux yeux, elle se couche à plat ventre au sol, plongeant la main dans la pénombre. Premier constat : c’est doux et ça bouge. Ça remue, en fait. En écoutant bien, ça fait un drôle de bruit, aussi. Ses doigts glissent dans le vide quelques fois alors qu’elle tente d’attraper un spécimen, parvenant finalement à saisir quelque chose de suffisamment préhensible pour l’extirper de la planque clandestine.
Elle se relève, incrédule. Pendant un instant qui lui paraît une éternité pend au bout de son bras une créature qu’elle n’avait jamais vue en vrai, une petite bête légère, mais vigoureuse, qui se débat en émettant quelques sons brefs et alarmés.
De sa main libre, elle active son terminal. « Charlie, démarre une communication directe avec le Lieutenant Krishvin. Urgent. » L’intelligence artificielle assure qu’elle ouvre le canal et dès qu’elle entend le timbre sonore, elle prend la parole. « Lieutenant, je viens d’intercepter une cargaison biologique illégale. Tu vas pas y croire. » Elle se tait, observant un instant la créature, qu’elle tient désormais à deux mains pour l’empêcher de se débattre et de se blesser. Ce n’est pas par effet dramatique que Rosa tient le silence quelques instants – ou alors seulement partiellement. Elle lâche un soupir.
« C’est un fucking poulailler. »
Sujet: (#) Re: fly the coop / tk Mer 17 Jan - 12:52
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Sujet: (#) Re: fly the coop / tk Mer 17 Jan - 18:37
Messages : 433 Âge : 38 ans Occupation : Docker de la commission Habitation : Argus One Arrivée : 2200Pseudo : Canard Avatar : Golshifteh Farahani Crédits : minako (av), old money (sign), elara (crackship)
« Positif, patron. Un poulailler », répète-t-elle, une bribe d’hilarité audible dans sa voix. Le poulet s’était visiblement calmé, tenu fermement par la sergente, aussi s’était-elle décidée à le poser par terre pour l’observer. L’animal tourne en rond, incapable de retrouver son chemin dans un labyrinthe de boîtes et de cargo pêle-mêle, sous le regard attentif de Rosalija, qui assimile à retardement la question pourtant simple de son supérieur. « Euh, dur à dire. » La sergente s’assoit au bord du compartiment caché, poussant la plaque de métal dans un tintamarre strident. À l’aide de son terminal, elle en éclaire le contenu, laissant échapper un holy shit bien senti alors que ses yeux parcourent à une vitesse folle les créatures confinées dans le petit espace. « Vite fait, j’en compte… trente. Peut-être plus. Ils bougent trop vite et ils sont trop coincés pour un décompte efficace », admet-elle. Sur l’ordre de son supérieur, elle utilise son terminal pour communiquer vite fait avec l’équipe de stagiaires qui se trouve sur le pont. « Entamez la procédure de mise en quarantaine, le vaisseau autant que l’équipage. Décontamination. Enfilez vos combinaisons, surtout, et demandez à quelqu’un de vérifier que vous les avez bien mises. » Aucun moyen qu’un stagiaire, pendant son service, se retrouve sur le Regina Mercy pour cause d’infection aiguë. Trop tard pour elle – la sécurité des autres primait toutefois. Elle entend les pas précipités de ses jeunes collègues qui s’éloignent, la laissant en tête à tête avec l’animalerie au grand complet.
Le déplacement soudain du lieutenant l’étonne toutefois. « Je gère, boss. » N’avait-il pas confiance en sa capacité à gérer la crise? Elle avait vu pire. Elle devrait avoir le même rang que lui, bon sang, si les choses avaient pu se dérouler comme prévu! « Je note le manque de foi », ne peut-elle s’empêcher de railler alors qu’elle pêche, dans sa poche, son goûter du matin – une barre protéinée à la farine de grillons. Elle arrache l’emballage sans plus de cérémonie, invitant l’animal à venir y goûter. Elle avait quinze minutes à tuer et la conscience éreintée par la situation des poules, aussi procède-t-elle à la seule chose qui semblait logique : les sortir de là. Alors elle déplace les caisses et les coffres de façon à créer un enclos de fortune et extirpe un à un les volatiles, égrenant son snack en petits morceaux qu’elle lance par terre, fascinée par les poulets qui se précipitent sur la généreuse offrande. « Charlie, envoie un message au lieutenant Krishvin. ‘Prends-moi une barre pour le goûter en passant.’ Envoyer. » Autant qu’il se rende utile.
Au bout de la quinzaine, elle est assise au milieu du capharnaüm de caquètements, incapable de figurer pourquoi les poulets sont incapables de voler. L’un d’entre eux se laisse même caresser, même si la sergente préfère les laisser se disputer les quelques graines qui restent sans les déranger. Elle était probablement déjà infectée par quelque chose de sordide, autant en profiter si elle devait ensuite passer quelques jours en quarantaine médicale. Les bottes du lieutenant se font finalement entendre dans l’échelle qui l’amène au cargo et elle darde ses yeux sur la figure qui descend. « Krishvin, j’suis une princesse Disney, je peux mourir heureuse », s’amuse-t-elle, pointant les volailles qui ne semblent pas spécialement impressionnées par la présence des humains. « T’as la barre? Je pense qu’ils ont faim. »
Sujet: (#) Re: fly the coop / tk Ven 19 Jan - 12:04
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Sujet: (#) Re: fly the coop / tk Lun 22 Jan - 17:34
Messages : 433 Âge : 38 ans Occupation : Docker de la commission Habitation : Argus One Arrivée : 2200Pseudo : Canard Avatar : Golshifteh Farahani Crédits : minako (av), old money (sign), elara (crackship)
La formule toute faite qui était supposé la rassurer quant à la confiance que lui portait son supérieur ne fait rien d’autre que lui arracher un petit rire cynique – heureusement pas avant que la communication ne soit coupée pendant que le lieutenant était en route. L’attente ne fut pas longue; à peine une quinzaine de minutes avaient passé entre la fin de la communication et les quelques paroles échangées au-dessus de sa tête entre le supérieur et les stagiaires qui montaient diligemment la garde. Un doigt posé sur le minuscule crâne d’une des volailles, Rosalija observe l’avancée périlleuse de Tiaan, qui semble soudainement moins convaincu par l’utilité de l’exercice. « J’ose espérer, sinon l’intérêt de passer le reste de la semaine en quarantaine diminue dramatiquement », note-t-elle, à moitié sérieuse. Inutile de se faire des idées – tout le monde ignorait ce que les poulets avaient pu ramener sur la flotte en matière de germes et de bactéries, et sans doute qu’elle passerait les prochaines heures, voire les prochains jours, à partager un espace avec les contrebandiers à bord du Regina Mercy. Au moins, ils auraient la chance de l’entendre répéter les règles de la flotte en boucle à divers niveaux d’exaspération pendant toute la durée de leur confinement.
Tendant les doigts vers la barre, Rosalija plisse le nez, contrariée, lorsque le lieutenant la lui refuse. Elle était toutefois en bien mauvaise posture pour rouspéter, entre les manquements flagrants de précaution dans l’appréhension du vaisseau et de son cargo plus qu’illégal et la liberté qu’elle avait prise en batifolant au milieu des poulets visiblement sans s’en soucier. À la question du lieutenant, elle hausse les épaules. Ce n’était pas elle, le problème, même que son moral venait d’atteindre un haut historique grâce au contact direct avec les animaux – une première depuis son arrivée sur la flotte, qui lui faisait regretter feu son chat Leonard, qui avait dû mourir de vieil âge aux côtés du paternel Saroyan. Habituée aux procédures, elle attend que Tiaan démarre l’enregistrement avant de se lancer :
« Il est présentement… 0947 heures. Il y a une quarantaine de minutes, un signalement par un stagiaire douanier a mené à la perquisition du vaisseau désigné ‘Scorpion’ après une mission de ravitaillement sur Keller ayant duré quatre jours. La douane a procédé à la mise en quarantaine des contrebandiers après la découverte de trente-trois volatiles, dits ‘poulets,’ interdits et illégalement transportés dans la cale, sous une plaque d’acier du plancher modifiée pour le transport clandestin. Un agent des douanes, Sergent Rosalija Haneul Saroyan, a été exposé à la marchandise. » Elle observe un instant le lieutenant Krishvin, en silence. « Sinon, ça va, tranquille. » Un sourire gentiment moqueur apparaît à la commissure de ses lèvres, comme si elle mourait d’envie de hurler son bonheur de pouvoir temporairement interagir avec de véritables poulets, vivants, une occasion qui ne se reproduirait certainement pas de sitôt.
Son rapport conclus, elle se lève, passant ses mains sur ses vêtements pour en retirer paille et plumes, histoire de faire un minimum bonne figure devant son supérieur hiérarchique. Rosa replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille, dardant un regard inquisiteur sur Tiaan. « Alors, on fait quoi maintenant? Je sais qu’y a des lignes directrices pour des situations comme ça, mais… » Jamais une situation de cette ampleur. En tout cas, pas pour elle. Peut-être que le lieutenant aurait de quoi combler les manques, imaginer comment interpréter un guide qui ne prescrivait pas comment gérer une cargaison de trente-trois poulets bien portants. « Il faut contacter le Regina pour la mise en quarantaine, qu’ils préparent une batterie de traitements préventifs pour éviter une éclosion… L’Hélios pour qu’ils trouvent une place à ces poulets, idéalement décontaminés… » Ses yeux s’élargissent soudainement et elle fixe le lieutenant. « On va pas les abattre quand même? » Toute cynique et je-m’en-foutiste qu’elle soit, l’idée de flinguer des poulets et de jeter leurs carcasses dans l’espace ne l’enchantait pas le moins du monde.
Sujet: (#) Re: fly the coop / tk Jeu 25 Jan - 0:30
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Sujet: (#) Re: fly the coop / tk Lun 29 Jan - 21:29
Messages : 433 Âge : 38 ans Occupation : Docker de la commission Habitation : Argus One Arrivée : 2200Pseudo : Canard Avatar : Golshifteh Farahani Crédits : minako (av), old money (sign), elara (crackship)
C’était à se demander si c’était par inquiétude sur le plan personnel ou par simple considération professionnelle que Tiaan souhaitait la voir réintégrer rapidement la brigade. Après tout, ils s’étaient toujours relativement bien entendus – autant que cela pouvait se faire dans leurs circonstances – et travaillaient bien de concert. Toutefois, le retrait, même temporaire, d’un sergent pourrait certainement mettre un bâton dans l’engrenage bien huilé de sa planification de quarts. Sans doute parviendrait-il à trouver une solution à ce problème – quelqu’un avait toujours besoin de quelques crédits de plus et serait sans doute ravi de lui piquer quelques heures de service pendant qu’elle moisissait lentement sur le Regina Mercy. Rosa lève les yeux au ciel à la mention du rapport écrit, une moue dégoûtée apparaissant sur ses lèvres fines. C’est certain qu’elle pourrait continuer à se montrer utile, même confinée à l’infirmerie, en passant ses journées à finaliser des rapports qui traînaient depuis trop longtemps et rédiger des rapports d’incident. Elle espérait néanmoins qu’elle serait en mesure de convaincre le médecin qui se chargerait de son cas qu’elle avait désespérément besoin de repos, de sommeil et de calme.
Ses yeux demeurent rivés sur le lieutenant, qui fait défiler l’écran de son terminal. Ça lui donnait vaguement l’impression que Tiaan tentait de repousser le moment où il lui annoncerait que les bêtes seraient abattues sur place sur l’ordre des scientifiques d’Helios pour éviter une propagation massive des potentiels germes véhiculés par les poulets. Heureusement, la réponse semble plus nuancée, ce qui suffit à rassurer Rosalija, du moins, pour l’instant. Elle attrape la barre protéinée au vol, en défaisant un morceau du bout des doigts pour le tendre à un volatile opportuniste qui s’était déjà rapproché. La voix du lieutenant la ramène à l’ordre et elle subtilise finalement la collation convoitée au poulet qui s’apprêtait à l’attraper du bout du bec pour l’avaler elle-même. Elle prend le temps de réfléchir très sérieusement à la question de son supérieur. Ça n’était pas tous les jours qu’il lui demandait s’il pouvait lui être utile – et pas l’inverse. « En premier lieu », entame-t-elle, laissant présager une liste entière, « j’aimerais avoir le droit de nourrir mes sujets. »
Puis, tentant de garder son sérieux, elle poursuit : « J’aurais ensuite besoin de quelques articles faciles à trouver pour compléter ma transformation. Une robe en soie. Une citrouille à transformer en carrosse. Un joli bouquet de fleurs fraîches. » Elle compte sur ses doigts en regardant en l’air, visiblement pensive. « Et une fée marraine. Quelqu’un comme toi, une personne généreuse, douce, protectrice. Le rôle de ta vie. » La sergente laisse finalement une risette gentiment moqueuse apparaître sur ses lèvres alors qu’elle détaille la réaction de l’homme. « Mais si ça se révélait difficile, une bouteille d’eau ferait l’affaire, pour l’instant », conclut-elle, les yeux pétillants, avant de reporter son attention sur les poulets. Tant qu’à y être exposée, autant tirer le maximum de leur présence, aussi attrape-t-elle l’un d’entre eux qui semble moins angoissé, le calant dans ses bras pour le caresser du bout des doigts. « Tu veux le tenir? » demande-t-elle en constatant que l’animal ne semblait guère affolé, bien qu’alerte. Après tout, il avait une combinaison et personne ne risquait de le voir, sauf elle, et puis, ils avaient encore du temps avant que l’équipe de biorisque s’en mêle définitivement.
Sujet: (#) Re: fly the coop / tk Dim 4 Fév - 14:53
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Sujet: (#) Re: fly the coop / tk Mer 7 Fév - 22:55
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Rosa hausse les épaules à la suggestion de son lieutenant. « Si tu m’offres 100 crédits, je vais pas cracher dessus non plus », admet-elle, sachant toutefois pertinemment qu’il s’agissait d’une figure de style. D’une expression visant à se moquer subtilement de sa liste de futilités et d’inepties, qui avait pourtant eu le mérite de la faire rire. C’était ce genre de situation où on n’avait que deux choix : rire du ridicule de sa propre situation ou pleurer de savoir qu’on serait confinés à un vaisseau médical pour les prochains jours à remplir de la paperasse pour seule activité. Qu’elle n’arriverait pas à dormir correctement, parce qu’il ne ferait jamais tout à fait noir. Qu’elle ne mangerait pas aux moments qu’elle aurait choisi, et qu’elle devrait sûrement répondre mille fois aux mêmes questions posées par trois infirmiers stagiaires fascinés par la fille qui a trouvé des poulets. Au moins ça lui ferait une histoire marrante à raconter autour d’elle avec moultes exagérations lorsqu’elle serait libre. Mettant ses plaisanteries à part, elle réclame finalement une bouteille d’eau, non sans tenter son supérieur – qui avait l’occasion, dans une vie de réclusion spatiale, d’interagir avec un véritable poulet, après tout? Il refuse toutefois et elle affiche une moue contrariée. Le poulet confortablement calé dans ses bras ne semble pas importuné le moins du monde alors que Tiaan insiste pour qu’elle ne fasse pas de bêtises dans son absence. « C’est bien mal me connaître. » Elle paraît presque offusquée.
Elle n’a presque pas bougé lorsque le lieutenant revient. Dès que la bouteille qui lui est destinée est posée à sa portée, elle dépose doucement le poulet sur le sol, puis fait quelques pas vers la caisse pour récupérer l’eau. L’animal semble la suivre avec curiosité. « J’ai hâte qu’ils soient là. Pas que j’aime pas ma nouvelle tribu, mais j’aimerais bien savoir s’il me reste trois semaines à vivre ou si je serai OK », admet-elle dans un soudain élan de sincérité. Elle savait que son système immunitaire était à plat, ou presque, à force de n’être exposé qu’à l’environnement aseptisé de la flotte. Elle avait beau en faire des blagues depuis tout à l’heure, il n’en demeurait pas moins que la probabilité qu’elle ait été exposée à quelque chose que les contrebandiers auraient ramené de Keller était élevée. « Par qui tu penses qu’on me remplacerait si je mourais dans d’atroces souffrances? Est-ce que vous rebaptiserez un dock en mon honneur? » Il ne lui faut pas de temps pour retomber dans les idioties. Pour chasser la peur qui l’assaille lentement, mais sûrement, maintenant qu’elle avait formulé tout haut les inquiétudes qui la taraudaient silencieusement. C’est la main légèrement tremblante qu’elle ouvre la bouteille d’eau, en profitant pour la porter à ses lèvres, mais la maladresse de ses doigts ramollis par le stress la fait en renverser une partie sur son uniforme de travail. « Fuck », rage-t-elle, frustrée bien que consciente que ça n’était que de l’eau. Elle n’en demeure pas moins disposée à donner un coup de pied bien senti dans l’une des caisses de cargo, faisant paniquer quelques poulets qui caquètent allègrement. Les dents serrées, elle n’ose plus croiser le regard de son supérieur, consciente que son comportement était décevant. Irrégulier. Inhabituel. « J’ai pas envie d’être un spécimen », finit-elle par avouer, le regard fixé tour à tour sur ses doigts, puis sur ses pieds. Pas envie d’être à la merci des regards inquisiteurs, des questions personnelles et des outils médicaux, d’être soumise à des tests. Plus le choix, désormais.
Sujet: (#) Re: fly the coop / tk Mar 13 Fév - 21:16
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Sujet: (#) Re: fly the coop / tk Jeu 22 Fév - 18:50
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Le nez plissé, contrariée, elle dévisage son supérieur avec une tristesse amère. Rosa essaie également de camoufler l’angoisse qui traverse son esprit pendant un instant, son coeur qui rate un battement, avant de se rassurer elle-même. Il ne peut pas savoir. Pas de panique.« Muller? De tous les baltringues de la brigade? » Son manque de civilité est empreint d’une certaine tendresse. Baltringues, certes, mais ses baltringues, et elle se réservait le droit exclusif de les désigner ainsi. Elle les défendrait contre n’importe quelle autre personne qui oserait leur manquer de respect. « J’imagine. Peut-être qu’il ferait un meilleur boulot que moi. » Ça ne serait pas difficile, si on y réfléchissait d’une manière pragmatique. Rosalija était la personnification humaine d’une passoire, sélective quant à ses transgressions, certes, mais peu remuée par le fait de laisser entrer de la contrebande dans l’enceinte de la flotte. Inoffensive, essentiellement : fruits frais, alcool, tabac. Marchandise illégale quand même, dans l’état actuel des choses, et une auto-justification ne ferait pas changer ce détail de sitôt. « Peut-être que savoir que c’est lui plutôt que moi qui leur ferait la fouille corporelle dissuaderait certains pirates. Ça serait peut-être pas une mauvaise chose, tout compte fait », fait-elle, ponctuant la fin de sa phrase par un bref rire nasal, les yeux baissés.
Sa maladresse achève de la frustrer – la littérale goutte d’eau qui fait déborder son vase figuré – et elle ne se gêne pas pour maltraiter une caisse du cargo, faisant apparaître la surprise dans le visage de son interlocuteur. Pas qu’elle le voyait, toutefois, trop occupée à regarder partout sauf là où elle sait qu’elle trouvera quelque chose qui ne lui plaît pas. De la pitié, de la déception, de la frustration. Alors elle détaille les volailles qui se promènent autour d’elle, ses ongles, ses bottes, la tache foncée causée par l’eau sur son uniforme. Les paroles du lieutenant se voulaient rassurantes, mais elles ne font que l’agacer, momentanément, là où elles devraient lui apporter un peu de réconfort. Le temps qu’on s’assure que tu vas bien. Et si, justement, elle n’allait pas bien? Si elle se retrouvait, par son incompétence, par sa mauvaise habitude d’être trop zélée au mauvais moment, le malheureux patient zero d’une épidémie qui la confinerait pendant trop longtemps? Voire à tout jamais? Peut-être que la flotte trouverait plus utile de mettre fin à ses jours à titre préventif. Elle connaît au moins une personne qui appuierait la motion dans la haute gestion de la flotte – sa propre mère. Consciente qu’elle paniquait pour rien, aux prises avec un élan de paranoïa, elle s’efforce de se calmer, inspirant et expirant exagérément lentement par le nez, son souffle tremblotant. « Et si ça tourne mal? » qu’elle ne peut s’empêcher de murmurer, osant finalement croiser les prunelles de son supérieur dans un ultime accès de panique, avant que le silence ne soit complètement brisé par l’arrivée du personnel du Regina Mercy.
Les hommes et femmes en combinaison scellée débarquent en groupe, observant l’endroit avec une surprise certaine. Rosalija peut le constater dans l’hésitation qui marque leurs premiers pas dans la zone affectée, même si elle ne voit que difficilement à travers leurs visières vitrées qui reflètent toute la lumière ambiante. « Merci de votre appel rapide, Lieutenant Krishvin. On se charge de tout, vous pouvez y aller. » La douanière fronce les sourcils, visiblement décontenancée par le renvoi expéditif du lieutenant. « Est-ce que… il peut pas venir? » ose-t-elle demander dans un effort colossal. Elle ne voulait pas y aller seule, et ça lui demandait tout son courage pour piéter son ego et oser formuler la demande, qui se voit aussitôt rejetée par un non catégorique. Elle pince les lèvres. On lui lance une combinaison et un masque, qu’elle enfile sans hâte, alors que quelqu’un d’autre s’applique à tasser les poulets dans une cage transparente, sans toute le temps d’être transportés sur l’Helios ou le Regina pour y être étudiés. Elle se sent comme une criminelle, les menottes remplacées par la combinaison tout aussi éloquente. Danger.« Je t’enverrai une carte postale », fait-elle, sa voix étouffée par le masque, à l’endroit de son supérieur alors qu’on la flanque, la forçant à procéder vers la sortie. Un signe de main désinvolte par-dessus son épaule et elle disparaît dans les escaliers, occultée par les spécialistes, sans vraiment avoir le choix quant à son avenir immédiat.